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Le Rat




Étymologie :


  • RAT, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 « nom usuel de nombreux mammifères rongeurs » (Rois, éd. E. Curtius, p. 13) ; b) 1606 rat d'eau (Nicot) ; 1668 rat des champs (La Fontaine, Fables, livre I, IX) ; 1725 rat musqué (Mém. Ac. des sciences, p. 323 ds Valm. t. 5, p. 286) ; c) 1808 mon rat « terme d'affection donné à un jeune homme, une jeune fille » (Hautel) ; 1846 « homme avare » (Balzac, Cous. Bette, p. 383) ; 2. a) 1541 être comme rats en paille (Calvin, Sermon sur Job, 29 ds Hug.) ; b) 1651 prendre un rat « ne pas partir (d'une arme à feu) » (J. Loret, La Muse historique, 10 déc., vol. 1, 186 ds Quem. DDL t. 7) ; c) 1725 être pris comme un rat (Grandval, Vice puni, 47) ; 1918 être fait comme un rat (Dauzat, Arg. guerre, p. 260) ; 3. a) 1649 rat de cave « sobriquet des commis des impôts » (Choix de mazarinades, I, 131-2 ds Quem. DDL t. 19) ; b) 1718 avoir des rats « avoir l'esprit folâtre, étourdi » (Le Roux) ; c) 1725 « jeune élève de la classe de danse de l'Opéra et figurante » (Momus exilé ds Quem. DDL t. 15) ; d) 1773 rat d'église « personne bigote » (D'Alembert, Lettre à Voltaire ds Littré) ; 1869 id. « bedeau, suisse » (Littré) ; e) 1821 « voleur » (Ansiaume, Arg. bagne Brest, f° 14 v o, § 413) ; 1836 rats d'auberge (Vidocq, Voleurs, t. 2, p. 50) ; 1907 rat d'hôtel (Nouv. Lar. ill. Suppl.) ; 4. 1554 « nom usuel des poissons du genre uranoscope » (Rondelet, Libri de piscibus, p. 306). Prob. d'un rad. expr. ratt-, né de l'imitation que fait l'animal en grignotant (v. FEW t. 10, p. 125-126).


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.




Zoologie :


Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"De tous les mammifères, le rat est celui qui nous dégoûte le plus, sauf s'il est en cuisine dans un dessin animé.... Et comme la souris sa cousine, il rebute. Rien à voir avec les charmants Mickey ou Jerry. Car cet animal diabolique attaque nos garde-manger, sectionne nos câbles électriques, et peut transmettre de graves maladies. pourtant il faut lui reconnaître quelques talents : créativité, ingéniosité et une intelligence exceptionnelle.


Description : Un rat fait environ 50 crottes par jour ! Elles ont environ 12 mm de long, une extrémité aplatie, une couleur marron sombre ou noire ; luisantes quand elles sont fraîches, elles on t la consistance du mastic. Elles deviennent plus claires et plus friables en séchant.


De vraies pestes : On entend souvent dire que les crottes de rat seraient à l'origine de la peste qui fit des ravages pendant des siècles, et décima des millions d'êtres humain. En réalité une telle accusation serait infondée. Mais les excréments des rats sont porteurs d'autres maladies telles que salmonellose, typhus murin et trichinose. Il existe de nombreux produits pour juguler la prolifération des rats. Une fois localisées grâce à leurs crottes, on les élimine à l'aide de rodenticides, poudres, fumigants et autres pièges.

Des grottes en crottes : On trouve des rats à queue touffue dans l'Ouest des USA et dans le Nord du Mexique, où ils construisent des nids sophistiqués partir de leur propre merde, à laquelle ils ajoutent des feuilles, des écorces et des racines. Et pendant la construction, ils prennent soin d'uriner sur leurs nids. On trouve surtout ceux-ci dans les régions désertiques, et souvent les crottes qui les composent sont comme fossilisées. Certaines datent d'ailleurs de plusieurs siècles ; on peut y voir des traces de végétation et d'animaux, qui remontent à 40 000 ans !


Du popo pour faire popo : Autrefois on soignait la constipation avec des crottes de rat. Et quand on y ajoutait du miel et quelques gouttes de citron, elles faisaient aussi repousser les cheveux."

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Dans Le Dieu perdu dans l'herbe (Presses du Châtelet, 2015), le philosophe Gaston-Paul Effa raconte son initiation auprès de la guérisseuse pygmée Tala qui lui révèle que :


"Les chats, comme les rats et les éléphants, ont ce pouvoir extralucide de voir la mort arriver à travers les choses et les êtres. Ils se glissent dehors, dans les champs, reniflent partout. Ils cherchent qui est passé par là. Ils regardent alentour sans cesse, leurs petites narines humides s'ouvrent et se referment devant la vérité qu'ils cernent."

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Croyances populaires :


Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses : qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :


ICHNEUMON. - Rat du Nil, auquel les Égyptiens rendaient un culte particulier ; il avait ses prêtres et ses autels. Buffon dit qu'il vit dans l'état de domesticité, et qu'il sert comme les chats à prendre les rats et les souris. Il a très grand appétit. Il est plus fort que le chat, s'accommode de tout, chasse aux oiseaux, aux quadrupèdes, aux serpents et aux lézards. Pline dit qu'il fait la guerre au crocodile, qu'il l'épie pendant son sommeil, et que si ce vaste reptile était assez imprudent pour dormir la gueule ouverte, l'ichneumon s'introduirait dans son estomac, et lui rongerait les entrailles. M. Denon dit que c'est une fable ridicule ; ces deux animaux n'ont jamais rien à démêler ensemble, puisqu'ils n'habitent pas les mêmes parages ; on ne voit pas de crocodiles dans la basse Egypte ; on ne voit pas non plus d'ichneumons dans la haute.

 

Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :


Si l'on travaille le lundi de Pâques, les rats mangent l'ouvrage que l'on fait.

 

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


Dans le Jura Neuchâtelois on prétend que les Rats s'y prennent de la manière suivante pour sortir les œufs d'un poulailler. L'un se met sur le dos, prend dans ses pattes un ou plusieurs œufs et l'autre le remorque par la queue.

Une enquête du « Kosmos » a été faite sur cette question en 1936.

Les nombreuses réponses semblent indiquer que le phénomène ne serait pas rare mais rarement observé. Il existerait chez d'autres rongeurs : Hamster, Marmotte, Castor (foin, maïs, bois). En Hongrie on dit que, en automne, le Blaireau transporte ainsi les épis de maïs. Michael Dragton (1613) dit que le Castor retient le bois en se mordant la queue et qu'il prend entre ses dents un morceau de bois au moyen duquel deux autres le tirent.

Au sujet du transport des œufs par des Rats, il y eut 18 réponses, dont 3 seulement étaient bonnes.

