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La Pie



Étymologie :


  • PIE, subst. fém. et adj. inv.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 ornith. subst. fém. (Horn, éd. M. K. Pope, 2764) souvent usité dans l'expression d'une valeur minimale, v. aussi Möhren, Le Renforcement affectif de la négation, p. 188 ; 1563 parler comme pies en cage (Calvin, Serm. sur l'Ep. aux Galates, 16 −L, 480 −ds Hug.) ; 1625 jaser comme une pie (Stoer, Grand dict. fr.-lat.) ; d'où 2. 1640 « femme bavarde » (Oudin, Curiositez : vne Pie .i. une cajolleuse) ; 1737 (Marivaux, Pharsamon ds Œuvres compl., éd. N. Duviquet, t. 10, p. 367 : vous me permettrez de babiller un peu avec vous [dit Cliton à Fatime]. Je suis un peu pie de mon naturel, les femmes le sont tout-à-fait ; et si nous nous mettons à parler...) ; 3. 1549 (Est. : On appelle aussi ung cheual pie, quand il est en partie blanc, en partie d'une autre couleur, pource qu'en ce il ressemble à l'oiseau nommé Pie) ; 1636 subst. (Monet) ; 4. 1680 fromage à la pie (Rich., s.v. fromage). Du lat. pīca « pie », également att. au sens de « bavard », forme fém. de pīcus « pic », d'orig. onomat., les formes masc. et fém. ayant servi à distinguer deux oiseaux différents, v. André Oiseaux. Pie a supplanté agace*.


Lire également la définition du nom pie afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :

Selon Frans de Waal, auteur de Sommes-nous trop "bêtes" pour comprendre l'intelligence des animaux (Édition originale 2016 ; traduction française : Éditions Les Liens qui Libèrent, 2016) :


"Il était inévitable qu'on fasse passer le test du miroir à des oiseaux. Jusqu'à présent, la plupart des espèces ont échoué, mais il y a une exception : la pie eurasienne. C'est une espèce qu'il est intéressant de mettre devant une surface réfléchissante. Dans mon enfance, j'avais appris à ne jamais laisser de petits objets brillants, des cuillères par exemple, sans surveillance à l'extérieur, parce que ces oiseaux tapageurs volent tout ce qui leur passe sous le bec. Cette idée populaire a inspiré l'opéra de Rossini La Gazza ladra (La Pie voleuse). Aujourd'hui, elle a été supplantée par une vision plus écologique : les pies sont des voleuses assassines qui attaquent les nids d'innocents oiseaux chanteurs. dans les deux versions, on les considère comme de purs gangsters en noir et blanc.

Mais personne ne les a jamais accusées d'être stupides. Elles font partie de la famille des corvidés, qui commence à défier la suprématie cognitive des primates. Le psychologue allemand Helmut Prior a soumis ces oiseaux à un test du miroir au moins aussi bien contrôlé que ceux qu'on effectue sur les enfants et les grands singes. Il a placé sur leur bavette noire (les plumes de leur cou) une marque - un petit autocollant jaune - qui était bien visible, mais uniquement à l'aide du miroir. Les oiseaux n'étaient pas entraînés, à la différence des pigeons dont on s'est si longtemps servi pour discréditer les recherches sur le miroir. Placées devant la glace, les pies, avec leur patte, ont gratté la raque sans répit jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Elles n'ont jamais frotté aussi frénétiquement quand il n'y avait pas de miroir pour se regarder, et ont ignoré une "fausse" marque - un autocollant noir sur leur bavette noire. L'élite de la reconnaissance de soi s'est donc élargie à son premier membre à plumes. d'autres suivront peut-être."

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Dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) Emmanuelle Pouydebat expose les caractéristiques de la Pirolle de Taïwan (Urocissa cuerculea), qu'elle considère comme un oiseau particulièrement prévoyant :


Élu oiseau national de Taïwan en 2008, la pirolle de Taïwan ou pie bleue de Taïwan vit dans les forêts. Comme d'autres membres de sa famille, les corvidés, elle pousse un cri rauque et bruyant. La pirolle peut s'aventurer en zone urbaine pour chercher de la nourriture. Elle se déplace en petits groupes d'au moins six individus et n'est en rien effrayée par les humains, même si elle s'en méfie et les évite autant que possible.

La pirolle de Taïwan possède un régime alimentaire très diversifié, composé de fruits comme les figues, les papayes et les baies, de graines, de plantes mais aussi d'insectes, de petits invertébrés, de rongeurs et de serpents. Omnivore, elle peut se comporter en charognard. Les individus appartenant à des groupes sociaux recherchent leur nourriture en prospectant la canopée des forêts et en naviguant entre les arbres. Or, outre leurs excellentes capacités de navigation, ces oiseaux stockent pour anticiper les pénuries potentielles. Ils cachent le surplus alimentaire sur le sol et le couvrent de feuilles pour les consommer ultérieurement. Ces aliments peuvent même être stockés dans les branches ! Stocker n'est pas jouer...

