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Le brame du Cerf amoureux


Le premier Animal de Pouvoir de Margot et Tristan... Animal de famille ?



Étymologie :


  • CERF, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1100 (Chanson de Roland, éd. Bédier, v. 1874). Du lat. class. cervus « id. ».


Voir aussi la définition détaillée du nom qui propose quelques éléments de symbolisme.



Zoologie :

Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"Le cerf et sa famille ont beaucoup bercé nos lectures d'enfants : Bambi le faon, les jolies biches, et les cerfs à parure royale. Leurs excréments viennent donc assombrir un peu ce paysage idyllique, mais il faut savoir qu'ils jouent un rôle important dans la survie de l'espèce et l'entretien de son environnement. A noter : seul le mâle adulte porte des bois.


Description : La merde de cerf semble à priori assez banale. Comme celle du mouton et du lapin mais plus abondante, elle est constituée d'un agglomérat de petites billes, qui sentent l'herbe.


Ce que Bambi ne vous a pas dit : Juste après avoir mis bas, la biche à queue blanche délaisse son faon quelques heures pour aller chercher de la nourriture. Elle cache son petit, très vulnérable, dans des grandes herbes ou sous des buissons. Sachant que son odeur peut attirer les prédateurs, le faon se retient de déféquer jusqu'au retour de sa mère. Sitôt après "l'opération", la biche mange les crottes de son petit et urine pour camoufler l'odeur et le protéger lorsqu'elle aura de nouveau à le quitter.

Quand le faon atteint l'âge d'un mois, il n'a plus besoin d'être protégé par sa mère, car il est capable de s'enfuir en cas de danger.


Je sème à tout vent : Lorsque le cerf mange un fruit, si gros soit-il, sa digestion est complète, mais les graines contenues dans les plantes sont souvent trop petites pour subir la moindre transformation, et elles sont restituées intactes. Le cerf se déplace tout en ruminant sa nourriture, et du fait même les graines qu'il rejette sont dispersées loin de la plante-mère.

Opération-survie : Au XVIIe siècle, les Indiens Coahuiltecans (qui vivaient dans le Sud du Texas) étaient tellement pauvres qu'ils se résignaient à manger de la terre, du bois pourri, des vers, et, luxe suprême, des crottes de cerf !"

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Croyances populaires :


Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses : qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :


KENNE. - Pierre fabuleuse qui se forme dans l'œil d'un cerf, et à laquelle on attribue des vertus contre les venins.

 

Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17. Mars 2009) :


"Actuellement, la connaissance des animaux sauvages est dans la plus grande partie du pays relativement faible. A titre d’argument, on les prétend peu utiles : “... quel en est le profit, puisqu’on ne peut pas les attraper” (Dzierzgwa 1981 : 104). Au passé les animaux tels que le cerf, l’ours ou le loup occupaient une place importante dans la culture populaire.

Le cerf – animal majestueux aux cornes branchues, associées aux rayons du soleil ou aux branches des arbres, rejetées tous les ans, était lié au soleil. Il symbolisait la virilité, la fécondité, et aussi l’abondance. D’où probablement les nombreuses figurines de cerfs rencontrées parmi celles d’autres animaux sur les nowe latka (nouvelles années) - forme de pain rituel préparé pour le Nouvel An. Dans la région des Kourpie un cercle avec des figurines d’animaux était suspendu dans le coin sacré, afin d’assurer les forces vitales, la fécondité, la santé. Émiettées, elles étaient jetées aux poules pour qu’elles soient de bonnes pondeuses et distribuées aux habitants de la maison pour les protéger des maladies (Kubiak, Kubiak 1981 : 31). Les petites figurines de cerfs placées avec les autres sur le pain rituel des noces - le korowaj, avaient la même signification. Dans la société paysanne traditionnelle, la noce imposait au jeune couple la responsabilité de créer une vie nouvelle, aussi bien dans le sens de la multiplication du genre humain, que dans la perspective de maintenir la fertilité des champs et le succès dans l’élevage (Kubiak, Kubiak 1981 : 75 et suiv.). Une prolongation inconsciente de la symbolique de la vitalité peut être trouvée dans les nombreux paysages représentant le cerf en rut, rencontrés si fréquemment dans les maisons encore aujourd’hui. Le cerf était lié à l’Arbre de la Vie, il était l’un des animaux cosmiques. Ceci trouve son reflet dans la forme des découpages populaires polonais. Tout comme l’oiseau, le cerf est l’animal le plus souvent représenté dans les découpages appelés leluja, ayant la forme d’un arbre ou d’une branche en fleurs. Une trace des anciennes associations aux divinités solaires peut être trouvée dans les récits et les légendes hagiographiques sur l’apparition d’une luminosité miraculeuse, d’une croix ou d’un ostensoir entre les cornes d’un cerf (Seweryn 1949 : 44). On croyait que la sauvagerie, la force vitale du cerf étaient les raisons pour lesquelles les cornes de cet animal pouvaient jouer un rôle protecteur contre les démons, et aussi être employées pour la production d’aphrodisiaques. Les cornes de cerf étaient aussi utilisées dans la médecine et les pratiques magiques.

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Symbolisme :

Dans Les Structures anthropologiques de l'imaginaire, Gilbert Durand rappelle p. 110 la transformation d'Actéon en cerf par Artémis qu'il a surprise à sa toilette et p. 359 établit de nouveau un lien entre le cerf et la déesse lunaire puisque "la lune peut revêtir elle-même, par substitution du sens actif au sens passif, l'aspect animal : Artémis devient cerf ou ours, Hécate chien tricéphale, Isis la vache Hathor, Osiris le bœuf Apis et Cybèle la lionne."

 

Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), le Cerf répond aux caractéristiques suivantes :


Points clés : Gentillesse et innocence - Se laisser innocemment attirer vers de nouvelles aventures.

Cycle de puissance : Automne et printemps.


Le cerf a toujours capté l'imagination de l'humanité. Originaire de tous les continents, sauf l'Océanie, il appartient à l'une des plus prospères familles de mammifères. Les cervidés sont capables de s'adapter à toutes les sortes d'habitats. Le cerf de Virginie (également appelé biche des palétuviers ou, en anglais « cerf à queue blanche », white-tailed deer), le cerf mulet (ou cerf hémione, ou encore cerf à queue noire) et le renne (appelé caribou au Canada) sont trois des espèces de cervidés les plus communes du continent nord-américain L'élan (orignal, en Amérique du nord) et le wapiti appartiennent aussi à la famille des cervidés, mais ils sont traités séparément dans ce dictionnaire.

Chaque espèce possède ses caractéristiques particulières, tout en partageant certaines des qualités des cervidés en général. Le renne (caribou), par exemple, accomplit de longues migrations deux fois par an, ce qui reflète, pour ceux qui l'ont comme totem, le besoin d'en faire autant dans leur vie. Son rut commence à l'automne et au début de l'hiver et, de ce fiat, ce moment constitue leur période de puissance. Le cerf mulet est aussi un migrateur. Il ne suit jamais deux fois la même route. Cela fait partie de son mécanisme naturel de défense en le rendant moins prévisible pour les prédateurs. La plupart des informations de cette entrée se concentrent sur les cervidés en général et le cerf de Virginie en particulier.

Il existe plusieurs variantes quant à l'origine du mot « cerf », que ce soit en français ou en anglais (deer). Celles-ci fournissent des indices quant à d'éventuelles vies passées pour ceux qui ont un cervidé totem. En français, « cerf » vient d'une racine indo-européenne, ker, signifiant corne et qui a donné le mot « vache » dans plusieurs langues slaves, notamment. Le mot anglo-saxon deor (origine de deer) était un terme générique pour désigner les animaux et il était donc souvent utilisé simplement dans ce sens général, et non pour désigner les seuls cervidés. Dans les langues germaniques, le terme a pour racine tier, qui avait simplement pour sens « animal sauvage » (et même « animal », là encore dans un sens général, en allemand (moderne). Et on peut suivre sa trace jusqu'au sanscrit mriga qui signifiait aussi « animal sauvage ».

Pour beaucoup, le cerf est considéré comme l'animal le plus important jamais chassé. La chasse au cerf est ce qui déplace notre civilisation dans la Nature. Il existe quantité d'histoires et de mythes parlant de cerfs attirant par la ruse des chasseurs ou même des rois au plus profond des forêts. Là, ils se retrouvent complètement perdus et sont confrontés à diverses péripéties. Les récits du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table ronde rapportent de semblables histoires. Un jour, par exemple, sire Gauvain suit un cerf blanc et fait plusieurs rencontres qui le précipitent dans autant d'aventures. La lecture de la Morte d'Arthur, de Thomas Malory, fournit bien d'autres exemples.

Le cerf est aussi une image religieuse centrale du bouddhisme. Bouddha est souvent représenté accompagné d'un cerf et sa légende prétend que a première fois qu'il prêcha, ce fut dans un parc à daims. Cette image réaffirme la signification du cerf en tant que représentation de l'innocence et du retour à la Nature.

