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X. La Roue de la Fortune / Argantorota





Symbolisme :


Voici la présentation du Tarot du Sepher de Moïse qui met en avant les lames du Livre de Thot :


Lame du nombre 10 - lettre hébraïque Yod - la Roue de Fortune


Le Nombre Dix, la Roue de Fortune dans le livre de Thoth, est aussi le signe de notre Zodiaque sacré d’Ired/Taureau, deuxième signe de Terre, son apogée, le cinquième dans le cercle astral. Le Nombre Dix occupe la première position du quatrième ternaire (10-11-12), qui lui-même est le premier d’une nouvelle décade, ce qui en fait une déclinaison de la Providence. Ce quatrième ternaire est à mettre en relation avec le Nombre quatre de la matérialisation des principes. Si nous classons chaque Nombre par ternaire (Providence, Conscience, Destin), il convient de ranger chaque ternaire selon ce principe universel. Nous avons donc au niveau des Nombres (Puissances) Principes (de 1 à 9) un ternaire sous influence de la Providence (1-2-3), un ternaire sous influence de la Conscience (4-5-6) et un ternaire sous influence du Destin (7-8-9). Des Nombres Principes, nous passerons à une déclinaison plus densifiée dans la cristallisation de la Lumière avec un nouveau ternaire qui ne sera plus fait de Puissances pures, mais de Puissances combinées, un autre plan de la création. Ce ternaire (10-11-12) d’une nouvelle série de trois, repassant sous l’influence de la Providence, le premier Nombre de ce ternaire étant lui aussi sous l’influence de la Providence, il en concentre donc toute la puissance. Le Nombre Dix est le Un suivi du Zéro, une concentration des Neuf premiers Nombres déclinés sur un plan différent, une octave inférieure. Sa réduction Théosophique nous ramène à la Puissance source qui le gouverne et qui est le Nombre Un. Voilà pourquoi le Nombre Dix est considéré comme le fils du Nombre Un. La caractéristique de ce Nombre Dix est définie par le signe du Zodiaque sacré auquel il se rattache (voir chapitre V), il est aussi le deuxième signe de Terre dont Seth/Vierge est le premier (le début) signe qui se trouve attaché au Nombre Cinq, la quintessence. L’addition théosophique de tous les Nombres jusqu’à Dix donne 55, une double quintessence, et la réduction théosophique de ce total donne Dix, ce qui, compte tenu de ce qui précède, révèle une précision métaphysique extrêmement rigoureuse.

Cette Roue karmique, qui est la figure hiéroglyphique de la lame du livre de Thoth, symbolise admirablement la mise en mouvement des Nombres de notre Ennéade dans les cycles de la sphère temporelle de perfectibilité et dont ceux de l’involution et de l’évolution constituent l’archétype. Le Nombre Dix n’est pas le Début de cette Roue, mais la moitié du parcours, si nous considérons légitimement que notre Zéro n’est pas la vingt deuxième Lame, mais celle qui se situe avant le Un, le Nombre Dix est donc la moitié du cercle soit du Zodiaque sacré et planétaire ascendant, soit du zodiaque profane et planétaire descendant. L’association du Nombre Un et du Zéro, implique une action conjointe de l’ordre et du chaos, du pouvoir créateur sur l’incréé, de l’invisible sur le visible, ce qui se traduira par la complémentarité de l’exotérisme et de l’ésotérisme. Cette Roue polarisée par l’énergie sexuelle de la dualité qui en assure le mouvement (force génésique du signe d’Ired/Taureau), sera celle des réincarnations successives de l’âme-de-vie, jusqu’à son terme libérateur. Dans l’ancienne Égypte le symbolisme des cycles était figuré par l’Ouroboros ce serpent qui forme un cercle et se mord la queue. Et nous savons que le Sphinx qui domine la Roue de Fortune, dans la représentation hiéroglyphique de la lame du livre de Thoth, pour en faire respecter les règles, est notre gardien le Chérubin du verset 24, chapitre III, tome 1 ; c’est aussi le symbole de la synthèse de l’animalité sublimée des quatre éléments (Nombre Quatre dont l’addition théosophique nous donne le Nombre Dix, la fameuse Tétractys) par la maîtrise et la domination de leurs forces (vertus) à laquelle doit parvenir l’âme-de-vie. Le Sphinx est au-dessus du cercle que forme la Roue des manifestations, le centre animateur du mouvement de cette roue étant la Volonté (Conscience) qui se manifeste et de laquelle émanent les énergies des Neuf premiers Nombres ; faculté volitive qui n’est pas encore parvenue à maîtriser les éléments et les puissances. Cette roue nous la retrouvons dans le Tao-Tô-King :


Les rayons de la roue convergent au moyeu. Ils convergent vers le vide. Et c’est grâce à lui que le char avance. Un vase est fait d’argile mais c’est son vide qui le rend propre à sa tâche. Une demeure est faite de murs percés de portes et de fenêtres, mais c’est leur vide qui la rend habitable. Ainsi, l’homme construit des objets, mais c’est le vide qui leur donne sens. C’est ce qui manque qui donne la raison d’être.


Le Nombre Dix a pour lettre hébraïque Yod, nom divin Iah ( Deus) ici finit le monde angélique.

Vocabulaire radical de La langue hébraïque restituée :


Ce caractère est le symbole de toute puissance manifestée. Il représente la main de l’homme, son doigt indicateur. Employé comme signe grammatical, il est celui de la manifestation potentielle, de la durée intellectuelle et de l’éternité. Caractère remarquable dans sa nature vocale, il perd la plus grande partie de ses facultés en passant à l’état de consonne, où il ne peint plus qu’une durée matérielle, une réfraction, une sorte de lien comme Zaïne, ou de mouvement comme Shin. Platon donnait une attention particulière à cette voyelle, qu’il considérait comme affectée au sexe féminin, et désignant par conséquent tout ce qui est tendre et délicat. Les grammatistes hébraïsants qui rangent ce caractère parmi les héémanthes, lui attribuent la propriété d’exprimer au commencement des mots la durée et la force ; mais ce n’est qu’un résultat de sa puissance comme signe. J’ai montré dans ma Grammaire ; quel usage le génie idiomatique de la Langue hébraïque faisait de la voyelle-mère Yod, dans la composition des verbes radicaux-composés, en qualité d’adjonction initiale. Son nombre arithmétique est 10.

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Marie-Claire a la gentillesse de partager avec nous son travail de condensation par extraits choisis des Méditations sur les 22 Arcanes Majeures du Tarot d'un auteur qui a préféré garder l'anonymat (Éditions Aubier, 1980, 1984) :


Arcane X : La Roue de fortune


La Roue de fortune représente un singe, c'est-à-dire un animal qui conserve encore les traits humains, entraîné dans un mouvement de chute. Ce n’est pas le singe qui descend mais bien le mouvement de la roue qui l’entraîne. Il relève la tête parce qu’il ne descend pas de son plein gré. Il descend de l’endroit où le sphinx, couronné et ailé, est assis.

