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L'Asclépiade

Dernière mise à jour : 10 mars




Étymologie :


  • ASCLÉPIADE, subst. fém.,

ÉTYMOL. ET HIST. − 1545 bot. asclepias « plante vivace à graines soyeuses » (G. Guéroult, Hist. des plantes ds DG, sans ex.); 1823 asclépiade (Boiste). Empr. au lat. asclepias, asclepiadis « dompte-venin officinal (vincetoxicum officinale, Moench) », (Pline, Nat., 27, 35 ds TLL s.v. Asclepius, 768, 14), v. André Bot., p. 43. La forme féminine est une francisation à partir du rad. du génitif à l'aide du suff. -ade* (p. anal. avec salade, grenade ?).


Lire également la définition du nom asclépiade afin d'amorcer la réflexion symbolique. L'homonymie est particulièrement intéressante...


Identification : Asclepias syriaca - Asclépiade commune - Asclépiade de Syrie - Cheveux de loup - Herbe à la ouate - Herbe aux perruches -

Asclepias vncetoxicum - Asclépiade blanche - Dompte-venin - Herbe de Saint-Laurent -

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Botanique :


Les asclépiades sont la source exclusive de nourriture pour les larves de papillons monarques (Danaus plexippus) en Amérique du Nord.

 

Frédéric Roux, présente dans une "Notice sur une plante textile communiquée à la Société Murithienne (Réunion de Lavey-les-Bains, 1877)". (Bulletin de la Murithienne, 1877, n°7, p. 28-30) l'asclépiade de Syrie :


Asclepias syriaca L., appelée aussi Herbe à la ouate, est originaire de l'Amérique du Nord et non de la Syrie, comme son nom, imposé par erreur, pourrait le faire croire. Decaisne, pour éviter toute confusion, l'a appelée Asclepias Cornulti, en mémoire de Gornuti, qui, en 1665, décrivit les plantes du Canada.

Cette plante présente une souche vivace longuement traçante; des tiges annuelles herbacées, épaisses, dressées, simples ou très rarement rameuses, pubescentes et s'élevant jusqu'à près de deux mètres, quand le terrain est frais ; les feuilles opposées, ovales, elliptiques, sont courtement acuminées, glabres en dessus, pubescentes en dessous, brièvement pétiolées, à nervures secondaires parallèles; les pédoncules exlra-axillaires ou terminaux supportent des ombelles formées de nombreuses petites fleurs rougeâtres, odorantes, à lobes de la corolle ovales, trois ou quatre fois plus courts que les pédicelles; les follicules ovales, enflés, tomenteux, sont hérissés de pointes molles inégales ; les graines sont fixées sur un placenta longitudinal et portent au sommet des aigrettes longues et brillantes. Toute la plante contient un suc laiteux abondant, dont les propriétés n'ont, à ma connaissance, pas encore été étudiées.

Les tiges de l'Asclepias, outre qu'elles ont deux ou trois fois l'épaisseur de celles du chanvre, présentent une couche de tissu fibreux proportionnellement plus forte, et si nous établissons un parallèle entre ces deux plantes, nous croyons que l'avantage est à l'Asclepias.

[...] L'Asclepias, comme toutes les plantes vivaces, croît lentement et ne donne de fleurs et de fruits que la 4e ou 5e année ; encore chaque tige porte-t-elle à peine trois ou quatre fruits, malgré ses nombreuses fleurs ; mais une fois en train la plante se propage sans secours.

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Vertus médicinales :


Pierre-Joseph Bic'hoz, médecin de Monsieur et auteur de Etrennes du printemps, aux habitans de la campagne, et aux herboristes, ou pharmacie champêtre, végétale & indigène, à l'usage des pauvres & des habitans de la campagne (Lamy libraire, Paris, 1781) recense les vertus médicinales des plantes :


Racine d'Asclépias ou Dompte-venin . Cette racine passe pour alexitère, sudorifique, apéritive & hystérique.

