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Le Taureau




Étymologie :


  • TAUREAU, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1145 torel « (jeune) taureau » (Wace, Conception N-D, éd. W. R. Ashford, 394 et 396) ; 1680 combat de taureaux (Mme de Sévigné, Corresp., 28 févr., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 852) ; 1757 course de taureaux (LeSage, Hist. de Gil Blas de Santillane, t. 2, p. 115) ; 2. 1487 toreau « constellation du zodiaque » (Vocab. lat.-fr., Loys Garbin, foOii) ; 1831 mar. (Will.). Dimin. de tor (ca 1145 (Wace, op. cit., 403) − 1530, Palsgr., p. 202a), qui survit dans les dial. du Nord et du Sud en bordure du domaine fr.-prov. (cf. FEW t. 13, 1, p. 130a) qui désigne régulièrement le jeune taureau, lat. taurus « taureau » et « constellation », du gr. τ α υ ̃ ρ ο ς « id. », qui désigne également un bateau lycien ayant un taureau comme figure de proue ; écrit -au- par réaction étymol.


Lire également la définition du nom taureau pour amorcer la réflexion symbolique.

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Croyances populaires :


Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17 Mars 2009) :


Le taureau possédait une symbolique différente. Dans de nombreuses cultures il représentait la force, la vitalité et la fécondité. Sa présence dans les rites dont le but était la libération des forces sexuelles, le renouveau de la nature, n’est donc pas étonnante. Il faut ici rappeler le turoń qui participe aux groupes de chanteurs de noëls. Ce masque noir, cornu, à la gueule claquante, dont le modèle était l’aurochs vivant jusqu’au XVIIe siècle, représentait tout comme le taureau la vitalité. La renaissance des forces de la nature était symbolisée par l’aurochs tombant à la suite de ses caracolades intenses, en faisant semblant d’être mortellement fatigué, et ressuscitant ensuite. Les taureaux, en tant qu’animaux médiateurs, étaient efficaces dans l’établissement de la limite protectrice. Dans le sud de la Grande Pologne on a relevé une coutume connue aussi dans d’autres territoires slaves, qui consiste à labourer le pourtour du village à l’aide d’une paire de jeunes taureaux-jumeaux en cas d’épidémie, afin que la maladie ne se répète pas (Januszkiewicz 1971 : 176).

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Symbolisme :

Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant dans le Dictionnaire des symboles (1969, édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"Le taureau évoque l’idée de puissance et de fougue irrésistibles. Il évoque le mâle impétueux, et aussi le terrible Minotaure, gardien du labyrinthe. C'est le féroce et mugissant Rudra ou Rig-Veda, dont pourtant la semence abondante fertilise la terre. Il en est ainsi de la plupart des taureaux célestes, notamment de l'Enlil babylonien.


Symbole de la force créatrice, le taureau a représenté le Dieu El sous forme d'une statuette de bronze, destinée à être fixée au sommet d'un bâton ou d'une hampe : enseigne portative, semblable à celle du Veau d'Or. Des prototypes de ces emblèmes religieux remontent jusqu'au début du troisième millénaire avant notre ère. Le culte d'El, pratiqué par les patriarches hébraïques immigrés en Palestine, fut proscrit par Moïse. Mais il subsista jusque sous le règne de David, ainsi que l'attestent les statues du taureau sacré, influencées par l'art égyptien, remontant à cette date. De telles statues ont figuré sur la palette du pharaon Narmer, au Musée du Caire, sur l'enseigne de guerre de Mari, en Syrie mésopotamienne ; on en a retrouvé aussi sur les plateaux d'Anatolie centrale.

Dans la tradition grecque, les taureaux indomptés symbolisaient le déchaînement sans frein de la violence. Ce sont des animaux consacrés à Poséidon, dieu des océans et des tempêtes, à Dionysos, dieu de la virilité féconde. "Bête altière, [dit Hésiode], à la fougue indomptable" (Théogonie, 832). C'est la forme d'un taureau d'une blancheur éclatante que prend Zeus pour séduire Europe ; il s'approche calmement de la jeune fille et se couche à ses pieds ; elle caresse l'animal et s'assied sur son dos ; aussitôt, elle est emportée, l'animal s'élance vers le ciel, traverse la mer, la dépose en Crète, où ils s'unissent ; et la légende ajoute qu'ils eurent trois enfants.

Le taureau, ou plus généralement le bovin, représente les dieux célestes dans les religions indo-méditerranéennes, en raison de la fécondité infatigable et anarchique d'Ouranos, dieu du ciel, analogue à la sienne. Le dieu védique Indra est aussi assimilé à un taureau ; les dieux qui lui correspondent en Iran et au Proche-Orient sont comparés en outre aux béliers et aux boucs. Ce sont autant de "symboles de l'esprit mâle et combatif", des "puissances élémentaires du sang" (Benveniste-Renou, cités dans Elit, 82). Les hymnes védiques célèbrent la vache, entendue ici au sens symbolique général de bovin, comme une divinité :


... La Vache a dansé sur l'océan céleste en nous apportant les vers et les mélodies

... La Vache a pour arme le sacrifice et du sacrifice est issue l'intelligence

... La Vache c'est tout ce qui est, Dieux et Hommes, Asuras, Mânes, Prophètes.

ou encore :

... en elle réside l'Ordre divin,

la Sainteté, l'Ardeur cosmique,

Oui la Vache fait vivre les Dieux,

La Vache fait vivre les hommes.

Assimilée à l'Ardeur cosmique, elle est la chaleur qui anime tout vivant. Le taureau Indra est la force chaleureuse et fertilisante. Il se rattache au complexe symbolique de la fécondité : corne, ciel, eau, foudre, pluie, etc. Autran note que, en acadien, "rompre la corne, c'est briser la puissance." Mais sans être brisée, cette puissance peut se sublimer. Si le taureau est l'emblème d'Indra, il est aussi celui de Shiva. Comme tel, il est blanc, noble, sa bosse évoque la montagne neigeuse. Il figure l'énergie sexuelle : mais, chevaucher le taureau comme le fait Shiva, c'est dominer et transmuer cette énergie, et vue de son utilisation yoguique et spiritualisante. Le taureau de Shiva, Nandî, symbolise la justice et la force. Il symbolise le Dharma, l'ordre cosmique : on le dit, pour cette raison, insondable.

Le taureau védique, Vrishabha, est aussi le support du monde manifesté, celui qui, du centre immobile, met en mouvement la roue cosmique. En vertu de cette analogie, la légende bouddhique revendiquera pour son héros la place du taureau du Véda. Le taureau, est-il dit, retire un de ses sabots de la terre à la fin de chacun des quatre âges : lorsqu'il les aura tous retirés, les assises du monde seront détruites. Le même rôle est attribué chez les Sioux au bison primordial. Chez les peuples altaïques et dans les traditions islamiques, le taureau appartient aussi au cycle des symboles supports de la création, les cosmophores, comme la tortue. Il est parfois placé parmi les supports superposés ; de bas en haut : tortue supportant un rocher, rocher supportant un taureau, taureau supportant la terre, etc. D'autres intermédiaires se glissent entre ces degrés. Dans d'autres civilisations, d'autres animaux, comme les éléphants, jouent le même rôle. Dans le Temple de Salomon (I, Rois, 7 -25), douze taureaux portent la mer de bronze, destinée à contenir l'eau lustrale : "trois regardaient le Nord, trois regardaient l'Ouest, trois regardaient le Sud et trois regardaient l'Est : la Mer s'élevait au-dessus d'eux et tous leur arrière-trains étaient tournés vers l'intérieur."

Incarnation des forces chtoniennes, le taureau, pour de nombreux peuples turco-tatars, supporte le poids de la terre, sur son dos ou sur ses cornes.

Le symbolisme du taureau est également lié à celui de l'orage, de la pluie et de la lune.

Le taureau et la foudre ont été de bonne heure (dès 2400 av. J.C.) les symboles conjugués des divinités atmosphériques. Le beuglement du taureau a été assimilé, dans les cultures archaïques, à l'ouragan et au tonnerre (le rhombe ou le Bull-Roarer chez les Australiens) ; or l'un et l'autre étaient une épiphanie de la force fécondante.


L'ensemble foudre-orage-pluie a été parfois considéré, par exemple chez les Esquimaux, chez les Bochimans et au Pérou, comme une hiérophanie de la lune. Menghin établit un rapport entre entre le croissant de lune et les figures féminines de l'aurignacien (tenant une corne à la main) ; les idoles de type bovidé, qui se trouvent toujours en rapport avec le culte de la Grande Mère (= Lune) sont fréquentes au Néolithique... Il ressort de l'étude comparée de l'art pariétal aux derniers étages du Paléolithique (Aurignacien et Magdalénien) poursuivie par André Leroi-Gourhan qu'un ordre de préséance invariable préside à la disposition des figures animales, tant à Lascaux ou Altamira que dans les grottes peintes de Russie ou du Caucase et que la place centrale, dans cet agencement, est toujours occupée par le binaire cheval - taureau ou cheval - bison. On peut imaginer l'ampleur des voies nouvelles qu'ouvre cette observation à l'étude de la pensée symbolique et de son rôle dans la genèse de l’humanité.

