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L'Orme

Dernière mise à jour : 25 oct.



Étymologie :


  • ORME, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 19242) ; 1690 attendre sous l'orme «attendre vainement la venue de quelqu'un» (Fur.). Prob. altération de olme «orme» fin xie s. judéo-fr. (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 103, 748) −1604 ds Gdf. Compl., du lat. ulmus «id.», v. André Bot., (cf. les corresp. rom. esp. et ital. olmo, a. prov. olm(e), v. REW 39036 et FEW t. 14, p. 7a), d'apr. le dér. ormeau «id.», v. ormeau, qui cependant n'est att. que postérieurement. L'hyp. d'une dissimilation du -l-, après agglutination de l'article est difficilement acceptable d'un point de vue phonét. (FEW loc. cit., note 1). L'expr. proverbiale attendre sous l'orme, certainement popularisée par la pièce de Regnard, Attendez-moi sous l'orme (1694), fait réf. à l'usage des juges de village, −et par dépréciation aux magistrats et avocats médiocres que l'on laissait volontiers attendre (cf. Rey-Chantr. Expr.), −rendant la justice sous l'orme implanté dans un lieu devenu centre de la vie publique (cf. les expr. juges (pedanées) soubs l'orme 1552, Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. 16, p. 93, 10 ; advocat dessoubz l'orme 1464, Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 13) et dès le mil. du xive s. festes dessous l'orme, Dit des Patenostres ds Nouv. rec. de fabliaux, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 246).


Lire aussi la définition de l 'orme pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Ulmus -

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Botanique :


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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de l'Orme :


Propriétés Physiques et Chimiques. — L'écorce intérieure ou le liber de cet arbre a un goût pâteux et mucilagineux ; elle est inodore. La teinture d'iode y indique la présence de l'amidon . Elle contient une petite quantité de tannin et une abondante proportion de principes mucilagineux. Klaport y a signalé la présence d'une substance particulière qu'il a nommée Ulmine.


Usages Médicaux. Cette écorce a été vantée par les anciens principalement comme dépurative dans le traitement des affections cutanées (Dioscoride). En 1785, Lyson l'a remise en honneur ; ses expériences ont été reprises par Lettsom, Banan et Gilibert qui en ont obtenu de bons résultats contre les dartres, l'ichthyose, la lèpre et l'éléphantiasis. C'est principalement dans le traitement des maladies de la peau qui ont pris une forme chronique et surtout chez les sujets scrofuleux que ce médicament a paru utile ; Devergie qui le donne sous forme de sirop se loue beaucoup de son emploi. L'écorce d'orme est aussi diurétique ; on l'a administrée dans l'anasarque et l'hydropisie ascite. Quelques auteurs l'ont prescrite contre les scrofules, le scorbut, les douleurs rhumatismales, les fièvres intermittentes et les ulcères cancéreux.


Formes et doses. Décoction, 120 grammes pour 1 kilogramme d'eau. - Extrait, 5 à 15 grammes. - Sirop (Devergie) 15 à 30 grammes et plus.

 

Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


La décoction de seconde écorce d'orme, Ulmus montana, [...] plante qui jouit d'une vogue variable selon les pays, [est utilisée] comme ayant des propriétés dépuratives.




Symbolisme :


Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie.


Orme - Rendez-vous manqué - Promesse trompeuse.

L'orme est un des plus beaux arbres de nos contrées . Il fournit un bois que l'industrie utilise sous toutes les formes ; sa feuille est nourrissante, et peut servir de pâture aux bestiaux. Le proverbe rimé par Regnard :


Attendez-moi sous l'orme,

Vous m'attendrez longtemps ;


est trop connu pour avoir besoin d'explication .

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Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


ULMUS OU ORME : Utilité.

— D'AMÉRIQUE : Mise décente.

— PANACHÉ : Fatuité.

— SUBÉREUX (écorce crevassée) : Vétusté.

ULMUS TORTILLARD (contourné) : Commerce agréable.


