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Le Millepertuis



Étymologie :

  • MILLE-PERTUIS, MILLEPERTUIS, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1539 (Est.). Comp. de mille* et de pertuis*, à cause de l'aspect des feuilles de cette plante caractérisées par des points transparents qui paraissent être des trous.


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Hypericum perforatum ; Barbe de Saint-Jean ; Chasse-diable ; Herbe à mille pertus ; Herbe à mille trous ; Herbe aux brûlures ; Herbe aux fées ; Herbe aux piqûres ; Herbe de la saint-Jean ; Herbe des fées ; Herbe solaire ; Jaulnette ; Trucheron jaune.

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Botanique :


Pour connaître les principales caractéristiques du millepertuis :


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Usages traditionnels et bienfaits :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Dans nos motnagnes le thé est remplacé par [...] un millepertuis, Hypercium quadrangulum et probablement Hypericum Richeri, cpnnus à Beaufort sou le nom deTrenstolen et dont le goût est très savoureux.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


MILLEPERTUIS. Cette plante jouait un grand rôle dans les sortilèges du moyen âge, et dans les préparations merveilleuses qui faisaient à cette époque partie du bagage médical. Pour se préserver de la peste, par exemple, on se pourvoyait de la composition que voici : avant que le millepertuis fût en fleur, on en prenait deux poignées qu'on faisait infuser dans quatre livres d'huile d'olive, pendant dix jours, puis on exposait le tout sur un fourneau, au bain-marie, pour exprimer ensuite et mettre dans un bocal de verre fort. Quand Je millepertuis avait fleuri, on prenait une poignée de ses semences qu'on jetait dans le bocal ; on faisait chauffer encore au bain-marie pendant l'espace d'une heure ; on ajoutait trente scorpions, une vipère et une grenouille verte dont on avait ôté la tête et les pieds, et après avoir continué l'infusion pendant quelque temps, on ajoutait les drogues suivantes, pilées ou hachées de la racine de gentiane, du dictame blanc, de la petite et grande centaurée, de la tormentille, de la rhubarbe, du bol d'Arménie, de la thériaque et un peu d'émeraude pulvérisée. On exposait cette préparation au soleil, durant les jours caniculaires, après avoir bien bouché le bocal, et on le mettait enfin, pendant trois mois, dans un fumier chaud. Lorsqu'ou en faisait usage, on s'en frottait autour du cœur, aux tempes, aux narines, aux flancs et le long de l'épine dorsale. Si le croyant n'obtenait pas de cette espèce d'arcane le résultat qu'il en avait attendu, il s'était du moins procuré le plaisir de dépenser beaucoup de temps et d'argent pour remplir les conditions de la formule.

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Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Les plantes qui constituent une protection contre l'orage sont assez nombreuses : tantôt elles sont efficaces par elles-mêmes, tantôt on croit que leur vertu est augmentée par une cérémonie religieuse. Il semble toutefois qu'elle est intervenue, surtout au début, pour christianiser une antique observance païenne. Le nom de quelques-unes est en relation avec leur pouvoir : en Wallonie, on fait bénir à l'Assomption des bouquets d'une variété de millepertuis appelée Djèn fleur du tônir, et lorsqu'il tonne, on en jette une brindille dans le feu pour éloigner la foudre.

[...] Dans le Gard un bouquet de mille-pertuis et de menthe, composé la veille de cette fête et placé dans l'endroit le plus en vue de la maison la met à l'abri des sorciers, qui ne manquent pas alors de dire :


M'avez attrapat

Quand avez amassa

Le vehio de la san-Jan

De mento e de strescolan.


Vous m'avez attrapé - Quand vous avez amassé - La veille de la Saint-jean - De la menthe et du millepertuis. [...]

Le feu allumé traditionnellement au solstice d'été communique aux plantes des vertus spéciales ou augmente celles qu'elles possèdent déjà. Lorsqu'on fait passer au travers les bouquets de millepertuis. pour en préparer une huile vulnéraire, ou chante par trois fois : Sen Jan la grano ! ou :


Lou trescalan

Bon per tout l'an !


Herbe de trescalan - bonne pour tout l'an. En Languedoc, on en forme des croix que l'on attache aux portes des maisons et des étables pour les préserver de tout maléfice ; dans la Bigorre, on y met des fleurs passées sur le bûcher et tressées en croix ; En Béarn, il suffit qu'elles y aient été placées le matin de la fête.

[...] Dans la Gironde, les personnes qui veulent se garantir des Sorciers doivent porter un sachet renfermant de l'armoise, du millepertuis et du mille-feuilles, qui ont été bénits.

[...] Dans presque tous les villages de la Manche, on met des feuilles desséchées de la Toute-Saine (Hypericum androsaemum) entre les pages des livres de messe à cause de son parfum, mais plus vraisemblablement parce que cela porte bonheur ; en Haute-Bretagne, lorsqu'elles ont été à l'église, elles conservent la vertu des femmes et des filles quelques-uns attribuent ce pouvoir aux étamines, parce que, disent-ils la corolle de la fleur représente la couronne d'épines, et ils prétendent qu'elle préserve de tout mal.

[...] Oh tire aussi des présages de circonstances accessoires que présentent les plantes. Dans la Vienne, pour savoir combien l'on aura d'enfants, on prend au hasard une feuille de mille-pertuis autant de trous, autant d'enfants.