Évidemment, pour stocker et retrouver sa nourriture, il est nécessaire d'être compétent en navigation d'une part mais aussi de bénéficier d'une bonne mémoire d'autre part. Cervelle d'oiseaux ? Sûrement pas ! Les oiseaux ont un petit cerveau certes, mais tellement bien constitué ! Il est d'ailleurs extrêmement intrigant de constater qu'il y a un point commun entre le cerveau des oiseaux stockeurs comme la pirolle de Taïwan et les taxis ! En effet, les oiseaux qui stockent leur nourriture ont de plus grands hippocampes - région du cerveau impliquée dans la mémorisation et la navigation spatiale - que ceux qui ne stockent pas. Or il semble que l'hippocampe joue un rôle fondamental dans la localisation, le codage spatial des cachettes et la mise en place du souvenir des cachettes. Fascinant de constater qu'il existe un pic dans le recrutement de nouveaux neurones dans l’hippocampe des oiseaux stockeurs avant qu'ils aient terminé la récupération des graines cachées. Et c'est là que cela devient encore plus captivant. Car figurez-vous qu'une étude portant sur les futurs chauffeurs de taxis londoniens a montré qu'ils bénéficiaient d'un élargissement de leur hippocampe en fonction de leur activité : plus ils mémorisent les cartes de Londres avant leur examen, plus ils recrutent de neurones et plus leur hippocampe s'agrandit. Chauffeurs de taxi et oiseaux stockeurs, même combat ! Mais attention, tout n'est pas si simple. Certains oiseaux stockeurs n'ont pas de grands hippocampes et utilisent probablement d'autres substrats neuronaux, ce qui témoigne d'une plasticité cérébrale toujours aussi fascinante.

Outre le fait de manger et de stocker, la pirolle se reproduit ! Or elle est monogame. Et dans ce couple parental règne la coopération. Les femelles couvent seules les trois à huit œufs, mais les deux parents participent à la construction d'un nid et à l'éducation des petits. La femelle pirolle témoigne par ailleurs d'un comportement agressif de défense du nid. Elle attaque tête baissée les intrus jusqu'à ce qu'ils s'éloignent. Elle a ainsi un rôle protecteur envers ses petits dès qu'elle les pense menacés. Les cas d'attaques d'humains par ces mamans protectrices ne sont d'ailleurs pas rares ! Enfin, la pirolle n'échappe pas à la réputation de bien d'autres corvidés (corbeaux, corneilles et freux, Corvus sp.), connus pour leurs capacités cognitives. Toutes ces espèces utilisent des outils : petites branches façonnées agrémentées de crochets pour "pêcher" des larves dans des trous d'arbre ou encore cailloux jetés dans l'eau pour faire monter le niveau et récupérer les graines en surface. Ces animaux semblent avoir des connaissances élevées des propriétés des matériaux. d'autres corvidés comme le casse-noix de Clark (Nucifraga columbiana) possèdent une mémoire incroyable. Ainsi, en Amérique, cet oiseau fait ses réserves en automne en cachant quatre à cinq graines dans près de dix mille cachettes. Il se déplace ensuite en hiver à des altitudes inférieures plus propices puis récupère ses provisions au printemps, plus de six mois après. Il retrouve près de trois mille cachettes... pendant que je cherche mes clés tous les matins... Pas dans les montagnes américaines, dans mon appartement ! Ainsi ce petit oiseau se paye le luxe de retrouver près d'un tiers de ses cachettes, alors même que la neige a pu tomber entre-temps et que des rongeurs ont pu mettre à mal les repères laissés par l'oiseau. Impressionnant.


"Le corps de l'oiseau est fait de l'air qui l'entoure, sa vie est faite de mouvement qui l'emporte." (Gaston Bachelard)

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


PIE. Cet oiseau a la bosse du vol, c'est ce que tout le monde a entendu dire. Sa rencontre est aussi, dans certaines circonstances, un fâcheux présage, c'est encore ce que chacun sait. Mais ce que beaucoup de personnes ignorent et que les vieilles pythies des montagnes vous apprennent, c'est que la pie, mieux qu'un docteur en médecine ou qu'un docteur ès-sciences, connaît les propriétés d'une foule de plantes ! On lui doit même d'avoir fait découvrir plusieurs fois l'herbe qui rompt les cordes ; mais l'homme a une mémoire si ingrate, qu'il a toujours oublié le nom de ce végétal merveilleux, et qu'il faut chaque fois avoir recours à la même expérience pour se procurer cette herbe phénoménale. Si vous désirez la posséder, prenez-vous-y donc de la manière suivante : cherchez un arbre sur lequel se trouve un nid de pie ; montez- y ; et établissez sur ce nid , avec de bonnes cordes neuves , une sorte de treillis qui en défendra l'entrée. Après cela, étendez un morceau de toile au pied de l'arbre et attendez. La pie ne tardera pas à venir pour donner à manger à ses petits, et trouvant l'entrée du nid obstruée par les cordes, elle s'envolera aussitôt pour revenir peu après tenant en son bec un rameau. Vous la verrez se mettre à la besogne, et, au bout de quelques minutes, des fragments de cordes et de la plante tomberont sur votre toile. La pie aura alors dégagé son nid, et vous aurez pu recueillir des indices suffisants pour chercher à votre tour l'herbe qui remplace si bien une lame d'acier. Si vous appartenez enfin à l'école moderne, si vous êtes animé d'un ébouriffant amour de l'humanité et du progrès, vous ne manquerez pas cette fois de nous apprendre quel est le nom de cette herbe avantage qui nous est refusé au moment où nous écrivons ces lignes.