Tu t'élèves avec fierté,

Et moi, déjà sous les ans je succombe ;

Je dormirai sans doute dans la tombe,

Quand tu seras dans ta beauté !...

Sous ton arbre, tranquille Ormeau,

Je trouverai le calme après l'orage ;

Et puisse un jour ton front fraternel ombrage

Couvrir mon paisible tombeau ! C. DUBOS.

 

Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) rappelle le caractère magique de l'orme :


D'autres arbustes sont en relation avec les devins. Ainsi, le Witch-Elm ou Ulmus leevis Pallas, « l'Orme blanc ». Chez les Saxons, les sanctuaires étaient des bosquets de Coudrier ou d'Orme.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Orme (Ulmus campestris ; Ulmus montana ; Ulmus effusa, etc.) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Saturne

Élément : Eau

Divinités : Thémis, déesse de la justice. Hugin (Réflexion) et Munim (Mémoire), les deux corbeaux penseurs de la mythologie scandinave, compagnons inséparables du dieu Odin à qui ils rapportent tout ce qui se fait sur la Terre.

Pouvoirs : Protection ; Aide.


Utilisation rituelle : À Waldsassen, en Bavière, l'Orme Eisenesser (mangeur de fer) était l'objet d'une coutume. Il s'élevait sur la place du village, son tronc entouré d'une grille. Or, petit à petit, l'arbre avait grossi au point de « digérer » cette grille. Vers le milieu du XIX e siècle, il s'était produit une hypertrophie des tissus ligneux qui, au contact des barreaux, s'étaient développés avec une rapidité extraordinaire, absorbant littéralement l'ouvrage métallique dans une sorte d'énorme bourrelet cancéreux. Lorsque les conscrits de Tirschenreuth partaient, leurs camarades et ceux de la conscription suivante les accompagnaient, tambour en tête et chantant, jusqu'à Waldsassen, qui est à sept kilomètres. Arrivée devant l'Orme, la troupe s'arrêtait; chacun des conscrits plantait dans cette excroissance du tronc un clou qu'il avait fait fabriquer par le forgeron, et qui souvent portait son nom. Après quoi on buvait la dernière chope, on se donnait la dernière accolade et on se séparait. Si la tête du clou cassait avant le retour du conscrit, on considérait qu'il lui arriverait malheur.


Utilisation magique : Les peuples nordiques le surnommaient Elf, car c'est, avec le bouleau, l'arbre préféré des elfes. Le héros d'un conte danois traverse une dangereuse forêt dont les Ormes sont des gens métamorphosés par une magicienne. Il suit une interminable laie dont chaque tronc est un prince enchanté. Ils reprennent leur figure naturelle quand il a tué le géant Yngling. Alors tout le monde court délivrer les elfes prisonniers.

Depuis les temps les plus reculés, l'Orme a la réputation d'être J'un des meilleurs protecteurs contre la foudre. Non seulement on peut s'abriter sous ses fondations, mais le voyageur qui s'appuie sur un bâton en bois d'Orme peut affronter sans risque l'orage le plus déchaîné.

Durant tout le. Moyen Âge, les juges rendaient leurs sentences sous l'Orme gui ombrageait habituellement la place publique située devant le manoir féodal. L'expression « attendre sous l'Orme » se disait encore en France au début de ce siècle. Elle rappelait une ancienne coutume : les parties adverses prenaient position sous l'Orme où allait siéger le juge ; l'une se plaçait à l'est de l'arbre; l'autre à l'ouest. La première feuille à se détacher des branches, et que le vent poussait soit d’un côté soit de l'autre, était un message des génies sylvestres, indiquant à coup sûr le camp qui allait sortir victorieux de la joute juridique.

Dans l’ancien duché allemand de Anhalt-Dessau, lorsqu'on recevait des invités et qu'on craignait des paroles incongrues de la part d'un enfant, on lui fixait autour du cou, sous le col à jabot de sa chemise des jours de fête, un collier d'écorce d'Orme ; non seulement le gamin ne risquait pas de prononcer des paroles gênantes, mais Il faisait l'admiration de tous par sa très grande politesse.

