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L'Étoile filante





Étymologie :


  • COMÈTE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 comete « astre à traînée lumineuse » (Geoffroi Gaimar, L'Estoire des Engleis, éd. Bell, 1431); b) 1896 projets et plans sur la comete (Verlaine, Œuvres posthumes, t. 1, Souvenirs, p. 281); 2. 1690 hérald. (Fur.); 3. 1800 « ruban étroit et satiné » (Boiste); 4. 1896 reliure (A. Maire, loc. cit.). Empr. au lat. cometes, -ae « comète », gr. κ ο μ η ́ τ η ς « chevelu » d'où le subst. « astre chevelu, comète ».


  • MÉTÉORE, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1270 metheores « phénomène qui se passe dans l'atmosphère » (Mahieu Le Vilain, Météorologiques d'Arist., ms. Bruxelles 11200 ds Notices et extr. des mss de la B.N., t. 31, 1re part., p. 2) ; 1585 (Isaac Habert, Les trois livres des meteores, Titre ds Gdf. Compl.) ; 1671 Meteore Ignée « phénomène céleste lumineux » (Pomey). Empr. au gr. μ ε τ ε ́ ω ρ α « phénomènes ou corps célestes » plur. neutre de l'adj. μ ε τ ε ́ ω ρ ο ς « qui est en l'air ».


Lire également la définition de comète et météore afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


ÉTOILE FILANTE - Le vulgaire est convaincu que lorsqu'on a le bonheur de former un souhait au moment précis où une étoile filante traverse l'atmosphère, ce souhait ne manque jamais d'être accompli. D'autres pensent que le même phénomène indique le trajet d'une âme appelée au paradis. Les Hindous croient aussi que ces étoiles sont des âmes, soit celles des divinités qu'ils nomment Déoutus, soit celles de créatures humaines qui, après avoir joui durant une certaine période de la félicité des cieux, redescendent sur la terre, pour y occuper de nouveaux corps mortels.

« Nous voyons, » dit M. le docteur Coremans, « que dès les temps les plus anciens les étoiles filantes annonçaient la mort d'un homme dont l'étoile disparaissait avec lui, tandis que d'un autre côté elles laissaient en tombant des deniers d'or qui portaient bonheur et enrichissaient les pauvres filles. » En Lorraine, où on conserve un si religieux et si constant souvenir des personnes qu'on a eu le malheur de perdre, des étoiles qui filent indiquent que des âmes viennent au même instant d'être délivrées des peines du purgatoire et sollicitent, en actions de grâces, l'aumône d'un Pater qui leur est rarement refusée. La même croyance existe également dans le pays de Castres. Dans le Béarn, on dit qu'elles indiquent des âmes qui ont quitté la terre sans avoir obtenu le pardon de leurs péchés.

Si on peut, croient encore quelques personnes, avoir le temps de former un vœu pendant qu'une étoile file, il sera infailliblement accompli. Cette opinion existe aussi à Valenciennes et dans les environs de cette ville. (HÉCART.)

Dans le canton de Vézelise, on dit que si, pendant qu'une étoile file, on peut prononcer requiescat in pace, on sauve une âme du purgatoire. (Traditions lorraines, RICHARD.) Nous n'abandonnerons point les étoiles filantes, sans ranger au nombre des erreurs de la science, cette opinion de quelques physiciens qui voient dans ce genre de météores, des débris de comètes traversant notre tourbillon avec une vitesse analogue à celle du fluide électrique.

 

Dans Mélanges de traditionnisme de la Belgique (Aux Bureaux de La Tradition, 1893) Alfred Harou rapporte quelques croyances supplémentaires :


Étoile filante. -- L'étoile filante est une âme qui quitte la terre et s'envole vers le ciel.

Il faut faire un vœu lorsqu'on voit filer une étoile.

D'autres disent que c'est une âme qui sort du Purgatoire. (Anvers).

A Florenville, une étoile filante, c'est la vengeance de Dieu qui s'appesantit sur quelqu'un. C'est un homme mort, dit-on, lorsqu'on voit une étoile qui file.

Une étoile filante, c'est une âme qui quitte la terre. On l'exonère du purgatoire, si avant qu'elle ne tombe, on a pu prononcer trois fois la phrase suivante : Loué soit F. Ch. au très saint sacrement de l'autel . Ainsi soit-il ! (Godarville).

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Charles Lejeune, auteur de "Superstitions." (In : Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série. Tome 8, 1907. pp. 417-437) nous apprend que :


Dans la Mayenne les étoiles filantes sont, comme dans beaucoup d'endroits, des âmes de parents qui vont en paradis, mais quand dans un cauchemar on rêve à une personne de sa famille décédée, on est convaincu qu'elle demande des prières pour sortir du purgatoire. C'est une survivance de cette vieille croyance que l'âme venait se plaindre tant qu'on n'avait pas rendu à son corps les honneurs funèbres. Dans la Brie l'étoile filante annonce une mort prochaine dans la maison au-dessus de laquelle on la voit, ce qui peut être dangereux pour beaucoup de personnes.

