Brun
- Anne
- 9 févr. 2017
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Dernière mise à jour : il y a 6 jours
Étymologie :
BRUN, UNE, adj.
ÉTYMOL. ET HIST. − A.− Adj. 1. Ca 1100 « poli, luisant » (Roland, éd. Bédier, 1043) − fin xiiie s., Adenet Le Roi, Beuve de Commercy, 2756 dans T.-L. ; 2. ca 1100 « d'une couleur sombre, entre le roux et le noir (en parlant notamment du teint) » (Roland, 3821), employé substantivement p. ell. pour désigner une personne au teint et aux cheveux bruns (fin xiie s. G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 1970 dans T.-L.). B. − Subst. 1. 1350-75 « couleur brune » (Espinas, Pirenne, Rec. documents relatifs à l'hist. de l'industr. drapière en Flandre dans IGLF Techn.) ; 2. p. ext. 1502 « substance de cette couleur en peinture » (G. Cohen, Livre de conduite du régisseur, p. 515 dans IGLF Techn.). Du germ. *brūn « brun » (corresp. à l'all. braun) introduit dans la Romania, prob. par les mercenaires germ. qui l'ont peut-être employé pour qualifier des chevaux (Brüch, p. 100) ; latinisé en brunus, attesté au vie s. par Isidore (cité par Kluge dans Z. rom. Philol., t. 41, 1921, p. 679 ; Sofer, Lateinisches und Romanisches aus den « Etymologiae » des Isidorus von Sevilla, Göttingen, 1930, p. 173 met en doute l'attribution de cette glose à Isidore) et au viiie s. dans les gloses de Reichenau (éd. Foerster et Koschwitz, Altfranzösisches Übungsbuch, col. 27, leçon du ms. de Karlsruhe 86, viiie s.).
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Symbolisme :
Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"Le brun se situe entre le roux et le noir, mais tirant sur le noir. Il va de l'ocre à la terre foncée. Le brun est, avant tout, la couleur de la glèbe, de l'argile, du sol terrestre. Il rappelle aussi la feuille morte, l'automne, la tristesse. Il est une dégradation et comme une mésalliance des couleurs pures.
Chez les Romains comme dans l’Église catholique, le brun est le symbole de l'humilité (humus = terre) et de la pauvreté, qui incitent certains religieux à se vêtir de bure.
Mais la couleur brune (donn) est en Irlande un substitut du noir, dont elle a tout le symbolisme, infernal ou militaire.
Le brun s'apparente aussi aux excréments ; la prédilection des sadiques pour le brun - par exemple, les chemises brunes hitlériennes - semble confirmer les observations de Freud sur le complexe anal, évoqué, par cette couleur."
Selon Reynald Georges Boschiero, auteur du Nouveau Dictionnaire des Pierres utilisées en lithothérapie, Pour tout savoir sur les Pierres et les Énergies subtiles (Éditions Vivez Soleil 1994 et 2000, Éditions Ambre 2001),
Les couleurs tertiaires "sont des couleurs issues du mélange des trois couleurs primaires. Selon le dosage de chacune de ces couleurs elles varient du brun violacé à l'ocre jaune en passant par le marron rouge. Ces teintes sont si nuancées qu'il est difficile de leur attribuer une personnalité bien tranchée. Nous n'en dégagerons que des tendances qui, toutes, ont une certaine propension au raisonnable, à l'apaisement.
Le brun (plus sombre que l'ocre, jusqu'à des nuances violacées) : C'est la couleur de la terre, de l'enracinement au sol. Elle révèle une personnalité stable et forte. Elle est patiente, endurante mais sans avoir le sens de l'effort, responsable, économe mais généreuse.
Lorsque le brun est nuancé de violet, c'est une couleur de grande sagesse, de la maîtrise intellectuelle, des concepts philosophiques acquis, d'une grande culture littéraire et artistique vis-à-vis de laquelle on a déjà pris ses distances. On pourrait dire qu'elle est un peu blasée.
Les pierres brunes : quartz enfumé - certains jaspes."
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Le brun, qui se situe entre le roux infernal et le noir des ténèbres, est synonyme de tristesse et, dans sa teinte foncée, de douleur profonde. Il rappelle également la feuille morte et est associé au mois de novembre, c'est-à-dire à la fin de l'automne et à la mort de la végétation. Frédéric Portal fait d'ailleurs de la teinte feuille-morte le symbole de la « mort spirituelle » ou de la « dégradation morale ». Dans l'Antiquité et encore au Moyen Âge le tanné (brun clair), ou brun, était signe de deuil.
Parallèlement, le brun couleur de la terre et de l'argile, est l'emblème de l'humilité, d'où les robes brunes adoptées par plusieurs ordres religieux, signifiant leur renonciation au monde.
Le brun ou le marron est maléfique pratiquement pour tout le monde, à l'exception des militaires, des mineurs et des carriers dans l'exercice de leur fonction. Certains prétendent toutefois que le brun convient parfaitement au signe de la Vierge « pudique et modeste » : cette couleur lui « permettra de passer inaperçu aux yeux des autres, d'agir dans l'ombre projeté par le soleil, efficacement bien que sans bruit ». Le marron, quant à lui, est particulièrement destiné aux natifs du Capricorne auxquels il donnera la persévérance.
Signalons encore que « le brun s'apparente aussi aux excréments ; la prédilection des sadiques pour le brun - par exemple, les chemises brunes hitlériennes - semble confirmer les observations de Freud sur le complexe anal, évoqué par cette couleur ».
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Littérature :

La nouvelle désormais classique pour lutter contre les extrémismes de droite : Matin brun (Éditions du Cheyne, 1998) de Franck Pavloff.
Extraits : Pour les chats, j’étais au courant. Le mois dernier, j’avais dû me débarrasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir. C’est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d’après ce que les scientifiques de l’État national disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu’ils s’adaptaient mieux à notre vie citadine, qu’ils avaient des portées peu nombreuses et qu’ils mangeaient beaucoup moins. Ma foi, un chat, c’est un chat, et comme il fallait bien résoudre le problème d’une façon ou d’une autre, va pour le décret qui instaurait la suppression des chats qui n’étaient pas bruns. Les milices de la ville distribuaient gratuitement des boulettes d’arsenic. Mélangées à la pâtée, elles expédiaient les matous en moins de deux. Mon cœur s’était serré, puis on oublie vite.
[...]
Par mesure de précaution, on avait pris l’habitude de rajouter brun ou brune à la fin des phrases ou après les mots. Au début, demander un pastis brun, ça nous avait fait drôle, puis après tout, le langage c’est fait pour évoluer et ce n’était pas plus étrange de donner dans le brun, que de rajouter putain con, à tout bout de champ, comme on le fait par chez nous. Au moins, on était bien vus et on était tranquilles. On avait même fini par toucher le tiercé. Oh, pas un gros, mais tout de même, notre premier tiercé brun. Ça nous avait aidés à accepter les tracas des nouvelles réglementations.
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