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Le Houblon



Étymologie :

  • HOUBLON, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1407 houbelon (Arch. Nord B 10361, fol. 24 ds IGLF) ; 1444 houblon (Franchises, lois et coutumes de la ville de Lille, éd. Brun-Lavainne, p. 206). Dér. de l'a. subst. hoppe « bière houblonnée » (1391, Arch. Nord B 17473, fol. 72 ds IGLF) en usage dans les parlers du Nord et en wallon ; d'où houppe « id. » en m. fr. (1537, Maistre Hambrelin, 49 ds Recueil de Poésies Françoises, t. 13, p. 174 ); également attesté dans les textes du Nord par le composé hopembier « id. » (1340, Livre des Métiers, éd. J. Gessler, I, p. 46), du m. néerl. hoppe « houblon, bière houblonnée » ; cf. néerl. hop « houblon ». Le suff. -elon (Hainaut) est prob. tiré de l'anc. subst. judéo-fr. homlon « houblon » (xie s., Gloses du Pseudo-Guerschom, Brandin, 44 ds Lévy, Rech. lexicogr. sur d'anc. textes fr. d'orig. juive, p. 60, § 511) qui survit encore dans les toponymes des départements de l'Aisne et de la Somme (cf. FEW t. 16, p. 265a) ; de l'a. b. frq. *humilo de même sens; cf. a. nord. humli ; flam. hommel « id. ». Le lat. médiév. connaît également un topon. Humlonaria (760 ds Du Cange) et un subst. humulo « houblon » (822, ibid.). Le mot d'orig. frq. a été évincé par son concurrent néerl., ce dernier correspondant à une amélioration de la techn. de la brasserie et à l'usage du houblon dans la fabrication de la bière, venus des Pays-Bas et de Flandre. La sonorisation du p reste inexpliquée.


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Humulus lupulus ; Asperge de gueux ; Asperge sauvage ; Auberon ; Bidaoulé ; Blonchébé ; Bois du diable ; Couleuvrée des brasseurs ; Gédoublans ; Hobilhon ; Homlon ; Louatou ; Loup de terre ; Lupulin ; Obion ; Oublon ; Oûmlin ; Ponblon ; Salsepareille nationale ; Umilou ; Umblette ; Vignassou ; Vigne du nord ;

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Botanique :


Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions sur le Houblon :

Le Houblon, la mise en bière fatale ?

Faut-il ranger le Houblon dans la catégorie des plantes potagères à proprement parler ? Pas réellement non. Néanmoins, j'aime beaucoup cette volubile vagabonde, disparaissant l'hiver et pouvant atteindre cinq mètres de haut dans les quelques mois seulement qui suivent le printemps, On considère trop souvent les potagers comme des espaces de production horizontaux un peu mornes. Leur donner de la hauteur, avec quelques plantes capables de se hisser sur une pergola ou un simple câble tendu, leur apporte un volume bienvenu.

Même si l'on ne peut pas considérer le houblon, essentiellement employé pour parfumer la bière, comme une plante potagère à part entière, il est à noter que, depuis l'Antiquité en Europe, on consomme aussi ses jeunes pousses printanières teintées d'amertume, préparées à la façon des asperges. Tiens donc...

Si ce plat de début de saison est particulièrement plaisant, méfions-nous malgré tout ! Le houblon contient du lupulin, une substance oestrogénique aux vertus apaisantes à dose normale, certes, mais qui à plus forte concentration peut provoquer des troubles nerveux et sexuels véritables. Ainsi, les ouvrières et ouvriers qui travaillaient dans les houblonnières, soit à la récolte des cônes, soit à leur séchage, avaient bien remarqué les problèmes de disparition ou d'irrégularité dans les règles, de troubles nerveux et d'inappétence sexuelle ! Méfiance donc, le lupulin est un véritable anaphrodisiaque scientifiquement démontré. Est-ce pour cette raison ou pour s'endormir plus tranquillement que certaines de nos grands-mères en remplissaient leurs oreillers en affirmant que cela facilitait la venue du sommeil ? Allons savoir...

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


HOUBLON. Dans la province de Samara, en Russie, lorsqu'une nouvelle mariée est de retour de l'église, la mère de l'époux arrive tenant une poêle remplie de houblon ; elle y met le feu avec des copeaux allumés, et place cette poêle à côté du pied droit de la mariée. Celle-ci la repousse loin d'elle avec force. La cérémonie est répétée trois fois, et à chaque reprise, on ramasse un peu du houblon tombé pour le remettre dans la poêle. On observe avec soin de quelle manière cet ustensile s'est renversé si le fond se trouve en haut, c'est un présage fatal pour les jeunes mariés ; si le contraire a lieu, c'est l'augure le plus favorable.

Willemet, de Nancy, a prétendu que les fleurs du houblon placées sous l'oreiller d'un malade, l'excitaient au sommeil et lui rendaient le calme.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du houblon :


HOUBLON - INJUSTICE.

Le Houblon est appelé par les naturalistes Loup de terre, parce que ses tiges sarmenteuses étouffent les arbres et les plantes qu'elles environnent, et que la prodigieuse végétation de toute la plante épuise promptement le terrain où elle croît.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Houblon - Injustice.