Le cerf de Virginie ou cerf à queue blanche es le cervidé le plus commun aux Etats-Unis. L'un de ses traits les plus importants est la paire de bois que développe le mâle. Chez d'autres membres de la famille des cers (en l'occurrence le renne ou le caribou), tant le mâle que le femelle en a. Les bois sont des os et ils tombent chaque année. Ils poussent derrière les yeux et sont très protecteurs.

Chaque année, jusqu'à l'âge de cinq ans, les bois croissent et ont plus de cors (ramifications). Si vous rencontrez un cerf dans la nature, essayez de compter le nombre de ses cors. Contrairement à la croyance populaire, il ne vous donnera pas l'âge de l'animal, mais vous dira quelque chose de la signification que le cerf a pour vous. rappelez-vous que la numérologie peut toujours aider à définir l'essence des choses.

Les bois sont des symboles d'antenne, de connexion avec de plus hautes formes d'harmonisation. Les cerfs avec des bois peuvent donc être un signa vous invitant à prêter attention à vos pensées et perceptions intérieures, qui doivent être plus précises que vous ne le pensez.

Les bois tombent chaque année et chaque année, ils repoussent - plus grands et avec plus de cors, pendant cinq ans. Si un cerf est entré dans votre vie, cherchez de nouvelles perceptions et des degrés de perception qui doivent croître et s'étendre pendant les cinq années à venir. Cela peut indiquer que vous allez avoir des opportunités de stimuler de nouvelles croissances qui ne vont cesser d'augmenter doucement au cours des cinq années en question.

Les bois poussent derrière les yeux, ce qui évoque le symbolisme d'une perception supérieure. Quand ils tombent, ils sont mangés par les cerfs et les rongeurs qui les grignotent pour ingérer le calcium.

Un à deux jeunes niassent. A leur naissance, les faons ont une couleur qui les protège et les dissimule. Au cours des tout premiers jours, ils se déplacent difficilement et la mère les allaite souvent. C'est très significatif pour ceux qui es ont pour totems. De nombreuses sociétés soulignaient l'importance de rester avec le nouveau-né pendant un certain temps. Aucun visiteur - pas même des membres de la famille - en dehors du père n'était autorisé à avoir un contact avec le bébé. Même aujourd'hui, dans l'islam,, une mère qui allaite un enfant fait de celui-ci le sien - qu'il soit son enfant biologique ou non. Cette sorte d'attention et d'isolement protecteur permet à l'enfant de se lier plus fermement à sa famille et préserve le nouveau-né de toute influence extérieure subtile.

J'ai toujours été troublé par la vision de toutes ces jeunes mères avec des bébés d'à peine une semaine se promenant dans les rues et les magasins bondés. Je comprends le besoin de sortir, mais cela traduit un manque de compréhension des influences énergétiques subtiles du corps humain. Nos auras - ou champs d'énergie - sont électromagnétiques et des échanges d'énergie se produisent avec d'autres personnes ou lieux. Le type d'énergies auquel un bébé est exposé dans une rue peut avoir d'énormes effets. Personne n'a jamais vraiment besoin d'être exploré. Jusqu'à ce que l'énergie de l'enfant soit elle-même forte et solidement ancrée à la terre, il devrait être protégé des influences externes.

Le cerf nous ramène à la sagesse primordiale de ces vieux enseignements. Il nous rappelle que nous devons établir une saine et solide connexion avec l'enfant avant de l'exposer à des tiers et à d'autres énergies étranges. Il nous rappelle aussi qu'il s'agit d'une tradition naturelle et idoine pour l'unité de la famille et la santé du petit. C'est l'intérêt de l'enfant qui est en jeu.

Après les premiers jours, le faon peut normalement se tenir debout et suivre sa mère. Les biches restent généralement avec lui pendant une année. Les mâles, en revanche, partent d'ordinaire au bout de quelques mois. Le père ne prend aucune part dans l'éducation des petits. C'est la fonction exclusive de la mère. Cette fois, il s'agit ici d'une invitation à revenir gentiment à l'unité et au rôle traditionnel de la famille. Si le cerf est apparu dans votre vie, cela peut indiquer que vous vous êtes trop éloigné du rôle qui serait le plus bénéfique pour vous à ce moment-là.

Les sens du cerf sont très affûtés. Sa vue lui permet de voir à grande distance. Il est particulièrement apte à discerner les contrastes et les contours dans une lumière faible. Son ouïe est elle aussi très fine. Tous ceux qui ont un cerf totem constateront une aptitude accrue à détecter les mouvements et apparitions les plus subtils. Ils commenceront à entendre ce qui n'est pas dit directement.

Quand un cerf se présente dans votre existence, c'est qu'il est temps de vous montrer gentil avec vous-même et les autres. Une nouvelle innocence ou une nouvelle fraîcheur d'esprit est sur le point de se réveiller ou de naitre. Vous allez vous laisser séduire, doucement mais sûrement, par de nouvelles aventures. Posez-vous alors des questions essentielles : Êtes-vous en train de forcer les choses et personnes de votre entourage ? Êtes-vous trop critique et indifférent envers vous-même ? Quand le cerf se montre, c'est qu'une occasion se présente d'exprimer un amour délicat qui vous ouvrira de nouvelles portes vers l'aventure.

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Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, dans le Dictionnaire des Symboles (1ère édition, 1969, édition revue et corrigée 1982), établissent une forme d'équivalence symbolique entre le cerf, le daim et la gazelle. Ils précisent que :

"Par sa haute ramure, qui se renouvelle périodiquement, le cerf est souvent comparé à l'arbre de vie. Il symbolise la fécondité, les rythmes de croissance, les renaissances. On retrouve ces valeurs aussi bien dans les ornements de baptistères chrétiens que dans les traditions musulmanes, altaïques, Maya, Pueblo, etc. Il est une image archaïque de la rénovation cyclique.

Les Indiens d'Amérique manifestent dans des danses et dans leurs cosmogonies ce lien du cerf et de l'arbre de vie : l'association qui unit étroitement le pin à l'espèce des cervidés (danses du Cerf autour d'un conifère érigé sur la Plaza) peut n'être en partie que simple imagerie forestière ; mais il n'est pas improbable que, beaucoup plus profondément, elle contienne le symbolisme qui associe le cerf non seulement à l'est et à l'aube, mais aussi aux débuts de la vie apparue à la création du monde... Dans plus d'une cosmogonie amérindienne c'est l'élan ou le daim qui fait surgir à l'existence, par ses abois, la vie créée, et parfois dans l'art indien l'arbre est représenté comme sortant des cornes fourchues de l'animal, comme dans la tradition européenne de la vision de saint Hubert.

L'effigie sacrée du Dieu Soleil des Hopis (Pueblos de l'Arizona) est taillée dans une peau de daim. Au XVIe siècle, chez les Indiens de Floride, lors de la célébration de la fête du Soleil, au printemps, un poteau était érigé au sommet duquel on élevait la peau d'un cerf arrachée à un animal capturé en cérémonie : auparavant on l'emplissait de végétaux pour lui donner forme et on la décorait de fruits et de plantes suspendus. Cette image était orientée vers le Soleil levant et la danse sen tenait autour d'elle accompagnée de prières pour une saison d'abondance. Une coutume analogue pour la fête du printemps est signalée chez les Timucua par W. Krickeberg.

Le cerf est aussi l'annonciateur de la lumière, il guide vers la clarté du jour. Voici un extrait d'un chant des Indiens Pawnees en l'honneur de la lumière du jour : Nous appelons les enfants. Nous leur disons de s'éveiller... Nous disons aux enfants que tous les animaux sont éveillés. Ils sortent des gîtes où ils ont dormi. Le Cerf les conduit. Il vient du sous-bois où il demeure, menant ses petits vers la Lumière du Jour. Nos cœurs sont joyeux.

Dans d'autres traditions, cette valeur prendra toute son ampleur cosmique et spirituelle. Le cerf apparaîtra comme le médiateur entre le ciel et la terre, comme le symbole du soleil levant et qui monte vers son zénith. Un jour, une croix apparaîtra entre ses bois et il sera devenu l'image du Christ, le symbole du don mystique, de la révélation salvifique. Messager du divin, il appartient alors à cette chaîne de symboles que nous verrons maintes fois soudés ensemble ; l'arbre de vie, les cornes, la croix.

Le cerf est encore un symbole de vélocité, mais aussi de crainte. Animal consacré, dans l'Antiquité classique, à Diane (Artémis), la vierge chasseresse, il évoque de façon presque similaire les Jâtaka bouddhiques. Le cerf d'or n'y est autre que le Bodhisattva lui-même, sauvant les hommes du désespoir, apaisant leurs passions. Les gazelles de Bénarès (symboles du premier Sermon) sont aussi des cerfs : la force du cerf sauvage (Wang-tchou), c'est la puissance de l'Enseignement et de l'Ascèse du Maître, qui se répand avec la rapidité d'un coursier et n'est pas sans inspirer par ses difficultés une certaine crainte.

