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Saint Fiacre, le patron des mycologues ?

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    Anne
  • il y a 1 jour
  • 13 min de lecture



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Sur le site de Claire en France, on peut lire un article intitulé "L'affaire Saint Fiacre' (publié le 16 octobre 2013) qui fait le lien entre saint Fiacre et les champignons :


Quoiqu'il en soit le culte de Saint Fiacre a traversé les siècles et reste bien vivant. On compterait plus de 500 statues de Saint-Fiacre, dont près de la moitié sont antérieures au XVIIème siècle. L'iconographie le représente généralement avec un livre et une bêche. Une bêche … et voilà que nos jardiniers entrent en scène …

Dès le XIVème siècle Saint Fiacre devint le saint patron des jardiniers, et par extension des arboriculteurs, cueilleurs de champignons, fleuristes, horticulteurs, maraîchers, pépiniéristes et treillageurs. Chaque année dans de nombreuses villes ou villages d'Irlande, d'Ecosse, d'Angleterre, de France, d'Allemagne, de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas … des célébrations sont organisées par les communes, comités, confréries, paroisses et associations placées sous le patronage de Saint Fiacre. Et tous les quatre ans se tiennent des rencontres internationales.

Wikipédia permet d'ajouter un sein lié aux champignons, à savoir Saint Isidore :


Son culte existe aussi en Amérique latine, par exemple une procession de saint Isidore se tient chaque année à Lima (Pérou). De plus, à Oaxaca au Mexique, Saint Isidore est aussi le patron des champignons psilocybe cubensis employés à des fin enthéogènes dans des rituels chamaniques. Les chamans le nomment "champignon de Saint Isidore". (1)


Note : 1) Richard Evans et Albert Hofmann, Les plantes des Dieux, botanique et ethnologie : les plantes hallucinogènes, (Éditions du Lézard, 2000).

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Hagiographie :


Bernard Tanguy, auteur d'un article intitulé "La troménie de Gouesnou. Contribution à l'étude des minihis en Bretagne." (In : Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 91, numéro 1, 1984. pp. 9-25) rappelle les éléments connus dela vie de saint Fiacre :


Selon sa Vie latine, écrite au Xlle siècle (1), saint Fiacre, suivant les traces de son illustre compatriote saint Colomban, vint sur le continent. Désirant s'établir dans la France du Nord, avec ses compagnons, il alla demander l'hospitalité à saint Faron, évêque de Meaux (mort vers 672). Recherchant un lieu boisé, propice à la prière, il fut conduit par le prélat en un bois qu'il possédait à trois mules de Meaux. Cet endroit se nommait Broilum, c'est-à-dire Breuil. L'ayant défriché, saint Fiacre y construisit un monastère en l'honneur de la Vierge et « éleva à part une petite maison dans laquelle il donnait l'hospitalité et faisait sa propre demeure ». Saint Faron n'avait « concédé de son bois que la quantité nécessaire aux besoins de Fiacre ». Sa renommée grandissant, les visiteurs affluant, il parut à saint Fiacre « qu'un terrain plus étendu lui serait indispensable pour créer un jardin et pour planter des légumes et divers autres genres d'herbes ».

Il s'adressa donc à l'évêque. Le prélat « lui accorda libéralement tout le bois qu'il pourrait enclore d'un fossé creusé de sa propre main en un jour tout autour de sa maison : tout le terrain qu'il inclurait en-deçà du fossé effectué en creusant pendant un jour, Fiacre le posséderait librement, sans contradiction et comme à titre héréditaire » (liberum absque cavïllatione quasi haereditarium). Retourné à sa solitude et ayant prié, « il traîna par terre le bâton qu'il tenait à la main et, ce qui est merveilleux à dire, sur le geste de l'homme de Dieu, la terre se fendait largement au contact du bâton, le bois s'écroulait entièrement de part et d'autre ».

Une femme témoin du prodige courut le dénoncer à- l'évêque comme sorcier. « Elle revint insulter Fiacre et s'autorisa de l'évêque pour lui intimer l'ordre de cesser son ouvrage en attendant l'arrivée du prélat. Le saint, désespéré, s'arrêta et s'assit sur une pierre ». Or, voilà que « la pierre qui était très dure, contrairement à sa nature et par la volonté divine, s'amollit et forma sous le saint homme une cavité afin de lui procurer un meilleur siège » . « Pour que les auditeurs ajoutent foi à ce récit, continue l'hagiographe, la pierre en question est conservée dans le monastère du même saint, et l'emplacement où il s'assit est encore visible aujourd'hui, en témoignage du miracle : les infirmes et les malades ont recouvré la santé en touchant cette pierre. Quant aux fossés creusés par le contact du bâton de l'homme de Dieu, ils sont montrés par les habitants jusqu'à présent ».