Les divinités lunaires méditerranéo-orientales étaient représentées sous la forme d'un taureau et investies des attributs taurins. C'est ainsi que... le dieu de la lune d'Ur était qualifié de "puissant, jeune taureau du ciel ou le puissant, le jeune taureau aux cornes robustes." En Egypte la divinité de la lune était le taureau des Etoiles. Osiris, dieu lunaire, fut représenté par un taureau, Sin dieu lunaire de Mésopotamie, avait aussi la forme d'un taureau. Vénus a son domicile nocturne dans le signe du Taureau et la Lune y est en exaltation. En Perse, la lune était Gaocithra, conservateur de la semence du taureau car, d'après l'ancien mythe, le taureau primordial déposa sa semence dans l'astre des nuits.

En Asie centrale et en Sibérie, parmi les Mongols et les Yakoutes, se rencontre la croyance en un taureau aquatique, caché au fond des lacs, et qui mugit avant l'orage.

Le taureau est donc généralement considéré comme un animal lunaire, mis en relation avec la nuit. La corne parfaite de Shiva est le croissant lunaire. Cette assimilation, très ancienne, est attestée en Egypte et en Babylonie. Toutefois le taureau est aussi attribué à Mithra, divinité solaire, où il symbolise le dieu mort et ressuscité ; mais il garde ici l'aspect lunaire de la mort.

En hébreu, la première lettre de l'alphabet, alef, signifie taureau, est le symbole de la lune à sa première semaine et tout à la fois le nom du signe zodiacal où commence la série des maisons lunaires. Beaucoup de lettres, de hiéroglyphes, de signes sont en rapport simultané avec les phases de la lune et avec les cornes du taureau, souvent comparées au croissant de lune.

Un culte d'Asie mineure, introduit en Italie au IIème siècle de notre ère, enrichit le culte métroaque de Cybèle, d'une pratique jusqu'alors inconnue à Rome : le taureaubole. C'était une initiation par un baptême de sang. Le dévot qui voulait en bénéficier, écrit Jean Beaujeu, descendait dans une fosse spécialement creusée à cet effet et recouverte d'un plafond percé de trous ; puis on égorgeait au-dessus de lui, au moyen d'un épieu sacré, un taureau, dont le sang fumant ruisselait à travers les ouvertures sur tout son corps ; celui qui se soumettait à cette aspersion sanglante était renatus in aeternum, né à une nouvelle vie pour l'éternité ; l'énergie vitale de l'animal, réputé le plus vigoureux avec le lion, régénérait le corps, et, peut-être l'âme de l'officiant. Le sang du taureau ruisselant sur le myste était censé communiquer à celui-ci, par un double symbole, la puissance biologique du taureau et surtout l'accession, sous sa forme la plus haute, à la vie spirituelle et immortelle.

Le culte de Mithra, d'origine iranienne, comportait également un sacrifice du taureau, de signification analogue, mais dans un décor rituel et doctrinal quelque peu différent. Les armées romaines avaient répandu dans tout l'empire le culte de Mithra, dieu Sauveur, Vainqueur invincible, né d'un rocher, un 25 décembre, après le solstice d'hiver, quand les jours recommencent )à grandir, jour où l'on célébrait la renaissance du Soleil, Natalis Solis... L'acte essentiel de la vie de Mithra avait été le sacrifice du taureau primitif, le premier être vivant crée par Ahura-Mazda ; après l'avoir dompté et emmené dans son antre, Mithra, sur l'ordre du Soleil, l'égorgea ; de son sang, de sa moelle et de ses germes naquirent les végétaux et les animaux, malgré les efforts du serpent et du scorpion, agents d'Ahriman. L'ascension de Mithra et l'immolation du taureau ornent une foule de monuments mithiriaques ; les deux scènes, explique Jean Baujeu, symbolisent la lutte des puissances du bien contre les esprits du mal, lutte à laquelle tous les fidèles doivent constamment participer de toutes leurs forces, et l'accès au séjour de la lumière éternelle garanti aux âmes des justes par l'intercession toute-puissante de Mithra.


C'est peut-être appliquer une règle d'interprétation trop peu spécifique que de voir avec Krappe dans le sacrifice mithriaque du taureau la pénétration du principe mâle dans le principe femelle, du feu dans l'humide, du soleil dans la lune et d'expliquer par là le symbolisme de la fécondité. C'est moins d'ailleurs ce symbolisme qui ressort du culte de Mithra que ceux de l'alternance cyclique de la mort et de la résurrection, ainsi que de l'unité permanente du principe de vie.

La mort est inséparable de la vie et le taureau présente aussi une face funèbre. Chez les Égyptiens, le taureau qui porte entre les cornes un disque solaire est à la fois un symbole de fécondité et une divinité funéraire liée à Osiris et à ses renaissances ; ses obsèques sont célébrées à Memphis avec un grand faste, on apporte des dons de tous les points d'Egypte, mais, à peine disparu, Apis renaît dans une autre enveloppe mortelle et on le reconnait, au milieu des troupeau, à la tache noire au front, au cou et sur le dos de son pelage blanc.

Pour les Tatars de l'AltaÏ le maître des enfers est représenté tantôt dans une barque noire sans rames, tantôt monté à l'envers sur un taureau noir. Il tient à la main un serpent ou une hache en forme de lune. On lui sacrifie des taureaux ou des vaches noirs.

Dans presque toute l'Asie, le taureau noir est rattaché à la mort. En Inde, en Indonésie, une coutume existe de brûler les corps des princes dans des cercueils en forme de taureau. En Egypte, des peintures représentent un taureau noir portant sur son dos le cadavre d'Osiris.

[...]

Toutes les ambivalences, toutes les ambiguïtés existent dans le taureau. Eau et feu : il est lunaire en tant qu'il s'associe aux rites de la fécondité ; solaire, par le feu de son sang et le rayonnement de sa semence. Sur la tombe royale d'Ur se dresse un taureau à tête d'or (soleil et feu) et à mâchoire de lapis-lazuli (lune et eau). Il est ouranien et chtonien. Les bovidés, comme les canins, peuvent apparaître en effet tantôt comme des épiphanies terrestres ou chtoniennes, tantôt comme des épiphanies ouraniennes. C'est souvent à leur couleur que leur symbole se précise. Ainsi le bœuf-cendre se présente-t-il comme une épiphanie de la terre-femelle, en face du cheval blanc, incarnant la force céleste mâle, dans la représentation du couple Terre-Ciel que se font certains peuples altaïques.

En Chine, si la tête cornue de Chennong, inventeur de l'agriculture peut évoquer bœuf ou taureau, celle de Tch'e-yeou est manifestement assimilable au taureau. Encore Houang-ti s'opposait-il à l'un et à l'autre. Le taureau est un génie du vent. Tch'e-yeou, tête cornue et pieds bovins, s'oppose, grâce au vent (et à la pluie) à Houang-ti, qui le fait combattre par des dragons aquatiques, mais aussi par la sécheresse. Tch'e-yeou est fauteur de désordres cosmiques. Il sera vaincu par Houang-ti, dont l'emblème est le hibou.


Le bœuf, antithèse symbolique du taureau, fait ressortir cette complexité, car il est associé lui aussi aux cultes agraires. Mais il symbolisera le sacrifice de la puissance fécondante du taureau, faisant mieux ressortir par contraste l'unicité de celle-ci. La suppression de ce pouvoir en rehausse la valeur, de même que la chasteté souligne l'importance de la sexualité. Le principe actif ouranien manifeste sa violence, en s'affirmant ou en se niant d'une façon également absolue. Libre, il féconde ; retenu, continent, il marque avec une égale netteté que, sans lui, aucune fécondité, du moins dans le même ordre et au même niveau d'existence n'est possible ; c'est la contre-épreuve d'une même vérité. La sublimation de l'énergie vitale acquiert une fécondité d'un autre ordre, celui de la vie spirituelle.

Dans la symbolique analytique de Jung, le sacrifice du taureau représente le désir d'une vie de l'esprit qui permettrait à l'homme de triompher de ses passions animales primitives et qui, après une cérémonie d’initiation, lui donnerait la paix. Le taureau est la force incontrôlée sur laquelle une personne évoluée tend à exercer sa maîtrise. L'engouement pour les corridas s'expliquerait peut-être, aux yeux de certains analystes, par ce désir secret et inavoué de tuer la bête intérieures, : mais il se produirait comme une substitution et la bête sacrifiée à l'extérieur dispenserait du sacrifice intérieur ou donnerait l'illusion, par la médiation du toréador, d'une victoire personnelle.

Certains analystes ont vu aussi dans le taureau l'image du père déchaîné, à l'exemple d'un Ouranos, que son fils Cronos se détermina à châtrer. Autre forme du complexe d'Oedipe : tuer le taureau, c'est supprimer le père.

Selon l'interprétation éthico-biologique de Paul Diel, les taureaux symbolisent avec leur force brutale la domination perverse. Leur souffle est la flamme dévastatrice. L'attribut d'airain ajouté au symbole pied est une image fréquente dans la mythologie grecque qui sert à caractériser l'état d'âme. Attribués aux taureaux, les pieds d'airain symbolisent le trait marquant de la tendance dominatrice, la férocité et l'endurcissement de l'âme. Héphaïstos avait forgé deux taureaux vigoureux et violents, aux sabots d'airain, soufflant le feu par les naseaux, apparemment indomptables. Jason devait sans aucune aide leur imposer le joug pour pouvoir conquérir la toison d'or ; cette condition signifiait que le héros devait avoir dompté la fougue de ses passions, avant de s'emparer de ce symbole de la perfection spirituelle, c'est-à-dire qu'il devait avoir sublimé ses désirs instinctifs."