Le dixième Arcane met en relief le cercle entier comprenant aussi bien la descente que la montée tandis que la science ne s’occupe que de la moitié du cercle à savoir le demi cercle de la montée ou de l’évolution. La théorie avancée par la science est et restera inintelligible du fait qu’elle ne prend en considération que la moitié du cercle de l’évolution et se refuse à accepter l’autre moitié, celle de l’involution ou de la chute, qui l’aurait rendue intelligible. On voit l’évolution comme "processus naturel" lorsqu’on la regarde avec l’œil du passager et on la voit comme "tragédie et drame" lorsqu’on la regarde avec l’œil des membres de l’équipage.


Tout déterminisme et fatalisme situe la responsabilité en dehors de l’être moral humain ; dans la nature, en Dieu, dans les astres… parce que tout déterminisme, tout fatalisme est la manifestation de la mentalité et de la psychologie du passager. Les habitants de Sodome et Gomorrhe furent rejetés par la sélection naturelle mais ils auraient pu survivre s’il s’était trouvé dix justes parmi eux car la sélection spirituelle les aurait épargnés. La connaissance du fait de la "sélection spirituelle" et du rôle qu’elle joue dans l’histoire de l’évolution de l’humanité peut donner lieu à la naissance d’un faux ésotérisme càd à la formation de groupes, de communautés et fraternités qui se croient autorisés à élire ou se croient élus mais on n’élit pas, on est élu. L’évolution comprise exotériquement est un processus cosmique tandis que comprise ésotériquement, elle est un drame ou un "mystère".

Ainsi le 7ème jour est-il béni et sanctifié parce qu’il est bien le jour du Père qui s’efface, s’immobilise et se tait. Et il fut sanctifié et béni comme la partie ouverte du cercle du mouvement du monde, de sorte que les êtres du monde eussent accès à la maison du Père et le Père à la leur. Mais le Serpent dit : "Il n’y a pas de liberté pour le monde tant que le cercle n’est pas clos car être libre, c’est être en soi-même, sans ingérence d’en-dehors, surtout de la part du Père…" Il prit sa queue dans sa bouche et forma un cercle clos et dit aux êtres en deçà du cercle clos : "…Ainsi, vous serez libre comme je suis libre…"

Mais la femme garda le souvenir du monde ouvert vers le Père et se prêta au déchirement du cercle clos en elle pour enfanter des enfants provenant du monde où il y a Sabbah. Ainsi les fils de la femme érigèrent-ils des autels au Père en deçà du monde du Serpent car la Pensée aspirant au Père réussit à percer le cercle du Serpent et à achever une ouverture dans le cercle clos. Ainsi l’Initiation gardait vivant le souvenir du monde du Sabbah et la Prophétie nourrissait l’espoir de la délivrance du cercle du Serpent et du rétablissement futur du monde du Sabbah. La Femme Vierge, qui est l’âme du contre-mouvement, dès le commencement du monde du Serpent, reçut, conçut et enfanta le Verbe du Père. "Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi les hommes dans le monde du Serpent plein de grâce et de vérité" .

Le cercle ouvert ou la spirale est le monde des six jours de la création d’avant la chute, couronné par le 7ème jour, le Sabbah cosmique. Le cercle clos suggère l’idée de la répétition éternelle qui est le contraire même de l’éternité. Dans un monde clos dont la matière et l’énergie sont une quantité constante, il n’y a pas de miracles. La notion cosmique du miracle suppose l’inconstance de la quantité matérielle et énergétique du monde. Pour qu’un miracle soit possible, il faut présupposer une ouverture dans le cercle clos du monde sans Sabbah par la création d’une spirale. La Bonne nouvelle est que le monde n’est pas un cercle clos et qu’il n’est pas une prison éternelle. Il y a une entrée à Noël et une sortie à l’Ascension avec la Bonne nouvelle de la Résurrection qu’apporte Pâques càd que le monde peut redevenir tel qu’il était avant la chute.

La "Perdition", c’est l’engagement dans la circulation éternelle du cercle clos du monde sans Sabbah ; le "Salut", c’est la vie dans le monde de la spirale sous le ciel ouvert où chaque jour est unique et nouveau. Que Dieu puisse être révélé, voilà l’essence du Sabbah éternel, du 7ème jour de la création, qui est vie éternelle et source des miracles. La "Chute" est l’événement cosmique où le tourbillon du cercle clos mis en mouvement par le Serpent entraîna une partie du monde créé. La "Rédemption" est l’acte cosmique de la réintégration du monde déchu, d’abord par la création d’une ouverture dans son cercle clos (religion, initiation, prophétie) puis la transformation par la radiation du Verbe incarné (Jésus-Christ).

Le trait caractéristique de ce monde est l’enroulement "ténèbres" tandis que celui du Monde créé par le Père est le déploiement, l’épanouissement et la radiation ou "Lumière". C’est pourquoi l’évangile selon St Jean décrit ainsi le drame cosmique : "La Lumière luit dans les ténèbres mais les ténèbres ne l’ont point saisie". Notre planète qui était à l’ère du Mésozoïque la planète des reptiles est devenue la planète de l’humanité du fait que l’homme est l’espèce animale au cerveau le plus développé. L’évolution entière est le processus de la succession "création-sélection-rejet-oubli" incessamment répété.

Les formes "à propos" sont choisies, les autres sont rejetées par le cerveau qui est l’organe de la sélection. D’après Henri Bergson, le cerveau "mime à propos", ce que le livre de la Genèse entend par "être rusé" lorsqu’il dit : "le Serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Dieu avait faits". C’est pour ainsi dire son principe psychologique comme l’enroulement et le mouvement du cercle clos sont son principe dynamique et c’est le cerveau qui fait le lien entre la conscience et l’action ! Etre rusé pour le Serpent, c’est mimer la sagesse après en avoir éliminé l’essentiel "sa Lumière" et s’en servir à ses fins.

Le cerveau qui s’enroule sur lui-même est l’œuvre du Serpent, les hommes en tant qu’êtres cérébraux sont donc ses enfants ou enfants des ténèbres mais il existe une conscience et une expérience autres que celles dues au cerveau. "J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui" (Jean I, 32). C’est bien l’Esprit, qui transcende l’intellectualité cérébrale, qui est la source de l’initiative, l’agent et l’instrument de la Magie Divine ou Sacrée appelée à illuminer, guérir et transformer le monde (cf les miracles accomplis). D’un côté, l’évolution réelle et entière est le résultat de l’opération du serpent qui enroule et qui aboutit à la formation du cerveau et de l’intellectualité cérébrale et de l’autre celui de l’opération de la Lumière d’en haut qui ouvre l’enroulé et illumine l’intellectualité cérébrale. "Soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes" (Matthieu 10,16) càd qu’il faut tâcher d’unir l’intellectualité cérébrale avec la spontanéité spirituelle. Alors, en tant qu’êtres aspirant à l’idéal du Bien, de la Beauté et de la Vérité, les hommes sont bien les enfants de la Lumière ! L’œuvre du Salut est universelle aussi bien en ce qui concerne le temps qu’en ce qui concerne l’espace car le "Verbe était la véritable Lumière qui éclaire tout homme venant au monde". (Jean I, 9) c'est-à-dire tout homme toujours et partout.