Le cerf d'or se retrouve dans les légendes cambodgiennes mais le caractère solaire de l'animal y apparaît sous un aspect maléfique. Comme c'est souvent le cas, l'animal solaire est mis en rapport avec la sécheresse ; il faut, pour obtenir la pluie, tuer le cerf, et c'est le but de la danse du trot, si populaire au Cambodge, dans la région d'Angkor notamment. On ajoute, en d'autres contrées, que la pénétration du cerf dans un village annonce l'incendie et oblige à quitter les lieux. La même idée du cerf néfaste et porteur de sécheresse est connue de la Chine antique. On notera avec intérêt qu'Origène fait du cerf l'ennemi et le pourchasseur de serpents (c'est-à-dire l'ennemi du mal, expressément le symbole du Christ) ; mais le serpent est l'animal de la terre et de l'eau, à quoi s'oppose l'animal du ciel et du feu. Le cerf est comme l'aigle, dévoreur de serpents, signe éminemment favorable, mais bipolaire, car il détruit par le feu, la sécheresse asphyxiant tout ce qui vit de l'eau.

Saint Jean de la Croix attribue aux cerfs et aux daims deux effets différents de l'appétit concupiscible, l'un de timidité, l'autre de hardiesse, fonction de l'attitude supposée de ces animaux en face de leurs désirs.

Les innombrables cerfs et biches en liberté, à Nara, au contraire, par leur totale absence de crainte, évoquent une sorte de retour à la pureté primordiale, qui comporte la familiarité avec les animaux. Le daim a la particularité de poser ses sabots de derrière dans l'empreinte des sabots de devant : ce qui symboliserait la manière dont on doit suivre la voie des Ancêtres ; on touche ici au symbolisme de la chasse.

Il existe encore d'autres significations, d'intérêt moindre, comme l'attribution par les Chinois au bois de cerf d'une vertu aphrodisiaque. Ce qui n'est pourtant pas indifférent, dans la mesure où cette drogue est censée nourrir le yang : nous nous approchons des techniques d'immortalité? On trouve aussi mention d'un symbole de longévité, mais surtout de prospérité, fondé sur les habituels calembours populaires, car lou signifie à la fois cerf et émoluments. Quand il est ainsi l'image de rémunération, il est généralement accompagné d'un pin (longévité) et d'une chauve-souris (bonheur).

Dans l'iconographie mythologique gréco-romaine, les cerfs sont attelés au char de la déesse Artémis (Diane), qui les dirige avec des rênes d'or. Sans doute doivent-ils ce privilège à leur agilité. Diane de Poitiers, souvent représentée en compagnie d'un cerf, avec une devise, qui pourrait être celle de la déesse chasseresse : quodcumque petit consquitur (elle obtient tout ce qu'elle désire).


Le cerf est souvent associé à la gazelle dans l'Ecriture Sainte. A propos de leur relation, Origène remarque que la gazelle possède un œil perçant et que le cerf est tueur de serpents et les fait sortir de leurs trous grâce au souffle de ses narines. Origène compare le Christ à une gazelle selon la theoria et à un cerf selon ses œuvres, la praxis (Homélie III sur le Cantique des Cantiques).

Chez les anciens Hébreux, le mot cerf 'ayyâl, dérive du terme 'ayil signifiant bélier ; le cerf est souvent considéré comme une sorte de grand bélier ou plutôt de bouc sauvage, d'où les diverses traductions de la Vulgate.

Le cerf symbolise la rapidité, les bonds. Quand il a soif et quand il cherche une compagne son appel rauque et sauvage apparaît irrésistible ; d'où sa comparaison avec le Christ appelant l'âme, et l'âme-épouse recherchant son époux. Le cerf symbolise aussi bien l'Époux divin, prompt et infatigable à la poursuite des âmes, ses épouses, que l'âme elle-même recherchant la source divine où se désaltérer.

Certaines œuvres d'art ont fait du cerf le symbole du tempérament mélancolique, en raison sans doute de son goût pour la solitude. On trouve parfois un cerf atteint d'une flèche, avec dans la bouche une herbe dont il attend la guérison. La légende nous laisse entendre que son mal est incurable, malum immedicabile. Il s'agit évidemment d'un mal d'amant, et la source est Ovide qui, dans ses Métamorphoses (I, 523), fait dire à Apollon, quand Daphné lui échappe : Malheur à moi, dont l'amour ne saurait être guéri par aucune herbe ).

Des écrivains et des artistes ont fait du cerf un symbole de prudence, parce qu'il fuit dans le sens du vent qui emporte son odeur, et qu'il reconnaît d'instinct les plantes médicinales. Symbole aussi d'ardeur sexuelle, il figure près du couple d'Aphrodite et d'Adonis, près de Suzanne au bain, épiée par les vieillards, etc. ; de l'ouïe parce que, les oreilles dressées, il ne peut être approché sans qu'il entende le bruit ; de la poésie lyrique, parce qu'il se trouve auprès de la muse Erato qu'il aime ; de la musique au point de se coucher pour l'écouter et parce que ses bois sont en forme de lyre.

Le cerf ailé peut signifier la promptitude dans l'action. Mais si l'on interprète l'image en fonction de la symbolique de l'aile, c'est toute la symbolique du cerf qui se trouve alors élevée au niveau de la spiritualité : la prudence du saint, l'ardeur à s'unir à Dieu, l'attention à la parole et au souffle de l'Esprit, la sensibilité à la présence de Dieu.

Souvent associé à la licorne, le cerf est le symbole du mercure philosophal. Une planche du chef-d'oeuvre de Lambsprinck (XIVème siècle), la pierre philosophale, nous montre les deux animaux face à face dans un sous-bois. Le poème accompagnant cette Troisième figure révèle que le cerf symbolise le Mercure (aspect masculin) et l'Esprit ; la licorne est le Soufre (aspect féminin) et l'âme, tandis que la forêt est le Sel et le corps."

 

Pour approfondir la question lire la thèse d'un ami de Pierre Bury.

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Pour Nicki Scully, auteure de Méditations de l'animal pouvoir, Voyages chamaniques avec les alliés esprits (1991 et 2001 pour l'édition originale ; Guy Trédaniel Éditeur, 2002),


"Ce voyage est une initiation, dédiée à la Déesse, car le Cerf sert la Déesse. Il est son époux, et il aide tous ceux qui travaillent avec elle. Il est l'énergie masculine positive, un puissant allié qui fournit une expérience exceptionnelle de ce que peut être la véritable énergie masculine. Cette initiation a pour effet de nourrir votre troisième chakra, le centre de votre pouvoir et volonté personnels.


Dans ce voyage, vous rencontrerez le visage changeant d'un cerf / homme, l'une des premières représentations du "Dieu Cornu", qui était l'époux de la Déesse. Le Cerf représente l'énergie masculine qui est en nous tous et qui nous aide à manifester ce dont nous avons besoin dans ce monde. Il est fréquemment considéré comme une source de fertilité et de pouvoir. L'arborescence de ses cornes peut aussi désigner l'association avec les esprits de la forêt.

Grâce au Cerf, vous ferez la connaissance des lignes de force. Ce sont les voies qui dorment le système des méridiens de notre planète, par lesquelles l'énergie passe dans le champ de la surface de la Terre. La plupart des lieux de pouvoir du monde se trouvent à l'intersection des lignes de force. Stonehenge en est un exemple évident, la Grande Pyramide aussi. Quand vous devenez conscient des lignes de force, vous obtenez la conscience de la polarité et des flux dans le système écologique, et vous pouvez aligner vos énergies personnelles pour travailler avec celles de la Terre. Vous pouvez voyager le long de ces lignes pour visiter n'importe quel centre de pouvoir de la planète.

Le système de grilles qui est créé à partir de lignes de force participe à l'intégrité de la Terre. L'un des dangers de la technologie industrielle, c'est que les extractions, les forages, créent des déséquilibres dans la grille, provoquant des altérations et des blocages dans les flux d'énergie de la Terre.

Quand vous voyagez avec le Cerf, vous avez l'occasion d'apporter équilibre et vitalité énergétique au système des méridiens de votre corps qui est un reflet du système des lignes de force de la Terre.


Le Voyage du Cerf fait partie des "Voyages d'éveil. Ces voyages éveillent votre potentiel pour une conscience étendue, ouvrent les portes pour laisser entrer une nouvelle compréhension dans votre conscience. Savourez ces moments, et continuez à pratiquer ces voyages comme des méditations, pour catalyser encore de l'action et de la croissance dans votre vie.


Voyage du Cerf


[Faites l'alchimie...]

Thoth se dresse dans la brume, un corbeau posé sur son épaule. L'oiseau vient se poser sur la vôtre, et vous sentez son poids et remarquez le noir luisant de ses plumes.

Un chemin sort de la brume qui s'ouvre devant vos pas. Vous le suivez, et vous tombez sur un portail rectangulaire. traversez-le, et descendez jusqu'à un cercle de grandes pierres. Certaines sont tombées et fendues, tandis que d'autres sont toujours dressées, mais très usées. Au centre du cercle, il y a une dalle plate avec un cercle dessiné dessus. Le corbeau quitte votre épaule et se pose sur une pierre. Il vous adresse un regard intense, sans ciller, et vous demande si vous êtes prêt, et désireux de recevoir cette initiation, qui sera pour l'interconnexion des grilles du monde, les lignes de force, et celles de votre corps, vos méridiens, ou lignes du chi.