On s'accorde à ranger parmi les erreurs populaires, la faculté que quelques-uns attribuent à la pie de pouvoir compter, c'est-à-dire apprécier exactement le nombre des ennemis dont elle est menacée. Voici néanmoins ce que rapporte à ce sujet l'auteur des Lettres philosophiques sur l'intelligence el la perfectibilité des animaux :

« Les bêtes comptent, cela est certain, et quoique jusqu'à présent leur arithmétique praisse assez bornée, peut-être pourrait-on lui donner plus d'étendue. Dans les pays où l'on conserve avec soin le gibier, on fait la guerre aux pies, parce qu'elles enlèvent les œufs et détruisent l'espérance de la ponte. On remarque donc assidûment les nids de ces oiseaux destructeurs, et pour anéantir d'un coup la famille carnassière, on tâche de tuer la mère pendant qu'elle couve. Entre ces mères, il en est d'inquiètes qui désertent leur nid dès qu'on a proche. Alors on est contraint de faire un affût bien couvert au pied de l'arbre sur lequel est le nid, et un homme se place dans cet affût pour attendre le retour de la couveuse ; mais il attend en vain si la pie qu'il veut surprendre a été quelquefois manquée en pareil cas. Elle sait que la foudre va sortir de cet antre où elle a vu entrer un homme. Pendant que la tendresse maternelle lui tient la vue attachée sur son nid, la frayeur l'en éloigne jusqu'à ce que la nuit puisse la dérober au chasseur. Pour tromper cet oiseau inquiet, on s'est avisé d'envoyer à l'affût deux hommes, dont l'un s'y plaçait et l'autre passait ; mais la pie compte et se tient toujours éloignée. Le lendemain, trois y vont, et elle voit encore que deux se retirent. Enfin, il est nécessaire que cinq ou six hommes, en allant à l'affût, mettent son calcul en défaut, La pie, qui croit que cette collection d'hommes n'a fait que passer, ne tarde pas à revenir. Ce phénomène, renouvelé toutes les fois qu'il est tenté, doit être mis au rang des phénomènes les plus ordinaires de la sagacité des animaux.

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Selon Jean Baucomont, auteur d'un article intitulé "Les formulettes d'incantation enfantine", paru dans la revue Arts et traditions populaires, 13e Année, No. 3/4 (Juillet-Décembre 1965), pp. 243-255 :


La tradition orale se perpétue dans le folklore de la vie enfantine. […] Une des catégories les plus curieuses de ces formulettes est celle des formulettes d'incantation.

L'incantation, nous disent les dictionnaires, signifie étymologiquement : un enchantement produit par l'emploi de paroles magiques pour opérer un charme, un sortilège. Le recours à l'incantation postule une attitude mentale inspirée par l'antique croyance au pouvoir du verbe, proféré dans certaines circonstances. […]


« L'incantation, dit Bergson, participe à la fois du commandement et de la prière. » On constate effectivement, que la plupart des formulettes d'incantation comportent à la fois une invocation propitiatoire : promesse d'offrande en cas de succès et une menace de sacrifice expiatoire, d'immolation en cas d'échec. Ce qui est proprement le caractère de l'opération magique traditionnelle. […]


Une pie

Malheur

Deux pies

Bonheur

Trois pies

Mariage

Quatre pies

Enterrement. (Vendée)

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Symbolisme :

Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"La pie est communément prise comme synonyme de bavarde, et aussi de voleuse, ce qu'explique assez nettement le comportement de l'oiseau. C'est aussi pourquoi la grive-pie, Börling-börlang, symbolise chez les Montagnards du Sud Viet-nam l'ancêtre qui enseigna un certain art de rendre la justice - et en tout cas à tenir des palabres... - Les Sioux assurent, de leur côté, que la pie connaît tout.

Elle connaît en Chine, les infidélités conjugales, car le demi-miroir que lui a remis le mari se transforme en pie et va faire rapport, si la femme l'a trompé pendant son absence. L'identification pie-miroir est curieuse, si l'on se souvient du goût des pies pour les fragments d'objets brillants. En revanche, la pie est aussi l'instrument d'une fidélité célèbre : ce sont les pies qui font le pont sur la voie lactée pour le passage du cortège nuptial, lorsque la Tisserande céleste va rejoindre le Bouvier. Et c'est pourquoi, dit-on, les pies ont la tête dégarnie.

La pie est une fée (chen-niu). En effet la fille de Yen-ti, roi du feu, se transforma en pie et monta au ciel après l'incendie de son nid, ce qui est une apothéose d'Immortel taoïste. En quoi la pie joue un rôle analogue à celui de la grue. La cendre de nid de pie sert d'ailleurs à préparer un bain pour les œufs de vers à soie, coutume qui évoque le symbolisme de l'éclosion.

On immolait des pies à Bacchus, pour que, le vin aidant, les langues de délient et les secrets s'échappent.

D'après les légendes grecques, les Piérides, qui étaient neuf jeunes filles de Thrace, voulurent rivaliser avec les neuf Muses. Vaincues à un concours de chant, elles furent transformées en pies. On pourrait voir dans les pies de cette légende, racontée par Ovide, le symbole de l'envie, de la présomption, de la jacasserie, et du snobisme.

Le symbolisme de la pie, dans le folklore occidental, est généralement sombre et les manifestations de cet oiseau interprétées comme un signe néfaste."

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Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), la Pie a les caractéristiques suivantes :


Points clés : L'utilisation correcte de l'intelligence, des compagnons familiers de la magie et de la connaissance occulte.

Cycle de puissance : Hiver et été.


