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Les Pléiades



Étymologie :


  • PLÉIADE, subst. fém..

Étymol. et Hist. 1. Déb. xiiie s. astron. pliades (La Petite philos., éd. W. H. Trethewey, 2409), forme encore att. en 1486 (Corbichon ds Gdf. Compl.) ; 1547 Pleiades (J. Martin, Architecture de Vitruve, F10 r°) ; 2. 1563 (Florent Chrestien, Sonnet ds Ronsard, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 12, p. 20, 376) ; 1566 (Estienne, Apol. Herod., ch. 6 −I, 110 −ds Hug., s.v. pleiadizer : contrepéter le language de messieurs les poëtes de la Pleïade) ; 1845-46 (Besch. : Pléiade. Nom donné, par allusion aux sept étoiles de ce nom, à un groupe ou à une réunion de sept personnes célèbres) ; 1853 «groupe» (Arago ds Guérin 1892) ; 1878 anat. (Lar. 19e Suppl. : Pléiade ganglionnaire, Assemblage de glandes ou de ganglions lymphatiques). Empr. au lat. Pleiades, Pliades, -um dénom. d'une constellation de sept étoiles, du nom des sept filles d'Atlas et de Pléioné, gr. Π λ ε ι α ́ δ ε ς, Π λ ι ́ α δ ε ς « id. » empl. ensuite au sing. pour désigner cette constellation et le groupe des sept grands poètes alexandrins. Au sens 2, le terme, empl. d'abord métaphoriquement par Ronsard (1556, Élégie ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 8, p. 354, 46) a été répandu par les poètes huguenots ennemis de Ronsard (v. P. Laumonier ds Introd. du t. 12 des Œuvres de Ronsard, pp.V-VI), alors que Ronsard, pour qualifier ce groupe de poètes, utilise brigade (1556, Élégie, ibid., 45), v. aussi P. Laumonier, Vie de P. de Ronsard de Claude Binet, thèse, pp. 219-225.


Lire également la définition du nom pléiade afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Hank Wesselman, auteur de Celui qui marchait avec les esprits, Messages du futur (édition originale : 1995, traduction française Éditions Robert Laffont : 1997) nous apprend l'importance de la constellation des Pléiades pour les habitants de Hawaï.


"Un vent froid se leva pendant la nuit, mugissant, sifflant entre les rochers. Naïnoa ouvrit les yeux une nouvelle fois, glacé. Il ralluma son feu et, tremblant, resta assis à contempler le ciel. La Grande Ourse, Na Hiku, était bien visible. En suivant le tracé de sa queue, il trouva Hokule'a, l'étoile qui, selon la tradition, passait directement au-dessus de l'île des ancêtres, Hawaii. Très haut, il vit les Pléiades, Na Huihui a Makali'i, amas de petits yeux dont l'apparition au coucher du soleil marquait le début de la moisson. Dans un conte ancien, l'arbre du monde poussait tout droit pour s'enfoncer dans l'ouverture délimitée par les sept étoiles. En repensant à l'arbre gigantesque et au visage de feuilles de sa vision, Naïnoa replongea dans le sommeil mais il en fut aussitôt tiré par le cri strident d'un oiseau."

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Cette constellation de six étoiles (sept pour les Anciens), dont la principale est Alcyone (nom signifiant la pai), fut considérée par plusieurs astronomes anciens et modernes comme étant le « soleil central de notre galaxie ». Les Babyloniens l'appelaient « la Pierre Fondamentale », les Arabes « le Centre », les Hindous, « la Mère » : ces derniers en faisaient les nourrice des Kârttikeya, divinité de la Guerre et de la planète Mars.

L'importance astrologique des Pléiades vient principalement du « fait qu'à l'époque lointaine du IIIe millénaire cet astérisme marquait le printemps. Le nom de la première demeure (ou division, sieou) du zodiaque lunaire chinois est celui des Pléiades - Mao. En Polynésie, comme au Pérou, l'année commençait le jour où cette constellation réapparaissait pour la première fois au-dessus de l'horizon. Dans ces deux régions, comme dans la Grèce antique, elle est encore considérée comme patronne de l'agriculture ».

