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Beith




L'Alphabet des arbres // L'Ogham


L'Alphabet des arbres. L'Alphabet des arbres est l'une des plus anciennes graphies et mesures du temps qui remonte probablement au néolithique. Il précède l'écriture et se présente sous la forme de deux roues qui tournent à des rythmes différents : l'une comprend treize lunaisons/consonnes et l'autre cinq jours/portes (équinoxes, solstices et jour épagomène). Si l'on en croit Robert Graves dans La Déesse Blanche, il y eut successivement deux alphabets ou calendriers que l'on désigne par leurs premières lettres : Beth-Luis-Nion (18 lettres) et, ensuite Beth-Luis-Fearn (20 lettres). L'alphabet des arbres qui paraît le plus ancien est celui qu'a reconstitué R. O'Flaherty le " Beth-Luis-Nion".

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Selon Gwyddhyon, auteur de Ogham, Le Yi-King celtique des arbres (Éditions Chariot d'Or, 1999), le bouleau est associé à diverses caractéristiques :


Nom : Beth

Lettre : B

Monde végétal : Bouleau (Betula Pendula)

Signification : Le pouvoir ; l'âge ; le commencement

Symbole : La divinité

Couleur : Blanche

Direction cardinale : Nord


Triades celtiques : Il existe trois sphères d'existence - le cercle vide de Keugant que seule la divinité suprême peut habiter - le cercle du destin, des vies et des morts, l'Abred - le cercle de la béatitude que l'être humain pourra parcourir, Gwenved.


Monde de l'épreuve de l'Abred : Cette lettre montre la nécessité de se libérer des énergies négatives, des toxines et des pensées pessimistes. Le bouleau peut aider à cette purification, son sirop est utilisé pour purifier l'organisme des miasmes. Les baies de bouleau sont antiseptiques et traitent l'eczéma.


Monde des âmes de Kenmill : Les pensées sont souvent polluées par des désirs inconscients ou futiles. Cette lettre propose une purification des innombrables attachements pour se concentrer sur les aspirations profondes. On peut envisager un nouveau départ. Le bouleau fut associé aux divinités de fertilité dans les rites anciens.


Monde ultime de Keugant : La pureté et la blancheur du bouleau plaident pour une contemplation de la véritable nature des choses. Le nord géographique est le domaine de l'étoile polaire, le pôle spirituel de l'ancienne contrée magique du Nord. Le bouleau ouvre les portes du domaine des fées et chasse les esprits négatifs.


Images :

Le tronc disparaît et les cheveux resplendissent.

L'arbre du Soleil.

"Le bouleau pourtant fier prit doucement sa place, non pas qu'il fut couard, mais de noble race."

Ma force est celle de sept bataillons."

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Dans Le Tarot celte des arbres (Édition originale, 1998 ; Traduction française Le Courrier du Livre, 2001) Liz et Colin Murray associent le bouleau beith à la couleur "blanc" et au nombre "1" qui symbolisent l'unité et la pureté.

"Chaque année a un nouveau départ - ainsi de l'année celtique - Elle commence le 1er novembre, après la célébration d'Hallowe'en ou Allhallows - Samhain - comme on l'appelle normalement. L'année celtique a treize mois lunaires, chacun appelé du nom d'un arbre. Le premier est le Bouleau au tronc blanc. Dans l'île de Man, au large de la côte ouest de l'Ecosse, les criminels étaient "fouettés" (birched, de birch, bouleau) de façon cérémonielle avec du bouleau, pour ôter d'eux les mauvaises influences. Cette pratique n'a cessé que ces dernières années, mais ce que les réformateurs n'ont pas pris en compte, ce sont les aspects religieux et spirituels de cette fustigation avec du bouleau. La nouvelle année ne pouvait commencer que lorsque la précédente avait fini et que toute influence maligne avait été chassée.

Si l'on considère la forêt celtique, qui, il y a longtemps recouvrait tout le Royaume-Uni, le Bouleau se dresse comme un arbre gracieux, mince, avec un tronc blanc reconnaissable. Le blanc indique la pureté et la détermination à vaincre les difficultés."

Aussi, choisir cette carte signifie qu'un nouveau départ est sur le point de se produire. Avant que cela ne soit réalisé, cependant, toutes les vieilles idées, les influences inutiles, et les mauvaises pensées, doivent être mises de côté. En faisant votre voyage spirituel avec cet arbre comme guide, pensez à concentrer votre esprit sur la blancheur tendre et inspirante de l'arbre, une blancheur qui ressort nettement dans l'enchevêtrement du sous-bois et la confusion des arbustes et des buissons épineux qui recouvrent le sol de la forêt, et qui, ainsi, peuvent gêner le voyage.

Le voyage doit avoir un dessein qui doit être compris avant de l'entreprendre. L'image du résultat que vous désirez obtenir ne doit pas être perdue de vue, pour qu'aucune distraction n'empêche la progression. Si, toutefois, la carte est choisie à l'envers, ce n'est probablement pas le moment de prendre un nouveau départ. Il peut y avoir des problèmes qui doivent être résolus avant qu'une direction puisse être déterminée.


Mots clefs : Nouveau départ ; nouveau commencement ; purification.

Premier mois : novembre."​

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Selon Alain Gesbert, auteur de B. A. - BA Oghams divinatoires (Éditions Pardès, 2002), l'ogham Beith est associé à :


Arbre : Bouleau.

Mot clé : Le début.

Association complémentaire : L'intelligence en action.

Lettre : B.

Couleur : Blanc.

Période : 24 décembre - 20 janvier.


Beith évoque un nouveau départ, le début d'un projet. C'est un excellent indicateur de chance et de changement avec un résultat favorable. beaucoup de personnes ont, inconsciemment ou pas, peur du changement, mais Beith symbolise l'énergie nécessaire pour gérer correctement ce changement.