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Considéré en perse comme un des premiers êtres créés, associé dans l'Antiquité gréco-latine au dieu solaire Mithra, et en Egypte à Apis, à l'origine dieu de la Fécondité adoré à Memphis, le taureau, en Asie centrale, représente le ciel, aux côtés de la vache qu'il féconde. Objet de culte et symbole sacré de la royauté en Inde - les termes sanscrits de vrisha, vrishabha et rishabha, désignant le taureau signifient aussi le meilleur, le premier, le prince -, ce mammifère y est principalement associé à l'abondance et à la fécondité : les femmes s'asseyaient sur une peau de taureau et leur mari les touchait en disant : « Que le maître des créatures nous accorde d'avoir des enfants. »

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D'après Madonna Gauding, auteure de Animaux de pouvoir, Guides, protecteurs et guérisseurs (Traduction française : Éditions Véga, 2006) :


"Guide d'interprétation


En tant que symbole onirique

Reproduction ; Pouvoir ; Colère ; Force ; Vitesse ; Obstination ; Sacrifice.


En tant que gardien ou protecteur

Protège ce qui est sacré ; Garde contre l'intrusion.


En tant que guérisseur

Offre l'intégration psychologique ; Guérit l'infertilité.


En tant qu'oracle ou augure

Affrontez votre côté obscur ; Ne vous laissez pas aller à la fureur.


Mythes et contes

La déesse paléolithique, la Vénus de Laussel, tient un croissant de lune fait en corne de taureau. Le dieu égyptien Osiris est souvent représenté avec une tête de taureau.


Si le taureau est votre animal de pouvoir

Vous êtes sensible aux changements climatiques et pouvez prédire l'approche de l'orage. En colère, vous "beuglez" votre déplaisir et faites une exhibition impressionnante, mais attaquez rarement. Si vous le faites, votre adversaire est à plaindre. Vous animez l'ordinaire et le rendez fertile. En votre compagnie, la vie est une expérience riche et intense. Vous n'avez pas peur d'explorer votre côté obscur pour trouver l'or de l'intégration personnelle, de l'intuition psychologique et de la sagesse spirituelle.


Demandez au taureau de vous aider :

  • à affronter votre secret le plus sombre ;

  • à enrichir votre vie en trouvant la joie en tous les instants ;

  • à gérer votre colère.

Accéder au pouvoir du taureau en :

  • étudiant l'histoire grecque du labyrinthe et du Minotaure au corps humain et à tête de taureau ;

  • explorant la psychothérapie pour comprendre votre nature profonde ;

  • examinant un baromètre pour prédire les orages.

Les hommes et les femmes de Crète pratiquent le "saut du taureau", par-dessus une bête qui chargeait - jeu précurseur de la corrida et du lâcher de taureaux de Pampelune (Espagne). Pratiquez à "prendre le taureau par les cornes".


Élément Terre."

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Dans son jeu de carte L'Oracle du peuple animal (Guy Trédaniel Éditeur, 2016), Arnaud Riou regroupe les animaux par famille. Le taureau appartient selon lui à la famille de la posture avec la tortue, le cerf, l'araignée, l'aigle, la baleine, le lion, le cygne, le gecko et le sanglier.


"La posture. Les animaux en lien avec la famille de la posture vous invitent avant tout à vous aligner à vos valeurs. Lorsque nous ne sommes pas alignés, nos actions sont impulsives, réactives et émergent de la partie la plus superficielle de notre ego. Il est nécessaire alors de nous centrer, de nous relier à notre colonne vertébrale, à nos valeurs, à la profondeur de notre être. Les animaux de cette famille nous aident à mieux nous aligner pour nous retrouver.

[...] Nous cherchons tous à trouver notre place sur la Terre, à donner du sens à notre existence, à être utiles, à trouver notre voie. Nous avons besoin de vivre une vie pleine de réalisations matérielles et spirituelles, nous avons besoin d'entretenir des relations sereines et constructives. Nous avons besoin de voyager, de nous développer, d'évoluer. Pour suivre notre route, nous sommes amenés à choisir, à nous engager, à décider. Parfois, nous manquons de critères pour faire les bons choix.

Les animaux ne se projettent pas comme les humains en permanence. Ils n'ont pas un tempérament à calculer, à imaginer ce que la vie leur réserve. Les animaux s'occupent avant tout de leur posture. Ils n'anticipent pas plusieurs jours à l'avance les rencontres qu'ils aimeraient faire, la forme qu'ils aimeraient donner à leur prochain nid ou la personnalité de leurs prochains enfants. Ils ne se demandent pas pendant des heures la façon dont ils aimeraient aborder tel partenaire. Ils se contente d'aligner leur posture à leur véritable nature et d'agir naturellement.

Aligner sa posture, c'est habiter son corps, respirer profondément. C'est être présent à son cœur, le laisser résonner sans effort, être ouvert, c'est ouvrir son esprit à l'inconnu. C'est s'aligner sur ses valeurs. Ecouter la façon dont notre corps réagit à tout nouveau choix, nouvelle direction, nouvel engagement. Lorsque nous sommes alignés dans une posture juste, nous n'hésitons plu au moment de choisir : les bonnes directions nous apparaissent spontanément et sans effort. Nous rencontrons facilement les bonnes personnes avec qui nous allons réaliser des projets fructueux. C'est à cet alignement que les animaux de la posture vont nous accompagner. [...]


Chaque pas que tu fais en conscience

Te rapproche de ton âme

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Un Taureau est dans un champ. Il est au premier plan. Nous sommes au milieu d'une matinée de printemps. Le Taureau broute l'herbe, sa queue est retroussée. Dans le fond de la carte, un Saule offre ses branches au vent.

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Le Taureau pèse facilement plus d'une tonne. C'est un animal lourd, lent, dont chaque pas est compté, conscient. Le Taureau incarne la puissance, la virilité, la force. C'est pour cela qu'encore aujourd'hui, dans certaines régions, encore tant d'hommes veulent se confronter à lui dans les corridas. Le Taureau était déjà sacrifié par les Grecs et les Romains pour obtenir la protection des dieux et l'abondance. Car le Taureau est porteur de l'abondance, de la richesse et de la fertilité. Une légende japonaise relate qu'avant le chaos, le monde entier était contenu dans un œuf. Le Taureau, le plus puissant des animaux, en brisa la coquille avec ses cornes pour accueillir la naissance du monde.

Le Taureau est proche de la terre. Dans l'astrologie, les natifs du Taureau sont terriens, sensibles aux plaisirs épicuriens. Ils aiment la bonne chère et les produits du terroir. Ils ont vocation à rendre hommage par leur comportement à mère nature.


Lorsque le Taureau vous apparaît dans le tirage, c'est pour vous interroger sur votre rapport à la matière. Il vient vous aider à prendre soin de vos besoins sur la Terre. Le Taureau est porteur d'abondance, de richesse, et vous aide à accéder à votre propre richesse. Il vous aide à trouver votre place et à jouir des bienfaits de la terre. Pour bénéficier de la force du Taureau et accéder à cette richesse, la première étape initiatique sera d'ouvrir votre cœur et de développer le sentiment de gratitude. Développer la gratitude, c'est reconnaître ce que vous avez déjà reçu. On ne reçoit pas l'abondance. On s'ouvre à elle. C'est à partir de la gratitude que vous provoquerez le cercle vertueux de la richesse. On ne reçoit que ce qu'on est prêt à offrir. Et on reçoit dans le monde ce qu'on estime mériter. Il nous fait reconnaître notre propre valeur pour accepter de recevoir. Le Taureau vous invite à reconnaître votre valeur. Il vous encourage à affirmer vos actes, à ne pas agir sous l'influence du regard de l'autre, à marcher droit, à renforcer votre détermination et votre engagement. Alors, en reconnaissant votre valeur, vous affirmerez votre place sur la Terre et recevrez toutes les matières dont vous avez besoin.


Mots-clés : La profondeur - La richesse - L'abondance - L'incarnation - L'engagement - La responsabilité - La virilité - La plénitude.


Signification renversée : Si le taureau apparaît renversé, c'est probablement pour vous signaler que vous ne prenez pas suffisamment votre place sur la Terre, ou que vous voulez au contraire passer trop en force. Il est temps de vous incarner davantage dans vos activités et dans la matière. La Taureau vient vous permettre d'incarner votre spiritualité et vos valeurs dans votre façon de vivre. A affirmer votre pas. Le taureau renversé vous interroge également sur vos influences. Agissez-vous de votre libre arbitre ou sous l'influence de votre entourage, pour plaire aux uns et aux autres ? Le Taureau renversé peut vous signaler une contrariété sur le plan matériel, une difficulté à faire aboutir un projet immobilier ou un investissement. Dans ce cas, le Taureau va vous aider à retrouver votre lien avec la matrice, la matière et votre incarnation.


Le message du Taureau : Je suis le Taureau. J'ai dépassé la peur et j'incarne la puissance et la sérénité. Je suis béni de la Terre et des dieux. Mon pas est lent et ma démarche sereine. Je viens t'inviter à prendre ta place sur la Terre, car l'humanité tout entière attend que la belle personne que ut es prenne sa place. Inspire-toi de mon énergie et je reprogrammerai chacune de tes cellules. Ma puissance incarnera chacun de tes pas. Ma lenteur servira ta stabilité. Il est temps que tu prennes pleinement tes responsabilités. Le monde attend d'accueillir ta lumière et la puissance de ton inspiration. Tiens-toi droit. Regarde au lointain. Tu n'as pas de raison d'avoir peur. Connecte-toi à ton cœur, à ton identité. Tu n'as pas à composer. Affirme simplement, sereinement et complètement qui tu es, sans aucun effort d'adaptation. Alors, mon esprit te donnera la force de faire aboutir tes projets. Tous tes projets, même ceux qui te semblent encore inaccessibles. Je t'accompagne pour te rappeler que tien n'est trop beau pour toi. J'incarne la virilité. Je porte en moi l'essence du masculin, dans sa puissante beauté. Appuie-toi sur moi, crois-en moi, alors, tu sentiras ma puissance dans tes propres cellules.