[...] Dans le sud-ouest quelques herbes sont sensibles à la présence des adeptes de la sorcellerie ; [...] en Saintonge, les tiges de l'herbe de Saint Jean ou Chasse-diable (hypericum perforatum), liée en botillons et attachée au plancher, s'inclinaient comme si elles s'étaient soudainement fanées quand un sorcier pénétrait dans la maison.

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Symbolisme :


Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Millepertuis - Oubli de peine.

Parce qu’en Chine on l’emploie comme narcotique pour endormir.

 

Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


MILLEPERTUIS - PARDON.

Pardonnez au prochain tous ses torts envers vous, et vos propres fautes vous seront remises lorsque vous en implorerez le pardon. Si vous ne savez pas pardonner, votre Père céleste ne vous pardonnera point à vous-même.

Ecclesiastes XXVII, 2 ; Marc, Xl, 28.

Il n'est rien de plus vulgaire que le millepertuis. On le trouve partout, dans les lieux incultes, au milieu des haies, dans les bois, at bord des prairies. Ses fleurs exhalent une odeur assez forte ; ses feuilles ont une saveur amère un peu astringente et balsamique.

RÉFLEXION.

Si vous vous souvenez combien vous êtes redevable à Dieu, vous n'attendrez pas que votre ennemi vous demande pardon, mais vous le préviendrez et lui pardonnerez de bon cœur, afin que Dieu vous traite comme vous aurez traité votre ennemi.

(SAINT CHRYSOSTOME, Homélies.)

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Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte une équivalence du Calendrier de Flore :


Octobre - Millepertuis.

Bacchus, fils de Jupiter et de Sémélé, fit la conquête des Indes, alla en Égypte enseigner l'agriculture aux hommes, puis planta, dit-on, le premier cep de vigne ; les anciens l'adoraient comme un dieu. Dans tous les pays du monde, l'époque de la vendange est un signal de plaisir.


Les mères, les époux, les vieillards, les enfants,

Remplissent les chemins de leurs cris triomphants.

Nul cep n'est épargné; partout je vois la grappe

Tomber sous le tranchant du couteau qui la frappe.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


MILLE-PERTUIS : Oubli.

Les Tartares cherchent l'oubli de leurs maux dans une infusion de cette plante.

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Jacques Brosse dans La Magie des plantes (Éditions Hachette, 1979) consacre dans sa "Flore magique" un article au Millepertuis :


Les millepertuis, on les voit très bien quand on regarde par transparence les feuilles de l'Hypericum perforatum, une plante dressée aux belles fleurs jaunes d'or, fréquente dans les lieux secs. Ces trous minuscules sont en fait des glandes translucides qui sécrètent une huile aromatique ; d'autres glandes, noires celles-ci, bordent pétales et sépales, elles distillent une huile couleur de sang. Ces perforations, ce sang semblent prédestiner la plante à soigner les blessures, en vertu du principe de la médecine par analogie, vieille comme le monde, qui soutenait que l’aspect des végétaux indiquait leurs usages. C'est pourquoi, en anglais, l'hypericum s'appelait communément Balm-of-Warrior, « baume du guerrier », et, tant était grande sa puissance, Grace-of-God, « grâce divine », ou Touch-and-Heal, « touche et guérit »

Mais le millepertuis était aussi l' « herbe de la Saint-Jean », en français, en italien, en allemand, langue dans laquelle on précisait même « sang de la Saint-Jean » (Johannisblut). En effet, il fallait le récolter le 24 juin, à midi, c'est-à-dire lorsque le soleil atteint son apogée, moment où la plante se trouve au plus haut de sa puissance. On en cueillait alors des bouquets que l'on suspendait aux portes des maisons et des étables. La nuit de la Saint-Jean, il était recommandé d'en avoir sur soi. L'hypericum, appelé depuis l'époque gallo-romaine Fuga daemonium, éloignait toute sorcellerie, tout envoûtement ; au XVIe siècle, un auteur écrivait encore : « Les diables ont tant d'aversion pour cette plante qu'ils s'enfuient aussitôt, là où elle est brûlée. » Fleur solaire, le millepertuis chassait les redoutables puissances de l'ombre.

Sa cueillette servait enfin à la préparation de l'« huile rouge », obtenue par macération des sommités fleuries dans l'huile d'olive vierge, ce qui donnait un beau liquide cramoisi, anti-inflammatoire et cicatrisant que l'on appliquait sur les blessures et les brûlures. Pour le grand chirurgien Ambroise Paré, c'était le vulnéraire par excellence et John Gerard, médecin et célèbre herboriste anglais, écrit dans son Herball de 1597 : « C'est un remède précieux pour les blessures profondes et celles qui traversent le corps. » A ce titre, le millepertuis entrait dans la composition du « baume du commandeur », de l'« eau vulnéraire » et d'un alcoolat au nom significatif, l' « eau d'arquebusade ». L'huile rouge est encore en usage dans les campagnes, en certaines régions de France, de Suisse et en Europe centrale, où on emploie cicatriser et à aseptiser les plaies et à guérir les brûlures. Il ne s'agit nullement d'une superstition, les phytothérapeutes contemporains ont dûment vérifié l'efficacité de ce remède ancestral.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Millepertuis (Hypericum perforatum) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Soleil

Élément : Feu

Divinité : Balder ou Baldr : l'Apollon de la mythologie scandinave, fils d'Odin et de Frigg, le plus beau de tous les dieux.

Pouvoirs : Exorcisme ; Divination.


