Biologie :
Selon Camille Renversade & Jean-Baptiste de Panafieu, auteurs de Créatures Fantastiques Deyrolle (Éditions Plume de Carotte, ) :
Origine du mythe :
Une émission spéciale des "Samedis de France Culture", par Claude Mettra, diffusée le 9 février 1975 sur France Culture. Présences : Claude Gaignebet. Lecture : Marguerite Cassan, Véra Feyder, Pierre Constant, Pascal Mazzotti et Philippe Moreau. (chaîne Youtube ÉCLAIR BRUT) :
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Robert Chanaud, dans un article intitulé "Le chevalier, la fée et l'hérétique. Une ancêtre valentinoise de Mélusine, la dame du château de l'Épervier." (In : Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, n°2-3/1985. pp. 31-54) fait l'hypothèse d'une histoire drômoise à l'origine du texte de Jean d'Arras :
Genèse d'un récit : essai de reconstitution : Imiter l'archéologue qui au terme d'arides stratigraphies s'abandonne aux joies de la reconstitution est une tentation trop forte pour que je ne lui cède pas. A trop fréquenter les fées, hérétiques de surcroît, on en vient à se mettre hors de l'orthodoxie, même scientifique. Pour me faire pardonner ce deuxième péché contre la prudence, je prendrai soin de distinguer, par le moyen de l'italique, la conjecture du fait avéré. Ainsi pourrai-je en toute clarté tracer la genèse locale du récit telle que me la dicte mon... intime conviction.
Il existe, au bord même de la montagne, là où s'arrête le domaine de l'homme, une grotte qui s'enfonce dans le rocher comme un vagin. Les habitants du pays savent que là gîte un être féminin qui n est pas une femme. Lorsqu'à lieu, juste au-dessus de ce boyau, l'érection d 'un château, il est évident pour tous que ceux du château ont partie liée avec cette créature. Mais voilà que ce castrum, que sa position inexpugnable semblait promettre à un destin brillant, fait faillite. C'est donc que la fée, d'où lui venait sa force, l'a abandonné. D'une simple croyance commence alors à naître une narration, qui emprunte sa forme au récit universellement répandu des amours surnaturelles. Et les religieux de conclure : voyez ce qui arrive à ceux qui frayent avec les êtres fantastiques. Le château est détruit (vers le début du XIIe siècle ?), et ses habitants se transportent à Charpey où ils gardent le nom de l'Epervier. Charpey, dit-on, fut fondé par ceux qui quittèrent le château ruiné par le départ de la fée. Les d'Esparver, peut-être, alimentent cette croyance à l'acte fondateur de leurs ancêtres.
Mais pendant que se déroulent ces minuscules événements, les tensions s'exacerbent au sein de cette société dont les armatures se rigidifient : poids du pouvoir seigneurial, poids temporel de l'Eglise. Alors, dans les années 1120, se répandent des contestataires qui s'en prennent au cœur du système, la religion officielle, dont les théologiens disent que la société est telle que Dieu la veut. Ils s'attaquent au point central du dogme chrétien, la transsubstantiation. Et c'est le grand moment de la lutte anti-pétrobrusienne. Vers 1140 l'abbé de Cluny qui fut prieur de Domène vingt ans plus tôt écrit un traité de théologie où il pourfend les erreurs de Pierre de Bruis. Au portail des églises de son Ordre on sculpte des images de pierre qui proclament la présence de Dieu dans l'hostie. A Charpey même l'on raconte à partir de ce moment que la dame du château de l'Epervier « ne pouvait supporter la consécration du corps du Seigneur », et que sa fuite provoqua la destruction du château. Et les religieux de conclure : voyez ce qui arrive à ceux qui frayent avec les hérétiques.
Pierre de Bruis a été brûlé, mais ses disciples ont préparé le terrain à d 'autres hérétiques, les vaudois, qui vont faire parler d'eux pendant trois bons siècles, parfois même à deux pas de Charpey. Et, cependant que les châteaux voisins fleurissent, la ruine inexplicable de l'Epervier continue à alimenter l'histoire de la dame mystérieuse. Enfin, vers 1210, Gervais de Tilbury met par écrit cette histoire qu'il tient de personnes « d'une religion éprouvée et sincère ».
Lorsque, un siècle et demi plus tard, le duc de Lusignan demande à son libraire, Jean d'Arras, d'écrire l'histoire de ses ancêtres, celui-ci a sur sa table l'ouvrage de Gervais, dont il extrait l'histoire de la dame de Château-Rousset. De la dame d'Esparver il ne dit mot, mais à coup sûr, il la connaît car, probablement séduit par ce nom poétique, il place un épisode de son roman touffu dans un château d'Arménie, « le château de l'Epervier ». La fée Mélusine a bien dans les veines un peu de sang de la dame de l'Epervier.
Une réunion des émissions « Chemins de la connaissance », par Lise Andries, diffusées du 15 au 19 septembre 1997 avec Jacques Le Goff, Laurence Harf Lancner, Claude Lecouteux, Claude Gaignebet et Pierre Brunel, (chaîne Youtube ÉCLAIR BRUT) :
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Henri Durville, dans un ouvrage intitulé Les Fées (Éditions Transatlantiques, 2001) consacre quelques pages à la Fée Mélusine, mais montre son ignorance totale du lieu de naissance traditionnel de cette figure mythique :
Quand l'histoire se tait commence la légende. La fée Mélusine est-elle une entité inventée de toutes pièces ou serait-il possible de retrouver, dans le passé, ce qu'on pourrait appeler les antécédents de cette fée, ou tout au moins, quelques-uns des éléments qui ont servi à étayer sa formation ?
Le Loyer et le chanoine Mahé rattachent Mélusine aux fairies de l'Écosse et aux vierges de l'île de Sein.
Le Chanoine breton trouve une Mélusine dans le poème de l'Arioste. En devenant pisciforme, Mélusine se range parmi les Mermaids.
M. Le Comte de Marsy a consacré deux articles au mythe de la « Mère Lusine ». Il y rapporte que Gervais de Tilbury, vers 1180, raconte une histoire analogue à celle de Mélusine.