Le rituel du Taureau : Je me connecte à l'esprit du Taureau. Je me connecte à la puissance, à la lenteur. Je me relie à l'esprit du Taureau. Je ne me laisse pas impressionner. Je reconnais ma propre puissance. Je m'engage avec confiance dans ce qui est juste pour moi. Je m'engage à ralentir mon pas sur 1, 3, 7 ou 21 jours, une période pendant laquelle je pose ma conscience sur chaque instant pour mieux en goûter la saveur.

Je m'entraîne dans ma marche à écraser le sol autant par la voûte du pied, les orteils que par le talon et que par l'extérieur du pied. La marche en conscience est une pratique spirituelle en soi. Je suis totalement conscient de ma marche et j'ai la sensation littéralement d'appuyer la terre à chacun de mes pas. Je prends conscience de mon incarnation."

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Symbolisme celte :

Pour Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1969, édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"Le taureau ne semble pas avoir eu, pour les Celtes, une valeur exclusive de virilité et il n'est pas certain que sa signification première soit à rechercher dans la dualité ou dans l’opposition sexuelle avec la vache. Le taureau est en effet, en Irlande, l'objet de métaphores surtout guerrières. Un héros ou un roi de grande valeur militaire est souvent appelé le taureau du combat. D'autre part, le taureau est la victime de ce que l'on appelle en Irlande, le festin du taureau, première partie du rituel de l'élection royale, telle que la raconte le texte de la Maladie de Cùchulainn. On sacrifie l'animal, un poète mange de la viande, boit du bouillon à satiété, s'endort et dans son rêve, voit le candidat-roi qui doit être choisi par l'assemblée des nobles. La seconde partie du rituel (qui concerne le roi élu) a pour victime le cheval. Le taureau forme donc un couple antithétique avec le cheval, mais il est tout aussi guerrier que lui et le sacrifice des taureaux blancs racontés par Pline (Nat. Hist. 16, 249) à propos de la cueillette du gui est un ancien rituel royal, ayant perdu toute raison d'être par suite de la conquête romaine et de la disparition de toute vie politique indépendante. Car le taureau est, comme le cheval, un animal royal : deiotaros, taureau divin. Des tétrarques galates ont porté ce nom parce qu'ils étaient rois, et non parce qu'ils étaient prêtres, comme on l'a quelquefois supposé à tort. Cette connotation renvoie directement au binaire cheval-taureau de l'art paléolithique signalé plus haut. Le taureau est bien un animal primordial. Dans le récit de la Razzia des Vaches de Colley, où un taureau brun et un taureau blanc se combattent à mort, l'un représente l'Ulster et l'autre le Connaught : les posséder signifie posséder la souveraineté guerrière, d'autant plus que l'un et l'autre ont la voix et l'intelligence humaines. Ils sont nés de la métamorphose des deux porchers des rois du Sud et du Nord de l'Irlande et ils ont passé par divers états animaux. En Gaule, l'iconographie comporte un taureau aux trois grues (équivalents probables des cygnes insulaires) et un taureau à trois cornes, lequel est probablement un ancien symbole guerrier incompris à l'époque gallo-romaine : la troisième corne doit représenter ce qu'en Irlande on appelle le lon laith ou lune du héros, espèce d'aura sanglante qui jaillit au sommet du crâne du héros en état d'excitation guerrière. On peut noter en annexe que le nom de bison a survécu dans le toponyme de Vesontio, ancien nom de Besançon."

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Dans L'Oracle des Druides (édition originale : 1994 ; traduction française : édition Guy Trédaniel, 2006) de Philip et Stephanie Carr-Gomm, on peut lire que le Taureau (Tarbh) est associé à trois mots-clefs :


Richesse - Virilité - Bienfaits.


La carte représente un taureau mugissant près d'un saule survolé par trois grues. Nous retrouvons l'association entre le taureau, le saule et les trois grues sur deux monuments celtiques du Ier siècle. Les grues nous rappellent que le taureau, animal lié à la terre, est également en rapport avec le ciel. Ses testicules qui donnaient leur forme aux clochettes utilisées par les premiers druides-shamans, en font un symbole de virilité et de fertilité. On voit l'une de ces clochettes sur le sol au premier plan. Sur la gauche, se trouve une corne druidique de l'âge du bronze qui émettait un son semblable au mugissement du taureau.

Le taureau nous relie à Taranis, équivalent druidique de Jupiter, dont les bienfaits et la prodigalité peuvent combler notre vie de richesse et d'abondance. Il est de bon augure de tirer cette carte en cas de problème financier. Souvenez-vous cependant que dans leur sagesse les anciens savaient que la vraie richesse se trouve d'abord dans le cœur et l'âme, et secondairement dans le monde matériel. La fertilité, la puissance, l'abondance et la prospérité que représente le taureau peuvent tarder à se montrer, mais cet animal vous aidera à persévérer pour atteindre votre but si les circonstances s'acharnent contre vous. Il vous donnera l'énergie nécessaire pour surmonter physiquement ou moralement les problèmes qui s'accumulent.


Renversée, la carte indique peut-être un manque de motivation : il n'y a pas d'animal plus têtu qu'un taureau refusant d'avancer. Analysez l'origine de votre manque de motivation : vous serez peut-être étonné de voir que ses conséquences sur votre vie sont très importantes. Demandez-vous également si vous êtes à l'écoute des besoins des autres. La force du taureau, remarquable lorsqu'elle est canalisée ou employée à bon escient, peut devenir très dangereuse si elle n'est as contrôlée. Essayez de réagir plus posément face aux provocations et de limiter votre emprise sur les autres.


Le Taureau dans la Tradition

Je suis le taureau aux sept batailles

La Chanson d'Amergin.


L'économie et le mode de vie des Celtes britanniques étaient centrés autour de l'élevage du bétail et le nombre de têtes de bétail possédées indiquait la richesse.. Ils associaient en particulier le taureau non seulement à la richesse matérielle, mais aussi à la puissance, la prospérité et la fertilité. L'animal était lié aux échanges monétaires et fréquemment représenté sur les pièces de monnaie celtiques. Il était aussi lié à Taranis, le dieu du tonnerre et de la foudre, des chênes, du cycle des saisons et du mouvement des étoiles.

La santé et la fertilité des troupeaux étaient d'une importance capitale chez ces peuples qui interprétaient la notion de fertilité au ses large : l'abondance des récoltes, du bétail, des enfants et des productions artisanales. La fertilité animale, humaine et végétale faisaient partie d'un même concept. Interdépendantes, elles représentaient toutes la fertilité de la Mère Nature et leurs destins étaient inextricablement liés. Les bœufs, taureaux castrés, représentaient pour la communauté une force d'énergie. Ils aidaient à labourer les champs et à puiser l'eau. Des cornes et clochettes de bronze rappelant l'animal sacré étaient utilisées en Grande-Bretagne et en Irlande lors de cérémonies druidiques pour appeler les esprits et inspirer le respect. On remplissait les clochettes ou "crotales", de cailloux ou de billes d'argile et on les faisait sonner pour représenter la fertilité. Certaines ont été retrouvées vides : peut-être les faisait-on résonner ou s'en servait-on pour symboliser la stérilité.

Bien que le taureau soit un animal relié à la terre, le croissant de ses cornes - servant encore de coupes lors des cérémonies druidiques actuelles, pointe vers le ciel et le relie aussi aux étoiles.


Le Vol des Vaches de Cooley ou Tain Bo Cuailnge

Le vol des vaches de Cooley, conte irlandais, parle de deux taureaux extraordinaires, Findbennach (Les cornes blanches du Connacht) et Donn d'Ulster (le Brun de Cuailnge). Lors d'une dispute au sujet de leurs richesses respectives, la reine Medb et Ailill découvrent que ce dernier possède un taureau de plus qu'elle, un taureau aux cornes blanches. Medb essaie alors d'acheter le splendide taureau Donn, mais son offre ayant été refusée elle déclare la guerre à l'Ulster pour l'obtenir de force. LA guerre culmine dans une bataille entre les deux taureaux. Le Brun de Cuailnge gagne et tue Findbennach, mais devenu fou, il tue tous ceux qui s'opposent à lui et finit lui-même par mourir.

Ces deux taureaux étaient d'anciens bergers divins ayant pris forme humaine, sous les noms de Bristle et Grunt, pour garder les cochons. Grands rivaux, ils se battaient constamment entre eux en se métamorphosant ; successivement corbeaux, cerfs, monstres marins, champions humains, démons et anguilles, ils finirent par être avalés par une vache qui leur redonna naissance sous forme de taureaux.


Le Sacrifice rituel des Taureaux

A l'origine, les druides irlandais choisissaient les rois de Tara lors d'un rituel appelé Tarbhfhess (sommeil du taureau). Ils sacrifiaient d'abord un taureau et le faisait cuire, puis un devin mangeait sa viande et buvait le bouillon de cuisson. Il s'enroulait ensuite dans la peau de taureau et, pendant son sommeil, quatre druides psalmodiaient des incantations magiques afin que l'image du futur toi lui apparaisse en rêve.