La pie est une cousine de la corneille. C'est un grand oiseau avec une tête d'un noir brillant. Les pies sont curieuses et même quelque peu impudentes. Elles ont la réputation de voler tout ce qu'elles peuvent transporter. Cela traduit surtout leur aptitude à utiliser tout ce qu'elles trouvent. En tant que totem, la pie vous aide à cous servir de toute connaissance métaphysique ou occulte que vous pouvez avoir - aussi incomplète ou parcellaire qu'elle puisse être. La seule chose à laquelle vous devrez veiller, c'est de ne pas croire ou agir comme si elle pouvait faire plus qu'elle ne le peut en réalité.

Beaucoup considèrent les pies comme les membres les plus intelligents de la famille des corvidés. Elles ont une grande intelligence, une grande adaptabilité, et une vraie organisation sociale. En Amérique du Nord comme en Europe, on les trouve surtout dans le Nord-ouest, et une étude des directions vous aidera à déterminer leur rôle spécifique dans votre vie.

Ce sont des charognards et des opportunistes, ce qui révèle encore leur grande intelligence. Pour cette raison, elles peuvent vous apprendre à utiliser ce qui est à portée de main, ou refléter une inclination dans votre vie à saisir tout ce qui se passe. Elles vous aideront à promouvoir votre connaissance ou votre existence. Leur apparition manifeste souvent des opportunités pour obtenir une quelconque forme d'avancement par le truchement d'une utilisation correcte de votre intelligence.

Les pies ont souvent été considérées comme un signe de bon ou de mauvais augure selon le moment de leur apparition et le nombre qu'elles étaient alors. Une raison expliquant cette symbolique contrastée de la pie est la résultante d'une vieille histoire : un vieux conte qui rapporte comment la pie fut le seul oiseau à refuser de pénétrer dans l'arche de Noé et préféra demeurer perchée sur son toit.

De cette histoire et de l'art de la construction de la pie est issue une idée ancienne selon laquelle si une pie se perche sur le toit de votre maison, celle-ci ne s'effondrera jamais. Les pies font leurs nids avec des branchettes, des brindilles et de la boue ou de la terre gâchée. Les nids sont généralement grands et souvent accrochés dans les fourches hautes d'un arbre ou, plus rarement, un buisson épineux. Cela donne des habitats résistants, ce qui permet à la pie d'ouvrir un individu à de nouveaux mondes aussi rapidement et facilement que possible (les épineux abritent souvent des passages vers le monde des fées ou des esprits). Ces habitats des pies sont en général implantés le long des cours d'eaux e ils peuvent être utilisés en hiver comme en été.

Leurs nids sont souvent en désordre. Cela peut être vu comme un avertissement nous prévenant de ne pas recourir à des procédés trop rapides et trop faciles dans ce que nous entreprenons en faisant usage d'un savoir occulte. Leurs nids ont souvent un toit en forme de dôme, et on pénètre à l'intérieur par les côtés. Généralement, le fait d'avoir une pie pour totem indique que l'on va rencontrer le royaume des esprits et le monde métaphysique d'une manière différente. Vous n'allez pas les pénétrer et en faire l'expérience comme tout un chacun - et la méthode que vous utiliserez sera très inhabituelle.

Les Écossais ont une comptine mantique relative au nombre de pies que vous pouvez rencontrer en vous promenant :

One's sorrow, two's mirth,

three's a wedding, four's a birth,

Five's aChristening, six a dearth,

Seven's heaven, eight is hell,

And nine's the devil his ain sel.


Peter Limburg, What's in the Names of Birds ?, N.Y., Coward, Mc Cann and Geoghegan, 1975, p. 4.


Un c'est la tristesse, deux l'allégresse

Trois un mariage et quatre une naissance

Cinq un baptême, mais six une disette

Sept, c'est le Ciel, et huit l'Enfer.

Et neuf le diable lui-même.


Un type semblable d'association s'est transmis aux États-Unis dans la tradition populaire. Une pie est signe de malchance et peut induire la colère. Deux, c'est la joie et la noce, comme l'allégresse (mirth) de la comptine écossaise. Trois pies annoncent une aventure ou un périple réussi (car, dans un sens ancien, weddings peut aussi désigner un périple). Quatre pies indiqueront une bonne nouvelle et cinq une invitation ou une fête en heureuse compagnie.

La pie véhicule une vieille association avec la magie et la sorcellerie (sorcellerie considérée comme l'art magique des sorciers sans connotation négative). Jadis, on croyait que les pies étaient les petites compagnes familières des sorciers et des magiciens. Elles auraient été les esprits sous forme animale. Une part de cette croyance vient de leur intelligence et de leur observation avisée de l'activité humaine. Cela a aussi, j'en suis certain, des connexions, avec leur réputation de voleuses - car les sorciers et les magiciens n'étaient pas souvent perçus très positivement.

Son intelligence et son caractère rusé en font un totem intéressant, mais pas aisément maîtrisé. Cet oiseau a sa volonté propre et sait comment utiliser les animaux comme serviteurs familiers ; c'est un savoir qu'il peut transmettre. Il saura aussi nous apprendre comment nous servir de la connaissance occulte pour obtenir des effets rapides. Une partie du problème que pose cet oiseau lorsqu'il est votre totem est que la connaissance en question est généralement incomplète. Vous pouvez obtenir ce que vous désirez en utilisant la connaissance requise mais elle peut vous parvenir d'une manière obscure et inhabituelle. Et elle pourra même avoir d'autres répercussions que vous n'auriez peut-être pas envisagées.