I. A Innsbruck, un maître secondaire, Hans Salvator, donne le récit d'un souvenir d'il y a 30 ans. II. Un ingénieur de Bavière cite une observation d'il y a 25 ans. III. A Bremen une femme dit avoir vu le phénomène.

On indique beaucoup de variantes dans la manière de traîner l'animal, par la tête, par la queue.

Comme conclusion on a l'impression que ces observations manquent d'esprit et de méthode scientifique, qu'elles font appel à des souvenirs trop lointains ; par conséquent elles n'entraînent pas la conviction.

Voici une bonne observation que nous avons recueillie à Sion de Mlle Paillette Studer, le 2 janvier 1940. En 1932 elle se trouvait à Besançon chez son oncle ; celui-ci lui indiqua que des Rats transportaient des œufs, elle se mit en observation. Sur un buffet se trouvait un panier contenant des œufs et, au même niveau, appuyé contre la paroi, il y avait un gros tuyau. Deux Rats vinrent au panier, l'un se coucha sur le dos, l'autre le chargea d'un œuf et, saisissant son congénère par la queue, l'entraîna très rapidement sur le tuyau.

Pour éloigner les Rats on dit qu'il faut en brûler.

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Symbolisme :


Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"Affamé, prolifique et nocturne tout comme le lapin, le rat pourrait, à l'instar de cet autre rongeur, être le sujet d'une métaphore galante, s'il n’apparaissait aussi comme une créature redoutable, voire infernale. C'est donc un symbole chtonien, qui jour un rôle important dans la civilisation méditerranéenne, dès les temps pré-helléniques, associé souvent au serpent et à la taupe.

Dans l'Iliade, Apollon est évoqué sous le nom de Sminthée, dérivé d'un mot signifiant le rat. L'ambivalence du nom attribué à Apollon correspondrait à un double symbole : le rat propageant la peste serait le symbole de l'Apollon de la peste (et dans ce passage de l'Iliade, le vieillard Chrysès appelle le dieu à la vengeance contre un affront ) ; Apollon, d'autre part, protège contre les rats, en tant que dieu des moissons. On voit que, dans la symbolique, le même rôle destructeur que possèdent les rats peut justifier deux applications différentes : l'utilisation de ce rôle par vengeance, la suppression de ce rôle par bienfaisance ; de là, le double aspect du dieu appelé Sminthée.

Cette tradition primitive et agraire d'n Apollon, dieu rat, qui envoie les maladies (la peste) et qui les guérit, est à rapprocher d'une tradition indienne d'un dieu rat, qui serait le fils de Rudra et qui aurait aussi ce double pouvoir d'apporter et de guérir les maladies. Apollon Sminthée et Ganesha incarneraient les puissances bénéfiques et guérisseuses du sol.


Comme le signale Freud dans L'Homme aux rats (Cinq psychanalyses), cet animal, réputé impur, qui fouille les entrailles de la terre, revêt une connotation phallique et anale, qui le relie à la notion de richesses, d'argent. C'est ce qui fait qu'il est souvent considéré comme une image de l'avarice, de la cupidité, de l'activité nocturne et clandestine (le Yi-King rejoint ici des traditions européennes). Dans une interprétation valorisante, l'accent est mis sur sa fécondité, comme au Japon où il est le compagnon de Daikoku, dieu de la richesse. Même interprétation en Chine et en Sibérie. Ceci expliquerait que dans l'analyse freudienne les rats deviennent des avatars des enfants, les uns comme les autres sont signes d'abondance, de prospérité. Mais le rat, insatiable fureteur, est aussi considéré comme un voleur (voir le rat d'hôtel) : en Inde la souris mûshaka est la monture de Ganesha. Elle est, comme telle, associée à la notion de vol, d'appropriation frauduleuse des richesses. Mais ce voleur est l'Atmâ, à l'intérieur du cœur. Sous le voile de l'illusion, il tire seul bénéfice des jouissances apparentes de l'être, et même du profit de l'ascèse."

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Dès l'Antiquité, ce rongeur impur, vorace et familier des ténèbres souterraines, est considéré comme une créature infernale : le voile de Proserpine, divinité romaine des Enfers, présentait d'ailleurs de nombreux rats brodés. Chez les Latins, la vue d'un rat « pouvait changer les destinées de la république ou de l'empire ». Les boucliers de la ville italienne de Lavinium ayant été rongés par les rats on prit ce fait pour un présage très funeste :  « La guerre des Marses, qui survint bientôt après, donna un nouveau crédit à cette superstition ». On augura également l'échec de la dernière campagne de Marcellus puisque des rats avaient commencé à dévorer des dorures du temple de Jupiter. Les Anciens avaient d'ailleurs mis au point une divination par les rats et les souris, appelée myomancie, fondée sur leurs cris ou leur voracité. Ce qui en faisait sourire certains : « Un Romain vint un jour, fort effrayé, consulter, parce que les rats avaient rongé un de ses souliers. Caton lui répondit que c'eût été un tout autre prodige si le soulier avait rongé un rat ».

Pendant les procès de sorcellerie, des individus dotés de pouvoirs diaboliques furent accusés de faire apparaître des rats en certains lieux. La croyance aux « meneurs de rats » est encore signalée au siècle dernier un peu partout dans l'Hexagone où on se méfiait particulièrement des mendiants et des clochards : leur refuser l'aumône les incitait à conduire une invasion de rats, invasion contre laquelle personne ne pourrait rien, pas même les chats, tant que le sort n'était pas levé. Inutile de dire qu'il ne fallait pas toucher à ces rats diaboliques : « Un garçon ayant donné un coup de bâton à un rat boiteux qui suivait la bande à quelque distance le vit devenir une horrible bête qui l'aurait étranglé si le mendiant n'était accouru à ses cris ». Les sorciers peuvent également insuffler la vie à des figurines d'argile ou de terre en forme de rongeurs et en obtenir des rats par milliers, capables de dévaster une ferme entière.

Selon une croyance anglaise, le rat, qui abrite l'âme d'un défunt, annonce une mort en pénétrant dans une maison ou en rongeant un meuble, surtout dans la chambre. les pêcheurs ne prononcent jamais son nom ; dans les Cévennes, on croit que le nommer dans un local d'élevage à soie le fait venir. Même dans les rêves, le rat est de mauvais augure, présageant une disette (Vosges), une maladie (Liège), ou encore de grands ennuis (États-Unis).

Cependant, ces rongeurs ne sont pas toujours des messagers du mauvais sort. D'après Pline, rencontrer un rat blanc est de bon augure. Par ailleurs, celui qui voit à un carrefour, une nuit de lutte, le rat boiteux suivant habituellement à quelque distance les troupeaux de rats migrants sera heureux toute sa vie (Eure-et-Loir).