Pour résoudre la contradiction entre l’hérédité quine fait que reproduire et l’évolution générale qui se montre créatrice, il faut bien recourir à une dimension de plus c'est-à-dire ajouter la dimension verticale à celle de la continuité horizontale située dans le temps. Il faut admettre que les qualités acquises sont emmagasinées quelque part ailleurs en ce qui concerne le mécanisme de l’hérédité propre, et qu’entre ce dernier et les qualités acquises - qui ne disparaissent pas mais sont reléguées en un autre lieu - il y a une tension active qui se manifeste aussi bien dans le fait de l’éducation que dans celui du surgissement de génies intellectuels ou moraux comme fruits d’une lignée médiocre. Cette tension entre le mécanisme héréditaire et les qualités acquises par expérience aboutit à la longue à ce que les dernières prévalent et qu’une sorte d’irruption a lieu dans le mécanisme héréditaire. Les fruits de l’expérience passée, pour ainsi dire, se réincarnent. Trois continuités constituent le drame cosmique ; la continuité biologique ou hérédité, la continuité psychique ou réincarnation et la continuité spirituelle ou œuvre du Salut.

La Lame X du Tarot met en relief le rapport entre l’animalité et l’humanité. Le sphinx au-dessus de la roue représente à la fois l’animalité et l’humanité soit encore non différenciées soit déjà intégrées. L’énigme du sphinx est donc celle de l’humanisation de l’animalité. Le chien montant vers le sphinx représente l’animalité aspirant à la réunion avec l’humanité, le singe descendant le processus de l’animalisation de l’humanité. Il s’agit donc de l’Arcane de la solution pratique du problème soit comment accomplir, sans extirpation ni rejet, l’intégralité des éléments humains et des éléments animaux dans la personnalité humaine sans que les premiers s’animalisent (deviennent singes) ni que les derniers tombent sous la domination tyrannique (deviennent chiens) des premiers. Le dixième Arcane est un exercice spirituel qui a pour but d’éveiller la connaissance expérimentée d’un certain "savoir-faire" c'est-à-dire le juste maniement des éléments de l’humanité animalisée et de ceux de l’animalité aspirant à l’humanité à partir d’un centre stable. Or ce centre est le sphinx placé au-dessus de la roue de l’animalité c'est-à-dire au-dessus du mouvement automatique dans le psychisme humain.


Il y a l’animalité créée et l’animalité évoluée. La première est d’avant la chute et la deuxième doit son existence à l’évolution d’après la chute. Il y a une animalité créée par le Verbe divin : "Toutes choses ont été faites par Lui et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui" (Jean). L’animalité d’origine divine se résume par quatre espèces : le Taureau, le Lion, l’Aigle, l’Ange ou l’Homme. Si on réunit ces quatre prototypes en un seul, on obtient le Sphinx qui est la synthèse de l’instinctivité divine et du principe de l’obéissance spontanée à Dieu. Ainsi l’Aigle de Jean symbolise l’envolée de l’esprit et du cœur mais aussi l’oiseau de proie. De même le Lion de Marc symbolise le "courage moral" mais aussi la férocité qui est au courage moral ce que le lion est au Lion. Le Taureau est le canal de l’inspiration divine de Luc et focalise la concentration de la Volonté sur un seul point. Ce n’était pas le penchant à la méditation qu’on voulait tuer en immolant le taureau dans les mystères de Mithra mais bien l’impétuosité aveugle car il y a taureau et Taureau. L’Ange ou l’Homme qui est l’inspirateur de Matthieu représente l’objectivité qui est à l’œuvre mais on peut être objectif en prenant les choses également à cœur ou en assumant une attitude d’indifférence égale en toutes choses. La première attitude est celle de l’objectivité angélique qui se manifeste par les effets de l’instinct que nous appelons conscience, la deuxième en est la dégénérescence qui se manifeste dans l’esprit scientifique qui ne peut être, à vrai dire, que cynisme.

Or la tâche pratique qui en découle est celle de l’alchimie intérieure ; la transmutation des instincts déchus en leurs prototypes non déchus. En d’autres termes, la tâche est d’établir ou de rétablir le Sphinx au-dessus de la roue de l’instinctivité, de transformer la roue ou l’automatisme psychique en sphinx par voie de métamorphose càd par constriction et expansion alternées afin de s’élever (cf le règne végétal observé par Goethe). C’est aussi la loi de la transmutation des forces psychiques, celle du chemin resserré ou de la Croix, dans le règne humain car l’homme et la plante vivent sous sa loi ; la plante organiquement et l’homme spirituellement. Or il s’agit d’étendre la loi de la Croix au règne animal. A cette fin, il faut restreindre le taureau en nous afin qu’il s’élève au Taureau càd au penchant à la méditation profonde. Se taire est une méthode pratique de la transformation de l’instinct rétrécissant et aveuglant en un penchant à la profondeur ainsi qu’une aversion envers tout ce qui est de nature superficielle. Cela veut dire que le taureau peut s’élever au niveau de l’Aigle et s’unir à lui. Par cette union s’opère le mariage de l’élan vers la hauteur avec le penchant à la profondeur.

Le mariage des contraires est l’essence de la pratique de la loi de la Croix car la croix est l’union de deux paires de contraires et la pratique de la croix est l’œuvre de la conciliation de quatre contraires ; deux contraires horizontaux et deux contraires verticaux. Le Taureau et l’Aigle sont des contraires verticaux. L’Ange et le Lion constituent l’autre paire de contraires de la croix de l’instinctivité humaine. Il s’agit de la transformation du courage combatif en courage moral car c’est par l’élévation de l’instinct de courage que celui-ci s’unit à la conscience et devient le courage moral que nous admirons chez les martyrs et les saints. De même que le Taureau devient ailé par sa conjonction avec l’Aigle réalisée par la pratique de "se taire" et que l’Aigle acquiert la constance de la persévérance du Taureau grâce à la pratique du "vouloir", de même le lion acquiert des ailes par sa conjonction avec l’Ange réalisée par la pratique du "oser". L’effet de l’inspiration de l’Ange dont on ose se rendre compte devient alors certitude spontanée du "savoir". Voilà les quatre lignes d’efforts qui permettent de mener à bien la tâche symbolisée par le Sphinx ; se taire, vouloir, oser et savoir.

Le Tarot n’est pas hérité, il est réincarné conformément à l’expérience de la psychologie moderne des profondeurs qui constate le surgissement des mystères et cultes antiques et archaïques de l’inconscient des hommes du 20ème siècle. Le Tarot est le Livre Sacré de Toth mais - il n’est pas hérité ou transmis - il est ce Livre re-né. Les "Livres sacrés de Thoth"ont été écrits magiquement par des mains impérissables dans une région assez proche pour atteindre les âmes des chercheurs et éveiller en elles l’esprit de la quête et assez éloignée pour n’être jamais saisis, analysés et exploités par l’intellectualité cérébrale. L’original des livres sacrés se trouve dans l’enclos sacré de la région trans-cérébrale, aussi faut-il, pour le chercher, s’élever au-dessus de la zone de l’intellectualité cérébrale puisqu’il a été écrit avant la formation du cerveau ! Les livres sacrés sont l’appel et l’aspiration à transcender l’intellectualité cérébrale et à élever l’organisme digne d’eux, celui que le créateur a nommé Âme, à la région où ils demeurent. L’enclos sacré est l’aiguillon incitant les âmes humaines à aspirer à la vision de l’ensemble des choses et, ayant vu, à comprendre et, ayant compris, à le révéler et à le montrer.

