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La Nielle des blés




Étymologie :

Étymol. et Hist. a) Fin xie s. judéo-fr. neele « plante à graines noires et toxiques, qui pousse souvent dans les blés » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et S. Blondheim, t. 1, 737) ; b) xiie s. niele (Simha ben Samuel de Vitry-en-Perthois ds G. Schliessinger, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, Mayence, 1899, 159, p.74). Du b. lat. nigella « id. », fém. substantivé du lat. nigellus « noirâtre », dér. dimin. de niger « noir ». La forme b représente une réfection de a d'apr. l'étymon latin.


Lire également la définition du nom nielle afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Agrostemma githago ;


François Couplan, dans un ouvrage intitulé Les Plantes et leurs noms, Histoires insolites (Éditions Quae, 2012) précise l'origine du nom latin de la Nielle des blés :


Son nom botanique Agrostemma githago, dérive du grec agros, champ et stemma, couronne, du fait de la beauté de la fleur. L'épithète proviendrait de l'hébreu khitah, désignant le blé, du fait de la ressemblance des grosses graines de la nielle, pourtant noires, avec des grains de blé.

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Botanique :


D'après Marie Etienne et Marie Legast auteures d'un article intitulé "Trésors des champ" paru dans Natagora, le magazine couleurs nature, 2006, vol. 14, p. 10-13 :


Des causes de disparition bien connues. On imagine donc facilement les causes de la disparition de ces plantes considérées comme des « mauvaises herbes »… Anciennement, on luttait spécifiquement contre certaines espèces par arrachage à la main ou par tri des semences. Par exemple, la nielle des blés, dont les semences sont vénéneuses, était systématiquement arrachée dans les champs : « On envoyait les enfants aliéner les blés ». Les moyens de lutte contre certaines plantes parasites, comme les orobanches et les cuscutes, affaiblissant la culture, étaient décrits dans les flores ou anciens dictionnaires.

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Philippe Werner dans son article intitulé "Céréales de montagne et flore messicole rare du Valais" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 2001, n°119, p. 55-72, précise que :


La plupart des plantes messicoles rares et colorées sont originaires du bassin méditerranéen et du Proche Orient. Elles sont arrivées dans les Alpes au Néolithique en suivant la progression des cultures à partir du Moyen Orient où sont apparues les premières céréales cultivées. Pour une plante, il y a deux manières de s'adapter à la sécheresse et au labour du sol : vivre plusieurs années en se régénérant à partir d'organes souterrains renforcés ou suivre le rythme des cultures en devenant annuelles.

[…]

Les graines des annuelles sont généralement petites, nombreuses et capables de se conserver dans le sol pendant 10 à 70 ans, voire davantage selon les espèces. Ainsi, une partie de la flore des céréales peut réapparaître lors de la remise en culture de terrasses abandonnées. Il y a quelques exceptions, par exemple la nielle des blés (Agrostemma githago) qui s'est spécialisée au point de copier la céréale sur tous les aspects: cycle de croissance, époque de maturité, hauteur de la tige, grosseur de la graine. Elle dépend de l'homme pour sa survie, car ses graines ont une capacité de dispersion très réduite et une viabilité limitée à un ou deux ans. La mécanisation des moissons et du tri des semences explique son recul dramatique au niveau cantonal et européen

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Usages traditionnels :


Selon Suzanne Amiguès, autrice d'un article intitulé "Quelques légumes de disette chez Aristophane et Plutarque." (In : Journal des savants, 1988, n° pp. 157-17) la nielle des blés pourrait être à l'origine du renouvellement d'une blague à propos d'Euripide :

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Revenons à Aristophane pour nous interroger sur l'identité de la plante dénommée iphyon au vers 910 des Thesmophories. Parodiant les retrouvailles d'Hélène et de Ménélas dans l'Hélène d'Euripide, le poète fait prononcer à Euripide, qui contrefait Ménélas, et à son parent, dans le rôle d'Hélène, les deux vers suivants, dont nous empruntons le texte et la traduction à l'édition Coulon-Van Daële (C.U.F. 1928) :


Euripide. — « O femme, je te vois tout le portrait d'Hélène. »

