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Le Scarabée




Étymologie :


  • BOUSIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1762 (Geoffroi, Hist. naturelle des insectes, p. 87). Dér. de bouse*; suff. -ier*.


  • SCARABÉE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1526 [éd.] entomol. (Cl. Gruget, Diverses leçons de Pierre Messie, Lyon, p. 432 : Le scarabée, qu'en François nous nommons foüille merde) ; 1561 « id. » (G. de Collange, Polygraphie et universelle escriture cabalistique de M. I. Tritheme Abbé, f o238 r o) ; 2. a) 1819 « empreinte ovale d'une pierre gravée » (Boiste) ; b) 1840 « bijou portant l'image du scarabée sacré égyptien » (Mérimée, Colomba, p. 57). Empr. au lat. scarabaeus « escarbot » (v. OLD), altér. du gr. κ α ́ ρ α β ο ς, v. carabe.

Lire aussi les définitions de scarabée et de bousier pour amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :


Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"La merde du bousier n'est pas vraiment intéressante. c'est plutôt ce que cet animal fait avec les bouses des autres, d'où son nom, qui va retenir notre attention. Il faut dire qu'il adore ça : il y vit, il la mange, il y élève sa petite famille et peu lui importe l'animal qui en est à l'origine : éléphant, vache, âne, cheval, lama, etc.

Dans la famille Bousier, je voudrais... On recense trois familles : l'aphodiidé, le tunnelier, et le rouleur de pilule. L'aphodiidé est le premier à arriver sur la bouse. Il s'y installe illico. Le tunnelier, légèrement plus gros, lui, préfère creuser un tunnel au fond duquel il va emmagasiner une quantité d'excréments dans lesquels la femelle pondra ses œufs.

Après l'éclosion, la bouse offre aux larves tous les nutriments nécessaires. Quant au rouleur de pilule, il fait une sorte de pâte avec la bouse, et la fait rouler jusqu'à un endroit tranquille où il la dégustera. Avec sa femelle, il fabriquera une autre petite boule spéciale ponte qui servira de réceptacle pour les œufs à venir.

Aller-retour : Les bousiers ne sont pas du genre à traîner : en deux jours, une bouse de vache peut disparaître entre leurs mains, ou plutôt entre leurs pattes. a bouse émiettée par leurs soins sera bien aérée et, une fois enterrée, elle fertilisera le sol. Le bousier opère si vite qu'il ne laisse aucune chance aux autres : les larves des autres insectes, des mouches en particulier, qui se nourrissent de la merde aimeraient bien s'y installer mais elles n'en ont pas le temps. Leur rôle de tue-mouches étant reconnu et apprécié, on a importé des bousiers en Australie où ils servent à éloigner les insectes indésirables.

Roule ta bille : Dans l’Égypte ancienne, le bousier qui roulait sa bille était considéré comme la représentation terrestre du soleil qui roulait son astre dans le ciel. Ce qui explique pourquoi cette espèce de petit scarabée était vénéré."

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Croyances populaires :


Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


On dit que si on touche des Bousiers, ou s'ils se posent sur des personnes, ils donnent des Poux. (Martigny). Dans la Vallée d'Illiez on prétend que ce sont les châtaignes mangées crues qui produisent des Poux chez les enfants.

 

Selon Jean Baucomont, auteur d'un article intitulé "Les formulettes d'incantation enfantine", paru dans la revue Arts et traditions populaires, 13e Année, No. 3/4 (Juillet-Décembre 1965), pp. 243-255 :


La tradition orale se perpétue dans le folklore de la vie enfantine. […] Une des catégories les plus curieuses de ces formulettes est celle des formulettes d'incantation.

L'incantation, nous disent les dictionnaires, signifie étymologiquement : un enchantement produit par l'emploi de paroles magiques pour opérer un charme, un sortilège. Le recours à l'incantation postule une attitude mentale inspirée par l'antique croyance au pouvoir du verbe, proféré dans certaines circonstances.

[…]

« L'incantation, dit Bergson, participe à la fois du commandement et de la prière. »On constate effectivement, que la plupart des formulettes d'incantation comportent à la fois une invocation propitiatoire : promesse d'offrande en cas de succès et une menace de sacrifice expiatoire, d'immolation en cas d'échec. Ce qui est proprement le caractère de l'opération magique traditionnelle.

[…]

Le Bousier : Il s'agit du scarabée si bien décrit par J. H. Fabre dans ses Souvenirs entomologiques :


Barbot de Saint-Jean

Donne-moi de ton sang rouge

Je te donnerai de mon sang blanc (Bretagne, Périgord, Normandie, Dauphiné, Vendée, Auvergne)


L'enfant met le bousier sur le dos et lui crache entre les pattes :


Je te donne ma crache

Donne-moi de ton sang (Charente)

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Symbologie :

Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"Le scarabée est surtout connu comme symbole égyptien. Symbole cyclique du soleil, il était en même temps un symbole de résurrection.


Il est l'image du soleil qui renaît de lui-même : Dieu qui revient. Dans la peinture égyptienne, le scarabée porte la boule énorme du soleil entre ses pattes : comme le dieu solaire revient des ombres de la nuit, le scarabée est censé renaître de sa propre décomposition ; ou bien il roule une boule de feu dans laquelle il a déposé sa semence. Aussi symbolise-t-il le cycle solaire du jour et de la nuit. Il est souvent appelé le dieu Khépri, le Soleil Levant. Dans l'écriture égyptienne, la figure du scarabée aux pattes tendues correspond au verbe kheper, qui signifie quelque chose comme : venir à l'existence en prenant une forme donnée. Les scarabées furent aussi portés comme des amulettes efficaces - l'insecte cachait en lui le principe de l'éternel retour. Sur des momies dotées d'ailes de faucon déployées, comme sur le sarcophage de Toutankhamon, les scarabées servaient de talismans et étaient invoqués d'après une formule du Livre des Droits, comme le dieu qui est dans mon cœur, mon créateur qui entretient mes membres.

Le cœur du trépassé, dans la scène de la psychostasie, était le témoin moral du défunt, le jugement de sa conscience. Il importait à l'accusé de se concilier cette partie de lui-même, qui pouvait décide de son salut ou de sa condamnation. Aussi plaçait-on sur le cœur du défunt une amulette représentant un scarabée, pour l'empêcher de témoigner contre le mort : le scarabée du cœur. Le cœur est la conscience ; il dirige l'homme et le censure ; c'est un être indépendant, d'une essence supérieure, qui réside dans le corps. Comme on peut lire sur un cercueil d'un musée de Vienne : le cœur de l'homme est son propre dieu.

Le symbolisme provient aussi des mœurs du scarabée pilulaire, ou bousier., qui roule sa boule, figure de l’œuf du monde, d'où naît la manifestation organisée. On considérait ainsi le scarabée comme s'engendrant de lui-même. La même interprétation est connue en Chine : Le scarabée roule sa boule, lit-on dans le Traité du la Fleur d'Or, dans la boule naît la vie, fruit de son effort indivis de concentration. Un embryon pouvant naître dans la bouse, en conclut-on, pourquoi la concentration de l'esprit ne pourrait-elle faire naître, dans le cœur céleste, l'embryon d'immortalité ?

Les gloses taoïstes font encore de l'activité du bousier l'exemple de l'habileté apparemment inhabile, de la perfection apparemment imparfaite, dont parle Lao-Tseu, et qui sont les critères de la Sagesse.

Dans un texte assez obscur du livre de Chilam Balam, qui relate les traditions religieuses Maya, le scarabée apparaît comme la boue de la terre au sens matériel et moral du terme, appelée malgré tout à devenir divinité : Alors se présentèrent les dieux scarabées, les malhonnêtes, ceux qui ont mis en nous le péché, ceux qui étaient la boue de la terre... Attention, parlez et vous serez les dieux de cette terre. Il n'est pas exclu que les auteurs de ce livre satirique, issus des milieux indigènes en lutte contre la prédication chrétienne des conquérants, aient visé les prêtres étrangers sous la forme de ces scarabées envahisseurs."