Il est clair que les Celtes accordaient une signification profonde aux sacrifices de taureaux. Le sacrifice de trois taureaux est représenté sur le chaudron de Gundestrup. Il semble qu'on célébrait des "cérémonies du seuil" où des taureaux étaient sacrifiés et enterrés près des entrées,. Des fouilles réalisées dans le sanctuaire gaulois de Gournay montrent que les animaux sacrifiés devaient être âgés de dix ans au moins.

Dans la tradition écossaise, on disait que rêver d'un taureau signifiait l'arrivée d'une aide. Pline raconte que les druides sacrifiaient deux taureaux blancs au pied d'un chêne lors du ramassage du gui. On appelle encore en Angleterre les grands chênes creux "chênes du taureau", peut-être en raison de ce rite archaïque, mais d’après les gens du pays, c'est parce que les taureaux s'abritent à l'intérieur de ces arbres, réunissant ainsi les deux principaux symboles du dieu Taranis : le chêne et le taureau."

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Selon Sabine Heinz, auteure de Les Symboles des Celtes, (édition originale 1997, traduction française Guy Trédaniel Éditeur, 1998),


"Le taureau, en tant qu'animal domestiqué et élevé par les hommes pour qu'il leur soit utile, est totalement opposé au cerf, la force indomptée de la nature libre. Il partage néanmoins avec lui certaines caractéristiques et apparaît sur les casques ou sous forme de statue ; c'est aussi un animal de sacrifice. On connaît la relation établie entre le taureau et les hérons qui peuvent reprendre forme humaine lorsqu'on sacrifie un taureau.

Les bœufs sont souvent représentés dans le cadre familial, car jadis l'élevage des bœufs était, surtout sur les îles, le gagne-pain des paysans, tout comme le vol de bœufs. Le bœuf fait typiquement partie des repas celtiques ; le lait de vache permet d'obtenir d'autres aliments précieux comme le beurre et le fromage.. l'importance du bœuf a fait de lui un moyen de paiement. Au Pays de Galles, on connaît trois chefs taureaux et trois protecteurs taureaux.

Les noms propres, les noms de lieux et de tribus prouvent la grande importance que l'on accorda très tôt aux bœufs : Taurisci est un nom de tribu, Donnotaurus, en français animal du maître, le nom d'un Helvète cité par César, qui porte elle même nom que l'un des deux taureaux célèbres dans la légende intitulée la Razzia des vaches de Cuailnge :


Medb, maîtresse du Connaught, s'arma pour s'emparer de Donn Tarbh, le taureau brun de Cuailnge. Elle partit début novembre, sans craindre l'arrivée de l'hiver, sachant que tous les Ulates se trouvaient en état de faiblesse et ne pourraient guère se défendre. Pourtant, il semble que seuls les hommes étaient concernés, car Cùchulainn, un jeune garçon de dix-sept ans, débordait de force. Il fit donc face à l'armée de Medb qui s'approchait. Il put au moins retarder l'avancée des attaquants et leur faire subir de lourdes pertes. Néanmoins, le taureau fut volé. Il essaya alors de retarder le repli des guerriers du Connaught jusqu'à ce que les Ulates puissent à nouveau combattre. Chaque nuit, il tuait à la fronde un grand nombre de guerriers du camp de Medb ; on finit par conclure un marché : chaque jour, on lui enverrait un guerrier avec qui il se battrait en duel ; en contrepartie, on s'engagea, en cas de victoire de Cùuchulainn, à ne pas continuer le combat. Gravement blessé, il réussit à retenir les voleurs jusqu'à ce qu'un petit nombre de guerriers d'Ulster se réveillent, se lancent au combat et trouvent la mort. Cependant, tout l'Ulster finit par retrouver sa force et nuit Medb en fuite. Le taureau brun d'Ulster se battit en duel avec Finnbennnach, le taureau du Connaught aux cornes blanches, combat au cours duquel ils trouvèrent tous deux la mort.


La parenté entre le taureau et le cerf se reflète dans deux cycles de légendes irlandaises : dans celui de Finn mac Umaill qui se passe essentiellement à Leinster, Finn étant le chef d'une troupe coloniale royale et bade de fantassins qui, en dehors du combat, s'adonne surtout à la chasse. Les deux héros de la troupe se noment Os(s)car, en vieil irlandais os(s) + car, (qui aime les cerfs), et son père Oissin (Oisin), (Petit Cerf). ce dernier est le fils de Finn qui, à l'origine, s'appelle lui-même Demne (petit Cerf). Une tribu de Leinster est nommée Osraige, (Royaume du cerf). Au cycle de Finn s'oppose la légende d'Uslter où dominent les conducteurs de chars guerriers. Outre le combat, l'élevage est leur principale occupation ; le bœuf - ainsi que le porc / le verrat, le cheval qui tire le char et le chien - est l'animal qui dirige les autres. Quelquefois, les chevaux attelés au char sont remplacés par des cerfs ; c'est le cas pour Cùchulainn, le héros d'Ulster. Lors de fouilles, on a retrouvé des brides pour cerfs. Il semble que les animaux sauvages apprivoisés, ici le maître de la forêt, ne se soumettent qu'à des héros au caractère exceptionnel.

On ne sait pas si en Irlande, l'adoration du bœuf allait aussi loin qu'en Inde où un héros faisait le serment des bœufs en mangeant de la bouse, en buvant de l'urine de bœuf et en couchant avec eux par terre sans se gratter pour devenir un taureau parmi les rois. En tout cas, l'Eglise se voit dans l'obligation d'interdire, sous peine de mise en accusation, de boire de l'urine animale. D'autres peuples, comme les Scythes, connaissaient également les relations existant entre ces animaux et paraient leurs chevaux avec des bois de cerfs. Aujourd'hui encore, en Inde, les vaches sont considérées comme des animaux sacrés.

Il est probable que le maître de la forêt se cache aussi derrière l'expression "Illwybr tearw" = Chemin du taureau, c'est-à-dire raccourci."

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Yann Arthus Bertrand

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Selon Thierry Jolif, auteur de B. A.-BA Mythologie celtique (Éditions Pardès, 2000),


"Le taureau, symbole de force, est lié à la fonction royale. Le mot irlandais tarb, "taureau", est souvent utilisé pour désigner métaphoriquement le roi. L'élection royale telle qu'elle est décrite dans le récit La Maladie de Cuchulainn et l'unique jalousie d'Emer, comporte le sacrifice rituel d'un taureau. Par contre, nous ne savons pas quel était exactement le rôle du sacrifice des taureaux dans la description de Pline concernant la cueillette du gui.

De plus, il existe en Gaule de nombreuses représentations d'un taureau à trois cornes. Deux autres représentations, provenant de Lutèce et de Trèves, montrent un taureau accompagné de trois oiseaux et dénommé Tarvos Trigaranus, "le taureau aux trois grues". Il existe plusieurs interprétations de ce thème figuré, mais aucune ne semble vraiment satisfaisante. Néanmoins, à Trèves, le Tarvos Trigaranus est associé au dieu Esus, abattant un arbre.

Il existe une représentation d'Esus en provenance de Trèves, sur laquelle le dieu abat un arbre dans lequel sont perchés un taureau et trois oiseaux. Cette représentation est le pendant de deux panneaux d'un monument figuré provenant de Paris, communément appelé Pilier des Nautes parisiens. Ces panneaux représentant, l'un, le dieu Esus coupant les branches d'un arbre, l'autre un taureau sur lequel sont perchés trois oiseaux, et surmonté de l'inscription gauloise Tarvos Trigaranus, "le taureau aux trois grues". Avant de proposer, ici, une hypothèse d'exégèse par le biais de la comparaison indienne, nous souhaitons rappeler que Lucain, dans sa description des dieux gaulois, affirme que les hommes sacrifiés à Esus étaient attachés à un arbre et saignés à mort.

La tradition védique compare le meurtre par Indra du Titan Vritra, qui représente le Dragon, la déité, le Principe ab intra, à l'abattage et au tronçonnage d'un arbre. Ce meurtre répondrait à la question du Rig-veda :


"Quel était le bois, quel était l'arbre à partir duquel ils façonnèrent le Ciel et la Terre ?"


Le lien entre l'arbre et le taureau aux trois grues reste, dans ce cas, obscur, mais il n'est pas interdit de penser que le taureau et son sacrifice, attesté par d'autres sources, aient appartenu au même symbolisme. De plus, nous savons avec certitude que le taureau fut une victime sacrificielle du druide ; or, tout laisse supposer qu'Esus a été le dieu-druide de la Gaule ; toutefois, le mystère de la fonction des trois grues reste entier. En dehors du fait que les oiseaux aient été regardés comme sacrés par la religion celtique et que, dans ce cas, c'est, bien évidemment, à cela que se ramène leur présence, nous ne pouvons en dire plus sur leur rôle."

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Pour Divi Kervella dans Emblèmes et symboles des Bretons et des Celtes (2001),


"C'est un symbole très archaïque qui semble remonter à bien avant la civilisation celtique.

Le taureau (tarv en breton) tient beaucoup de la symbolique de l'épi. C'est un symbole royal fécondateur tout en sachant se battre comme les autres symboles royaux d'essence guerrière que sont l'ours et le lion. Le mot "taureau" servait à désigner le roi par métaphore , et lors de l'élection des rois on pratiquait le sacrifice d'une de ces bêtes.

