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La Souris



Étymologie


  • SOURIS, subst. fém.

Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1175 soriz « petit mammifère rongeur » (Benoît, Ducs de Normandie, 13479 ds T.-L.) ; ca 1200 (Lai d'Ignauré, éd. R. Lejeune, 371, 73 : soris ki n'a c'un trau poi dure) ; b) p. ext. α) 1562 souris terrestre « espèce de musaraigne qui habite les environs des lieux humides » (Du Pinet, L'Histoire du Monde, 2, 505 d'apr. FEWt. 12, p. 113a) ; 1812 souris d'eau (Mozin-Biber) ; β) 1576 blanches souris (De Baïf, Mimes, fol. 42 ds Le Roux de Lincy, Proverbes fr., t. 1, p. 202) ; γ) 1723 souris de Moscovie « martre zibeline » (Savary) ; δ) 1753-67 souris de terre « petit mulot » (Buffon, Hist. nat. quadrupèdes, t. 2, p. 283) ; ε) 1765 souris d'Amérique « petite espèce de sarigue » (Encyclop.) ; ζ) 1768 souris de montagne « lemming » (Valm.) ; c) 1777 souris de mer « nom courant de divers poissons osseux » (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches mar., t. 3, p. 114) ; 2. loc. compar. et fig. 1640 on entendroit une souris trotter (Oudin Curiositez) ; id. il est esveillé comme une potée de souris (ibid., s.v. potée). B. 1. a) xiiie s. anat. soris de le gambe (Jean de Garlande, Jahrbuch, VI, 288) ; b) 1690 (Fur. : Les Medecins appellent souri, l'espace qui est dans la main entre le pouce et l'indice, qu'ils appellent aussi thenar) ; c) 1958 souris articulaire (Garnier-Del.) ; 2. 1690 « l'un des cartilages des naseaux du cheval » (Fur.) ; 3. 1694 « muscle charnu à l'extrémité du gigot » (Ac.). C. 1689, 24 déc. « nœud de ruban mis dans la coiffure des femmes » (Mme de Sévigné, Lettres, éd. R. Duchêne, t. 3, p. 789). D. 1. 1690 terme de fortif. pas de la souri (Fur.) ; 2. 1933 « outil utilisé pour calibrer les trous obtenus par alésage » (Lar. 20e) ; 3. 1964 pyrotechnie (Lar. encyclop.). E. 1. a) 1611 souris du palais « avocat » (Cotgr.) ; b) 1880 souris d'une bibliothèque (Hugo, Âne, p. 281) ; 2. a) 1640 faire la souris « voler adroitement » (Oudin Curiositez) ; b) 1907 souris d'hôtel (Lar. pour tous) ; 3. a) 1833 souris de rempart « fille à soldats » (Vidal, Delmart, Caserne, p. 197) ; b) 1905 « femme légère » (d'apr. Esn. 1966) ; c) 1938 fam. « jeune fille, jeune femme » (ibid.) ; 4. 1940-44 souris grise « auxiliaire féminine des troupes d'occupation allemande » (ibid.) ; 1950 (Vialar, Dansons, p. 174). Du lat. pop. *soricem, acc. de *sōrι ̄x, altér. du lat. class. sōrex, sorĭcis « souris ».


Lire également la Définition du nom souris afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt s'intéresse à la communication chez les animaux et chez les plantes :


Les souris, très proches de l'homme par leur biochimie et leur comportement, ont fait l'objet de nombreuses études d'où se dégage nettement la notion d'« effet de groupe ». Les glandes prénuptiales des mâles du groupe stimulent les femelles et peuvent provoquer l'œstrus à distance. A l'inverse, l'introduction chez une femelle récemment fécondée d'un mâle provenant d'un autre élevage, qui lui est donc étranger, entraîne une perturbation de la maturation du fœtus pouvant aller jusqu'à l'avortement. Si l'on maintient en contact plusieurs femelles en l'absence de mâle, on observe l'arrêt de l'œstrus, et des grossesses nerveuses peuvent se produire. Enfin, si l'on augmente la densité du groupe, son odeur en vient à stimuler les corticosurrénales et à entraîner l'inhibition des gonades : processus classique de régulation des populations en écologie - le taux de fécondité diminuant lorsque la densité augmente, l'agressivité se substituant avec le nombre à la sexualité.

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Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"Les souris sont mal aimées. Ces petites bêtes parfois porteuses de maladies ne sont pas les bienvenues chez nous. Et il suffit de quelques crottes mal placées pour faire fermer un restaurant. Mais en Thaïlande les crottes de souris sont très recherchées car il paraît qu'elles relèvent le goût du curry.


Description : Les crottes de souris, que l'on confond aisément avec celles des rats ou des chauve-souris, sont étroites, cylindriques, et très petites (environ 1 cm de long). Elles contiennent des fragments non digérés de végétaux, d'insectes, ainsi que des grains de pollen. D'odeur plutôt forte, elles sont marron sombre ou noires. Elles exhalent des gaz très toxiques. A éviter absolument.


A chaque maladie.... Non contentes de transmettre la salmonelle et l'arenavirus, les crottes de souris sont aussi porteuses de l'hantavirus qui peut engendrer chez l'homme le syndrome Hantavirus Cardiopulmonaire. On le trouve surtout dans les pattes des rongeurs, leur urine et leurs excréments. Aussi est-il fortement recommandé de nettoyer les crottes de souris avec un désinfectant ou de l'eau de javel plutôt que de les balayer. Ceci pour éviter que le virus ne se propage dans l'air.


... son remède ! Nous rejetons les souris, mais la science en a besoin, surtout des souris de laboratoire à qui on inocule des maladies, et que l'on traite ensuite avec des médicaments expérimentaux. C'est souvent l'analyse approfondie des excréments qui joue un rôle déterminant dans ces expériences au cours desquelles des chercheurs passent leur vie à contempler des crottes. Mais c'est pour la bonne cause !


C'était pour rire : La "merde de souris" est très en vogue dans la cuisine thaïlandaise, mais il s'agit seulement du surnom d'une sauce chili avec des piments Phrik Khii Nuu, petits, longs, et minces. Et terriblement forts. Ouf !"

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Croyances populaires :


Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses : qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :


FIENTES. [...] La fiente de souris, mêlée avec du miel, fait revenir le poil lorsqu'il est tombé, pourvu qu'on en frotte l'endroit avec cette mixtion.

Pour conserver la beauté, voici un secret très important au beau sexe : c'est une manière de faire le fard. On prendra de la fiente de petits lézards, du tartre de vin blanc, de la raclure de corne de cerf, du corail blanc et de la farine de riz, autant de l'un que de l'autre ; on broiera le tout dans un mortier, bien menu, on le fera tremper ensuite dans de l'eau distillée d'une semblable quantité d'amandes, de limaces de vigne ou de jardin, et de fleurs de bouillon blanc, après cela on y mêlera autant de miel blanc, et l'on broiera encore le tout ensemble. Cette composition doit être conservée dans un vase d'argent ou de verre, et l'on s'en servira pour se frotter le visage, les mains et la gorge.

 

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


On prétend que les Souris avides de l'huile que l'on met parfois pour fermer les bouteilles de vin et ne pouvant faire pénétrer leur tête dans le goulot trop étroit, savent y plonger leur queue pour la lécher ensuite. (J.-E. de Riedmatten).

 

Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17 Mars 2009) :


"Dans la culture populaire polonaise, qui se caractérise par la conviction du rôle prépondérant de l’utilité – tant pour la prospérité et l’activité de l’homme que pour ses biens, les animaux tels que les souris et les chauve-souris étaient perçus d’une manière décidément négative. Vivant à proximité des locations humaines, elles étaient considérées en tant qu’êtres inutiles, et même dangereux.

La souris prolifère, sévissant et se nourrissant surtout la nuit, habitant dans des trous, était liée aux puissances chtoniennes. Sa nature sauvage, son odeur caractéristique, faisait croire à ses rapports avec le chaos et la folie qui régnaient dans l’au-delà. Elle était considérée comme l’incarnation des âmes des morts, qui quittent leurs corps par la bouche (Moszyński 1967 : 557). On croyait que les souris blanches étaient des âmes d’enfants morts-nés. Quelquefois les zmory - les démons tourmentant les êtres humains prenaient la forme de souris. Ces petits rongeurs étaient soupçonnés d’avoir un contact avec les puissances maléfiques. On disait que même le chat après avoir mangé une souris “a le mal dans les yeux”, mal qui l’a pénétré après cette consommation (Rożek 1993 : 197). Les sorcières s’incarnaient dans des souris, tout comme le sort qui accompagne l’homme, qui s’occupe de lui et de sa maison (Moszyński 1967 : 698-699). Elles prédisaient les faits à venir. Dans les livres de songes on trouve souvent des explications des rêves concernant les souris - prédictions du malheur, de la destruction, de la mort. Cette interprétation – comme inverse de la fertilité, est présente aussi dans les croyances populaires, concernant les femmes enceintes. En leur refusant quoi que ce soit on attirait la perte, la destruction. On considérait que “si une femme enceinte s’effraie à la vue d’une souris, son enfant aura sur son corps un stigmate poilu” (Wójcik 1965b : 229), nommé “souris”."