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Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017)

Points clés : Résurrection.


Les scarabées constituent la famille d'insectes la plus variée. Il y aurait au moins 280 000 espèces de scarabées (à comparer au nombre d'animaux vertébrés - comprenant les poissons, les reptiles, les amphibiens, les oiseaux et les mammifères -, qui doit avoisiner les 44 000 exposant 8).


En Égypte, le scarabée - plus spécifiquement l'espèce appelée scarabée, ou bousier sacré - avait une très grande signification On disait que le scarabée / bousier formait une boule (pelote) en roulant de la bouse de vache et d'est en ouest. Il pond ses œufs à l'intérieur de cette pelote avant de l'enterrer. Au bout d'un mois, le scarabée creuse pour la remonter à la lumière et la pousser vers l'eau. Les petits scarabées émergent alors. Du fat du roulement de la pelote d'est en ouest, le scarabée a été associé au soleil et à son mouvement dans le ciel. C'est ainsi qu'il est devenu un symbole de divinités solaires et de nouvelle vie.

Comme de nombreux insectes, le scarabée passe par une formidable métamorphose, depuis le stade de la larve jusqu'à la créature ailée. De ce fait, il est associé à la résurrection et à la transformation. A son stade ailé, il possède deux paires d'ailes en quelque sorte. La paire d'ailes antérieures, appelées élytres, est durcie pour former une couverture rigide qui se replie et protège les ailes postérieures souples et fragiles Si vous avez un scarabée totem, cela peut signaler votre besoin d'être plus protecteur, ou que vous êtes trop fermé ou renfermé.

Si le scarabée s'est présenté dans votre vie, examinez votre possible besoin de métamorphose. Êtes-vous déjà engagé dans ce processus ? Si oui, à quel stade en êtes-vous ? Avez-vous besoin de changement ? D'un nouveau soleil dans voter vie ? Est-ce le moment de ressusciter certains aspects de votre existence ? Est-il temps de laisser le passé derrière vous ?Le scarabée peut vous montrer comment y parvenir avec la plus grande réussite à la clé.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on trouve cette notice à l'entrée "bousier" :


Bousier : Cet insecte coléoptère, qui vit dans les excréments de mammifères (d'où son nom venant de "bouse"), a pour particularité de sécréter une sorte de liqueur rouge quand on crache sur lui : une tradition veut que le bousier se soit abreuvé des gouttes de sang tombées au pied de la croix du Christ ; les enfants le couvraient de crachats jusqu'à ce qu'il ait émis une goutte rouge en disant : "Rends le sang de notre Segne ou tu tui !"" (Aube).

Ecraser un bousier provoque le tonnerre.

Contre les maux de ventre, les Anglais conseillent d'attraper un bousier, de l'agiter fortement en disant trois fois : "Remedium facio ad ventris dolorem" puis de le jeter derrière son dos.

Pour se protéger de la vérole, les Tziganes, juste après l'union, se lavent avec de l'eau comprenant de la poudre de bousier pulvérisé ; les femmes atteintes de blennorragie utilisent le même remède, en y ajoutant de l'écorce de chêne.


Scarabée : Symbole de résurrection et « image du soleil qui renaît de lui-même » En Égypte, le scarabée, qui enferme ses œufs dans une petite boule de terre qu'il pétrit lui-même, était également considéré comme une « figure de l'Œuf du monde, d'où naît la vie ». A la place du cœur du défunt, on plaçait dans la momie un scarabée gravé, censé favoriser la réincarnation de l'âme et l'immortalité. On comprend dès lors le pouvoir des talismans appelés scarabées. Ils étaient recherchés dans tout le bassin méditerranéen et vendus « à prix d'or ». On fabriquait même en Palestine de faux scarabées égyptiens.

Dans l'ancienne Rome, selon Pline, des cornes du coléoptère placées dans un petit sachet constituaient une amulette puissante, tandis que le scarabée vert renforçait la vue de ceux qui le regardaient ; dans la Grèce du début de notre ère, d'après Plutarque, les guerriers portaient un anneau sur lequel était gravé un scarabée. Au Moyen Âge encore, les troupes allemandes attribuaient aux scarabées le pouvoir de fortifier le courage.

Le scarabée porte-bonheur qui, entre-temps paraît avoir été oublié, ressurgit en France, à la fin du XVIIIe siècle, en particulier sous le Directoire et bien sûr au moment de la campagne d'Égypte. Mais c'est, semble-t-il,, à la fin du XIXe siècle qu'il connaît sa plus grande vogue. Des breloques ayant la forme de l'insecte, présenté alors comme l'emblème de la fidélité, étaient vendues, notamment dans les galeries du Palais-Royal. Sarah Bernhardt contribua à en lancer la mode en portant, vers 1900, une série de bijoux, dont un pendentif en or et un collier de onze plaques représentant des scarabées. De nos jours encore, certains prétendent que la représentation d'un scarabée, sous forme de bague, bracelet, etc. « protège des morts violentes et contribue à la longévité et la vie. Que vous l'ayez confectionnée vous-même ou que vous l'ayez achetée dans le commerce, les effets de cette amulette profiteront à ceux qui croient en ses pouvoirs ». En Belgique, une femme qui porte un scarabée sur la chaînette de son bracelet peut être sûre de la fidélité de son époux.

Mais, vivant, le scarabée est en général maléfique. Un scarabée noir qui court sur le sol d'une maison porte malheur. S'il grimpe sur une chaussure ou sur une personne allongée, il annonce la mort et s'il sort d'un soulier vide, il est le messager de l'adversité. En Charente, le mot « barbot » désigne à la fois un scarabée noir bleuâtre et le don de sorcellerie, d'où l'expression « avoir le barbot ».

Dans toute l'Europe, écraser un scarabée aggrave le présage, attire la malchance et provoque un orage, voire une tempête (sept jours de pluie dans l'île de Man). Marcher sur l'insecte n'annonce rien de bon et fait pleuvoir.

Dans certaines régions d'Angleterre (Devonshire et Somersetshire), une espèce de scarabée est surnommée devil's cow (vache du diable) : si on lui crache dessus, la salive se transforme en sang.

Dans le Gothland (Suède), le scarabée était consacré à Thor, d'où son nom de thorbagge (insecte de Thor). mais, par réaction au paganisme, les premiers chrétiens en firent un insecte maléfique et l'appelèrent « diable de Thor ». Toutefois en souvenir peut-être de son époque de gloire, on croit toujours en Suède que remettre sur ses pattes un scarabée qui s'est retourné fait expier sept péchés.

Selon une croyance américaine, un scarabée qui pénètre par la fenêtre est signe de chance. En Jamaïque, quand il entre dans la maison puis en ressort, on s'attend à recevoir de bonnes nouvelles (mais s'il reste, le présage est funeste).

Pour chasser les scarabées qui nuisent aux récoltes, on peut dire : « Envolez-vous, scarabées, le loup affamé vous poursuit ».

Attacher un scarabée autour du cou d'un enfant atteint de la coqueluche le guérit.

Selon une légende arabe, un homme vit un jour un scarabée et dit : « Voilà une créature hideuse ; sa forme n'est pas belle, son odeur n'est pas agréable ; quelle a donc été l'intention de Dieu en la créant ? » Peu après, il fut atteint d'un ulcère. Les médecins ne pouvant rien pour lui, il fit venir un guérisseur qui réclama un scarabée, le brûla et saupoudra de sa cendre l'ulcère qui guérit aussitôt. Le patient dit alors : « Sachez que Dieu a voulu me faire connaître que la plus vile de ses créatures est le remède le plus précieux. »

Dans les pays arabes, lorsqu'un esclave s'était enfui, on traçait un cercle magique au centre duquel on plantait un clou ; un scarabée était relié par un fil à ce clou : « A mesure que l'insecte se déplace dans le rond, il enroule le fil autour du clou, raccourcissant, petit à petit, sa laisse, et se rapprochant de plus en plus du centre à chaque tur. En vertu de la magie homéopathique, l'évadé sera ramené à son maître de même façon ».

