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Le Strophaire Vert-de-gris

Dernière mise à jour : 21 juil.




Étymologie :


Son nom scientifique provient de l'adjectif latin : aeruginosus, érugineux en français soutenu, qui qualifie la couleur de l'airain (aes), c’est-à-dire du cuivre ou du bronze, oxydé ; ce vert-de-gris, parfois bleuté, est caractéristique de ce champignon. (Wikipédia)


  • ÉRUGINEUX, EUSE, adj.

Étymol. et Hist. Ca 1256 (A. de Sienne, Régime du corps, 46, 19 ds T.-L.). Empr. au lat. class. aeruginosus « rouillé ».


  • VERT(-)DE(-)GRIS, (VERT DE GRIS, VERT-DE-GRIS), subst. masc. inv. et adj. inv.

Étymol. et Hist. 1. 1314 subst. vert de Grice « rouille du cuivre obtenue par des procédés chimiques » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos,839) ; ca 1390 [ms. xve s.] vert de gris (Evrart de Conty, Probl. d'Arist., B.N. 210, fo33 vods Gdf. Compl., s.v. pulverisable) ; 2. 1611 vert-de-gris « rouille naturelle du cuivre » (Cotgr.) ; 3. 1835 adj. désignant la couleur (Töpffer, Mélanges, Du progrès dans ses rapports avec le petit bourgeois, p. 157 ds Quem. DDL t. 20). Altér. d'apr. gris* de ver de Grece « verdet » xive s. (Livre des métiers, éd. J. Gessler, fo8, p. 18a), comp. de vert*, de la prép. de* et de Grèce, nom géographique.


Lire également la définition des adjectifs érugineux et vert-de-gris afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Stropharia aeruginosa - Géophile vert-de-gris -

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Mycologie :


Lyra Ceoltoir décrit le Strophaire vert-de-gris dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) comme suit :


Le strophaire vert-de-gris est l'un de ces champignons que l'on croirait sortis tout droit d'un conte de fées, avec sa couleur d'un bleu-vert si particulier, assez unique dans l'univers des fungi. Il fait sans doute partie des plus beaux champignons de nos régions, de ceux qui attirent l'œil et ne se laissent pas oublier de sitôt. On l'appelle tantôt « strophaire » (du grec ancien strophos, « ceinture ») en référence à son anneau de la même couleur que son chapeau, tantôt « géophile » (du grec , « la Terre » et philéô, « aimer »).


Vie de champignon : Son nom latin annonce tout de suite la couleur : aeruginosus (qui a donné le français « érugineux », adjectif quelque peu tombé en désuétude qualifiant la couleur de l'airain) désigne la couleur prise par le cuivre ou le bronze une fois qu'il s'est oxydé. C'est le fameux « vert-de-gris », fièrement affiché par la célèbre statue de la Liberté. Le strophaire vert-de-gris pourrait en effet être sa version en champignon avec son chapeau de 3 à 8 centimètres de diamètre, avec un mamelon central un peu plus sombre, visqueux et brillant. D'abord d'un bleu-vert soutenu, il vire au vert jaunâtre avec l'âge. Son voile de naissance lui laisse souvent des mèches blanchâtres qui posent comme de petits flocons sur sa cuticule. Ses lames sont d'un gris violacé, virant au brun-pourpre voire au chocolat avec l'âge, adhérentes au pied fin, de 5 à 8 centimètres de haut sur 5 à 10 millimètres de diamètre en oscillant d'un bleu azur à un gris verdâtre. Lui aussi est visqueux, hérissé d'écailles blanchâtres sous son anneau ample, fragile, qui tombe parfois lors de sa croissance.

Sa chair est blanche, parfois avec des reflets verdâtres, humide, dégageant de temps à autre une vague odeur de radis. Sa texture en bouche et sa saveur sont très désagréables, écœurantes, et le rendent impropre à la consommation, bien qu'il ne soit pas toxique à proprement parler (1).


Note : 1) Certaines études ont cependant révélé la présence de faibles quantités de psilocybine, un composant hallucinogène. Sa consommation n'est donc vraiment pas recommandée.