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Symbolisme :

Selon Hildegarde de Bingen, dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines (XIIe siècle ; traduction P. Monat, 2011) :


"La souris est chaude et a des mœurs diaboliques, car elle se sauve toujours : c'est pourquoi sa chair n'est pas bonne pour l'homme et ne vaut pas grand-chose pour la médecine.

Toutefois, si un homme souffre du haut-mal et tombe sur le sol pour se relever ensuite, il faut mettre une souris dans un vase d'eau et donner de cette eau à boire à cet homme ; on lui lavera aussi la tête et les pieds dans cette eau. On fera cela aussi longtemps qu'il tombe, et il sera guéri. Car, parce que la souris fuit toute chose, elle met aussi en fuite le haut-mal.

Quand la souris doit mettre bas, elle a de la peine et des difficultés à le faire ; alors, pendant qu'elle souffre, elle va au bord de l'eau, recherche de toutes petites pierres et en met dan sa bouche autant qu'elle peut en contenir ; puis elle court dans son nid, les recrache, souffle dessus, s'installe par-dessus et les réchauffe ; et aussitôt elle met bas ; une fois qu'elle a mis bas, elle les repousse avec ses pattes, s'installe sur ses petits et les réchauffe. Et si quelqu'un pouvait trouver ces pierres dans le mois qui suit le moment où elle les a rejetés et les attachait sur le ventre d'une femme qui est déjà en travail mais ne parvient pas à accoucher, celle-ci accoucherait bien vite, puis elle devrait aussitôt rejeter ces pierres.

Si quelqu'un a des douleurs avec des élancements, il faut prendre une souris et la frapper légèrement pour qu'elle ne puisse pas se sauver ; puis, avant qu'elle ne meure, l'attacher dans le dos de cet homme, entre ses épaules, quand il souffre d'élancements, et la laisser mourir là. L'homme sera guéri et les douleurs ne reviendront pas."

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Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant. on apprend que :


"Les souris sont utilisées par de nombreux peuples de l'Ouest africain. Chez les Bambaras, elle sont doublement liées au rite de l''excision. On leur donne les clitoris des jeunes filles excisées et une croyance veut que le sexe du premier né de la jeune file soit déterminé par celui de la souris qui a mangé son clitoris. On dit aussi que les souris véhiculent la partie de l'âme des excisées (la partie mâle du sexe féminin), qui doit retourner à Dieu pour attendre une réincarnation. Les Bambaras pensent également que les souris se transforment en crapauds pendant la saison des pluies. Animaux chtoniens, elles symbolisent la phase souterraine des communications avec le sacré."

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


En relation avec les ténèbres, la souris est souvent considérée comme l'âme d'un mort, en particulier celle d'une personne assassinée. En France, on croit que les souris s'installent dans une maison juste avant le décès d'un de ses habitants, comme si elles venaient le chercher, tandis qu'en Allemagne, où la souris blanche porte toujours bonheur, elles désertent en même temps que le mort, comme si elles l'accompagnaient dans son dernier voyage.

A cause de cette association avec la mort, l'apparition d'une souris est un mauvais présage. Chez les Anciens, adeptes d'une divination par les souris (et les rats) - la myomancie -, le cri de l'animal, qui n'était pas de meilleur augure, conduisit dit-on Fabius Maximus à renoncer à la dictature et Flaminius à abandonner sa charge de général de cavalerie. Aujourd'hui encore, une souris qui couine près du lit d'un malade lui signifie qu'il n'y a plus d'espoir de guérison. C'est la mort également qu'elle annonce en entrant pour la première fois chez quelqu'un, en creusant un trou sous le lit du maître de maison (pays messin), ou en tout cas une série d'infortunes si elle grignote un de ses vêtements (Angleterre). Chez les Wallons, on dit d'une souris qui crie qu'elle prévient celle qui l'entend que son mari la trompe. On considère également qu'une prolifération de souris présage une époque de misère (Luxembourg) ou une guerre ; en Suisse, la Première Guerre mondiale fut précédée par une invasion de souris. Enfin, rêver de souris n'est pas non plus bon signe : à Liège, cela annonce une maladie ou à Menton qu'on a des envieux.

Cependant, même si elles sont liées souvent à de mauvais présages, les souris en provoquent pas la même répugnance que les rats (contrairement à eux, elles ne sont d'ailleurs pas considérées comme sales ou véhicules de vermines), ce qui, toutes proportions gardées, pourrait s'expliquer en partie par le symbolisme de la souris : tout en représentant les ténèbres nocturnes, la souris est en rapport aussi "avec les ténèbres de l'hiver, d'où sortent plus tard la lumière et les richesses".

Très fréquente dans les fermes d'autrefois - encore aujourd'hui dans certaines maisons ou appartements -, les souris faisaient en quelque sorte "partie de la famille". Les enfants lui offrent encore leurs dents de lait et de nombreuses formulettes expriment plus l'affection que l'antipathie par exemple : "Une souris verte qui courait dans l'herbe... Je la mets dans mon chapeau, elle me dit qu'il fait trop chaud..." ; ou encore, accompagnée de chatouillements : "C'est la petite souris qui monte, qui monte, qui monte".

La tradition de la "petite souris", qu'on trouve aussi bien en Europe qu'en Nouvelle-Guinée ou au Mexique, provient de l'association entre les dents de l'enfant et celles de la souris "fines, aiguës, blanches, solides et durables, pas agressives" que toute mère souhaiterait pour ses petits. Autrefois, on plaçait la dent dans un trou de souris pour qu'elle l'avalât, en disant : "Petite souris, voilà une dent à moi, donnez-moi une dent encore plus belle" ou : "Petite souris, je t'apporte une de mes dents, donne m'en une autre." Dans le même ordre d'idées mais bien plus cruel, en Souabe, pour favoriser la dentition des enfants, on leur faisait porter au cou la tête d'une souris arrachées avec les dents.

Mais, comme le souligne Françoise Loux, "une hiérarchie doit être observée entre l'animal et l'enfant si l'on veut que ce dernier devienne un petit homme. Si elle n'est pas respectée - et la commensalité est signe d'égalité -, le pouvoir de l'animal s'inverse : les dents se carient au lieu de devenir blanches". On soutient en effet que la personne qui mange sur une nappe restée sur la table toute la nuit et sur laquelle les souris sont venues manger les miettes de pain aura les dents noires et pourries. Aux petits comme aux grands qui ont mangé des aliments auxquels a touché une souris, on promet en plus des boutons, dartres ou abcès sur les lèvres (Hainaut et Ariège).

Il est par ailleurs curieux de constater que chez les Africains bambaras, ce n'est plus la dent qu'on donne à la souris, mais le clitoris des jeunes filles excisées : "Une croyance veut que le sexe du premier-né de la jeune fille soit déterminé par celui de la souris qui a mangé son clitoris. On dit aussi que les souris véhiculent la partie de l'âme des excisées (la partie mâle du sexe féminin), qui doit retourner à Dieu pour attendre une réincarnation".

Les enfants qui font pipi au lit, comme tous ceux qui souffrent de coqueluche, d'un rhume, d'une rougeole, ou de catarrhes chroniques, doivent manger des souris grillées ou rôties. Avant d'en consommer une, la femme enceinte doit savoir que ce mets lui donnera un enfant aux yeux noirs. De plus, avaler des crottes de souris fait tomber la température.

Les Tziganes recommandent le foie et les poumons d'une souris trempée dans de l'eau-de-vie pour faire passer la fièvre tandis que chez les Juifs séfarades, son cœur passait pour rendre fécond. Par ailleurs, les premiers soignaient l'eczéma en se passant sur le corps de l'eau dans laquelle avaient bouilli les entrailles d'une souris et les seconds utilisaient une patte de l'animal contre les sorciers. Selon la tradition perse, placer le placenta dans un trou de souris éveillait l'intelligence du nouveau-né.

Contre le chancre, il faut se pendre au cou pendant neuf jours un morceau d'oreille de souris. Pour Albert le Grand, l'excrément de souris mélangé à du miel "fait revenir le poil en quelque partie du corps qu'il soit tombé, pourvu qu'on en frotte l'endroit avec cette mixtion".