L'hagiographe ajoute également une précision concernant la clôture monastique : « Depuis le moment où la femme accusa le saint homme auprès de l'évêque jusqu'à présent, les femmes n'ont plus pénétré dans le monastère du saint », sans subir dans leur corps de châtiment. La même interdiction, principe général du monachisme ancien, est formulée dans la Vie de saint Goeznou. Albert Le Grand dit qu'il ne permettait pas aux femmes d'entrer dans son monastère, « excepté l'église, où pour marquer jusqu'où elles pouvaient aller sans scrupule ni danger, il fît élever une grande pierre, outre laquelle une femme ayant voulu passer en mépris de la défense du saint, elle tomba en terre raide morte ».

La pierre de saint Fiacre évoque bien évidemment la « Chaise de saint Goeznou » , mais c'est avec la « Pierre de saint Goeznou » qu'elle présente le plus d'analogie : pierre ronde d'un mètre de diamètre et de quarante centimètres d'épaisseur, elle est creusée, en son centre, — mais non percée —, d'un ovale de quarante cinq centimètres sur trente quatre.

Plus importante que ces motifs folkloriques, dont la signification première n'est cependant pas à négliger, est la nature du domaine concédé au saint. Dans l'un et l'autre cas, à Saint-Fiacre comme à Gouesnou, il s'agit d'un espace boisé. Le nom de Broilum attribué à celui de saint Fiacre est particulièrement intéressant du fait de sa signification très spécifique dès le haut Moyen-Age. On cite souvent à son propos le Capitulaire de Villis, qui date des environs de 795, et où il est enjoint de « faire bien protéger les bois, qu'on nomme vulgairement breuils » (Lucos nostros, quos vulgus brogilos vocat, bene custodire faciant). Mais l'acception de « bois enclos » est déjà impliquée, au Ve siècle, par la glose Caio, id est breialo sive bigardio, dans le Glossaire d'Endlicher le mot caium correspond au breton actuel kae « haie, talus » ; le vieux-breton caiou est même glosé munimenta, c'est-à-dire « retranchements, remparts ». On peut, très logiquement, supposer que les fossés attribués à saint Fiacre ont donc une toute autre origine que celle qui leur est conférée par l'hagiographe.


Note : 1) Les passages cités, ci-après, sont empruntés à la traduction qu'en a donnée M. Jean Guérout dans les Actes du congrès de Meaux, XIIIe Centenaire de saint Fiacre, p. 5-7.

Alain Stéphan, auteur de Tous les prénoms celtiques (Éditions Jean-Paul Gisserot, 1999) cite Fiacre en précisant quelques éléments qui permettent de distinguer ce saint :


Fiacre : prénom masculin, dérivé du prénom gaélique Fiachra, du gaélique irlandais de fiach, dette, ou de fichim, je combats.

Saint Fiacre, au VIIe siècle, venu d'Irlande, s'installe près de Meaux, et y vit en ermite jardinier. Son dernier miracle est de planter un noyau de pêche qui devient instantanément un arbre chargé de fruits et de fleurs. Patron de jardiniers et des horticulteurs, on le représente traditionnellement avec une bêche. Depuis le XVIIe siècle, les voitures de louage attelées ont pris le nom de Fiacre, du nom de leur port d'attache, l'hôtel Saint-Fiacre, où sa statue servait d'enseigne, rue Saint-Antoine, à paris. Fête le 30 août.

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Cérémonies :


Paule Lerou et Roger Lerou, auteurs d'un article intitulé “Les Itinéraires Cérémoniels Des Fêtes de Saint Fiacre.” (In : Ethnologie Française, vol. 7, no. 1, 1977, pp. 83–94) documentent de manière précise le déroulement des fêtes en l'honneur de saint Fiacre :


Saint Fiacre, moine d'origine Irlandaise, vint en France au VIIe siècle dans le courant colombien, s'installer en Brie sur une terre boisée que lui avait concédée saint Faron, évêque de Meaux. Accuser de sorcellerie par une femme, la Becnaude, pour avoir défriché avec une rapide extraordinaire, et avoir ainsi dépassé ce qu'il est humainement possible de travailler en un jour, il en est disculpé par saint Faron qui reconnut, à travers l'intervention divine, sa sainteté. Son culte s'est répandu dans les deux tiers septentrionaux de la France et dans quelques pays d'Europe occidentale, sous plusieurs Formes : saint thaumaturge, saint patron de paroisses, saint patron de confréries, notamment celles de jardiniers, puisque la tradition iconographique le représente, en costume monacal, tenant en plus du livre sacré, symbole de la prière et de la connaissance, la bêche, son attribut essentiel, signe du travail manuel.