Tout comme il existe un antagonisme ours / sanglier il existe également un antagonisme taureau / cheval, ce dernier étant l'emblème de la classe aristocratique guerrière.

Tain Bô Cuailgne (le raid sur le cheptel de Cooley), le célèbre récit épique irlandais, relate la guerre pour la possession d'un taureau brun de grande valeur, puis le combat à mort entre ce taureau brun et un taureau blanc, tout cela étant bien entendu l'allégorie de la lutte pour le pouvoir royal.

En Bretagne, la haute Cornouaille, le pays vannetais et le pays nantais semblent plutôt pencher du côté du ruminant. Carhaix, la capitale du Poher, a pour emblème un taureau ; et les légendes autour des mégalithes particulièrement nombreux dans le Morbihan tournent autour des bovidés ; ainsi le saint patron de Carnac, au nom évocateur de Korneli, est le protecteur des bêtes à cornes. C'est lui qui est à l'origine des alignements mégalithiques de Carnac. Voici comment : poursuivi par une armée de païens, il voyageait accompagné des deux bœufs qui portaient ses bagages, quand, coincé en arrivant à la mer, il se cacha dans l'oreille d'un de ses bœufs d'où il pétrifia les soldats qui étaient déjà en ordre de bataille.

Des personnages fantastiques à tête de taureau hantent les grèves des environs comme Kole Porzh-an-Dro (le taurillon de Porz-an-Dro) à Carnac, ou encore Paotr an Traezh Bras (le gars de la grande grève) à Quiberon. Le pays vannetais se distingue encore par le fait que la charrette de l'Ankoù est tirée ici par deux bœufs et non par des chevaux comme partout ailleurs.

Tout comme le cheval est inscrit dans la toponymie bretonne, le bœuf y trouve sa place également dans cette région du sud Bretagne. Le nom de la commune de Paimbœuf, sur les bords de la Loire, est breton et se décompose en penn (tête), et bo (bœuf). On verra un petit peu plus loin le cas du nom de Bouin.

Les deux bœufs semblent être l'emblème des constructeurs. Dans le légendaire des saints bretons et gallois abondent les épisodes où les bœufs choisissent les lieux de construction des églises et apportent seuls les pierres de leur construction. Plus avant dans le temps les bœufs ont sûrement fortement contribué à l'édification des mégalithes. On a retrouvé par exemple des ossements de bovidés sous le tumulus Saint-Michel de Carnac et des bœufs sont représentés sur une des dalles du célèbre tumulus de Gavriniz dans le Morbihan. Les deux bœufs rappellent les deux bœufs de la tradition galloise qui dégagèrent la terre des eaux primordiales. Ces deux bœufs, nommés Nynniaw et Peibiaw et qui représentent la Loi et l'Ordre, permirent l'apparition de la civilisation. On retrouve ces deux bœufs dans ce très étrange chant archaïque breton qu'on appelle ar Rannoù (les séries).

"Vache blanche" (Bobhan en irlandais, Bowenn en breton) est une des appellations de la grande déesse celte ; elle fut l'épouse du dieu Ogme et maîtresse du Daghda. De cet adultère naquit un fils, Mac Ôg / Mabon, sorte d'Apollon celtique. Elle a donné son nom à un fleuve d'Irlande (aujourd'hui la Boyne), et semble-t-il également à l'île de Bouin, terre bretonne rattachée contre son gré au département de la Vendée en 1790. Un des autres titres de cette déesse, Maeron (la "grande mère"), est à l'origine du nom de la rivière Marne en France et de la commune du même nom en Loire-Atlantique, à une dizaine de kilomètres à peine de l'île de Bouin.

Dans le chant des Rannoù, déjà cité, il est fait mention des huit génisses blanches de la déesse.

On trouve des cornes herminées sur certains cimiers des ducs de Bretagne à l'époque des Montfort. Il s'agit, par le système des armes parlantes (jeu de mots emblématique basé ici sur le mot "corne"), d'un rappel de la maison de Cornouaille, une des branches ascendantes des ducs, ce qui leur permettait d'avoir une lignée royale avec Grallon le Grand, duc de Cornouaille et deuxième roi de Bretagne selon les versions historico-légendaires, et cela plus de cent ans avant l'investiture de Clovis, le premier roi des Français.

La dynastie des Montfort vouait également un culte particulier à saint Ronan, garant de la fécondité de leur dynastie. Le nom de la petite cité de Locronan où ils firent construire le mausolée de ce saint se décompose en Iok (sanctuaire) et Ronan. La forme locale parlée de ce nom de lieu s'est trouvée altérée en Lokorn que les gens du cru décomposent en Iok plus Korn en rappel de la légende selon laquelle un des deux buffles sauvages qui tiraient le cercueil du saint perdit un de ses cornes pour indiquer l'endroit où le corps devait être enterré. Sur les pentes de la montagne de Saint-Ronan se retrouve le lieu-dit Plas ar C'horn, l'endroit de la Corne.

On se retrouve donc là avec une sorte d'armes parlantes croisées."

 

Voir aussi l'article sur le symbolisme de la corne.

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


Si les images, comme nous en avons la conviction, sont les mots d'un langage symbolique, le taureau est, avec le cheval, l'un des termes de ce langage dont les hommes ont laissé les plus anciens témoignages. Dans la plupart des groupes de peintures ou de gravures rupestres, le taureau et le cheval figurent au centre des compositions. Le taureau a fait l'objet d'honneurs et de cultes pendant des périodes extrêmement longues. A Memphis, une fête périodique était déjà instituée en faveur du taureau Apis sous la première dynastie. Ce culte allait s'amplifier au cours de trois millénaires et subsistait encore sous l'empereur Julien en l'an 362 de notre ère !

Si le taureau est l'un des mots les plus anciens de la langue symbolique, l'imaginaire n'en fait pas – loin s'en faut – un usage fréquent. L'image apparaît dans moins de 2% des séances de rêve éveillé et seulement 10% des patients la produisent au cours de leur cure.

On pourrait considérer cela comme une contradiction. Ce n'est pas la seule qu'entraînera le symbole.

Tant de vestiges historiques, tant de mythes, tant de réflexions formulées par les auteurs anciens et modernes, sont disponibles pour nourrir l'étude du taureau, qu'il est permis de se réjouir d'avoir fait le choix de limiter la recherche aux matériaux oniriques ! Pourtant, le patient engagé dans la spontanéité de son rêve produit si souvent, autour du symbole, des images qui renvoient aux particularités les plus originales des mythes, qu'il sera naturel de signaler ces correspondances.

Comme le mythe, le rêve associera le taureau et le cheval, comme le mythe, le rêve rapprochera le lourd bovin et les ailes, comme le mythe, le rêve produira des images de créatures rappelant le Minotaure. Ces observations conduiront d'ailleurs aux aspects les plus sûrs de l'interprétation. Cette dernière n'échappera pas totalement aux incertitudes qui transparaissent à la lecture des meilleures traductions réalisées sur le symbole.

Ces imprécisions sont inhérentes à l'image du taureau. Veut-on démontrer la nature solaire du symbole ? Les indices autorisant cette orientation abondent. Préfère-t-on argumenter en faveur du caractère lunaire de l'image ? Il est aisé de rassembler des éléments qui convaincront de la pertinence de cette position ! Il est inutile de se référer à l'arbitrage des matériaux culturels. J. Ani a montré que le culte du taureau Apis, solaire à l'origine, a évolué au fil des siècles jusqu'à devenir indiscutablement lunaire. Le chercheur emporté dans sa tentative d'élucidation de la symbolique du taureau risque de s'égarer dans le labyrinthe de sa réflexion. Trop de voies s'offrent à lui, qui se révéleront autant d'impasses dans lesquelles il se sentira nargué par l'ombre indécise du Minotaure ! Les corrélations statistiques observées autour du symbole composeront le fil d'Ariane qui lui permettra d'atteindre son objectif.

L'association majeure est une image de femme. Nous devrions écrire l'image de la femme car il s'agit toujours d'une formulation qui souligne la féminité. Une patiente dira : "... il y a une femme... une femme hyper féminine, jusqu'au péjoratif..." !

La présence insistante, à proximité du taureau, de cette image féminine à la chevelure déployée, longue, presque toujours noire, révèle l'aptitude du symbole à représenter la puissance de l'anima et peut-être plus particulièrement le versant ombre de celle-là. On peut retenir cette constatation parmi les indices de la nature lunaire du taureau. La puissance ! L'imaginaire superpose fréquemment au taureau le buffle, le bison, le bélier, l'éléphant, animaux présentant des caractéristiques communes : la force, le poids, les cornes ou défenses, la propension à foncer et défoncer. Ceux-là, dont la tête semble soudée à la masse corporelle, sans l’intermédiaire du cou, suggèrent l'idée d'une instantanéité du passage à l'acte. Pourtant, l'exploration des scénarios montre que l'apparition du taureau trahit, au contraire, un état psychologique dominé par des inhibitions. Le taureau du rêve s'inscrit dans un environnement clairement imprégné par la sexualité. Images et réflexions se conjuguent pour affirmer l'orientation sexuelle des scénarios pris en référence.