On peut trouver dans les nids de souris où se trouvent trois, cinq ou sept petits une pierre magique qu'elles vont chercher dans la mer et qui, en contact avec l’œil en fait disparaître poussière ou corps étrangers, et peut même remédier à la cécité (Finistère). C'est grâce à cette pierre que les souris donnent la vue à leurs petits qui sinon seraient aveugles (Côtes-d'Armor).

Les Bretons se livrent également à une consultation à l'aide d'une souris blanche en la jetant dans l'eau ; si elle reste à la surface, cela porte chance mais si elle se noie, l'apprenti devin mourra dans l'année. On peut utiliser une souris noire : dans ce cas, inverser les présages.

Selon un ancien traité grec sur l'agriculture, on pouvait détourner d'un champ les souris en y plaçant avant l'aube, fixée sur une pierre, une feuille de papier sur laquelle était écrit : "Je vous adjure souris ici présentes de ne jamais me faire de mal et de ne jamais permettre à une autre souris de m'en faire. Je vous donne ce champ là-bas (indiquer lequel) mais si jamais je vous surprends encore ici, par la Mère des Dieux, je vous déchirerai en sept". En Écosse, pour chasser les souris d'une maison, on en prend une par la queue et on la fait rôtir au-dessus du feu ; en Belgique, où sainte Gertrude est invoquée pour être préservé de ces animaux, on en tue une le vendredi à minuit au beau milieu d'un carrefour : les autres la rejoignent définitivement le vendredi suivant. Selon une croyance de la Meuse, on peut les envoyer "chez qui l'on veut en écrivant des papiers avec mots cabalistiques. Sil y a de l'eau à traverser, on leur fait des ponts momentanés avec une simple planche".

Dans les Ardennes, un dicton signale que l'hiver sera froid si les souris "creusent trop bas" et enneigé "si les souris font leur nid dans le lin".

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Dans Les Cartes médecine, Découvrir son animal-totem (Edition originale, 1999 ; traduction française 2010) de Jamie Sams et David Carson,


"La Souris se dit : « Approchons-nous de ce qui existe et touchons-y avec nos moustaches afin de bien connaître. » Paradoxalement, cette attitude de tout scruter lui confère à la fois une grande puissance et une grande faiblesse. C’est une médecine efficace de voir de près, de porter attention aux moindres détails, mais c’est une mauvaise médecine que de tout éplucher pour, ensuite, tout passer à la loupe. La Souris a plusieurs ennemis parmi les prédateurs : entre autres, les oiseaux, les serpents et les chats. Ainsi menacée de toutes parts, il n’est pas étonnant qu’elle ait un sens aigu du danger.


La « civilisation », comme on dit, est un ensemble très complexe d’éléments divers ; la médecine de la Souris y sera donc à l’honneur. En effet, la civilisation exige de plus en plus d’habiletés organisationnelles ; pour les utiliser efficacement, on doit être capable d’examiner minutieusement la situation à laquelle on fait face. La Souris peut accorder une grande importance à des détails qui, pour les autres, peuvent paraître insignifiants.

Les adeptes de la médecine de la Souris font enrager bien des adeptes des autres médecines qui les considèrent tatillons. En effet, les fidèles de la Souris apercevront le fil qui dépare votre manteau même si celui-ci est de la même couleur que celui-là. Ils tenteront de vous convaincre que la plus simple des tâches cache de multiples difficultés. Ils ont une obsession : la méthodologie. Ils trient, classent par catégories et rangent pour usage ultérieur. On pourrait croire qu’ils sont en train d’amasser et d’accumuler. Cette idée n’effleure pourtant pas leur esprit. Ils rangent pour pouvoir, plus tard, explorer et approfondir tout à leur aise.

Les chefs nous affirment que, sans les Souris, la systématisation du savoir n’existerait pas. La Souris a mis fin à l’ère des talents multiples pour annoncer celle de la spécialisation. Ce petit rongeur a toujours su « qu’il y en avait toujours plus à apprendre ». On peut toujours creuser plus avant, plus profondément, plus creux !

Si votre médecine s’apparente à celle de la Souris, vous pouvez craindre la vie, bien que votre milieu soit très bien organisé, avec une place pour chaque chose. Essayez donc de voir plus grand que ce qui vous regarde en pleine face. Développez votre largesse d’esprit. Prenez conscience de la Grande Danse de la Vie. Constatez que, même si vous êtes à Los Angeles, New York et Paris existent, ainsi que la lune, la galaxie, l’univers infini. Sautez haut, petit ami, et vous apercevrez un petit bout de la montagne sacrée.

Si la Souris est apparue dans vos cartes, sa médecine vous recommande de scruter. Regardez-vous, regardez les autres avec insistance. Qui dit que ce gros morceau de fromage ne repose pas sur un mécanisme qui déclenchera une trappe mortelle ? Le chat vous guette peut-être dans la dépense, qui sait ? Quelqu’un à qui vous avez délégué votre autorité – un médecin, un avocat, voire un plombier – ne prend peut-être pas son rôle au sérieux ? Le message : regarder ce qui est là, droit devant vous, et prendre les mesures nécessaires.


A l’envers : La Souris à l’envers vous indique que vous consacrez peut-être trop de temps aux grandes questions alors que vous devriez vous attarder aux détails quotidiens : payer la contravention pour délit de stationnement ou balayer le pas de votre porte. Vous vous laissez aller à la négligence ?Vous avez développé un dédain pour l’autorité et l’ordre ? Vous temporisez devant quelque chose qui requiert votre attention immédiate ? Faites appel à la médecine de la Souris pour régler le chaos dans votre vie et vous verrez les choses s’arranger ; tout deviendra impeccable.

Autre message de la Souris à l’envers : vous avez tendance à bâtir des châteaux en Espagne. Vous demandez-vous pourquoi l’Académie ne vous a jamais décerné un Oscar ? On ne peut vous apprécier à votre juste valeur quand vous négligez de vous occuper des détails et que vous refusez de cheminer avec humilité. Rappelez-vous que les bonnes choses sont réservées à ceux et celles qui visent l’intégrité. Pourtant, tout en cherchant à voir l’ensemble, la Souris doit d’abord prendre le temps de bien intégrer l’information, point par point. On peut vraiment se sentir accablé si on brûle les étapes ; la confusion s’installe quand on fait « trop, trop vite ». La petite Souris peut venir à bout de toutes les tâches en s’y préparant par un examen minutieux. Ralentissez ! Cessez de tourner en rond, de vous laisser déconcerter par les dédales de la situation actuelle et appliquez-vous à en observer sérieusement tous les menus détails.


Mot-clef : examen minutieux."

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D'après Madonna Gauding, auteure de Animaux de pouvoir, Guides, protecteurs et guérisseurs (Octopus Publishing Group, 2006 ; traduction française Éditions Véga, 2006) :


Guide d'interprétation


En tant que symbole onirique : Introspection - Invisibilité - Modestie - Destruction - Simplicité - Gentillesse - Détail.


En tant que gardien ou protecteur : Protège à la signature d'un contrat - Garde grâce à l'invisibilité.


En tant que guérisseur : Favorise la foi dans le Divin - Permet une meilleure concentration mentale.


En tant qu'oracle ou augure : Profitez des petites ouvertures - Soyez plus conscient des besoins des autres.


Mythes et contes

Jusque vers 1822, des souris en or ou en argent étaient offertes au reliquaire de Cologne de sainte Gertrude de Nivelles. Elles représentaient les âmes au Purgatoire, pour lesquelles la sainte avait une grande dévotion.


Si la souris est votre animal de pouvoir

Vous avez d'exceptionnels talents d'organisateur, vous vous occupez du moindre détail - vous êtes organisateur, comptable, libraire. Dans certains domaines, vous êtes minutieux, pas dans d'autres. Par exemple, votre maison est parfaite, mais votre apparence négligée. En vous concentrant sur ce qui est devant vous, l'image globale vous échappe parfois. Bien que vous ne soyez jamais malveillant, vous pouvez détruire en ignorant l'effet de os actions.


Demandez à la souris de vous aider

  • à réaliser la qualité éphémère de la vie ;

  • à ranger les documents de voter bureau ;

  • à faire plus attention aux gens et à votre environnement.

Accéder au pouvoir de la souris en :

  • vous allongeant sur le ventre dans l'herbe pour voir le monde comme une souris ;

  • en nettoyant un placard.

Les dents de devant acérées des souris leur permettent de réduire les choses en miettes. Donc, pour vivre heureux, il faut décomposer les problèmes en leurs éléments et les gérer un à un.


