Étymologie :
CHRYSALIDE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1593 « forme intermédiaire entre l'état de chenille et celui de papillon » (J. Bauhin, Traicté des animauls, aians ailes, qui nuisent par leurs piqueures ou morsures ; avec les remedes, p. 30, cité par Arveiller ds Mélanges Franck, 1957, p. 12) ; 2. 1814 fig. (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, p. 369 : Lorsque dégagé de ma chrysalide, les ailes de mon ame seront développées par la mort). Empr. au lat. impérial chrysalis, -idis, sens 1, transcr. du gr. χ ρ υ σ α λ λ ι ́ ς; dér. du χ ρ υ σ ο ́ ς « or » en raison de l'aspect de certaines chrysalides.
Lire également la définition du nom chrysalide afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Symbolisme :
Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on apprend que la chrysalide est le :
Symbole du lieu des métamorphoses, à rapprocher de la chambre secrète des initiations, de la matrice des transformations, des tunnels, etc. Plus encore qu'une enveloppe protectrice, elle représente un état éminemment transitoire entre deux étapes du devenir, la durée d'une maturation. Elle implique le renoncement à un certain passé et l'acceptation d'un nouvel état, condition de l'accomplissement. Fragile et mystérieuse, comme une jeunesse riche de promesses, mais dont on ne sait exactement ce qui en sortira, la chrysalide inspire respect, soin te protection. C'est l'avenir imprévisible qui se forme, un symbole de l'émergence en biologie.
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D'après Dorina Loredana Popi, auteure de L’IMAGINAIRE DES BIENVEILLANTES (SESSION PLÉNIÈRE, p. 240) :
[...] Dans Symboles de l’intimité Durand fait référence au complexe du retour à la mère qui inverse et surdétermine la valorisation de la mort.
On apprend que bien des peuples ensevelissent les morts dans la posture du blottissement fœtal voulant ainsi anéantir la terreur éprouvée, la mort se mue en repos primordial. Les mots de l’analyste du repos et de ses rêveries sont révélateurs pour l’association de la mort et de l’espace d’avant la naissance : « ventre maternel, sépulcre comme sarcophage sont vivifiés par les mêmes images : celles de l'hibernation des germes et du sommeil de la chrysalide. » (DURAND, 1992 : 270). Il s’agit, selon Durand, d’un « Jonas de la mort », de l’emboîtement des tombes (ibidem).
Le texte de Littell rejoint l’image qui associe sommeil, repos, mort par la présence de la chrysalide, la larve invoquée par l’écrivain dans les premières lignes de son récit. La chrysalide rappelle cet état transitoire entre deux étapes du devenir, la condition de l’accomplissement étant le renoncement à un passé et l’acceptation d’un nouvel état, mais le directeur de l’usine de dentelle, ancien SS ne peut pas accéder à une nouvelle étape de sa vie, il ressent la présence des Érinyes, il est accablé par le passé qui l’habite. Devenu chrysalide à la vieillesse, il ne peut pas quitter le cocon, la résurrection, la sortie du tombeau n'a pas lieu.
« Et puis le temps passe, la nymphose ne vient pas, on reste larve, constat affligeant, qu’en faire ? » (LITTELL, op. cit. : 11).
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Mythologie :
Dimitri KARADIMAS, dans l'article intitulé : "La métamorphose de Yurupari : flûtes, trompes et reproduction rituelle dans le Nord-Ouest amazonien" paru dans le Journal de la Société des Américanistes, 2008, vol. 94, no 94-1, pp. 127-169 expose un mythe de création miraña :
La proto-création miraña : Dans le mythe miraña évoquant la création de la terre première, différente de l’actuelle, il est fait référence à un processus de métamorphose.
Issu du néant, l’ensemble des premières phases de la création est présenté comme un processus physiologique relatif à la procréation. L’acte initial décrit est de « ficher » ce qui sera la première terre, c’est-à-dire de la « planter » ou, bien plus, qu’elle se fiche elle-même. Le verbe ú’pétsò exprime l’action de « ficher », comme celle de planter une bouture de manioc dans la terre. Cette action peut aussi renvoyer à celle d’une chrysalide qui « fiche » son extrémité inférieure dans un coussin de soie qu’elle a tissé sur une branche. Son extrémité inférieure est garnie de petits dards qui se plantent et lui permettent de se maintenir suspendue : dans le mythe, la proto-création est comparée à cette action.
Dans la suite du mythe, il est question d’un « enveloppement » du monde : l’utilisation du lexème tó’àrádè souligne le caractère sexuel, agricole et végétal d’une semence ou d’une épine plantée et contenue. La transformation s’effectue ensuite rapidement : la « terre » du créateur prend une position accroupie ou fœtale, puis la forme d’un escargot dont la coquille en colimaçon est comparée par les Miraña à l’enroulement de l’écorce d’une trompe de Yurupari (úúhádjì). Ces éléments font référence à l’image d’une chrysalide. L’abdomen par l’extrémité duquel elle est suspendue rappelle une coquille d’escargot car il est divisé en plusieurs segments de taille croissante et s’élargit de façon conique. Le son que produit cette « conque » mythique, terre du créateur, est similaire à celui des trompes. Cet escargot est ainsi comme le Yurupari du monde sur lequel vient prendre place le créateur. Le son de la trompe semble augmenter en même temps que la coquille qui va former le lieu sur lequel le créateur prendra place. Le créateur prend corps dans la coquille de cet escargot – formulation imagée qui ne manque pas d’évoquer ce qui se réalise à l’intérieur de la chrysalide –, puis sort de celle-ci et prend place sur elle. L’exuvie devient sa première « terre ». Chez les Miraña, dans le rituel de Yurupari, la trompe fait penser à une chrysalide. Dans ce mythe, la première manifestation du démiurge se fait par la voix qui duplique celle du son produit par une « coquille d’escargot » et peut être comparé à celui des trompes de Yurupari. Le son des trompes est comme un son de conque : il donne naissance. Le créateur n’existe que par ce son qui est sa voix. La suite du mythe décrit le développement de ce fœtus divin dans ce qui apparaît comme une matrice cosmique ou, pour le moins, une « proto-matrice », c’est-à-dire un lieu de gestation sans corps, un « sac de gestation » sans corps pour le contenir.
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Littérature :
Michaël Giguère, dans un article intitulé "Projets autour de « L’Homme Chrysalide »." (© 2006 - Michaël Giguère – Jimmysabater.com ) propose une réflexion sur la métaphore de la chrysalide en lien avec le symbolisme astrologique et ésotérique : à lire ici.
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