Si votre cœur répond oui, détendez-vous et allongez-vous sur le dos, sur la pierre. (S'il répond non, revenez, et attendez pour faire ce voyage qu'il se sente en accord. Prenez le temps de parler à Thoth.) Le corbeau s'en va, aussi vous pouvez vous allonger sur le cercle. Vous sentez la présence de quelqu'un qui se tient derrière vous...

Il y a une légère pression, ou un léger contact, sur votre gorge, tandis qu'un morceau des bois du Cerf, de la forme d'un couteau, est posée en travers d'elle. Vous vous retrouvez en train de regarder le visage d'un homme compatissant. Il est un archétype de l'énergie masculine qui sert la Déesse. Tandis que vous scrutez son visage, celle-ci se métamorphose ; et vous cessez de voir l'homme incroyablement sage, savant et bon, pour regarder le visage primitif, impénétrable, animal, du Cerf.

Il vous aide à vous relever et vous montre à nouveau le cercle. Toutes les pierres sont maintenant dressées. Prenez le temps de faire l'expérience des flux d'énergie dans votre propre corps... [Pause] Regardez au-delà des pierres et sentez l'énergie vibrer le long des lignes, guérissant la terre et les gens... [Pause]

Le Cerf vous bénit pour votre engagement et vous emmène dans un autre voyage, parcourant les lignes de force jusqu'à un certain lieu de pouvoir. Ce peut être un temple ou une configuration naturelle spéciale. Vous entreprenez profondément ce voyage, qui est en vous-même, où vous voyez le reflet des méridiens de la Terre dans votre propre corps. Le corbeau est avec vous et le Cerf... [Longue pause]

Thoth vous rejoint quand le moment est venu. Discutez de votre expérience avec lui avant de revenir dans votre corps... [Veillez à vous enraciner et à vous centrer...]

Mot clef : Initiation aux lignes de force."

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Dans l'Antiquité, on pensait que le cerf, dédié à Diane (Artémis) vivait très longtemps : trente-cinq siècles selon le poète grec Hésiode ! Pline, qui attribuait cette extraordinaire longévité au fait que le cerf n'a pas de vésicule - par conséquent pas de fiel - , raconte que cent ans après la mort d'Alexandre on retrouva des cerfs, portant autour du cou des colliers que ce dernier leur avait attachés. Dans la forêt de Senlis, un cerf fut pris en 1307 dont le collier portait l'inscription suivante : Caesar hoc me donavit (C'est César qui me l'a donné). On calcula l'âge , vénérable, de cette bête qui aurait vécu déjà lors de la conquête des Gaules par Jules César (quarante ans avant Jésus-Christ), et qui aurait donc été de dix siècles et soixante-dix sept ans ! Aristote, plus raisonnable, comme plus tard Buffon et les naturalistes, définit la durée moyenne de vie des cerfs de trente à trente-six ans. Quoi qu'il en soit, à cause de sa longévité supposée, les Égyptiens en avaient fait l'emblème de la vieillesse et la mythologie un animal sacré lié au culte des morts et à la résurrection.

Grâce à ses bois, qui se régénèrent chaque année, ainsi que, croyait-on,

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :

C'est un animal mythique que l'on honorait surtout dans l'Antiquité, mais aussi au Moyen Âge, à une époque où pénétrer dans l'univers de la forêt, croiser ou chasser le cerf étaient encore de vraies aventures.

Aujourd'hui, il est toujours aussi rare de voir un cerf dans une forêt ou de l'entendre bramer, pour de tout autres raisons, hélas. Il n'en reste pas moins un animal mythique solaire assimilé à l'Arbre de Vie, le compagnon des dieux ou l'initiateur des hommes.

Symbole de puissance, de force spirituelle et de richesse matérielle, il apparaît dans un rêve comme un guide vous apportant une bonne nouvelle, un message, vous faisant l'annonce d'une naissance, d'une révélation, d'une prise de conscience, de l'irruption dans votre vie d'un être ou d'un événement exceptionnel."

 

D'après Madonna Gauding, auteure de Animaux de pouvoir, Guides, protecteurs et guérisseurs (Octopus Publishing Group, 2006, traduction française Éditions Véga, 2006) :


"Guide d'interprétation


En tant que symbole onirique : Innocence - Féminité - Gentillesse - Séduction - Amour - Compassion - Altruisme.


En tant que gardien ou protecteur : Protège à travers l'invisibilité - Garde les nouveaux-nés.


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En tant que guérisseur : Conseille des environnements paisibles - Encourage le renouvellement physique.


En tant qu'oracle ou augure : Fiez-vous à vos instincts - Laissez aller à la colère et l'hostilité.


Mythes et contes

Bouddha a donné son premier enseignement au Parc aux cerfs de Sarnath (Inde). Nombre de cultures anciennes identifiaient le cerf à la renaissance, car ses bois tombent pour repousser ensuite. Les Japonais tenaient le cerf pour un intermédiaire entre les humains et les dieux.

Si le cerf est votre animal de pouvoir

Vous êtes extrêmement sensible, vous notez chez les gens et dans l'environnement des changements très subtils invisibles pour les autres. Dans une relation, vous entendez les non-dits. La nature et la campagne vous plaisent plus que la vie citadine. Lorsque vous êtes confronté à un défi, vous vous fiez vos instincts et décidez rapidement de l'action appropriée. Par moments, vous utilisez la séduction et l'apparence pour atteindre vos objectifs. A nos meilleurs moments, vous vous reposez sur l'amour et la compassion.


Demandez au cerf de vous aider :

  • à avoir des manières et des mouvements gracieux et aimables ;

  • à confirmer votre nature sensible et le besoin de sensibilité dans les relations ;

  • à appliquer le pouvoir de l'amour au règlement des problèmes à la maison, au travail et dans la communauté.

Accéder au pouvoir du cerf en :

  • écoutant attentivement les conversations avec les amis et la famille ;

  • décorant votre maison dans des teintes naturelles et neutres.

Le cerf tend à se nourrir à l'aube et au crépuscule à la lisière des bois, où il se fond le mieux dans le paysage. Il voit extrêmement bien dans un faible éclairage. Lorsqu'une situation est compliquée, faites appel à lui pour "voir" la vérité.


Élément Terre."

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Pour Jacques Voisenet, auteur de "L’animal et la pensée médicale dans les textes du Haut Moyen Age." (paru dans la revue Rursus. Poiétique, réception et réécriture des textes antiques, 2006, n°1) :


Pour les soins contre les morsures de serpents, il évoque le cerf. « Personne n’ignore que les cerfs détruisent ces animaux et que, là où il s’en trouve, ils les tirent de leurs trous pour les manger. Or ce ne sont pas seulement les cerfs vivants qui combattent les serpents, mais aussi chacune de leurs parties prises à part. L’odeur de leurs cornes brûlées met, comme on l’a dit, ces reptiles en fuite ; on prétend d’autre part qu’ils se rassemblent lorsqu’on fait brûler les os du haut de la trachée du cerf. Se coucher sur des peaux de cerf procure un sommeil à l’abri de leurs attaques ; la présure du cerf prise dans du vinaigre guérit leurs morsures, et l’avoir seulement maniée en garantit pour la journée (…). Les serpents fuient même ceux qui portent seulement une dent de cet animal ou qui sont frottés de moelle ou de suif soit de cerf, soit de faon. Mais aux meilleurs remèdes on préfère la caillette d’un faon extrait du ventre de sa mère. On dit que le sang du cerf, brûlé sur du bois de lentisque en même temps que de la serpentaire, de la sarriette et de l’orcanette, rassemble les serpents ; mais ils se dispersent ensuite si, après avoir ôté ce sang, on ajoute du pyrèthre14 ». Au VIe siècle, Isidore de Séville rappelle cette inimitié : « Ennemis des serpents, quand ils se sentent incommodés par la maladie, ils les font sortir de leurs trous en soufflant par leurs naseaux et, sans souffrir de leur venin mortel, ils se guérissent en les dévorant15 ». Isidore reste assez laconique en se contentant de citer la principale particularité des cerfs que d’autres exploitent dans une optique toute autre. La capacité à se guérir lui-même et la clairvoyance du cerf ont alors servi le propos des clercs. Cette lutte revêt alors une véritable dimension salutaire, incarnant le combat du bien et du mal et montrant au croyant comment se guérir du mal suprême qu’est le péché. Le Physiologus, texte alexandrin du IIe siècle qui a connu un énorme succès au Moyen Age, présente les animaux sous trois plans : réel, allégorique et moral. Cette hostilité est montrée comme celle qui oppose le Christ–cerf au diable-serpent, modifiant le rôle de l’eau qui ne sert plus à étancher la soif du cervidé mais à faire sortir le reptile de son trou : “Il emplit sa bouche d’eau à la source et la rejette dans les fissures de la terre où se cache le serpent, il le fait sortir ; il le foule aux pieds et le tue. De la même façon Notre Seigneur extermina le grand diable serpent par l’eau céleste”16. De même pour Raban Maur, le cerf « aspire les serpents par les naseaux ; quand il les a dévoré, ébranlé par le venin bouillonnant, il se dépêche aussi vite qu’il le peut vers une source (… ). La belle comparaison entre le cerf et notre soif ardente nous pousse, lorsque nous aspirons le venin de l’antique serpent et que notre gorge brûle profondément, à nous hâter à la source de la divine miséricorde (…). Le cerf est, comme nous l’avons dit, vorace de serpents venimeux (…). C’est à bon escient qu’on le compare aux fidèles qui dévorent le diable quand ils changent la débauche en louanges et gloire du Seigneur ». Soutenu par l’imagerie biblique du cerf altéré qui recherche les sources18, l’animal devient donc pour le Moyen Age la figure du Christ, des apôtres, des prêtres ou des croyants qui luttent contre leurs propres vices ou contre Satan.