Le Parent. — « Je te vois Ménélas, au moins d'après tes... herbes. »


Iphyon est le terme inattendu destiné à faire rire le public aux dépens d'Euripide. Le scholiaste précise : [...] « alors qu'il aurait dû dire "d'après tes traits", le poète a dit "d'après tes iphya". L'iphyon est une espèce de légume sauvage ; c'est évidemment parce qu'Euripide était fils de Cleito, une marchande de légumes ». La plaisanterie n'est pas neuve, mais c'était précédemment le scandix, une sorte de cerfeuil sauvage, qui évoquait les origines modestes d'Euripide. Ainsi au v. 478 des Acharniens, Dicéopolis demande à Euripide « donne-moi du scandix hérité de ta mère » ; au v. 19 des Cavaliers, un serviteur supplie son camarade « euripidesquement » en lui disant « ne me transforme pas en scandix ! ». Le scandix n'est pas à proprement parler un légume de disette. Il s'agit de plusieurs espèces d'Ombellifères, Scandix pecten-veneris L. (appelé « peigne de Vénus » ou « aiguille de berger » à cause de la forme des fruits) et S. australis L. avec, en Grèce, la sous-espèce grandiflora (= S. grandiflora L.). On lit dans A. Paillieux et D. Bois, « Les plantes alimentaires spontanées en Grèce », Revue des sciences naturelles appliquées, 37, 1890, p. 1093 : « Le Scandix grandiflora croît dans les champs de l'Attique et de la Morée. La jeune plante fournit une salade aromatique très goûtée, surtout en Arcadie. On mange aussi les deux autres espèces ». Quand Aristophane revient à la charge, treize ou quatorze ans après les Acharniens et les Cavaliers, le scandix a fait son temps. Il faut renouveler la plaisanterie, en choisissant cette fois un « légume » à peine mangeable pour produire à coup sûr un effet comique.

Que savons-nous par ailleurs de la plante nommée iphyon ? Il n'y a rien à tirer pour le moment d'un fragment des Phéniciennes d'Aristophane (ap. Athénée, 90 a et Suidas, a 788 Adler), de sens trop incertain. La plus ancienne occurrence du terme se trouve chez Athénée (71 a) dans une citation du poète comique Epicharme (début du Ve siècle). Iphyion y figure dans une énumération de « plantes du ramassage » : « Un autre a tout l'air d'apporter de la campagne du fenouil et des cardons sauvages, de l'iphyon, de la patience », etc. D'autre part, Théophraste cite l'iphyon (H.P. VI, 6, 1 1) parmi les fleurs obtenues de semis et (H.P. VI, 8, 3 — Ath. 679 d) au nombre de celles qui s'épanouissent au début de l'été, comme la coquelourde des jardins (Lychnis coronaria (L.) Desr.), l'œillet et le lis. Sauf cas d'homonymie, l'iphyon est donc à la fois un légume sauvage et une plante à fleurs introduite en culture. La glose d'Hésychius t 1132 Latte confirme l'ambivalence du terme [...]. La première partie de cette glose (« iphya : le lychnis, fleur ») n'a pas retenu l'attention des commentateurs, à l'inverse de la seconde (« pour certains un légume, que nous appelons, nous, ' lavandière ' »), qui a déterminé l'identification de la plante avec la lavande « spie » ou « en épi » (Lavandula spica, nom ambigu auquel la nomenclature actuelle a substitué L. angustifolia Miller). Le consensus sur ce point est impressionnant : s.v. iphyon, Bailly « lavande » ; Liddell- Scott- Jones « spike-lavender, Lavandula Spica » ; Chantraine, D.E.L.G. « variété de lavande, Lavandula Spica » ; A. Carnoy, Dictionnaire étymologique des noms grecs de plantes, Louvain, 1959, « nom de la lavande (Lavandula Spica) » ; Index of plants de l'éd. Hort, Theophrastus. Enquiry into Plants (Loeb) « spike-lavender, Lavandula Spica » ; de même dans la traduction d'Épicharme (ap. Ath. 71 a) et d'Aristophane, Phén. (ap. Ath. 90 a) par C. B. Gulick (Athenaeus. The Deipnosophists (Loeb), t. I, p. 309 et 387) iphyon = « spike-lavender », et dans le commentaire de J. Taillardat au fragment des Phéniciennes (Les images d'Aristophane, Paris, 1964, n° 364, p. 201) iphya =« une douce lavande » ; enfin J. André, Les noms de plantes dans la Rome antique, va dans le même sens, non sans une réserve prudente, s.v. iphyon : « peut-être la Lavande spie, Lavande mâle (Lavandula spica Cav.) ».