Élément Terre."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007, traduction française, Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message du royaume des rats, des souris et des hamsters :


Si vous vous sentez incompris, souvenez-vous que votre vie

a un but suprême. Poursuivez-le aussi difficile que cela puisse

paraître, et l'univers vous apportera la reconnaissance et

les honneurs qui vous sont dus quand le temps sera venu.


Les souris remplissent le même rôle que les rats, mais elles ont une énergie plus douce et n'ont pas été aussi affectées par la colère des humains que les rats. Elles essaient toutefois de nettoyer et de transformer nos déchets et nos restes. Leur offre de service ne comprenait pas la possibilité que leurs cors soient utilisés pour la recherche. Cela n'a jamais été prévu et crée non seulement une épreuve, mais également une grande douleur pour les animaux, ainsi qu'un puissant karma pour ceux qui provoquent une telle souffrance et souvent pour les utilisateurs des produits qui en découlent. Les archanges Zadkiel et Gabriel travaillent également avec des souris.

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Dans Rencontre avec votre animal totem (édition originale 2010, traduction française 2015), Phillip Kansa et Elke Kirchner nous proposent la fiche suivante sur la souris :


"Caractéristiques positives : Soin apporté aux détails - Humilité et générosité.

En quoi cet animal m'aide : La souris est modeste et se satisfait de ce qu'elle trouve. Elle t'aide à être reconnaissant pour les choses que tu as. "Concentre-toi sur l'essentiel !", te souffle le pouvoir de la souris. Elle t'encourage à avoir l'esprit ouvert et l'âme généreuse, et à ne pas être trop critique.

Comment la souris me protège : La souris te protège en t'aidant à prendre en compte tous les éléments importants d'une situation. Elle te montre que tu ne dois pas attendre, ni de toi-même ni des autres, de tout réussir d'un seul coup. "Travaille pas petites étapes réalisables !, te dit-elle. Cela t'empêchera d'être débordé."

Exercice pour me relier à cet animal : Ferme les yeux et respire dans ton cœur. Entre profondément en toi. Imagine qu'une adorable petite souris s'approche de toi. Elle explore les alentours avec ses vibrisses et découvre la moindre petite miette qui pourrait la nourrir. tu commences à la comprendre et à te reconnaître dans ses actions. Pense maintenant à ta vie : dans quel domaine le point de vue de la souris t'est-il nécessaire ? Où vas-tu ? Te sens-tu débordé ? Laisse le pouvoir de la souris te montrer sur quoi tu dois actuellement te concentrer. Quand tu as obtenu des réponses à toutes tes questions, reviens dans l'ici et maintenant. Remercie l'animal pour son soutien."

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D'après Annie Pazzogna, auteure de Totem, animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens de Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012 et 2015), la Souris (Itunkala) appartient au clan du Sud qui comprend l'Ours, la Chouette, le Lapin, le Loup, la Loutre et le Coyote. La direction du Sud est également associée au blanc, à la Grand-Mère Lune, à l'élément eau et à l'émotionnel.


Itunkala, "trotte-menu", creuse des terriers et tapisse des chambres de mousse , de végétaux. Terrestre ou nageuse, elle est prolifique dès l'âge de deux mois et peut avoir plusieurs portées par an, de dix à douze petits chacune. C'est à la belle saison que la reproduction atteint son maximum.

Elle se nourrit la nuit de graines, de fruits, de champignons, d'insectes... qu'elle entasse en prévision de l'hiver. La prévoyance est l'une de ses qualités.

Ses moustaches frémissantes agissent comme un radar. Elle a cependant de nombreux ennemis qui ne pensent qu'à déguster sa chair tendre : Hermine, Chouette, Buse, Corbeau, Serpent.

Par sa vision rapprochée des choses et des êtres, elle est minutieuse, méticuleuse, humble et possède un sens aigu du danger.

Souris a un double aspect : par sa connaissance des racines, elle est guérisseuse mais aussi annonciatrice de maladie. A l'instar de son grand frère Rat, Souris est un vecteur de virus variant avec sa race.


Récapitulatif : positif : Prévoyante - Minutieuse - Méticuleuse - Humble

négatif : Pointilleuse - Voleuse.

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la Souris est définie par les caractéristiques suivantes :


Traits : La Souris symbolise l'examen minutieux, la découverte, la sagesse et la sensibilité. La souris est d'une nature nerveuse, c'est une travailleuse fiable, et elle préfère s'ne tenir à la routine. dans son trou, elle a l'équivalent d'une cuisine, d'une salle de bains et d'une chambre avec des espaces séparés. Elle garde sa maison propre et organisée. Chaque chose y a sa place. Vous êtes comme la souris, à cet égard. Il se peut que votre intérieur ne soit pas impeccable, mais vous savez toujours où trouver les choses. La souris communique ses humeurs aux autres souris par des expressions faciales. Les scientifiques croient qu'elles sont capables d'éprouver de l'empathie les unes pour les autres et que les sentiments que leur portent les autres affectent leur humeur. Elles utilisent beaucoup l'expression vocale avec des sons que bien souvent nous ne pouvons pas entendre. Si elle se sent menacée, la souris va faire la morte jusqu'à ce que le danger soit passé. On parle de souris malicieuses, mais c'est vrai qu'en groupe elles s'amusent souvent.


Talents : Adaptable - Équilibre - Intelligent - Portés sur le détail - Exploration - Fertilité - Intelligence - Méticuleux - Malicieux - Fait le mort - Tranquille - Reste discret.


Défis : Timide - Nerveux - Entasse - Possessif.


Élément : Terre.


Couleurs primaires : Noir - Brun - Gris - Argent - Blanc.


Apparitions : Lorsque la souris apparaît, c'est pour vous le signe de faire baisser votre degré d'excitation, de faire attention aux détails et d'arrêter de gaspiller votre énergie. Vous êtes en train d'approcher un changement qu'il vous faudra gérer avec délicatesse et finesse. La souris aime explorer, mais elle reste près de chez elle. Elle ne va pas s'éloigner à plus de six mètres de son nid et elle a tendance à s'en tenir aux mêmes circuits. Cela veut dire que, parfois, vous devez vous forcer à quitter votre zone de confort pour avoir des aventures et faire des expériences dans de nouveaux domaines. La souris est très fertile, elle commence à se reproduire à l'âge de deux mois, elle peut avoir ne portée d'une douzaine de petits toutes les trois semaines, et être à nouveau pleine quarante-huit heures après avoir mis bas. C'est là le signe que ce que vous entreprenez en ce moment va s'avérer très fertile et productif. Si la souris apparaît, cherchez de nouveaux projets à démarrer, de nouvelles affaires à lancer.


Aide : Vous avez besoin d'être organisé et de faire attention aux détails. La souris peut vous aider à voir des choses importantes que vous avez pu manquer, à étudier les particularités et à lâcher ce qui n'est pas nécessaire. Elle peut aussi vous aider à avoir une vue générale lorsque vous vous focalisez tant sur les détails que vous en oubliez finalement le plan d'ensemble. La souris a de petites écailles sur la queue pour l'aider à grimper. Vous avez tendance à être doué pour les affaires. Elle peut vous aider à grimper dans l'entreprise ou à réussir dans votre carrière. Elle peut vous aider à voir ce qu'il en est de vos compétences en matière de communication. Si vous restez tranquille au lieu d'apporter votre contribution au groupe, si vous répandez des ragots ou des rumeurs, ou si vous essayez d'imposer vos opinions, la souris va contribuer à ce que vous retrouviez l'équilibre et remplaciez ce qui est négatif par du positif.


Fréquence : L'énergie de la souris trottine, gratte et mord. Elle donne une sensation de démangeaison, comme si vous aviez sur vous quelque chose qu'il vous faut enlever d'un coup de brosse. Sa sonorité ressemble à un piaillement râpeux recouvert d'un couinement aigu.


Imaginez...

Vous êtes assis par terre en train de ranger des boîtes éparpillées autour de vous, lorsque, du coin de l’œil, vous voyez quelque chose bouger : une minuscule souris se tient près du mur. Vous vous demandez comment elle a pu entrer et vous essayez de réfléchir à la meilleure façon de l'attraper et d'aller la relâcher ailleurs. Vous vous levez et attrapez l'une des boîtes et votre balai. Vous envoyez par télépathie des messages à la souris, avec des images où elle est en train de courir dans la boîte et où vous l'emmenez dehors. En avançant très doucement, vous posez la boîte par terre devant la souri et le balai derrière elle. Elle vous regarde, puis court directement dans la boîte. "Eh bien, pensez-vous en ramassant la boîte, c'était presque trop facile." Vous emmenez la souris dehors, loin de votre maison, et posez la boîte au sol pour l'ouvrir. La petite souris sort en courant, vous regarde, puis se dresse sur ses pattes arrière et émet quelques piaillements (comme pour vous dire merci) avant de repartir en courant. Vous ramassez la boîte et rentrez chez vous pour finir de ranger.