Balder habitait un palais magnifique, où il était assailli de rêves terribles qui annonçaient sa mort. Sa mère, Frigg, voulant conjurer le danger, fit prêter à tous les êtres animés et inanimés le serment de ne jamais nuire à Balder. Cependant elle oublia une plante : le Millepertuis. Loki, le dieu du mal, va alors trouver Hoder, dieu aveugle de la guerre et de la destruction, et arme son bras d'un rameau de Millepertuis. Balder, frappé par Hoder, tombe mort.


Utilisation rituelle : On cueillait des branches de Millepertuis, avec des graines, le jour de la Saint-Jean et, le soir, on les faisait passer trois fois à travers les flammes du feu rituel en disant chaque fois : Sen Jan la granol Puis, on faisait avec ces branches des croix que l'on attachait aux portes des maisons, des étables, pour les préserver de tout maléfice (Languedoc).

En Dordogne, même cérémonie ; les bouquets, gardés précieusement, étaient jetés au feu de la Saint-Jean de l'année suivante.

L'un des nombreux noms vernaculaires du Millepertuis est arrosoir. Une touffe de cette plante mise extérieurement, pendant la nuit, Il la fenêtre d'une fille, indique que des garçons l'ont surprise accroupie, en train d'arroser les plantes en plein air, ce qui est incompatible avec la dignité d'une demoiselle bien élevée.


Utilisation magique : Le Millepertuis est le prestigieux et terrible Fuga daemonum du Moyen Age : l'herbe qui mettait en fuite des légions de Satan et obligeait les sorcières à avouer leur pacte maudit. D'innombrables rituels de Millepertuis sont décrits pour guérir les possédés, pour exorciser les maisons, les étables, les champs.

On mettait quelques feuilles de cette plante dans la bouche des sorcières soumises à la question : elles ne tardaient pas à « cracher » leurs turpitudes...

La particularité du Millepertuis (la feuille est constellée de minuscules glandes huileuses, translucides ; lorsqu'on la regarde par transparence, on a l'impression d'une écumoire percée de mille trous) a été exploitée par les oracles depuis les temps les plus reculés : les « trous » disent si les récoltes seront bonnes ou mauvaises ; si une épidémie va s'étendre ou régresser ; si les armées vont connaître la victoire ou la défaite, etc. Les femmes consultaient les feuilles de Millepertuis pour savoir si leur mari était fidèle ; les jeunes filles pour savoir quand elles se marieraient, qui serait leur époux, combien elles auraient d'enfants.

Une femme avait pendant toute sa vie mis de l'eau dans le lait qu'elle vendait. Après sa mort, elle revint toutes les nuits et on l'entendait tripoter dans la laiterie où elle essayait en vain de séparer l'eau du lait. Ses enfants, effrayés, allèrent consulter le sorcier qui leur dit de traire les vaches en leur frottant le pis avec du suc de Millepertuis. Ce qui fut fait, et la morte ne revint plus (Cornouailles).

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Dans un article intitulé « Histoire savante et "pensée sauvage" dans les nomenclatures botaniques en Europe », paru dans la revue Civilisations (Vol. 36, No. 1/2, Ethnologies d'Europe et d'ailleurs (1986), pp. 349-363), Renaud Zeebroek précise quelles sont les herbes de Saint-Jean :

[...] Dans le Nouveau Monde, elles sont rituellement associées à des plantes à fleurs jaunes, utilisées pour traiter les affections urinaires.

Il en va de même en Europe, où millepertuis, piloselle et caille-lait se distinguent par leurs fleurs d'un jaune éclatant. Appelé "jaulnette" en ancien français (Rolland, t. III, p. 169-181), le millepertuis se caractérise par "ses brillantes pétales jaunes et sa masse d'étamines dorées" qui en font une réplique miniature du soleil (Frazer, t. 4, p. 230). D'autre part, ses feuilles et sa tige sont marqués de taches et de lignes pourpre foncé, et on obtient une huile de couleur rouge en faisant macérer ses sommités. Elle était utilisée autrefois pour soigner les brûlures et les coups de soleil. Dans ce cas-ci également, propriétés formelles et vertus médicinales se rejoignent pour renforcer le symbolisme solaire de cette plante. Pourtant celui-ci, aussi marqué soit-il ne suffit pas à justifier l'importance prise par le millepertuis. D'autres herbes peuvent lui être substituées, il nous faut donc chercher des fraisons complémentaires à cette élection.

Nous avons vu plus haut que la célébration de la Saint-Jean a une valeur rituelle apotropaïque dirigée contre les influences malignes des "esprits" et des sorciers. Or le millepertuis était appelé au Moyen Âge "Fuga laemonum", expression qui s'est perpétuée en français ("chasse-diable" en Normandie). D'après Rolland, cette expression vient de ce que "les diables ont tant d'aversion pour cette plante qu'ils s'enfuient aussitôt, là où cette plante est brûlée." Comprenons que ce qui fait fuir les diables, c'est l'odeur qu'elle dégage en brûlant. Or nous savons par ailleurs que le millepertuis est "d'une odeur résineuse quand on le froisse entre les doigts, d'une saveur amère..." (Cazin). Et cette caractéristique le place en relation de similitude, plutôt que d'opposition, avec l'armoise qui fait partie du même genre que l'absinthe et en présente les mêmes caractéristiques bien qu'affaiblies : odeur aromatique et saveur amère.