Paulet a cru retrouver, en elle, la prétendue fille d'Hippocrate. C'est ainsi, qu'une légende du XIIIe siècle, attribuée à Tilbury et Vincent de Beauvais, dit que la fille d'Hippocrate, sous la forme et la figure d'un grand dragon résidait en un vieux château, dans un souterrain et ne se montrait que deux ou trois fois par an. Autrefois belle demoiselle, elle fut transformée, dit toujours cette légende, en un dragon par une déesse appelée Diane. Elle restera sous cette forme de Dragon jusqu'à ce que vienne un chevalier assez hardi pour oser l'aller embrasser sur la bouche.
Alors elle reviendra à son état naturel et sera femme de nouveau, mais, après cela, elle ne tardera pas à mourir.
Sur ces récits similaires, Le Loyer donne la priorité à la fée Mélusine.
La légende aime le recul du temps et s'accommode des lointains vaporeux. En Mélusine, histoire et légende se mêlent étroitement.
Le nom de « Mère Lusine » (Mater Licinia) ne serait-il pas formé sur le nom latin d'un certain Licinius, antique possesseur de la terre qui deviendra plus tard le berceau des Lusignan ?
Quelque thèse qu'on choisisse, il paraît vraisemblable que les événements des Croisades et, par voie de conséquence, les exploits des Lusignan sur la terre d'Orient, sont bien le pivot de la légende.
Mélusine, disait la tradition, était la fille aînée du roi d'Albanie Thiauss et de la fée Pressine.
Ses parents la nommèrent Mélusine ce qui, au vrai, signifiait « merveille », car dès sa naissance, rine ne se pouvait imaginer de plus aimable et de plus ravissant que le spectacle de son incomparable beauté. Sa mère la dota de pouvoirs merveilleux. Toute jeune, elle séduisit Raimondin, fils du comte de Forez, pour échapper au destin cruel que lui avait prédit sa mère Pressine.
Après une union avec ce noble seigneur, la jeune épousée fit surgir de terre, en une nuit, un imposant château, « le plus grand, le plus beau, le mieux défendu qui exista jamais ». Et la légende se poursuit dans une atmosphère de gloire et de bonheur.
De fait, la famille des Lusignan figurait parmi les plus puissantes familles françaises du XIIe siècle.
Son origine remontait à Hugues 1er, dit le Veneur, qui vivait au Xe siècle.
Elle eut de nombreux rameaux : souches royales de Jérusaleme, de Chypre, d'Arménie ; branches seigneuriales de Die, de valence, de Lezay, de marais, de Saint-valérien ; comtes d'Angoulême, de La Rochefoucauld, de SAint-Gelais, d'Eu. Les comtes de Pembroke et d'autres familles illustres d'Angleterre en étaient également issus.
La persistance du souvenir de mélusine, en Poitou et en Bretagne, où Raimondin était seigneur de Troishic : Croisic, rapproche Mélusine de ces femmes douées d'un pouvoir surnaturel qu'étaient les anciennes druidesses.
N'étaient-elles pas, elles aussi, de vraies fées ces vierges qui pouvaient déchaîner es vents, guérir les maux incurables et découvrir l'avenir aux navigateurs.
Tour à tour, Paracelse, Postel, du Haillan, d'Urfé Mézeray ont fait de Mélusine une divinité aérienne, un démon de la mer, une magicienne, une fée, une prophétesse, une dame blanche.
La légende veut (mais que ne peut le merveilleux sur l'esprit des humains ?) que la fée Mélusine, immortelle come toutes les fées, ait vécu encore dans le château de Lusignan à la fin du XIIe siècle.
Jeanne Kieffer nous conte les faits, que nous allons résumer, depuis les fastes d'un mariage « si beau qu'oncques n'en vit jamais un semblable », jusqu'au dénouement tragique de la légende. [...]
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Topographie :
Robert Chanaud, dans un article intitulé "Le chevalier, la fée et l'hérétique. Une ancêtre valentinoise de Mélusine, la dame du château de l'Épervier." (In : Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, n°2-3/1985. pp. 31-54) s'intéresse à la topographie des lieux liés aux Mélusines vertacomicoriennes :
Il y a deux arguments, l'un et l'autre de caractère topographique, à l'existence d'un château. tel être à Saint-Vincent, antérieurement à sa récupération par les maîtres du château.
Le premier est la Baume de la Martine. Les fées, c'est bien connu, affectionnent les grottes et les anfractuosités. Le second est la position très spectaculaire de l'Epervier, au point exact de jonction de la plaine valentinoise et du Vercors. Située au contact de la plaine, monde des hommes, et de la montagne, domaine du surnaturel, la Baume de la Martine fait figure de lieu prédestiné pour une rencontre entre un homme et un être fantastique. La Mélusine de Sassenage jouit d'une topographie étonnamment identique : une grotte à la base du Vercors abrupt, au contact de la vallée de l'Isère. Pour nous, hommes du XXe siècle, qui ne concevons le surnaturel que comme une création de l'imaginaire, il est très difficile de penser l'opposition plaine — monde humanisé / montagne — monde surnaturel autrement que sur un mode métaphorique, très intellectuel. Mais pour les contemporains de Gervais de Tilbury, chez qui le fantastique n'avait pas moins de réalité que ce monde-ci, cette dualité devait avoir la valeur d'une évidence. Au point que l'on peut se demander si des lieux tels que l'Epervier et Sassenage, où la plaine épouse la montagne, n'ont pas été la matrice idéale du thème du mariage entre un mortel et un être de l'au-delà.
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Séverin Batfroi, auteur de Mélusine de Sassenage (Édité par la mairie de Sassenage, 1991) attache beaucoup d'importance au lieu même où est née Mélusine :
Non loin de ce lieu où ls deux cours d'eau célèbrent leurs noces, où le Dragon et le Serpent unissent leurs forces vives, le massif du Vercors propose au regard de l'observateur les forme massive et arrondie du pli anticlinal. Abrité par la falaise, c'est là que se blottit le bourg de Sassenage, très ancienne commune de l'agglomération de Grenoble.
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La notion de Haut-lieu est fondamentale pour l'homme d'une société archaïque. En effet, se sachant comme exilé sur cette terre, ou ayant compris et ressenti que ses idéaux spirituels l'incitaient à une incessante recherche de l'élévation, il se donne comme premier travail de découvrir un lieu privilégié qui devient le point central de communication avec le plan divin. [...]
Le Haut-lieu donc est au centre de l'axe du monde, point de circulation selon les Anciens, des énergies cosmiques et telluriques, mais aussi "échelle" grâce à laquelle l'homme peut accéder au idées premières et archétypales. Il est le point précis où le ciel se projette sur terre afin que, selon les propos célèbres de la Table d'Émeraude, soient faits "les miracles d'une seule chose". [...]