Si la pie est apparue dans votre vie, vous allez avoir besoin de vous poser quelques questions sérieuses. Avez-vous la connaissance et vous en servez-vous ? Utilisez-vous un talent quelconque pour obtenir ce dont vous avez le plus grand besoin ? Utilisez-vous votre connaissance et vos talents de manière inappropriée ? la pie peut assurément vous aider à répondre à ces questions. Elle vous apprendra comment utiliser la connaissance occulte d'une façon tant responsable qu'efficace. la pie vous montrera ce que vous pouvez faire pour votre vie simplement avec un peu de connaissance occulte.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Consacrée par les Grecs et les Romains à Bacchus, car on la dit bavarde comme les gens ivres, la pie -fruit, d'après Ovide, de la métamorphose des Piérides, jeunes filles ayant osé rivaliser avec les neuf Muses - est surtout, parmi tous les oiseaux sauvages, celui qui entretient le plus de relations avec le monde satanique. La pie, qui doit sa malice au fait qu'« on apprend en enfer des ruses de toute sorte », a dans la tête un os du diable ou sept de ses poils (de ses plumes pour certains), et est la seule créature sauvage à porter du blanc et du noir (couleurs sainte et diabolique).

Elle sert de messagère au mages noirs qui veulent ensorceler. Dans la région toulousaine, on soutient qu'il n'y a pas beaucoup de pies le jour de la Transfiguration car elles sont toutes au sabbat. En Allemagne, où elle doit être tuée entre Noël et l'épiphanie, la pie sert de monture aux sorcières ou leur prête sa forme. Les Russes, qui en font aussi l'oiseau favori des sorcières et qui utilisent sa dépouille pour mettre les animaux à l'abri des maléfices, prétendent que pas une pie ne pénètre à Moscou, son espèce ayant été maudite au IVe siècle par le métropolite (archevêque de l'Eglise orthodoxe) Alexis à cause des liens privilégiés de l'oiseau avec les mages noirs. Les Anglo-Saxons la considèrent également comme une créature maléfique car elle fut le seul de tous les oiseaux à refuser de pénétrer dans l'arche de Noé, se contentant de rester perchée sur le toit.

En raison de son égoïsme et de son manque de compassion, la pie qui « avait autrefois un vêtement d'une richesse incomparable », avec une aigrette sur la tête et une queue « aussi splendide que celle du paon », ne porte plus, en guise de punition, qu des plumes noires et blanches. Dans une grande partie de la France et en Belgique wallonne, elle s'est rendue tristement célèbre en insultant le Christ sur sa croix, en le piquant, et en ne cessant de ricaner « Rac, rac ! rac ! » ; « depuis elle ne peut plus autre autre chose ». Selon un récit suédois, les pies « sont allées au sabbat (ou en enfer) et ont aidé le diable à rentrer les foins, et par suite de l'usure causée par les colliers, les plumes de couleur sont tombées ».

A cause de son comportement malfaisant, Jésus condamna en outre la pie à faire son nid tout en haut des arbres, nid qui est considéré comme le plus laid de tous et qui est à la merci du vent et de la pluie. Dans une légende de l'Albret, la Vierge a puni la pie qui pendant la fuite en Égypte avait montré ses traces aux poursuivants, en ne lui accordant qu'un « nid de buisson et de terre ». Enfin, dans un récit du Morbihan, les pies ont eu le tort d'enlever les branches d'arbres qui protégeaient saint Gildas endormi sur une pierre : « Le saint finit par les maudire en disant qu'elles seraient désormais obligées de couvrir leur nid, mais qu'elles ne pourraient empêcher la pluie d'y tomber et de mouiller leurs œufs ».

Il faut se signer et enlever son chapeau à la vue d'une pie pour conjurer le sort car elle présage les plus grands malheurs : la mort d'un parent ou d'un ami, un accident ou des désagréments à celui qui part en voyage, l'insuccès d'une demande en mariage ou de quelque démarche que ce soit. La voir sur sa gauche augmente le danger. Les habitants de Quimper prétendent qu'en voir une prédit « qu'on entendra cancaner dans la journée ». En Vendée, si cet oiseau infernal passe de gauche à droite devant un cortège nuptial, il porte malheur à la mariée ; à Fougerolles (Mayenne), s'il fait rater le mariage du jeune homme croisé le matin, il promet à une jeune fille de prochaines noces tandis qu'en Bretagne, vu de bon matin il présage l'arrivée d'une lettre.

Deux pies n'annoncent rien de funeste (sauf dans quelques régions comme celle de Dinan, par exemple) ; elles portent chance surtout si elles s'envolent du même côté. Dans les Ardennes, une journée s'annonce même excellente si on voit des pies à son réveil. En Beauce et en Belgique, trois pies présagent un mariage, quatre un baptême, mais dans le Morbihan, un enterrement passera sur la route où trois pies ont cheminé et dans la Nièvre, quatre pies sont très funestes !

En Allemagne, une pie est de mauvais augure, deux prédisent un mariage ou un « divertissement », trois une bonne journée ou un bon voyage, quatre de bonnes nouvelles et cinq une visite amicale. Les Ecossais disent quant à eux : une pie pour la colère, deux pour la gaieté, trois pour le mariage, quatre pour une naissance, cinq pour le paradis et six pour l'enfer. Les marins anglais pour leur part, sont moins optimistes : une pie apporte le malheur, deux n'annoncent rien de bon ni rien de mauvais mais gare aux trois pies !