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Dans l'édition revue et augmentée de Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Éditions Le Dauphin blanc, 2019) Aigle bleu nous transmet la médecine de la Souris :


Les mots clés de la médecine de la souris sont confiance, innocence, amour et attention au détail. La souris est associée au Sud. Elle symbolise la confiance et l'innocence qui donnent l'énergie de la foi, cette foi qui peut déplacer des montagnes. Ce sont aussi la confiance et l'innocence propres à l'enfance. Ceux qui ont la médecine de la souris gardent un esprit jeune lorsqu'ils envisagent ce qui les entoure. Ils font attention aux détails pour mieux comprendre. La petite souris, lorsqu'elle est intriguée par une graine ou un objet qu'elle a trouvé, l'apporte dans sa tanière pour l'examiner plus tard afin de mieux le comprendre. On dit parfois des gens qui ont le totem de la souris qu'ils font de l'entassement, de l'accumulation jusqu'à l'encombrement, mais ce n'est pas le cas. LA souris range tout dans un ordre qui lui permet de retrouver rapidement ce qu'elle cherche. Elle ramasse non pas pour accumuler, mais bien pour mieux comprendre plus tard. Ainsi, la souris est celle qui préside à l'éducation, puisqu'un des attributs de l'éducation consiste en la classification du savoir.

Aussi, la personne qui a la médecine de la souris est très organisée. Elle peut être très utile au sein de n'importe quel groupe, mais parfois certains trouveront ses talents frustrants. En effet, elle remarquera le moindre détail qui n'aura pas sa cohérence dans un projet et y reviendra sans cesse jusqu'à sa satisfaction.

Les personnes qui ont la médecine de la souris ont très peu d'ego et, dès lors que nous sommes habitués à leur minutie qui est parfois agaçante, elles sont assez agréables à vivre.

Les souris sont très utiles à l'écologie ; elles aèrent le sol en faisant des trous partout. Elles ont la nourriture principale d'un grand nombre de prédateurs, du fait de leur reproduction très prolifique.

L'homme souris est une personne capable d'un niveau de concentration extraordinaire. Il excellera dans tout travail qui s'attache aux détails : recherche scientifique, comptabilité, organisation de projets complexes, gestion d'informations...

La femme souris est une maîtresse de maison hors pair, toujours active. Rien ne lui échappe dans son environnement, ce qui lui permet de créer des milieux de vie extrêmement bénéfiques.

Le principal défaut des personnes qui ont la médecine de la souris est de ne pas voir la grande image. Elles ne savent pas rendre du recul et parfois se laissent attraper par l'aigle parce qu'elles sont trop attentives aux petites graines sur le sol. Par contre, leur amour et leur confiance permettent une abondance sans fin qui garantit pour toujours la pérennité de leur famille.

Faites appel à la médecine de la souris pour cultiver l'amour pour vos proches et la compassion du prochain. Ayez également recours à cette médecine pour reprendre confiance dans la vie et pour augmenter votre minutie dans le travail et votre efficacité dans l'organisation domestique et professionnelle.

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Dans Le Bestiaire du Chaman, 36 cartes divinatoires A la rencontre de votre animal totem (Édition originale, 2019 ; Éditions Larousse, 2020), Maïa Toll propose les correspondances symboliques suivantes associées à la Souris grise (Mus musculus) :


La souris est discrète, elle se glisse dans les anfractuosités et trottine derrière les murs. Nous ne la remarquons que par les dégât qu'elle laisse derrière elle : fils électriques mordillés, livres rongés, nourriture immangeable à cause de ses grignotages. La souris se fraie un chemin dans les papiers à une vitesse étonnante, ruinant en quelques heures ce qui avait pris des années de travail. C'est parce qu'elle agit rarement seule - elle est aidée. La souris a, en effet, une nombreuse progéniture : s'il y en a une, il y en a sûrement d'autres... Et une fois que vous avez des souris, c'est ahurissant ce que d'aussi petites créatures peuvent faire comme ravages ! Travaillez ensemble, conseille-t-elle, vous n'avez pas besoin d'être grand pour être fort.


Rituel : Organisez-vous

Si vous avez déjà subi une invasion de rongeurs, vous savez combien une petite souris peut-être destructrice. Dès que vous vous rendez compte de sa présence, vous entreposez les aliments secs dans des bocaux en verre et laissez les cookies dans le four au lieu de les poser sur le plan de travail. Vous n'entassez plus vos papiers en vrac dans des cartons au grenier, mais les rangez soigneusement ; quant aux semences pour la pelouse, vous renoncez aux sacs pour les mettre à l'abri dans des boîtes métalliques.

Une fois que votre maison vous appartient de nouveau, votre vigilance se relâche, lentement mais sûrement... Et le cycle recommence...

Si nous laissons les souris nous envahir à chaque fois, c'est souvent par négligence mais aussi parce que nous allons un peu trop vite dans la vie. Nous ne savons pas toujours ce qui est vraiment important pour nous... jusqu'à ce qu'elle ait grignoté la dernière photo qui nous restait de mamie Antoinette, notre arrière-grand-mère.

La souris vous apprend à ralentir et à vous organiser. Prenez soin de ce que vous aimez

et si vous ne l'aimez pas assez pour en prendre soin, débarrassez-vous-en.

Créez des rituels de rangement périodiques - le début du printemps et l'automne sont propices à cela. C'est l'occasion de faire de la place et de sauver la photo de votre arrière-grand-mère d'un exil à la cave.


Réflexion : Petites, puissantes et nombreuses

Vous avez sûrement déjà éprouvé une grosse colère, de la rage ou un sentiment d'injustice à la suite d'un événement quelconque. Avez-vous eu envie d'éclater et de faire un scandale ? Ou de vous venger en catimini ?

Peut-être avez-vous songé à invoquer l'énergie d'un animal : le serpent venimeux qui se glisse comme un assassin dans la nuit, ou le tigre qui étripe et déchire.

Mais qu'arriverait-il si vous faisiez plutôt appel à la souris ?

Entrez dans son esprit... et rappelez-vous ce que c'est que d'être petit. Pas petit et impuissant, mais assez petit pour pouvoir se faufiler dans les anfractuosités et passer sous les portes, assez fort pour ronger tranquillement tuyaux et tas de papiers, et transporter d'infimes germes de destruction.

Quand nous sommes blessés ou humiliés, notre réaction est souvent violente. Nous avons envie de rugir.

Et si nous devions plutôt une armée obstinée et tenace ?

Et si la souris étati un symbole de force ?

Que diriez-vous d'utiliser la médecine de la souris pour ronger au lieu de rugir ?

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


Une approche objective des images du rêve est subordonnée à deux formes opposées de la détermination. Parfois, le chercheur n'atteindra le sens que s'il ose transgresser les clichés véhiculés par l'usage et la culture. D'autres fois, c'est à la condition d'assumer les représentations les plus banales qu'il sera conduit vers la signification profonde du symbole. A suivre les tribulations de la souris imaginaire, c'est dans la deuxième situation que l'explorateur des rêves se trouve placé. Il ne progressera dans l'élucidation du sens qu'après avoir accepté deux évidences : d'une part la souris du rêve est toujours une petite souris, d'autre part la souris est un complément d'image du trou. A peine formulées, ces propositions perdent leur platitude grâce à leurs prolongements oniriques. Elles inspirent trois axes de réflexion qui formeront la structure de notre interprétation.

La première réflexion prend appui sur une observation qui oblige à distinguer la symbolique de la souris et celle du rat. Dans l'article consacré au rat, nous présentons plusieurs exemples de scénarios dans lesquels évoluent des rats géants, qui atteignent parfois une taille égale à celle du rêveur. Nous ne nous souvenons pas d'avoir recueilli, ne serait-ce qu'une fois, l'image d'une souris géante. La constatation est d'importance car elle conduit à réfuter l'hypothèse proposée par certains auteurs et qui ferait de la souris une sorte de femelle symbolique du rat. Si la commune nature de parasites rongeurs des deux animaux justifie quelques similitudes secondaires de traduction , toute démarche qui tendrait à prendre ces rapprochements pour base de l'interprétation exposerait à de lourdes imperfections.

La seconde réflexion repose sur l'insistance avec laquelle rêveuses ou rêveurs soulignent la petite taille de l'animal. La dimension de la souris réelle est assez modeste pour que l'expression petite souris, qui trouve une équivalence dans celle de petit nain, soit considérée comme un pléonasme. L'imaginaire ne s'embarrasse pas des purismes du grammairien. Il fait de la petite souris un superlatif de la réduction de taille. Pour dire quoi ? La minimisation de taille s'imposera comme l'axe majeur de l'interprétation. Il est donc essentiel d'en préciser la signification.

