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Le Séséli

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • 22 déc.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 6 jours



Autres noms : Seseli annuum - Séseli annuel - Séséli à feuilles de carvi - Séséli des steppes -

Seseli gummiferum - Carotte de lune - Séséli à gomme -

Seseli libanotis - Libanotis - Libanotis des montagnes - Séséli libanotis -

Seseli montanum L. - Séséli des montagnes -

Seseli tortuosum - Cumin de Marseille - Cumin rustique - Fenouil tortu - Herbe du sacristain - Second fenouil sauvage - Séséli de Marseille - Séséli tortueux -




Botanique :


Dans une thèse intitulée Le Silphium-asa-fœtida précédé d'un mémoire sur la famille des ombellifères, considérée au point de vue économique, médical et pharmaceutique, et d'observations sur les gommes-résines. Thèse de pharmacie, 1868), P.C. Félix Deniau


Le Seseli tortuosum L., fenouil tortu, séseli de Marseille se rencontre dans les vignes et les plantations d'oliviers de l'Europe méridionale ; les fruits, oubliés maintenant, étaient employés à cause de leur saveur acre, amère et aromatique. Virey dit que c'est l'antidote de la ciguë.


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Le Seseli hippomarathum L. de la Suisse possède les mêmes propriétés.


Le Seseli turbith L. a des racines acres et très-purgatives.


Les Seseli saxifragum L. Seseli montanum L. et Seseli glaucum L. ont des racines moins acres qui passent pour céphaliques, antispasmodiques, antihystériques.


Le Seseli gummiferum de Smith laisse couler de sa tige des gouttelettes de résine aromatique.


Le Libanotis vulgaris D. C., Libanotis, Thysselinuin ou persil parfumé des anciens, doit son nom à l'odeur d'encens qu'il exhale lorsqu'on le froisse entre les doigts.

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Paul Moraux, auteur de " Cicéron et les ouvrages scolaires d'Aristote." (In : Ciceroniana on line, 1975, vol. 2.) mentionne une interaction animal/végétal en lien avec le Séséli :


Pour démontrer, notamment contre les Epicuriens, qu'une intelligence ordonnatrice se manifeste dans le règne animal, Balbus cite plusieurs exemples du comportement des animaux : [...] C'est un peu avant de mettre bas que, d'après Cicéron, la biche se purge au séséli, tandis qu'Aristote croit qu'elle le fait après avoir mis bas.




Vertus médicinales :


Fanny Yung, Jean-Pierre Chaumont et Helga Mettetal, dans Plantes et remèdes d'utilisation ancienne par les Anabaptistes-Mennonites. (In : Revue d'histoire de la pharmacie, 86ᵉ année, n°320, 1998. pp. 411-420) signalent la transmission orale de connaissances relatives au séséli :


Un autre témoignage de 1850, du sous-préfet de Belfort, complète le premier : « Ils possèdent tous les secrets de famille, ils pratiquent la médecine illégalement dans les campagnes et tirent profit d'herbe, de poudre et d'invocations auxquelles ils croient grandes vertus. » De ces deux avis donnés à propos des Mennonites par leurs contemporains, découlent les principaux points qui caractérisent leurs pratiques médicinales.


Les matières premières de prédilection : Elles sont très variées, principalement constituées des « simples » du pays, que ces Mennonites cueillent, préparent et vendent eux-mêmes. On apprend ainsi qu'« à Ickwell, on retire l'huile essentielle de Seseli, Carvi au moyen de distillation et on vend la petite fiole de la grandeur d'un doigt, 25 centimes ».

Jean Bouffartigue, auteur de "L’automédication des animaux chez les auteurs antiques." (In : Le médecin initié par l'animal. Animaux et médecine dans l'Antiquité grecque et latine. Actes du colloque international tenu à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée-Jean Pouilloux, les 26 et 27 octobre 2006. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2008. pp. 49-61) explique le lien entre les biches et le séséli :


Il y a lieu de s’attarder sur ce texte pionnier en parcourant les différents cas qu’il présente. Le premier cas est celui de la biche, dont nous apprenons qu’après la mise bas elle consomme une certaine plante, le séséli 10. C’est là le premier exemple d’automédication animale de ces deux chapitres, qui en évoquent un certain nombre d’autres. Le thème surgit à l’improviste et n’est pas annoncé comme un développement sur l’automédication. L’auteur écrit simplement : « Parmi les quadrupèdes sauvages, la biche est tout particulièrement intelligente ». La preuve de cette capacité est d’abord fournie par le fait que la biche met bas en des lieux où les prédateurs ne s’aventurent pas. L’auteur rapporte ensuite qu’après la mise bas elle dévore l’arrière-faix, et qu’elle part à la recherche de la plante nommée séséli avant de revenir à ses petits. La dévoration de l’arrière-faix vaut donc ici comme preuve d’intelligence.[...]