Le défi de Beith est simple : pourquoi craindre le changement qui s'esquisse ? Laissez-vous porter par l'énergie Vie.

Visualisez ou imaginez la beauté printanière d'un bouleau, en y associant le commencement, le début d'un projet (etc.).

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D'après Myriam Philibert dans l'Alphabet des arbres (Éditions du Rocher, 2006) :


Si l'on occulte délibérément A, mobile et volant, au hasard des lunaisons, passant de l'hiver au printemps, l'alphabet celtique débute avec B, Betulla, le bouleau, et un lointain passé où les chamans enfourchaient leur tambour pour se balader entre les mondes, le regard fixé sur une étoile polaire qui est le troisième joyau de ciel. C'est dans le bois de cet arbre qu'ils confectionnaient l'armature de ce tambour dont on ne sait s'il servait à la musique, aux voyages ou à la protection magique. Pour les Irlandais, il était considéré comme l'arbre de la science, car originaire du nord mythique. Il offre quelque connivence avec la mort initiatique. La lune souveraine teinte d'argent son écorce. Sachons que c'est aussi c'est par B (be) que débute la parole. Un destin fulgurant s'esquisse ici, avec un départ de linguistique.

Dans les langues celtiques actuelles, le bouleau est arbre des morts (bedw bedd, le tombeau) et arbre de vie (bod, être). Il est vrai qu'il tire sa substance du pays magique de la Déesse Blanche, la lointaine et nordique Hyperborée, où l'on peut admirer le soleil à minuit, au moment du solstice d'été. Est-il l'arbre de vie ou celui de la science sacrée ? Il évoque aussi le monde perpétuel (bitu en langue gauloise).

Par ailleurs, le bouleau donne une sève qui, fermentée, entretient la folie et l'ivresse. Le feu nouveau mais sous la forme d'une tiède chaleur au ventre et de l'oubli total. L'arbre évoque-t-il le printemps et la jeunesse éternelle ? Ou l'hiver où l'on boit jusqu'à la perte de conscience ? Voici un destin prometteur pour le conteur qui doit égarer les badauds dans les méandres de sa verve. On aimerait y croire, mais le calendrier a subi tellement de vicissitudes au cours du temps que l'on ne sait plus si c'est lors des lunaisons printanières que les sorciers recueillaient le bois qui leur servait ensuite de monture.

B est-il plutôt la lettre du barde, qui chante et enchante son auditoire jusqu'à lui faire perdre tête et raison ? Dans ce cas, il faut placer ici Merlin le fou dont la trace s'est mêlée à d'autres rêveries en une spirale dont nul ne sait plus où placer le début. Si l'on part sur les traces de Merlin, il est sûr que l'on va s'égarer en chemin. Brocéliande, la forêt du Northumberland, Stonehenge tissent un réseau de lieux mythiques, un canevas ou une toile d'araignée tellement envoûtante que l'on ne saura plus où chercher. Une blanche fée nommée Gwendolyn, Viviane, Gwenwid viendra déployer un voile de mystère ou tracer, avec sa baguette de noisetier, un cercle inviolable pour nous enfermer dans une prison d'illusions.

Bran est-il l'initiateur de la lettre B ? Bran le Béni, le géant des temps anciens, le héros des Gallois face aux Irlandais de jadis, aurait été un dieu marin, pour certains commentateurs, car la légende dit qu'il marchait sur la mer. Son nom s'orthographiait probablement Vran ou Uran, à l'origine, ce qui offre des perspectives à la fois vers le ciel étoilé et la lettre U. Dans le Combat des arbres, il acquiert une curieuse légèreté pour devenir le roi des Aulnes. Et l'aulne nous entraîne en une dérive sans fin. Combien y-a-t-il de lettres qui, de près ou de loin, ont quelque relation avec cet arbre ? Fearn, verne, Arverne, Ailm également, et d'autres encore tissent des liens durables et nous égarent dans un inextricable dédale. Sa sœur s'appelle Branwen et, à cause d'elle, s'est déroulé un sanglant conflit.

Bellissima, la toute belle a-t-elle plus de chance de revendiquer la royauté de la lettre B ? Ne nous égarons pas. Certes, les Romains la supposent guerrière. Quant aux Celtes, s'ils reconnaissent quelque droit aux femmes, ils se sont contentés dans leur alphabet, croit-on, de leur attribuer les voyelles-étoiles aussi fantasques que leur caractère. Et Beth, malgré sa parenté avec bio et la vitalité, malgré une dualité qui caractérise la dyade, reste fortement viril, n'en déplaise à l'héroïque déesse [...] Resplendissante et lumineuse, elle rayonne au coeur du printemps, tout comme Bélénos. Il faut rechercher son domaine au temps de l'aubépine et vers la lettre H, et non auprès du Bélier qui débute le zodiaque. Blodeuwedd offre, pour sa part, une exubérance florale toute printanière, mais il faut se résigner à lui voir parrainer le beau mois de mai et les lettres H et U. N'allons pas encore jusque là.