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Pouvoir hallucinogène des Strophaires :


Roger Heim dans une "Note sur les Champignons divinatoires utilisés dans les rites des Indiens Mazatèques." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 3, n°3-4, Mars-avril 1956. pp. 207-209) essaie d'identifier les champignons sacrés des Mazatèques :


Le n° 4 est une magnifique espèce de Strophaire bien caractérisée tout d'abord par le virage instantané de la chair en bleu outremer puis en bleu noir à la section, par le chapeau ocre, à fort umbo brun orangé papilleux, d'abord acéré, par le pied long, l'anneau infère, ample, membraneux et déchiré, puis pendant, par ses spores de 1213,5 (- 15) x 9-10 u. en profil frontal subtilement hexagonal, x 7,5-8,7 en profil dorsiventral, à large pore germinatif non débordant (1,7-2 u.). Le champignon croît, isolé, sur les bouses de vaches, dans les pâtures et les prés.

En culture sur milieux divers, au Laboratoire, il a pu non seulement fournir un abondant feutrage cotonneux de mycélium blanc, à reflet verdâtre, mais produire après deux ou trois mois, sur fumier aseptique de cheval et fumier de bovidés watusis, de nombreux carpophores dont le chapeau atteignait 4 à 7 cm de diamètre. Nous croyons devoir rapprocher étroitement cette espèce d'une part du Stropharia cubensis Earle (1906), décrite — incomplètement — de Cuba, de Porto-Rico et du Honduras britannique, d'autre part du « Nematoloma » cœrulescens Pat. (1907), du Tonkin, l'un et l'autre terricoles, enfin du Stropharia cyanescens Murrill (1941), venant sur sciure de bois en Floride, dont la description concorde parfaitement avec celle de notre espèce mexicaine, y compris la mention d'un umbo conique.

Il existe également au Japon un Stropharia venenala Imai (1932, 1938), considéré comme vénéneux, connu sous les noms de shibiretake et de waraitake-modoki, qui croît sur le bois pourri, la paille et le crottin ; comme dans notre Strophaire mexicain la chair y vire rapidement en bleu d'azur, mais les dimensions des carpophores et des spores, beaucoup plus petites que dans les autres espèces, et la présence d'un chevelu de rhizoïdes à la base du pied, contredisent une synonymie proposée par Singer.

Les cinq Strophaires ci-dessus rappelés, dont trois probablement sont identiques, constituent d'ailleurs une section ou une stirpe naturelle, caractérisée par le virage instantané en bleu vif soit de la chair, soit du revêtement du pied, et dont l'aire coïncide avec les domaines caraïbe d'une part, extrême-oriental d'autre part (Cœrulescentes Sing.) ; ils restent cependant apparentés au Stropharia squamosa Fr. ex Pers.

Au Champignon mazatèque nous donnerons le nom de Stropharia cubensis Earle.

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Adrien Bolay, dans "Les Champignons hallucinogènes" (In : Bulletin du Cercle vaudois de botanique., 1972, vol. 13, pp. 21-30) relève un Strophaire qui contient de la psilocybine :


Les champignons hallucinogènes utilisés par les Indiens du Mexique se rattachent à deux genres de Basidiomycètes à lamelles : Psilocybe et Stropharia. Heim (1963) a identifié une une quinzaine d'espèces de Psilocybes et une seule espèce de Stropharia. [...]

Le Stropharia cubensis Earle est un champignon originaire de Cuba, de Porto-Rico et du Honduras britannique. Sa présence au Mexique semble récente. Selon Heim (1963), cette espèce ne se développe que sur les fientes de bœufs ; de ce fait, elle n'a pu se répandre au Mexique qu'après l'introduction de ces animaux par les Espagnols. Heim l'a récolté en Indochine et en Thaïlande, toujours sur de la boue de vaches.

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Symbolisme :


Selon Georges Becker, auteur de Champignons (Éditions Gründ, 1994) :


« Les Strophaires ne sont pas des champignons très sympathiques, car elles aiment les matières décomposées, cadavres d'animaux, excréments et ordures de toutes sortes .. »

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Sur le site ChampYves, les champignons sauvages, on peut lire cette citation intéressante :


« ... Par ailleurs, je sais que dans les années 80, des mycologues amateurs Estriens ont consommé des champignons qu'ils ont déterminés « S. aeruginosa ».