 

Charles Sigisbert Sonnini dans son Traité des asclépiades, particulièrement de l'asclépiade de Syrie : précédé de quelques observations sur la culture du coton en France (F. Buisson Libraire, 1810) évoque les propriétés thérapeutiques de deux espèces d'asclépiade :


Asclépiade blanche - C'est la racine de cette asclépiade qui a été longtemps d'un fréquent usage dans les pharmacies, sous la dénomination de racine d'herbe aux hirondelles, ou de dompte-venin. Frédéric Hoffmann reconnaissait, dans cette racine, quelque vertu anodine, et il la croyait propre à lever les obstructions, à provoquer la sueur, les urine , les menstrues. Sa décoction provoque un léger vomissement, selon Burr et Geoffroy. Jean Bauhin assure que, bouillie dans du vin, et appliquée à la plante des pieds, elle fait sortir, par la sueur, l'eau qui s'amasse sous la peau. Burr regarde cette même décoction comme très utile aux hydropiques. Stahl faisait entrer la racine dans sa poudre anti-hydropique. L'infusion dans de l'eau a été vantée par Tournefort, comme un bon emménagogue, et la poudre comme propre à déterger les ulcères. Plusieurs auteurs l'ont recommandée dans les fièvres malignes et même dans la peste , ce qui a fait appeler cette racine le contrayerva des Allemands. Par la même raison, elle a été mise en usage pour faire sortir les boutons de la petite-vérole, etc. Elsner l'employait en décoction dans les écrouelles, etc. , etc.

Soit que la médecine ait découvert des remèdes plus énergiques contre les maladies dans lesquelles on sait qu'elle a prescrit la racine de l'asclépiade blanche, soit que la mode qui, ne s'attachant pas exclusivement aux choses frivoles, étend sa volage autorité sur les matières les plus graves, la racine et les autres parties de l'asclépiade blanche sont à peu près abandonnées. Cependant on ne peut disconvenir que ces substances n'aient des vertus médicinales bien constatées. Un savant professeur de Lyon, le docteur Gilibert, donne souvent avec succès la décoction de la racine récente pour guérir les dartres, l'hydropisie, les écrouelles et la suppression des menstrues. Dans le pays de Liège, dit Willemet, on fait fréquemment usage des feuilles de cette asclépiade, à la dose de trente à quarante grains, infusés dans un verre d'eau, comme d'un vomitif doux. Voilà donc un excellent substitut de l'ipecacuanha.

[...]

Je ne m'étendrai point au sujet des propriétés médicinales de l'asclépiade de Syrie, ce sont assurément ses moindres avantages. Presque toutes les plantes du même genre sont remplies d'une espèce de lait plus ou moins âcre, plus ou moins corrosif. Ce n'est que dans un très petit nombre d'asclépiades que ce suc laiteux peut être pris à l'intérieur sans danger. Des médecins ont prescrit ce lait, d'autres en ont condamné l'usage ; les premiers purgeaient avec l'infusion à froid et à petite dose, des graines, des racines et de l'écorce ; en augmentant la dose, ils la rendaient vomitive. Les seconds ne permettaient l'usage du suc de la plante qu'à l'extérieur et comme un dépilatoire. Le plus sûr est de s'en passer ; la matière médicale est assez riche sans chercher à y introduire des substances suspectes. La seule propriété qui paraisse constatée, réside dans les feuilles de l'asclépiade de Syrie : appliquées crues et pilées, ou cuites dans l'eau, ces feuilles guérissent quelquefois les humeurs froides.

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Dans « Le Mal de terre, médecine traditionnelle amérindienne et dermatologie » (In : Progrès en dermato-allergologie : Besançon 2012, 2012, vol. 18, congrès organisé par Martine Vigan, p. 95) [auteur invisible sur Google] nous révèle quelques usages oubliés :


Asclepais syriaca (asclépiade, common milkweed) : En dépit de son nom scientifique, cette plante herbacée est bel et bien d'origine nord-américaine. Sa sève laiteuse contient des enzymes protéolytiqques et glycosides toxiques. Les racines séchées étaient pulvérisées et saupoudrées comme hémostatique sur les plaies. Les Cherorkees, Iroquois et Rapahhannooks utilisaient la sève pour traiter les verrues, la teigne, et les piqûres d'abeille.