A Bran, les puristes préféreront Bélénos, Bel, par le biais de bal ou bail, le bouleau dans le français ancien. Aussitôt surgit une date dans le calendrier. A un moment donné de leur histoire, les Celtes ont fêté Beltaine le 1er mai, inaugurant une relation surprenante entre les lettres B et H. Peut-on dignement honorer le bouleau au milieu du printemps ? Les treize lunaisons ont mis le calendrier sens dessus dessous et l'on ajoute toujours des jours pour arriver à un compte rond. Sur le chaudron de Gundestrup, Bélénos arrive en dernière position, auréolé d'un arc-en-ciel très printanier d'aspect. Le printemps finirait-il l'année ? Il est parfois question de la mort (ou du meurtre) de l'année. Et l'on passe alors sur un char lancé à pleine vitesse jusqu'à l'autre rive. Dans l'Autre Monde, la roue du temps marche peut-être à l'envers, retournant à la source. Et le beau mois de mai incarne parfaitement cette saison. Bélénos apparaît comme l'un des quatre dieux de la Lumière. Son nom a laissé d'innombrables vestiges dans la toponymie. Montbelliard est un site, parmi d'autres, qui lui est consacré. Rapprochons ce phonème de celui d'Apollon, dieu des Abeilles. Pour les Celtes, il offre un lien avec la pomme ou la noisette (abalos), créant une ouverture nouvelle sur une nourriture d'éternité et/ou une faim de connaissance.

D'autres divinités se réclament de la première lettre de l'alphabet. Ainsi Berecinthia (ou Brigit) est une déesse irlandaise, qui a le cygne comme attribut. Elle se manifeste à la fois en mère et en fille du dieu suprême. D'aspect lunaire, elle est un double de Dana. Comme matrone, elle préside aux accouchements. Sa fête se situait au milieu de l'hiver (1er février). A la Chandeleur, on sort de terre l'une des vierges noires de Marseille. Le printemps de la vie fluctue maintenant vers le milieu de l'hiver. Doit-on lui confier la mainmise sur le bouleau ? Ou Balor, le roi borgne, la revendiquerait-il ? Constatons que Balor et Bel accusent une étymologie proche. Mais il faut reléguer ce roi dont l'unique oeil étincelle comme un soleil. Son petit-fils Lug, autre avatar solaire, le lui crève pour prendre l'ascendant et assumer la fonction suprême. La royauté alternée a fortement marqué les esprits, celle du père et du fils ou celle de deux frères ennemis jurés. Ultérieurement, il sera question de duel sur le gué, au printemps. Sur le fameux chaudron de Gunsestrup, Leucetios arrive en tête et Bélénos, dernier.

Badba (ou Bodb) est là, à point nommé pour parler de la brièveté de la vie. Déesse irlandaise de la Guerre, on la voit apparaître souvent, au cœur de la bataille, sous la forme d'une corneille, annonçant sa mort à celui que le destin a condamné. C'est avec elle ou avec Morrigane que Lug se bat sans succès -les dieux eux-mêmes sont promis à la fin. Vieille initiatrice, elle rappelle que la mort est l'ultime passage.

La vieille lune s'éteint laissant la place à la nouvelle. Et l'on se doit d'évoquer Boan [...] Voici l'épouse du Dagda. Son nom signifie "Vache blanche". Le dieu suprême d'Irlande arrête le temps pour avoir le loisir de s'unir à cette simple mortelle. Elle met au monde, sur une pierre, un fils divin prénommé Oengus (ou Mac Oc). Humiliée de cette souillure, la jeune femme se lave dans l'eau qui dissout peu à peu le corps. Affolée, elle court vers la mer. Plus elle va et plus ses formes s'estompent. La rivière qui porte désormais son nom (Boyne) la poursuit et finit par l'engloutir.

De cette dernière, on passe à Bormo, le dieu guérisseur. Toutes les eaux bouillonnantes lui sont dédiées. Les Gaulois, déjà, appréciaient beaucoup les établissements thermaux. Mais on oublie la piste du bouleau. Cet arbre, pourtant a des vertus curatives, si l'on ne songe pas à manger ses feuilles en salade, lors d'une famine. Elles ont des propriétés diurétiques. Sans doute préférait-on jadis la boisson claire qu'il donnait, ou le vin pétillant que l'on aromatisait avec du miel pour en diminuer la fadeur.

Du bouleau, on suit les Nymphes timides mais charmeuses jusqu'au bosquet, ou peut-être la forêt. Brocéliande, aux landes envahies de bruyères, est toute trouvée, avec son nom et sa verdeur enchanteurs, et Merlin y est enterré, dans les rets de Viviane la bien nommée, qui donne ou prend la vie, à l'instar de la Déesse néolithique, le front barré, les yeux étincelants et la bouche close sur un secret trop puissant. Le U ou le V de son collier deviennent, sous le coup de sa baguette magique, tirée d'un billot dont on taira évidemment le nom (bilios), le B de la vie.

Le bouleau n'est-il pas prodigieux dans les dons qu'il fait à l'homme ? Père et mère à la fois, il donne son écorce dont on peut faire usage pour soigner la peau, sa sève dont on extrait les éléments d'une boisson fermentée, ses branches qui forment l'armature du tambour et convient le chaman à entrer en transe, ses feuilles dont on peut se nourrir. Le barde ne puise-t-il pas à cette source son inspiration puissante qui conduit les guerriers jusqu'à l'extrême limite d'eux-mêmes ?

Bio, le vivant, parle de force de vie.

Lors de notre première festivité, au solstice d'hiver, le froid était glacial et mordant, et le vent, sournois, se jouait des faibles lumières que nous tentions d'allumer. Pourtant, alors que nous étions tous penchés au cœur du labyrinthe, d'innombrables esprits étaient présents, informels et vagues, à l'exception d'un chaman (ou d'un chef) amérindien qui portait une coiffure faite de plumes et brandissait un tambour archaïque. Le bouleau semble fédérer tous ceux que se réclament de la lettre B ? A quel moment de leur histoire les Celtes ont-ils placé Beltaine, la fête de Bélénos, au 1er mai, à un moment crucial entre les ténèbres et la lumière, entre l'hiver et l'été ? En fait, la lettre plus ancienne, cache la racine de sa vie au solstice d'hiver. Le bouleau, riche de potentialités, s'octroie le titre d'arbre des morts, mais également d'arbre de la vie. Pour les Irlandais, il vient des régions du nord, d'Hyperborée peut-être, où le soleil luit sans faiblir tout l'été, et acquiert, de ce fait, le titre d'arbre de la science.