 « Nous sommes condamnés à un clame plat ou à quelque autre accident, il n'y a pas un seul rat à bord », disent les marins. En effet, doués de clairvoyance, les rats quittent le navire juste avant une catastrophe, un naufrage ou un incendie ; ils désertent également la maison « prête à s'écrouler ». D'où l'élémentaire prudence de ne pas embarquer dans un bateau ou de demeurer dans une maison si un rat en sort. mais qu'ils élisent domicile sur un nouveau bateau, et cela est bon signe. De même, lorsque, au temps du président Cleveland (mort en 1908), la Maison-Blanche fut infestée de rats, le président demanda qu'on ne les chassât pas, croyant que leur présence était de bon augure.

Les rats, qui, selon les spécialistes, sont organisés de façon aussi élaborée que les abeilles ou les fourmis, seraient-ils capables de pressentir l'avenir ? C'est ce que laisse penser leur comportement lors de l'installation des Halles à Rungis, en 1969 : six mois avant le déménagement, ils étaient installés dans les nouveaux locaux, parcourant une quinzaine de kilomètres à travers le réseau souterrain de la capitale et de sa banlieue.

Ils n'en sont pas moins considérés avant tout comme des véhicules de vermines et au XVe siècle, l'évêque d'Autun lança une excommunication contre eux. De nombreuses formules magiques passent également pur les chasser. Dans les Ardennes, on plaçait dans les trous à rats des billets roulés enduits de beurre ou de graisse sur lesquels on avait écrit : « Rats et rates, vous qui avez mangé le cœur de sainte Gertrude, je vous conjure en son nom de vous en aller dans la plaine de Rocroi » ou « Rats et rates, au nom du grand Dieu vivant, de la bienheureuse Sainte Vierge et de la bienheureuse sainte Gertrude, je vous conjure de sortir d'ici et de vous en aller dans les bois. rats et rates, souvenez-vous de sainte Gertrude ».

En Champagne, on s'adresse à eux en ces termes :


Rat, roi des rats,

De la Saint-Nicaise

Te souviendras

Va-t'en, va-t'en.


Autrefois, dans les champs de la région parisienne qu'on voulait protéger des rongeurs, on plantait un bâton portant un texte disant : « Je vous conjure, tous méchants rats qui êtes ici, de ne me faire aucun tort ; je vous défends ce champ, et si, après ma défense, je vous y retrouve jamais, j'atteste la mère des Dieux que je vous couperai chacun en sept morceaux ».

En Belgique, « on coud l'anus à un rat et on lui rend la liberté » ; on y recommande encore d'en tuer un à un carrefour le vendredi à minuit : tous les autres le rejoignent définitivement le vendredi d'après. Ce qui n'est pas sans rappeler le procédé employé dans l'île de Bali pour éloigner les rats des rizières : on en prend quelques-uns, on les brûle, « mais on en laisse vivre deux pour qu'ils aillent prévenir les autres du danger ».

Pour attirer les rats chez un ennemi, il faut, selon une recette bretonne, en faire griller un dans sa cave : « Tous les arts du voisinage voudront voir ce qui se passe. Ainsi la maison sera infestée ». Ou encore, prendre du pain chez un voisin sans qu'il le sache et le donner aux rongeurs qui sont chez soi : ils s'en iront aussitôt pour aller dan la maison d'où provenait le pain.

Lorsque vous prenez un rat au piège, examinez quelle partie de son corps a été retenue : si c'est la patte, vous aurez de la compagnie, si c'est la tête, vous allez revoir un ami absent depuis longtemps ; si c'est le corps, cela présage une longue vie.

Le rat, comme la souris, agit contre l'incontinence urinaire. Dans l'Antiquité romaine, on les mangeait bouillis ; au siècle dernier, en Europe, on dînait de rats en fricassée ou rôtis ou encore d'un bouillon de ses crottes réduites en poudre. Pour avoir une belle dentition, les enfants peuvent également donner leurs dents de lait, non plus à la souris, mais au rat.

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Madonna Gauding, auteure de Animaux de pouvoir, Guides, protecteurs et guérisseurs (2006, traduction française Éditions Véga, 2006) nous propose un :


Guide d'interprétation


En tant que symbole onirique : Dérobade - Prudence - Ambition - Intelligence - Duperie - Prospérité.


En tant que gardien ou protecteur : Protège les nouveaux commencement - Défend contre la négativité.


En tant que guérisseur : Guérit le respect de soi malmené - Transforme l'agressivité et l'avarice.


En tant qu'oracle ou augure : Ne soyez pas un collectionneur invétéré, incapable de jeter quoi que ce soit - Méfiez-vous de la trahison.


Mythes et contes

Pour l'hindouisme, le rat représente la prévoyance et la prudence. Il est le véhicule de Ganesh, le dieu à tête d'éléphant de la sagesse, de la prospérité et des entreprises réussies. Le rat est le premier des 12 animaux du zodiaque chinois. Au Japon, le rat blanc est le symbole de Daikoku, le dieu de la prospérité.


Si le rat est votre animal de pouvoir

Vous êtes ingénieux, charmant, débrouillard et généreux pour ceux que vous aimez. Vous canalisez votre énergie nerveuse dans le travail. Homme d'affaires astucieux, vous êtes financièrement à l'aise. Vous êtes alerte, persévérant, soupe au lait et plein d'ambition. La vie familiale est importante pour vous et votre cercle d'amis est large. Le sexe opposé vous trouve irrésistible. Du coté négatif, vous êtes vicieux, agressif et fourbe. Vous thésaurisez par peur de manquer.


Demandez au rat de vous aider :

  • à savoir d'avance si quelqu'un vous trahira ou vous trompera

  • à gérer vos finances

  • à diminuer votre tendance à la paresse.

Accéder au pouvoir du rat en :

  • achetant des actions d'une nouvelle société

  • commençant une collection de timbres

  • vous faufilant dans une pièce sans vous faire remarquer.

Les rats vivent en grands groupes, certains dominant et contrôlant les autres. Êtes-vous plus à l'aise dans les groupes hiérarchisés ou dans les familles dirigées par un patriarche ? Ou préférez-vous un arrangement plus égalitaire, plus démocratique ?


Élément Terre."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007, traduction française, Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message du royaume des rats, des souris et des hamsters :


Si vous vous sentez incompris, souvenez-vous que votre vie a un but suprême. Poursuivez-le aussi difficile que cela puisse paraître, et l'univers vous apportera la reconnaissance et les honneurs qui vous sont dus quand le temps sera venu.