Parce que cette espèce était dite « comestible » dans certains livres européens, ils ont décidé de le consommer, « attirés par sa beauté ». Surprise ! Ils ont fait un « voyage de type LSD ».

Les cueilleurs n'ont pas fait d'effort particulier pour se souvenir exactement où ils avaient fait leur récolte. Ils ne pouvaient donc pas en dire plus que : « C'était au bord d'un chemin, dans une forêt, en Estrie », en précisant qu'ils ne sauraient jamais retrouver l'endroit exact (c'est du moins ce qu'ils m'on dit !). C'est dommage…, car j'aurais bien aimé étudier cette espèce afin de vérifier son identité ... » (Yves Lamoureux)

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Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Dans le chaudron : C'est avant tout sa couleur qui fait sa renommée et oriente sa magie. Le strophaire vert-de-gris entrera ainsi facilement dans la composition des charmes et des sorts en lien avec l'élément Eau, qu'il incarne tant dans sa teinte que dans sa texture. Sa viscosité lui donne l'air d'être toujours humide, comme à peine sorti de l'eau. Le bleu étant assez inhabituel dans le monde fongique, il symbolise de plus l'extraordinaire, l'unicité, l'originalité, l'esprit d'innovation et d'avant-garde.

Pour cette raison on l'emploie volontiers dans les charmes destinés à soutenir un projet audacieux, une nouvelle idée, un défi risqué, ainsi que pour affiner l'intuition, la clairvoyance et soutenir les actes de divination. Son aspect l'associe également adroitement à la magie féerique.


Le Message de l'Autre Monde : « Je suis l'unicité. Ce caractère si original, si hors du commun, qu'il ne se retrouve presque nulle part ailleurs. Je suis différent des autres, de mes semblables, mais cette différence, loin de m'isoler, fait de moi ce que je suis et construit mon identité. Regarde-moi, ne suis-je pas splendide ? Quelle envie pourrais-je avoir de me conformer à des normes qui ne me ressemblent pas, à rentrer dans un rang où je ne me sens pas à ma place ? Je suis bien mieux tel que je suis, étrange et inhabituel, car, si je suscite parfois méfiance et crainte, je ne me laisse pas oublier facilement ! »


Sortilège : Portail féérique

Si vous souhaitez entamer un travail en compagnie des êtres féeriques, par exemple pour leur rendre hommage, leur adresser des offrandes ou faire appel à un être en particulier afin de comprendre quelque chose dans votre cheminement qui ne peut être accessible sans ce genre de soutien, rassemblez un joli strophaire vert-de-gris, un trèfle à quatre feuilles (Trifolium repens), une pierre trouée (les fameuses « hagstones », ou « pierres de sorcière », que l'on trouve souvent sur le littoral marin ou dans le lit des rivières) et une branche de thym (Thymus vulgaris). Dans unjoli bol en terre cuite, préparez une offrande en versant un mélange de lait entier et de crème, que vous aurez chauffé à feu doux en fouettant sans cesse jusqu'à frémissement, et dans lequel vous délaierez une généreuse pincée de safran (Crocus sativus).

Rendez-vous à l'endroit que vous estimez fréquenté par les êtres avec lesquels vous souhaitez entrer en contact et déposez-y le vol, entouré des autres ingrédients : le strophaire à l'ouest (pour l'Eau) la pierre trouée au nord (pour la Terre), le trèfle à quatre feuilles à l'est (pour l'Air) et le thym au sud (pour le Feu). Appelez respectueusement l'esprit avec une prière de votre cru, en prenant soin de ne pas l'invoquer, mais seulement de l'inviter à venir. Laissez-lui l'opportunité de refuser, pour des raisons évidentes de politesse. Adressez-lui votre demande et laissez l'offrande en place pendant vingt-quatre heures, après quoi vous disposerez des offrandes en compostant ce qui peut l'être et en jetant le reste aux ordures ménagères, à l'exception de la pierre trouée. enfilez-la sur un cordon de coton bleu et portez-la autour du cou aussi longtemps que nécessaire pour vous connecter à l'esprit appelé et obtenir sa réponse.

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