Mais d'autres arbres et d'autres plantes, oubliés malgré le B qui leur donne vie, clament leur désaccord. Ils revendiquent, eux aussi, mais sans succès, la baguette ou le bâton de commandement de la lettre B [...]


Mots clés : B Beth/Bouleau - Féminité divine - Arbre des morts ou arbre de vie - Mère éducatrice et biologique, mort initiatique, dualité, nombre 2 - (Re)naissance et/ou primauté - Sa sève s'apparente au lait maternel - Corbeau - Attirant."

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D'après Julie Conton auteur d'un essai sur L'ogham celtique ou le symbolisme des arbres, l'oracle des druides (Éditions Mémoires du Monde, 2014) :


La "voix des arbres", par la synchronicité significative d'un tirage, peut nourrir notre réflexion et nous aider à cheminer intérieurement dans une voie de)perfectionnement, de transformation et d'évolution...

L'Ogham celtique rend hommage aux arbres, qui symbolisent la vie et qui, des profondeurs de la terre jusqu'au ciel, relient les différents plans de l'existence [...] L'esprit de l'Ogham nous rappelle qu'il existe une harmonie subtile et des interactions entre les différents règnes.


Beith, celui qui commence


Son : b


Nom : Beith ; Beth

Nom scientifique : Betula alba


Correspondances astrologiques : Mars et le Bélier dont Mars est maître.

Lune et le Cancer dont la Lune est maîtresse.

[...]

Symboliquement, le bouleau est un arbre très important. Le premier aspect de sa signification le relie au commencement et à la naissance. C'est pour cette raison qu'il se trouve en première position dans la séquence oghamique, ouvrant cet alphabet sacré. Parmi les 20 oghams principaux, le Bouleau est le premier et l'If le vingtième, le dernier. Le bouleau marque la (re)naissance et l'if, la mort, le grand passage ; la boucle est bouclée. Ces deux essences, en relation avec les secrets de la vie et de la mort, étaient utilisées de manière privilégiée pour y graver les oghams.

Traditionnellement, on fabriquait les berceaux en bois de bouleau car il est en adéquation avec la première phase de la vie, la période de la petite enfance soit l'âge lunaire en astrologie. En Scandinavie, l'apparition des feuilles de bouleau indique le début de l'année agricole. C'est à ce signe que les fermiers se fiaient pour commencer les semailles de blé au printemps. Ces énergies de commencement correspondent aux énergies du Bélier, signe lié au début du printemps dans l'hémisphère nord. Il ouvre symboliquement la roue zodiacale et est régi par Mars, planète de l'énergie et de l'élan vital. Le feu du Bélier est l'étincelle primordiale, l'étincelle créatrice.

Lorsque vous tirez l'Ogham Beith, vous donc vous trouver dans une phase de vie de commencement, d'initiatives, de création. Il peut s'agir d'un projet, d'une relation, d'une activité, d'un intérêt. Beith vous suggère d'accompagner en conscience cette énergie neuve qui ne demande qu'à s'exprimer. Cet Ogham peut indiquer parfois une grossesse, une naissance, une nouvelle vie à venir ou bien encore une activité en lien avec l'enfance ou simplement une renaissance intérieure, comme le printemps revient après l'hiver.

Chez les Celtes, le bouleau est associé au début de l'année, il symbolise le renouveau cyclique de la vie. L'année recommençait son cycle après la grande fête de Samhain, qui durait trois jours et trois nuits à la pleine lune de novembre [...] Cette période était considérée comme hors du temps, en dehors de la temporalité normale. Pendant Samhain, fête des morts et des ancêtres, les êtres de l'Au-delà peuvent rendre visite aux vivants, la frontière entre les mondes devient perméable. Le mois ou la période du bouleau suit donc Samhain car cet arbre symbolise la renaissance après la mort. Les baguettes de bouleau étaient d'ailleurs utilisées rituellement pour chasser l'esprit de l'ancienne année au moment d'entrer dans la nouvelle.

Dans la tradition brittonique, cet arbre était employé pour le bois des bûchers funéraires ou bien pour recouvrir simplement le corps. En effet, la mort était considérée comme une nouvelle naissance dans l'Autre Monde. La mort du corps physique était aussi le prélude nécessaire à une renaissance future dans le corps d'un nouveau-né. Ainsi Beith, qui transcrit le b, est l'essence du bûcher comme du berceau. On lit parfois que le bouleau est lié à la période du 24 décembre au 21 janvier. En fait, sa période faisait suite à Samaïn, c'est-à-dire correspondait au début de l'année. Cependant, il jouait un rôle important lors de la fête de Jul, au solstice d'hiver, le 21 décembre. En effet, les jours recommencent alors à croître, et ce de manière plus visible 4 ou 5 jours après le solstice. Le bouleau, arbre lumineux à l'écorce blanche, symbolisait la renaissance de la lumière solaire et la promesse de la renaissance de la végétation et de la fertilité de la Terre-mère. C'est pour cette raison que la bûche de Jul, qui devait brûler toute la nuit dans l'âtre, était traditionnellement en bouleau.

Dans le célèbre poème "Kat Goddeu (Cäd Goddeu) ou Le Combat des arbres", le bouleau se manifeste en douzième position au vers 85. Un barde -Taliesin, Gwion Bach ou Merlin - a délibérément cherché à déconcerter l'auditoire. L'initiateur, qui est l'un des arbres les plus sacrés depuis la préhistoire ancienne, se cache.