Nous voyons donc ces deux plantes, opposées par leur symbolisme planétaire, se rejoindre dans les registres olfactif et gustatif. Ces deux "qualités sensibles" semblent d'ailleurs se compléter pour couvrir les différents aspects d'un même domaine. Tandis que les démons qui peuplent les airs s'enfuient écœurés par les fumées aromatiques qu'exhalent les feux de la Saint-Jean, les esprits responsables des crises de folie qui affligent les villageois sont chassés par l'amertume des remèdes.

Ainsi Chomel nous propose une autre explication du nom donné à notre chasse-diable : "on le donne intérieurement... pour abattre les vapeurs hypocondriaques et soulager les prétendus possédés ou maniaques, d'où vient son nom de "Fuga daemonum" (p. 505 sq.). Et nous trouvons comme pour maintenir le parallélisme, une indication similaire concernant l'armoise : "la racine est employée en poudre contre l'épilepsie et la chorée" (Cazin). Indication positiviste, qui trouve d'ailleurs son écho positiviste : "on trouve sous la racine de l'Armoise un charbon qu'il faut chercher le jour de la Saint-Jean. Ce charbon est un souverain remède contre l'épilepsie" (Rolland, t. VII, p. 61-65).

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Appelé jadis « herbe aux fées », le millepertuis dégage quand on le froisse une odeur d'encens. C'est en raison de cette odeur, caractéristique des « choses divines », qu'a été attribuée à cette plante une action spécifique contre la sorcellerie - d'où ses surnoms de « fuite des démons » ou « chasse diable » -, surtout lorsqu'elle est cueillie le jour de la Saint-Jean, ou passée à travers les feux allumés ce jour-là. Une branche de millepertuis accrochée à la pote des maisons ou des étables protège des maladies et des maléfices. Le millepertuis servait même à soulager les possédés, qui en buvaient ou en inhalaient, et à faire avouer aux sorcières leurs accointances diaboliques.

Il entrait dans la composition d'un remède contre « les maladies et autres accidents qui nuisent à la vie de l'homme » fabriqué de la manière suivante : on faisait infuser pendant dix jours deux poignées de millepertuis non fleuri dans quatre livres d'huile d'olive que l'on faisait ensuite chauffer au bain-marie. Le suc extrait de la préparation était alors placé dans un bocal de verre. Une fois le millepertuis fleuri, on ajoutait un peu de ses fleurs dans le récipient, on mettait sur le feu une heure, au bout de laquelle on enrichissait la préparation de trente scorpions, une vipère et une grenouille verte dont on avait attaché a tête et les pieds. Après quelque temps d'infusion, des drogues, pilées ou hachées, rejoignaient la mixture : racine de gentiane, dictame blanc, petite t grande centaurée, tormentille rhubarbe, bol d'Arménie, thériaque et émeraude pulvérisée. Le tout, exposé au soleil pendant les chaudes journées, était placé pendant trois mois dans un fumier chaud. Pour l'utiliser, il fallait s'en frotter autour du cœur, les tempes, les narines, les flancs et le long de l'épine dorsale. Ce remède était un antidote efficace contre toutes sortes de venins et contre les morsures de bêtes venimeuses.

Entre autres vertus, le millepertuis chasse la tristesse et éloigne la foudre. Dans le sud de la France, pour bénéficier de cette protection toute l'année, on en jette le jour de la Saint-Jean par la fenêtre ; en Wallonie, au premier coup de tonnerre, on fait brûler dans la cheminée le millepertuis béni à l'Assomption.

La particularité de cette plante, dont les feuilles semblent criblées de petits trous, sert dans une consultation, en usage notamment dans le département de la Vienne : pour savoir le nombre de ses futurs enfants, il suffit de compter les trous sur une feuille prise au hasard.

Le jus de millepertuis, bu par une femme voulant allaiter lui fait revenir le lait. Dans le Roussillon, se rouler de bon matin dans du millepertuis humide de rosée est excellent contre les affections dues à la lèpre. On peut aussi le cueillir, toujours avec de la rosée, pour s'en frotter les parties du corps qui souffrent de maladies de peau. On reconnaît d'ailleurs à l'huile de millepertuis une certaine efficacité pour les blessures et les plaies, et à l'infusion de la plante cueillie à la Saint-Jean un grand pouvoir contre la nausée et les vomissements. Pour remédier à l'impuissance, l'homme doit passer sur l'orteil de son pied gauche et sur son dos un onguent composé de civettes et de millepertuis.

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Millepertuis (Hypericum perforatum) :


"C'est une plante vivace que l'on retrouve un peu partout, principalement dans des sols pauvres et secs, bien ensoleillé.


Propriétés médicinales : Cette plante est bien connue pour ses propriétés calmantes ; on s'en sert beaucoup en infusion pour les insomnies, les problèmes nerveux et pour les enfants qui mouillent leur lit (dans ce dernier cas, il faut toutefois réduire la force de l'infusion en la coupant aux trois quarts d'eau). Une huile tirée de ses feuilles aide à soulager des maux d'estomac, des coliques et de tous les problèmes intestinaux. On peut aussi s'en servir dans les cas de congestion pulmonaire. Une infusion des fleurs est également recommandée pour l'anémie et l'anorexie.


Genre : Masculin.


Déités : Apollon - Baldur.


Propriétés magiques : Santé - Protection - Force - Divination amoureuse - Bonheur.


Applications :

SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS :

  • Portée en amulette, cette herbe prévient les rhumes et les grippes au cours de l'hiver, mais elle doit être cueillie durant la nuit de l'équinoxe d'été.