Entendre un jacassement est tout aussi funeste que sa rencontre : il prédit un malheur ou une mort, une mort violente, pour les Lorrains, si ses cris coïncident avec le glas. Dans la Montagne Noire, entendre la pie en sortant de chez soi le matin prédit qu'un des actes de la journée sera malheureux et en Bigorre, si c'est trois pies qui se montrent bruyantes, un procès menace.

« J'ai entendu raconter l'anecdote suivante, rapporte Eugène Rolland : une pie était venue jacasser auprès de la maison d'un paysan, celui-ci, furieux de ce mauvais présage, alla chercher son fusil et fit feu sur l'oiseau de malheur ; or le présage eut son effet sur-le-champ car en tirant il mit le feu à sa maison ».

En Bretagne, un rassemblement inhabituel, tumultueux et bruyant de ces oiseaux fait craindre un mouvement révolutionnaire ou une guerre terrible.

Si les Français se méfient de la pie qui vole près d'une maison ou se pose sur son toit, les Anglo-Saxons eux, soutiennent que « si la pie se perche sur votre toit elle assure que votre maison ne s'écroulera jamais ».

Le caractère funeste attaché en général à cet oiseau expliquerait pourquoi certains châteaux sont restés inachevés. A Saint-Gandon (Côtes-d'Armor), on dit que la châtelaine de la Thebaudaie, qui venait voir l'avancée des travaux de son château, trouva sur son chemin le corps d'une pie morte. Convaincue que c'était l'annonce, au bas mot, de la fin du monde, elle fit cesser les travaux pour se préoccuper uniquement de son salut. Dans les Côtes-d'Armor toujours, à la pointe de Cesson (au nord-est de Saint-Brieuc), se trouve un donjon en ruine, en partie détruit à la fin du XVIe siècle sur ordre de Henri Iv pour avoir abrité des membres de la Ligue. « Ce n'est pourtant pas ainsi que les habitants considéraient jadis cet édifice : ils y voyaient une œuvre inachevée. Elle avait été entreprise, disaient-ils, par une fée. Celle-ci, alors qu'elle effectuait les travaux, trouva sur son chemin une pie morte : ce fut pour elle la révélation du caractère éphémère de toute chose en ce monde : "Eh bien ! dit-elle, puisque tout meurt, cessons." De là viendrait le nom de tour de Cesson ».

Manger de la pie est très dangereux : sa cervelle rend bête (Ille-et-Vilaine) ou fou, surtout si le vent tourne au moment où on l'avale. Dans le Cher et en Belgique, qui mange sa tête ne pourra jamais guérir si, plus tard, il est mordu par un chien enragé.

Chez les Tziganes de Transylvanie, on frotte le dos des aliénés avec la cervelle d'une pie, dont le « bavardage rappelle celui des déments », ce qui s'explique par le mythe suivant : le roi des démons habitant les entrailles de la terre - les Loçolico - voulant séduire la « reine des bonnes fées », Anna, lui fit absorber une cervelle de pie qui la plongea dans un profond sommeil : il put alors l'aimer. De cette étreinte, la reine donna naissance au démon Mélalo, oiseau à deux têtes très redouté, qui faisait perdre la raison à ses victimes. On comprend que les Tziganes craignent la pie : dès que l'une d'entre elles se montre près de leur campement, et s'ils ne parviennent pas à la chasser au plus vite, ils déménagent, car elle annonce de graves querelles.

Bavarde, menteuse, celle qui « connaît tout »,disent les Sioux, n'a pas que des défauts : elle met parfois ses facultés exceptionnelles (elle saurait, selon une vieille croyance, compter jusqu'à cinq ou six !) au service de l'espèce humaine. Selon une légende bretonne, elle apprit au forgeron à souder le fer, en criant à l'un d'eux : « Mets de l'argile ! ». En France, comme en Allemagne, où il porte malheur d'en tuer une, elle prévient de l'approche du loup.

En se perchant au-dessus des voleurs, elle avertit les gendarmes de leur présence ; au-dessus d'un lièvre elle le désigne aux chasseurs et fait de même avec les animaux nuisibles ou un chien enragé. C'est pour la remercier d'être vigilante et pour l'inciter à le demeurer qu'on lui offrait une crêpe le jour du carnaval (Poitou) ou la dernière javelle.

Le nid d'une pie à proximité d'une maison lui porte chance et s'il s'y trouve des jeunes filles, l'une d'elles se mariera dans l'année (Bretagne, Eure-et-Loir). Il ne faut jamais s'emparer de ses œufs : la pie se vengerait en faisant mourir les animaux ou en répandant le malheur dans la famille.

Les œufs de poule déposés dans le nid d'une pie donnent naissance à des volatiles d'un genre particulier : la poule qui en provient peut être une très bonne pondeuse tandis que s'il s'agit d'un « coq-pie » (coq né de cet œuf), « il aura les oreilles blanches et aucun œuf de ses poules ne sera clair » (Poitou). Le coq-pie, dans les Côtes-d'Armor, chante toutes les heures si régulièrement qu'il « peut servir d'horloge » - dans la même région, on attribue une très grande méchanceté à la poule née dans ces conditions -, et dans le Maine, passe pour très querelleur.

Selon une supersitition du Moyen Âge, la pie connaît une herbe magique. Pour se l'approprier, il faut suivre les recommandations d'Albert le Grand :


Si on veut rompre des liens ou des chaînes de fer, on ira dans une forêt pour chercher le nid d'une pie avec ses petits ; aussitôt qu'on l'aura trouvé, on montera sur l'arbre et l'on bouchera le trou par où elle rentre dans son nid, avec ce que l'on voudra. La pie n'y pouvant entrer ira chercher une certaine herbe avec laquelle elle rompra et arrachera tout ce qui fermait son nid ; on aura soin de mettre sous l'arbre un linge, ou quelque autre chose sur quoi elle puisse tomber ; et on s'en servira pour faire ce que l'on a dit ci-dessus.