Il y a pourtant des raisons impérieuses de refuser cette identification.

D'abord la lavande en question est absolument impropre à un usage alimentaire. C'est un sous-arbrisseau ligneux, à petites feuilles étroites et dures, tout entier aromatique à cause de la présence dans toutes ses parties d'huiles essentielles dont l'extrait est un stupéfiant soporifique, d'une toxicité reconnue. Or [...] est pour Hésychius le nom d'un légume, de même qu'iphyon dans le fragment d''Epicharme et la scholie à Thesm. 910 cités plus haut, et c'est un commerce de légumes que tenait Cleito, à en croire Aristophane, ses commentateurs anciens et les biographes d'Euripide. Du reste, même la plante d'ornement qu'est l'iphyon de Théophraste ne saurait être une lavande. En effet l'espèce que nous avons vue si unanimement retenue, la lavande « spie », manque à la plus grande partie de la Grèce. Halâcsy, Conspectus florae graecae, t. II (1902), p. 567, la signale d'après ses prédécesseurs en Laconie, en Argolide et dans les Cyclades, avec la mention Non vidi. Seule est commune, quoique silicicole (ce qui l'exclut presque totalement de l'Attique et de bien d'autres régions), la lavande à toupet (L. stoechas L.), qui fleurit au printemps, alors que selon Théophraste l'iphyon s'épanouit au début de l'été.

A condition de ne pas se laisser égarer par une interprétation trop hâtive de ..., on trouve dans la glose d'Hésychius tous les renseignements nécessaires à la détermination de cette plante. Et d'abord lychnis. Les Grecs ont connu deux espèces de lychnis, le « lychnis coronaire » et le « lychnis sauvage » de Dioscoride, III, 100- 1 01, dont on sait depuis longtemps qu'ils correspondent respectivement à notre coquelourde des jardins (Lychnis coronaria (L.) Desr.) et à la nielle des blés (Agrostemma githago L. = Lychnis githago (L.) Scop.). La dernière partie de la glose, v, nous permet de choisir entre ces deux lychnis et de poser iphyon = lychnis = Agrostemma githago.

La nielle est une plante sauvage en ce sens qu'elle croît spontanément, mais elle fait partie des espèces dites messicoles parce qu'elles ne poussent que dans les moissons. Comme Théophraste le dit de l'iphyon (H.P. VI, 6, 1 1 et VI, 8, 3), la nielle se propage par semis, ses graines étant mêlées aux semences des céréales, et elle épanouit au début de l'été, en même temps que la coquelourde. (cf. H.P. VI, 8, 3), ses grandes fleurs d'un beau rose violacé. Si une partie de cette plante a été consommée, ce ne peut être que la graine, très riche en principes nutritifs puisqu'elle contient 0,75 % de lécithine, 46 % d'amidon et 5-7 % d'huile ; mais elle renferme aussi jusqu'à 7,7 % de saponosides triterpéniques, substances qui font éclater les globules rouges du sang et déterminent des troubles respiratoires et cardiaques.

Néanmoins Maurizio, Histoire de l'alimentation végétale, cite un ensemble de faits qui ne laissent guère de doute sur l'utilisation alimentaire de ces graines (P- !33) : elles ont été trouvées en abondance dans des gisements néolithiques ; (p. 177) en Russie « on vend souvent sur les marchés les graines de l'Agrostemma githago, à l'état de pureté. Il s'agit là de moyens judicieux de remédier au défaut des céréales » ; (p. 260, au sujet de la production d'alcool), « Dans l'ouest de la Sibérie, cet Agrostemma est, sous certaines de ses variétés de culture, semé en grand et distillé avec d'autres matières premières. En 1911, F. Smolin a vu près de Tscheljabinsk des campagnes entières couvertes de ces cultures. (...) La plante contient plus de 60 % d'amidon. Avant la distillation, on détruit ses éléments toxiques par la vapeur sous pression ». Cette dernière indication est très intéressante car elle prouve que les substances hémolytiques contenues dans la nielle sont détruites par la chaleur et que par conséquent une cuisson appropriée peut rendre ses graines inoffensives ou moins nocives. Il est d'ailleurs reconnu « que sa toxicité varie d'une année à l'autre et que les animaux s'y accoutument».