  • Si l'on place des feuilles ou des fleurs de cette plante sous son oreiller, on rêvera à la personne que l'on épousera.

BOUTEILLE DE PROTECTION (pour protéger sa demeure des malheurs) :

Ce dont vous avez besoin :

  • une chandelle blanche

  • de l'encens d'oliban

  • une bouteille de verre clair

  • environ 30 grammes (1 once) de millepertuis séché

  • quelques pincées de sel de table

  • quelques pincées de poivre de Cayenne

Rituel : Un soir de pleine lune, allumez les chandelles et faites brûler l'encens. Mélangez ensuite le millepertuis, le sel et le poivre de Cayenne en disant :


Que l'herbe magique de Saint-Jean

Le sel de la terre

Et le poivre violent

Combinent leurs forces

Pour écarter de ma demeure

Le feu, le tonnerre et la peur.


Versez dans la bouteille et scellez-la avec de la cire blanche. Placez-la ensuite près de la porte d'entrée.

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle du Millepertuis :


Nom botanique : Hypericum perforatum.


Propriétés énergétiques : Soulage de la dépression et de l'anxiété ; lève le voile de l'obscurité et vous sort de votre état de confusion.

Archanges correspondants : Métatron, Michael et Raphaël.



Propriétés curatives : Le millepertuis est réputé pour sa capacité à soulager la dépression et l'anxiété. Il s'attaque à votre confusion pour vous élever vers un endroit où énergie et motivation sont assez grandes pour vous pousser vers l'avant.

Lorsque vous le consommez, portez attention aux interactions avec des médicaments pharmaceutiques. Il ne devrait pas être absorbé avec certains antidépresseurs ou pilules contraceptives. Quoi qu'il en soit, la thérapie par les fleurs ne présente aucun risque car elle soigne au niveau énergétique. Par conséquent, vous pouvez utiliser cette méthode pour inviter l'énergie du millepertuis dans votre vie.


Message du Millepertuis : « Je suis une lumière éclatante dont les rayons pénètrent jusqu'au plus profond de votre être pour en dissiper l'obscurité. Je vous que vous êtes habité d'une grande confusion et que vous traversez une période compliquée. Je vous élèverai par-delà cette obscurité et vous montrerai l'éclat qui peut-être le vôtre. Il est temps de vos débarrasser de l'emprise que votre dépression ou votre anxiété a sur vous. Essayez cependant d'être doux avec vous-même et de diminuer vos exigences. Je vous apporterai l'énergie, l'état d'esprit et la motivation nécessaires pour sortir de l'obscurité et rentrer dans la lumière. »

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Selon Claire Tiberghien, auteure de Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir (Éditions Jouvence, 2016), le Millepertuis perforé est intéressant de plusieurs façons :


Élément : Feu.

De son nom latin Hypericum perforatum, le millepertuis perforé fait partie de la famille des Hypéricacées. Sa force réside dans la lumière.

Cette plante a une action antidépressive et améliore l'humeur. Elle atténue les dépressions légères à modérées ainsi que les dérangement végétatifs d'origine psychologique, comme les phobies, les tics et l'insomnie. Elle soigne les troubles de la ménopause. Le millepertuis est également efficace en cas de tension, de névralgie, d'état d'épuisement et de sensibilité aux variations climatiques.

En outre, le millepertuis a une action antibactérienne et antivirale. On l'utilise notamment contre les infections avec herpès et autres virus. il stimule le système immunitaire.


Sur le plan psychique : Le Millepertuis perforé fait pénétrer le soleil dans notre âme. Il apporte la lumière, nourriture du corps et de l'esprit. Chaque être peut alors rayonner Le millepertuis renforce les nerfs et accroît l'énergie, ce qui procure plus d'allant. Il guérit les vieilles blessures, éliminant ainsi la peur et la dépression Il accroît le sentiment de sécurité, ce qui laisse les transformations s'opérer. Grâce à des nerfs solides, les capacités de gestion du stress augmentent.

Grâce au Millepertuis perforé, je peux affirmer :

  • Je suis protégé par la lumière de l'Univers.

  • Je découvre la beauté de la vie.

  • Je vis ma sexualité dans la joie.

  • Je laisse ma lumière intérieure rayonner.

  • Derrière chaque peur se cache un immense potentiel.

  • Je reste centré sur moi-même, tout en étant en lien avec le monde et les autres.

  • Je m'occupe de mon corps avec tendresse.

La méditation du Millepertuis perforé : C'est l'été. Les jours sont longs et chauds. Le soleil a atteint son point le plus haut dans le ciel et inonde la terre de ses rayons. Tous les êtres vivants, toutes les pierres, toutes les plantes s'abreuvent de sa lumière. Le long d'un petit chemin herbeux qui traverse les champs, vous flânez lentement à travers la campagne immobile. Devant vous, juste avant la forêt, se détache une prairie jaune qui semble briller, comme si la force totale du soleil s'y trouvait. Les fleurs du millepertuis vous accueillent de leur multitude de petites roues jaunes et lumineuses.

Vous vous couchez au milieu de cet océan de soleil. La lumière vous enveloppe, en harmonie parfaite avec votre corps qui se détend. Vos muscles se relâchent. Vous portez votre attention sur la source de votre propre force, votre centre, qui se lie à la lumière. Vous sentez toutes les cellules de votre corps se remplir de cette lumière, vibrer de cette chaleur protectrice.