La cécité, le rideau de fumée, le brouillard, le flou de la vision sont des éléments si fréquents autour du symbole qu'on ne peut éviter de les intégrer à son interprétation. Les principaux éléments sur lesquels reposera la traduction sont réunis : l'énergie féminine, la sexualité, le puissance, le poids, l'aveuglement. Quelques extraits de scénarios vont placer le taureau dans son environnement onirique. Eva est mariée depuis une dizaine d'années. Après la naissance de leur troisième enfant, la jeune femme a refusé tout apport sexuel avec son mari. Cette attitude, qu'elle ne parvient pas à justifier, engendre un double sentiment de frustration et de culpabilité, qui se trouve porté au paroxysme par une liaison récente, demeurée jusqu'alors platonique mais très chargée de tentations physiques. Le quatrième rêve intervient dans cette situation de tumulte psychologique. Interdits et culpabilité se heurtent à l’impétuosité des désirs non satisfaits. Le quatrième scénario commence par ces mots : « Je vois un taureau, aux cornes très puissantes, qui fonce en avant... j'entends le bruit de ses sabots sur le sol très sec... j'ai rêvé l'autre jour que je devais changer des poissons rouges d'eau et je les mettais dans l'eau bouillante... je les cuisais ! Mon mari est du signe des Poissons !... […] Je suis maintenant sous l'eau... mes cheveux flottent comme des algues... là, il y a une espèce de douceur et de clame... je reviens à la surface... je vois mon mari qui s'éloigne, sur une planche à voile... il m’apparaît flou... tout est flou aujourd'hui !... La seule chose qui ne m'apparaisse pas floue, c'est le brouillard !... Je pourrais être au milieu d'une montagne, dans le brouillard... on ne sait pas où l'on va... je me vois marcher, les yeux fermés, les bras tendus en avant, comme un aveugle, au milieu de ce brouillard... et je me heurte à des objets, forcément... je pourrais ouvrir les yeux...mais j'ai comme un bandeau sur les yeux... je ne peux pas voir... […] Là, maintenant, j'ai la vision... ou plutôt la sensation d'une étreinte amoureuse... qui me fait culpabiliser... oh !... je peux vraiment sentir, hein !... […] Je vois une tête de phacochère, avec ces énormes cornes sur les côtés... le ciel est gris... je remplis mes poches de galets... c'est très lourd... je revois ce troupeau de taureaux, de buffles, du début... y a de l'herbe sèche... je vois les naseaux d'un taureau... un taureau furieux, qui fume... il fonce... et je fais une analogie : un taureau c'est très corpulent du haut et fin du bas... je pense à mon ami qui est très large aussi du haut... et je retrouve les fonds marins de tout à l'heure... moi, j'avance comme une sirène au fond de la mer... »

Il serait difficile d'exprimer avec plus de force l'aveuglement qui résulte de la tempête des sens insatisfaits. Sinon, au cours de son sixième rêve, propose des images qui, par touches plus légères, reprennent les mêmes thèmes. Sinon est un homme mûr, très sensible à la beauté féminine, mais souffrant d'une impuissance sexuelle presque totale depuis plusieurs années :

« … Là, je vois des toits... gris... c'est comme du brouillard ! Et... une trompe d'éléphant ! L'intérieur d'une trompe... c'est comme un couloir... il y a une disproportion de taille... […] J'ai sauté d'un avion, en parachute... je descends... je cogne sur un étage élevé d'un immeuble... je casse les vitres et j’entre dans la pièce... je vois un nez avec d'énormes narines... des naseaux, comme on en voir aux taureaux... comme ça !... Ce nez est comme le piston d’une énorme machine qui fait un bruit d'enfer... un tout petit homme fait marcher tout cela... encore une idée de disproportion... […] Là, de très jolies femmes... ça corresponde à une expression de ma sexualité qui est inséparable de l’image, plus que de sensations physiques... et je vois un Cupidon, à poil, avec arc et flèches... et moi je prends l'aspect d'un personnage mythologique, j'ai des ailes dans le dos... un casque et, indiscutablement, une épée... » Cette séquence de Simon introduit l'une des plus importantes associations dont s'entoure le taureau imaginaire : les ailes. Le taureau est poids, masse, puissance. Mais, dans les rêves, il exprime surtout l'inhibition des potentialités.

Paul Diel interprète e cheval comme une représentation de l'impétuosité des désirs et plus particulièrement des désirs sexuels. Pégase, le blanc cheval ailé, symbolise la sublimation de la libido, sa transformation en inspiration poétique. Unis dans les figurations primitives, le taureau et le cheval sont aussi les deux mammifères auxquels les mythes ont attribué les ailes. Taureau ailé et cheval ailé expriment des valeurs semblables. Semblables mais non identiques. Pégase apparaît comme le symbole d'une sublimation réussie. Le taureau, dans l'univers onirique, n'arbore jamais lui-même les ailes. Il préfère laisser ces attributs aux personnages dont il s'environne, comme dans le rêve de Simon. Le taureau affirme à la fois l'ambition de transcendance et l'ancrage insurmontable aux désirs les plus immanents. Le poids de l'appel sexuel est trop lourd et le taureau rêve n'est pas destiné à connaître les envols de l'ange. Le symbole témoigne de la désorientation d'une psychologie aveuglée par des aspirations sexuelles puissantes qu'elle ne parvient pas à réaliser concrètement, ni à évacuer dans la transcendance.

Quelques phrases du dix-huitième scénario d'Alain montreront que l'image taurine entraîne systématiquement les mêmes thèmes :

« Là... j'étais dans un épais brouillard... il se dissipe... j'ai vu comme un château mais, tout aussitôt s'est superposée l’image d'une petite fille qui montre ses fesses... et des jupons de femme aussi, beaucoup de jupons... et, là, je vois l'image d'un taureau aussi... dans une arène, et l'image bloquée d'un mouvement, comme sur une photo... comme un mouvement très rapide qui serait pris à une vitesse trop lente... et du coup, c'est flou... impression que c'est un toréador, en l'air... il ne touche pas le sol... comme s'il était projeté et qu'on ait pris la photo à ce moment... c'est pas net du tout... je vois ce taureau, avec des cornes très grandes et des chevaux aussi... et maintenant des bisons... je vois un troupeau de bisons qui galopent... idée d'un coup de fusil et, par association « tirer un coup » !... Je vois un char d'assaut... ce blindé, c'est moi !... là, tout est gris... je vois une femme jeune, aux cheveux noirs, comme une indienne... »

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Les deux tiers des rêveurs ou rêveuses qui ont produit les scénarios pris en référence pour l'étude étaient, à cette période de leur cure, frappés d'impuissance ou de frigidité. Aucune des autres personnes ne vivait la sexualité d'une manière pleinement satisfaisante.

Le psychologue cultivé fera, à travers les matériaux mythiques, une abondante moisson d'indices désignant le taureau comme le symbole de l'énergie créatrice, de la puissance solaire. Il ne sera pas dans l'erreur. Le praticien expérimenté saura, lui, que l'image onirique, le taureau du rêve, qui témoignent en effet de la puissance de la libido, exposent aussi la difficulté qu’éprouve le rêveur dans l'accomplissement de ses pulsions. La prise de conscience est, ici, capitale, car ce point particulier de la problématique, on l'a vu, s'oppose à la lucidité et cet aveuglement affecte l'ensemble du champ relationnel du patient.

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Mythologie :


Le Glossaire théosophique (1ère édition G.R.S. MEAD, Londres, 1892) d'Helena Petrovna Blavatsky propose plusieurs entrées relatives au taureau :


A La première lettre de tous les alphabets du inonde à l'exception d'un petit nombre, tels, par exemple, le mongol, le japonais, le tibétain, l'éthiopien, etc... C'est une lettre d'un grand pouvoir mystique et d'une grande "vertu magique" pour ceux qui l'ont adoptée et pour lesquels la valeur numérique est un. C'est l'aleph des Hébreux symbolisé par le Bœuf ou le Taureau, l'alpha des Grecs, le un et le premier, l'az des Slavons, signifiant le pronom "je" (en référence au "je suis ce que je suis"). Même en astrologie, le Taureau (le bœuf ou taureau ou l'aleph) est le premier des signes zodiacaux, sa couleur étant blanche ou jaune. L'aleph sacré acquiert une sainteté encore plus marquée pour les Cabalistes chrétiens quand ils apprennent que cette lettre typifie la Trinité dans l'Unité, parce qu'elle est formée de deux yods, l'un à l'endroit, l'autre renversé avec une barre oblique ou nexus, de cette sorte – Ν.Kenneth R.H. Mackenzie dit que la "croix de St. André s'y rattache occultement". Le nom divin, le premier dans la série correspondant à aleph, est AêHêIêH ou Ahih, quand il est sans voyelles, et ceci est une racine sanskrite.


APIS (égypt.) ou Hapi-ankh. Le "mort vivant" ou Osiris incarné dans le taureau blanc sacré. Apis était le dieu-taureau qui, en atteignant l'âge de vingt-huit ans, l'âge où Osiris fut tué par Typhon, était mis à mort en grande pompe. Ce n'était pas le taureau qui était adoré mais le symbole Osirien ; tout comme les Chrétiens s'agenouillent maintenant devant l'agneau, symbole de Jésus-Christ, dans leurs églises.