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Anne Jankéliowitch et Roland Garrigue, dans Toutes les idées géniales qu'on a piquées à la nature (Éditions Delachaux et Niestlé, 2013) nous amusent :


La gourde magique : Façon scarabée du désert

Au petit matin, quand le brouillard poussé par la mer enveloppe le désert de Namib, les scarabées Stenocara grimpent en haut des dunes et prennent la pose, le derrière en l'air... pour boire. Sur leurs élytres, ils présentent des petites bosses hydrophiles (elles attirent l'eau) qui alternent avec des sillons hydrofuges (recouverts d'une cirre qui repousse l'eau). Des micro gouttes de brouillard se condensent sur le corps de l'insecte, sont attirées au sommet des aspérités et s'y accumulent. Soudain, une goutte jaillit comme par enchantement et dévale le dos de l'animal jusqu'à sa bouche pour le désaltérer. Ce scarabée a inspiré au designer Kitae Pak une gourde qui se remplit sue l même principe. En forme de bol rainuré inversé, la gourde se place dehors la nuit et offre au matin, grâce à la condensation, l'équivalent d'un verre d'eau pure... apparu comme par magie.

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Dans son jeu de carte L'Oracle du peuple animal (Guy Trédaniel Éditeur, 2016), Arnaud Riou regroupe les animaux par famille. Le scarabée appartient selon lui à la famille de la transformation avec le corbeau, le saumon, le serpent, le papillon, la chouette, le caméléon, la licorne, la grenouille et l'hirondelle.


La transformation. Lorsque vous posez les actes justes et les paroles justes, alors les transformations de votre existence se révèlent naturellement. La transformation peut être intérieure, c'est une prise de conscience, un changement de posture, ou une transformation extérieure, un déménagement, une rupture, un nouveau job. Dans tous les cas, l'animal de cette famille vous aide à aligner vos valeurs à vos actes pour que la transformation s'inscrive dans la ligne de votre évolution intime.

Nous sommes sur la Terre pour apprendre à nous transformer, à laisser émerger notre plus belle lumière.

La nature de notre âme est de s'élever. Comme un bouchon dans le fond de l'eau, nous sommes inexorablement amenés à nous élever vers une compréhension plus fine de l'humanité. Grandir, c'est affiner ses perceptions, ouvrir son cœur, devenir un être meilleur, se libérer du jugement, des a priori, de la peur de l'autre. Ne plus être en réaction. Permettre à la plus belle partie de notre être de s'exprimer, de créer, d'oser, d'entreprendre dans la conscience et dans l'amour.

Lorsque nous sommes dans le fil du courant, et lorsque nous suivons ce mouvement d'évolution notre monde intérieur s'apaise. Nous avons de plus en plus de plaisir à nous lever le matin, nous sommes de plus en plus inspirés, nous sommes en meilleure santé et note énergie vitale s'harmonise. Pour arriver à cet état, nous devons nous transformer.

Tout au long de la première partie de notre existence, nous avons souvent été déçus, blessés. Nous nous sommes sentis écartés, rejetés, exclus, abandonnés. Ces blessures ont créé des cuirasses qui nous ont amenés à nous méfier et à ne plus voir la beauté du monde. Nous réagissons alors à partir de nos blessures. Nous sommes prêts à saboter nos plus belles perspectives pour permettre à notre être blessé d'avoir le dernier mot.

La transformation permet de changer de paradigme, d'établir en soi et autour de soi une paix profonde et ineffable, de modifier son regard, de transformer ses habitudes, ses réflexes conditionnés, de devenir sur la Terre un être meilleur, plus aimant envers soi et envers chacun. L'amour permet tout. Lorsque notre cœur s'ouvre, nous réalisons combien nous ne sommes pas coupés les uns des autres. L'amour nous permet de voir chacun avec les yeux du cœur. C'en est fini du jugement. Nous voulons le bien de toute l'humanité, car nous sommes, en essence, cette humanité.

Les animaux de cette famille vont vous aider et vous accompagner dans cette période de la transformation. Il est temps de laisser vos vieux vêtements, ils ne vous seront plus d'aucune utilité, il est temps de laisser fondre vos vieilles peurs et de vous laisser guider par le peuple de la transformation.


Être capable de voler comme un oiseau,

de marcher sur la terre et de s'y enterrer,

permet de découvrir les trois mondes

et les plus grands secret de l'univers.

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La carte représente un Scarabée bleuté. Il pousse devant lui une boulette de terre. Le Soleil se lève à l'est, à gauche de la carte. Les reflets du soleil brillent sur le dos du Scarabée. On voit sur la carte des roses, symbole de l'amour.

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Le Scarabée est un totem puissant. Symbole de renaissance et de vie éternelle, le Scarabée se traduit en égyptien par Khéper qui signifie tenir à l'existence ou renaître. C'est pourquoi ce petit animal était vénéré par les pharaons.

Le Scarabée est un coléoptère lamellicorne. Ce sont des insectes de grande taille dont les antennes se terminent en massue. Il existe différents types de Scarabées, des plus simples aux plus complexes, du bleu nuit au vert brillant, certains volent, d'autres pas. Certains se distinguent par leur taille ou leurs attributs impressionnants. Le Titanus giganteus découvert en Guyane mesure près de dix-sept centimètres. Le Scarabée rhinocéros dispose de cornes qui sont de redoutables armes de combat.

Ce petit coléoptère pousse devant lui une boule d'excréments qu'il mélange à la terre. Il s'agit généralement d'une boule qu'il récupère à partir de crottin de cheval, de mouton, ou d'autres mammifères. Cette boule devient rapidement plus grosse que lui. C'est dans cette boule que la femelle pond ses œufs. La boulette est ensuite enterrée. Les larves pourront se nourri de cette matière. Ainsi, en recyclant les excréments, le Scarabée bousier recycle et redonne la vie, tout e portant le monde devant lui. C'est pour cette raison que l'on trouve des Scarabées dans les sarcophages. Les pharaons croyaient aussi que le Scarabée prendrait soin de l'âme en transformant la matière morte pour accompagner une nouvelle naissance. En poussant devant lui une boule dans laquelle il a déposé sa semence, le Scarabée est comme le Soleil. Il renaît éternellement et nous rappelle que la plus grande force de création est l'amour universel.

Mais la puissance du Scarabée dépasse l’Égypte ancienne. Pour les chamans, le Scarabée est un totem inspirant. Il marche sur la terre, est capable de voler et de s'enterrer longtemps. Ainsi, comme les chamans, en s'enterrant, il a le pouvoir de rencontrer les mondes d'en-bas. Les mondes de l'inconscient, de la psyché, des pulsions refoulées, il est capable de voler pour visiter les mondes d'en haut, celui des entités angéliques et légères et des guides totémiques et le monde du milieu, le monde de la réalité terrestre. C'est pourquoi on porte ce totem puissant en amulette ou en bijou de jade, de nacre, de lapis-lazuli depuis plus de dix mille ans.