Il existe en effet de nombreuses plantes à toxicité réellement variable ou neutralisée par l'accoutumance due aux habitudes alimentaires de certains consommateurs. L'exemple le plus frappant est celui de la morelle noire (Solanum nigrum L.). Tous ses organes et en particulier ses baies ont causé en France des empoisonnements graves ; en revanche, Th. von Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, Athen, 1862, p. 79, atteste qu'en Grèce, à la fin du siècle dernier, on consommait les parties vertes de cette plante comme légume et ses baies crues comme friandises, ce qui confirme parfaitement les dires de Théophraste, H. P. VII, 7, 2 (« on mange la morelle même crue ») et VII, 15, 4 (« une espèce [de morelle] dont les fruits font penser à des grains de raisin est comestible et en quelque sorte domestique »). Il paraît donc légitime d'admettre que des graines de nielle se vendaient au marché du temps d'Aristophane et que les Athéniens les plus impécunieux les consommaient sans inconvénient, la cuisson et l'accoutumance aidant. On comprend mieux ainsi le fragment des Phéniciennes d'Aristophane conservé dans Athénée, 90 a : [...] dont le sens paraît être le suivant : « N'oublie pas que les toutes premières créatures furent des nielles, immédiatement suivies des piquantes orties ». L'ortie est en effet citée par Théophraste (H.P. VII, 7, 2 ; cf. supra, p. 159) parmi les plantes comestibles après cuisson. Les Romains en mangeaient plusieurs espèces et l'usage de l'ortie en guise d'épinard jusqu'à l'époque actuelle est confirmé par de nombreux témoignages. L'association de la nielle à l'ortie dans une sorte de genèse bouffonne des « légumes » qui commencerait par le moins comestible et le plus rébarbatif n'a rien d'invraisemblable.

Il reste à expliquer pourquoi Hésychius appelle la nielle « lavandière ». A cause des saponosides contenus dans toutes ses parties, celle-ci entre dans la catégorie des plantes à saponines, substances qui font mousser l'eau abondamment et de façon tenace. Deux de ces plantes au moins, la saponaire (qui est une Caryophyllacée, comme la nielle) et le lierre, étaient utilisées encore par nos grand'mères comme une sorte de savon végétal naturel. Les espèces du genre Lavandaia, nos « lavandes », n'ont pas de pouvoir détergent, mais leur nom français, dérivé de lauàre par l'intermédiaire du latin médiéval ou de l'italien lavanda, rappelle leur emploi pour parfumer les lessives et les armoires à linge, et comme produit de base des eaux de toilette. La nielle et la lavande se trouvent donc ainsi associées, pour des raisons différentes, à l'idée de « laver ». Il vaut la peine de noter, car le fait ne relève certainement pas d'une pure coïncidence, que le nom arabe de la lavande, Khuzâmà, est celui-là même que le botaniste Al-'Idrîsï (1100-1180 p. C), instruit à Cordoue, donne à la plante « mentionnée par Dioscoride, III, qui l'a appelée en grec Likhnîs aghriyâ » , à savoir la nielle. D'autres ressemblances entre les deux plantes : fleurs violacées, aptitude à causer de l'engourdissement, ont peut-être contribué à soutenir de telles homonymies.

Rien ne prouve, bien entendu, que la mère d'Euripide ait jamais vendu des graines de nielle. Du moins fallait-il qu'il s'en trouvât sur les marchés d'Athènes pour que la plaisanterie fût comprise et goûtée du public. En traduisant ... par « d'après tes herbes » , H. Van Daële nous prive de la trouvaille qui renouvelait avec autant d'audace que d'ingéniosité l'image de Cleito, marchande de scandix.