Si vous vous estimez victime de calomnies ou de médisances, faites un grand feu d'Orme dans votre jardin. Puis jetez dans le Brasier un ruban jaune noué. Les mauvaises langues se tairont instantanément.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Considéré par les Anciens comme un arbre funéraire, parce qu'il ne produit aucun fruit, aussi à cause probablement de sa longévité et de la facilité avec laquelle il se multiplie, l'orme fut également, comme le chêne, un arbre prophétique sous lequel les juges du Moyen-Âge rendaient justice. Selon une ancienne coutume, que rappelle l'expression « attendre sous l'orme », deux personnes en litige juridique se tenaient sous l'orme, l'une à l'est de l'arbre, l'autre à l'ouest : le vainqueur était celui vers qui se dirigeait la première feuille tombant de l'arbre.

L'orme, qui chez les peuples du nord de l'Europe est avec le bouleau l'arbre privilégié des elfes, protège de la foudre : « non seulement on peut s'abriter sous ses fondations, mais le voyageur qui s'appuie sur un bâton en bois d'orme peut affronter sans risque l'orage le plus déchaîné ».

Brûler de l'orme dans son ardin et y jeter un ruban jaune noué fait taire aussitôt les médisances et les calomnies. L'enfant qui porte un collier d'écorce de l'arbre devient d'une exquise politesse et ne prononce aucune parole malheureuse, selon les Allemands de l'ancien duché d'Anhalt-Dessau.

Le liquide recueilli au printemps sur les galles de l'arbre puis passé sur le visage a de très heureux effets sur le teint et la beauté. Dans le midi de la France, pour faire disparaître les cors au pied, on tord une branche d'un jeune orme sans la briser et on attend qu'elle sèche, cette opération devant s'effectuer dans le plus grand secret. Enfin, en Normandie, un morceau de son écorce cousu dans un vêtement avec une petite branche de frêne (ce dernier ayant à lui tout seul une influence déterminante contre les sorciers) protège des maléfices.

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :

"On a dit de cet arbre qu'il était magique et prophétique, voué au Diable. Les Grands Inquisiteurs le poursuivaient de leur foudre et avaient plaisir à le faire brûler ou couper à la hache par les bûcherons, pensant ainsi arracher les racines du mal et vaincre les démons. En effet, c'est sous l'orme, comme sous le chêne, que les païens ou les incroyants, selon le clergé, rendaient la justice. Non pas la justice divine, chrétienne, catholique ou papiste, mais la justice de la terre des hommes, de la nature, des fées et des elfes. Ainsi, lorsqu'un différend éclatait entre les deux personnes, on avait coutume de les placer sous l'orme, l'une à droite, l'autre à gauche de son tronc, jusqu'au moment où une feuille tombait de l'arbre sur celle qui, selon ce jugement, était dans son droit ou avait dit vrai. Car pour les villageois du Moyen Âge, l'orme était un père, un grand maître de sagesse qu'ils pouvaient venir consulter tout à loisir et qui, donc, rendait la justice avec impartialité.

Cependant, dans l'Antiquité, l'orme avait une plus fâcheuse réputation d'arbre funéraire ou pouvant rendre stérile, tout simplement parce qu'il ne donne aucun fruit.

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message des arbres :

Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien

à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés

sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant

les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,

physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous

diffusons l'amour et la guérison pour vous.


Les ormes : Quand j'étais enfant, ces arbres poussaient partout au Royaume-Uni, et on nous disait toujours de ne pas jouer sous eux parce que les branches pouvaient tomber subitement. Ils portaient le sobriquet de "faiseurs de veuves".