Lorsque le Scarabée vous apparaît dans le tirage, il vous interroge sur la renaissance. Il peut vous permettre de surmonter une épreuve difficile, à accompagner un deuil, une séparation, ou un changement d’habitude, de lieu de vie, de mœurs. Le Scarabée vous interroge aussi sur votre autonomie, sur ce que vous portez de votre histoire. Le Scarabée vous invite à prendre soin de vous, à vous faire confiance quant à vos aptitudes à porter vos projets à terme. Le Scarabée est un animal de transformation lente. Il vous invite à la patience. Vos projets peuvent être ralentis, peut-être vous découragez-vous lorsque les changements ne viennent pas assez rapidement. Mais le Scarabée est le symbole de longévité. Il vous rappelle que si vous prenez soin de vous et de vos valeurs, petit à petit, jour après jour, vous mènerez ce qui vous tient le plus à cœur à son terme.

Mots-clés : La transformation - La mutation - La renaissance - Le renouveau - La patience - L'autonomie - Le changement - La longévité - Le cœur.


Signification renversée : Lorsque le Scarabée apparaît dans sa position renversée, ça peut être pour vous avertir qu'un processus est en transformation. Ça peut être une mort, symbolique ou réelle, la fin d'une situation. Le Scarabée peut vous interroger sur la grossesse, sur l'enfantement ou le désir d'enfant, sur la reproduction, la fécondité et l'ensemencement. Cela peut être d'un point de vue physique ou symbolique. Le Scarabée peut aussi vous éveiller à une partie de vous peu alimentée, inanimée ou mortifère. Notamment si vous êtes trop sous le joug de vos habitudes, de vos certitudes et que vous en perdez votre souplesse de corps et d'esprit. Le Scarabée vous invite à transcender les notions de vie et de mort et ainsi à développer votre conscience pour entrer vivant dans la mort.

Le message du Scarabée : Je suis le Scarabée? Je suis au-delà de ce qui naît et de ce qui meurt, car je porte en moi le processus même de l'incarnation, de la renaissance, de la longévité et de l'éternité. Avec moi, je t'invite à guérir la naissance en toi, à renaître une nouvelle fois. Il n'est pas nécessaire de repasser par l'utérus pour naître. Un être humain renaît à chaque fois qu'il redonne de la vie, de la conscience et de l'amour à son mouvement. Tu comprendras que tu portes en toi la semence de tout ce qui donne la vie. Avec moi, tu n'auras pas peur de mourir. Car je t'apprendrai que la vie est un mouvement perpétuel entre la naissance et la mort. Tu as le pouvoir de créer, d'innover, d'inventer, et ainsi de faire l'expérience de l'immortalité.

Le rituel du Scarabée : Je rends hommage au Scarabée, créateur de la vie. Je remercie le Scarabée de m'aider dans la création de mes projets. Je me concentre sur la création d'un projet qui me tient à cœur. J'écris le nom de ce projet sur un papier. Il n'est pas nécessaire de détailler le projet, juste quelques mots sur un papier de quelques centimètres. Je dessine sur ce papier un Scarabée (ça peut être le contour dans sa forme la plus sommaire). Puis, je trempe ce papier dans l'eau et forme une boulette. Je mélange cette boulette avec de la terre, de la tourbe, du terreau, ou idéalement du fumier. Je me concentre sur la réalisation de mon projet en enterrant celui-ci. J'appelle le deva du Scarabée, l'esprit du coléoptère. Je visualise le projet se réaliser dans l'instant présent dans ses différentes formes (accord des partenaires, acceptation d'un dossier). Je ressens l'état émotionnel de l'instant dans la satisfaction de la réalisation de mon projet. J'écoute ce que je ressens, de la joie, de l'apaisement, de la satisfaction, de la gratitude. J'offre à la terre une petite pierre en offrande à l'esprit du Scarabée."

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Scarabée est défini par les caractéristiques suivantes :

Traits : Le Scarabée symbolise la persévérance et la foi lors des changements dans votre vie, en particulier ceux qui ne cadrent pas avec vos convictions. De la même façon que le scarabée tire le maximum de ce qui lui est donné pour survivre, vous allez trouver une façon de faire des compromis et d'obtenir des résultats positifs. Vous apprenez à travers des passages difficiles, et expérimentez une croissance spirituelle parce que vous faites attention aux leçons qui vous sont enseignées. Le scarabée évolue depuis l'état de ver, ce qui signifie que la transformation fait intégralement et continuellement partie de votre vie. Le scarabée a une carapace extérieure dure qui le protège de son environnement. Le scarabée du fumier tire son repas des déjections des gros animaux, ce qui est le signe que, peu importe ce qui se passe dans votre vie, vous pouvez le transformer en quelque chose d'utile.


Talents : Adaptabilité ; Clairvoyant ; Créativité ; Endurance ; Foi ; Trouve l'usage pour tout et ne perd rien ; Haute intégrité ; Extrêmement sensible ; Instinctif ; N'abandonne jamais ; Protection ; Ingéniosité ; Spiritualité ; Survie ; Transformation.

Défis : Distant ; Ne permet pas aux autres de s'approcher ; Rend les choses plus compliquées que nécessaire ; Hyper-protecteur ; Pense trop ; Rigide ; N'a pas confiance.

Élément : Terre.

Couleurs primaires : Noir ; Bleu ; Brun ; Vert ; Rouge ; Orange ; et motifs multicolores.

Apparitions : L'apparition du scarabée signifie que des changements s'annoncent qui vont vous demander de vous transformer d'une certaine façon. Cela peut se présenter au cours d'une période difficile pour vous amener à la résoudre positivement. Le scarabée vous protège et vous énergise, il vous donne la force dont vous avez besoin pour mener à bonne fin la situation. On a souvent considéré le scarabée comme une représentation de l'âme humaine. Lorsqu'il apparaît, cela veut dire qu'il est bon que vous preniez en considération votre spiritualité. c'est un temps pour élargir votre connaissance et vivre un développement de votre être spirituel. Le scarabée signifie qu'il est bon de garder les choses dans leur simplicité pour pouvoir progresser au mieux. Vous avez l'esprit pratique, vous êtes ancré et méthodique, mais vous pouvez être introverti et préférer une vie solitaire, contemplative, à une existence agitée au milieu de la multitude. On croit que le scarabée est sage et sacré, avec une profonde connaissance des idéaux spirituels. Cela vous indique d'observer les petites choses de la vie pour en tirer une connaissance supérieure.

Aide : Vous essayez de rester sur la bonne voie et de finir un travail. Si vous êtes responsable de la finalisation d'un projet, le scarabée peut vous montre la façon la plus directe et la plus ingénieuse d'accomplir cette tâche. Le scarabée vous aide, dans votre croissance spirituelle, à développer la connaissance ds principes de la vie, de sa transformation et de sa manifestation. Il s'agit de sagesse divine et de découvrir cette connaissance dans les petites choses qui font votre vie. Le scarabée vous aide à continuer à avancer en ligne droite au lieu de zigzague en tous sens et de perdre votre objectif et votre concentration, même si le fardeau que vous portez est lourd. Le scarabée vous encourage à garder votre intégrité et être responsable de vos actes.

Fréquence : La fréquence du scarabée fait un son creux. Elle est un peu froide et humide. Se connecter à sa fréquence donne le sentiment de quelque chose d'un peu collant, comme de la colle sur vos doigts, mais qui se transforme en sensation de chaud lorsque vous frottez vos doigts l'un contre l'autre. Plus vous vous approchez de cette énergie, et plus vous vous sentez chaleureux et bien solide en vous.


Imaginez...