Animal salutaire, il sert alors, en conformité avec les recettes de Pline, à réaliser de multiples amulettes faites avec ses dents, ses os, sa corne, son cuir ou ses poils. Pour lutter contre les morsures on composait aussi des mélanges de graisse, de sang ou de moelle avec de la sarriette ou de l’estragon. Ces pratiques magico-médicales de l’Antiquité se maintiennent donc au Moyen Age tout en se christianisant. Elles préservent ceux qui y ont recours aussi bien du venin des serpents, de la mort physique que de la mort de l’âme. Pline recommandait de dormir sur une peau de cerf pour se prémunir des serpents, certains clercs se faisaient ensevelir dans une peau de cervidé pour assurer, par delà la mort, plus que la protection de leur dépouille, le salut de leur âme. Ainsi au XIIe siècle, Roger de Beaufort, le futur pape Clément VI, demande à ce que son cadavre soit cousu dans une peau de cerf. Les nombreux bijoux, bagues et fibules médiévales portant une image de cerf, se chargeaient probablement d’une fonction protectrice et apotropaïque (les clercs réclament fréquemment à ce qu’on remplace sur les vêtements et les bijoux les figures animales trop païennes – le serpent en particulier – par le cerf, la colombe, le poisson…). L’abbesse Hildegarde de Bingen (1098-1179), que l’on peut considérer comme la première zoologue du Moyen Age chrétien grâce à une observation véritable du monde animal dans les quatre livres de sa Physica, continue à véhiculer les remèdes de bonne femme rassemblés par Pline. Dans le Livre des subtilités des créatures divines, elle reprend le conseil de Pline sur les cornes de cerf brûlées : « Râpe la corne du cerf, ajoute de l’encens à ce que tu as râpé et brûle le tout : l’odeur chasse les esprits de l’air par la puissance que détiennent les cornes, tient en respect envoûtements et sorts, et chasse les mauvaises vermines ». Mais si ces remèdes, en particulier contre les morsures de serpents, se sont perpétués au Moyen Age, c’est parce que le cerf avait, dans le monde chrétien, une connotation symbolique positive. Les Psaumes louent sa course et sa fuite salutaires, sa recherche des lieux élevés, autant de comportements qui en font l’emblème du croyant prudent et avisé qui fuit le monde et ses tentations. Le cerf a donc continué à jouer un rôle éminemment protecteur, comme précieux instrument au service de la médecine des corps et de la médecine des âmes. La démarche curative lie de façon indissociable le plan physique et la sphère spirituelle. C’est parce qu’il y a eu conjonction, d’une part, entre la tradition scientifique antique et certaines croyances folkloriques et, d’autre part, l’imagerie biblique, que le cerf a pu ainsi maintenir sa position dans l’arsenal médical du Haut Moyen Age.

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Dans Rencontre avec votre animal totem (édition originale 2010, traduction française 2015), Phillip Kansa et Elke Kirchner nous proposent la fiche suivante sur le cerf :


"Caractéristiques positives : Force du mental et respect de soi - Trouver la bonne voie.


En quoi cet animal m'aide : Le cerf t'aide à renforcer ton estime de toi. Il te montre que "c'est dans le calme que réside la force", et il te relie à ton intuition. Il t'aide à rester sur la bonne voie et te montre que tu peux assumer seul la responsabilité de ta vie et que tu n'es pas obligé de suivre l'avis des autres.


Comment le cerf me protège : Le cerf t'empêche de de considérer l'avis des autres comme plus important que toi-même. Il t'incite à rester sur ta propre voie et à faire confiance à ton intuition. Sous sa protection, tu trouves ton calme et ta force, et tu parviens à les préserver. Le cerf t'aide à suivre tes impulsions intérieures.


Exercice pour me relier à cet animal : Imagine que tu es dans une clairière entourée d'arbres somptueux. Tu te délectes de ce paysage. Maintenant, demande à ton cerf de se montrer à toi. Après quelques instants, tu entends des bruits et sais que ton cerf approche. Le voilà, debout, dans la clairière. Il est grand, puissant et majestueux. Tu entends une voix intérieure qui te dit : "N'aies pas peur ! Ma force et mon endurance t'appartiennent. Connecte-toi à moi et tu le sentiras." Invoque à présent ce lien et observe comme tu deviens calme. C'est comme si tu grandissais. Ton dos se redresse et tu adoptes intérieurement une posture plus affirmée. Tu es en accord avec toi-même et tu es très confiant, calme et solide. Si tu le souhaites, tu peux interroger ta voix intérieure quant à la prochaine étape que tu devras suivre. Le cerf te regarde et quitte lentement la clairière. Tu sais qu'à chaque fois que tu as besoin de sa force, tu peux revenir dans ce lieu et y retrouver ton cerf."

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Selon Annie Pazzogna, auteure de Totem, Animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens des Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012, 2015), dans le cercle des animaux, le Cerf (Tahca) fait partie, au même titre que l'Aigle, le Faucon, le Porc-épic, le Papillon, l'Antilope, le Puma, le Lynx et le Dindon, des Animaux qui se situent à l'Est, symbolisé par le jaune, le Grand-Père Soleil, l'élément feu et le spirituel.


Mots-clés : "(en négatif) : Destructeur

(en positif) : Fécondité - Fertilité - Guide du monde souterrain - Connaissance.


Vif, altier, rapide, indépendant, il connaît les plantes, mange les jeunes pousses, les baies, les écorces. il est la fécondité, la fertilité. Chaque aube le voit transfiguré par le Soleil renaissant. Tahca est donc lié à l'Arbre de Vie, à la lumière, à la purification. Symbole solaire, il peut être aussi un guide dans le monde souterrain où il est un phare de l'inconscient.

Le brame de Tahca ferait naître le Vent. Ses bois reçoivent la foudre régénérante qui est connaissance ; ils ornent le chef des hommes médecine, des chamanes. Ils tombent chaque année et repoussent avec un andouiller de plus. Les mâles vivent en petit groupe sous l'autorité d'un ancien, alors que la harde est constituée d'une dizaine de biches et de jeunes. Ils se rapprochent à la fin de l'été pour le rut.

La peau de Cerf confectionne les chemises, les robes et les mocassins ; ses ongles des hochets pour les enfants, des "sonnailles" pour la danse ; ses chevilles pour des bilboquets ....

Les bois recourbés de Cerf de Virginie servaient autrefois à transporter les pierres brûlantes dans la Hutte à Sudation.

Cerf est un grand amoureux ainsi qu'Élan. Aux temps anciens, les membres de sa société se servaient d'une toile d'araignée confectionnée avec des tendons, fixée au centre d'un cercle de bois pour "attraper" le regard de la femme convoitée qui ne pouvait que lui apporter son cœur... Plus tard, ils utilisèrent un miroir. Ils usaient aussi de la flûte d'amour.

Si la Biche est la grâce et la douceur féminine, elle peut apparaître en tant que belle jeune femme qui, rejoignant des danseuses, ne cessera de fixer les hommes. Elle invitera l'élu, même s'il est marié, et l'entraînera dans les fourrés. Au matin, il sera découvert défiguré, piétiné par de petits sabots. Lors des danses traditionnelles, le seul moyen d'échapper à la Femme-Biche est de regarder les pieds d'une femme et non ses yeux... Elle peut aussi subjuguer les jeunes filles en leur promettant monts et merveilles. Femme-Biche n'est autre qu'Anogite, belle d'un côté, laide de l'autre.

Cette légende indique aux jeunes gens que la droiture est somme toute garante de la vie."

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Pour David Carson, auteur de Communiquer avec les animaux totems, puisez dans les qualités animales une aide et une inspiration au quotidien (Watkins Publishing, 2011 ; traduction française Éditions Véga, 2011),


Le cerf appartient à la famille de la Beauté intérieure, au même titre que la colombe, l'abeille, la gazelle, le renard, la baleine, le cygne, le panda géant, la vache, l'oiseau-tonnerre, la cigogne, le colibri, la panthère, la licorne et le dauphin.


"Beauté intérieure : Certains animaux ont un lien évident à l'élégance - c'est le cas de la colombe et de la gazelle par exemple, qui ouvrent ce chapitre. La ruche d'abeilles est une image harmonieuse de coopération humaine, et le miel symbolise la substance spirituelle. Le chant des baleines, le vol majestueux du cygne, la nature insaisissable de la panthère des neiges, l'éclat du colibri, l'esprit joueur du dauphin - tous ces animaux se rangent harmonieusement aux côtés de la colombe et de la gazelle. D'autres créatures compensent leur manque de grâce par leur caractère et leur symbolisme. Le renard vous est présenté pour son esprit vif et astucieux ; la vache, pour sa pureté ordinaire et sa douceur, tandis que le panda est une incarnation graphique du yin et du yang. en nous aidant à développer notre potentiel, tous les animaux, même le plus roublard, le plus nonchalant, ou le plus comique d'apparence, peuvent contribuer à notre beauté intérieure.