Autres usages traditionnels :


Charles Sigisbert Sonnini dans son Traité des asclépiades, particulièrement de l'asclépiade de Syrie : précédé de quelques observations sur la culture du coton en France (F. Buisson Libraire, 1810) évoque également l'intérêt de l'Asclépiade de Syrie dans d'autres domaines :


On peut néanmoins conjecturer que l'asclépiade de Syrie n'a pas une qualité fort caustique, puisque les Américains, au rapport de Schæpf, mangent les jeunes pousses de cette plante, comme les asperges. Les Canadiens retirent, des fleurs, un sucre brun de bonne qualité, et aussi utile qu'agréable aux abeilles. Une propriété curieuse de ces mêmes fleurs, dont la découverte récente est due au docteur anglais Barton, c'est qu'elles attrapent les mouches qui s'y posent, attirées par le suc mielleux qu'elles contiennent. Ce n'est la viscosité de ce suc qui retient ces insectes, mais ils se trouvent arrêtés par de petites valvules, douées d'irritabilité. Plus de soixante mouches furent prises de celle manière en un instant, sous les yeux du docteur Barton ; en sorte qu'indépendamment de la beauté et de l'utilité de l'asclépiade de Syrie, la multiplication de celle plante peut contribuer efficacement à la diminution d'une espèce d'insectes incommodes.

On peut encore exprimer une huile très bonne des graines de cette plante.

Ce ne sont là que de faibles accessoires de produits plus importants et vraiment précieux, savoir ; la matière douce et soyeuse des gousses de l'asclépiade, et la filasse de ses tiges.

La substance des houppes ou aigrettes qui surmontent les semences, tient de la soie et du coton, mais elle approche plus de l'une que de l'autre. Sa finesse est extrême, et bien supérieure à celle du coton ; son éclat est d'un brillant éblouissant, et sa longueur de plus d'un pouce ; quoique beaucoup moins élastique que le coton, cette matière n'est pas entièrement dépourvue d'élasticité, et elle deviendrait la rivale de la soie, s'il était possible de la file , sans mélange, en fils aussi égaux que solides. On doit juger combien une pareille production, dont le prix serait modique, présente d'avantages pour l'économie et les fabriques.

[...] De temps immémorial, les aigrettes de l'asclépiade servent, en Syrie et en Égypte, à ouater les habits et à garnir les coussins et les lits. C'est l'usage le plus simple que l'on puisse faire de cette matière. Voici la meilleure méthode de l'employer. On commence par débarrasser les aigrettes soyeuses des semences auxquelles on sait qu'elles sont attachées. Ce travail est très facile, principalement lorsque les gousses viennent d'être cueillies, et qu'elles ne sont pas encore trop sèches. Des enfants suffisent pour celte petite opération, et chacun d'eux peut aisément éplucher 400 gousses en une journée d'automne. On fait ensuite sécher la soie dans des sacs de toile fine, au soleil ou près d'un poile, dont la chaleur la fait friser et lui donne une élasticité parfaite. On la remue encore une fois avec les mains, et on la bat avec des baguettes très minces, afin de faire tomber les nœuds qui unissent quelque fois les aigrettes près des graines. C'est à ces précautions que se réduit la préparation de la soie de l'asclépiade, pour lui donner une mollesse et une élasticité comparables à celles de l'édredon. Les coussins et les matelas formés de celle soie, sont très légers et très commodes en voyage ; un lit complet de cette nature peut se placer dans une malle de cinq à six pieds cubes, et ne pèse que huit ou neuf livres. Il peut arriver à la longue, et par l'effet prolongé de la transpiration, que la soie de l'asclépiade, de même que toutes les autres matières dont on fait les matelas, se comprime et perde un peu de son élasticité. Le remède à cet inconvénient, est le même que pour l'édredon ; rien n'est plus simple : exposez la soie au soleil, ou mettez-la dans une pièce échauffée, et bientôt elle reprendra, en se gonflant, sa première élasticité.

Aucune matière n'est plus douce et plus moelleuse pour les sophas et les canapés ; elle n'est pas moins utile pour ouater les vêtements et les robes des dames ; elle est plus légère et plus chaude , et en même temps moins coûteuse que l'ouate ordinaire.