[...] Le bouleau, quoique d'un grand courage

Fut le dernier à gagner sa place

Ce n'était pas qu'il fût lâche

Mais c'était la faute à sa grande taille [...]


Un autre passage fait allusion au symbolisme funéraire du bouleau, à la naissance et la résurrection qu'il représente :


[...] Le sommet du bouleau nous as couvert de feuilles

Il transforme et change notre dépérissement [...]


Le bouleau se caractérise par une écorce blanche et lumineuse. C'est l'arbre de lumière dans de nombreuses traditions. Il symbolise la lumière solaire, la lumière lunaire ou les deux à la fois. Lors de la célébration du solstice d'hiver, nous avons vu que la bûche de bouleau évoque la renaissance du Soleil. Arbre lumineux par l'écorce, il l'est aussi par sa flamme vive et claire. Avec les branches du bouleau, on fabriquait des torches, son bois était utilisé autrefois par les boulangers et les verriers.

Au printemps, avec son écorce blanche brillant parmi son magnifique feuillage vert, il évoque par ses deux couleurs la vision celtique de l'Autre Monde. Le bouleau est également un arbre protecteur : sa lumière dissipe l'obscurité.

C'est surtout un arbre chamanique qui permet l'ascension, l'élévation vers les mondes subtils. Pour les chamans de Sibérie, chez les Yakoutes et les Bouriates, le bouleau est profondément sacré, comme pour les Celtes dont l'ancienne spiritualité pré-chrétienne était chamanique. Le bouleau représente la voie par laquelle l'énergie du ciel descend sur la terre ; le pilier central de la yourte, en bouleau, dirigé vers l'étoile polaire, joue le rôle d'Axis mundi et d'échelle cosmique, permettant au chamane de s'élever vers les sphères célestes [...]

Associé à la lumière et à l'ascension, le bouleau signifie également pureté et purification.

Dans les cultures indo-européennes et ouraliennes, cet arbre était symbole de virginité féminine. Par ailleurs, un grand nombre de rituels purificateurs liés à l'emploi du bouleau existaient dans le passé. A Rome, les baguettes en bouleau servaient à la fabrication des faisceaux portés par les licteurs et avec les jeunes rameaux, souples et solides à la fois, on flagellait les condamnés pour faire fuir loin d'eux les mauvaises influences. On retrouve cette même habitude dans l'île de Man où les criminels étaient fouettés avec des baguettes en bouleau [...] Au Moyen-Age, en Europe, on flagellait ainsi les condamnés de droit commun, les délinquants mais aussi les agités et les aliénés dans le but de chasser les esprits néfastes. Le bouleau était censé purifier et protéger de toute influence négative et corruptrice [...]

Beith, en tirage, peut nous conseiller une forme de purification psychique ou physique, avec pourquoi pas une cure de sève de bouleau si le moment de l'année s'y prête. Un travail conscient sur le corps (diète, régime, désintoxication, sport...), sur les émotions ou les actes est envisageable. Pour cela, il faut évidemment cibler avec précision ce que l'on désire modifier en soi afin de s'améliorer.

D'autre part, le bouleau est l'arbre de la féminité et de la fertilité. C'est un aspect essentiel de son symbolisme. On l'associe au printemps, à la renaissance de la nature. Avant d'être utilisé pour la flagellation dans le domaine de la justice, il le fut dans des rites de fertilité car il était consacré à la Déesse-mère ou Terre-mère. Pendant les cérémonies celtes de Beltane (Beltaine), à la pleine lune de mai, fête complémentaire et opposée à Samaïn dans la roue des saisons (Samaïn était consacrée aux morts et Beltane aux vivants), les deux fêtes représentent les deux facettes d'une réalité unique. On dressait au centre du village un Arbre de mai ou Mât de mai, le May-Pole. Ce mât comportait aussi une signification phallique en rapport avec la fertilité mise à l'honneur à cette période. Dans la poésie galloise, le bouleau apparaît comme l'arbre lumineux du printemps qui protège les amoureux, et d'après Pline, le bouleau était employé par les Romains pour confectionner des torches nuptiales. Il était promesse de fécondité pour les jeunes mariés.

Le bouleau symbolise donc aussi la Vie et la vitalité. Parmi les arbres, il se distingue d'ailleurs par un courant de sève considérable et lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, il fut le seul à résister, avec le gingko.

Dans la mythologie celte, un personnage s'appelle Bethach, "Bouleau", c'est le fils de Iarbonel, le devin, fils de Nemed. C'est le chef et ancêtre des Fir Bolg et des Tuatha Dé Danann, à l'origine du peuplement mythique de l'Irlande, selon le "Lebor Gabala Erenn". On retrouve donc ici la notion de naissance. Par ailleurs, le bouleau est lié aux principales divinités féminines : Ana, Dana, Epona, Rosmerta et Brigit. Ana (Anu) est une déesse indo-européenne très archaïque, elle incarne le principe féminin et maternel. On peut la rapprocher de l'irlandaise Morrigane et de la galloise Rhiannon ou Modron. Elle fut ensuite christianisée sous l'aspect de la mère de Marie, Sainte Anne. Ana est la mère des dieux, étymologiquement, son nom signifie "la nourricière" du vieil irlandais anae "richesse, prospérité" et ana "abondance" C'est une déesse de la fertilité.

[...]

La gauloise Epona est une autre déesse de l'abondance. L'"Equine" porte fréquemment une corne d'abondance ou une corbeille de fruits ou d'épis de blé, de même que la déesse celtique Rosmerta. Epona est protectrice des chevaux, symbole de fertilité, d'où le fer à cheval porte-bonheur. Sur certains bas-reliefs, elle tient un ou deux enfants, ce qui rend compte de sa dimension fertile, maternelle et protectrice.