Retenons cependant que les caractéristiques du Haut-lieu tiennent essentiellement à trois éléments : la nature du sol, la situation géographique précise, c'est-à-dire l'orientation générale du territoire, et certaines singularités constatées sur le terrain, qui témoignaient, selon les Anciens, de son âme profonde. N'oublions pas, en effet, que bien avant les écologistes, nos ancêtres Celtes considéraient la terre comme un être vivant. Aussi bien chaque particularité géologique voire botanique, était une "signature" conférant au Haut-lieu une spécificité. [...]
... il faut ajouter fréquemment la présence d'une caverne, voire d'un vaste réseau souterrain qui devient, on l'aura aisément compris, la matrice de la Terre-mère. [...]
Représentation du monde pour les Grecs qui mêlent inextricablement symbolismes moral et métaphysique la grotte, redoutable abri des monstres, signifie, notamment chez les Anciens, l'inconscient dans ce qu'il a d'imprévisible et de dangereux. Par ailleurs assimilée à un formidable réceptacle d'énergie tellurique, elle jouerait un rôle magique. En outre, lieu de transit entre la terre et le ciel - Jésus naquit et fut enseveli dans une caverne - , sa manière d'être centrale la conduit à devenir lieu de naissance ou de régénération.
[...]
Il faut dès l'abord savoir qu'un anticlinal est la partie convexe d'un important pli géologique, et la faille qu'accompagne celui de Sassenage est comme une porte (1) privilégiée et énigmatique qui s'ouvre, pour l'homme naïf, sur les mystères souterrains. (2)
[...]
Donc Gargantua, authentifiant les Hauts-lieux lors de ses voyages mythiques et désordonnés en apparence, en investit certains d'une vertu particulière : il les frappe du sceau de sa force en y abandonnant une ou plusieurs dents qui nous prouvent que les pics montagneux ainsi qualifiés furent considérés comme des mégalithes naturels sacrés. C'est sans doute le cas des Trois Pucelles près de Grenoble. [...] Ainsi donc, et à quelques kilomètres de Sassenage, sur cette partie du Vercors qui brusquement se plisse et s'arrondit, les Dents de Gargantua nous prouvent également que ce lieu doit être examiné avec une attention toute particulière. [...]
Décidément la vouivre antique parcourt encore les veines rocheuses de ce massif et l'on peut suivre son cheminement avec une très grande rigueur ! Des Dents de Gargantua à Notre-Dame de Guérison [oratoire situé à Fontaine au pied de la falaise de l'anticlinal) en passant par Isis [dont un culte est attesté à Pariset], ce n'est qu'une même réalité mythique, géologique et tellurique à laquelle nous sommes confrontés. Il s'agit des différentes représentations de ce que les Orientaux appellent le Sang du Dragon.
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Et nous n'avons pas été long, pour notre part, à remarquer que les Trois Pucelles, qui se trouvent au pied du Moucherotte, et non loin du pic Saint-Michel, forment un doublet parfait avec l'anticlinal sassenageois. On ne peut trouver meilleur exemple de ce couple de personnages mythiques, le géant et la guivre, puisque tous les éléments se trouvent rassemblés sur les flancs du Vercors. Rien de tout cela, en revanche, à Lusignan...
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Le Furon qui descend des gorges d'Engins pour venir se joindre au Germe dont les eaux bouillonnantes et intermittentes sortent des Grottes, se brise en cascades nombreuses et magnifiques. [...] Voici enfin l'antre de Mélusine... Stupéfiant spectacle, grandiose et écrasant à la fois. LA cavité s'ouvre, orientée sensiblement au nord-est, au bas de la falaise du pli anticlinal. D'accès aisé, ne première salle attire immédiatement l'attention du visiteur coutumier des lieux de culte anciens. Nous nous trouvons en effet en présence d'un site naturel qui a toutes les caractéristiques du temple archaïque. Creusé dan le roc, véritable "utérus" de la terre-Mère, habité par les eaux bouillonnantes du germe qui s'écoulent en contrebas dans un bruit amplifié par la voûte, il incite au respect, au silence, à la crainte sacrée... Ici, la nature impose sa volonté, et vouloir s'attirer ses faveurs, c'est véritablement entreprendre une démarche de nature religieuse. [...]
Tout évoque les sites initiatiques en l'honneur d'une divinité chtonienne.
[...]
... rappelons simplement que l'on trouvait autrefois dans le lit du Furon, en un lieu nommé "le Préciosier", d'étranges pierres qui avaient des vertus curatives pour les affections oculaires. Mises sous la paupière, elles débarrassaient l'œil de toute impureté, ce qui les fit nommer "pierres ophtalmiques". [...] la légende affirme que ces pierres, dont on pense scientifiquement qu'elles sont des "orbitolines", étaient les cristallisations des "larmes" de Mélusine. la déesse Lucine, détentrice de la lumière cachée, rendant la vue plus claire par la vertu de ses larmes...
Notes personnelles : 1) Jean Joseph Antoine Pilot de Thorey, dans son ouvrage Histoire de Grenoble et ses environs : depuis sa fondation sous le nom de ... (1829) cite le terme comme traditionnel : "Les cuves de Sassenage. Ce sont trois excavations de forme cylindrique , creusées naturellement dans une grotte du rocher appelé les portes de Sassenage ; elles présageaient, dit-on , la fertilité ou stérilité de chaque année , selon qu'elles paraissaient plus ou moins remplies d'eau le jour de la veille des Rois. C'est aussi à Sassenage que l'on trouve les prétendus diamans auxquels on attribuait une vertu merveilleuse pour la vue."
2) Il est à noter également la rondeur de l'anticlinal qui est accompagné de l'ouverture de la faille confère à ce lieu une valence particulièrement féminine, tandis que l'aspect phallique des Dents de Gargantua est évident.
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Symbolisme :
Emmanuel Le Roy Ladurie et Jacques Le Goff, auteurs de "Mélusine maternelle et défricheuse." (In : Annales. Economies, sociétés, civilisations. 26ᵉ année, N. 3-4, 1971. pp. 587-622) proposent une étude fondatrice sur le mythe de Mélusine :
Si nous abordons maintenant les problèmes d'interprétation, nous devons d'abord noter que les auteurs du Moyen Age ont donné une explication très claire de ce qu'était pour eux Mélusine. Pour tous elle est un démon succube, une fée assimilée aux anges déchus. Elle est mi-homme, mi-animal et de ses accouplements avec un mortel naissent des enfants exceptionnels, doués de dons physiques (beauté pour les filles, force pour les hommes), mais tarés ou malheureux. Certains expliquent aussi les raisons de ces mariages. La serpente, condamnée pour une faute à souffrir éternellement dans le corps d'un serpent, recherche l'union avec un homme, seule susceptible de l'arracher à son éternité malheureuse pour lui permettre de mourir de mort naturelle et de jouir ensuite d'une autre vie heureuse.