Les fêtes, auxquelles nous nous a participé, peuvent être regroupées en trois types :

  • fêtes exceptionnelles, exclues ici, car elles sont uniques et par la même trop originales,

  • fêtes patronales paroissiales essentiellement rurales,

  • fêtes patronales professionnelles, liées le plus souvent à des confréries de jardiniers.

[...]

Les fêtes patronales rurales : Alors que le choix du titulaire des églises s'est porté généralement sur un personnage sacré de grande notoriété (la Vierge, les Apôtres, les martyrs, des évêques, etc.), saint Fiacre est le plus souvent patron de la paroisse, c'est-à-dire de la communauté des fidèles.

En Bretagne rurale où l'habitat est dispersé, saint Fiacre est, comme bien d'autres saints populaires, le patron parfois éponyme d'un hameau ou quartier, selon la terminologie locale, au milieu duquel s'élève sa chapelle. Ce n'est pas un hasard si les fêtes présentées ici se poursuivent de nos jours en Bretagne, qui reste encore, avec ses pardons locaux, une sorte de conservatoire vivant des manifestations de la religion populaire. La fête du saint - la fête patronale - est celle de la collectivité paroissiale. Sa date est alors peu décalée par rapport au 30 août ; célébrée jadis le jour même, elle est actuellement reportée au dimanche voisin.

[...]

3. Ordonnance [de la fête] : La procession est ordonnée suivant des règles qui, malgré les nuances, semblent correspondre à des habitudes profondément ancrées. La procession-type comprend : croix, bannière, enfants, femmes, statue ou reliques, enfants de chœur et clergé, et enfin les hommes. On remarque donc:

  • la présence de la croix qui ouvre la marche et sacralise, par son passage, le chemin ;

  • la séparation des sexes et la position particulière des hommes par rapport aux femmes et aux enfants ;

  • la marche des fidèles en deux files, afin que bannière, statue et reliquaire, situés au milieu, soient constamment entourés ;

  • la place du saint, présent en sa statue ou en ses reliques, portées par des hommes sur un brancard. La statue est généralement en bois : cette matière est-elle choisie pour sa maniabilité et sa solidité ou bien, au-delà de ces caractères apparents, ne s 'affirme-t-elle pas matière vivante? L'ubiquité du saint se manifeste par la multiplicité de ses représentations tant à l'église qu'à la fontaine et dans le cortège qui va de l'une à l'autre.


4. Chemin et étape : Les fidèles sortent de l'église par le portail principal, traversent l'agglomération, souvent réduite à quelques maisons, et se rendent à la fontaine, isolée et éloignée de 200 à 300 mètres. Il ne s'agit pas seulement d'effectuer le déplacement, mais d'accomplir le rite qui consiste à contourner la fontaine, puis, au retour, la chapelle. La circumambulation est pratiquée traditionnellement, dans le sens des aiguilles d'une montre, de telle sorte que la foule laisse toujours les deux lieux sacrés à sa droite. Ainsi à Saint-Fiacre de Radenac, le porteur de croix est déjà passé, c'est au tour des femmes, le reliquaire, le clergé et les hommes s'apprêtent à le faire. Comment ne pas faire de rapprochement avec des trajets semblables dans d'autres civilisations, pour lesquels des significations cosmiques sont avancées ? Les Romains n'attribuaient-ils pas des vertus sacrées opposées à la dextra et à la sinistra ? Il est intéressant de relever que les entorses à cette règle de la circumambulation et de son sens se présentent dans des fêtes dites rénovées, comme si on perdait, de nos jours, la signification de la valeur des rites.

La fontaine, deuxième lieu du village consacré au saint, sert donc naturellement d'étape à la procession. Ses eaux captées ont été protégées par un petit édifice qui abrite, dans une niche, une statuette. Rassemblés autour du prêtre, les paroissiens écoutent une courte homélie et disent des prières. Puis chacun passe à tour de rôle, clergé et notables en tête, devant la fontaine pour en boire l'eau. Au-delà de ce geste habituel (que nous avons vu s'accomplir également en Irlande), ne doit-on pas voir un reste d'anciennes pratiques thérapiques ? On demandait par l'intercession du saint la guérison de maladies « d'entrailles » ou d'affections « d'enfants en langueur ». Des linges d'enfants n'étaient-ils pas déposés naguère en son sanctuaire à titre d'ex-voto ? Enfin une autre pratique existe en Bretagne : le feu est mis à des branchages montés en pyramide. Les fidèles attendent qu'il soit complètement consumé pour reprendre la procession selon la même ordonnance. Ainsi s'opposent et se conjuguent les symboles de l'eau et du feu.