Chez les Incas, les Pléiades, qui étaient associées au cycle agraire, passaient également pour les gardiennes des moissons et des fruits de la terre. Elle protégeaient en outre des maladies, notamment du paludisme. A leur apparition en juin (coïncidant avec l'année nouvelle), on les honorait par des sacrifices humains « où des victimes volontaires se jetaient dans un précipice ».Selon une tradition de l'ancien Pérou, ces étoiles, selon qu'elles étaient grandes ou petites, annonçaient la prospérité ou disette.

Dans la mythologie romaine, les Pléiades étaient le fruit de la métamorphose de la déesse de Terre Maïa, mère de Mercure par Jupiter et nourrice de bacchus, et de ses sœurs,. Les Grecs, qui y voyaient les sept filles d'Atlas et de Pléion, changées par Zeus en colombes et placées parmi les constellations pour échapper au géant Orion, leur attribuaient une influence astrologique funeste. Ils n'en considéraient pas moins la présence des Pléiades, appelées « étoiles navigantes », comme de bon augure pour voyager ou pour naviguer : on s'abstenait de le faire si elles étaient invisibles.

Chez de nombreux peuples altaïques, pour lesquels l'apparition des Pléiades annonce l'hiver (croyance qui existait en Europe et en Laponie), « au milieu de la constellation se trouve un trou, perçant la voûte du ciel ; c'est par ce trou que vient le froid ».

Les Lapons comme de nombreux primitifs ont associé les Pléiades à des jeunes filles vierges. Chez les Mandjias du Soudan oriental, la constellation, qui passe également pour des jeunes filles vierges, accueille les âmes des jolies femmes. Pour les Américains, les Pléiades sont des danseuses sacrées.

Selon une tradition russe, les Pléiades, appelées parfois « les clefs de saint Pierre », sont apparues au ciel depuis l'épisode des quarante martyrs.

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Roland Laffite, dans un article intitulé "Le ciel des Touaregs" (paru dans Planétarium, revue de l’APLF (Association des planétariums de langue française) de mai 2019) nous apprend que :


[...] De nombreux peuples ont fait de même, et les Touaregs ne sont pas en reste, comme le confirme ce proverbe :

Quand Shat ahad [= les Pléiades] se couchent [avec le Soleil]

Tu n’es pas endormi, tu cherches l’outre pour boire,

Quand elles se lèvent [avec le Soleil] Shat ahad [= les Pléiades] se couchent,

Tu veilles, tu cherches une couverture pour te vêtir.


Tout cela pour dire que le lever héliaque des Pléiades, fin avril-début mai, annonce la saison chaude, tandis que leur coucher héliaque, au mois de juillet, annonce le début d’une saison fraîche.

[...]

Pour rester dans un espace du ciel bien connu sous nos latitudes, considérons les figures situées sur une ligne allant de la Ceinture d’Orion (δεζ Ori) aux Pléiades, en passant par les Hyades, axe qui est, chez les Touaregs, le lieu d’une étonnante scène céleste. Amanar, « le Guide », qui occupe l’espace d’Orion, et Kukyahad, dont le sens est inconnu et qui est centré sur trois étoiles des Hyades (peut-être α, θ et δ Tau), se battent pour quelques graines de cueillette (des Boerhavia L. ou belles-de-nuit) sous les yeux des épouses qu’ils ont en commun, Shat ahad, les « Filles de la nuit ». Pierre Benoît les décrit ainsi dans son Atlantide [1919], à partir du livre de l’explorateur Henri Duveyrier, Les Touaregs du Nord, paru à Paris en 1864 :


— Les Pléiades, murmurai-je à Morhange, lui désignant les sept pâles étoiles, tandis qu’Eg -Anteouen, de la même voix monotone, reprenait sa lugubre chanson :


Les Filles de la Nuit sont sept :

Mâteredjré et Erredjeâot,

Mâteseksek et Essekâot,

Mâtelahrlahr et Ellerhâot,

La septième est un garçon dont un œil s’est envolé.

[...]

C’est sous l’influence de la religion islamique que la septième des Filles de la nuit, changée en un garçon dans la version rapportée par Pierre Benoît, peut prendre un nom tiré de la tradition coranique, plus précisément celui de la fille du prophète Mohammed, personnage extrêmement vénéré. C’est :


Fadimatais à qui Amanar a enlevé un œil

pour une bouchée de graines de belles-de-nuit.