Le cadavre d'une pie, suspendu au plafond d'une grange, en chasse rats et souris (Lorraine), porte bonheur aux animaux (Indre), et les protège des mauvais esprits (Suède, Norvège). En Belgique, celle qui a été tuée pendant la lune de mars éloigne les mouches.

L'utilisation de l'oiseau dans la médecine magique est très limité : dans les Côtes-d'Armor, pour faire baisser la fièvre, on coupait une pie en quatre, et on appliquait deux morceaux « tout chauds » sur les reins et deux sur la plante des pieds. Dans la même région, on croyait trouver au fond du nid de la pie une petite pierre censée guérir toutes les maladies des yeux.

En revanche, les pies jouent un rôle important dans la prévision météorologique : en dépit de la légende selon laquelle elles sont contraintes de bâtir leur nid au faîte des arbres, il leur arrive de l'installer sur des basses branches, annonçant ainsi une année orageuse (venteuse avec un été pluvieux pour les Suisses, un hiver rude pour les Ardéchois). Si elles volent en groupe, crient plus que de coutume ou se bagarrent, gare à la pluie et si elles approchent des lieux d'habitation, il va neiger, d'où le dicton :


Pie dans la ferme,

Neige à court terme.


Pour conclure, sachons qu'à la différence de l'Occident, la pie est respectée en Chine. Très nombreuses à Pékin, elles passent la nuit dans la Cité interdite. voici ce qu'on disait à la fin du XIXe siècle à propos des relations entre l'oiseau et la dynastie mandchoue des Ch'ing : « Il paraîtrait que la grand-mère du fondateur de la dynastie actuelle aurait, lorsqu'elle habitait encore les forêts de la Mandchourie, écouté les propos galants d'une pie, ou plutôt d'un dieu ayant pris la forme d'une pie. La légende ne dit pas si le Jupiter chinois donna à la Léda mandchoue des œufs d'où sortirent des Pollux et des Castors ; mais il est certain que la dynastie présente, et, par suite, tous les Chinois du Nord ont la plus profonde vénération des pies ».

Elle y est également considérée comme une fée : « En effet la fille de Yen-ti, roi du feu, se transforma en pie et monta au ciel après l'incendie de son nid, ce qui est une apothéose d'immortel taoïste. En quoi la pie joue un rôle analogue à celui de la grue »

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :


"La plus commune, la plus représentative aussi, est celle que l'on a surnommée pie bavarde, parce que son jacassement très caractéristique est assez bruyant, et qu'on la trouve présente dans toute l'Europe, mais aussi dans une grande partie de l'Asie et jusqu'au nord de l’Égypte. Qui plus est, elle se distingue nettement de la pie grièche grise ou à tête rousse, par exemple, du fait même que son plumage est exclusivement noir et blanc et qu'elle est pourvue d'une très longue queue. Elle apprécie les prés, les champs, les prairies, les abords des forêts et des cours d'eau mais, peu farouche, elle ne dédaigne pas non plus de fréquenter les villages et les villes. Dans son nid perché au faîte d'un arbre la femelle pond 5 à 8 œufs qu'elle couve seule durant près de 3 semaines. Elle se nourrit de petits rongeurs, de mollusques, d'insectes, de fruits, de grains de blé. Mais il lui arrive aussi de piller les nids des autres oiseaux pour trouver sa pitance.

Certes, la réputation de la pie voleuse n'est plus à faire. Car ce n'est pas invention ni imagination des hommes que de croire que cet oiseau est attiré par ce qui brille, s'en empare volontiers et aime à enfouir ses trouvailles dans la terre à l'aide de son bec, c'est un fait. Par ailleurs, si l'on a qualifié la pie de bavarde, c'est que, là encore, force est de constater qu'elle jacasse à longueur de journée. Toutefois, ce bavardage trouverait son origine dans le mythe de Dyonisos qui, sous l'emprise de l'ivresse, était enclin à parler sans plus se retenir."

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Symbolisme celte :


D'après Divi Kervella dans Emblèmes et symboles des Bretons et des Celtes (2001),


"Poggio, auteur italien décédé en 1459, relate qu'il y aurait eu en Bretagne, en avril 1451, une bataille rangée entre des pies et des geais. Après toute une journée de combat acharné, la victoire revint aux geais qui laissèrent tout de même deux mille des leurs sur le terrain,, alors que les pies eurent quatre mille morts.

Les pies, du fait de leur plumage bicolore blanc et noir, furent identifiées aux Bretons, et les geais, au plumage brun-rosé et bleu, furent assimilés aux Français, ces derniers ayant le rouge et le bleu comme couleurs principales de leurs drapeaux et de leurs tenues de livrée, cela déjà bien avant la révolution française.

Cet événement extraordinaire fut considéré comme la prédiction de la défaite bretonne de 1488 à Saint-Aubin-du-Cormier, face aux Français. Lourde défaite qui fut le début de la fin de l'indépendance du duché de Bretagne."

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Selon Gilles Wurtz, auteur de Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos jours (Éditions Véga, 2014),


"La pie est l'un des oiseaux les plus intelligents. On sait depuis l'Antiquité qu'elle peut imiter la voix humaine, mais elle possède de nombreux autres talents.