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Eliot Cowan, auteur de Soigner avec l'Esprit des Plantes, Une voie de guérison spirituelle (Édition originale ; traduction française Éditions Guy Trédaniel, 2019) raconte plusieurs histoires de guérison dont il a fait l'expérience et explicite les vertus des plantes en fonction de l'Esprit qui les habite :


"Une autre catégorie de remèdes basés sur l'esprit des plantes est constituée de ceux qui apportent quelque chose à l'esprit, sans avoir une correspondance précise avec tel ou tel élément. Il existe une variété d'effets de ces remèdes. Je vais mentionner certains de mes préférés.

[...] Le millepertuis a été de façon constante apprécié des herboristes et des magiciens des plantes. Tous les systèmes médicaux au cours des âges ont trouvé une utilisation de cette plante. C'était un vulnéraire (pour traiter les blessures) des armées chrétiennes pendant les Croisades. De nos jours, le millepertuis est à a mode en tant qu'antidépresseur dans l'herboristerie européenne ; sa réputation antérieure était celle d'un exorciste. En homéopathie, hypericum est le sine qua non pour les problèmes neurologiques en tout genre. C'est seulement dans l'Ouest américain, où le millepertuis est connu sous le nom de "klamath", qu' n'est pas révéré ; tout au contraire, cette herbe est la cible de campagnes d'éradication chimique parce qu'elle envahit les lieux de pâturage aménagés ou naturels.

Mon rêve avec le millepertuis a été court et simple. Une voix désincarnée m'a dit : "Je relierai ce qui a été séparé." Depuis lors, je l'ai utilisé comme ciment pour les âmes fracturées. Il marche à merveille dans des cas comme ceux décrits ci-dessous. Une femme d'une vingtaine d'années m'a consulté en se plaignant d'une sérieuse fatigue apparue depuis plusieurs mois. Auparavant, elle était active et énergique. En la questionnant, j'ai découvert que, dans les neuf mois précédant le début de son malaise, cette femme avait subi deux avortements. Son compagnon y était très favorable, disait-elle, et ils étaient tous les deux d'accord sur le fait que c'était la meilleure chose à faire. Elle me dit qu'elle aimait son compagnon et qu'ils prévoyaient d'avoir des enfants plus tard. Sa voix semblait tout à fait calme alors qu'elle expliquait qu'elle n'avait aucun problème avec les avortements. Mais c'était juste ce que disait sa tête. Son esprit disait, lui, qu'il était dévasté par la perte de deux enfants dans un laps de temps aussi court, et il montrait de la fatigue pour le prouver. Il était évident que cette jeune femme ne pourrait pas aller bien loin tant que sa tête et son esprit seraient séparés, aussi ai-je invoqué le millepertuis pour combler cet écart. A l’instant même où elle a reçu l'esprit du millepertuis, elle s'est assise d'un bond sur la table de soins, ses yeux ternes soudain brillants. "Wow ! Je me sens en superforme !" a-t-elle dit."

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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs du Millepertuis (Hypericum perforatum) :


Mot-clef : Lumière dans la nuit


Vous plaisantez ? Le Millepertuis est broussailleux et bagarreur, totalement dénué du charisme qu'on attendrait d'une plante réputée pour dompter la dépression d'un seul coup. Mais c'est sa beauté - c'est un magicien et un voleur, pas la coqueluche de ces dames. Il sait comment dérober la chaleur du soleil au solstice d'été, la retenir dans ses fleurs et la faire durer tout l'hiver. C'est son tour de magie le plus abouti : apporter de la lumière et de la chaleur dans vos ténèbres en contribuant à recréer les bords des synapses électriques qui s'allument et de l'énergie qui se déplace. Faites appel au mille pertuis quand vous avez besoin d'une gorgée de soleil pour trouver votre lumière dans la nuit.


Rituel : Siroter le soleil

Comme le Millepertuis, vous pouvez stocker la lumière du soleil ! Debout, face au soleil, fermez les yeux et ancrez solidement vos pieds dans le sol. Sentez la lumière traverser vos paupières. Humez le soleil par votre nez et goûtez-le sur votre langue. Répétez souvent cet exercice d'absorption en laissant le feu du soleil alimenter, nourrir, vos feux intérieurs.

Un festin de rayons de soleil

Nicole Cody, qui s'est formée auprès des sages aborigènes de Kimberley, en Australie, partage sa première expérience de « manger le soleil » sur son blog, Cauldrons and Cupcakes :

« Cela paraissait stupide. Manger le soleil

Je restais là debout, les yeux clos, mais je ne comprenais pas comment manger l'énergie.

Quelqu'un m'a donné une petite tape sur le bras. Je ne vous fais pas un dessin de la punition que j'ai reçue de Petite Tante. Timidement, j'ai ouvert la bouche et découvert que je pouvais littéralement manger le soleil. J'avalais cette lumière dorée et je la sentais descendre en moi. »


Réflexion : Remède hivernal

La culture moderne nous demande d'être toujours pareils à longueur d'année, de jour comme de nuit, été comme hiver. Mais notre corps ne l'entend pas de cette oreille. Il se rappelle l'époque où l'hiver se passait forcément près du feu de l'âtre. Le millepertuis est une plante qui fleurit aux environs du solstice d'été et constitue un remède parfait pour l'hiver.

De quel remède avez-vous besoin durant les mois d'hiver ?

Comment gardez-vous le soleil dans votre tête quand les nuits sont longues ?