C'est la fin de l'après-midi au début du printemps, et vous êtes assis sur une chaise, à l'ombre d'un érable, en train de savourer une tasse de thé et d'observer les circonvolutions du vol des scarabées. L'un d'eux se pose sur vos genoux (presque dans votre tasse !). Vous aimez ces petites êtres, aussi vous le laissez avancer sur votre doigt, en observant la façon dont ses pattes se replient et avancent. Il ouvre ses élytres et agite ses ailes. Vous ressentez la chaleur de son énergie qui roule vers vous. Votre esprit est empli de pensées concernant votre spiritualité. Vous tournez votre main pour pouvoir voir de face le scarabée, et vous ressentez la sagesse de l'univers qui vous entoure. En l'absorbant, vous permettez à votre propre énergie de fusionner avec le sentiment d'une sagesse qui vous submerge presque et qui vient du scarabée et vous la lui renvoyez. A mi-distance de votre poitrine et de votre doigt, où il est posé, vous sentez qu'une multitude de couleurs se mélangent. Le scarabée agite ses ailes à nouveau puis s'envole, en vous laissant un sentiment d'admiration et d'émerveillement pour cet échange d'énergie qu'a été votre partage.

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Symbolisme celte :

D'après Jean Chevalier et Alain Gheerbrant dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"Le symbolisme [du bousier] est pris en Irlande uniquement en mauvaise part. Dans le cycle d'Ulster un personnage de haut rang, Dubthach Doel Tenga est appelé ainsi Dubthach à la langue de bousier, parce qu'il manie facilement l'injure et le nom est une métaphore fondée sur la couleur sombre de l'animal. Dans le récit de la Mort des Enfants de Tuireann, il est dit qu'un bousier ronge le flanc du roi Nuada, que les trois médecins fils de Diancecht (Apollon) viennent soigner. Ce bousier qui ronge les flancs du roi peut être entendu au sens physique comme d'une lèpre, ou au sens moral, comme d'un vice. Les fils de l'Apollon celtique sont des médecins de l'âme, comme du corps."

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Symbolisme onirique :

Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


L'attention dont a bénéficié l'image du scarabée de la part des symbolistes fait penser à la célébrité de ces artistes dont la soudaine réputation doit autant à l'importance des investissements promotionnels qu'au talent qu'ils manifestent. Plus encore que le papillon et l'araignée, dont les mythes de Psyché et d'Arachné ont fourni la base des interprétations modernes, le scarabée doit l'éminence de son image à l'immense publicité que lui a value la découverte, au XIXe siècle, du contenu des tombeaux égyptiens. Que resterait-il des textes consacrés au scarabée depuis ces événements s'il fallait en retrancher ce qui fut puisé dans la culture pharaonique ? Pas plus que ce qui est proposé sur la coccinelle, que l'imaginaire associe pourtant étroitement au scarabée. Pas plus, c'est-à-dire rien !

Khepra - c'est le nom égyptien de l'insecte - a fait l'objet d'une réelle vénération de la part, non seulement des prêtres, mais des peuples de l’Égypte, surtout à partir des dernières dynasties de l'Ancien Empire et jusqu'à l'extinction de la civilisation pharaonique. Dans la vision propagée par les temples, Khepra - ou Khepri - est aussi le soleil créateur et plus particulièrement le soleil à son lever. Le scarabée marque la douzième et dernière heure du parcours nocturne du soleil dans les dangereuses régions de l'Amenti. Il annonce la résurrection du jour, l'éternel renouvellement de la vie. Le zodiaque de Denderah s'achève par le scarabée. C'est la figuration primitive de ce qui deviendra, à l'époque gréco-romaine, le signe du Cancer, représenté par un crabe. Sous forme d'amulettes, le scarabée accompagne les morts en leur tombeau, les guerriers au combat et protège la vie de ceux qui le portent.

Toutes les traductions du symbole s'accordent sur les caractéristiques présentées par le bousier ou par son comportement et qui sont susceptibles de justifier la symbolique égyptienne. Qu'apporterions-nous au lecteur en insistant, après tant d'autres, sur l'image du bousier roulant sa boule et l'enfouissant dans le sable après y avoir déposé son œuf ? Les rappels qui précèdent étaient indispensables pour mettre en évidence l'impressionnante similitude de sens entre les productions de l'imaginaire contemporain et la vision des sages de l’Égypte antique. Nous avons, naguère, amplement développé ce thème, mais les images recueillies au cours de la recherche concernant le scarabée du rêve réactualisent notre surprise émerveillée.

La nature des représentations qui environnent le symbole dans les scénarios pris en référence ne permet pas d'accepter l'hypothèse d'une restitution d'informations véhiculées par la culture. Pour que le pont jeté par l'inconscient collectif à travers les millénaires apparaisse en toute évidence, nous devons apporter quelques précisions supplémentaires. Isha Schwaller de Lubicz traduit ainsi les termes égyptiens :

- Kheper : être, devenir, prendre forme ;

- Kheprer : celui qui produit lui-même sa genèse, le principe de l'être qui cause lui-même les phases de ses transformations ;

- Kheprou : les formes, les transformations.

De nombreux textes hiéroglyphiques attestent que Khepra, le scarabée, est appelé "celui qui fut par lui-même". C'est la désignation de l'Unique, du dieu initial. C'est aussi l'évocation de l'unité d'être, de la réunion des contraires séparés dans la Manifestation.

En quelques mots, dans le De Iside, Plutarque trace la double voie à travers laquelle vont se déployer presque toutes les images oniriques autour du scarabée : "Les gens de guerre avaient un scarabée gravé sur le cachet de leur anneau. Il n'y a point, en effet, de scarabée femelle, tous sont mâles."

En première approche, nous laisserons à l'écart ce qui fait du scarabée un symbole de la vie et de son renouvellement. Nous préférons orienter l'investigation vers les deux pôles proposés par Plutarque : d'une part, ce qui associe l'insecte et le guerrier, d'autre part, ce qui découle de l'idée - fausse évidemment - que le scarabée est toujours de sexe mâle.

L'exploration des scénarios permet d'observer que les corrélations les plus nombreuses autour du scarabée concernent les images qui s'apparentent à sa carapace : carapace de la tortue, écailles du crocodile et du serpent, armure du guerrier, cuirasse, bouclier. Les compagnons les plus fidèles du symbole sont le scorpion, la coccinelle et les fourmis. Dans le zodiaque, le crabe et l'écrevisse ont remplacé le scarabée originel. Plusieurs rêveurs associent le scarabée et le char d'assaut ou le cuirassé.

Une séquence d'un rêve de Jeanne montrera que les représentations s'attirent automatiquement dans le libre jeu de l'imaginaire : "... Maintenant le pépiement des oiseaux, qui n'était qu'un bruit, devient vraiment une musique... et arrivent plein d'animaux, un crocodile, des quantités de petits insectes, des coccinelles, des fourmis, un scarabée... à nouveau une très forte tempête est déclenchée... je m'accroche à un gros anneau de fer... je me demande comment je vais résister ! Et... je vois un cuirassé... il a dû me voir car les canons se mettent à tirer..."

Plutarque commet une double erreur, sur la base d'informations insuffisantes. Il n'est nullement établi que ce soit plus particulièrement les gens de guerre qui aient été porteurs du scarabée. L'écrivain grec attribue l'insecte à ceux-là en raison de la croyance - répandue dans toute l'Egypte - qu'il était toujours de sexe mâle, ce que l'auteur traduit comme un signe de bravoure virile. Les images du rêve obligent à reconnaître une liaison entre le scarabée et l'affrontement, le duel , l'armure, le corps à corps, mais l'association repose davantage sur un réflexe de protection, de fermeture, que sur quelque disposition belliqueuse fondamentale.

Lorsqu'il apparaît dans un scénario, le scarabée s'inscrit rarement dans une ambiance sereine. Il est le plus souvent noir, dur au point, parfois, d'être en pierre. Il signe la confrontation entre des forces lourdes, obscures. Il est souvent en résonance avec l'insecte renversé de La Métamorphose de Kafka. Il est alors l'indice d'une agitation névrotique impuissante. Plusieurs rêveurs associent explicitement cette image à celle du bébé coché sur le dos, battant l'air des bras et des jambes, incapable d'exister par lui-même, vulnérable.