Une de mes amies qui visitait un centre de beauté a été choquée en voyant les déchets et les ordures qui jonchaient le sol. Elle s'est sentie gênée pour ceux qui étaient responsables de ce laisser-aller. Elle était sur le pont de partir sains une petite voix dans sa tête lui a dit : "Et qu'en est-il des déchets psychiques créées par tes pensées de jugement que tu laisse à cet endroit ?"

Elle s'est alors arrêtée, complètement abasourdie, en constatant la justesse de cette déclaration. Chaque fois que quelqu'un a des pensées négatives, basées sur la colère, la peur, le jugement ou autre, elles restent ancrées en attendant d'être transmutées, tout comme les déchets physiques dont nous nous débarrassons doivent disparaître et être éliminés.

Les rats sont des créatures très évoluées et très intelligentes avec de grands cœurs. Ils viennent de Neptune. Il y a des milliers d'années, l'âme supérieure des rats s'est avancée à la suite d'une demande pressante d'aide, et ils se sont portés volontaires de bonne foi pour s'incarner sur Terre afin d'éclaircir et de transformer les déchets psychiques et physiques créés par les humains.

Pour ce faire, ils emportent les ordures dans leur corps, puis transmutent et purifient toutes les énergies négatives. Ce travail de service hautement spirituel a été très apprécié par les humains et l'univers.

Ce système a parfaitement fonctionné pendant des siècles. La récompense pour les rats était la gratitude qu'ils recevaient, ce qui gardait leur cœur ouvert, et les leçons apprises qu'ils pouvaient emmener avec eux lorsqu'ils retournaient sur Neptune. Malheureusement, lorsque les humains ont accordé moins d'attention à leur environnement et à leur magnifique planète, ils se sont mis à produire de plus en plus d'ordures et à créer plus de déchets jusqu'à ce que les rats ne puissent lus supporter la situation. Les rats ne pouvaient plus transmuter la grande quantité de déchets et ils ont décidé de demander à Neptune d'envoyer un contingent supplémentaire de rats pour les aider. La gratitude que ressentaient les humains est alors devenue de l'aversion. Les rats absorbaient tant de négativité provenant des humains que des maladies ont commencé à se développer dans leurs corps. Les humains ont eu peur d'attraper la maladie de Weil. L'aversion s'est alors transformée en peur et en haine.

Les gens ont alors décidé qu'il y avait trop de rats et qu'ils devaient être exterminés Une bataille a donc commencé entre les rats, qui essayaient de remplir leur mission, et les humains, qui voulaient les faire disparaître sans prendre la responsabilité de trouver une solution pour les déchets et la négativité qu'ils créaient. A présent, les rats vivent, eux aussi, dans la peur, ce qui les empêche de transformer, de purifier et de transmuter les basses énergies en amour. Il est temps pour nous de reconnaître la mission de l'âme des rats et ce qu'ils essaient de faire pour aider la planète. La première démarche consiste à prendre la responsabilité du traitement des déchets que nous créons, aussi bien sur le plan physique que sur le plan psychique. Les cafards, qui viennent également de Neptune, s'efforcent de remplir la même mission pour le monde des insectes. La situation est devenue si accablante sur Terre que les archanges Purlimiek et Butyalil ont invité les esaks et les kyhils, qui sont des élémentaux de l'eau, à venir sur la planète à partir d'un autre univers. Ce sont de minuscules élémentaux qui absorbent et transmutent toutes sortes de négativités. Je les ai vus dans des photographies d'orbes, travaillant sans relâche dans les endroits où les médicaments avaient été consommés ainsi que dans les endroits où les personnes ont une fréquence basse ou laissent beaucoup de négativité dans leur environnement. Ils essaient de soutenir les rats.

Les archanges Zadkiel et Gabriel travaillent avec le royaume des rats. L'archange Zadkiel est l'archange de la transmutation et de la miséricorde. Lui et ses anges sont violets et leur lumière se transforme et purifie tout ce qui est en contact avec cette Flamme violette. A un certain moment, ils avaient une merveilleuse relation symbiotique avec les rats et ils s'aidaient mutuellement à accomplir leur mission de service. L'archange Gabriel est l'archange blanc de la purification et de la clarté. Il travaille avec le Diamant cosmique pour éliminer toutes les énergies inférieures avec les facettes brillantes de la lumière de diamant. Maintenant que les archanges Gabriel et Zadkiel travaillent ensemble, ils ont formé la Flamme violette du Diamant cosmique, et cette extraordinaire lumière entraînant la purification et le changement est infiniment plus puissante que la Flamme violette ou le Diamant cosmique pris isolément. C'est un puissant outil de déblaiement. Les archanges essaient de l'utiliser pour aider les rats, mais souvent ils ne peuvent pas les atteindre, car leur fréquence est devenue trop faible. Les humains peuvent intervenir en demandant aux dragons du feu ou aux dragons violets d'aller trouver les rats, puis de brûler et de transformer l'énergie inférieure qui les entoure. Enfin, les archanges peuvent utiliser la Flamme violette du Diamant cosmique pour les aider. Les rats domestiqués dont on prend bien soin sont extrêmement brillants. Ils sont aimés et respectés par leurs maîtres, et cet amour les aide à transmuter dans une certaine mesure la peur engendrée par les humains et les rats sauvages.


Visualisation pour aider les rats :

  1. Allumez une bougie si c'est possible et trouvez un endroit où vous ne serez pas dérangé.

  2. Asseyez-vous tranquillement et concentrez-vous sur votre respiration pour calmer votre esprit.

  3. Vous êtes sur une rive ensoleillée et vous regardez l'eau couler paisiblement.

  4. Vous êtes en toute sécurité ici. Rien ne peut vous blesser ni vous faire mal.

  5. Un rat approche et s'assoit à environ un mètre de vous. Il attend que vous parliez.

  6. Excusez-vous mentalement auprès de lui pour tout ce que l'humanité a fait subir aux rats.

  7. Dites-lui que vous appréciez tout ce que les rats ont fait pour nettoyer et transformer les déchets et l'énergie négative des humains. Remerciez-le pour avoir rendu ce service.

  8. Demandez-lui de ramener ce message au royaume des rats.

  9. Invoquez les dragons du feu et demandez-leur de brûler l'énergie inférieure dans laquelle vivent les rats.

  10. Appelez les archanges Gabriel et Zadkiel et demandez-leur de placer la Flamme violette du Diamant cosmique sur tous les rats. Observez les énergies qui s'élèvent.