5. Cantiques : La procession est rythmée par des cantiques. Hymnes en l'honneur du saint, en français ou en breton, ils sont chantés, soit sur des timbres dédiés à la Vierge ou à sainte Anne, soit sur des airs originaux. A Saint-Fiacre de Radenac, le nombre de couplets du cantique d'aller et de celui de retour, retraçant la vie du saint et glorifiant ses vertus exemplaires, correspond exactement au temps mis par le peuple pour faire le chemin. Si bien que, lorsque les porteurs du brancard où repose le reliquaire de bois doré, s'apprêtent à franchir le porche, les dernières strophes sont chantées à la fois en dehors et dans l'église. Avant de se séparer, un dernier usage reste à

observer : après avoir repris leur place pour entendre les dernières paroles du recteur, les fidèles avancent, en un ultime défilé, vers l'autel pour le baiser de paix.

Ainsi, cette procession, qui unit dans le déplacement de la communauté paroissiale, les lieux de culte du saint, constitue-t-elle l'originalité religieuse essentielle de la fête patronale, qui la distingue des autres cérémonies célébrées tout au long de l'année.


Les fêtes patronales de jardiniers : Alors que les fêtes paroissiales rassemblent des collectivités limitées dans l'espace par un lien avant tout religieux, les fêtes de jardiniers réunissent des groupes qu'associe une même activité professionnelle, dans un cadre urbain comprenant non seulement la ville mais aussi les faubourgs et communes suburbaines. Les difficultés qu'éprouvent actuellement les membres de cette profession, chassés de plus en plus des villes par l'extension des constructions, les obligent à élargir leur zone d'influence géographique et à réunir en une seule, les confréries intra- et extra-muros. L'évolution des conditions économiques auxquelles elles se sont adaptées a entraîné des mutations dans leur composition. Prépondérante à l'origine, la proportion des maraîchers tend à diminuer au profit de celle des horticulteurs et des nouveaux venus, paysagistes, fleuristes et jardiniers municipaux, voire écoles d'agriculture. Sans que l'aspect religieux en soit pour autant négligé, leur fête

offre une grande place à l'aspect professionnel et fraternel, jadis célébrées, comme les fêtes patronales de paroisse, le 30 août, elles subissent à présent un décalage souvent important. Les confrères doivent tenir compte des exigences du métier, des congrès, des vacances scolaires, des festivités locales ou régionales. Les dates peuvent s'étaler de la fin août à la fin septembre. Quant au jour choisi, s'il varie suivant les lieux du vendredi au lundi, il est constant pour une même ville.

[...]

1. Avant l'église : l'ordonnance. Bien que variable, le point de départ ne manque pas pour autant de signification : c'est le lieu de rassemblement, de préparation, même s'il s'agit d'une place publique en plein air. Chacun s'y rend séparément, mais d'un comportement individuel passe à une attitude collective. La cérémonie commence réellement quand le groupe est formé. Se réunir chez un confrère s'explique très bien quand il s'agit d'aller chercher la statue - le « saint », dit-on dans les confréries. [...]

Même lorsque le défilé extérieur est devenu essentiellement professionnel, le saint tient la place d'honneur, que ce soit sous la forme de sa statue ou encore de la bannière à son effigie. Toutes les festivités se passent sous son regard. Il est le symbole de la collectivité qui se rallie autour de lui, symbole religieux et d'union professionnelle.

[...]

2. Dans l'église. Le défilé, avec les chars, pénètre en une entrée solennelle dans l'église ornée non seulement de fleurs, comme pour les autres cérémonies, mais encore, et c'est là l'originalité, de compositions traditionnelles de légumes, qui représentent les maraîchers. Les fleurs, elles, n'ont pas uniquement pour objet d'embellir l'édifice, elles évoquent les horticulteurs. Le saint, entouré d'une abondante décoration, occupe la place d'honneur, près du maître-autel. [...]

La messe est solennelle et suit généralement le propre des confesseurs. Le sermon et les cantiques rappellent la vie du saint et proposent en exemple aux jardiniers les vertus de celui qui préféra renoncer aux honneurs du monde pour se consacrer à Dieu et cultiver la terre.