[...]

Les cerfs sont des ongulés, c'est-à-dire qu'ils possèdent des sabots, et dans leur cas, des sabots fendus, comme ceux des cochons et des moutons. Placés de chaque côté de la tête, les yeux du cerf lui confèrent une vue 300°. Il est doué d'une excellente vision nocturne, bien qu'il soit daltonien, ne distinguant que le jaune et le bleu. Son ouïe est très fine et peut capter des fréquences bine plus aiguës que l'oreille humaine. Il se tient parfaitement immobile, mais ses oreilles se tournent dans la direction du moindre frémissement.

Les anciens chamans étaient entourés d''esprits-cerfs, messagers et aides, qui leur fournissaient des explications et tout autre communication claire en provenance du monde surnaturel. L'esprit-cerf n'est gêné ni par le temps ni par la distance, et ses chamans ont le pouvoir d'entendre et de communiquer des messages venant d'autres dimensions. Ils captent les voix des êtres désincarnés, un être cher disparu par exemple, ou un proche parent - et même les esprits des enfants à naître. Ceux qui ont le cerf pour animal spirituel possèdent des aptitudes précognitives et peuvent mystérieusement prédire, avec grande exactitude et jusque dans les moindres détails, des événements futurs.

Si le cerf est votre compagnon spirituel, vous avez une nature calme, douce et silencieuse. Cet animal a une personnalité pacifiste, accommodante et prompte à fuir toute situation dérangeante ou menaçante. Doué d'un esprit-cerf, vous êtes sensible aux besoins des autres ; écoutez toujours votre totem. Cet animal est unique, dans le sens où il possède des bois qu'on ne trouve que chez le mâle - leur texture représentant le tissu animal dont la croissance est la plus rapide. Chaque année, cet ongulé se dépouille de ses bois pour en fabriquer de nouveaux. Dans certaines traditions amérindiennes, les cervidés sont considérés comme des antennes, capables de capter des intelligences inter-dimensionnelles et des communications de formes de vies plus élevées. On dit que le cerf est un messager de l'esprit et transmet des signaux de sources surnaturelles


Mot-clé : Messager de l'esprit.


Le mudra cerf

Le mudra cerf est un moyen d'utiliser vos doigts pour aider la respiration pranayama, ou contrôle respiratoire yogique. Utilisez-le comme prélude à la méditation. Mains jointes et doigts étendus, imitez la forme de la tête du cerf et des bois. Goûtez aux respirations profondes et purifiantes du pranayama. Traditionnellement, cet exercice utilise la main droite, mais si cela vous est plus commode, faites-le avec la main gauche.

  1. Fermez votre main droite en un poing. Pressez fermement l'index et le majeur à l'intérieur de la base du pouce.

  2. Étendez annulaire et auriculaire. Pressez la pulpe de l'annulaire pour l'ancrer derrière l'ongle du petit doigt. "Fusionnez" ces deux doigts, pour qu'ils ne fassent qu'un.

  3. Amenez votre main vers le nez, gardant la tête droite, regardant devant vous. Ne bougez pas les épaules. Rentrez légèrement votre coude droit sur le côté.

  4. Bouchez votre narine droite avec l'extrémité de votre pouce et inspirez lentement par la narine gauche. Puis bouchez votre narine gauche avec l'extrémité de votre annulaire, combiné à l’auriculaire, et expirez par la narine droite.

  5. Répétez cette action deux ou trois fois, puis quittez ce mudra.

Danses du cerf

Le cerf est une force constante de la nature et un pouvoir spirituel essentiel, honoré dans des rituels et des cérémonies. On pratique des danses du cerf depuis l'Alaska et le Canada jusqu'en Amérique du Sud. Dans des des styles très variés, des tribus indigènes pratiquent toujours les danses du cerf à queue noire, danses du faon, danses du petit cerf et bien d'autres danses liées à l'animal. Les danseurs portent des costumes le représentant, certains arborant même des têtes de cerfs ou des bois. Les danseurs cerf et antilope utilisent deux cannes pour simuler la démarche de ces créatures quadrupèdes. Connectez-vous au cerf, et dansez."

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Dans son jeu de carte L'Oracle du peuple animal (Guy Trédaniel Éditeur, 2016), Arnaud Riou regroupe les animaux par famille. Le cerf appartient selon lui à la famille de la posture avec la tortue, le taureau, l'araignée, l'aigle, la baleine, le lion, le cygne, le gecko et le sanglier.


"La posture. Les animaux en lien avec la famille de la posture vous invitent avant tout à vous aligner à vos valeurs. Lorsque nous ne sommes pas alignés, nos actions sont impulsives, réactives et émergent de la partie la plus superficielle de notre ego. Il est nécessaire alors de nous centrer, de nous relier à notre colonne vertébrale, à nos valeurs, à la profondeur de notre être. Les animaux de cette famille nous aident à mieux nous aligner pour nous retrouver.

[...]

Nous cherchons tous à trouver notre place sur la Terre, à donner du sens à notre existence, à être utiles, à trouver notre voie. Nous avons besoin de vivre une vie pleine de réalisations matérielles et spirituelles, nous avons besoin d'entretenir des relations sereines et constructives. Nous avons besoin de voyager, de nous développer, d'évoluer. Pour suivre notre route, nous sommes amenés à choisir, à nous engager, à décider. Parfois, nous manquons de critères pour faire les bons choix.

Les animaux ne se projettent pas comme les humains en permanence. Ils n'ont pas un tempérament à calculer, à imaginer ce que la vie leur réserve. Les animaux s'occupent avant tout de leur posture. Ils n'anticipent pas plusieurs jours à l'avance les rencontres qu'ils aimeraient faire, la forme qu'ils aimeraient donner à leur prochain nid ou la personnalité de leurs prochains enfants. Ils ne se demandent pas pendant des heures la façon dont ils aimeraient aborder tel partenaire. Ils se contentent d'aligner leur posture à leur véritable nature et d'agir naturellement.

Aligner sa posture, c'est habiter son corps, respirer profondément. C'est être présent à son cœur, le laisser résonner sans effort, être ouvert, c'est ouvrir son esprit à l'inconnu. C'est s'aligner sur ses valeurs. Ecouter la façon dont notre corps réagit à tout nouveau choix, nouvelle direction, nouvel engagement. Lorsque nous sommes alignés dans une posture juste, nous n'hésitons plus au moment de choisir : les bonnes directions nous apparaissent spontanément et sans effort. Nous rencontrons facilement les bonnes personnes avec qui nous allons réaliser des projets fructueux. C'est à cet alignement que les animaux de la posture vont nous accompagner.


Le monde attend que tu lui offres ta beauté, ta grandeur et ta dignité.

C'est ainsi que tu célébreras sur la Terre la beauté du monde.

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Nous sommes aux premières heures du jour dans un environnement de forêt automnale. Les feuilles des arbres rouille, beiges, brunes, forment un épais tapis dans la clairière. Des rais de lumière traversent la brume, filtrent à travers les arbres et viennent éclairer le sol. Un Cerf est au centre de la carte. Majestueux. Nous sommes dans la période du brame. C'est le temps du rut. Il s'agit d'un mâle adulte. Ses bois sont à leur apogée, larges et imposants.

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Le Cerf incarne l'équilibre entre la puissance et l'élégance. C'est un animal viril qui vit dans la harde. Toutefois, s'il supervise et protège, il s'écarte régulièrement dans l'année pour retrouver de petits groupes de mâles. C'est alors une vieille biche qui prend la responsabilité de la harde, en assure la protection et l'éducation des enfants.

La réputation du Cerf s'assoit surtout au milieu de l'automne, dans la période de brame. C'est là que le grand mâle est concentré sur le rut. Le Cerf veille sur sa harde et féconde les biches en âge de l'être. Les plus jeunes individus, les plus courageux s'approchent des groupes constitués pour conquérir des femelles que les vieux Cerfs ne peuvent plus protéger. C'est une période où la suprématie de chacun se réajuste. c'est la période du brame, où alternent des postures d'intimidation et des combats violents. S'ils ne combattent pas à mort, il arrive toutefois que l'un des deux Cerfs meure d'épuisement ou que les deux mâles entrechoquent tant leurs bois que ceux-ci restent dangereusement coincés...

C'est par sa puissance et son élégance, par le mystère de ses bois semblables à des branches vivantes que le Cerf est reconnu comme le plus noble des animaux de la forêt. Ses bois comme une couronne affirment son titre de souverain. Symboliquement, depuis le Moyen Âge, il est associé au Christ et à la résurrection.