Dès lors qu'on a reconnu la vocation de la souris à symboliser la réduction de taille, c'est aux images du rêve qu'il faut demander ce qui s'exprime à travers celle-là ! La réponse sera plurielle. La complexité des interférences de sens ne permet pas de ranger les images comme on trie des objets aux caractéristiques nettement définies. Une image est toujours apte à favoriser plusieurs projections symboliques. Son apparition dans le scénario est déterminée par l'un des sens potentiels qui répond, à cet instant, au besoin prioritaire de la dynamique onirique. Les autres valeurs de l’image sont cependant actives mais leur rôle s'exerce sur des plans secondaires. L'image de la petite souris n'échappe pas à cette règle. Aquarelle de Valérie Droin. La marge d'arbitraire qui affecte toute classification des symboles sera réduite par une première distinction. Dans les deux tiers des productions oniriques des hommes, la souris renvoie indiscutablement à ce que Gilbert Durand appelle « une inversion minimisante de la puissance virile » ! L’euphémisme évoque avec adresse le halo de sentiments complexes qui environne l'angoisse de castration. Les développement relatifs à l'association entre la souris et le trou seront l'opportunité d'illustrer la proposition par des images d'une éloquence brutale. La souris figure parmi les quelques symboles qui apparaissent plus fréquemment dans les scénarios produits par les hommes que dans l'onirisme féminin. La connotation sexuelle n'est pas absente de celui-là mais elle ne se laisse observer que dans 20% environ des rêves concernés.

Les rêveuses qui donnent à voir le petit rongeur le chargent, dans 15% des situations, de représenter une petite sœur de représenter une petite sœur ou un petit frère. Le plus souvent, c'est la rêveuse elle-même qui s'active dans le scénario sous la forme de l'animal. Ces images par lesquelles la rêveuse s'identifie à la petite souri se répartissent entre deux groupes qui, chacun, appelle une interprétation spécifique. Se métamorphoser en souris peut être une façon de se protéger pour, ainsi, accepter de se donner à revivre des circonstances intolérables de l'enfance. Cela peut être aussi, plus simplement, l'une des façons d'exprimer la réduction de taille, l'un des indices les plus probants de l'authenticité d'un franchissement du seuil. Une traduction qui négligerait le fait que la souris est indissociable de la peur resterait inévitablement incomplète. Le souhait naïf « d'être une petite souris pour disparaître dan un trou « se réalise à la faveur de bien des rêves féminins. Un tel vœu est une expression désespérée du besoin d'échapper, de se placer hors d'atteinte. Au risque de rompre le fil de la réflexion, nous choisissons d'illustrer cette affirmation par des extraits du quatorzième scénario de Reine. La séquence réactualise le trouble dû aux atteintes dont la jeune femme fut autrefois victime, comme plusieurs autres enfants, par un proche parent de la famille, dont la profession favorisait les agissements abusifs et que sa réputation rendait inattaquable :

« … Là, je suis devenue une souris, avec une grande fourchette.. ça me rappelle que, lorsque j'étais petite, je faisais toujours des rêves où les choses devenaient énormes ou toutes petites... la souris devient de plus en plus petite... une femme arrive... elle veut faire manger la souris mais celle-ci a du mal à avaler... c'est bizarre ! C'est dingue ce qu'elle est petite cette souris ! Elle va dans sons petit trou... elle a un petit lit, un petit meuble, des jouets... là, elle s'active... elle est très active à l'intérieur... un doigt entre dans le trou pour l'attraper... elle se cache au fond... le doigt n'arrive pas à attraper la souris... ah ! Je vois X... avec ses dents en avant... c'est son doigt... il a des yeux complètement dingues... de maniaque... ça le rend dingue de pas trouver la souris dans le trou... il est dingue... je le vois bien... des cheveux bruns... il est fou de rage... il paraît très très grand, comme un géant... c'est la puissance... il écrase tout... personne ne peut rien contre lui... il écrase même les gendarmes... la seule chose qu'on peut faire c'est se cacher... il est très très grand... il se balade, comme ça, impunément !... Tout le monde l'applaudit... ils ont peur aussi... la souris s'en va... elle sait qu'un jour il sera puni... j'ai vécu un enfer... je n'osais pas me déplacer fans la maison... là je vois un œil... »

De telles séquences, dans lesquelles les rêveuses s'autorisent, sous les traits de la petite souris terrorisée, à dire leurs peurs refoulées, peuvent être observées dans de nombreux rêves produits par des femmes.

Le phénomène onirique de la réduction de taille, tellement important comme indice de la dynamique de l'imaginaire, fait l'objet d'un article particulier du Dictionnaire de la symbolique. Pour cette raison, il suffira de produire, dans le présent article, quelques phrases du scénario d'Alain, qui sont une très belle illustration du phénomène. Le rêve commence par ces mots : « Une bougie !... Je vois une bougie gigantesque et je suis en haut, sur le bord... et, à mes pieds, on dirait presque un lac de cire et... une énorme flamme au-dessus de moi ! Vous l'aurez compris : elle est d'une autre échelle : elle fait plusieurs dizaines de mètres de diamètre... […] Il fait très chaud : je décide de descendre le long des cascades de cire figée... je descends jusqu'au sol... j'ai le sentiment d'être un nain dans un château féodal, avec d'énormes candélabres tout au long du couloir... sur ces candélabres, il y a de grosses bougies, sur lesquelles j'étais, au départ. Il y aune porte gigantesque en bois noir, sombre et la serrure est à... quinze mètres de moi puisque j'ai la taille d'une souris !... »

La porte gigantesque s'ouvrira soudain par elle-même, confirmant, par cette manifestation magique, l'authenticité de la scène de franchissement. Cinq passages du seuil différents auront lieu dans ce rêve d'Alain.

La première des trois réflexions qui constituent le fil conducteur de notre interprétation commandait la dissociation des images de la souris et de celles du rat. La deuxième réflexion se proposait d'expliquer l'insistance avec laquelle le rêve souligne la petitesse de la souris. La troisième concerne la relation entre la souris et le trou. Le rapprochement des deux symboles est si naturel qu'il ne paraît pas justifier une analyse particulière. Cette position est démentie par les images saisissantes recueillies au fil des scénarios.

Aux psychologues qui privilégient l'aspect phallique du symbolisme de la souris, les rêves apportent un renfort surprenant par sa nature. Pour l'imaginaire, la souris est intimement liée à la symbolique de l’œil, des yeux, du regard. Le praticien qui reçoit les images devra discerner celles qui expriment les valeurs de la sexualité et celles qui témoignent d'une avancée dans la prise de conscience. Ce repérage ne sera pas très difficile si l'on se rappelle que les premières apparaissent surtout dans les scénarios produits par les hommes et les secondes dans les rêves féminins. Dans l'article consacré à l’œil, nous démontrons que le globe oculaire, l’œil exorbité, est l'une des représentations substitutives du pénis. Mais la cavité oculaire et l’œil lui-même sont aussi des matrices symboliques offertes à la pénétration. Le rêve déploie suivant ses besoins les images de l’œil pénétrant et celles de l’œil pénétré. Les séquences qui suivent seront mieux comprises sous cet éclairage, tout sommaire qu'il soit. Ludovic, seizième scénario : « … Maintenant, un canard... un colvert, en plein vol... je le vois de profil... il a le cou très allongé... je en vois pas le battement des ailes... là, une ombre de pénis se superpose au cou et à la tête de canard... je vois un chardon aussi, avec les piquants... il est comme un sexe de femme et le canard pénètre dedans... il est devenu tout petit... […] Là, je vois des yeux qui bougent... des souris aussi et je vois un œil... un œil mort... la souris est dedans... y a une bille transparente qui est sortie de l’œil... » Alain, dix-neuvième rêve : « .. C'est dans la cave à charbon, dans la maison de C..., je revois la chaudière, les boulets de charbon... j'avais peur d'aller là... y a une chauve-souris... là, je vois un squelette... je mets ma main dans l'orbite d'un crâne... y a ne souris dedans... ou un petit mulot... et la souris se sauve et entre dans un trou du mur... moi, je plonge la main et je la tire par la queue... elle se retourne et me mordille le doigt... elle ne me fait pas mal... elle s'excite, elle a peur... je la prends, je la regarde et je la remets dans le trou... j'avais juste envie de lui ficher la trouille, je crois et j'ai dû réussir car elle a l'air terrorisé... elle tremble... je vois son œil maintenant, son petit œil, de très près... qui me regarde... une femme apparaît, un peu malsaine, un peu sorcière... par moments j'ai l'image de ma mère... »

D'autres rêves proposent des visions similaires à travers lesquelles les images de l’œil et de la souris sont clairement associées aux angoisses de castration. Appliquée à ces productions, la formulation de Gilbert Durand : "inversion minimisante de la puissance virile" prend son plein sens !