Cette dialectique de la protection et de la vulnérabilité, de la carapace et de la sensibilité, de l'agitation fébrile et de l'inefficacité, le vingt-et-unième rêve de Marthe en fournit une illustration exemplaire :

"... Là, je vois deux fauteuils, côte à côte, comme dans la pub d'Air France, avec un homme et une femme... [...] J'ai vu un cavalier... je pense à une armure... il a un casque... le cheval est tout caparaçonné aussi... je me demande comment les chevaux pouvaient faire les tournois alourdis ainsi...[...] Je suis propulsée contre l'homme maintenant, mais ce n'est pas le même plaisir que lorsque je fais de la moto... où j'ai l'impression qu'on doit faire un seul corps.... ici je suis tellement petite que je ne peux pas mettre les bras autour de lui... ce n'est pas agréable non plus, car son armure est en métal... là, je tombe... je suis tombée à terre.... comme un bébé qui n'arrive pas à se relever... impression de faire des mouvements inutiles, comme un scarabée sur le dos... ou les coccinelles ou les tortues... qui, sur le dos, peuvent mourir... en fait, je crois que je suis devenue un scarabée... c'est très désagréable, ces petites pattes ridicules... ce gros corps... impression que je suis sans défense, que je vais me faire écraser... et puis, il y a de beaux scarabées, verts, moi je suis noir ! Je grossis... la sphère est devenue énorme... je suis devenue la terre, en toute modestie ! Petite, je me sentais si fragile..."

Ces images, qui expriment une sensibilité intense et la peur d'être atteint au défaut de la cuirasse, sont pathétiques. Elles offrent aussi l'opportunité de dévoiler l'axe structurel de la symbolique du scarabée. Au début de la séquence, Marthe voit deux fauteuils, occupés par un homme et une femme, côte à côte. La rêveuse évoque ensuite la sensation que lui procure la moto "de ne faire qu'un seul corps" avec celui du pilote.

Cette fusion des termes de la dualité dans l'unité n'est pas une représentation isolée. Elle s'exprime en images originales dans plus de 80% des scénarios qui mettent en scène le scarabée. Dans 60%des cas, il s'agit de la réunion d'un homme et d'une femme, toujours inconnus.

Cette observation renvoie à la conception égyptienne de Khepra, l'Unique, le Principe, "celui qui fut par lui-même". Une constatation corollaire vient renforcer la proposition : dans près de 90% des scénarios pris en référence, alors qu'il se trouve environné par les fourmis, les coccinelles et d'autres représentations plurielles, le symbole impose son existence singulière. Marthe évoque les coccinelles et les tortues mais elle devient un scarabée.

Ce qui frappe, au fil de la lecture des rêves, c'est l'abondance du chiffre 2 et des images de la dualité réunies par un lien ou par un élan de rapprochement. "Je vois deux étoiles filantes qui se télescopent", "c'est un genre d'essieu, d'haltère avec deux roues", "c'est un couloir double qui se réunit, comme la jambe d'un Y", "au fond de la mer, c'est deux énormes scarabées qui s'affrontent lourdement, comme des tanks", "je vois deux triangles accolés, l'un couleur or, l'autre argent", "il y a deux grands arbres, l'un à côté de l'autre, leurs branches s'entrelacent"... toutes les autres images recueillies se rapportent à l'union d'un homme et d'une femme; sans la moindre trace de connotation érotique : "Là, je vois deux profils, deux silhouettes, l'une foncée, l'autre claire, deux visages de profil, un homme et une femme, ils sont encastrés l'un dans l'autre."

Des extraits du cinquième rêve de Ludovic illustreront la plupart des réflexions qui précèdent :

"... Là, je vois un homme... mais c'est la superposition de deux personnages... y a un grand chapeau... c'est dans un couloir qui s'ouvre en deux comme un col de chemise... c'est un énorme corps sans tête... là... je vois des hommes qui portent au-dessus d'eux d'énormes pierres, comme des dolmens... ils sont d'ailleurs pétrifiés eux-mêmes... ils ont été transformés en pierre... c'est comme si j'étais à l'origine de cette pétrification... Je suis assis sur l'une de ces énormes pierres, qui prend une forme étrange... comme si elle devenait un énorme scarabée, un scorpion... c'est ça ! un scarabée ! Comment rendre cet animal vulnérable ? Je n'ai aucune raison de lui faire du mal ! Il est inoffensif... la carapace !... La carapace n'a aucun intérêt ! Elle est morte... c'est une armure..l je vois un œil bleu, lumineux... cet animal, qui est peut-être moi, c'et le rapport entre l'extérieur et l'intérieur... la carapace ne sert à rien... là, je vois deux personnes qui se superposent, qui se touchent... c'est deux parties de moi d'ailleurs, ces deux personnes ! La fusion d'un homme et d'une femme... la carapace, ça fait penser aux pyramides : ces témoins de l'inutile !..."

A travers ces images, Ludovic reconnaît l'inutilité de la cuirasse qu'il a posée sur sa souffrance. Il prend conscience du risque d'écrasement que représente ce scarabée de pierre qu'il a lui-même créé ! Libérer sas sensibilité, accepter de redevenir vulnérable, renouvelleront sa force de vie. La séquence révèle aussi l'aspiration profonde à reconstituer l'unité d'être. Renaître dans l'unique, dans la synthèse des dualités fondamentales de la psyché, l'animus et l'anima, c'est ce vers quoi tend l'imaginaire : "un homme et une femme, deux parties de moi-même, qui se superposent".

Au terme de la recherche, le scarabée, insecte obscur, est redevenu l'image lumineuse de la réunion des opposés dans l'Unique, l'exposant de la symétrie des contraires. En termes de symbolique sacrée, il est Khepra, la lumière renaissante, en termes psychologiques il est accès au Soi.

L'obstacle principal qui s'oppose à la réalisation de l'harmonie entre les valeurs animus et anima est le déséquilibre dans les relations aux images paternelle et maternelle. Lorsqu'on a constaté que 75 % des personnes qui ont produit les scénarios soumis à l'étude ont été, très jeunes, orphelins de père ou de mère, quand on a remarqué que tous les autres étaient, à l'époque de leur rêve, en rapport violemment conflictuel à l'une des images parentales, le sens du symbole devient aisément accessible.

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Toutefois, le scarabée du rêve est membre de la grande famille des insectes. Comme tel, il participe de la symbolique exposée dans l'article consacré à ce groupe. L'insecte expose l'aspiration à la métamorphose. Il trahit parfois un désir de solution magique de la problématique. Mais une image qui se prête à la projection d'un élan de transformation a vocation de symboliser la dynamique de renouvellement. Par cette voie, l'interprétation analytique rejoint aussi la symbolique sacrée de l’Égypte.

Lorsqu'il apparaît dans un scénario, le scarabée attire en premier lieu l'attention sur les protections excessives sous lesquelles le rêveur étouffe sa sensibilité. Par-delà les possibles manifestations agressives et les remarquables défenses mentales, le praticien exercé entendra la plainte d'une souffrance qui s'apprête à l'aveu. Le scarabée intervient à l'heure où la carapace se fissure, où se dissipe la confusion entre sentir et vulnérabilité. Les images sombres dont il aime à s'entourer sont déjà les débris des défenses malmenées.

Qu'on se rassure, derrière la silhouette dure et noire du scarabée, déjà rayonne l'image du Khepra, de l'Unique, prêt à réaliser l'harmonie de contraires qui ne sont plus antagonistes que par la mauvaise grâce d'une problématique embrouillée.