Les bois du Cerf tombent chaque année et repoussent l'année suivante. Comme pour rappeler le cycle de l'éternité. Tout n'est que mort et renaissance. C'est pourquoi chez les Celtes déjà, le Cerf symbolisait la renaissance et le pouvoir de la vie. La puissance du Roi de la forêt s'appuie sur le cycle du mouvement pour asseoir son autorité. La force intense du Cerf est une éternelle résurrection. Pendant des siècles, seule la famille royale pouvait chasser ce grand gibier et la consommation de sa viande était réservée au roi. La peine de mort était appliquée aux braconniers du Cerf.

Mi-bête, mi-forêt d'après Ronsard, capable de magnifier et d'affirmer la virilité et la force obscure du masculin, le Cerf impose le respect à tous. Les récits médiévaux font une place du choix au Cerf dans l'arche de Noé. Il est également présent dans les grottes de Lascaux comme dans des dorures royales.


Lorsque le Cerf vous apparaît dans le tirage, il vient vous interroger sur l'équilibre de vos choix, sur l'affirmation et sur le courage de votre posture. Le Cerf peut vous accompagner lorsque vous avez du mal à tenir une position ou à affirmer un choix. Il vient vous inspirer la puissance nécessaire pour marquer votre territoire avec détermination et élégance. Car tout dans le Cerf nous invite à l'élégance, à la beauté, à la grandeur d'âme. Le Cerf vous invite à vous relier à votre destin supérieur. Le Cerf est le compagnon des rois et du Christ lui-même. C'est un guide d'âmes. Merlin monte sur son dos et Perceval le suit dans sa quête. Vous pouvez faire appel à lui pour puiser les ressources de la renaissance et de la libre circulation de l'énergie vitale.


Mots-clés : La transformation - L'élégance - Le territoire - la réputation - Le positionnement - La beauté - La renaissance - La puissance.


Signification renversée : Lorsque le Cerf apparaît à l'envers, c'est pour vous interroger sur votre énergie vitale. Peut-être êtes-vous actuellement fatigué, peut-être votre énergie sexuelle circule-t-elle de façon chaotique. Le Cerf retourné vous invite à vous concentrer sur votre quête. Êtes-vous réellement au service de la plus belle partie de votre être ? Agissez-vous en réaction à ce qu'on dit de vous ? Vous sentez-vous libre du regard de l'autre ? Le Cerf renversé vous interroge également sur votre combativité. Êtes-vous réactif ? Pouvez-vous dompter votre émotivité et votre puissance


Le message du Cerf : Je suis le Cerf. Je suis le roi des animaux. J'incarne la majesté, la beauté et la grandeur. Je suis l'animal des rois et des dieux. J'accompagne chacun vers la noblesse de son cœur. Je viens t'accompagner dans ton projet. Je peux t'aider à affirmer tes valeurs. Pose la main sur ton cœur. Relie-toi à la partie le plus noble de ton être. Relie-toi à ton âme, à ta source, à tout ce qui te grandit et t'élève. Respire profondément et regarde au lointain. Tout ce à quoi tu aspires est à ta portée. La grandeur de ton projet n'a pas de secret pour moi. Je ne connais pas de limites. Il te suffit de te répéter que tu es capable, que tu es digne de recevoir et que tu mérites le succès auquel tu aspires. Alors, les épreuves de ton chemin te permettront de révéler ta force et progressivement, tu seras maître en ton royaume sur la terre comme au ciel.


Le rituel du Cerf : Je rends hommage au deva du grand Cerf, Maître de la Forêt. Je prends refuge en la beauté, en la grandeur et en la puissance des forces de l'amour. Aujourd'hui, en présence de l'esprit du roi de la forêt, je m'autorise à vivre pleinement mon projet d'incarnation. Sur un cahier, j'écris la vie telle que j'aimerais la vivre dans les meilleures conditions. Je rédige en détail l'existence à laquelle j'aspire, d'un point de vue professionnel, sentimental, relationnel ? Je choisis ce qui est le meilleur pour moi. Je reconnais ma valeur. Je visualise le Cerf à mes côtés. Il vient m'inspirer, m'encourager à oser être et affirmer que je mérite le meilleur."

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Cerf est défini par les caractéristiques suivantes :


Traits : Le cerf symbolise une nature douce, sensible, une orientation peu claire et le sens du sacrifice. Il y a de la beauté et de l'émerveillement dans cette créature agile. Le cerf vous connecte au but de votre âme. C'est une période d'éveil, de réalisation de votre être véritable et du chemin que vous devez prendre dans cette existence. Le cerf vous invite à être conscient et vigilant, concentré et observateur. Ses grands yeux vous rappellent que le regard est véritablement la fenêtre de l'âme. Regardez à l'intérieur de vous pour voir la merveille que vous êtes.

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Talents : Beauté ; Calme ; Compassionnel ; Délicat ; Empathique ; Doux, Gracieux ; Gratitude ; Humble ; Intuitif ; Nourrit les autres ; Paisible ; Sent rapidement le danger ; Sensible ; Sérénité ; Rapide ; Plein de tact.


Défis : Peureux ; Inconsistant - Nerveux ; Trop sensible ; Solitaire ; Réservé ; Timide.


Élément : Terre.


Couleurs primaires : Brun - Blanc.


Apparitions : Le cerf signifie que vous préférez une vie simple pleine de quiétude et de paix. Vous devenez extrêmement stressé dans les environnements trépidants. Avoir à travailler dans un milieu extrêmement compétitif et agité peut tout simplement vous faire fuir et chercher du coup un autre travail. Vous préféreriez rester dans les coulisses, hors des feux de la rampe, mais votre beauté, votre grâce et votre nature compassionnelle vous amènent à être régulièrement en première ligne. Le cerf vous alerte sur les dangers, les personnes agressives ou les situations négatives, et il vous conseille de vous en éloigner. Lorsque le cerf croise votre chemin, c'est le signe que vous devez réévaluer vos sentiments. Faites-vous confiance à votre instinct viscéral comme vous le devriez ou bien l'ignorez-vous ? Êtes-vous trop sensible, gardez-vous rancune, êtes-vous quelqu'un qui juge ou quelqu'un de trop peureux ? Il est temps à présent de changer cela si vous vous reconnaissez dans l'une de ces attitudes. Laissez le cerf vous montrer un chemin calme et paisible où vous pourrez transformer tout ce qui est négatif en positif. Le cerf signifie que des occasions vont se présenter à vous : cette fois-ci, au lieu de refuser comme vous le faites habituellement, dites oui. Sortez de votre zone de confort pour avoir le plaisir d'une expérience fantastique. Choisissez de vivre véritablement.


Aide : Le cerf peut vous aider lorsque vous avez besoin d'agir de façon concentrée, rapide et avec détermination. Si vous avez vécu un échec, le cerf peut vous inspirer et vous motiver en vous montrant la beauté et la joie. Vous avez une affinité avec les lieux en plein air. Le voyage et l'aventure vous appellent. Le cerf peut vous aider à apprécier ces choses à un niveau profond. Il peut vous montrer les pâtures les plus vertes et vous aider à découvrir les dons qui sont en vous. Si vous avez des problèmes de stress ou êtes inquiet, le cerf peut vous aider à trouver le calme et la paix. Si vous avez tendance à faire une montagne d'une taupinière, le cerf peut vous aider à garder les choses dans leur simplicité. Le cerf vient vous rappeler que le but de votre existence est de reconnaître et de vivre la vérité simple de votre âme. Pour cela vous devez être fort et authentique. Vivez, aimez et riez avec une humble gratitude pour tout.


Fréquence : La fréquence du cerf est puissante, tranquille et forte. Elle donne la sensation d'avoir des bandelettes qui vous tiennent fermement à la terre mais qui, à tout moment, peuvent se relâcher pour vous envoyer bondir, comme aéroporté d'un endroit à l'autre. Elle a le son du silence, immense dans sa vastitude


Voir aussi : Jackalope (mélange de lièvre et d'antilope) ; Cerf blanc.

Imaginez...

C'est le crépuscule, et vous rentrez de votre travail en voiture lorsqu'un cerf errant sur la route apparaît un peu plus loin devant vous. Il s'arrête au beau milieu de la route. Vous vous arrêtez, allumez vos feux de signalisation et attendez que le cerf traverse. Mais, au lieu de cela, il se dirige vers votre voiture, attiré par la brillance de vos phares avant. Vous mettez vos phares en veilleuse et attendez. Le cerf ne bouge toujours pas, il attend simplement en vous observant. Et soudain, il bondit pour traverser la route. Vous commencez à avancer mais vous remarquez des mouvements sur le côté, aussi vous vous arrêtez à nouveau. Émerveillé, vous observez un cerf après l'autre traversant la route... Leur beauté et leur grâce vous remplissent d'un sentiment d'admiration. Vous comptez huit cerfs au total. Et, juste au moment où vous pensez que la voie est libre vous voyez un magnifique mâle qui s'avance majestueusement. Vous ne pouvez croire au pouvoir et à la force qui irradient de sa noble présence ! Il regarde vers vous, puis traverse la route et disparaît dans les bois, de l'autre côté.