L'association entre la souris et le regard comporte un autre versant qui renvoie au désir de voir. De voir ou de revoir autrement ce qui fut intolérable. Le souhait de se métamorphoser en petite souris ne traduit pas toujours le besoin de s'échapper. Il répond aussi à l'envie de voir sans être vu. Maud s'apprête à quitter la famille dans laquelle elle a été une enfant heureuse. La jeune fille réalise, non sans une certaine angoisse, le passage vers l'autonomie de l'adulte. Dans son dix-septième rêve, elle devient petite souris, pénètre dans un trou qui donne accès à une salle très éclairée dans laquelle vit une famille de souris : « … Il y a une table en bois, solide... l'atmosphère est chaleureuse... il y a le papa, la maman et trois petites souris. Je ne comprends pas ce qu'ils disent mais c'est gai... je m'installe dans la maison des souris... j'écris une lettre à ma mère... je lui dis que je l'aime... je vois mon visage dans un miroir... je suis à demi souris et à demi femme... je voudrais que l’image se précise... j'ai besoin de savoir ce que je suis vraiment... je n'ose pas trop regarder... ça me fait peur... il y a du feu dan la cheminée... j'ai les yeux baissés... je décide de relever les paupières, tout doucement... et je me vois, comme je suis – et, derrière, je vois maman... » Plusieurs rêveuses placent, comme Maud, la souris en position d'éclaireuse sur le chemin de la réalisation lucide. Chacune exprime à sa manière la peur de l'avancée dans l'élargissement du champ de conscience : « J'ai peur de voir ce que je suis vraiment », « j'ai peur de ne pas voir d'image », « j'ai peur de voir qu'il n'y a rien à voir ! »

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En présence d'un épisode onirique dans lequel apparaît la souris, le praticien atteindra le sens à la condition de passer par le triple voile des évidences. Il doit se rappeler que le rongeur est un partenaire assidu de la peur, de complément dynamique du trou et l’un des synonymes de la réduction de taille. Lorsque le rêve est produit par un homme, la traduction s'orientera, soit dans le sens d’un indice d'authenticité du franchissement, si la séquence comporte une scène de passage, soit, plus souvent, vers les insuffisances qui affectent l'exercice de la sexualité. Le rongeur peut, dans ce cas, se rapporter à quelque handicap physiologique ou révéler l'angoisse de castration. Quand la souris est mise en scène par une femme, l'image peur symboliser un jeune collatéral mais, dans la plupart des situations, c'est la rêveuse qui se représente elle-même sous cette forme. Le petit rongeur sera, là aussi, parfois, un indice d’authenticité du franchissement d'un seuil. Même alors, on sera fondé à penser que cette traduction se superpose à l'une des deux autres propositions :

  • ou la rêveuse, sous la réduction protectrice de la souris, s'autorise à revivre une situation ancienne d'agression sexuelle, réelle ou imaginée sous l'influence de la peur ;

  • ou la métamorphose est un stratagème de l’imaginaire qui libère la vision de la rêveuse et lui confère une portée qui dépasse celle du regard de la conscience immédiate.

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Contes et légendes :


Lewis Mehl-Madrona dans Ces histoires qui guérissent, la sagesse du coyote (Édition originale, 2005 ; traduction française : Guy Trédaniel Éditeur, 2007) rapporte une histoire qui lui a permis d'aider une de ses patientes à mourir sereinement :


Souris Sauteuse était de nature curieuse. Elle vivait dans une famille de souris satisfaites du petit coin du monde où elles se trouvaient, qui évitaient les aigles et les faucons, creusaient pour trouver de la nourriture et se blottissaient les unes contre les autres dans leur petit nid douillet. Souris Sauteuse, quant à elle, ne cessait de repousser les limites. Elle s'éloignait loin du nid, pour voir ce qu'il y avait au-delà. Plusieurs fois, des faucons avaient failli l'attraper. Sa mère la grondait, lui disant d'être plus prudente et de se comporter comme une souris. "Tu finiras par être le dîner de quelqu'un, si tu continues comme ça", lui disait-elle.

Souris sauteuse n'en poursuivait pas moins ses explorations. Elle voulait découvrir la montagne qu'elle voyait au loin. Elle désirait savoir ce qu'il y avait de l'autre côté. Un jour, elle jugea qu'il était temps de partir. Elle vivrait son aventure. Elle fourra un peu de nourriture dans son baluchon et se mit en route vers les montagnes pourpres à l'horizon.

La première confrontation au danger de Souris Sauteuse fut un puma qui semblait mourant. Elle s'approcha avec précaution du grand fauve. "Qu'est-ce qui ne va pas, mon ami ? lui fit-elle.

- Je me meurs, dit le puma, à moins que quelqu'un puisse me soigner.

- Et comment pourrais-je te soigner ? demanda-t-elle.

- Les esprits disent que je mourrai à moins que quelqu'un n'effectue un grand sacrifice en ma faveur. J'ai mené une existence égoïste, et si personne ne fait un acte désintéressé pour moi, c'en est fini. Ce que j'ai vécu n'est pas de nature à éveiller un tel comportement chez autrui. Mes proches m'ont tourné le dos. Ils mènent la même vie que moi, ne pensant qu'à eux-mêmes.

- Je n'ai pas grand-chose à donner, fit Souris Sauteuse, mais tu peux avoir mon baluchon. Il contient tout ce que je possède. Il est à toi. Le puma fut touché par le sacrifice de Souris Sauteuse.

- Ne crains-tu pas que je te mange malgré tout ? demanda-t-il.

- Si, dit la Souris, mais je suis bien obligée de courir ce risque. Le baluchon changea de pattes et le puma sentit ses forces revenir.

- Je t'emmènerai aussi loin que je peux, dit-il. Où souhaites-tu aller ?

- Je me rends jusqu'à ces lointaines montagnes, dit Souris Sauteuse.

- Alors, je te conduirai jusqu'à la limite de mon territoire, répondit le puma, et je te protégerai des prédateurs. Fidèle à sa parole, il porta Souris Sauteuse jusqu'à des lieues de chez elle et la déposa en bordure d'une grande prairie.

- Je ne peux pas aller plus loin, dit le puma. Bonne chance.

Souris Sauteuse descendit de son dos et poursuivit sa route.

Le voyage était long et difficile. Bientôt, elle fut fatiguée. Elle ne savait pas comment elle atteindrait jamais les montagnes pourpres. Au bord du délire, elle se heurta à un gros rocher. Mais, il y avait quelque chose de bizarre dans ce rocher. Il bougeait. Il était chaud. Il paraissait poilu. Souris Sauteuse en fit le tour et découvrit qu'il avait un visage et des cornes.

- " Qui es-tu ? s'exclama-t-elle.

- Je suis un bison, répondit la créature.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda Souris Sauteuse.

- J'ai perdu la vue, dit le bison. Je suis aveugle et ne vois rien. Mon troupeau m'a abandonné. Je ne parviens plus à les suivre et il ne me reste plus qu'à être dévoré par les pumas.

- N'y a-t-il aucun moyen de te sauver ? demanda la Souris.


- Les esprits disent que je ne survivrai que si quelqu'un me fait don d'un œil. Personne ne fera une chose pareille, aussi suis-je perdu. Souris Sauteuse éprouvait beaucoup de compassion pour cette immense bête.

- Je te donnerai un œil si tu me portes jusqu'à cette montagne, au loin, dit-elle. Je n'y arriverai jamais toute seule, et ça vaut bien un œil que de parvenir à ce but.

- Tu ferais cela pour moi ! s'exclama le bison.

- Oui, si tu fais ce que je t'ai demandé, répondit Souris Sauteuse.

- Je le ferai, dit le bison. Bravement, Souris Sauteuse sortit un œil de son orbite et grimpa jusque sur la tête du bison. Elle mit l’œil dans l'orbite vide du bison où il se mit à pousser, comme par magie, jusqu'à être presque aussi gros qu'elle.

- Je vois de nouveau ! s'exclama le bison. Je suis sauvé, grâce à ta générosité et à ta bonté. Maintenant, grimpe sur mon dos et je te conduirai jusqu'à ta lointaine montagne." C'est exactement ce que fit Souris Sauteuse, qui voyagea ainsi avec plaisir, se blottissant chaudement dans les poils du bison, à l'abri des prédateurs.