CULTE DU TAUREAU (voir "Apis"). Le culte du Taureau et du Bélier s'adressait au même pouvoir, celui de la création par génération, sous deux aspects – le céleste ou cosmique, et le terrestre ou humain. Les dieux à tête de bélier appartiennent tous au second aspect, et ceux à tête de taureau au premier. Osiris, à qui le taureau était consacré, n'a jamais été considéré comme une divinité phallique ; pas davantage Śiva avec son taureau Nandin, en dépit du lingam. Comme Nandin est d'une pure couleur de lait, il en était de même d'Apis. Tous deux étaient des emblèmes du pouvoir générateur ou évolutif dans le Cosmos universel. Ceux qui regardent les dieux solaires et les taureaux comme ayant un caractère phallique, ou y rattachent le Soleil, se trompent. Ce ne sont que les dieux lunaires, et les béliers ou agneaux, qui sont priapiques, et il ne convient guère à une religion qui, bien qu'inconsciemment, a pourtant adopté pour son culte un dieu éminemment lunaire et accentué son choix par l'adoption de l'agneau, dont le seigneur est le bélier, glyphe phallique par excellence, comme son symbole le plus sacré – de vilipender les plus anciennes religions à cause de leur emploi du même symbolisme. Le culte du taureau Apis, Hapi Ankh, ou l'Osiris vivant, cessa il y a plus de 3.000 ans : le culte du bélier et de l'agneau continue jusqu'à ce jour. Mariette Bey découvrit le Sérapeum, nécropole des taureaux Apis, près de Memphis, imposante crypte souterraine longue de 666 mètres et large de 6 mètres, qui contenait les momies de trente taureaux sacrés. Si dans 1.000 ans, une cathédrale catholique romaine ayant l'Agneau Pascal, était découverte sous les cendres d'un Vésuve ou d'un Etna, les générations futures ne seraient-elles pas justifiées en concluant que les Chrétiens étaient des adorateurs de l'agneau ou du pigeon ? Pourtant les deux symboles leur donneraient autant de droit à le faire dans ce cas que dans l'autre. De plus tous les "Taureaux" sacrés n'étaient pas tous phalliques, c'est-à-dire mâles ; il y avait des "taureaux" hermaphrodites ou sans sexes. Le taureau noir Mnevis, fils de Ptah, était consacré au dieu Râ à Héliopolis ; le Pacis d'Hermonthis – à Amon Horus, etc..., etc..., et Apis lui-même était hermaphrodite et non mâle, ce qui montre son caractère cosmique. Aussi bien qualifier de phallique le taureau du zodiaque et toute la Nature !


MNEVIS (égypt.). Le taureau Mnévis, fils de Ptah et symbole du dieu-soleil Râ, de même qu'Apis était supposé être Osiris sous la forme du taureau sacré. Sa demeure se trouvait à Héliopolis, la Cité du Soleil. Il était noir et portait sur ses cornes l'uræus sacré et le disque.


NANDIN (sans.). Le taureau blanc sacré de Śiva et son Vâhana (véhicule).


PACIS, Le Taureau. Le Taureau divin d'Hermonthès consacré à Hor Amon ; le Taureau Netos d'Héliopolis était consacré à Amon-Râ.


TYPHON (égypt.). [...] De même que Śiva est étroitement rattaché au taureau Nandin – un aspect de Brahmâ-Vishnu, les puissances créatrices et préservatrices – ainsi Seth-Typhon se trouve uni au taureau Apis, ces deux taureaux étant sacrés pour leurs divinités respectives ainsi qu'ils leurs étaient unis.

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Littérature :


Dans ses Histoires naturelles (1874), Jules Renard brosse des portraits étonnants des animaux que nous connaissons bien :


I.

Le pêcheur à la ligne volante marche d’un pas léger au bord de l’Yonne et fait sautiller sur l’eau sa mouche verte. Les mouches vertes, il les attrape aux troncs des peupliers polis par le frottement du bétail.

Il jette sa ligne d’un coup sec et tire d’autorité.

Il s’imagine que chaque place nouvelle est la meilleure, et bientôt il la quitte, enjambe un échalier et de ce pré passe dans l’autre.

Soudain, comme il traverse un grand pré que grille le soleil, il s’arrête.

Là-bas, du milieu des vaches paisibles et couchées, le taureau vient de se lever pesamment. C’est un taureau fameux et sa taille étonne les passants sur la route. On l’admire à distance et, s’il ne l’a fait déjà, il pourrait lancer son homme au ciel, ainsi qu’une flèche, avec l’arc de ses cornes. Plus doux qu’un agneau tant qu’il veut, il se met tout à coup en fureur, quand ça le prend, et près de lui, on ne sait jamais ce qui arrivera.

Le pêcheur l’observe obliquement.

« Si je fuis, pense-t-il, le taureau sera sur moi avant que je ne sorte du pré. Si, sans savoir nager, je plonge dans la rivière, je me noie. Si je fais le mort par terre, le taureau, dit-on, me flairera et ne me touchera pas. Est-ce bien sûr ? Et, s’il ne s’en va plus, quelle angoisse ! Mieux vaut feindre une indifférence trompeuse. »

Et le pêcheur à la ligne volante continue de pêcher, comme si le taureau était absent. Il espère ainsi lui donner le change.

Sa nuque cuit sous son chapeau de paille.

Il retient ses pieds qui brûlent de courir et les oblige à fouler l’herbe. Il a l’héroïsme de tremper dans l’eau sa mouche verte.

D’ailleurs, qui le presse ?

Le taureau ne s’occupe pas de lui et reste avec les vaches.

Il ne s’est mis debout que pour remuer, par lassitude, comme on s’étire.

Il tourne au vent du soir sa tête crépue.

Il beugle par intervalles, l’œil à demi fermé.

Il mugit de langueur et s’écoute mugir.


II

Les femmes le reconnaissent aux poils frisés qu’il a sur le front.


III

« Comme il me regarde !

– N’aie pas peur, Gloriette, il voit bien que tu as l’air d’une honnête femme. »

*

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L'Oreille du taureau


L’oreille du taureau à la fenêtre Et la lumière d’aujourd’hui le prisme de la force Sur la paille du vaincu sur l’or du pauvre


Sur la table au niveau du vin dans la bouteille L’œil qui saisit la bouche et l’embrasse Et regarde il fait beau


Et regarde au sillon du laboureur sanglant Le taureau le beau taureau lourd de désastre


Et regarde il fait beau Sous le ciel de la bouche ouverte à l’amour Un nuage lourd qui soutient le soleil Le sang du laboureur le pain des noces


Le drapeau du taureau Que le vent tend comme une épée.


Paul Eluard, "L'Oreille du taureau" in Poésies et Vérité, 1942.

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A l'échelle animale


I

Un taureau comme une roue

Loin du sable loin de l'eau

Et dans son œil écarlate

Prend racine la massue


Un taureau tirant à terre

Comme un arc comme une épée

Fendant l'homme en son milieu

Et construisant dans le sang

Les fondations du soleil.


II

Le beau temps est la proie du vent L'herbe est la proie des bonnes bêtes


Entre les cornes du taureau Jaillissait la source du sang


Écumait la source vivante Les poings serrés sur un trésor


Et la lumière sans passé Qui ne connaît jamais la mort.


III

Entre les bras ouverts des cornes

Du taureau plume et plomb d'accord

Le soleil tendait son miroir

Aux torches noires de la peur


Gloire un taureau s'en va dans l'herbe

Filer une harmonie de masses

Et sa chair est une bataille

Gagnée d'avance par le cœur.


Paul Eluard, "A l'échelle animale" in Une Leçon de morale, 1949.

*

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Dans son roman policier intitulé L'Île des âmes (Rizzoli de Mondalori Libri S.p.A., 2019 ; Éditions Gallmeister, 2021), Piergiorgio Pulixi explique le passage du culte de la Déesse-Mère à celui de Dionysos en Sardaigne :


- Avec le temps, la Déesse-mère a été remplacée par des figures viriles qui incarnaient mieux la fonction masculine dans les nouvelles structures sociales de ces peuples... Vous savez ce que sont les protomés taurins ?

- Des cornes de bœuf ou de taureau, répondit Eva.

- Exact. Le taureau est l'animal le plus représenté dans l'art et la religion néolithiques sardes, notamment à travers les protomés retrouvés dans les domus de janas, sur plusieurs menhirs, dans des grottes et des tombes hypogées, etc. Et on parle de quatre mille avant Jésus-Christ, donc bien avant l'arrivée dans l'île du culte de Dionysos.

- Tout ça est très intéressant, mais...

- Je vais essayer d'être bref, Mara. Au fil du temps, cette Déesse-mère, incarne en grande partie par la lune selon les protosardes, a été progressivement associée à une autre énergie très chère aux communautés agricoles : le soleil ; le soleil symbolisé par le taureau, un animal tellement sacré pour eux qu'il constituait presque une union entre la nature humaine et la nature divine.

- Ah oui et en quel honneur ? demanda Mara, impatiente.

- Les caractéristiques du carnaval sarde remontent directement au "culte du bœuf", pratiqué depuis le néolithique dans toutes les socités agropastorales de la Méditerranée antique. Le taureau était symbole de force, de vitalité et de fertilité. Ce qui n'empêchait pas de le sacrifier en l'honneur de la Déesse. Au contraire, même. Le rite avait une fonction apotropaïque. Il était pratiqué pour se protéger des esprits malins et favoriser la fertilité... Dionysos était le dieu de la végétation et de la fertilité, comme je le disais, et chaque année, il mourait et renaissait au rythme de la nature. D'après vous, par quel animal était-il représenté ?

- Arête de jouer les intellos et accouche, le pressa Mara.

- Ne te laisse pas avoir, Eva. Celle-là est plus futée que toi et moi, tu peux me croire... [...]

- Héraclite soutenait que Dionysos et Hadès, roi des Enfers, étaient la même divinité, dédoublée et divisée. Hérodote disait à peu près la même chose de Dionysos et Osiris. mais pour tous, sa force muette et sauvage était représentée par le taureau.

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