  11. Remerciez les rats, les dragons et les archanges Gabriel et Zadkiel.

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


Lorsqu'il s'engage sur la piste du rat, le chercheur s'attend à partager le frisson dont il suppose que chaque rêveur doit être saisi devant cette image. Au terme de l'exploration des rêves, ce n'est pourtant pas la répulsion, le dégoût, qui sont à retenir comme impressions dominantes. Le rat du rêve paraît s'opposer farouchement aux tentatives d'élucidation. Il se veut aussi insaisissable que l'animal réel, dont les apparitions furtives témoignent, sans la dévoiler, d'une intense activité souterraine. Le rat révèle une vie clandestine, occulte, qui se propage dans l'obscurité des caves et dont les manifestations intempestives constituent une menace latente. Le rat, c'est l'envahisseur. Les rats surgissent du sol, des caves, des égouts, en bandes imprévisibles et silencieuses. ils prolifèrent dans ('ombre et le silence. Les rats dans la ville ! Des frères Grimm à Camus, bien des auteurs ont dépeint l'irruption soudaine de la foule des rongeurs submergeant la vie ordonnée de la cité.

Cette esquisse, destinée à placer le symbole dans son décor psychologique, convient à la fois à l'animal réel, à son image littéraire et au rat rêvé. Quelques mots, menace, envahisseurs, silence, laissent deviner leur complicité dans la représentation de ce qu'il est convenu d'appeler la névrose, terme incertain, dont nous évitons autant que possible l'utilisation. L'image des rats traduit si justement la crainte de l'irruption incontrôlable de contenus refoulés dans le champ de la conscience, l'un des singes de la situation névrotique, que le terme s'impose en la circonstance. L'imaginaire propose en fait des images très différentes du rongeur, ce qui rend l'analyse difficile, mais, surtout, le symbole est en corrélation avec des thèmes nombreux dont il demeurera impossible d'établir de façon irréfutable l'ordre d'importance. Les scénarios de rêve éveillé mettent en scène, ici le rat pluriel, là le rat singulier. Une rêveuse verra s'écouler, dans la rue, une rivière de rats, une autre combattra contre un énorme rongeur avant d'affronter la horde de ses congénères. Un rêveur se trouvera nez à museau avec un rat aussi grand que lui. Le ou les rats se partagent le territoire onirique à peu près à égalité. Hommes et femmes paraissent exposés dans les mêmes proportions à rencontrer le symbole.

Alors qu'il se préparait à entendre des épithètes exprimant la répulsion, la répugnance, le praticien est surpris de recueillir des scènes dans lesquelles le rat est, au minimum, dépouillé de son caractère agressif et, souvent, gratifié de commentaires positifs. Des formulations du genre : « là, je vois des rats, mais ils ne sont pas du tout menaçants », ou « il est dressé devant moi, je devrais avoir peur, mais il n'est pas du tout agressif », sont très fréquentes. Parfois, la phrase exerce une action réductrice : « C'est des petits rats, comme des petites souris. » Charlotte, imitée par plusieurs rêveurs et rêveuses, va plus loin : « Je vois un rat, un gros rat, très très gros, gris... mais c'est plutôt un rat des champs. J'ai toujours pensé que c'était des animaux mignons, je les ai toujours aimés... » S'agit-il de formulations destinées à conjurer l'angoisse que le patient éprouve à la vue du symbole ou celui-là serait-il, contre toute attente, un guide bienveillant, conducteur au cœur du labyrinthe psychique ? Peut-être cela illustre-t-il simplement la proposition bien connue suivant laquelle « le névrosé aime sa névrose » ? Un examen minutieux des séquences dont nous disposons porte à tenir ces trois explications comme également justes.

Freud, dans l'étude célèbre d'une psychanalyse, éditée sous le titre de L'Homme aux rats, donne au symbole le sens de révélateur d'une névrose obsessionnelle liée à l'érotisme anal. Dans ce cas précis, l'interprétation était pertinente, encore que le grand analyste ne semble pas avoir perçu que, dans le cas de l'homme aux rats, le rongeur, avant d'être une image à déchiffrer, est un symptôme. Il est l'affiche, l'enseigne de la névrose.

Il est possible de proposer une approche globale de l'interprétation. Dans sa dimension la plus large, l'image du rat et plus sûrement celle de la troupe de rats sont les symptômes de l'état névrotique et de son corollaire : la crainte du patient d'être envahi par des émergences incontrôlables, jaillies de l'inconscient. Placée dans cette perspective, l'image du rat exprime fréquemment, en effet, un dispositif névrotique en rapport avec la sexualité. Tout serait simple s'l était possible d'en rester là ! Mais le contenu des rêves oblige à reconnaître que les associations se déploient sir différents axes, en rapport plus ou moins apparent avec la sexualité.

Certains scénarios, produits par des femmes, sont clairement agencés autour des indices du sentiment de castration et de son prolongement naturel, la revendication du pénis. D'autres s'organisent à partir des sentiments coupables engendrés par d'anciennes pratiques masturbatoires accompagnées de projections fantasmatiques sur le père.Bien des rêves se rapportent sans ambiguïté à la frustration relative à l'impossibilité de mettre au monde un enfant. Quelques-uns de ceux-là renvoient simultanément aux séquelles psychologiques d’une interruption de grossesse. enfin, et ceci plus particulièrement chez les homes, certaines séquences tendent à favoriser la réhabilitation d'une instinctualité refoulée. On apercevra souvent, dans le même scénario, plusieurs de ces thèmes, inextricablement mêlés, autour des images de rat.

A cette pluralité des voies de traduction, déjà déconcertante, il faut pourtant ajouter que le rat se propose parfois comme une projection du rêveur lui-même, un substitut, qui accomplit la décisive aventure d'un revécu de la naissance par exemple. Dans ce cas, le rat est le patient redevenu bébé. Des scénarios s'offrent pour illustrer chacune des situations que nous avons décrites. Ainsi, le rongeur reste une image irritante en ce qu'elle paraît à la fois exposer une évidence et jouir de sa nature énigmatique. Il y a du lutin farceur dans cet animal qui n'apparaît que pour mieux se dérober. Pourquoi l'imaginaire produit-il autant de rats énormes, de taille démesurée ? Est-ce pour grossir un aspect de la problématique que le patient se refuse encore à voir, mais dont la prise de conscience est proche ? Cette emphase a-t-elle pour objet d'offrir au rêveur, comme le ferait une image de dragon, l'occasion d'une victoire sur un danger chimérique ?

Quelques séquences de rêves rendront sensibles les principales voies de traduction proposées.