Une autre pratique s'ajoute très souvent au moment de l'offertoire. Dans une deuxième procession, des enfants apportent à l'autel les meilleurs fruits et légumes et les plus belles fleurs. Ils sont suivis par les porteurs de la statue qui amènent une civière remplie de brioches. Elles sont bénies par le prêtre en même temps que les prémices des récoltes. Le pain bénit est le plus souvent distribué aux présents à leur place par des membres de la confrérie.

[...]

3. Après la messe : les coutumes. Dans le type I, les chefs-d'œuvre défilent dans les rues après comme avant la messe. Une coutume s'est établie depuis les dernières guerres pour rendre hommage aux disparus : le dépôt d'une gerbe au monument aux morts, suivi d'une minute de silence. Cette habitude a pris une telle importance que certaines confréries, qui ne pratiquent pas ou plus de défilé extérieur, sortent tout de même pour accomplir ce rite.

[...]

L'itinéraire processionnel ne peut donc pas être dissocié de la fête (dont il n'est que l'un des moments privilégiés), ni même du culte pris dans son ensemble. Il s'agit d'un cheminement religieux qui se déploie dans l'espace et se traduit par le mouvement : expression gestuelle de la dévotion populaire. Sous les divers aspects de son invocation (patron de paroisse, patron des jardiniers), apparaît la figure d'un seul et même saint : saint Fiacre.

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Plantes associées à Saint-Fiacre :


Dans le texte hagiographique de la Société des Bollandistes intitulé Acta Sanctorum (Septembre, tome I, 1643) Fiacre est décrit comme guérisseur de « certaines infirmités » qui, dans la tradition médiévale, désignent les affections anales :


“Fiacrius… multis laborantibus variis corporis infirmitatibus, maxime vero in obscenis partibus, opem saepe attulit.”

Traduction :

« Fiacre apporta souvent secours à de nombreux malades souffrant de diverses infirmités du corps, et tout particulièrement de celles qui touchaient aux parties honteuses. »

Selon le Bréviaire de Meaux (édition du XVe siècle), Fiacre était vénéré dans le diocèse de Meaux pour soigner les affections du bas du corps.


“…sanctus Fiacrius, cujus tutela petitur ab his qui patiuntur infirmitates podicis…”

Traduction :

« …Saint Fiacre, dont la protection est sollicitée par ceux qui souffrent des infirmités du siège. »


Certaines plantes ont comme nom vernaculaire "Herbe de Saint-Fiacre" parce que selon une tradition populaire et monastique ancienne, liée à Saint Fiacre, patron des jardiniers et des guérisseurs des maladies « honteuses » (notamment les hémorroïdes) elles ont des propriétés anti-inflammatoires :


  • Héliotrope commun (Heliotropium europaeum L.) toxique en interne mais employé en application externe dans certaines traditions populaires :pour soulager enflures et irritations, et pour « calmer les feux » (rougeurs, inflammations). D’où son intégration, elle aussi, au groupe des « herbes de Saint Fiacre », par extension symbolique.

  • la molène bouillon blanc (Verbascum thapsus L.) utilisée comme émollient (apaise les tissus irrités), en infusion ou cataplasme pour les inflammations, et comme calmant. Ses propriétés adoucissantes l’ont donc fait assimiler à une plante « de Saint Fiacre », c’est-à-dire utile pour les maux dont elle était réputée soulager.

  • le plantain (Plantago major ou Plantago lanceolata) : très répandu dans les jardins monastiques, il est utilisé en cataplasmes sur irritations, piqûres, inflammations cutanées car ses feuilles riches en mucilages sont adoucissantes et anti-inflammatoires.

  • la consoude (Symphytum officinale), réputée pour cicatriser et réduire les enflures. et appliquée en externe sur les douleurs articulaires ou irritations.

  • la guimauve (Althaea officinalis) est une des plantes les plus émollientes de la pharmacopée traditionnelle et elle est utilisée en lavements ou cataplasmes pour apaiser les inflammations du rectum ou du périnée.

  • la buglosse (Anchusa officinalis) est employée comme émollient dans la médecine populaire. En cataplasmes, elle est utilisée pour les inflammations cutanées.

  • la bardane (Arctium lappa) : Anti-inflammatoire légère et adoucissante, utilisée pour calmer irritations et rougeurs.

  • l’aunée (Inula helenium) est une plante des jardins monastiques, réputée purifier et adoucir. Par extension, elle a parfois été incluse dans les « herbes de Saint Fiacre ».

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