Ils voyagèrent bien loin, le bison dormant debout, et enfin, ils parvinrent au pied de la lointaine montagne. "

Nous y sommes, fit le bison. Je ne peux pas aller plus loin, car mes sabots ne sont pas faits pour grimper aux montagnes. Je suis une créature des plaines. Il faut te débrouiller seule, désormais, pour gravir cette chose que je ne peux escalader. " Souris Sauteuse remercia le bison et descendit avec précaution de son dos massif. Elle entama son ascension de la montagne.

Celle-ci se révéla bien plus difficile que Souris Sauteuse ne l'avait imaginé. Sa petite taille l'empêchait de prendre appui sur les rochers. elle lutta et lutta encore, paraissant retomber en arrière aussi souvent qu'elle progressait vers l'avant. A l'une de ses chutes, Souris Sauteuse se surprit à rouler jusque dans les pattes d'un faucon.

- Que fais-tu ici, petite souris ? demanda le faucon. Il est rare que le déjeuner se présente aussi spontanément. Pourquoi fais-tu une chose pareille ?

- J'essaie de gravir cette montagne, dit Souris Sauteuse.

- Pourquoi ? demanda le faucon.

- Pour voir ce qu'il y a là-haut et de l'autre côté.

- Tu es une souris bizarre, mais quoi qu'il en soit, je suis un faucon et les faucons mangent des souris.

- Je donnerais n'importe quoi pour parvenir au sommet avant que tu ne me manges, dit Souris Sauteuse.

- N'importe quoi ? dit le faucon.

- N'importe quoi, confirma Souris.

- Il me manque un œil, ce qui rend la chasse difficile, dit le faucon. Donne-moi l’œil qui te reste et je t'emporterai là-haut. J'épargnerai même ta vie, car l'amélioration de ma vue me permettra de chasser tellement mieux que je me procurerai un autre déjeuner.

- Marché conclu", dit Souris Sauteuse, en s'arrachant l'autre œil et en le tendant au faucon qui le mit dans son orbite vide et récupéra ainsi sa vision binoculaire, pour laquelle ces rapaces sont si réputés. Désormais, le monde de Souris Sauteuse était noir. Elle ne pouvait que sentir les griffes du faucon la soulever dans les airs et l'emporter vers le ciel. Ils s'élevèrent toujours plus haut. Cette seule sensation d'élévation valait tous ses sacrifices, estima Souris Sauteuse.

Après un temps qui lui parut infiniment long, ils atterrirent. Le faucon posa soigneusement Souris Sauteuse au sommet de la montagne. "Tu y es, petite Souris, tout en haut de la montagne sacrée. Que le Créateur bénisse ce qu'il adviendra de toi par la suite." Souris Sauteuse aurait bien aimé voir à quoi ressemblait le sommet et ce qu'il y avait de l'autre côté. Elle demanda au faucon de le lui décrire, alors il se mit à lui dépeindre la vue magnifique qui s'étendait devant eux. Souris Sauteuse voyait cela en imagination, à mesure que le faucon lui en faisait la description. Elle était satisfaite et prête à mourir.

Souris Sauteuse se coucha au sommet et tomba dans un profond sommeil. Combien de temps elle dormit, nul ne le sait, mais lorsqu'elle se réveilla, les choses avaient changé. Son corps était différent. ses pattes étaient devenues immenses. Elle ouvrit les yeux... et elle pouvait voir ! La vue était non seulement telle que le faucon l'avait décrite, mais encore infiniment plus belle. Elle baissa les yeux vers son corps et eut droit à une autre surprise. elle avait des plumes ! Ses pattes arrière avaient fait place à des serres. Elle ouvrit la bouche et fut gratifiée d'un cri perçant, pareille à celui d'un aigle. Elle avait déjà entendu ce cri-là, lorsque les aigles chassaient en fondant vers le sol. Lorsqu'elle ouvrit à nouveau la bouche, elle comprit que le son provenait d'elle-même. Elle était devenue un aigle ! Désormais, elle allait vraiment savoir ce qu'il y avait de l'autre côté de la montagne.

*

*


Littérature :

Jules Renard nous propose un portrait de la souris en auxiliaire involontaire de l'écrivain dans ses Histoires naturelles parues en 1874 :


La souris


Comme, à la clarté d’une lampe, je fais ma quotidienne page d’écriture, j’entends un léger bruit. Si je m’arrête, il cesse. Il recommence, dès que je gratte le papier.

C’est une souris qui s’éveille.

Je devine ses va-et-vient au bord du trou obscur où notre servante met ses torchons et ses brosses.

Elle saute par terre et trotte sur les carreaux de la cuisine. Elle passe près de la cheminée, sous l’évier, se perd dans la vaisselle, et par une série de reconnaissances qu’elle pousse de plus en plus loin, elle se rapproche de moi.

Chaque fois que je pose mon porte-plume, ce silence l’inquiète.

Chaque fois que je m’en sers, elle croit peut-être qu’il y a une autre souris quelque part, et elle se rassure.

Puis je ne la vois plus. Elle est sous ma table, dans mes jambes. Elle circule d’un pied de chaise à l’autre. Elle frôle mes sabots, en mordille le bois, ou hardiment, la voilà dessus !

Et il ne faut pas que je bouge la jambe, que je respire trop fort : elle filerait.

Mais il faut que je continue d’écrire, et de peur qu’elle ne m’abandonne à mon ennui de solitaire, j’écris des signes, des riens, petitement, menu, menu, comme elle grignote.

*

*

LA SOURIS ET LA ROSE


Une souris

Hors de son nid

Voit une rose épanouie,

Flaire des pétales,

Éternue,

Aussitôt détale.

Ô fi ! Elle crie,

Quelle peur bleue.

Une souris rouge

Qui n’a point de queue !


Eliezer STEINBARG (1880-1932)

*

*

Voici l'explicit (chapitre LXVIII) de L’Écume des jours (1947) de Boris Vian :

- Vraiment, dit le chat, ça ne m'intéresse pas énormément.

- Tu as tort, dit la souris. Je suis encore jeune, et jusqu'au dernier moment j'étais bien nourrie.

- Mais je suis bien nourri aussi, dit le chat, et je n 'ai pas du tout envie de me suicider, alors tu vois pourquoi je trouve ça anormal.

- C'est que tu ne l'as pas vu, dit la souris.

- Qu'est-ce qu'il fait ? demanda le chat.

Il n'avait pas très envie de le savoir. Il faisait chaud et ses poils étaient tous bien élastiques.

- Il est au bord de l'eau, dit la souris, il attend, et quand c'est l'heure il va sur la planche et il s'arrête au milieu. Il voit quelque chose.

- Il ne peut pas voir grand-chose, dit le chat. Un nénuphar, peut-être.

- Oui, dit la souris. Il attend qu'il remonte pour le tuer.

- C'est idiot, dit le chat. Ça ne présente aucun intérêt.

- Quand l'heure est passée, continua la souris, il revient sur le bord, il regarde la photo.

- Il ne mange jamais ? demanda le chat.

- Non, dit la souris, et il devient très faible, et je ne peux pas supporter ça. Un de ces jours, il va faire un faux pas en allant sur cette grande planche.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? demanda le chat. Il est malheureux, alors ?...

- Il n'est pas malheureux, dit la souris, il a de la peine. C'est ça que je ne peux pas supporter. Et puis il va tomber à l'eau, il se penche trop.

- Alors, dit le chat, si c'est comme ça, je veux bien te rendre service, mais je ne sais pas pourquoi je dis "si c'est comme ça", parce que je ne comprends pas du tout.

- Tu es bien bon, dit la souris.

- Mets ta tête dans ma gueule, dit le chat, et attends.

- Ça peut durer longtemps ? demanda la souris.

- Le temps que quelqu'un me marche sur la queue, dit le chat ; il me faut un réflexe rapide. Mais je la laisserai dépasser, n'aie pas peur.

La souris écarta les mâchoires du chat et fourra sa tête entre ses dents aiguës. Elle la retira presque aussitôt.

- Dis donc, dit-elle, tu as mangé du requin, ce matin ?

- Écoute, dit le chat, si ça ne te plaît pas, tu peux t'en aller. Moi, ce truc-là, ça m'assomme. Tu te débrouilleras toute seule.

Il paraissait fâché.

- Ne te vexe pas , dit la souris.

Elle ferma ses petits yeux noirs et replaça sa tête en position. Le chat laissa reposer avec précautions ses canines acérées sur le cou doux et gris. Les moustaches noires de la souris se mêlaient aux siennes. Il déroula sa queue touffue et la laissa traîner sur le trottoir.

Il venait, en chantant, onze petites filles aveugles de l'orphelinat de Jules l'Apostolique."

*

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