Cette plante grimpante étouffe sous l’abondance de sa végétation toutes les plantes qui croissent dans son voisinage.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


HOUBLON - INJUSTICE. -

Celui qui agit injustement recevra la peine de son injustice, et Dieu ne fait point acception de personne. Quiconque est injuste dans les petites choses, l'est aussi dans les grandes.

Colossiens, 111, 25 ; Luc, XVI, 10.

Le houblon est une plante vivace indigène, dont les tiges sont volubiles et d'un peu plus d'un mètre. Ses feuilles sont larges, petiolées, échancrées en cœur à leur base, ses fleurs forment de petites grappes d'un joli aspect par la couleur dorée et brillante des étamines. On rencontre cette plante dans les lieux ombragés et incultes, au bord des bois, dans les buissons. Il croît naturellement dans les Pyrénées, aux environs de Lyon et de Paris. Comme le houblon est très vorace , qu'il use promptement le terrain dont il s'empare, et qu'en outre il étouffe les arbrisseaux qui le soutiennent, on en a fait l'emblème de l'injustice.


DU HOUBLON.

Le houblon est une plante cultivée avec beaucoup de soin dans plusieurs contrées de l'Europe, à cause des grands avantages que l'on en retire. Ses cônes qui en sont la partie la plus usuelle se font remarquer par une amertume vive, par une odeur forte, pénétrante et comme alliacée. On voit sur la graine et l'écaille calicinale qui lui sert d'enveloppe, de petits grains brillants, jaunâtres et très résineux qu'on a nommé lupuline. Ces petits grains lorsqu'ils sont séparés, forment une sorte de poussière, composée d'huile volatile, de résine et d'un principe amer, et dans laquelle réside les propriétés actives de cette plante ; or, on a conclu de ces qualités que le houblon devait agir comme tonique sur l'économie animale et comme narcotique sur le système nerveux, d'où résultent ses propriétés stomachiques, apéritives, etc. Ses usages économiques sont très importants. Chacun sait que ces cônes sont employés par les brasseurs pour la préparation de la bière. On les fait bouillir dans le moût ; ils ralentissent la fermentation de cette liqueur, l'empêchent d'aigrir et lui donnent la facilité de se conserver longtemps : ils lui impriment de plus une saveur amère, franche, agréable, et un arôme particulier qui en facilitent la digestion et les rendent une boisson très salutaire. On soupçonne que le houblon concourt beaucoup à la qualité enivrante de la bière, et l'on a observé que cette boisson était d'autant plus enivrante qu'elle en a contenait une plus grande quantité . Aussi cette plante est-elle l'objet d'une culture très étendue en Angleterre, en Belgique, en Flandre, en Picardie. Dans le nord de l'Allemagne et dans plusieurs autres contrées, on mange en salade, ou préparées à peu près comme les asperges, les jeunes pousses du houblon. Ses sarmants, ramollis par la macération dans l'eau, fournissent aux cultivateurs des liens utiles à une foule d'usages particuliers : on pourrait également dans des cas de nécessité, en retirer de la filasse pour la fabrication des cordes et de divers tissus. On cultive le houblon dans les jardins pour en garnir les tonnelles, les berceaux, les treillages, etc. Embellies par son beau feuillage, par ses belles grappes de fleurs mâles, ces retraites agréables le sont encore par les cônes nombreux et pendants panachés de vert et de brun qui produisent un effet très pittoresque, surtout lorsqu'on place cette plante auprès d'un arbre dont elle entoure le tronc et les branches.

Nous ignorons l'époque précise où le houblon a été cultivé comme plante économique ; mais nous savons qu'on le cultivait en Flandre depuis assez longtemps, lorsqu'il fut introduit en Angleterre sous le règne de Henri VIII, vers l'an 1542.

RÉFLEXION.

On blâme l'injustice , non pas par l'aversion que l'on a pour elle, mais pour le préjudice que l'on en reçoit.

(Mme DE LA SABLIERE.)

 

D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


HOUBLON. — En Russie, on couvre la tête de la jeune mariée de feuilles de houblon, en signe de joie, d’ivresse et d’abondance. D’après Karamsin (Histoire de la Russie, 6e vol.), cet usage existait déjà en Russie au XVe siècle. La feuille de houblon est devenue proverbiale chez les Russes, comme la feuille par excellence. En l’année 985, le roi Vladimir de Russie signa la paix avec les Bulgares, en promettant de la garder jusqu’au temps où la pierre surnagerait sur l’eau et la feuille de houblon coulerait au fond.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Houblon (Humulus lupulus) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mars

Élément : Air

Pouvoirs : Guérison ; Sommeil.


Utilisation magique : Les fleurs de Houblon forment des chatons globuleux qui le transforment pendant la fructification (septembre) en gros cônes ovoïdes recouverts d'une poussière jaune doré résineuse, odorante et amère : le lupulin. Ce sont ces cônes qui nous intéressent, ceux-là même qu'emploient les brasseurs pour colorer et aromatiser la bière.