Enfin, on associait le bouleau à la grande déesse irlandaise Brigit, dont le nom vient de la racine indo-européenne bhirg, "bouleau", qui a donné birch, "bouleau en anglais" et die birke en allemand. C'est la fille du Dagda, le dieu suprême vénéré par les druides irlandais, caractérisé par son chaudron d'abondance et d'immortalité. Brigit apparaît sous un triple aspect correspondant aux trois classes de la société. Elle est à la fois poètesse, magicienne, médecin, sage et savante (classe sacerdotale), elle protège les rois et les guerriers (classe guerrière) et elle maîtrise les techniques notamment le travail de la forge (classe des artisans). Elle est également maternelle et tellurique et représente la renaissance du feu solaire et de la végétation. L'agriculture est donc sous son pouvoir et elle préside aux accouchements. Son culte fut christianisé ensuite à travers la fameuse Sainte Brigit qui est devenue l'une des patronnes de l'Irlande.

Sainte Brigit de Kildare est née dans la seconde moitié du Vème siècle, elle était sans doute la fille d'un chef de clan païen. Elle est tenue pour être la fondatrice de la communauté monastique de Kildare où neuf moniales et la Sainte entretenaient des feux sacrés. On dit aussi que les religieuses de ce lieu conservaient un feu aux propriétés extraordinaires qui se serait allumé sur la tombe de la sainte, juste après son enterrement. On pense qu'avant d'être un monastère chrétien, Kildare était sans doute un sanctuaire druidique où des femmes assez comparables aux vestales romaines entretenaient un feu sacré. En fait, les éléments païens se mêlent aux éléments chrétiens, l'histoire se mêle à la légende et la Sainte Brigit historique se mêle à la déesse celte Brigit.

Sainte Brigit/Brigit est honorée comme la patronne des poètes, des artisans et des femmes en couches. C'est aussi la gardienne du foyer. En Bretagne, on dit que Sainte Brigit aida Marie à accoucher et selon Buhez saut Patrice, elle assista la mère de Saint Patrice dans son accouchement. Un texte daté du Xème siècle l'associe aux vaches d'abondance : ses vaches traites trois fois par jour forment un lac de lait, le Loch Lemnachta, et il aurait rempli tous les chaudrons du Leinster. Un jour, elle changea aussi de l'eau en bière pour ses hôtes : on reconnaît là une adaptation typiquement irlandaise du passage biblique où Jésus transforme de l'eau en vin.

Le 1er février, c'est la fête de Brigantia ou d'Imbolc, où l'on fête Sainte Brigit. Imbolc est l'une des grandes fêtes irlandaises mentionnées par Cormac, qui était évêque de Cashel au Xème siècle. Février est une période de froid hivernal et de purification. En latin, le verbe februare signifie d'ailleurs "purifier", faire des expiations religieuses. Le lendemain d'Imbolc correspond à la chandeleur, le 2 février, qui célèbre la remontée de la lumière et le bouleau y est à l'honneur. Dans la tradition chrétienne, c'est la purification de Marie et la présentation de Jésus au temple ; il est encore enfant, et sa lumière va croître. Ceci reprend le symbolisme traditionnel du bouleau : purification, maternité, enfance, croissance, lumière.

En tirage, Beith nous propose une croissance intérieure dans la lumière et la pureté. Cet Ogham attire notre attention sur les valeurs féminines ou maternelles, ou encore sur le foyer, le domicile, ce qui correspond en astrologie aux énergies de la Lune et du Cancer. De quelle manière, vivez-vous votre féminité ou votre féminin intérieur (y compris pour les hommes) ? Etes-vous trop yin (réceptivité mal maîtrisée, excès de soumission, influençabilité...) ou au contraire, est-ce que vous rejetez votre part féminine et intuitive ?

Beith régit aussi la famille, les ancêtres et la lignée ancestrale. Peut-être est-ce le moment de se libérer de certaines imprégnations lourdes ? La purification conseillée par le bouleau concerne souvent l'héritage familial. Cet Ogham évoque également notre enfance avec ses événements marquants, ou bien le projet de concevoir un enfant ou d'exercer une activité en rapport avec l'enfance. Le tirage de Beith signifie d'autre part que vous devez compter sur votre pôle féminin (émotions, ressentis, intuition) ou agir avec douceur, tendresse et protection.


L'Ogham Beith du bouleau transcrit le son b. Son équivalent parmi les runes germano-scandinaves est donc la rune Berkano qui transcrit le même son b et signifie "bouleau, la déesse bouleau". Le symbolisme de Beith et de Berkano sont très similaires. Comme Beith, Berkano évoque la dimension féminine, maternelle, la vie et la mort, la naissance et la renaissance, l'enfance, la croissance, le foyer, la famille, la protection

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Julie Conton compare l'Ogham et le Tarot. Selon elle, Beith est à rapprocher en particulier de la première lame, le Bateleur et de la Lune, l'arcane XVIII.

Le Bateleur est le premier des 22 arcanes majeurs. Il symbolise ainsi l'énergie première, les départs et commencements. Il peut évoquer, comme Beith qui est le premier Ogham, le début d'une nouvelle phase de vie, une nouvelle étape. Le couvre-chef du Bateleur, en forme de signe algébrique de l'infini, exprime l'idée de cycle et de recommencement, de renaissance. Avec cette lame, des énergies neuves printanières et créatrices sont à l'oeuvre. Un nouveau cycle s'ouvre.