Thérèse appartient à une famille dans laquelle il est de tradition d'avoir de nombreux enfants. A l'époque où elle s'engageait dans la cure, son désir de maternité était contrarié par une impuissance sexuelle totale de son jeune mari. Le deuxième scénario offre des images qui lient explicitement le rat et le désir de maternité :

« … Je suis sur la branche d'un arbre qui grandit, grandit... et... la branche, en s'allongeant, m'amène à M... c'est la maison de mes parents... je vois le visage de ma mère, qui sourit... l'arbre est devenu immatériel... il est, en fait, composé de couleurs... les branches, les feuilles, ce sont comme des gouttes de couleur qui tombent, comme de l'eau.. et ces gouttes sont comme des graines... ma mère disparaît, la maison disparaît... le terrain est nu... c'est comme s'il n'y avait jamais rien eu à cet endroit... […] Là, je marche et j'arrive face à une construction carrée, fermée de tous côtés, les portes et les fenêtres sont murées... j'arrive à y pénétrer... il y a des chauve-souris... j'ai un peu peur, il y a des rats, des tas de choses un eu dégoûtantes... puis, il y a un bébé qui est là, par terre, tout blanc, tour propre... il dort... alors, je le prends dans mes bras, je le berce... je regarde vers le haut : il n'y a pas de plafond... c'est comme si j'étais au fond d'un puits : c'est indéfini en l'air... »

Marie-Bénédicte, elle, va se marier dans quelques mois, à l'âge où la maternité ne peut plus être envisagée qu'avec prudence. Son treizième rêve contient une séquence édifiante : « … Là, c'est l'image d'une fermière, d'une femme maternelle, qui sert du lait... maintenant, je vois un rat, l'air goguenard, debout, des pattes derrière le dos, qui entre dans un cône métallique, comme s'il allait se museler... et je pense « désir d'enfant » ! Pourtant ,j'y ai réfléchi : il y a ce désir en moi, mais actuellement je n'en voudrais pas... je revois cette femme, cette nourrice, et, près 'elle, un petit bébé emmailloté, qui pelure et qu'on va allaiter... lorsque je fais l'amour, malgré la contraception, j'y pense avec des craintes !... »

Ce rat qui va se museler en même temps qu'il pénétrera ne dissimule pas sa nature phallique ! Devant le nombre de gros rats poilus qui se glissent dans les trous, les canalisations, on serait tenté de conclure qu'il s'agit toujours là d'une allégorie sexuelle. Mais le rat dans la galerie ou toutes sortes de cavités représente souvent aussi l'enfant dans le ventre maternel, le bébé et, parfois, le bébé perdu.

Suzanne, qui garde l'empreinte douloureuse de l'interruption volontaire d'une grossesse avancée, compliquée d'une importante hémorragie, traduit par ses images un désarroi profond :

« … Je vois des tunnels de métro... et des rats ! Tout un flot de rats, comme ça, un flot de rats gris qui coule, comme de l'eau qui coule... une eau grise, des dos, des dos poilus... c'est dans une ville vide, une ville abandonnée... il y a un silence énorme... » Beaucoup plus tard, le rêve s'achève sur ces mots : « … j'ai maintenant une tunique qui laisse le corps libre... je respire... je me sens bien... » Au cours du rêve précédent, Suzanne, allongée sur une table de marbre, blessée, perdait un flot de sang. Une autre patiente voit un flot gris, du plomb liquide, qui monte dans un local envahi par les rats et qui se transforme en sang. Ces rapprochements montrent que l'hypothèse du rongeur représentant le bébé porté ou le bébé perdu doit retenir l'attention.

Toutes les études concernant la symbolique du rongeur rappellent le conte du joueur de flûte de Hammelin. Dans un premier temps ce personnage étrange s'est engagé à débarrasser la ville des rats qui l'ont envahie. Il entraîne donc ceux-là, au son de son instrument, vers la rivière pour les noyer. Dans une seconde partie, le maire ayant refusé d'acquitter le salaire convenu pour la mission, le joueur de flûte entraîne cette fois tous les enfants avec lesquels il disparaît. Ce qui précède suffit à confirmer l'association inconsciente entre l'image du rat et celle de l'enfant.

Une autre observation s'impose au cours de la lecture des rêves qui accueillent le symbole. C'est l'abondance des images et des commentaires qui insistent sur une dissociation du haut et du bas, sur la séparation des parties antérieure et postérieure du corps humain. Les images et les mots traduisaient clairement des valorisations supérieure et inférieure. Tom, à trente-quatre ans, vit chez sa mère avec laquelle il travaille ; il n'a pas de rapports sexuels ni d'autres relations que celles que son activité rend indispensables. Le rat, dans ce cas, pourrait bien symboliser le rêveur lui-même, dans sa difficulté à « sortir de la mère » : « … je vois des gens qui parlent, je ne vois que le haut de leur corps. Je vois seulement des têtes et des épaules... je me vois aussi, habillé d'un pull bleu et, après, ma mère, habillée du même pull bleu... bleu ciel... et, maintenant, un tunnel, avec une grosse bête qui pointe le museau et qui n'arrive pas à sortir... c'est un rat géant... »

La diversité des situations oniriques dans lesquelles apparaît le symbole entraîne le nombre et la variété des exemples. Le seizième rêve de Laurence établira définitivement le rat dans son aptitude à participer à tous les types de fantasmes inspirés par la libido :

« Je pense à un ouvrier qui manœuvre un marteau-piqueur... ça me fait froid aux cuisses... comme si c'était entre mes cuisses que le forage s'opérait.. c'est un serpent maintenant qui apparaît... le serpent qui veut entre en moi ! Je devrais crier d'horreur et pourtant je le laisse faire, comme si mon corps ne m'appartenait pas... Là, un rat ! Quand j'étais petite, je les tuais à la carabine... dans le grenier... mais pourquoi je vois des rats ? Je n'aurais pas dû les voir ! Je n'arrive plus à m'en défaire... c'est dans ce grenier que j'allais me masturber quand j'avais treize-quatorze ans... j’avais un alibi : la chasse aux rats ! Là, je pense à mon père, je me demande pourquoi... » Ici, le marteau-piqueur, le serpent et le rat jouent sans masque leur complicité dans la représentation phallique. Laurence fait état, dans la suite du scénario, de sa découverte du plaisir solitaire et de la culpabilité qu'elle ressentait.

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Le rat, dans l'imaginaire, peut assumer bien des fonctions. Il sera regardé, en tout premier lieu comme un symptôme névrotique qui – essentiellement – traduit la crainte du rêveur ou de la rêveuse de laisser paraître involontairement des pulsions qu'ils refoulent. Autour du rongeur se déploie toujours un certain halo de sentiments coupables ?. Dans beaucoup de situations, le symbole renvoie à des racines qui se sont développées dans le terreau si fertile de la sexualité. Le praticien rencontrera souvent le rat associé à l'image du bébé. Ainsi que nous l'avons montré, cela exprimera, soit le désir de maternité, soit la perte de l'enfant attendu, soit même la réalisation d'un revécu de la naissance. Le rat invite toujours quelque peu le rêveur à la réhabilitation de son côté « ombre », des pulsions instinctuelles dont il a refusé l'apport. Comme les lutins, dont ils partagent l'existence furtive et souterraine, les rats du rêve pourraient bien encore représenter ces forces secourables, surgies des couches les plus obscures de la psyché et qui demeurent toujours hors d'atteinte des ambitions normatives de la raison.