Ils sont très sensibles aux énergies. Les arbres ont besoin d'énergie spirituelle et psychique, et ils la puisent dans les lignes ley. La maladie hollandaise de l'orme a récemment décimé ces arbres. Cette maladie s'est répandue parce que les lignes ley ont été bloquées lors de la construction du tunnel sous la Manche. Les ormes ont toléré l'accumulation d'énergie dans les lignes ley provoquée par la construction du tunnel de Dartford, mais quand le tunnel sous la Manche a été construit à proximité peu de temps après, ils n'ont pas pu le supporter. Les ormes les plus proches des lignes ley ont été affectés en premier. Ensuite, la maladie s'est propagée.

La graphiose ou maladie hollandaise de l'orme avait déjà décimé les arbres au XVIe siècle. un grand nombre de personnes étaient mortes de la peste, et dans les zones om leurs corps avaient été enterrés sur les lignes ley, les arbres avaient été gravement affectés au niveau énergétique.

Nous pouvons tous aider les ormes en faisant appel à la lumière supérieure et en l'étendant le long des lignes ley. Ils pourront ensuite s'épanouir de nouveau.

Ces arbres vous aident à être rapide. Ils vous permettent de conserver votre pouvoir, mais d'une manière équilibrée.


VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.

  3. Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.

  4. Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.

  5. Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  6. Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  7. Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  8. Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  9. Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  10. Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.

  11. Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.

  12. Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.

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Dans Vert, Histoire d'une couleur (Éditions du Seuil, 2013), Michel Pastoureau nous apprend que :


"Tout verger est construit comme un espace symbolique, et [que] chaque plante qui s'y trouve possède sa signification propre. Celle des fleurs varie beaucoup selon les époques et les régions et prend en compte plusieurs particularités : la couleur, le parfum, le nombre de pétales, l'aspect des feuilles, les dimensions des unes et des autres, l'époque de la floraison, etc. Quelques idées peuvent néanmoins être dégagées pour le Moyen Âge central : Le lis est symbole de pureté et de chasteté, [...] De même, les arbres sont toujours signifiants. Le chêne (rare au verger) est un arbre de pouvoir et de souveraineté ; l'orme, un arbre de justice..."

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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :

En cas de besoin, demande de l’aide : L’Orme

L’Orme n’éprouve aucune gêne à demander de l’aide quand il se retrouve dans une situation épineuse. S’il subit une attaque de chenilles, il émet des phéronomes pour attirer des guêpes parasites qui pondent leurs œufs dans les chenilles et neutralisent cete menace. On pense souvent qu’on atteint le succès en ne comptant que sur soi-même, mais l’Orme a compris qu’il est illusoire de tout vouloir résoudre seul. Parfois, il faut appeler les guêpes à la rescousse.



Symbolisme celte :

Selon Myriam Philibert, auteure de L'Alphabet des arbres (Editions du Rocher, 2006),


"Aujourd'hui, les Irlandais préconisent le sorbier, ou plus exactement l'alisier, comme "roi" de la lettre L. Mais les Gaulois auraient-ils été de cet avis ?

Lemos, l'orme, a également la lettre L comme initiale. Cela va-t-il nous faire avancer au sein de cet étrange jeu de piste, dont la clairière et le cœur se dérobent à chaque pas ? La Leche est dans quelque langue préhistorique, un prairie marécageuse, pour ne pas dire un bourbier. Majestueux et dédaigneux, l'orme altier méprise le cormier. Sans doute a-t-il été roi en des temps reculés mais Le Combat des arbres le cantonne dans un rôle de second plan :

Les ormes sont ses sujets, précise-t-il.


Malgré leur taille et leur fière allure, ils n'ont pas la vedette dans ce fameux conflit, où ils sont inféodés au pin. On les rabaisse pour qu'ils ne puissent maintenir leur prétention sur la lettre L. Leur écorce donne quelque cordage, pour ne pas s'enliser. Les fruits du micocoulier sont rouges et comestibles Mais cette espèce pousse de préférence dans les régions chaudes du pourtour méditerranée.