Elle est l'un des rares animaux ayant réussi le test du miroir, test qui montre qu'elle est capable de reconnaître son reflet dans le miroir, et donc d'avoir une certaine conscience d'elle-même. Parmi tous les animaux soumis à ce test aujourd'hui, seule une dizaine l'a passé avec succès. Elle est également capable d'utiliser des outils, comme un bâtonnet pour accéder à ce qu'elle convoite. Les pies sont aussi la faculté de mettre en place une stratégie de groupe contre un prédateur. Elles peuvent retransmettre à leurs petits ce qu'elles-mêmes ont appris.


Applications chamaniques celtiques de jadis : La pie représentait pour les Celtes la curiosité qui cherche à comprendre, à observer et à analyser pour apprendre. De ce fait, elle était un esprit allié très important dans tous les domaines où l'on cherchait à développer son savoir et son intellect. Chez les Gaulois, les druides qui étaient avant tout des intellectuels et des philosophes, consultaient très fréquemment cet esprit enseignant, afin de bénéficier de son avis instruit. La pie était un de leurs grands maîtres, un de leurs fidèles animaux de pouvoir. Tout comme le patrimoine intellectuel de l'époque, l'interaction avec la pie dans le domaine des savoirs et des connaissances était volontairement marquée du sceau de la confidentialité, afin d'éviter que cet inestimable trésor ne tombe aux mains de l'ennemi ou de personnes mal intentionnées. c'est sans doute une des raisons pour lesquelles la transcription écrite de ce savoir était quasi inexistante.

Si l'esprit de la pie était lié à la soif d'apprendre, dans tous les domaines, sa collaboration n'était pas l'apanage des sages. Ses enseignements étaient disponibles à toute personne avide d'apprendre.


Applications chamaniques celtiques de nos jours : La pie symbolise les attributs indispensables d'un chercheur, d'un penseur, de toute personne poussée par l'envie d'apprendre. De nos jours, un travail chamanique avec l'esprit de la pie donne à toute personne assoiffée de connaissances accès à une profondeur intellectuelle nouvelle, à une dimension qui ne peut se décrire par des mots. Cette curiosité, cette soif d'apprendre pourrait aisément être proposée aux enfants, sous une forme ludique par exemple, afin de leur permettre un parcours scolaire plus harmonieux. Cette curiosité insatiable de la pie, si nous l'écoutions davantage, pourrait devenir un véritable moteur qui nous pousserait à progresser davantage. En effet, ne savons-nous pas aujourd'hui que nous sommes loin d'utiliser la totalité de notre potentiel intellectuel.


Mots-clefs : La curiosité ; La soif d'apprendre."

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Chansonnettes :


Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur

Lafolye, janv. 1892) relève des traditions liées à l'enfance :


Randonnée.

Nous avions t’une pie :

Je lui foutis z'un tournaillon

A la mode de Paris.

Cette pauvre pie en est morte :

Nous en avons fait un tricotte,

Nous étions sept, nous en fûmes toutes repues,

Il resta les quatre membres :

Il est vrai de dire qu'il y avait beaucoup de sauce. (Evran.)

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque la Pie grièche écorcheur :

7 février

(La Bastide)


Hier, elle inspirait le frêne à fleurs ; elle anime aujourd'hui l'olivier : je parle de la pie-grièche écorcheur. Que fait ici, en cette saison, cette migratrice ? Ce ventre crème, ce croupion gris, cette queue brune devraient caresser l'atmosphère africaine.

La pie-grièche empale ses proies sur des épines. Où cette torture trouve-t-elle sa nécessité évolutive ? Où la nature a-t-elle été chercher cette solution ? Les lignées vivantes essaient chaque piste. Certains délires anatomiques, physiologiques ou éthologiques ont été agréés non pas parce qu'ils étaient utiles, au sens darwinien du terme, mais parce qu'ils n'entraient pas en contradiction avec la rationalité générale de la biosphère.

On peut se demander si le sadisme humain possède une origine comparable à celui de la pie-grièche écorcheur. J'inscris cette question à mon programme de recherches sur la prochaine guerre mondiale. Pour l'instant, la douceur du soleil d'hiver me fait ronronner comme un chat sur ma pierre. Je me vide la cervelle avec délices.

[...] 2 avril

(Fontaine-la-Verte)


Deux pies bâtissent leur nid dans l'orme mort : panier de brindilles accroché à la limite du lierre qui fume sur l'arbre sec.

La pie est un oiseau improbable. Le noir et le blanc claquent comme un défi sur son corps. La nature nous accoutume plutôt aux tons neutres du camouflage, ou aux flamboiements des livrées nuptiales. Les animaux qui alternent l'ombre et la lumière absolues sont des légendes. Outre la pie (voleuse, maligne, bavarde, si humaine et si bizarre), entrent dans cette catégorie le zèbre (ce bagnard dératé), la mouffette (toute puanteur), le grand panda (ce concentré de nounours en péril) et l'orque épaulard (la « baleine tueuse » des anciens harponneurs ; le plus puissant et le plus rusé des dauphins)...

L'étrangeté de la pie tient aussi à la longueur incongrue de sa queue. Son vol, à la limite du décrochage, ressemble à celui de l'archéoptéryx. Résurgence du Jurassique... Les hommes ne voient, dans ce volatile, que logorrhée et kleptomanie, et cela désespère le sage.

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