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Mythologie :


Jean Poirier et Marie-Joseph Dubois proposent dans un article intitulé "Les mythes de Maré" (paru dans le Journal de la Société des océanistes, tome 4, 1948. pp. 5-47 ) une transcription d'un mythe relatif au rat :


Le vol des mumuyé (1)


Les oiseaux de Mare partent un jour avec xeli, le rat, en pirogue pour voler le propriétaire des mumuyé à Toka (Tiga) et lui prendre ses richesses. Ils mangent les cannes et emportent ses richesses dans leurs pirogues. Le hibou meni est pilote, la buse wadongo tient la barre. Ils quittent Toka la nuit pour retourner à Mare. La pleine lune se lève brillante. Le hibou est ébloui et ne peut plus voir le chemin. Il en a les yeux pleins de larmes. La buse demande par où passer. Il ne répond pas parce qu'il ne voit rien. La buse crie encore. Il répond : « Par ici ou par là, c'est la même chose ». Le bateau s'échoue en plein sur les récifs de Tiga. Les oiseaux s'envolent et regagnent Mare. Le bateau coule et les richesses se perdent. Seul, le rat ne peut pas voler. Il se raccroche à un bout de bois et nage. Le poulpe yeuce lui demande : « Pourquoi pleures-tu ? — Mes camarades se sont envolés pour Mare. Ils m'ont laissé ici et je ne trouve pas de bateau pour m'y conduire ». Le poulpe lui dit : « Monte sur mon dos, et je t'y conduirai ». Le rat monte, le poulpe nage. On approche, on commence à voir le rivage. Le rat se met à rire. « Pourquoi ris-tu ? » lui demande le poulpe. « Pour rien ». Le poulpe continue à nager; on voit le rivage de tout près. Le rat rit encore. « Pourquoi ris-tu ? » lui redemande le poulpe. « C'est parce que je vois les grosses vagues du ressac ».

On aborde. Le rat rit encore. « Pourquoi ris-tu ? ». Le rat saute vite et lui crie : « C'est parce que tu n'as pas de cheveux sur la tête ! — Tu te moques de moi ! » Le poulpe se fâche et envoie sur le rat une tige de shukeli qui lui reste figée dans le derrière. Le rat lui envoie un bout de charbon. Ces deux choses là sont restées et depuis ce temps, le poulpe est l'ennemi du rat. Ainsi est punie l'ingratitude de ce dernier, ainsi du reste que son imprudence : pourquoi est-il allé seul animal sans ailes avec tous ces oiseaux ?


Note : 1) D'après les indigènes, « celles des vrais Maréens ».

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Contes et légendes :


Conte très connu, et très inquiétant lorsqu'on est encore enfant... : Le Joueur de flûte de Hamelin.




Littérature :


Dans son recueil intitulé 188 contes à régler (Éditions Denoël, 1988), Jacques Sternberg propose des micro-nouvelles souvent empreinte d'humour noir :

Les rats


Il y avait longtemps qu'ils préparaient leur coup et, un matin, ils passèrent à l'action. Tous en même temps.

Sortant de leur monde souterrain des égouts, les rats montèrent à l'assaut de la civilisation, en une seule gigantesque armée qui déferla dans les coulisses de la capitale. Les rats savaient où se diriger et ils le prouvèrent en commençant par saboter les centrales électriques pour couper le courant, vital pour l'homme, inutile pour eux. Ensuite ils envahirent tous les centres nerveux et commerciaux de l'alimentation, se livrant à un pillage impossible à réprimer. Ils n'étaient pas invincibles, mais ils avaient le nombre pour eux. Un rat mort était instantanément remplacé par dix autres rats agressivement en vie.

La panique des citadins tourna très vite à l'hystérie, avivée par l'épouvante et la répulsion.

Cela se passait par une journée caniculaire de juin qui faisait de toute la ville un gigantesque brasier de puanteur toxique, de merde bétonnée surchauffée, de pollution qui bouffait chaque centimètre cube d'air stagnant.

Le soir même, contre toute attente, on vit les rats regagner leurs égouts, titubants, à moitié asphyxiés, intoxiqués. ils ne revinrent jamais à la surface du sol. Il fallait être humain pour supporter, à l'air libre, de pareilles conditions de vie.

*

*

Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi les rats :

22 octobre

(La Bastide)


Les rats, l'un après l'autre escaladent le tronc du pittospore, cheminent le long d'une branche pendante, en attrapent une autre, saisissent un rameau de citronnier et se laissent tomber sur la mangeoire aux oiseaux que j'ai spécialement construite et surélevée pour a mettre hors de portée des rats.

[...] 3 janvier

(La Bastide)


Ce matin, j'ai trouvé quatre cadavres dans le domaine : un merle à côté d'un bidon, un hérisson dans un buisson, un rouge-gorge sur le goudron, un rat sous les citrons. J'ai l'air de plaisanter, mais j'écris la vérité pure. [...]

Le rat, du sang sous le nez et les boyaux dehors, souriait comme sourient tous les rats ; il était allongé sur un suaire de dentelle végétale.

*

*

Dans le roman policier intitulé L'Armée furieuse (Éditions Viviane Hamy, 2011) Fred Vargas imagine un meurtre dont les rats constitueraient l'alibi d'un meurtrier à la mie de pain :


"- Mystère domestique, dit Tuilot qui paraissait s'amuser. C'est que j'ai deux petits locataires ici, Toni et Marie, une bonne petite paire, chaleureux comme tout, et qui s'aiment d'un amour vrai. Mais qui ne sont pas du goût de ma femme, je vous prie de croire. On ne dit pas de mal des morts, mais elle a tout essayé pour me les tuer. Et moi ça fait trois ans que je déjoue tous ses tours ! Logique et rusé, c'est le secret. Ce n'est pas toi, ma pauvre Lucette, qui vas mater un champion de mots croisés, je lui disais. Moi et ces deux-là, on fait le trio, ils savent qu'ils peuvent compter sur moi et moi sur eux. Une petite visite tous les soirs. Comme ils sont malins, et très délicats, ils ne viennent jamais avant que la Lucette soit au lit. Ils savent bien que je les attends, allez. c'est toujours Toni qui arrive le premier, il est plus gros, plus fort.

- Et ce sont eux qui ont mangé la mie ? Alors que le pain était dans la poubelle ?

- Ils adorent ça.

Adamsberg jeta un œil aux mots croisés, qui ne lui parurent pas si simples que cela, puis repoussa le journal.