Cet habillage chrétien n'a rien de surprenant si l'on songe à l'encadrement chrétien de toute la vie culturelle au Moyen Age et au fait qu'à la fin du XIIe siècle le christianisme s'engageait dans la voie des explications rationnelles, même si ses raisons s'appliquaient à des données de base parfaitement irrationnelles.
[...]
Mélusine vient de plus loin que le christianisme. Si les mœurs et coutumes des démons succubes expliquent, aux yeux des clercs médiévaux, la nature et l'histoire de Mélusine, il ne peut en être de même pour nous.
Quel est donc l'enjeu de l'histoire ? Que l'initiative, les avances viennent de Mélusine (désireuse d'échapper à son sort) ou de Raymond (enflammé de passion), la « dot » de Mélusine c'est pour Raymond la prospérité. Mélusine trahie, Raymond se retrouve plus ou moins gros-jean comme devant. La corne d'abondance est tarie. Ainsi se révèle la nature de Mélusine.à travers sa fonction dans la légende. Mélusine apporte la prospérité. Qu'elle se rattache concrètement et historiquement (et nous ne le saurons sans doute jamais) à une déesse de fécondité celtique et autochtone, à un esprit fertilisateur, à une héroïne culturelle d'origine indienne (ou plus vraisemblablement et plus largement indo-européenne), qu'elle soit d'origine chtonienne, aquatique ou ouranienne (elle est tour à tour et en même temps serpent, sirène et dragon et il est peut-être vrai, à ce niveau, que la Fontaine de Jean d'Arras ait une saveur celtique assez nette, tandis que, chez Gautier Map la mer et chez Gervais de Tilbury, une rivière — et chez tous deux un « bain » — sont une simple référence à la nature aquatique de la fée), dans tous ces cas, ele apparaît comme l'avatar médiéval d'une déesse-mère, comme une fée de la fécondité.
[...]
Assez mince est finalement ce dossier des textes « d'époque » qui nous font connaître, au niveau des traditions d'Ancien Régime, la Mélusine du peuple, incarnée dans les cultures orales-populaires : en Poitou, Vendée, Armorique de l'Est. Fort heureusement, il est possible sinon de compléter, du moins d'éclairer cet ensemble parcimonieux, à l'aide de confrontations et confirmations, qui nous proviennent de l'aire dauphinoise.
Loin du Poitou, en effet, une petite enclave très strictement mélusinienne apparaît bien implantée déjà, au XVIIe siècle. Elle est centrée autour des domaines de la famille de Sassenage, et dans les grottes du même nom, près de Grenoble. A ce propos, il importe assez peu de savoir si les prétentions des Sassenage à descendre des Lusignan sont ou non fondées dans la réalité. Le fait est que ces prétentions, plus d'une fois tenues pour dérisoires, ont servi d'utile prétexte à l'installation effective d'une Mélusine dans les Alpes du Nord : la fée au nom poitevin s 'étant peut-être greffée, en l'occurrence, sur quelque obscure serpente locale, anonyme et préexistante.
Le folklore mélusinien du XVIIe siècle, dans ce domaine montagneux du Sud-Est français, est en tout cas très comparable à celui que décrivent en Poitou, vers 1570-1670, Brantôme et Perrault, cette convergence pouvant fort bien s'expliquer par une filiation, dont le principal mérite consiste à souligner commodément certains points essentiels du mythe d'origine. « II est peu de grandes maisons, écrit à ce propos, en 1669, l'historien dauphinois Chorier, qui remontant jusqu'à leur origine, rencontrent une fable : celle de Sassenage y trouve Mélusine. [...]
D'autre part, la fonction de fertilité agricole (fonction qui souvent restera inaperçue chez nos biographes récents de Mélusine) était en fait très fortement soulignée par la culture orale, au XVIIe siècle. Les versions écrites du Moyen Age n'en avaient parlé qu'assez peu; ou elles n'avaient évoqué cette fonction qu'indirectement, et comme corollaire implicite de l'activité défricheuse de la fée. Mélusine, en tout cas vers 1400, n'était pas considérée (au niveau de l'élaboration littéraire de sa légende) comme une surveillante attitrée des récoltes. Ni comme une dispensatrice des plantes nouvelles.
Or ce rôle de pourvoyance campagnarde, imparti par la suite à la Dame de Lusignan, est clairement affirmé au XVIIe siècle, en Poitou comme en Dauphine, par divers auteurs qui ne se recopient pas les uns les autres, et qui signalent bel et bien ce que leur ont déclaré les indigènes : Mélusine, à la grotte de Sassenage, est installée dans une fontaine, dont le niveau, repéré à la veille du jour des Rois, permet de prévoir le volume des moissons et des vendanges. A Lusignan, la fée ne dit pas elle-même le pronostic des récoltes ; mais elle fait sa résidence à proximité immédiate d'une source appelée Caillerot, exactement analogue à celle de Sassenage. [...]
Lire l'étude complète :
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Jean Markale, auteur de Mélusine ou l'Androgyne (Éditions Retz, 1984) ne fait pas de mélusine une antique Déesse-Mère même s'il ne conteste pas la possibilité de cette lecture :
Quand le mari de Mélusine, Raimondin de Lusignan, surprend le secret de Mélusine par un trou qu'il a fait dans la porte menant à la chambre où se baigne la fée, il n'est ni plus ni moins qu'un vulgaire voyeur. Et que voit-il ? Mélusine, nue, se baignant dans une cuve, avec une queue de serpent et battant l'eau avec cette queue. La scène est décrite avec précision : la queue de poisson est un phallus, Mélusine a un phallus. Et elle (ou il) se masturbe, accomplissant le seul acte qui lui soit possible —puisqu'elle est mariée en tant que femme—pour assumer aussi sa virilité. N'oublions pas que cela se passe un samedi. C'est le jour du Sabbat, chez les Juifs, autrement dit le jour du Deus Otiosus. C'est aussi le jour où les sorcières se réunissent et accomplissent leur culte soi-disant diabolique. Mais c'est surtout le jour de Saturne. Or Saturne n'est pas le Khronos grec. C'est le dieu de l'Age d'Or, époque où bêtes et gens vivaient en paix et se comprenaient, époque de l'être humain d'avant la chute, de l'être humain d'avant la séparation (=sexualisation), donc époque de l'Androgyne.