Dans sa dimension spécifiquement féminine et maternelle, Beith est également en affinités avec la Lune. Son écorce blanche, argentée, évoque la lumière de l'astre de la nuit et de la grande Mère divine. L'écrevisse au centre du plan d'eau symbolise le signe du Cancer, sous la maîtrise de la Lune. Comme le crabe, l'écrevisse, animal aquatique, se déplace en arrière, mouvement en rapport avec le passé, la mémoire et les ancêtres. Les deux chiens ou les deux loups qui gardent le royaume de la Lune sont des animaux psychopompes ; ils gardent le royaume de la Mort. La Lune régit la naissance, le passage de la mort à la vie, le passage des plans subtils à un retour dans l'incarnation. La Lune est clairement réceptrice sur la lame du Tarot, les gouttes de lumière "remontent" vers la Lune, au contraire de la lame du Soleil où elles rayonnent vers l'extérieur.

La Lune incarne tout le mystère du féminin, royaume nocturne de l'inconscient, de l'intuition, du ressenti. L'astre nocturne nous met en contact avec les déesses-mères de toutes les traditions, gardiennes de la fécondité. L'eau, élément de la Lune, symbolise l'inconscient, l'imaginaire, l'informel, les émotions et les sentiments. L'émotionnel est mouvant et impalpable comme les vagues aquatiques. La Lune gouverne les liquides, les marées. Le cycle menstruel féminin, 28 jours, est équivalent au cycle lunaire. Beith, arbre de vie,


Les pierres du bouleau sont les pierres blanches et transparentes liées au chakra coronal ainsi que les pierres argentées et l'argent, en relation avec la Lune ; cristal de roche (quartz), diamant, gypse gemme, opale blanche, perle, phénacite, pierre télévision, pierre de lune, nacre blanche, ulexite, sélénite, argent, galène, antimonite, marcassite.


Mots clés de Beith :

  • Commencement ; début ; départ ; renouveau ; impulsion nouvelle ; énergie neuve ; printemps ; création ;

  • Mort/renaissance ; bûcher/berceau ;

  • Blancheur ; lumière ; purification ; pureté ; élévation ; ascension chamanique ;

  • Naissance ; origine ; conception ; gestation ; enfantement ; maternité ; mère génitrice et nourricière ; allaitement ; douceur ; soins ; protection ;

  • Enfance ; croissance ;

  • Foyer ; domicile ; abri ; famille ; ancêtres ; héritage familial ;

  • Terre-mère ; féminin ; pôle yin (réceptivité, intuition, inconscient...) ; fertilité ; fécondité ; abondance ;

  • Energie ; vitalité ; vie ; courant de sève.

Énergie non intégrée ou problématique :

  • Problématiques liées à la naissance, l'enfance, la féminité, la sexualité féminine, le pôle féminin intérieur (manque ou excès), la maternité, la famille, la mère

  • Difficulté à commencer, à débuter, à entrer dans le neuf.

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Dans La Voix des Arbres (Édition originale, 2019 ; Tana Éditions, 2023 pour la traduction française) Diana Beresford-Kroeger transmet à son tour sa vision de l'ogham des Celtes :


Beith - Le Bouleau


Quand j'étais étudiante en Irlande, j'ai un jour pris la route qui descendait à Bantry avec l'intention de passer par les lacs de Killarney pour voir ce que le printemps avait à offrir. J'étais armée de ma loupe, de sacs à échantillons, d'un sandwich au jambon et d'un thermos de thé. Une jolie petite vallée verte a tiré mon attention. Là, un grand pin sylvestre se dressait près d'un magnifique bosquet de bouleaux immaculés assoiffés de soleil. Quelque chose dans ce bosquet m'appelait.

J'ai escaladé la clôture et bravé les ronces en me servant de mon thermos. Je visais en ligne droite l'énorme rocher vers lequel le pin sylvestre pendait comme un ivrogne. En arrivant au rocher, dont je comptais faire ma table et où j'allais poser mon thermos de thé, j'ai remarqué sa nappe verte. Je suis restée bouche bée. J'étais tombée sur une fougère du genre Hymenophyllum, une première en Irlande.

En plus de cette fougère et de sa couche unique de cellules étalée sur le rocher, j'ai croisé pour la première fois le bouleau indigène d'Irlande. Ces bouleaux pubescents, Betula pubescens, faisaient tout juste leur retour dans des endroits divers après un exil de cinq cents ans. Dans le monde celte, le bouleau était connu comme une entité féminine et tenu en haute estime. Son écorce comporte un périderme blanc aux allures de poudre de talc. Le périderme reflète un peu de la lumière du jour, mais sous la lune - qui réfléchit elle-même la lumière du soleil -, l'arbre brille d'une lueur argentée. C'est ce qui lui vaut son ancien nom de « bouleau luisant », beith gheal, et le phénomène, à la façon d'une robe de soirée, descend jusqu'au sol.

La femme celte était respectée. Elle était couverte d'amour, grd, tout particulièrement sur le plan domestique. On nommait souvent les arbres d'après des femmes, tout comme les lieux, les puits et les fêtes. Ce respect s'étendait à toutes les femmes celtes, de la bean rion, la reine, à la bean lui, l'amante. Les frasques de la reine guerrière Medb de Connacht étaient connues de tous. Cette beauté célèbre a mené une vaste flotte au combat sur le littoral occidental d'Irlande. elle collectionnait aussi les hommes, qui succombaient à son appétit sexuel irrésistible. La légende de la reine Medb rivalisait avec l'Iliade d'Homère dans tout le monde celte, et c'est encore le cas aujourd'hui.