Tout cela jette le trouble dans cette patiente quête de l'arbre dans la forêt, de celui de la lettre L. Essence majestueuse ou essence à fruits : à laquelle faut-il donner la préférence ?"

 

D'après Jean Markale, auteur du Nouveau Dictionnaire de Mythologie celtique (Éditions Pygmalion - Gérard Watelet, 1999),


L'orme est un "arbre sacré chez les Celtes. Le nom gaulois de l'orme, lemo, se retrouve dans la toponymie, notamment dans le nom du Lac Léman et dans celui de Limoux, de Limoges et du Limousin."

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


ORME. — Les anciens appelaient l’orme l’arbre d’Oneiros ou de Morphée, ou des rêves : Ulmus Somniorum. Virgile a dit :

In medio ramos annosaque brachia pandit

Ulmus opaca, ingens, quam sedem Somnia vulgo

Vana tenere ferunt, foliisque sub omnibus haerent.


C’est, sans doute, d’après ce souvenir classique que Pétrarque, dans une canzone inédite, publiée en l’année 1874, à Turin, par Domenico Carbone, place l’orme dans la demeure du Sommeil :


Un olmo v’ è che ’n fronde sogni piove

Da ciascun canto, e che confusamente

Di vero e di menzogna altrui ricopre (1).


L’orme est devenu ainsi, en quelque sorte, un arbre prophétique comme le chêne (2). Sur la place des villages, on voit souvent un orme au lieu d’un chêne, et on rendait autrefois justice sous l’orme, tout aussi bien que sous le chêne.

Plusieurs villages et la ville d’Ulm tirent leur nom de l’orme. Cependant les anciens considéraient l’orme comme un arbre funéraire, à ce que l’on prétend, parce qu’il ne produit aucun fruit ; mais, je suppose, à cause de sa longévité et de la facilité avec laquelle il se multiplie. On sait que, dans Catulle, l’orme représente le mari, et la vigne la femme (3). Dans l’Iliade, c’est avec le tronc d’un orme qu’Achille bâtit le pont grâce auquel il échappa aux deux fleuves conjurés, le Xanthe et le Simoïs. Lorsqu’Achille tue le père d’Andromaque, il érige en son honneur un tombeau autour duquel les nymphes viennent planter des ormes. On raconte aussi qu’aux premiers accords de la lyre d’Orphée pleurant la mort d’Eurydice, poussa une forêt d’ormes. En Sicile, on lie parfois le tronc du figuier avec des branches d’orme, parce que l’on croit ainsi empêcher les premières figues de tomber avant qu’elles soient mûres.


Notes : 1) L’orme est encore l’arbre des songes pour J’auteur de la satire française toute récente, intitulée : Chant du départ de Gambetta, où nous lisons :

Aujourd’hui,

Celui qui sommeillait sous l’orme,

En rêvant les plus beaux projets...

2) Dans Pline (XVI, 57), nous le trouvons symbolisant la majesté et la prospérité du peuple romain : « Factum hoc populi romani Quiritibus ostentum Cimbricis bellis, Nuceriæ in luco Junonis, ulmo, postquam etiam cacumen amputatum erat, quoniam in aram ipsam procumbebat, restituta sponte ita ut protinus floreret ; a quo deinde tempor majestas populi romani resurrexit, quae ante vastata cladibus fuerat. »

3) Kâlidâsa fait du manguier (sahakâra) le mari d’une plante grimpante, la navamallikâ (espèce de jasmin). Lorsque la charmante Çakuntalâ se trouve près du jeune roi Dushyanta, son amie Anasûyâ murmure à son oreille : « Cette nava-mallikâ que tu appelles la lumière de la forêt est l’épouse, par son propre choix (svayamvaravadkûh), du manguier sahakâra. »


[N.B. La référence à Catulle est la suivante :


La vigne qui croît veuve en un champ délaissé

Ne peut grandir, ne peut porter des grappes douces ;

Le cep tendre fléchit sous son poids affaissé ;

Aux racines bientôt touche le bout des pousses :

Laboureurs ni taureaux ne vont s'en occuper.