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Le schéma et les thèmes secondaires de la légende mélusinienne se concentrent ici d'une manière harmonieuse. Comme le dit Georges Dumézil à ce propos, « cette concordance précise (est) d'un type qui exclut l'emprunt ». Il s'agit bel et bien de la même tradition. Comme Mélusine, la fille du roi des Eaux est un être de l'Autre Monde et ne peut apparaître devant les mortels — sauf devant son mari — sous son aspect réel. Le caractère des deux personnages est nettement aquatique : Mélusine rencontre Raimondin au bord de la fontaine et se baigne le samedi avec sa queue de serpent tandis que l'héroïne scythe est fille du roi des Eaux, ne pouvant supporter la chaleur — et la sécheresse — de la vie terrienne, d'où la nécessité logique de son habit-protection. C'est au cours d'une chasse que cette fille du roi des Eaux rencontre son futur mari, comme Mélusine et comme les fées de Lanval et de Graelent Meur. Comme ces dernières qui apparaissent sous une autre forme (une biche pour Graelent), la fille du roi des Eaux peut revêtir un aspect animal. C'est même sous cet aspect animal qu'elle attire l'homme qu'elle a choisi. C'est ce qui démontre que le sanglier tué par Raimondin au cours de la partie de chasse tragique et avant sa rencontre avec Mélusine n'est peut-être pas autre chose qu'un des aspects transitoires de Mélusine. Dans le récit scythique, l'interdit est net, même logique : la fille des Eaux ne peut vivre sans son vêtement protecteur. Mais corollairement, elle ne peut être vue par personne dans sa nudité. Comme le frère de Raimondin qui persifle quant à la personnalité de Mélusine, le Narte Syrdon est la véritable cause de la rupture de l'interdit. C'est le même personnage que l'Irlandais Bricriu à la langue empoisonnée et que le sénéchal Kaï des romans arthuriens, le provocateur. La transgression de l'interdit est suivie de la disparition de l'héroïne. Mais comme Mélusine qui laisse ses enfants, tout en en prenant soin, comme Macha qui donne naissance à deux jumeaux, la fille du roi des Eaux assure sa descendance et celle de son mari en confiant le fœtus à celui-ci. Mais ce faisant, elle ajoute au schéma mythologique un élément qui n'apparaissait que très mal dans les autres versions occidentales de légende : elle fait de son mari un androgyne, puisqu'elle l'oblige à maturer le fœtus qu'elle avait dans son propre ventre. De là à mettre ce détail très important en rapport avec les fameux Énarées des Scythes et avec les Ulates soumis à la mystérieuse maladie qui dure neuf jours, il n'y a qu'un pas facile à franchir. D'ailleurs, la malédiction de Macha, son cri au moment de l'enfantement, n'est-ce pas l'équivalent du traitement que la fille du roi des Eaux inflige à Xaemyc ? Lorsque les Scythes se sont attaqués au temple d'Aphrodite, à Ascalon, ils ont reçu la même malédiction, ce qui veut peut-être dire qu'à l'origine il y avait tout un mythe relatif à l'union de la déesse Aphrodite avec un mortel (de type Vénus et Adonis, ou encore Cybèle et Attys, union se terminant par la castration de l'Amant, c'est-à-dire sa féminisation). Hérodote insiste bien sur le fait que les Énarées sont des hommes-femmes, des androgunoi (IV,67). D'ailleurs, il faudrait s'interroger vraiment sur la nature réelle de la fille du roi des Eaux. Est-elle seulement femme ? Une réflexion du texte ossète peut nous laisser rêveur. Lorsqu'elle est décrite, on nous dit qu'elle éblouit comme les rayons du soleil et le clair de lune réunis. Dans la symbolique universelle, quelque soit le sexe attribué au soleil et à la lune, ces deux astres sont les marques incontestables de la masculinité et de la féminité. Donc la conjonction du soleil et de la lune ne peut être autre chose que la marque de l'androgynat. Nous revoici avec Mélusine et sa queue de serpent, le samedi, dans son bain.
Du coup, nous comprenons mieux l'interdit constant dans toutes les légendes mélusiniennes et qui concerne la dissimulation de l'état réel de la femme-fée aux yeux de tout le monde. La forme animale n'est qu'une forme secondaire, purement symbolique. Ce que les yeux des mortels ne doivent pas voir, c'est l'androgynat de Mélusine. Car c'est vraiment par là qu'elle est contre nature. Nous comprenons également mieux pourquoi les Énarées sont devenus androgynes après avoir pillé le temple d'Aphrodite : ils se sont aperçus que la déesse était androgyne. Il en est de même pour les Ulates : leur maladie de femme qui dure neuf jours ne peut pas être assimilée aux règles, ni à la grossesse, fût-elle symbolique. Ils ont vu Macha dans sa réalité androgyne : ils sont devenus androgynes, du moins temporairement et périodiquement. Mais tout est lié au « voyeurisme ». Voir la nudité de l'autre, c'est se voir soi-même dans un miroir : d'où les nombreux tabous sur la nudité et toutes les croyances concernant les miroirs. Les Énarées, les Ulates se sont vus androgynes, comme Xaemyc, comme Attys devant Cybèle, comme Adonis devant Vénus-Aphrodite. Et si les Poitevins, en apprenant la véritable nature de Mélusine, ne sont pas devenus eux-mêmes des androgynes, c'est que la légende est trop tardive, trop cléricale, trop rationaliste pour rendre compte d'un tel archaïsme : alors l'accent est mis sur l'aspect animal de la femme- fée. Mais ce n'est qu'un transfert symbolique.