Le bouleau fut baptisé Beith bien avant notre ère. Dans la tradition orale des Celtes, Beith était un mot-temple, une porte vers le sens de la vie, une étoffe tissée des trois fils du corps, de l'esprit et de l'âme. Le mot Beith est censé exister en tant que constante mystique hors du temps. Une vieille formule celte s'y rapporte, et une version de celle-ci se retrouve dans chaque grande religion mondiale : An te a bhi agus ata, « celui qui était et sera toujours ». C'est le divin qui germe à la naissance de l'humanité. Le bouleau irlandais porte le souvenir de ce don.

Au cœur de la nature se pose l'éternelle question du sens de la vie. Les ollùna - les hommes et les femmes érudits de l'élite des druides - prenaient cette question très au sérieux. La philosophie de la vie était transmise de génération en génération dans ces familles. On lançait des énigmes où le sens des mots s'altérait et se retournait. Du lait des mots, les bardes tiraient la crème du chant et des vers, et la cour de Tara a fait de cette crème le beurre simple de rimes qui résisteraient à l'épreuve du temps.

Les Celtes ont pris le bouleau, Beith, et lui ont attribué la lettre B de l'alphabet oghamique. le tracé de cette lettre commence par une ligne verticale. Du centre de cette ligne, vers la droite, part une ligne perpendiculaire.

Toutes les nations maritimes du Nord ont fait grand usage du bouleau, des canoës amérindiens aux currachs celtes.

Les druides-médecins, hommes et femmes, en connaissaient les propriétés médicinales. Une tisane faite en versant de l'eau de puits bouillante sur des feuilles de bouleau adultes est un vieux remède contre les infections urinaires. Cette boisson légèrement diurétique est censée exercer une action antiseptique douce sur les tissus délicats de l'appareil urinaire masculin comme féminin. Elle est encore utilisée par les peuples autochtones dans toute la couronne de la forêt boréale en dessous de l'Arctique.

L'aspect le plus formidable du bouleau, on le trouve à l'époque moderne. Un arbre qui faisait partie du patrimoine commun est désormais aux mains d'entreprises multinationales. Son écorce est convertie par distillation en petits cachets blancs. Quatorze millions de ces cachets d'aspirine sont vendus en pharmacie chaque jour, pour soulager la douleur, combattre la fièvre et réduire l'inflammation. On lui a également découvert des vertus anticoagulantes.

Mais ce n'est pas tout ! Dans l'obscurité, le bouleau produit un agent phytochimique régulateur. Ce petit joyau, l'acide bétulinique, a notamment une activité antitumorale. Il pousse les cellules cancéreuses à s'autodétruire. Son rôle dans l'arbre consiste à le maintenir en attente et à réguler sa croissance jusqu'à ce que les conditions d'ensoleillement s'améliorent.

Le bouleau contient également un étrange sucre du nom de xylitol, qui inhibe une bactérie responsable des caries dentaires et d'otites chez les jeunes enfants. Maintenant, du coup, on met du xylitol dans les chewing-gums pour avoir des dents plus saines.

Les fabuleux bouleaux que j'ai vus à Killarney poussent toujours là sur la terre de mes ancêtres. Je suis prête à parier que, la prochaine fois que je me rendrai dans la vallée, un nouveau joyau m'y attendra. La nature est pleine de surprises.

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Pandora Hearts, autrice, et Lydie Bossuet, illustratrice proposent un Oracle des arbres & des oghams (Éditions Secret d'étoiles, 2022) que je trouve particulièrement beau :


Paroles de Beith : Je suis Beith, l'arbre de la Vie et de la Renaissance. Ma croissance rapide m'offre une grandeur physique et spirituelle. De mon bois sont créés les berceaux et les cercueils, cocons de la naissance et de la renaissance des âmes. Mes racines puisent dans l'humus, né de la mort de mes frères, les nutriments nécessaires à l'épanouissement de mon feuillage protecteur. J'offre au printemps ma sève nourricière, comme une mère fertile allaitant son enfant. Je suis Beith, l'arbre du Commencement.

Signification de la carte : Dans un tirage, Beith annonce le début d'un nouveau cycle. Il symbolise un nouveau départ, la naissance de projets, une énergie créatrice, de nouvelles possibilités. Il suggère de fonder vos projets sur des bases solides durant ce temps de gestation, afin d'obtenir une progression saine et efficace. Beith annonce également une élévation sociale ou spirituelle. Votre engagement déterminera votre facilité à gravir les échelons vers le succès.

De même, Beith incarne la génération, la fertilité et la grossesse. Cela peut indiquer un enfant à naître, la fondation d'un foyer, ou encore la création d'une entreprise, le début d'une nouvelle quête spirituelle. Mais il peut également évoquer une personne qui apporte des propositions innovantes et favorables à vos projets.

Dans une énergie d'évolution, Beith peut exprimer une nouvelle étape du cycle féminin : l'enfant devient ainsi mère, ou la mère devient l'ancienne, suggérant ainsi la maternité et la ménopause. Dans un tirage spirituel, il indique parfois le développement des capacités parapsychiques.


Carte renversée : Lorsque la carte apparaît à l'envers, Beith suggère une personne qui n'assume pas ses choix, ou encore des difficultés à s'adapter au changement. Il indique également que des projets peuvent être ralentis par des difficultés non résolues. De même, il peut exprimer que la nouvelle direction choisie n'est pas la bonne. Il conseille ainsi de réévaluer la situation qui semble considérablement freinée et de faire preuve de patience.

Enfin, Beith peut mettre en garde contre une relation qui ne durera pas, ou un projet matériel ou spirituel qui n'a aucune chance d'évoluer. Selon le tirage, il exprime des difficultés à concevoir un enfant, à ébaucher les prémices d'un projet, ou encore une incapacité à évoluer de manière harmonieuse soit socialement, soir spirituellement.


Mots clés : Naissance - Renaissance - Commencement - Elévation - Croissance - Gestation - Fertilité - Famille.

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