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  • Photo du rédacteurAnne

La Nigelle de Damas




Étymologie :

  • NIGELLE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1538 (Est., s.v. melanthium). Empr. au b. lat. nigella (nielle 1*).


Lire également la définition du nom nigelle afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Nigella damascena ; Barbe-de-Capucin ; Belle-aux-cheveux-dénoués ; Cheveux-de-Vénus ; Diable-dans-le-buisson ; Nigelle des dames ;

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Botanique :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :


Quittons les étamines et progressons dans notre voyage au centre de la fleur. Là se trouve l'organe femelle, une boite gonflée par les futures graines. Au-dessus, un mât plus ou moins long, terminé par un organe récepteur, le stigmate. L'ensemble évoque les antennes de télévision qui ratissent les ondes comme le stigmate ratisse les grains de pollen. Mais qu'arrive-t-il, demandera-t-on, si le stigmate est situé au-dessus des étamines, si bien que le pollen ne peut l'atteindre directement ? La fécondation directe sera-t-elle encore possible ou bien faudra-t-il avoir recours à la fécondation croisée entre deux fleurs différentes par l'intermédiaire d'un insecte ?

Tel est le dilemme que doit résoudre la nigelle de Damas qui répond au doux noms contradictoires de « cheveux-de-Vénus » et de « diable-dans-le-buisson »... Plus explicite est son troisième nom vernaculaire « Belle-aux-cheveux-dénoués ». Avec les « cœur-de-Marie », les « désespoirs-du-peintre », les ancolies et quelques campanules à très grosses fleurs, la nigelle faisait partie des jardins de curé d'autrefois. Les cheveux-de-Vénus ou cheveux-dénoués évoquent les sépales buissonnants que la fleur entretient à grands frais autour de sa belle corolle bleue. Mais laissons la parole à Maeterlinck qui avait un faible pour elle :

« A la naissance de la fleur, les cinq pistils extrêmement longs se tiennent étroitement groupés au centre de la couronne d'azur comme cinq reines vêtues de robe verte, altières, inaccessibles. Autour d'elles se pressent sans espoir la foule innombrable de leurs amants, les étamines, qui n'arrivent pas à la hauteur de leurs genoux. Alors, au sein de ce palais de turquoises et de saphirs, dans le bonheur des jours d'été, commence le drame sans paroles et sans dénouement que l'on puisse prévoir, de l'attente impuissante, inutile, immobile. Les heures s'écoulent, qui sont des années de la fleur. L'éclat de celle-ci se ternit, les pétales se détachent et l'orgueil des grandes reines, sous le poids de la vie, semble enfin s'infléchir. A un moment donné, comme si elles obéissaient au mot d'ordre secret et irrésistible de l'amour qui juge l'épreuve suffisante, d'un mouvement concerté et symétrique comparable aux harmonieuses paraboles d'un quintuple jet d'eau qui retombe dans sa vasque, toutes ensemble se penchent à la renverse et viennent gracieusement cueillir aux lèvres de leurs humbles amants la poudre d'or du baiser nuptial... »

En quelque sorte des noces d'or chez ces jolies plantes annuelles pour qui un jour correspond à l'une de nos années !

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Symbolique :


Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


NIGELLE (CHEVEUX DE VÉNUS) - LIENS D'AMOUR.

On trouve quelquefois la nigelle dans les champs ; elle est délicate et pâle. Introduite dans les parterres et cultivée avec soin , elle produit un effet charmant. « Sa fleur, d'un bleu tendre, simple ou double, est entourée d'une collerette de feuilles ou de filets verts qui la dépasse de plus d'un pouce. Avant de s'épanouir, elle penche languissamment la tête, on la dirait flétrie. »

 

Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte plusieurs exemples qui créent une forme de baromètre botanique :


Nigelle. - Quand la nigelle des champs penche sa tête, c'est que la chaleur va venir. Si on la voit se ranimer et renaître, c'est que l'air va reprendre sa fraîcheur.


L'autrice s'intéresse également aux caractéristiques des plantes qui permettent de définir un baromètre botanique :


Cheveux de Vénus - Sympathie.

Cette plante fleurit depuis le mois de juin jusqu'en septembre ; ses fleurs sont d'un beau bleu céleste, de nombreux filets verts les entourent, ils sont très fins et ont un peu l'apparence de cheveux : de là son nom . Elle est connue sous le nom de nigelle de Damas, par corruption nigelle des dames.

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque avec tendresse la Nigelle de Damas :

29 octobre

(Près de Peille)


Souvenir bleu pâle, lavé de vert, d'une fleur de mai-juin dans les rochers mouillés.

Nigelle, ô ma splendeur, dans ton architecture délirante, dans le ciel de tes pétales et le charbon de tes étamines, je lis l'unité de mon corps et du monde.

Des belles nigelles printanières ne restent plus à présent que des fruits secs - cloques brunes à cinq loges barbues, surmontées d'une étoile à cinq branches. Quand le vent tire une rafale, la capsule pleure des graines noires.

Nigelle de Damas, ancolie des Alpes, chicorée sauvage : voici mes trois plantes surhumaines, mes trois fleurs bleues, au sens que Novalis donnait à ces mots. Ce sont les objets purs de mes émerveillements et de mes quêtes, les êtres autour desquels ma vie s'organise - les contrepoints de ma chanson éphémère.

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