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Car c'est quand même la notion d'androgyne qui domine dans le mythe de Mélusine, ainsi que dans tous les récits, contes et légendes qui concernent des personnages analogues ou apparentés. Cet androgynat, il se révèle évidemment encore une fois à la scène originelle dont la psychanalyse a fait l'élément primordial de la naissance du psychisme. Le père et la mère, dans leur coït, réalisent physiquement et fantasmatiquement l'androgynat idéal, les deux êtres devenant un. Mélusine, comme Lilith, incarne cet androgyne. Rabelais, en tout cas, en était persuadé puisqu'il décrit Mélusine comme ayant un corps féminin seulement « jusqu'aux boursavitz ». Cet étrange mot composé n'a pas d'autre sens que celui de « bourses à vit », ce qui prouve que Rabelais croyait en la bisexualité de Mélusine, comme à celles des fameuses « Andouilles » d'ailleurs, et comme elle, capables de porter de beaux enfants.
Mélusine ne présente pas un cas d'hermaphrodisme accidentel. Elle ne sera un « monstre » que dans l'imaginaire. Ce n'est pas une tare ou une bizarrerie de la nature. C'est un androgynat pur, en ce sens qu'elle est à la fois mâle et femelle, comme Lilith et Adam, et comme Yahvé Dieu lui-même. Nous remontons donc, avec Mélusine, à l'origine même de l'Être qui ne peut, en toute logique, qu'avoir été mâle et femelle.
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Séverin Batfroi, auteur de Mélusine de Sassenage (Édité par la mairie de Sassenage, 1991) élucide l'aspect initiatique de la légende :
... Nous retiendrons dès à présent, pour la suite de notre étude, que Raimondin, dont le prénom est provençal et non poitevin, rencontra Mélusine un soir de pleine lune, au bord d'une fontaine, dont François Rabelais nous dit que c'est la fontaine "caballine" de Courtelle, sur le chemin de Poitiers.
L'indication est, ce nous semble, très importante. Raimondin, ou Raymond - ce qui revient au même - suivait le chemin de la forêt de Colombiers lorsque la lune et les étoiles, "luisans et clères" précise le texte ancien, l'incitèrent à s'arrêter près de la fontaine "environ la minuyet".
Tous ces éléments attirent l'attention sur la lumière sortant des ténèbres, comparable à l'illumination qui suit toute initiation, et sur l'onde baptismale qui scelle la cérémonie alors que l'on va passer de la naissance du jour nouveau. Auparavant, triste mésaventure, Raimondin tua accidentellement son oncle, évocation du vieil homme qu'il convient de sacrifier avant de pénétrer dans la sylve initiatique; Ce sont là des éléments très précis, y compris dans la chronologie des faits, qui se rapportent à l'initiation traditionnelle et à la Quête mystique antique.
[...]
La chose est lus facile pour la Fée sassenageoise puisque la tradition affirme qu'elle est née à Sassenage. Le fait est capital et il faut y être très attentif. Dans le Dauphiné, on est donc certain que Mélusine n'a pas été importée de Chypre, d'Orient ou d'ailleurs : elle a pris naissance dans l'ombre des grottes de Sassenage.
On peut par conséquent la considérer comme un génie (1) du lieu qui vit ici depuis la nuit des temps.
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Mélusine est en fait l'une des nombreuses représentations de Lucine, parèdre du dieu ligure Lug. Elle est la Mère Lucine, divinité complexe transformée en Fée par l'ignorance progressive de narrateurs de sa légende. En effet, jusqu'à l'arrivée des Celtes en Gaule, soit aux environs du premier millénaire avant Jésus Christ, les Ligures occupaient le sud du pays et ne quittèrent que très tardivement les Alpes, notamment sus la poussée romaine. Lug était alors le puissant démiurge qui a peut-être même donné son nom au peuple ligure, et qui était toujours accompagné de son double féminin, Lugine ou Lucine. Si Lug se rapporte au Feu et à l'Air, Lucine règne sur la Terre et l'Eau, ce qui correspond tout à fait à la réalité du site de Sassenage. Par ailleurs, on sait que l'animal-totem de Lug est le corbeau dont le nom en ligure est Lou ou Lug. Mélusine, quant à elle, se transforme parfois en colombe, terme qui est à rapprocher du latin "colubra" et "columba" ; ainsi pourraient s'expliquer ses métamorphoses en serpent, puis en oiseau. [...]
Après les Ligures, les Gaulois auront aussi leur "doublet divin" avec Bélen et Bélisama, dont le rôle est identique à celui de Lug et Lucine. Dans les deux cas, il s'agit de traduire une réalité à laquelle l'homme se trouve depuis toujours confronté : la fécondation de la Terre par le Ciel. Lucine correspond à la Terre-Mère fécondée par le céleste et solaire Lug. Elle règne en maîtresse sur un royaume souterrain où l'activité des éléments aboutit aux multiples manifesrtations de la vie. Elle préside aux mystères de la fécondité et en possède seule les clés, bien que, parfois, à des dates précises et cycliques nous dit la légende, elle accepte de dialoguer avec les hommes.
Notes : 1) D'après la symbolique, le génie est le double de l'homme : double de "compagnie" qui prend autant l'aspect d'un gardien (démoniaque et/ou divin) que celui d'une conscience, dont la lente évolution autorisera à l'appréhender sous la forme d'un reflet de la personnalité. Uniques, ou multiples, ils sont en somme un passage obligé entre les univers visible et invisible.
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Haziel, dans un ouvrage intitulé Rencontrer la Nature Vivante, Les Fées (Gnomes - Ondines - Sylphes - Salamandres) (Éditions Bussière, 1998) situe Mélusine dans l'ensemble de la hiérarchie des Fées :
Les pouvoirs des Fées : interruption des soucis et solution des conflits
L'existence humaine se caractérise par une série de conflits. Ces conflits portent le nom de problèmes lorsqu'ils sont causés par les autres. Ce sont des soucis lorsque les conflits sont en nous.
La Fée est un être spirituel qui réside de plein droit dans le monde Astral ou monde des sentiments et des émotions (le même monde dans lequel agissent les Anges Gardiens). Elle peut se manifester selon son choix ou accéder à notre sollicitation en tout lieu et à n'importe quel moment. la Fée peut transmuter nos peines en plaisirs.
Dans la partie élevée du monde des sentiments (monde Astral), où les Fées habitent pendant des millénaires, tout est ordre et harmonie.
Selon la tradition, les douze Fées souveraines sont organisées de la façon suivante [...] :
La Fée Mélusine est la Reine des Ondines
La Fée Estrella est la Princesse des Ondines
La Fée Selkie est la Dame des Ondines
Moyen terme : solutions progressives et régulières : Ces trois Fées, autant la Reine que ses deux dauphines ont la possibilité de projeter dans notre cœur, et dans les cœurs autour de nous (au travers des Ondines) un flot persistant d'énergies (émotives et éthériques) pendant des semaines, des mois, qui nous permettront d'avoir confiance en nous, de nous sentir bien dans notre peau, en pleine forme, ce qui nous permettra de réaliser des performances.