Dans les profondeurs de l’Inconscient est présent "le Livre sacré de Thoth" d’où naissent ou se réincarnent des œuvres symboliques et hermétiques tels que le Tarot dont la fonction et la mission est d’élever l’âme vers son prototype original. Il donne l’impulsion et indique la direction pour transcender l’intellectualité cérébrale et pénétrer par l’âme dans l’enclos sacré où demeurent les symboles sacrés des éléments cosmiques. Les idées ne vivent que dans la conscience de Dieu, des hiérarchies angéliques ou de l’homme mais elles peuvent aussi être projetées ou gravées, incarnées en symboles et formules et ainsi conservées dans le monde spirituel objectif. Cette opération entière de la projection, incarnation et conservation des idées est appelée dans l’Hermétisme "écrire le livre" car il est des âmes qui doivent forcément aspirer à "l’ensemble des choses" et qui sont poussées par le courant du fleuve de la Pensée qui ne s’arrête jamais, qui va toujours de l’avant et toujours plus loin, sans cesse d’une obscurité à éclairer à une obscurité à approfondir.

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Alexandro Jodorowsky et Marianne Costa, dans La Voie du Tarot (Éditions Albin Michel, 2004) nous proposent leur interprétation personnelle de la Roue de Fortune :


X. La Roue de Fortune



 

Sur le site de Philippe Camoin, on peut trouver un petit fascicule intitulé Le Tarot de Marseille restauré ou "L'Art du Tarot" par Alexandro Jodorowsky qui propose une liste de mots clefs impressionnante, glanés selon les œuvres de différents auteurs :


X. LA ROUE DE FORTUNE


Temps - Duré -. Roue universelle des lois de la nature mue par la Providence - Lois mathématiques des destinées - Harmonie universelle - Œil intérieur - Problème émotionnel non résolu qui nécessite pensée et action - Nécessité d'aide extérieure - Tout commence à s'écrouler - Régénération - Esprit créateur sur le plan des réalisations - Chance. Succès. Fortune. Cassure. Commencement d'un nouveau cycle. Réincarnation. Sécurité matérielle dans un monde toujours changeant : illusion. Essayer obstinément de ne pas changer. Mauvaise époque pour les spéculations financières. Examen implacable. Cœur qui règne sur le cerveau et le sexe. Jugement sain et équilibré. Renforcement des sentiments. Évolution. Obstacle interne ou externe qui interdit l'évolution. Peur de la mère. Bonne circulation. Fatigue sexuelle par excès. Changement d'amants. Nouvelles occasions. Passion incontrôlable. Souveraineté du vouloir. Involution. Germe. Énergie fécondante. Avantages tirés du hasard. Situation enviée mais instable. Alternatives entre le haut et le bas. Inconstance. Combat Intérieur contre l'ignorance et la luxure. Une théorie mal construite. Bénéfices transitoires. Retour des choses. Éternité du temps. Énigme de la vie. Instabilité. Alternance. Le cœur comme porte du royaume de Dieu. Possibilités d'élévation ou de chute. Civilisation qui commence à se détruire. Fatalité. Perte de réputation. Prisonnier d'un travail ennuyeux. Immobilité attendant la force qui viendra la mettre en mouvement. Continuité de l'existence individuelle. Humanité. Spiritualité qui ne peut se séparer de ses instincts matériels. Régénération - Homme qui travaille sur soi, s'élève, et le paresseux tombe - Se laisser emporter par l'intuition - Mystère qui ne parvient pas à s'éclairer par peur - Transformation qui se fera avec difficulté mais aura quand même lieu - Intelligence dans la conciliation - Rotation - Pouvoir politique - Retour aux racines - Maladie cardiaque. Incapacité de pardonner - Lutte pour le trône - Non-communication du corps, de l'âme et de l'esprit - Conscience du Dieu intérieur - Superficialité - Sévérité sans miséricorde - L'univers - Miroir de Dieu - Par la raison ou la force - Prisonnier des circonstance -. Accepte le mal relatif pour arriver au bien absolu - Monte grâce à la vertu et tombe à cause du vice - Ne pas savoir aimer - Traumatisme émotionnel qu'il faut analyser pour pouvoir voir depuis un autre point de vue - Déterminisme universel - Seule la voie de la connaissance permet à la spiritualité de franchir l'apparent enchaînement du cycle de la vie, le destin et le libre-arbitre ne sont pas des notions qui s'opposent - Affaires réussies que dans la mesure où on leur donne un coup de pouce - Passion du jeu - L'inespéré - Influences extérieures - Fécondité.

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Symbolisme celte :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) rapporte la tradition suivante :


ROUE FLAMBOYANTE. On lit dans une transaction, passée en 1565, entre madame lolande de Bassompière, abbesse du chapitre d'Epinal, d'une part, et les magistrats de cette ville, d'autre part, que cette dame cède aux habitants de la même ville une portion de forêt, pour être affranchie de l'obligation de leur fournir, à l'avenir, chaque année, la roue de fortune et la paille pour la former. Ainsi , à cette époque de la dernière moitié du xvi siècle, c'était encore l'usage dans notre Lorraine d'entourer de paille une roue à laquelle on mettait le feu et qu'on lançait dans cet état du sommet d'une montagne ou d'une côte élevée. Bercarius, historien des évêques de Verdun, nous apprend sur cette coutume que saint Paul, l'un d'eux, menant, avant son épiscopat, une vie érémitique sur une montagne appelée le Kaven et aujourd'hui mons Pauli ou Paulsberg, y trouva une statue de Belenus ou d'Apollon, qui recevait les hommages de quelques païens et que les ayant désabuses, il fit ensuite précipiter dans la Moselle l'idole objet de leur culte profane. Trithème, abbé de Spanheim, décédé en 1516, attribué dans ses vies des hommes illustres de l'ordre de saint Benoit à cet exploit du saint évêque de Verdun, l'origine de l'usage longtemps observé, de lancer tous les ans, le premier dimanche du carême, une roue enflammée du haut du Paulsberg dans le même fleuve de la Moselle, ce que confirme Hontheim, qui vit cette cérémonie un siècle après Trithème, en disant (Historia Trevirensis) qu'elle se faisait en souvenir du renversement de la statue païenne. Je pense que d'après ces faits et les remarques de M. Ampère, que nous avons précédemment cités, on ne peut douter de l'ancienne existence du culte du soleil dans notre Lorraine (Traditions Lorraines, RICHARD).