Qu'à l'orme mariée on la fasse grimper,

Laboureurs & taureaux l'auront vite soignée.

La jeune fille ainsi, vierge, vit dédaignée.

Si, lorsqu'en vient le temps, elle forme des nœuds

Assortis, l'époux & le père l'aiment mieux.

Hyménée, ô Hymen ! viens, Hymen, Hyménée !


Catulle, Poésies, LXI. (traduction Jean Rostand, disponible sur le site remacle)]

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Littérature :


Victor Hugo établit un parallèle symbolique entre le grès et l'orme dans son ouvrage En voyage. Alpes et Pyrénées (1839) :


Vous savez, mon ami, que, pour les esprits pensifs, toutes les parties de la nature, même les plus disparates au premier coup d'œil, se rattachent entre elles par une foule d'harmonies secrètes, fils invisibles de la création que le contemplateur aperçoit, qui font du grand tout un inextricable réseau, vivant d'une seule vie, nourri d'une seule sève, un dans la variété et qui sont, pour ainsi parler les racines mêmes de l'être. Ainsi, pour moi, il y a une harmonie entre le chêne et le granit, qui éveillent, l'un dans l'ordre végétal, l'autre dans la région minérale, les mêmes idées que le lion et l'aigle entre les animaux, puissance, grandeur, force, excellence.

Il y a une autre harmonie, plus cachée encore, mais pour moi aussi évidente, entre l'orme et le grès.

[...]

Une plaine semée d'ormes n'est jamais ennuyeuse, une montagne de grès est toujours pleine de surprise et d'intérêt. Toutes les fois que la nature morte semble vivre, elle nous émeut d'une émotion étrange.

C'est le soir surtout, à l'heure inquiétante du crépuscule, que commence à prendre forme cette partie de la création qui se fait fantôme. Sombre et mystérieuse transfiguration.

Avez-vous remarqué, à la tombée de la nuit, sur nos grandes routes des environs de Paris, les profils monstrueux et surnaturels de tous les ormes que le galop de la voiture fait successivement paraître devant vous ? Les uns bâillent, les autres se tordent vers le ciel et ouvrent une gueule qui hurle affreusement. Il y en a qui rient d'un rire farouche et hideux, propre aux ténèbres ; le vent les agite ; ils se renversent en arrière avec des contorsions de damnés, ou se penchent les uns vers les autres et se disent tout bas dans leurs vastes oreilles de feuillages des paroles dont vous entendez en passant je ne sais quelles syllabes bizarres. Il y en a qui ont des sourcils démesurés, des nez ridicules, des coiffures ébouriffées, des perruques formidables ; cela n'ôte rien à ce qu'a de redoutable et de lugubre leur réalité fantastique ; ce sont des caricatures, mais ce sont des spectres ; quelques-uns sont grotesques, tous sont terribles. Le rêveur croit voir se ranger au bord de la route en files menaçantes et difformes et se pencher sur son passage les larves inconnues et possibles de la nuit.

On est tenté de se demander si ce ne sont pas à des êtres mystérieux qui ont pour milieu l'obscurité et qui se composent d'ombre comme le crocodile se compose de pierre, comme le colibri se compose d'air et de soleil.

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque l'Orme à plusieurs reprises :

27 novembre

(La Bastide)


Au bord de la route, six ormes morts de graphiose paraissent ressusciter dans des fourrures de lierre.

Leurs branches dernières, nues dans le ciel net, ressemblent aux gibets des gravures de Callot.

[...] 22 février

(Fontaine-la-Verte)


L'enfant sur le dos, je m'enfonce avec délices dans les mousses épaisses du jardin négligé. Les ormes morts, au tronc doublé d'un fourreau de lierre, sont les piliers d'un temple sans Dieu ni prêtre, qui n'a d'autres autel que les ronces, d'autre toit que les nuages, d'autre Graal qu'un nid de pie à l'abandon.

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