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Plusieurs observances sont en relation avec les herbes parasites : les Brandons avaient pour but de détruire l'ivraie et la nielle. Au XVIIe siècle pour faire mourir celle qui infectait un champ, on en prenait cinq brins la veille de la Saint-Jean, et on les mettait à sécher dans la cheminée, à mesure qu'ils séchaient la nielle séchait et mourait. Dans les Vosges, on débarrasse complètement un champ en le labourant entre l'Assomption et la Nativité de la Vierge.

[...] Dans ta Vienne, une fleur de nielle offerte à une jeune fille par une vieille femme la fait mourir ou devenir folle si la tige est coupée ou cassée par le milieu.

[...] Les habitants de la Sologne avaient la coutume, le premier dimanche de Carême, de se poursuivre dans les champs ensemencés, munis de flambeaux allumés, et de se réunir ensuite en un banquet pour manger de la bouillie. Mais afin que ce festin porte bonheur, que le diable ne se mêle pas de la fête, il est indispensable que chaque convive y apporte un pied de nielle qu'il a cueilli dans sa course.

|...] Une amusette très répandue consiste à faire éclater avec bruit sur le front ou sur la main les fleurs du coquelicot arrangées d'une certaine façon ; la nielle des blés sert à des divertissements analogues.

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Selon Suzanne Amiguès, autrice d'un article intitulé "Quelques légumes de disette chez Aristophane et Plutarque." (In : Journal des savants, 1988, n° pp. 157-17) la nielle des blés aurait des propriétés magiques, ce qu'elle indique dans la note 31 :


31. Comme il a été dit plus haut (p. 166), l'essence de lavande est un stupéfiant soporifique. De son côté, la nielle a été parfois responsable d'intoxications graves, avec paralysie des muscles, des centres respiratoires et du cœur. On peut voir là l'origine de la croyance rapportée par Dioscoride, III, 10 1, s.v. [...] : « On dit que les scorpions tombent dans la torpeur et deviennent inertes quand on place la plante auprès d'eux ». Car s'il est peu vraisemblable que la nielle exerce une telle action à distance, cet effet prétendu s'explique comme la transposition de ses effets réels dans le domaine de la magie prophylactique. Notons à ce sujet qu'iphyon figure à côté de [...], litt. « moyen de contrainte », dans la liste de synonymes fournie par le pseudo-Dioscoride à la suite de Diosc. IV, 133, s.v. [...]. La plante décrite sous ce dernier nom (peut-être Evax pygmaea (L.) Brot. ; cf. J. André, Les noms de plantes dans la Rome antique, s.v. cëmos) entrait dans la composition des philtres d'amour (Diosc, ibid.). Dans un tel contexte de contrainte, de liens qui retiennent prisonnier (si ... a une parenté avec ... « muselière », « nasse »), il est tentant de rapprocher ... du vieil instrumental ... « par la force ». Sans affirmer comme A. Carnoy, Dictionnaire étymologique des noms grecs de plantes, s.v. iphyon, qu' « un rapport avec force est évident », disons seulement que si un tel rapport pouvait être morphologiquement établi, il trouverait pour le sens une confirmation dans les effets de la nielle.

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Symbolisme :


Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


La nielle des blés, qui est une plante herbacée commune, est en général bénéfique. Autrefois, quand le premier dimanche du carême, on parcourait les champs ensemencés, munis de flambeaux allumés (pour protéger les récoltes et chasser les bêtes nuisibles), il fallait cueillir des pieds de nielle et les apporter au banquet qui terminait la journée : on prétendait que la nielle éloignait le diable des festivités (Sologne). En outre, les jeunes filles et jeunes gens qui avaient trouvé une touffe de nielle en cette occasion étaient assurés de se marier dans l'année.

On dit toutefois qu'on peut rendre folle ou faire périr la jeune fille à qui on offre une fleur de nielle dont la tige est cassée, ou coupée, au milieu.

Au XVIIe siècle, pour débarrasser un champ de la nielle, on en mettait quelques brins dans la cheminée : "A mesure qu'ils séchaient, la nielle séchait et mourait."

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