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Laura Tuan, autrice d'un livret d'accompagnement intitulé Les Tarots celtiques (Éditions De Vecchi S.A., 1998) propose une analogie entre l'Arcane X et le Dagda :


X. Dagda


Le père des Dieux, que les Grecs et les Romains identifiaient à Jupiter, se manifeste également chez les Celtes à travers la foudre et la roue solaire.

Il s'agit en générale d'une roue à huit rayons, c'est-à-dire autant que les fêtes subdivisant le cycle annuel des Celtes en périodes régulières.

Dans la mesure où le Soleil voit tout, il sait par conséquent tout ce qui se produit sur terre : aucune irrégularité, aucune défaillance ne lui échappe, et c'est la raison pour laquelle on l'invoque non seulement pour s'assurer santé et prospérité, mais aussi à l'occasion des serments.

Dans la tradition irlandaise, il prend le nom de Dagda (littéralement « dieu bon », non pas au sens de miséricordieux, mais de bon en tout, habile et fort dans chaque activité, de la guerre à la magie, en passant par la musique et la poésie). On le connaît également sou celui d'Eochu Ollathir Ruadrofessa : Eochu renvoie au cheval ; Ollathir équivaut à « père suprême » ; et Ruadrofessa pourrait se traduire par « le Rouge (le Soleil) qui sait tout ».


Dagda perpétue la tradition indo-européenne pour sa fonction de dieu des contrats.

Le mythe le décrit comme un gros personnage ventru, muni d'une roue, d'une lance, de la foudre et d'une étrange massue, si lourde que deux roues sont nécessaires pour la porter. L'arme a une curieuse et inquiétante propriété qui en dit long sur e caractère bipolaire du dieu (puissant mais maladroit, omniscient mais esclave des passions et de la gourmandise) : il peut en effet écraser d'un seul coup jusqu'à neuf hommes avec l'une de ses extrémités, et les ressusciter avec l'autre.

Dagda a par ailleurs une harpe, appelée « Uaithna », dont il tire trois mélodies : celle qui provoque le sommeil, celle qui déchaîne le rire, et celle qui fait pleurer.

Il possède enfin un immense chaudron avec lequel il rassasie quiconque s'en approche. C'est le chaudron typique de l'abondance, qui apparaît fréquemment dans les contes en tant qu'instrument d'initiation et de résurrection (et donc lié à l'au-delà, aux royaumes souterrains des esprits et des gnomes). C'est aussi le chaudron utilisé par les Druides (dont Dagda est le chef) pour exécuter leurs sacrifices au cours desquels la victime, si l'on en croit les témoignages des auteurs latins, serait égorgée ou noyée, mais plus vraisemblablement, juste initiée au savoir druidique par le biais d'une mort symbolique.

Sacré ou non, le chaudron de Dagda se réfère également à la nourriture et à son énorme ventre. Dans la légende irlandise de la première bataille de Mag Tured, Dagda se rend au camp des Fomoiré (les démons qui combattent les dieux, les Tuatha De Danaan) qui, au courant de sa voracité proverbiale, lui préparent un gigantesque chaudron rempli d'une incroyable soupe à base de graisse, de farine, de lait, de vaches, de porcs et de moutons entiers.

Ils lui ordonnent, sous peine de mort, d'absorber ce potage jusqu'à la dernière goutte (lors des banquets rituels des Celtes, il était d'ailleurs absolument interdit de laisser des restes). Mais cela ne pose aucun problème à Dagda, qui râcle même d'un doigt le fond du trou où le contenu du chaudron avait été versé. Puis, repu et les attributs virils au vent, il court séduire une vierge.

Dagda a bien entendu une famille. Son épouse est la déesse mère au triple visage, souvent (mais pas obligatoirement) décomposée en trois figures : Morrigan, la sorcière aux longs cheveux noirs ; Nemain, la terreur ; et Badh, le corbeau qui annonce la mort au combat. le couple a une fille, la remarquable Brigit ou Brigantia, patronne des médecins, des forgerons et des poètes. Oengus mac Og, le dieu de l'amour accompagné d'une bande de cygnes sauvages (les baisers), est quant à lui le fruit d'une liaison entre Dagda et la femme du roi Elcmar que le dieu, qui est aussi maître du temps, a maintenu par magie éloigné de son palais la durée nécessaire, de la conception à l'accouchement.


La carte : On voit ici Dagda avec son immanquable ventre, sa massue et son chaudron, en train d'avaler la soupe avec une énorme cuiller, suffisamment grande, précise malicieusement la légende, pour contenir un homme et une femme enlacés sur un lit de fortune.

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Dans le livret accompagnant le jeu de cartes du Tarot des Druides de Philip et Stephanie Carr-Gomm (Édition originale 2004 ; traduction française : Éditions Véga, 2014), on trouve le petit texte explicatif suivant :


La Roue


Le Message : Vous pouvez voir les structures de votre vie et la grande structure des cycles de naissance, vie, mort et renaissance. En moissonnant les graines du destin, vous semez encore les graines de l'amour.


Mots-clefs : Moisson de récompenses - Synchronicités - Récoltes - Prospérité - Inévitabilité - Progrès - Achèvement.


Signification : Faire confiance au processus de vie


- Une saison ou un cycle de votre vie touche à sa fin et un nouveau va commencer.

- Foi dans le processus de vie.

- Relaxez-vous et abandonnez une partie du contrôle que vous exercez sur votre vie ou vos relations.

- La sagesse vient quand nous ne nous comportons plus par réaction, mais sommes conscients des motifs tissés dans notre vie.


***


Mots-clefs : Résistance au changement - Un moment de difficulté - Renforcement de la volonté - Lâcher prise.

Sens inversé : - Vous récoltez les résultats des pensées ou des actions passées et c'est gênant - ayez foi, la vie finira par vous apporter bonheur et plénitude.

- Agissez avec intégrité malgré l'adversité.

- Résistance au changement - essayez de lâcher prise et de faire confiance.

- Si vous êtes passif, cela peut indiquer l'aube d'une nouvelle phase, meilleure.

 

Selon John Matthews, auteur de L'Oracle celtique, exploration des mondes intérieurs (Ixos Press, 2005 ; Guy Trédaniel Éditeur, 2006) deux cartes peuvent nous enseigner sur le mystère de la roue et de Argantorota :


La première appartient à la famille des Énergétiseurs, c'est le Gardien de la Roue (Mogh Ruith)


Description : Une grande roue comportant un triskèle (triple spirale) ignée, parmi des tourbillons de lumière incandescente entre deux piliers faits de formes d'oiseaux entrelacés.


Clé : Destin.


Le Gardien de la Roue a entre ses mains le gouvernail du destin, le tournant selon un modèle que lui et les Façonneurs seuls connaissent pleinement. Il a la capacité de se mouvoir à travers l'espace et le temps sur sa roue, et ainsi offre des clés permettant l'accès à tous les mondes.

Cependant, son apparition peut provoquer un changement et un retournement inattendus dans n'importe quel voyage, et il semble souvent nous faire sortir de situations impossibles ou d'impasses.