Dès lors l’auteur du texte ou son informateur considèrent que s’il est bon pour l’homme (pour la femme) il est bon aussi pour l’animal, et preuve est ainsi donnée de ce que l’animal sait se soigner.

Le même raisonnement explique pourquoi la consommation du séséli par la biche peut être considérée comme un indice d’intelligence. L’usage de cette plante au bénéfice des femmes en couches était semble-t-il très connu. Le traité hippocratique des Maladies des femmes indique qu’il est recommandé après l’accouchement pour favoriser la purgation de la matrice, ou pour réduire son gonflement et les douleurs. Ici se pose une question essentielle : l’animal est-il en l’occurrence l’initiateur du médecin, ou du moins de l’être humain qui tente de se soigner ? Pour que ce soit le cas, il faudrait que des observations patientes et répétées d’un animal plutôt craintif, aux rares moments où il met bas, aient pu mettre en évidence qu’il recherchait et trouvait des pousses de séséli. Une telle hypothèse n’a rien de probable quand bien même il serait vrai, comme le déclare Aristote, que les biches mettent bas au voisinage des routes. Sans doute le fait a-t-il pu être observé une fois, par hasard, et être enregistré comme un comportement constant par une autorité, savant ou poète, qui l’a diffusé. Si la médecine des hommes doit quelque chose à l’observation des animaux, c’est en vertu de ce processus où une observation aléatoire, peut-être confuse ou erronée, a été érigée en certitude par son intégration dans une tradition orale, puis bientôt écrite. En fait il faut tenir compte de ce que l’observateur voit d’autant mieux la biche consommer du séséli après la mise bas qu’il connaît l’utilité de cette plante pour les accouchées. Il reste possible que la vertu médicinale du séséli ait été découverte sans la coopération des animaux.

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Mickaël Welfringer, auteur d'une thèse intitulée La Thériaque : analyse d'un contrepoison de l'Antiquité et héritage dans la pharmacie d'officine d'aujourd'hui (Université de Lorraine, 2017) mentionne l'usage du Séséli dans la Thériaque :


Le séséli de Marseille, Seseli tortuosum L. des Apiacées, est très proche du fenouil avec des feuilles plus épaisses et une tige plus forte. On l’appelle pour cela aussi fenouil de Marseille ou fenouil tordu. L’utilisation de cette semence dans la Thériaque est principalement aromatique comme le fenouil. (Rigaud, Barthe, & Bouttes, 1689) (Charas, 1685).




Symbolisme celte :


Selon Jacques Poisson, auteur d'un "Aperçu sur la pharmacopée gauloise.' (In : Revue d'histoire de la pharmacie, 2004, vol. 92, no 343, pp. 383-390) :


Celles que l'on a appelées plus tard les « herbes de la Saint-Jean » étaient récoltées au solstice d'été selon un cérémonial ancestral païen déjà pratiqué par les Ligures et les Celtes, et passé sous le contrôle des Druides. Elles avaient une action plus magique que pharmacologique, encore que certaines soient encore en faveur aujourd'hui ; orpin (Sedum telephium L.), millepertuis, lierre terrestre, salep, camomille, armoise, bardane, séséli, fenouil, sauge.

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Littérature :


A. David-Sauvageot, auteur de Le Réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art ; ouvrage couronné par l’Académie des sciences morales et politiques (Paris, C. Lévy, 1890) mentionne une métaphore dont le séséli est un des comparants :


Le sentiment ne s’analyse plus, il se montre par les actes qu’il provoque. Mâtho avale « du galbanum, du seseli et du venin de vipère qui glace le cœur » [Flaubert, Salammbô]. Sachez par là qu’il est amoureux. Le plus ordinairement c’est le vieux procédé de la métaphore qui est repris, mais de quelle sorte ! Grâce à ce vieil artifice, toutes les choses de l’âme se traduisent par des phénomènes matériels que l’histoire naturelle, la physique, la chimie, la mécanique fournissent en grand nombre.

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