Changement de saison

Beaucoup de personnes ont besoin de prendre soin de leur « être d'hiver » dès l'équinoxe d'automne, au moment où l'équilibre du jour et de la nuit se rompt pour laisser place à des nuits de plus en plus longues.

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Symbolisme celte :


Selon L'Oracle des druides de Stephanie et Philip Carr-Gomm, le millepertuis fait partie de la carte des Reconstituants au même titre que la rhodiole rose et la valériane. Les mots clefs représentatifs de cet ensemble de plantes sont :


en "position droite : Retraite - Équilibre - Calme

en position inversée : Déséquilibre - Anxiété - Perturbation


Les reconstituants sont un trio de plantes druidiques anciennes, qui rétablissent l'équilibre entre le corps et l'âme, et guérissent le cœur et le mental par leurs propriétés apaisantes et fortifiantes. La rhodiole rose pousse dans les régions montagneuses du Pays de Galles et de l’Écosse et sur les collines des rivages du nord-ouest de la Grande-Bretagne. La valériane est visible partout dans la campagne sur des sols humides et dans les fossés, ainsi que sur les berges des fleuves et les prairies imbibées d'eau, alors que le millepertuis célèbre les bois secs et les collines.

La carte montre une druidesse dans sa hutte, assise près du feu. Par la porte ouverte, on voit les Highlands écossais. Des bottes de rhodiole rose et de valériane sont accrochées à des chevrons pour sécher, et du millepertuis fraîchement ramassé est posé sur la table.


Sens en position droite. Bien que l'aventure et l'excitation soient des ingrédients nécessaires dans la vie, nous avons aussi besoin de périodes de paix et de calme, oasis dans notre vie trépidante. Tirer cette carte dans une lecture signifie que vous devez vous offrir ces moments maintenant. Les retraites sont une partie importante dans la pratique spirituelle. Pour le druidisme, elles incluent les visites des sites sacrés anciens et le cheminement sur les sentiers de jadis. Vous pouvez effectuer une retraite où que vous soyez. Même si vous êtes occupé, essayez de prendre trois heures de pause et offrez-vous tout ce qui vous aide à trouver le calme. Une retraite de trois jours ou plus est encore meilleure dans la nature. Cette pause donnera à votre corps et à votre âme une chance de se rééquilibrer une fois de plus.


Sens en position inversée. Tirer cette carte signale que vous êtes déséquilibré, perturbé et anxieux. La vie est souvent troublante, les relations sont difficiles. Pas étonnant que tant de gens souffrent d'anxiété et de dépression. Le moment est venu de s'attaquer à ce déséquilibre par une combinaison de conseil psychologique, de phytothérapie et de changement de mode de vie.

La carte signale par ailleurs qu'une situation ou un projet est instable ou totalement irréaliste, et qu'une solide dose de bon sens est requise pour le remettre sur le chemin. engagez un consultant ou demandez à quelqu'un de regarder objectivement le problème et donnez son avis.

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Plantes pour la guérison de l'âme

Plusieurs plantes sont bien connues pour leurs effets sur l'état mental. Le druide moderne spécialisé dans la guérison approche la détresse psychologique de deux façons : d'abord - s'il est conseiller qualifié - en agissant en tant que Anam Cara ou ami de cœur, qui écoutera le patient sans porter de jugement et interagir avec lui sur le plan thérapeutique, ensuite - s'il est phytothérapeute qualifié - en prescrivant des remèdes de plantes qui apaiseront l'anxiété et élèveront le moral. Il peut conseiller les trois reconstituants.

La rhodiole rose est une plante peu connue, indigène des régions montagneuses de la Grande-Bretagne et de certaines parties de l'Asie, du nord de l'Europe et de l'Arctique. Dioscoride connaissait sa valeur. La médecine traditionnelle scandinave, russe et sibérienne l'a utilisé pendant des siècles comme tonique. En Mongolie, les familles gardaient le secret de l'emplacement de cette plante. Ses propriétés sont si miraculeuses que dans The Healing Power of Celtic Plants, Angela Paine suggère que les druides ont pu faire pareil. Les analyses scientifiques confirment que la rhodiole rose est un adaptogène, stimulant le système immunitaire et les hormones sexuelles. De plus, elle a des effets antioxydants et anti-cancérigènes, et semble agir de manière similaire au ginseng, stimulant la libération des neurotransmetteurs, fortifiant l'apprentissage et la mémoire. Elle améliore par ailleurs le fonctionnement de la thyroïde, du thymus et des glandes surrénales. Actuellement, elle est commercialisée comme complément alimentaire.

Le millepertuis poussait en Grande-Bretagne avant la dernière glaciation. Dioscoride le conseillait pour la malaria, la sciatique et les brûlures. Les bottes étaient ramassées à la veille de la Saint-Jean et attachées aux avant-toits pour protéger de la foudre et chasser les mauvais esprits. Ce dernier usage monter qu'on connaissait sa capacité à atténuer la dépression - propriété découverte récemment. Des extraits de cette plante sont prescrits actuellement pour la dépression et les symptômes de la ménopause. Il semble que cette plante ancienne avec ses fleurs jaunes soit l'un des grands dons que la nature a offerts à l'humanité.

La valériane est connue des herboristes classiques en tant que diurétique. Plus de 120 substances chimiques actives ont été détectées dans la valériane, jadis tenue pour une panacée. Son effet curatif le plus notable est son pouvoir sédatif, utilisé pour le traitement de l'épilepsie et pour calmer les gens sur le point de se bagarrer. On la prescrit souvent (surtout en France et en Allemagne) à la place des tranquillisants, car elle diminue l'anxiété, favorise le sommeil et atténue le stress, sans danger d'addiction."