En adressant à ces Fées l'Advocation traditionnelle magique, nous pouvons susciter, faire venir à nous des énergies cosmiques (dites de moyen terme) capables de nous apporter des solutions et de maintenir la nouvelle situation pendant plusieurs années.
Le fait que les fées agissent au travers des Ondines, entités éthériques, maîtresses de l'Eau, signifie que leur puissance est essentiellement celle de l'amour, qui est actuellement un élément prioritaire.
[...]
Les forces de la Nature Vivante au service de l'Amour
Advocation aux Fées des Eaux : Mélusine - Esterella - Selkie
Oh Fées transparentes !
qui vivez dans les eaux claires
des fontaines, des rivières et des lacs !
Je veux aussi devenir pluie fécondante et
larme de joie ! en recevant l'Amour humain
Faites tomber sur moi
une pluie abondante de perles et de fleurs
d'Amour !
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Symbolisme celte :
Anne-Marie O'Connel établit un lien entre Mélusine et la Banshee dans un article intitulé :
"Mélusine, une banshee poitevine ?" in Mélusine moderne et contemporaine, sous la direction de Arlette Bouloumié et Henri Béhar (Éditions, L'Âge d'Homme, 2001) =>
Lousine Terteryan, autrice d'un article intitulé "Mélusine : quelles ressemblances avec les déesses-mères de l'Asie Mineure" (publié sur Academia.eu, 2020) fait un lien entre Mélusine et une Parque gauloise :
"Mélusine, un personnage féminin légendaire très ancien, pour les mythologues est la “mater lucina" romaine qui présidait aux naissances, ou une divinité celte, protectrice de la Font-de-Sé (fontaine de la soif). Il pourrait également s’agir de la Lyké des Grecs, de la Mélugina des Ligures ou de la Milouziena des Scythes, dont le peuple serait issu d’Héraclès et d’Échidna, elle-même a une queue de serpent et des ailes de chauve-souris. Pour les Gaulois, elle serait plutôt une sorte de Parque du nom de Mélicine (la tisseuse), d’où le thème de la destinée, très présent dans le mythe de Mélusine. [...]"
Cela confirme mon hypothèse de travail concernant l'assimilation de la déesse vénérée à Sassenage, Viama, et Mélusine puisque :
Selon Xavier Delamarre (Noms de personnes celtiques dans l'épigraphie classique, 2007), ce nom est peut-être un composé en *vegia-ma, qui pourrait être traduit par "la tisserande".
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Rituels :
Alice Joisten et Christian Abry, auteurs de "Les fées du Molard de Vions (Savoie)". (In : Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-4/1992. Êtres fantastiques dans les Alpes. Recueil d'études et de documents en mémoire de Charles Joisten (1936-1981) pp. 307-315) mentionnent l'oracle qui avait encore cours il n'y a pas si longtemps :
Rappelons qu'une illustre fée dauphinoise, Mélusine, permettait aussi aux habitants de Sassenage (Isère), d'établir le pronostic d'une bonne ou d'une mauvaise année en observant, le jour des Rois, la hauteur de l'eau qui se trouvait dans ses « cuves » (creux situés au fond d'une grotte) :
« Nos pères, dit-on, allaient le jour des Rois visiter les cuves de Sassenage, pour préjuger de la fertilité ou stérilité de l'année par le plus ou moins d'eau que, ce jour-là, présentaient les cuves. Beaucoup d'eau dénotait une année abondante ; peu d'eau, une année moyenne ; fort peu d'eau, une mauvaise année.
Aymar Falcoz, dans son histoire Antonine, ouvrage daté de 1534, où il signale les sept merveilles du Dauphiné, parle de visites faites, le jour des Rois par les cultivateurs, aux cuves de Sassenage, et des inductions qu'ils tirent de leur plus ou moins d'eau, pour en augurer une bonne ou une mauvaise année. Il distingue trois cuves : une pour le blé, une pour le vin et une troisième pour les fruits. » (J.J.-A. Pilot de Thorey, Usages, fêtes et coutumes existant ou ayant existé en Dauphiné, t. II, p. 193).
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Au milieu des années 2000, Nicole Roux avait initié un cercle de femmes jouant du tambour à la Pleine lune qu'elle avait baptisé "Opération Mélusine", si ma mémoire ne me fait pas défaut. A l'époque, le cercle étant composé de jeunes mamans, ayant une activité professionnelle et suivant de nombreuses pratiques spirituelles, nous avions convenu que le cercle se formerait à distance, à un horaire fixe les nuits de Pleine Lune, pour communiquer via les tambours, entre nous et avec la Déesse.
Suite au cercle de voyages chamaniques dédiés à l'Arcane XII et à Viama, alias peut-être Mélusine, nous allons reprendre la flambeau, mais cette fois en actualisant notre présence sur le site qui, comme le montre Séverin Batfroi, est sans nul doute un Haut-lieu de la région.
Ainsi, après le cercle qui nous permis une initiation dans la grotte de Mélusine et une rencontre fructueuse, non seulement avec le Dragon arc-en-ciel mais aussi avec notre étoile, nous allons poursuivre l'aventure au plus près de la Fée qui habite dans les grottes de Sassenage...
Rendez-vous est donc pris pour le mardi 7 mars !
Lien de Mélusine avec la Pleine Lune : D'après Séverin Batfroi (op. cit.), Mélusine est ici à rapprocher de Cérès, déesse de la fécondité mais elle a son identité propre, car dans Mélusine, on trouve la racine "Luc, lucis", c'est-à-dire la lumière. Souvenons-nous que sa rencontre avec Raimondin eut lieu une nuit de pleine lune, et que le serment s'appliquait au samedi. Or, très justement, l'année gauloise était lunaire. les mois, les années, les siècles débutaient le sixième jour de la lune, au cours duquel étaient célébrées les cérémonies. Le sixième jour de la semaine était donc investi d'un sens sacré par excellence. Le serment de Raimondin correspond bien au respect du mystère divin, et sa rupture est une véritable profanation qui fait fuir mélusine, grande déesse lunaire, loin de son indigne époux. [...]