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Jean Rouaud, dans La Splendeur escamotée de frère Cheval ou Le secret des grottes ornées (Editions Grasset, 2018), cherche à comprendre la pensée paléolithique à travers les traces laissées notamment dans la pierre. Ainsi nous décrit-il l'os gravé de Chaffaud sur lequel figurent des poissons et des cerfs :


"Autre indication de temps, la tête retournée du cerf qui brame pour appeler son faon à la traîne. Le faon né en juin a quelques mois, il faut qu'il se dépêche s'il ne veut pas être pris pour l'hiver, ce que sa mère lui rappelle. Ce qui se lit très bien, et nul besoin d'inventer, comme le dit la légende du bâton gravé de Lorter, que "des cerfs traversent une rivière où nagent des saumons". Des cerfs entre les pattes desquels circulent des saumons, notre imaginaire est tellement appauvri par la lecture littérale du réel qu'il ne peut imaginer rien d'autre qu'une scène champêtre, ce qui nous montre aussi à quel point nous sommes prisonniers de la "chambre forte". Entre le concept et le matérialisme il y a la poésie, qui est cette pensée projetée du bois gravé de Lorter. La poésie, qui est connaissance du monde.

[...]

Du temps, nos ancêtres en avaient à revendre. Plus de vingt-cinq mille ans pour les regarder pousser, ces "bois" et noter chaque étape de leur développement. Sans cette attention minutieuse la coiffe des cervidés ne porterait pas autant de noms pour marquer les étapes de sa croissance : dague, merrain, andouiller, surandouiller, trochure, enfourchure, époi, perche, empaumure. C'est cette attention les concernant qui a traversé le temps, lequel s'est chargé au passage des inventions langagières.

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Littérature :


Dans le roman policier Dans les Bois éternels (Éditions Viviane Hamy, 2006), Fred Vargas fait revenir le commissaire Adamsberg à Paris, après un intermède pyrénéen destiné à le remettre de ses aventures québécoises, pour le renvoyer aussitôt en Normandie...


"- Pourquoi est-ce de la merde ? demanda Adamsberg en désignant les bois accrochés au-dessus de la porte.

- Parce que c'est du bois de chute. C'est bon pour la décoration, pour faire le fier. Va jeter un œil si tu ne me crois pas. On voit la meule à la base de l'os.

- C'est de l'os ?

- T'y connais vraiment rien, toi, dit tristement Alphonse, semblant regretter qu'Angelbert ait introduit cet ignare dans la troupe.

- C'est de l'os, confirma le vieux. C'est le crâne de la bête qui pousse au-dehors. Y a que les cervidés qui font ça.

- Tu te figures si nos crânes poussaient au-dehors ? dit Robert, un instant rêveur.

- Avec les idées dessus ? dit Oswald avec un mince sourire.

- Ben avec toi, ça pèserait pas lourd. [...]

Angelbert se redressa, comme chassant des souvenirs.

- Explique-lui, dit-il en faisant un signe à Hilaire, puis en tapant du doigt sur la photo du cerf éventré.

- Le cerf mâle, il perd ses bois tous les ans.

- Pour quoi faire ?

- Parce que ça le gêne. Il porte les bois pour combattre, pour gagner les femelles. Quand c'est fini, ça tombe.

- Dommage, dit Adamsberg. C'est beau.

- Comme tout ce qui est beau, dit Angelbert, c'est compliqué. Comprends que c'est lourd et que ça se prend dans les branches. Après la bagarre, ça dégringole tout seul.

- Comme on pose l'artillerie, si tu préfères. il a les femmes, il lâche les armes.

- C'est compliqué, les femmes, dit Robert, suivant toujours son idée.

- Mais c'est beau.

- C'est bien ce que je disais, souffla le vieux. Plus c'est beau, plus c'est compliqué. On ne peut pas tout comprendre.

- Non, dit Adamsberg.

- Va savoir.

Quatre des hommes avalèrent une gorgée en même temps, sans se concerter.

- Ça tombe, et c'est le bois de chute, reprit Hilaire. Tu le cueilles dans la forêt comme du champignon. Au lieu que le bois de massacre, tu le coupes sur la bête que t'as chassée. Tu suis ? C'est du vif.

[...]

Une heure plus tard ils examinaient le théâtre du meurtre. Face à l'animal qui gisait sur le sentier, Adamsberg mesura à sa juste proportion la vraie douleur des hommes. Oswald et Robert baissaient la tête, choqués. C'était une bête, c'était un cerf, mais c'était aussi pure sauvagerie et massacre de beauté.

- Un mâle splendide, dit Robert avec effort. Qui n'avait pas encore tout donné.

- Il avait sa harde, expliqua Oswald. Cinq femelles. Six combats l'année dernière. Je peux te dire, Béarnais, qu'un cerf comme ça, qui luttait comme un seigneur, il aurait encore gardé ses femmes quatre ou cinq ans avant qu'on le détrône. Pas un gars d'ici n'aurait tiré sur le Grand Roussin. Il faisait des petits vaillants, tu voyais ça tout de suite.

- Il avait trois plaques rousses sur le flanc droit, et deux sur le gauche

Un frère, au fond, à tout le moins un cousin remué, pensa Veyrenc en croisant les bras. Robert s'agenouilla auprès du grand corps, et caressa son pelage. Dans la nuit de ce bois, sous la pluie continue, en compagnie de ces hommes mal rasés, Adamsberg devait faire un effort pour se convaincre qu'ailleurs, au même moment, des voitures roulaient dans des villes, des téléviseurs fonctionnaient. Les temps préhistoriques de Mathias se déroulaient sous ses yeux, intacts. Il n'arrivait plus à savoir si le Grand Roussin était un simple cerf, ou bien un homme, ou bien une force divine abattue, volée, pillée. Un cerf qu'on peindrait sur les parois d'une grotte pour se souvenir de l'honorer.

[...]

- Une croix qui vit dans un corps qui représente l'éternel, énonça Adamsberg, en détachant bien les mots. Un corps avec du bois.

- Au Moyen Âge, murmura Danglard, l'animal qui symbolise l'éternité est le cerf.

Adamsberg, qui n'était pas jusqu'ici tout à fait sûr de lui, sourit à son adjoint.

- Et pourquoi, capitaine ?

- Parce que les grands bois des mâles s'élancent vers le ciel. Parce que ces bois meurent, tombent, mais repoussent tous les ans comme les feuilles des arbres, avec une pointe supplémentaire, plus puissants d'année en année. Phénomène stupéfiant, associé à la pulsion vitale de l'animal. on le considérait comme une représentation de la vie éternelle, toujours recommencée, toujours grandie, à l'image de ses bois. On le représentait parfois avec le Christ sur le front, en cerf crucifère.

- Dont les bois poussent sur le crâne, dit Adamsberg. Comme les cheveux.

Le commissaire passa sa main dans les jeunes herbes.

- C'est cela, dit-il, le bois de l'éternel. C'est le bois du cerf.

- Il faut en ajouter dans la mixture ?

- Si c'était le cas, il nous manquerait alors la croix. Et chaque mot de la recette compte, on l'a déjà dit. La croix qui vit dans le bois éternel. Cette croix, c'est donc la croix du cerf. Elle est en os, comme les bois, matière incorruptible.

- Peut-être l'empaumure au bout des bois, dit Voisenet. Ou la chevillure, qui forme un angle dans l'axe du bois.

- Je ne trouve pas que les bois de cerf aient l'air de former une croix, dit Froissy.

- Non, dit Adamsberg. Je pense que la croix est ailleurs. Je crois qu'il faut chercher un os secret, comme l'os du chat. L'os pénien interne concentre le mâle principe. Il nous faut trouver la même chose chez le cerf. un os, en forme de croix, qui résumerait le principe d'éternité du cerf, enfoui dans son corps. Un os qui vit.

Adamsberg regarda tout à tour ses adjoints, attendant leurs réponses.

- Je ne vois pas, dit Voisenet.

- Je crois, reprit Adamsberg, qu'on trouvera cet os dans le cœur du cerf. Le cœur est le symbole de la vie qui bat. Une croix qui vit, une croix en os dans le cœur du cerf aux bois éternels.

Voisenet tourna la tête vers Adamsberg.

- Certes, commissaire, dit-il. Le seul problème, c'est qu'il n'a pas d'os dans le cœur du cerf. Ni du cerf ni de personne d'autre. Ni en croix, ni en long ni en large.

- ll faut qu'il y ait quelque chose, Voisenet. [...]

- C'est l'inverse, commissaire, insista Voisenet. Il n'y a pas d'os dans le cœur. Et il faut s'adapter à cette vérité en conséquence.

- Voisenet, il y en aura un, ou plus rien n'a de sens. Et s'il y en a un, il nous reste à guetter le prochain abattage d'un cerf. La troisième vierge que l'infirmière a choisie sera dans son immédiate proximité. La croix du cœur doit être le plus près possible du vif de la pucelle. Adjacente en quantité pareille. Cela ne veut pas dire "adjointe" en même quantité, cela a à voir avec le lieu.

- Adjacente, dit Danglard, signifie "qui gît à côté", "qui est posé contre".

- Merci, Danglard. Il est assez naturel que la pucelle doive vivre contre le cerf. Essences femelle et mâle accouplées, donnant naissance à la vie, et ici à la vie éternelle. Quand on aura le cœur du prochain cerf, on aura le nom de la vierge, parmi toutes celles que vous avez relevées.

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