 

L. N. Vinogradova, dans un article intitulé "Les croyances slaves concernant l'esprit-amant". (In : Cahiers slaves, n°1, 1997. Aspect de la vie traditionnelle en Russie et alentour. pp. 237-254) rapporte les croyances suivantes :


A en juger d'après les nombreux témoignages recueilli en Russie, ces trois types de personnages : le mort, le serpent et le démon sont réunis en un seul. Selon Čulkov, 1786, le serpent de feu (ognennyj zmej) était un démon qui rendait visite aux veuves ou aux jeunes filles pleurant leur mari ou leur fiancé sous la forme du défunt. A la suite de cette visite, les femmes dépérissaient et mouraient. Pour d'autres, le serpent était invisible ou bien apparaissait sous la forme d'une étoile filante.

[...]

Parmi les traits qui caractérisent l'amant mythique comme un être volant, un être de feu, un être qui brille comme une comète, comme un éclair, etc. on remarque qu'il a des liens avec des éléments tels que le vent, le tourbillon, l'orage. Ces traits encore plus forts dans le type d'esprit de la mythologie Balkans et des Carpates. Par exemple, dans les croyances répandues dans les Carpates et parmi les Slaves occidentaux, un être pourvu d'ailes capable de se transformer en étoile filante, comète, dragon, oiseau, tourbillon, qui tout comme un vampire chercher à avoir des relations amoureuses avec des femmes.

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Mythologie :


J. Kleiber propose un article intitulé "Petite Histoire des Étoiles Filantes" (in : L'Astronomie, vol. 8, 1889, pp. 413-416) qui évoque différentes manières d'expliquer l'origine des étoiles filantes :


Les grandes comètes inspiraient et inspirent encore au peuple ignorant une terreur mal fondée, elles effrayent les hommes par leur forme étrange et leur apparition inattendue. Les étoiles filantes ne sont pas si effrayantes. Petites, silencieuses, elles apparaissent pour un moment, parcourent en un clin d'œil une partie du ciel, et disparaissent sans jamais revenir, en laissant quelquefois derrière elles des queues phosphorescentes, qui ne tardent pas à s'évanouir.

On rencontre dans les légendes des peuples des croyances religieuses et des mythes poétiques concernant les étoiles filantes. Ainsi, par exemple, les habitants des îles de la Société (en Australie) voient dans les étoiles filantes des âmes humaines, poursuivies par l'Esprit du Mal, qui viennent chercher sur la Terre le secours qui leur est refusé dans les cieux ; un mythe poétique de la Lithuanie explique l'apparition des météores de la manière suivante : Une nymphe file sur le ciel la destinée de chaque homme, chaque fil se termine par une étoile. Quand la mort s'approche de l'homme, son fil se casse et son étoile pâlit et tombe sur la Terre.

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Littérature :


Les étoiles filantes


I.

À qui donc le grand ciel sombre Ces feux-là vont-ils aux prières ?

Jette-t-il ses astres d'or ? À qui l'Inconnu profond

Pluie éclatante de l'ombre, Ajoute-t-il ces lumières,

Ils tombent...? — Encor ! encor ! Vagues flammes de son front ?

Encor ! — lueurs éloignées, Est-ce, dans l'azur superbe,

Feux purs, pâles orients, Aux religions que Dieu,

Ils scintillent... — ô poignées Pour accentuer son verbe,

De diamant effrayants ! Jette ces langues de feu ?


C'est de la splendeur qui rôde, Est-ce au-dessus de la Bible

Ce sont des points univers, Que flamboie, éclate et luit

La foudre dans l'émeraude ! L'éparpillement terrible

Des bleuets dans des éclairs ! Du sombre écrin de la nuit ?


Réalités et chimères Nos questions en vain pressent

Traversant nos soirs d'été ! Le ciel, fatal ou béni.

Escarboucles éphémères Qui peut dire à qui s'adressent

De l'obscure éternité ! Ces envois de l'infini ?


De quelle main sortent-elles ? Qu'est-ce que c'est que ces chutes

Cieux, à qui donc jette-t-on D'éclairs au ciel arrachés ?

Ces tourbillons d'étincelles ? Mystère ! Sont-ce des luttes ?

Est-ce à l'âme de Platon ? Sont-ce des hymens ? Cherchez.


Est-ce à l'esprit de Virgile ? Sont-ce les anges du soufre ?

Est-ce aux monts ? est-ce au flot vert ? Voyons-nous quelque essaim bleu

Est-ce à l'immense évangile D'argyraspides du gouffre

Que Jésus-Christ tient ouvert ? Fuir sur des chevaux de feu ?


Est-ce à la tiare énorme Est-ce le Dieu des désastres,

De quelque Moïse enfant Le Sabaoth irrité,

Dont l'âme a déjà la forme Qui lapide avec des astres

Du firmament triomphant ? Quelque soleil révolté ?


Victor Hugo, "Les étoiles filantes" in Les Chansons des rues et des bois, 1865.

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Étoiles filantes


Dans les nuits d’automne, errant par la ville,

Je regarde au ciel avec mon désir,

Car si, dans le temps qu’une étoile file,

On forme un souhait, il doit s’accomplir.


Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes :

Quand un astre tombe, alors, plein d’émoi,

Je fais de grands vœux afin que tu m’aimes

Et qu’en ton exil tu penses à moi.


A cette chimère, hélas ! je veux croire,

N’ayant que cela pour me consoler.

Mais voici l’hiver, la nuit devient noire,

Et je ne vois plus d’étoiles filer.


François Coppée, "Étoiles filantes" in L’Exilée, 1877.

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