Mélusine est donc la lumière souterraine, la clarté qui se cache sous l'écorce de la matière, mais aussi la luminosité lunaire, ce qui la rapproche par certains aspects de Diane-Arthémis. A Sassenage, sa double queue se rapporte aux deux aspects de la vibration primordiale.
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Réactualisation du mythe :
Sur France Culture (10 déc. 2019), on peut écouter Joanna Pavleski, qui dans le cadre de sa thèse de littérature médiévale, montre que mi-femme, mi-serpent, la fée Mélusine a traversé les siècles pour devenir une figure féministe :
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Mercredi 22 janvier 2022 : Emission de France Culture, "Affaire en cours" : Mélusine comme figure de l’intime, présentation par Laurence Joseph de son essai La chute de l'intime, La mélancolisation du (Editions Hermann, 2022) avec le concours de Marie Sorbier (à écouter en podcast) :
Les confinements ont mis à mal notre rapport à l'intimité, ce qui provoquent de nombreux troubles psychiques. Laurence Joseph, psychanalyste, prend appui sur le mythe de Mélusine pour expliquer ces dérèglements.
Les mesures restrictives dues à la pandémie ont mis en lumière la fragilité du lien social et des troubles psychiques sont apparus, notamment liés à notre rapport perturbé à l’intime. Pour raconter les effets de cette chute de l’intime, Laurence Joseph, psychanalyste et psychologue clinicienne, s’est appuyée sur la figure médiévale de Mélusine.
Mélusine, un reflet de notre société contemporaine face à l’intimité : Mélusine est une figure médiévale, une fée hybride entre une femme et un serpent. La légende de Mélusine a été reprise au XIVème siècle : La mère de Mélusine lui jette un sort et tous les samedis lui pousse une queue de serpent sous le nombril. Elle peut cependant avoir une vie normale, si tous les samedis, à l’abri des regards, elle s’enferme dans une pièce d’eau pour laisser la queue de serpent s’épanouir. L'histoire bascule lors de la trahison de son mari, Raymondin, qui la surprend sur ce territoire fragile que Mélusine voulait conserver. Cette dernière se sent alors trahie et se jette par la fenêtre.
« Mélusine incarne à la fois la douceur de l'intime parce qu'elle est décrite comme étant une très belle femme et une bâtisseuse ; et en même temps, dans les récits anciens, on retrouve dans sa description quelque chose d'ignoble. On insiste sur sa queue de serpent en argent, qui, quand elle s'agite, est aussi d'une grande violence. »
Cette figure féminine rassemble les deux pôles de l'intime : la douceur, la création, la pudeur mais aussi l’atteinte à cette intimité. Selon Laurence Joseph, l'intime est aussi un endroit où le sujet peut devenir autre.
« Pendant les confinements, j'ai pu entendre plus que jamais tout ce qui se passait derrière les murs. Il y a beaucoup de situations d'intimité, c'est-à-dire à l'intérieur et loin des regards, qui ont pu devenir de plus en plus violentes, de plus en plus terribles, notamment pour les enfants parce que c'était une intimité imposée. »
« L’intimité n’est pas un repli sur soi, c’est un mouvement de métamorphose. » : Laurence Joseph parle d’intimité imposée en soulignant que l’intime n’est pas un repli sur soi, et que pour que l'intime aille bien, il faut qu'il puisse librement aller à la rencontre d'une autre part de soi.
« L’intime, ce n'est pas, comme le dit Sartre, "la moite intimité gastrique", c'est-à-dire les humeurs, les sensations, les odeurs de tous les jours. L'intime, au contraire, c'est pouvoir rencontrer cette part inconnue de nous qui peut surgir à tout instant. C'est toujours un mouvement de métamorphose. Par exemple, la puberté des adolescents va requérir une grande qualité éthique de la part de l'autre. Toutefois, pendant le confinement, j’ai pu observer qu’à partir du moment où on a été confinés, où l'intime a dû se superposer au privé, cette superposition de l'intime et du privé a été catastrophique parce qu'il n'y avait plus d'élan pour parler à l’autre, avec ces quelques autres qui peuvent nous être si précieux et avec qui on consent à faire l’épreuve de la surprise en nous-même. »
La mélancolie se crée avec le sentiment d’abandon : Freud écrit dans Deuil et mélancolie : « Sans doute l’objet n'est pas totalement mort, mais il a été perdu en tant qu'objet d'amour. » Selon Laurence Joseph, ce qui a été perdu pendant le confinement, c'est la possibilité de retrouver avec liberté et quiétude ces objets d'amour.
« Je pense par exemple aux enfants, aux adolescents qui n'ont pas pu voir évidemment leurs camarades, qui n’ont pas pu être au contact de la transmission de leur professeur, puisqu'on sait que le lien au professeur peut être aussi un lieu de vocation, d'appel, c'est-à-dire d'amour, de transfert. Et tous les transferts structurants pour chaque sujet ont été largement entravés. »
D’après Laurence Joseph, pendant le confinement, il y a eu pour de nombreuses personnes, un sentiment d’abandon de la part du monde, de la part de l'État, de la santé et même de la science. Ce sentiment rejoint alors celui de la mélancolie ; en effet, Freud explique que le mélancolique va avoir le sentiment que sa fiancée l'a abandonné. Dès lors, ce sentiment de mélancolie, d'abandon s’est créé car l’intimité que l’on a pu créer au quotidien avec notre pays, avec l'Etat, se brise.
« Il y a quelque chose qui s'est fragilisé, sans oublier les angoisses de mort qui allaient bien sûr avec une pandémie, une maladie. D’un point de vue clinique, la mélancolie va toujours avec la colère. Freud l'explique très bien, on retient toujours de « Deuil et mélancolie » l'aspect romanesque de la mélancolie du XIXème siècle. Il y a une grande partie de colère et de remords d’avoir cru en cette mélancolie. »
Laurence Joseph s’interroge sur les effets du confinement dans le temps. Elle a pu constater chez ses patients, dès le printemps dernier, un retour du désir.
« Pour d’autres, et je pense évidemment à certains sujets qui se sont laissés convaincre par des théories complotistes, conspirationnistes, je vois que les choses sont beaucoup plus lentes à faire évoluer et qu’il y a aussi des convictions dangereuses qui se sont instaurées dans la représentation de certains individus. »
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Généalogie : Petit clin d'oeil sur Généanet
Littérature :
Voici la trace d'un travail fait avec des élèves de STMG, l'année du bac de français : Padlet Mélusine