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Charly et Sabine Rey, dans un article intitulé "la Cueillette et la culture des plantes sauvages" (in Valesiana, 2012) précise que :


Si autrefois, en Valais, à la Saint-Jean (24 juin), on faisait des croix avec des plantes sacrées, comme le millepertuis, l’armoise vulgaire, le millefeuille et la reine des bois, cueillies à la rosée, bénites à l'église puis fixées au-dessus des portes des maisons et des écuries afin d’obtenir la protection divine, cette tradition similaire est Portail du patrimoine culturel immatériel encore pratiquée parfois en Vallée d’Aoste selon Henri Armand (2008).

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


HYPERICUM PERFOLIATUM (cf. Herbes de la Saint-Jean). — Mme Coronedi-Berti nous apprend qu’à Bologne on n’appelle pas seulement l’hypericum « herbe de la Saint-Jean, » mais encore « chasse-diables ». La nuit de la Saint-Jean, il faut en porter sur soi pour éloigner toute sorcellerie. On en met aussi aux portes et aux fenêtres des maisons dans la même intention. La même propriété est attribuée au laurier épineux, houx (cf.) et au genévrier (cf.).

A propos de cette herbe, à laquelle on attribue toutes sortes de vertus magiques, Johnston remarquait déjà (Thaumatographia Naturalis, p. 208, Amsterdam, 1670) : « Adeo illud odisse Daemones scribunt, ut ejus suffitu statim avolent. Supertitiosum puto. »

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Selon Véronique Barrau et Richard Ely, auteurs de Les Plantes des fées (Éditions Plume de carotte, 2014), le millepertuis à "de multiples atouts".


Médecine magique : Commune à de nombreuses civilisations, la réputation bénéfique du millepertuis, la réputation bénéfique de millepertuis a traversé plusieurs siècles avec la même constance. Cette plante tait considérée comme un précieux talisman envers tous les êtres néfastes. Plusieurs éléments sont à l'origine de cette croyance.

Selon la tradition chrétienne, ce végétal serait né du sang de saint Jean-Baptiste décapité sur ordre du roi Hérode. Voilà qui explique l'origine de la dénomination fréquemment donnée à la plante : l'herbe de la Saint-Jean. Ce caractère sacré est renforcé par l'odeur d'encens que dégagent ses feuilles froissées. Les Grecs suspendaient des tiges de millepertuis au-dessus d'images saintes pour éloigner les mauvais esprits. Par ses fleurs jaune d'or e sa floraison avoisinant le solstice d'été, cette plante a également été un symbole solaire. Dotée de tous ces attributs, elle chassait les mauvais esprits qui induisaient comme on le croyait jadis les étés dépressifs, mais repoussait aussi les sorciers et mauvaises fées. Ces dernières étaient connues en Europe pour provoquer des démangeaisons, crampes et points de côté. Grâce au millepertuis, ces tourments prenaient immédiatement fin.

Certaines dates se prêtent plus particulièrement à son usage. Ainsi, des feuilles placées sous on oreiller la veille de la Saint-Jean écartent les cauchemars et autres esprits tourmenteurs qui perturbent le sommeil. A la même date, les habitants du Gard accrochaient un bouquet de la plante mêlée à de la menthe dans leur maison pour repousser les sorciers. Quand au millepertuis cueilli à minuit à la Toussaint, il protège de tous les êtres maléfiques.


Mélange des genres : La religion chrétienne a mis toutes ses forces pour éradiquer les rites païens, allant jusqu'à détourner les symboles pour les sanctifier quand elle ne pouvait les détruire purement et simplement. La vie de saint Jean-Baptise en est un exemple. Selon la tradition, cet homme serait né le 21 juin, lors su solstice d'été marquant la saison où la végétation est luxuriante. Il serait parti s'isoler dans le désert pour y vivre comme un ermite et ne se nourrissait que de plantes sauvages. Pour toutes ces raisons, les chrétiens du Moyen Âge ont comparé ce saint à l'Homme vert, l'être féerique qui incarne la nature et sa fertilité.

Comment s'étonner dès lors que nos anciens aient éprouvé un temps des difficultés à choisir entre ces deux courants que sont le christianisme et le paganisme ? Un compromis consistait à adopter un peu de l'un et de l'autre. Ainsi une superstition suisse recommandait-elle de placer du millepertuis sous le matelas des enfants afin de les préserver de la lutine maléfique Toggle. Pour que le charme opère, il fallait également invoquer sainte Agathe et faire porter aux petits un sachet de cloportes vivants autour du cou...

Tout le monde n' pas la chance de voir une bonne fée se pencher sur son berceau. Aussi, dans certaines régions de France, plaçait-on du millepertuis dans le berceau des enfants dès qu'ils étaient baptisés afin de chasser les êtres mal intentionnés.


A dada : La nuit est propice à la magie et ce qui paraît banal et inoffensif en plein jour peut révéler un tout autre visage une fois le soleil disparu. Ainsi en est-il du millepertuis. Si votre pied foule ce dernier, même par mégarde, même d'un simple frottement, vous aurez la fâcheuse surprise de vous aurez la fâcheuse surprise de vous retrouver soudain sur le dos d'un cheval fantastique. Sa folle course ininterrompue jusqu'à l'aube vous laissera totalement rompu."

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