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Dans Le Chamane et le Christ (Éditions Le Passe-Monde, 2020) Daniel Meurois évoque les croyances des Amérindiens Wendat à travers le témoignage d'un personnage d'homme-médecine déboussolé par les catastrophes liées à l'arrivée des Anglais et des Français sur leur territoire :


Ce fut ainsi que, bien souvent, dans ce retour aux sources que Sam et ses compagnons me permirent de vivre, j'ai passé mes nuits un peu à l'écart. En fouillant avec émotion la voûte étoilée, j'y cherchais Stella Maris ou une Ourse, j'y guettais quelque possible apparition des Sept sœurs et de leurs parents (1) ainsi que celle de cette Étoile du Soir qui sait également si bien se faire Étoile du Matin (2).

Je ne sais plus si lors de cette longue course vers l'ouest de mon monde je suis parvenu à distinguer dans les cieux les Sept sœurs et leurs parents mais toujours je les y ai cherchées. Celles-ci étaient chères aux Wendats parce qu'on disait qu'en se rapprochant de la Terre, l'une d'entre elles était tombée amoureuse d'un des peuples qui y vivait - le nôtre bien sûr - et que son père, compatissant, lui permettait parfois de lui rendre visite. On disait aussi que c'était facile parce que le Grand Esprit avait créé un trou dans le ciel pour cela...


Notes : 1) C'était ainsi qu'était traditionnellement appelée la Constellation des Péliades, laquelle n'est pas toujours visible en fonction des saisons.

2) Vénus qui, en réalité n'est pas une étoile mais une planète.

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Mythologie :


Dans L'Oracle des Bardes, 36 mythes et légendes de nos ancêtres (Éditions Contre-Dires, 2019) Marie-Noëlle Anderson nous rappelle le lien entre les Pléiades et les Hyperboréens :


Située aux confins du monde, à l'extrême nord de la terre, l'Hyperborée aurait eu pour habitants les Tuatha Dé Danaan, prédécesseurs des Celtes, constructeurs de mégalithes, riches en savoir chamanique, connaisseurs des lois énergétiques. Leurs sages étaient les premiers druides et leur prêtresses avaient le don de clairvoyance. Les récits, entres autres de l'historien grec Diodore, relatent que les habitants de l'île de Délos dans la Grèce antique recevaient chaque année des offrandes envoyées par les Hyperboréens. Délos, l'île où Léto, enceinte de Jupiter, trouva refuge après une longue errance, pour donner naissance aux jumeaux Artémis et Apollon. Tous les dix-neuf ans, lorsque les phases de la Lune se produisent à une même date et se trouvent en relation directe avec le Soleil, rythme qui marque l'évolution de la destinée des humains, Apollon rendait visite aux Hyperboréens et fêtait avec eux l'équinoxe de printemps. Les cérémonies duraient quarante jours, le temps de la phase invisible des Pléiades - les sept sœurs, filles d'Atlas, et avaient un but propitiatoire.

En effet, il semble que, dans des temps reculés, les Pléiades indiquaient le pôle Nord. A l'époque, l'axe terrestre était orienté différemment, entraînant des situations climatiques qui n'ont rien à voir avec celles que nous connaissons aujourd'hui. Une modification de l'axe terrestre, avec disparition définitive des Pléiades en tant que repère pour l'humanité, a laissé dans la mémoire collective le souvenir d'une terrible frayeur, d'autant plus que cet événement entraîna de grands cataclysmes, des tremblements de terre, des raz-de-marée et des éruptions volcaniques; Ainsi, la disparition annuelle des Pléiades résonne dans la mémoire collective avec le souvenir de l'effrayante catastrophe. Ptolémée, grand astrologue de l'Antiquité, les traditions du Mexique, de la Chine, de l'Inde, de l'ancienne Perse et bien d'autres encore ont associé le parcours céleste des Pléiades au mythe-vérité du continent englouti. Y aurait-il donc un rapport magique entre Atlas - le père des Pléiades - et l’Atlantide ? "Magique" dans le sens de prestidigitateur, puisque cette constatation de cause à effet concilie ce qui pour beaucoup est inconciliable : le mythe et l'observation astronomique. Entre les opposés, l'arc-en-ciel commence à naître, pour révéler leur complémentarité.

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