- Eux qui, monsieur Tuilot ?

- Je n'aime pas en parler, les gens désapprouvent. Ils sont fermés, les gens.

- Des animaux ? des chiens, des chats ?

- Des rats. Toni est plus brun que Marie. Ils s'aiment tellement que, souvent, en plein milieu de leur repas, ils s'arrêtent pour frotter la tête de l'autre avec leurs pattes. Si les gens n'étaient pas si bouchés, ils verraient des spectacles comme ça. Marie, c'est la plus vive. Après son repas, elle monte sur mon épaule, elle passe ses griffes dans mes cheveux. Elle me coiffe, pour ainsi dire. c'est sa manière de remercier. Ou de m'aimer ? Qu'est-ce qu' on en sait ? Ça réconforte, allez. Et puis après qu'on s'est dit des tas de choses gentilles, on se quitte jusqu'au lendemain soir. Ils regagnent la cave par le trou derrière la descente d'eau. Un jour, Lucette a tout cimenté. Pauvre Lucette. Elle ne sait pas faire du ciment.

- Je comprends, dit Adamsberg.

[...]

Adamsberg, à la fois désolé et un peu admiratif, revint auprès de Tuilot.

- Quand Marie et Toni sont arrivés, vous avez ressorti le pain de la poubelle ?

- Mais non, ils connaissent le truc et ils aiment ça. Toni s'assied sur la pédale de la poubelle, le couvercle se soulève, et marie en sort tout ce qui les intéresse. Fortiches, hein ? Rusés, il n'y a pas à dire.

- Donc Marie a sorti le pain. Et puis tous les deux, ils ont mangé la mie ? Tout en s'aimant ?

- C'est cela.

- Toute la mie ?

- Ce sont des gros rats, commissaire, ils sont voraces.

- Et les miettes ? Pourquoi ils n'ont pas mangé les miettes ?

- Commissaire, on s'occupe de Lucette ou des rats ?

- Je ne comprends pas pourquoi vous avez rangé le pain dans le torchon après que les rats l'ont creusé. Alors qu'avant, vous l'aviez mis à la poubelle.

Le vieux posa quelques lettres sur ses mots croisés.

- Vous n'êtes sûrement pas bien fort aux mots croisés, commissaire. Si j'avais jeté le quignon vide à la poubelle, vous pensez bien que Lucette aurait compris que Toni et Marie étaient passés.

[...]

- Sur quels éléments ? demanda Danglard en avalant son vin d'un air soulagé.

- En réalité parce que Glayeux et Mortembot sont deux fils de pute, chacun dans leur genre. Deux rats d'égout, et ça se voit de loin.

- Il existe des rats d'égout sympathiques, dit Adamsberg, Toni et Marie par exemple.

- Qui est-ce ?

- Deux rats amoureux, mais oublie-les, répondit Adamsberg en secouant la tête.

- Mais eux ne sont pas sympathiques. Ils vendraient leur âme pour le fric et la réussite, et je suis convaincu que c'est ce qu'ils ont fait.

*

*

J. M. G. Le Clézio dans son roman Alma (Gallimard, 2017) nous propose cette description du rat :


"A certains endroits, les tombes ont été éventrées, peut-être que les voyous sont à la recherche des bijoux, ou des pièces d'or. Mais ils n'en trouvent pas, qui a envie d'enterrer quelqu'un avec des bijoux ou de l'or ? Tout ce qu'ils trouvent, c'est des chats qui errent entre les tombes, et des rats aussi gros que les chats. Ils n'ont pas peur, je m'approche des rats, ils se retournent et me regardent, ensuite ils filent dans leur trou sous la pierre tombale. Honorine dit qu'ils mangent les morts. Mais je crois que ça fait longtemps qu'on n'a pas mis des morts dans ce cimetière, c'est seulement des os et des cheveux qu'ils mangent sous les tombes."

 

Dans Bitna, sous le ciel de Séoul (Éditions Stock, 2018), J. M. G. Le Clézio renouvelle l'histoire de Shéhérazade en faisant raconter des histoires par son héroïne, non pas pour sauver sa vie mais pour gagner de l'argent. L'héroïne se retrouve obligée de vivre chichement :


"Moi, j'avais droit au demi sous-sol, avec une seule fenêtre, un vasistas au ras de la rue, souvent obstrué par les sacs-poubelle. Les premiers temps j'vais livré un combat désespéré (c'était moi qui étais désespérée) contre un gros rat qui avait pris ses habitudes dans mon logement. Il circulait par les bouches d'aération et avait force la grille? J'ai remplacé la grille par un carreau de bois, mais il le rongeait chaque nuit, j'ai mis un morceau de plâtre, qui n'a pas résisté à ses dents. En dernière solution, j'ai acheté chez un brocanteur un morceau de zinc, que j'ai cloué dans le mur, mas les nuits qui ont suivi ont été un enfer, parce que le gros rat (je l'avais appelé Fat Boy, sans être sûre que ce n'était pas une Fat Girl) essayait de forer un passage à travers le zinc, et le brut de ses incisives sur le métal faisait une musique stridente qui me tenait éveillée jusqu'au matin. Le même brocanteur s'est apitoyé sur mon sort :

"Contre les rats il y a un seul remède", m'a-t-il dit.

J'ai pensé qu'il parlait de poison.

"Non, le poison, votre rat connaît bien, il n'y touchera pas, et c'est dangereux pour les enfants."

Il m'a donné des tessons de bouteille de soja enveloppés dans un journal.

"Vous pilez ça, et vous le mélangez à des boulettes de riz. Il mangera et il crèvera."

C'était cruel comme remède, mais j'ai pensé que c'était le rat ou moi. Quelques nuits après, je n'ai plus entendu parler du rat, et j'ai imaginé qu'il était allé mourir dehors, dans un coin obscur.

[...]

J'avais décidé de déménager une fois de plus, le logement en demi-sous-sol était devenu plus qu'insalubre, la pluie avait fait surgir des taches suspectes sur les murs, et le gros rat qui avait renoncé un moment à m'envahir était revenu en force, aidé de ses copains, il poussait tous les soirs sur la plaque de zinc que j'avais vissée dans le mur, et j'entendais distinctement le grincement de ses dents, il me semblait qu'il avait digéré la pâte de farine de riz et de verre pilé et qu'il revenait pour me faire entendre en reproche le bruit de ses dents en train de broyer les dernières miettes de verre, un bruit de revenant ! J'avais vu aussi des cafards courir dans la salle de bains (en fait juste une douche surplombant des W.-C. à la chinoise), et comme le dit le dicton bien connu, quand tu vois un rat c'est qu'il y en a dix, et quand tu vois un cafard c'est qu'il yen a cent ! Je n'avais plus envie de les compter !"

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