Dans le Muséum rusticum et commerciale (Lipsiæ, 1764 , tome I.), on lit une lettre d'un colon de la Jamaïque, datée du 6 octobre 1763, dans laquelle il recommande la culture de l'asclépiade, et donne des détails sur la manière d'en faire toutes sortes de couvertures, de coussins, etc.., particulièrement à l'usage des personnes attaquées de la goutte. Justi assure que l'asclépiade fournit une matière très propre aux ouates de soie.

En France, et dans d'autres pays, on a essayé de faire des chapeaux avec ce duvet soyeux. Des fabricants français, qui lui donnaient le nom de poil d'apocin, l'ont mêlé, pour des chapeaux dits castors, avec une certaine quantité de poil de castor et une plus grande de poil de lièvre. Pour les demi-castors, ils ont employé à peu près une égale quantité de duvet et de poil de lièvre ; ils ont assez bien réussi.

[...] Vers le milieu du siècle dernier, La Rouvière, bonnetier du roi, place du Louvre, était parvenu à filer la soie de l'asclépiade de Syrie, et à fabriquer, avec celle substance et d'autres matières, telles que la laine, le coton et toutes sortes de poils fins, des bas, des bonnets, des draps, de la serge de Rome, de l'étamine, du taffetas des Indes, des velours, des molletons, des flanelles et d'autres étoffes supérieures à celles d'Angleterre, et de la plus belle apparence. Les personnes attaquées de rhumatisme donnaient la préférence à la flanelle d'asclépiade sur la flanelle anglaise. Ce fabricant obtint, le 4 octobre 1757, un arrêt du conseil, qui lui conféra le privilège de la fabrication de ces diverses étoffes.

[...] Il n'est pas inutile d'observer que l'on a fait avec l'ouate de l'asclépiade, un papier de soie aussi beau et aussi luisant que le papier de la Chine.

[...] En effet, ce n'est point au duvet soyeux de ses gousses que se bornent les produits de l'asclépiade de Syrie ; il en est un autre plus important encore, c'est la filasse, de couleur grise et à peu près semblable à celle du lin, que l'on retire des tiges de la plante, après la récolte des gousses. Pour se la procurer, il faut, après avoir coupé et appareillé les tiges, les faire rouir, broyer et préparer comme cela se pratique pour le chanvre. Cette filasse préparée est d'une finesse et d'une blancheur qui la rendent propre à être employée seule à la fabrique de toiles de toutes sortes de qualité, et à faire de très bonnes cordes.

[...] Ce qui reste de la tige, après qu'on l'a broyée et que l'on en a retiré la filasse, peut encore fournir une espèce de bourre, laquelle, mêlée en proportion convenable avec Je duvet soyeux des gousses, est très propre à faire des tissus. Dans les Etats-Unis, ces mêmes tiges servent à fabriquer du papier, du coton et d'autres objets de ce genre.

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Symbolisme :

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Asclepias ou Arbre à la ouate - Coquetterie.

On lui a donné cet emblème parce que ses aigrettes soyeuses voltigent de toutes parts en se posant alternativement sur les fleurs qui les entourent, mais au moindre souffle du zéphyr elles s'envolent. Afin de pouvoir récolter ces petites aigrettes, dont on fait une espèce de ouate pour en garnir des lits on est obligé d'entourer la plante d'un léger tissu. L'espèce d'Europe appelée dompte-venin était anciennement dédiée à Esculape.

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Mythologie :


Charles Sigisbert Sonnini dans son Traité des asclépiades, particulièrement de l'asclépiade de Syrie : précédé de quelques observations sur la culture du coton en France (F. Buisson Libraire, 1810) élimine rapidement l'assimilation de l'asclépiade antique à la moderne, la référence à Esculape n'en reste pas moins incontournable :


Asclepias est le nom le plus ancien d'une plante médicinale, connue des Grecs et des Romains. Esculape, qu'en Grèce on appelait Asclepios, a découvert le premier, disait- on les vertus de celte plante, et c'est au dieu de la médecine qu'elle doit vraisemblablement le nom sous lequel les anciens l'ont désignée. Mais il est presque certain que l'asclépiade de l'antiquité ne fait point partie du genre de plantes que les botanistes modernes indiquent par cette même dénomination.

 

Lien entre la plante et la perruche ou le perroquet : analogie de forme =>





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