Dans l'article consacré aux insectes, pris dans le sens générique nous rapportons l'observation suivant laquelle ceux-là sont étroitement associés aux bruits. Aux bruits de toutes sortes, sauf à l'harmonie musicale. Qu'on se souvienne cependant de la phrase de Jeanne : "Le pépiement des oiseaux, qui n'était qu'un bruit, devient vraiment une musique." Le scarabée est le seul insecte autour duquel le bruit se transforme souvent en "vraie musique", en harmonie. Ne faut-il pas entendre là cette mystérieuse musique des sphères, cette ineffable symphonie de l'incréé, engendrée par l'unité retrouvée, sous le signe de Khepra ?"

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Littérature :


Le Scarabée d'or (The Gold Bug) est une nouvelle policière et d'aventures d'Edgar Allan Poe, parue en juin 1843 dans le journal de Philadelphie Dollar Newspaper. Vous pouvez la lire ici.

 

Georges Sand, dans une pièce intitulée Le Diable aux champs (1869), alterne les scènes de personnages humains avec quelques dialogues animaliers :


SCENE VI (4e partie) [...]

DEUX GROS SCARABÉES, sur le tronc d’un arbre pourri.


LE PREMIER. — Qui va là ? Qui êtes-vous ? que voulez-vous ?

LE SECOND. — Qui êtes-vous vous-même, et pourquoi me fourrez-vous votre corne dans l’œil ? Vous ne pouvez donc pas regarder devant vous ?

LE PREMIER. — Eh bien, et vous ? Êtes-vous devenu aveugle, et cette rainure de l’écorce est-elle un chemin trop étroit pour deux ? Bientôt il vous faudra l’arbre entier à vous tout seul. Vous êtes si brutal !

LE SECOND. — Et vous si vorace ! Je ne connais rien de pire qu’un voisin comme vous !

LE PREMIER. — Vorace vous-même ! Pourquoi voulez-vous descendre quand je monte ?

LE SECOND. — Et pourquoi montez-vous quand je veux descendre ?

LE PREMIER. — J’ai cru qu’il faisait jour, et je voulais aller là-haut regarder l’horizon.

LE SECOND. — Vous êtes fou. Il ne fait pas jour, et c’est au contraire le moment de creuser au plus profond de l’arbre. Ne voyez-vous pas que c’est le brouillard, un temps excellent pour travailler, parce que le bois s’imprègne d’humidité et s’amollit à souhait ?

LE PREMIER. — Ah ! c’est le brouillard ? Comme c’est blanc et d’une fraîcheur réjouissante ! Je retourne à mon trou et à mon ouvrage.

LE SECOND. — Non, venez avec moi. À nous deux, nous minerons beaucoup plus vite.

LE PREMIER. — Merci ! Quand j’aurai bien travaillé, vous me mettrez dehors.

LE SECOND. — C’est mon droit, je suis plus fort que vous.

LE PREMIER. — C’est pour cela que je vais de mon côté !

LE SECOND. — Aïe ! prenez garde ! La chouette s’éveille ! Si elle nous voit, nous sommes perdus !

LE PREMIER. — Où fuir ? Ce brouillard cache tout ; je ne sais plus où nous sommes !

LE SECOND. — Entrons dans la première fente venue, vite, vite ! La nuit est blanche, l’air est sonore, et la chouette a des yeux terribles !

LE PREMIER. — J’ai peur ! Serre-toi contre moi, mon frère. Oh ! la chouette ! l’horrible chouette !…

LA CHOUETTE. — Voilà d’excellents scarabées ! Ils ont un goût de champignon des plus agréables !

LE MARI DE LA CHOUETTE. — Quel goût dépravé vous avez ce soir, de manger cette vermine !

LA CHOUETTE. — Que voulez-vous ? faute de gibier ! Par un temps de brouillard, on s’arrange de ce qu’on trouve.

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On peut lire dans Le premier siècle après Béatrice (1992), roman d'anticipation d'Amin Maalouf, que le narrateur raconte qu'il est invité à un séminaire en Égypte. C'est le point de départ de l'intrigue...


"La lettre d'invitation parlait de, je cite, "apprécier la place du scarabée dans la civilisation de l'Égypte ancienne : art, religion, mythologie, légendes."

Je n'apprendrai rien à personne, je présume, en rappelant qu'à l'époque pharaonique, on vénérait le scarabée comme une divinité. En particulier, l'espèce connue, justement, sous le nom de "scarabée sacré", Scarabeus sacer, mais plus généralement toutes les variétés de ce vaillant insecte. On le croyait doté de vertus magiques, et dépositaire des grands mystères de la vie. Tout au long de mes années d'étude, chaque professeur me l'avait redit à sa manière, et dès que j'eus obtenu mon propre laboratoire au Muséum d'histoire naturelle, mes élèves eurent droit, eux aussi, au couplet annuel, dithyrambique et passionné, sur le scarabée. Imagine-t-on ce que cela représente pour un spécialiste des coléoptères de savoir que Ramsès II a pu se prosterner devant l'une de ces petites bestioles dévoreuses de bouse ? Le culte du scarabée s'était même répandu bien au-delà des frontières de l'Égypte, vers la Grèce, la Phénicie, la Mésopotamie ; des légionnaires romains avaient pris l'habitude de graver une silhouette de scarabée sur le pommeau de leurs glaives ; et les Étrusques ciselaient de délicats bijoux d'améthyste à son effigie.

Pour ma discipline, je le répète, le scarabée est une gloire, un titre de noblesse. J'allais dire un vénérable aïeul. et tout naturellement, j'ai fait quelques lectures, quelques recherches à son sujet, je ne pouvais le loge à la même enseigne que les blattes du grenier, tous les insectes ne sont pas nés dans la même bouse. [...]

Cette précision étant faite, et son effet furtivement vérifié sur les mines de mes auditeurs, je pouvais aborder mon sujet, à savoir une description des mœurs alimentaires e reproductrices du scarabée, pour aider à comprendre ce qui, dans son comportement, avait pu paraître si suggestif, si mystérieux, si riche d'enseignement aux pharaons et à leurs sujets.

J'ai à peine besoin de le souligner, les anciens Égyptiens, même quatre mille ans avant nous, n'étaient pas une peuplade primitive. Ils avaient déjà construit la grande pyramide, et s'ils s'étaient penchés avec ébahissement sur un insecte occupé à pétrir la bouse de buffle, nous devons considérer leur émerveillement avec respect.

Que faisait le scarabée ? Ou plutôt, que fait-il ? puisque le culte dont il fut l'objet n'a en rien modifié son comportement.

Avec ses pattes antérieures, il coupe un morceau de bouse qu'il roule devant lui pour le tasser et l'arrondir. Au préalable, il a creusé un trou dans le sol, et, quand il a fini de confectionner sa boulette, il la pousse dans le trou. Ou même, première merveille, plutôt que de la conduire directement vers le trou, il la pousse dans la direction inverse, vers un petit monticule de sable, jusqu'au sommet, et là, il la lâche pour qu'en roulant elle aille directement se nicher dans le trou.

On pensé à Sisyphe ; et, de fait, l'une des variétés les plus connues de scarabée est appelée sisyphus. Mais les Égyptiens ont vu là un autre mythe, une autre allégorie. Car le scarabée, une fois sa boulette bien calée dans le trou, lui donne la forme d'une poire pour être sûr qu'elle ne bougera plus, puis il pond, dans le bout étroit, un œuf, dont sortira une larve. A sa naissance, celle-ci trouvera dans la boulette de quoi se nourrir, et vivra là, en autarcie, jusqu'à sa maturité. C'est-à-dire jusqu'à ce qu'un nouveau scarabée, quittant sa "coquille", vienne répéter les mêmes gestes...

Cette boulette qui roule, se sont dit les Égyptiens, symbolise le mouvement du soleil dans le firmament. Et ces scarabées qui brisent leurs cercueils de bouse symbolisent la résurrection après la mort. Les pyramides ne sont-elles pas de gigantesques poires de boue stylisées ? N'espérait-on pas que le défunt, comme le scarabée, en sortirait un jour, ragaillardi, pour reprendre son labeur ?