Arrière-plan : Mogh Ruith est un personnage ténébreux qui apparaît dans maints textes irlandais anciens, sous l'apparence d'un druide doué de pouvoirs considérables. Il lui arrive de porter main forte à l'armée assiégée du roi Fiacha de Munster, qui est attaqué par les forces plus grandes du grand roi Cormac.

D'abord, Mog Ruith est capable d'alimenter en eau les guerriers assiégés. puis, quand le druide de Cormac lui conseille d'abattre et de brûler des arbres pour qu'il puisse dire, d'après la direction du vent, s'il faut attaquer ou rentrer chez, Mogh Ruith fait son propre feu et fait souffler un vent magique qui pousse un nuage noir au-dessus de l'armée ennemie. Le nuage fait pleuvoir une sinistre pluie de sang et est suivie par l'explosion du feu de Cormac - l'œuvre de Mogh Ruith.

Puis il souffle beaucoup de fumée vers le nord et les guerriers de Munster attaquent, chassant l'armée de Cormac.

Mogh Ruith possédait, est-il dit, une roue à aube, roth rambach, sur laquelle il voyageait. Son nom signifie "Serviteur de la Roue" et il est de façon significative représenté sous les traits d'un aveugle - servant à la rotation perpétuelle de la roue de la vie et de la mort en qui il doit avoir implicitement confiance. Sa cécité le rend impartial, et ouvert à la vision intérieure.

L'image d'un personnage tenant la jante d'une roue sur le Chaudron de Gundestrup, peut être une représentation de Mogh Ruith. Dans la tradition européenne du Nord-Ouest, tant des Celtes que des peuples qui les précédèrent, la roue du soleil, ou le charriot du solier tiré par un cheval est une représentation commune dans l'art sacré. La roue de Mogh Ruith, cependant, est probablement d'une nature différente, représentant la roue de l'existence.

il n'y a guère d'éléments qui suggèrent qu'il était un dieu du destin et du temps, mais je crois que l'interprétation se tient - ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas de figure qui puisse être considérée comme remplissant cette fonction dans la tradition celtique.


Voyage : Allez à une caverne profonde dans les montagnes. il y a à l'intérieur une lumière et vous voyez, presque cachée au fond de la grotte, une grande roue d'un diamètre égal au triple de votre hauteur, qui tourne lentement et en silence. A côté se dresse un personnage dont es yeux sont recouverts d'un foulard, mais qui semble conscient de votre présence.

Vous pouvez lui poser n'importe quelle question concernant le passé ou le futur - mais vous devez toujours vous rappeler que les fils du destin ne sont pas disposés selon un modèle unique, mais qu'ils peuvent changer à tout moment, dans ce monde et dans l'autre.

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La deuxième carte appartient à la famille des Façonneurs, c'est la carte de la Dame de la Lune et des Étoiles (Arianrhod) :


Description : Une belle et puissante femme couronnée d'étoiles aux mains levées en signe de bénédiction. Sur sa poitrine, un cercle semblable à la lune ; dans le cercle, une mer d'étoiles. L'énergie s'écoule de ses mains et elle demeure, équilibrée autour d'elle.

Clé : Perception.


Grâce aux mystères de la lune et des étoiles, nous avons toujours appris à apprécier l'influence de ces corps célestes sur notre vie. Ils ont le pouvoir d'accroître notre perception du cosmos et de la place que nous y occupons. Ils ont, aussi, les qualités dont nous avons le plus besoin à notre époque : éternité, immutabilité, la cyclicité sans fin de la vie même. La Dame de la Lune et des Étoiles possède toutes ces qualités et les octroie là où elles sont le plus appréciées et le mieux utilisées.

Arrière-plan : Arianrhod, dont le nom signifie "Roue d'Argent" ou "Forteresse d'Argent", et qui a ainsi été associée avec la Lune, règne sur les cieux étoiles et dispense sagesse et loi à tous ceux qui l'approchent. On l'a qualifiée de très exigeante, peut-être que parce que dans histoire, qui fait partie de la Quatrième Branche du Mabinogion, elle refuse de donner un nom ou des armes à son fils et lui dénie aussi le droit de se marier.

Dans cette histoire, Math doit passer son temps les pieds osés sur le giron d'une vierge. Arianrhod se porte candidate à ce poste, et comme test de virginité, doit marcher sur la baguette de Math. Ce faisant, elle accouche de deux enfants, dont l'un, Dylan, devient le Seigneur de la vague et va vivre dans la mer sous la forme d'un phoque. L'autre, qui est plus tard reconnu comme Llew Llaw Gyffes, se voir refuser nom, armes ou épouse.

Mais Gwydion l'aide par la ruse à obtenir ces trois biens, en amenant Arianrhod à le nommer et l'armer et à lui faire une épouse avec des fleurs (Blodeuwedd) avec l'aide de Math.

La forteresse d'Arianrhod est Caer SIdi, un lieu de mystère et d'initiation et peut-être aussi de transformation et de mort. Elle est la fille de Beli et de Don, puissantes et anciennes divinités de la tradition galloise. Elle est considérée comme dangereuse, tant pour sa nature que sa beauté, et un poème du XIVème siècle dit d'elle : "Malheur à celui qui la regarde...".


Voyage : Rendez-vous à un escalier miroitant qui de la terre monte au ciel étoilé. En haut, vous trouvez une salle de cristal étincelant ; vous y marchez parmi les piliers gravés d'innombrables motifs de constellations connues et inconnues.

A l'extrémité de la salle est assise Arianrhod sur un siège de cristal. Tandis que vous vous approchez, elle met in doigt sur ses lèvres et vous fait signe d'écouter. Vous vient alors aux oreilles un chant - lointain d'abord que vous avez peine à l'entendre. Mais graduellement, il devient plus clair. Il ressemble un moment au chant de mille oiseaux différents, et à un autre, il est comme un grand chœur de voix, qui chantent des paroles que vous ne pouvez comprendre pleinement. A mesure que vous écoutez, vous commencez à entendre des mots et des phrases qui lentement forment uns structure. Le chant est pour vous seul(e), et il porte avec lui des réponses directes et fortes. Rien n'est caché à la Dame de la Lune et des Etoiles, et ses paroles peuvent être aussi bien cruelles que gentilles.

Attendez que le chant se termine, et, si vous avez besoin d'éclaircissement, demandez maintenant.

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Kristoffer Hugues, dans Les secrets du tarot celtique (Llewellyn Publications, 2017 ; Éditions De Vinci, 2021) présente ainsi l'Arcane X :


X. La Roue de la Fortune


La roue montre-t-elle notre destin ?


Affirmation : Il vous est impossible de tout contrôler.

Mots-clés : Destinée - Dissolution - Révolution.