Un oreiller bourré de ces cônes frais, qu'il faut renouveler fréquemment, donne un sommeil paisible, réparateur, exempt de cauchemars. Tant que dure la cure, toutefois, la sexualité devra être momentanément mise au repos elle aussi : le lupulin est anti-aphrodisiaque.

Mais c'est principalement dans les rituels de guérison que le Houblon a trouvé sa place; on suspend des rameaux fleuris au-dessus du lit où repose la personne souffrante, ou encore on brûle les cônes résineux dans la chambre du malade.

Dans un conte anglais, il est question d'une jeune fille que son frère a abandonnée dans la forêt pour lui voler sa part d'héritage. Il en est puni, car une érine qui lui est entrée dans le pied devient un Houblon grimpant qui l’enlace et se colle à lui partout où il va. Sa sœur, après diverses aventures, retrouve son frère et lui enlève l'épine. Le Houblon monstrueux meurt aussitôt. Mais le garçon est stérilisé à vie : jamais il ne pourra avoir d'enfants ; jamais il ne pourra satisfaire une épouse.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Le houblon symbolise joie et bonheur et les fiancés d'Europe centrale s'en tressent des couronnes pour protéger leur amour. Ses graines dans un verre d'alcool ont le même effet et remédient à la tristesse.

Cette plante grimpante aux fleurs roses et vertes a un fort pouvoir de guérison : il faut en suspendre les rameaux fleuris au-dessus du lit d'un malade ou en brûler les fleurs ou cônes dans sa chambre. Placés sous l'oreiller, ces mêmes cônes, dont l'action hypnotique serait aujourd'hui attestée, remédient de façon efficace aux insomnies. On compose encore de tels oreillers dans le Nord, l'est de l'Europe et en Angleterre. Selon une croyance américaine, dormir sur un oreiller de houblon garantit une bonne santé.

Dans la province russe de Samara, la plante servait à prédire la destinée des jeunes mariés. A la sortie de la messe de mariage, la mère du marié plaçait à côté du pied droit de la mariée une poêle emplie de houblon et de copeaux. La jeune femme devait la rejeter trois fois. Si la poêle se renversait, c'était un présage funeste pour le jeune couple ; si l'inverse se produisait, l'augure était très favorable.


Bière : La bière était un breuvage d'immortalité en Égypte ancienne - vivants, morts et dieux l'appréciaient - ainsi que chez les Celtes, où elle jouait un grand rôle : « La bière, brassée par le forgeron divin Goibniu, est la boisson de souveraineté ». La classe guerrière en buvait en grande quantité lors des grandes fêtes.

En Flandre et en Wallonie, on a longtemps prêté des vertus rajeunissantes à la « bière de nouvel an », tandis que la bière de mars est réputée se conserver plus longtemps que les autres bières.

Pour les Anglo-Saxons, de la bière qui se répand près de quelqu'un attire la chance vers lui tandis qu'une bouteille de bière posée sur un piano ou sur un orgue porte bonheur.

Selon un rite anglais, quand la bière est brassée, on fait une croix sur la levure qui flotte à la surface de la cuve, ou on jette dedans quelques cendres chauffées à blanc : cela protège de la sorcellerie.

Placer une pièce de monnaie sur les barils (ou des barres de fer) empêche l'orage de rancir la bière.

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Selon Pierre Dubois et René Hausman qui ont écrit et illustré L'Elféméride, Le grand légendaire des saisons - Automne-Hiver (2013),


"Le houblon pousse librement sur les taillis, les haies, mais c'est dans les houblonnières qu'on le cultive. Imaginez le plat pays flamand, ses fermes proprettes, aux murs de briques blanchis, les toits de tuiles rouges, les gros cochons au pré, les champs protégés de saulaies et de peupleraies, de loin en loin des ailes de moulin, des flèches de clocher... Et puis, comme oasis septentrionales, de sages rangées de longues perches entortillées jusqu'au toupet d'un fuseau feuillu qui ne fleurit qu'une fois par an. c'est en septembre que l'on cueille la fleur femelle : un petit cône vert pâle dont les écailles recèlent une poussière jaune fort aromatique appelée joliment "lupulin".

Du haut de son balcon céleste, chope en main, le regretté poète et glorieux chantre de la bière Ronny Coutteure, remémore à ses disciples que c'est pour faire la nique à l'Eglise, en l'occurrence le prince-évêque de Liège qui détenait le droit du gruyt, ce mélange d'herbe et d'épices, raifort, laurier, baies de genévrier, marjolaine, myrte, pouliot, sauge, genêt, buis, lupin, trèfle d'eau, écorce de chêne, feuille de frêne, anis et menthe parfumant la cervoise, que le houblon sauvage s'est trouvé cultivé. Désormais, la cervoise prendra le nom de "bière", du mot "Si l'orge est le corps de la bière, l'eau son sang, le houblon en est l'âme." On sait que les Roussalki, ces nymphes russes de l'eau, se couronnaient de tresses de houblon afin de séduire les jeunes gens - ils en oubliaient leurs fiancées et, "enfaytés", les suivaient dans leur royaume d'ondines.

Et emplir les oreillers de houblon amène le dormeur à faire de beaux et interminables rêves."

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