Étymologie :
CARDAMINE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1545 (Guill. Guéroult, Hist. des plantes, 487 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 294). Empr. au gr. κ α ρ δ α μ ι ́ ν η « id. » (1ers., Dioscoride ds Liddell-Scott) ou à la forme latinisée cardamine « id. » (408, Marcellus ds TLL s.v., 440, 66) ; v. André Bot., p. 71.
Lire également la définition du nom cardamine afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Cardamine amara - Cardamine amère -
Cardamine pratensis - Bouquet du loup - Cardamine des champs - Cardamine des prés - Cresson des prés - Cresson élégant - Cresson sauvage - Cressonnette - Faux cresson - Hitte d'aguesse - Passerage sauvage - Petite dentaire - Saint-Georges -
Botanique :
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Dentaire :
Propriétés Physiques. Les tiges et les feuilles sont inodores, d'une saveur amère, piquante, un peu âcre, qui rappelle celle du cresson de fontaine. A l'analyse elles donnent les mêmes produits. Les fleurs ont la même saveur et quand elles sont fraîches elles ont une odeur un peu piquante ; sèches elles sont inodores et insipides.
Usages médicaux. . Cette plante jouit de propriétés médicales analogues à celles du cresson de fontaine et du cochléaria. Elle possède les propriétés antiscorbutiques de ces plantes, mais à un degré plus faible. On a dit les fleurs diurétiques, antispasmodiques ; on les employait dans la chorée, l'hystérie, l'épilepsie, l'asthme spasmodique (Georges Baker). Le suc s'administrait en gargarisme antiscorbutique. La plante entière est alimentaire dans quelques contrées.
Formes et doses. Feuilles pulvérisées : 1 à 4 grammes. Infusion, décoction : 30 à 60 grammes par kilogramme d'eau, Suc exprimé : 50 à 100 grammes.
Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Les botanistes et les alpinistes qui ne se font pas accompagner de porteurs chargés de mets variés, et se contentent de pain et de viande froide, sont heureux de l'assaisonner sur la montagne avec des feuilles des crucifères ayant le goût du cresson. « Pour mon compte, à la montagne, m'écrit M. Christ, quand je dîne sur le pouce avec un morceau de rôti sec, je cherche toujours une salade au ruisseau voisin, et je vous assure que Hutchinsia alpina [Hutchinsie des Alpes ; Cresson de chamois] et Cardamine amara font une salade exquise à une altitude où le cresson ne se trouve plus. »
Aux plantes citées par mon aimable correspondant, j'ajouterai pour en avoir souvent goûté dans mes ascensions, le Sisymbrium austriacum dans les régions subalpine et alpine, et les Cardamine resedifolia et alpina, Arabis coeruloea, Braya pinnatifida et même Brassica richerii dans la région alpine.
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Croyances populaires :
Solenne Gable, dans son mémoire de master intitulé Pratiques et savoirs de l’herbe. Des producteurs de munster (Vosges) sous influences multiples. (AgroParisTech, 2013) rapporte que :
La cardamine [Cardamine des prés (Cardamine pratensis L.)], Wiesaschauernkrüt en alsacien (littéralement « l’herbe moussante des prés »), est également une plante de printemps. Deux fermiers m’ont expliqué qu’il fallait y faire attention lorsqu’elle poussait car « quand il y en a beaucoup au printemps, il n'y aura pas de foin » (André, le 26/06/13) ou, petite nuance, « quand ça fleurit avant l'herbe c'est qu'il n'y aura pas beaucoup d'herbe. » (Ziegler, le 07/06/13).
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Littérature :
Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi la cardamine :
5 mai
(Fontaine-la-Verte)
Devant la maison, les cardamines resserrent les géométries bien peignées de leurs feuilles, et font fumer les volutes de leurs fleurs de brouillard mauve. Chacune de ces dernières donne à voir un pistil d'enluminure, six étamines de soufre, quatre pétales aux veines violet pâle, et quatre sépales solubles dans l'atmosphère.
(En tournant la tête à droite : )
Dans la prairie d'herbes fraîches, le mauve laiteux des cardamines, l'or des renoncules et la blancheur des pâquerettes composent une peinture d'une simplicité absolue. Mon œil boit le jus vivant des plantes.
(En tournant la tête à gauche : )
Sur la pâle cardamine, le papillon aurore de la cardamine immobilise ses ailes de vitrail que deux soleils orange illuminent. On dirait que l'insecte veut recommencer ses métamorphoses à l'envers, sur la plante même qui l'a nourri quand il était larve. Ce soir, il sera chrysalide, demain chenille. Après-demain, il sera redevenu l'œuf qu'il pondait en commençant son rêve. Ourobouros. Roue du temps.
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