Je tourne sans répit, je vous pousse en avant, mais les choses arrivent rarement par hasard. Vous avez un rôle dans la manière dont cette roue tourne Alors, arrêtez-vous un instant, Ô Fou, et prêtez attention aux symboles du moi intérieur sur ma face dorée. Jusqu'où vous connaissez-vous ? peut-être le plus grand des mystères ne réside-t-il pas dans mon apparence toute d'or, mais dans l'océan au-dessus duquel je tournoie, car c'est là que repose la réponse à de nombreux mystères. Il n'existe qu'un océan, sans fin, donnant l'illusion d'une séparation seulement par la tentative de l'homme de le diviser et de lui attribuer différents noms. La mer est le siège de l'âme, et elle peut vous offrir réconfort et transformation.

Le Merlin vous a procuré les outils nécessaires à l'introspection. Maintenant, considérez ma forme abstraite et fondez sous les vagues menant aux îles occidentale, là où votre esprit assimilera le savoir des sages. Suis-je le destin ? A vous d'en décider.

Interprétation : Cette lame est annonciatrice de changement, alors autant vous y préparer. Que le consultant accepte ou non son destin est sans importance ; cette lame rappelle que parfois, certaines choses sont hors de notre contrôle. Certains détesteront cette carte, contrairement à ceux qui sont prêts à lâcher prise, car elle détient une inéluctabilité dont ils sont convaincus qu'elle les guidera vers de nouveaux territoires.

Cela pourrait bien être le cas, mais très souvent, le destin exige un passage à l'acte. Les choses arrivent rarement par magie ; nous devons les chercher, nous engager. Souvent, la roue met en garde contre la satisfaction que pourrait provoquer notre succès. Rien n'est jamais gagné : un revirement de situation pourrait bien vous surprendre.

Lorsque le changement survient, il est souvent plus facile de l'accepter pour ce qu'il est plutôt que de vous torturer à chercher une explication. La roue a tourné, et le mieux est de passer à autre chose.

Si d'autres lames du tirage suggèrent une difficulté actuelle, il y a de grandes chances que la rue sorte inversée. Dites-vous que souvent, nous partageons tous des expériences qui n'ont rien à voir avec nos actes immédiats. La séparation, le deuil, le traumatisme... Lutter contre ces choses démontre un manque de connaissance de soi. Vous ne vous connaissez pas assez pour gérer ces situations ui échappent à votre contrôle. Apprenez à lâcher prise. Apprenez à prendre du recul et, de temps à autre, à renoncer.

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Mythologie celtique :


Jean-Paul Savignac et Jean Mineraud avaient initié une très belle série sur la mythologie gauloise quand la faillite de la maison d'édition stoppa net l'élan créateur.... Il reste de ce projet trois opus, dont celui intitulé Argantorota, Grande Reine (Éditions de la Différence, 2013) et dont voici deux extraits :


Bien. Écoute-moi garde ta tête dans la peau et ris, oui, éclate de rire ! Ris follement ! Va ! Encore ! Encore ! Oui !... Arrête maintenant.

Sous mon fort, il y a une cave, sous cette cave, il y a une crypte, sous cette crypte il y a un tombeau, sous ce tombeau, il y a une caverne et sous cette caverne 'il y a l'Abîme. Là, devant le gouffre, j'ai ressenti l'effroi de ma mort possible. Aux deux moments de l'année où les nuits égalent les jours, les Âmes remontent de la terre ou y descendent. Celles qui descendent viennent des étoiles ; elles glissent sur la voûte du ciel comme des goutes d'eau sur une boule lisse et entrent par la fente de la Voie cendrée où elles s'abreuvent de lait, franchissent la lune, entrent dans l'air froid quand le soleil brille le plus longtemps sur la terre. Elles errent trois lunes dans l'air nébuleux et se posent comme des plumes su la terrasse avec un bourdonnement semblable à celui des abeilles ; elles sont blanches, rondes, aspirent à l'incarnation et sont avides d'humidité,. Je les accueille à cheval. Une blancheur éblouissante fleurit alors ici. Lorsqu'elles sont rassemblées, je leur montre le chemin à la lueur d'une troche et descends à cheval dans la crypte. Là, des biches-fées tissandières leur offrent à boire dans des tonneaux et leur tendent des gâteaux de miel. elles les invitent ensuite à détisser des toiles de pourpre à des métiers de pierre très hauts Quand la toile est parfilée, elles les guident vers les profondeurs de la terre et, tandis que j'éteins le flambeau, elles les laissent chuter dans l'immensité ténébreuse. Nul ne sait, sinon moi, où elles vont échouer. Mais, passé un délai déterminé, elles entrent dans des corps à l'instant de la naissance et, selon Taranous, "bercent la vie dans le temps".

Celles qui remontent les premières des profondeurs hurlent et s'impatientent dans la caverne. Elles ont un aspect évanescent et se rient pareilles à des guêpes attaquantes ou à des oreillards; A la tombée des feuilles dorées, lorsque les jours égalent les nuits en durée, je dois descendre, vêtue de noir, jusque dans la caverne, un flambeau à la main. Aussitôt, elles exultent de voir l'éclatante lumière et viennent s'y heurter comme des papillons nocturnes.

Les Âmes forment des visages. Celles-là dressent des trognes violacées aux traits flasques et à la gueule béante, qui poussent des cris de chauves-souris, ou bien des faces anguleuses verdâtres, qui clignent des yeux, les lèvres serrées, effrayantes par le volume de leur barbe, en train de mugir, ou bien des faces d'aveugles aux yeux pareils à des opales crémeuses et au nez raviné, qui caracoulent comme des tourterelles, ou bien des masques convulsifs, sanguinolents, pleins d'ulcères, aux yeux exorbités, les joues fripées et noircies, qui chevrotent des prières incompréhensibles de leurs lippes baveuses, ou bien des mufles dont ls traits vieillissent en forme de sourire hideux, les yeux vitreux, les oreilles démesurées, le nez allongé en trompe, qui glapissent et qui jappent, ou bien des têtes rouges hérissées de cheveux aranéeux, ou bien des crânes tavelés, crevassés, bosselés qui s'entrechoquent et qui claquent. Ceux-là, en les consolant, je les repousse de mon flambeau jusqu'au fond du boyau de la terre d'où ils sont sortis. Ils s'y engouffrent, comme si un vent puissant les y chassait.

Les autres, qui sont entrés peu à peu, peuplent les flancs de la caverne. Ils ont à peine bougé. Ce sont des visages sereins, d'un bel ovale, leurs yeux sont clairvoyants et pleins d'amour, leur sourire est léger, leurs sourcils sont arqués d'élégance, leur front noble s'élargit et s'encercle de cheveux jaunes comme l'or. Ils se ressemblent un peu tous ; ils ont un air de jeunesse - de jeunesse songeuse. Ils attendent.

La lumière de mon flambeau fait scintiller leurs prunelles. Ils approchent doucement de la flamme. Ils otn la grâce et la noblesse des héros, des rois, des très beaux et des sages. De leur bouche s'exhale un chant d'abeilles. Je fais accomplir un demi-tour à ma jument et je les conduis sur la terrasse. Là, revêtue d'une tunique blanche, je les rassasie de lumière. la lune déverse son influence à flot, les étoiles éclatent d'allégresse, la foudre foudroyante s'abat et explose dans le silence, et mille flambeaux sont allumés par mes gens. L'éclat éruptif du galop de la lumière inonde la place, et le chant des belles Âmes s'enflent comme un nuage rond. Lorsque la blancheur sature l'aire, les belles Âmes rondissantes s'envolent lentement. A mesure qu'elles montent dans les seins de l'éther froid elles pâlissent puis prennent les teintes du ciel, roses, bleutées, d'hyacinthe. Elles errent trois mois et, lorsque le soleil brille le moins sur la terre, la lune presque transparente les aspire. Elles partent dans la Voie cendrée.