Si mon intervention avait laissé les auditeurs quelque peu sur leur faim, celle qui la suivit, œuvre d'un brillant égyptologue danois, le professeur Christensen, vint l'étayer et l'enrichir.

Après m'avoir poliment remercié pour les détails zoologiques que j'avais apportés, il s'étendit bien plus sur l'aspect symbolique. A partir du rôle supposé du scarabée en tant que messager de la résurrection, expliqua-t-il, on lui avait attribué, dan la religion établie comme dans les croyances populaires, toutes sortes de vertus. On l'avait érigé en symbole d'immortalité, donc de vitalité, de santé, de fécondité. On avait fabriqué des scarabées en pierre pour les placer dans les sarcophages. Ainsi que des scarabées en argile durcie qui servaient de sceaux.

- Un sceau, nota le conférencier, est apposé au bas d'un document pour en certifier l'origine et en garantir l'inviolabilité et la pérennité. Les scarabées, symboles d'éternité, étaient tout indiqués pour cette utilisation. Et si les pharaons pouvaient revenir à la vie, ils constateraient que leurs précieuses archives, amassées pendant des millénaires sur du papyrus, sont toutes tombées en poussière, mais que les sceaux en argile durcie ont survécu. A sa manière, l'insecte sacré a tenus sa promesse d'immortalité.

On a retrouvé des milliers de ces scarabées-tampons, sur lesquels les égyptologues ont glané une foule d'informations. Le Danois, qui semblait avoir scruté chaque objet dans chaque musée du monde, de Chicago à Tachkent, avait recensé pour nous toutes les signatures - pharaons, trésoriers ou prêtres d'Osiris - ainsi que les formules de vœux qui les accompagnaient. L'une d'elles revenait sans arrêt comme une incantation : " Que ton nom perdure et qu'n fils te naisse !"

Afin de distraire son auditoire, que cette répétition aurait fini par lasser, Christensen sortit soudain de sa poche un petit étui en carton qu'il tint entre le pouce et l'index pour le brandir devant nos yeux. Venant en conclusion d'une intervention où il était constamment question d'or d'émeraudes, d'intailles et d'incrustations, cet objet de facture récente et grossière avait quelque chose de dérangeant. C'était bien l'effet recherché par le Danois.

- J'ai acheté ceci hier soir sur la grand-place du Caire, à Maydan al-Tahrir. Voyez, ce sont des capsules aplaties, en forme de grosses fèves, que l'on appelle, précisément, les "fèves du scarabée". A l'intérieur, il y a une poudre dont la notice dit que l'homme qui 'absorbera gagnera en puissance virile et qu'en plus, il sera récompensé de se ardeurs par la naissance d'un fils.

Tout en parlant, l'égyptologue avait brisé l'une des fèves et laissé couler la poudre sur le texte de sa conférence.

- Comme vous le voyez, le scarabée est crédité, aux yeux de certains de nos contemporains, des mêmes vertus magiques qu'autrefois. D'ailleurs, le fabricant n'est pas un ignare, puisqu'il y a ici l'image d'un scarabée, fort bien reproduite, je dois dire, ainsi que la traduction en arabe et en anglais, de la formule ancestrale que vous connaissez désormais par cœur : " Que ton nom perdure et qu'un fils te naisse !"

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Dans son recueil intitulé 188 contes à régler (Éditions Denoël, 1988), Jacques Sternberg propose des micro-nouvelles souvent empreinte d'humour noir :

Le troupeau


La planète Tyrzèle avait au moins une particularité unique en son genre : celle d'avoir été la plus choquante aux yeux des Terriens.

Sur ce monde rustique, le pâturage semblait la seule ressource et, en effet, d'énormes scarabées bipèdes, assez intelligents pour travailler, vivaient de l'élevage de troupeaux composés de petits quadrupèdes grassouillets indiscutablement humains. Assez laids, mais attendrissants avec leurs têtes blêmes, leurs doux yeux tristes d'épagneul, leurs membres très courts qui exécutaient des mouvements sans grâce et très lents. Les scarabées traitaient et utilisaient ces humanoïdes domestiques comme nous traitions nos vaches et nos bœufs. Les femelles donnaient du lait deux fois par jour, les émasculés servaient de bêtes de trait et d'inépuisable réserve de nourriture quand on les dépeçait. Normal : les scarabées étaient essentiellement carnivores et leurs troupeaux ne broutaient que de l'herbe.

Les éleveurs scarabées parlaient peu, mais couramment, et leur culture était orale alors que les humanoïdes d'élevage ne savaient que pousser de plaintifs meuglements. Et pour qu'ils puissent trouver un refuge dans le défoulement, les scarabées leur construisaient des sortes d'églises où aller gémir tous les soirs. Ou peut-être y priaient-ils ? Ou alors ces quadrupèdes au regard doux avaient la foi ? Qui sait ?

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Dans Les Vents de Neptune (Éditions Viviane Hamy, 2004) Fred Vargas propose un nouvel avatar du scarabée dans l'objet devenu usuel du téléphone portable :


"Il sortit son portable avec précaution. Depuis que sa hackeuse avait "amélioré" son téléphone, il en sortait de-ci de-là six morceaux de fils rouge et vert, tel un insecte ayant déployé ses pattes, et deux petites molettes pour le changement de fréquence, qui formaient des yeux latéraux. Adamsberg le manipulait comme un scarabée mystérieux.

[...]

Il extirpa de sa poche le scarabée aux pattes rouges et vertes et composa le numéro sur son dos luisant. Il ressenti une petite secousse de bien-être et de repos en retrouvant la voix grave de son lieutenant d'érable."

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Sur la page d'accueil de son site internet (www.wajdimouawad.fr/ ; 2015), Wajdi Mouawad compare l'artiste face au monde à un scarabée :


"Le scarabée est un insecte qui se nourrit des excréments d'animaux autrement plus gros que lui. Les intestins de ces animaux ont cru tirer tout ce qu'il y avait à tirer de la nourriture ingurgitée par l'animal. Pourtant, le scarabée trouve, à l'intérieur de ce qui a été rejeté, la nourriture nécessaire à sa survie grâce à un système intestinal dont la précision, la finesse et une incroyable sensibilité surpassent celles de n'importe quel mammifère. De ces excréments dont il se nourrit, le scarabée tire la substance appropriée à la production de cette carapace si magnifique qu'on lui connaît et qui émeut notre regard : le vert jade du scarabée de Chine, le rouge pourpre du scarabée d'Afrique, le noir de jais du scarabée d'Europe et le trésor du scarabée d'or, mythique entre tous, introuvable, mystère des mystères.

Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les œuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables. L'artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre, et de cette nourriture abjecte il parvient, parfois, à faire jaillir la beauté."

 

Sylvain Tesson entreprend grâce à Vincent Munier une véritable quête initiatique qu'il relate dans un récit de voyage qu'il a intitulé La Panthère des neiges, (Éditions Gallimard, 2019). Ce faisant, il évoque également d'autres souvenirs :


"Elle lisait dans les buissons. Elle comprenait les oiseaux, les insectes. Quand les oyats s'ouvraient, elle disait : « C'est l'oraison de la fleur à son dieu le soleil. » Elle sauvait des fourmis emportées dans une rigole, des escargots empêtrés dans les ronces, un oiseau à l'aile brisée. Devant un scarabée, elle disait : « C'est une pièce du blason, il mérite notre vénération, il est serti dans le jeu. » Un jour à Paris, sur le parvis de Saint-Séverin, un passereau s’était posé sur sa tête et je m'étais demandé si j'étais digne d'une femme que les oiseaux prenaient pour perchoir. Elle était prêtresse, je la suivais."

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