Les feux de la Large sont éteints ce soir-là et leurs charbons rallumés à l'aube du jour suivant. La Gaule d'aujourd'hui perpétue ce rite.

Tel est mon honneur, telle est ma charge. Nul n'a le droit de voir ces cérémonies, où je forge es Âmes dans la ferveur céleste, mais je t'en donne connaissance.

Ne tremble pas, Cobrounos. Cette révélation n'a rien d'effrayant. C'est une grâce issue du Chaudron de la Connaissance. Toutes les Âmes, au terme de leur séjour ici, au creuset de l'univers, finissent pures et gagnent la haute voûte bleue.

 

A Magalona, je prononçai ces paroles, que les vents dispersèrent :

- Mes fils, vous, que j'ai perdus dès votre naissance et qu'il m'a été donné de retrouver si tard, Cernounnos et Lougous, mes bessons, venez à moi, devant Magalona, mon île. Si vous avez le sentiment que je vous ai abandonnés ou rejetés, ne me repoussez pas pour autant ! Je suis à peine votre mère, mais je vous semonds de venir ici, afin que nous ouvrions un entretien prudent et profond. Ne me faites pas attendre !

J'aurais aimé abriter dans les replis de mon corps, oui, dans les replis de ma chair rose, un petit à chérir. Entends ma confidence, Cobrounos. J'ai eu deux enfants, mais c'est comme si rien ne s'était passé. Ils m'ont été arrachés. Ma chair frustrée s'est enflammée ; insatisfaite, avide d'amour, elle s'est empourprée du désir de créer, de fleurir, d'éclater, de se dissocier en milliers d'étoiles. Dans le délire de la délectation, j'ai épousé et fait fondre le monde. J'ai joui comme aucune déesse, aucune humaine ne peut jouir, j'ai joint les deux pôles du ciel, j'ai en transe embrassé le temps. Oh ! J'ai la certitude que les espèces vivantes s'unissent par moi, que les pestes fuient devant moi, que les immensités de la mer me sourient, que par moi les oiseaux s'absorbent dans la clarté du jour et en ressortent. Je suis la joie. Oui, Cobrounos, je suis la joie et la volupté. Je propage l'amour à travers les saisons. L'amour bondit en moi. Parfois, tout ce que je désire, lorsque je redeviens humble femme, c'est de réenfanter mes deux bessons, que mon flanc gauche presse Cernounnos vers Lougous et que mon flanc droit presse Lougous vers Cernounnos. Tout suivrait.


La déesse se penche vers Cobrounos, les yeux brillants, et son regard de feu lui infuse comme une force nouvelle qui le fait frissonner.


Lougous fut le premier à comparaitre. Il avait choisi l'apparence d'un aigle et je fus heureuse de le voir descendre sur la terrasse de mon fort. Cernounnos heurta le portail de ses bois. Il pénétra dans la cour sous la forme d'un cerf dix cors et bondit dans les escaliers jusqu'à la terrasse.

- Prenez votre forme humaine, leur dis-je.

Lougous leva ses ailes qui retombèrent en bras le long de son corps. Il adopta sa forme humaine. Cernounnos baissa son branchage plusieurs fois et se redressa homme cornu. Il s'assit en croisant les jambes. Lougous demeura debout.

- Fils, leur dis-je, vous, que j'ai enfantés après mon viol, votre violence me heurte, parce qu'elle trouble la bonne marche du monde. Vous êtes comme de nouveaux Difformes ! De même qu'un potier fait tourner son tour et monte son vase sans à-coups, de même l'année doit suivre son cours, modelée et jalonnée par le Maître du Temps. Toi, Cernounnos, tu veux augmenter la durée de l'hiver. Toi, Lougous, tu interdis les unions au moment printanier. De quel droit agissez-vous ainsi ? Vous vous partagez déjà les espaces : les sombres, les forestiers, avec les lisières, les eaux et les grottes, t les affectionnes, Cernounnos, comme la nuit et le froid ; au contraire, les lumineux, les défrichés avec les clairières, les plaines et les sommets, tu les affectionnes, Lougous, comme le jour et la chaleur. Lougous, tu te plais à créer des assemblées en été et tu accrois ta force en allant au plus près du soleil. Cernounnos, tu te plais dans la solitude ensauvagée, et tu accrois ta force en allant au plus près de l'Étoile Verte. Cessez de vous combattre !

Je vois pour vous un accord. Étendez votre royaume sur les deux moitiés de l'année, strictement : cent-soixante-dix-huit jours chacun, plus la demi-dizaine complémentaire. Toi, Lougous, prends à la saison chaude, dès que le jour dure autant que la nuit. Toi, Cernounnos, prends la saison froide, dès que le jour égale la nuit. Quel meilleur accord pour donner à votre rivalité une force qui entraîne l'année dans sa ronde ? Pour que le Temps tourne rond, vous manierez la Roue à tour de rôle.

L'un et l'autre - je vous l'ordonne -, fondez pour les hommes des rites favorables à leurs existences éphémères ! Que sur la terre mêmes portions de territoire vous soient soumises, tantôt à toi, Lougous, tantôt à toi, Cernounnos, selon la marche du soleil. Tous deux, vous guiderez les Âmes que je vous aurai envoyées.

Toi, Lougous, fais mûrir les blés, envoie, à ta grande joie d'été, les pluies bienfaisantes ou les crues annonciatrices de bienfaits ou les vents engrosseurs de juments, pour répondre aux prières des hommes. Apporte-leur les abeilles, les herbes de santé et vaincs la pourriture.

Toi, Cernounnos, perpétue pour les hommes la chasse du cerf rouge et la quête de la vierge royale indomptée, suscite le désir chez les femmes et guéris tes pèlerins par les sources. Donne aux hommes la connaissance du passé.

Vous manœuvrerez ainsi, tour à tour, la Roue de l'année sempiternellement.

Entre vous deux, sous mille formes, j'apparaîtrai en reine et je vous appartiendrai ; au brame du cerf à l'un, au chant du coucou à l'autre. Et les hommes y prendront bon exemple.

Surtout, je vous demande d'échanger et de partager vos dons, de vous les prêter et de vous les emprnter.

- Mère, oui ! s'exclamèrent ensemble Lougous et Cernounnos.

- Oui, fils. Si vous en agissez comme je vous le demande, les poètes chanteront vos bienfaits.

Je vis la joie s'allumer dans leurs yeux. Je n'ajoutai rien. Je rentrai dans mon fort ténébreux. Je sais qu'ils m'écoutèrent en tout et commencèrent par l'échange du Loup.

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