Étymologie :
DIABLE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. 881 [ms. ixes.] diaule « le démon » (Séquence de Ste Eulalie ds Henry Chrestomathie, pp. 3, 4) ; fin xe s. diable (Passion de Clermont, éd. d'A. S. Avalle, 102) ; 2. ca 1100 fig. vos estes vifs diables (Roland, éd. J. Bédier, 746) ; 1611 un povre diable (Cotgr.) ; 3. 1220-25 adj. (G. de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 7074 ds T.-L.) ; 1692 ce chat, le plus diable des chats (La Fontaine, Fables, éd. Régnier, livre II, La ligue des rats, 27) ; 4. a) mil. xiie s. interj. Porquoi deable? (Le Charroi de Nîmes, éd. A. Mac Millan, 1304) ; b) début xiiie s. dyable de barel (Chevalier au barisel, éd. F. Lecoy, 474) ; ca mil. xiiie s. il a le dëable el cors (De la damiselle qui ne vot encuser son ami ds Méon, Nouv. Rec., II, 134) ; 1694 tirer le diable par la queue (Ac.) ; c) 1665 sévère en diable (Molière, L'amour médecin, II, III) ; 1735 elle est en coëffe à la diable (J.-B. Gresset, Le caresme impromptu et le lutrin vivant ds Trév. Suppl. 1752). B. 1. 1552 diable de mer (R. Estienne d'apr. FEW. t. 3, 64b) ; 2. 1764 « levier » et « chariot » (Encyclop.) ; 3. 1835 le jeu du diable [cf. diabolo1] (Ac.). Empr. au lat. chrét. diabolus « diable » empr. au gr. δ ι α ́ ϐ ο λ ο ς « calomniateur », « diable » [ds la litt. chrétienne].
Lire également la définition du nom diable afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Symbolisme :
Voici la présentation du Tarot du Sepher de Moïse qui met en avant les lames du Livre de Thot :
Lame du nombre 15 - lettre hébraïque - le Diable
Le Nombre Quinze, le Diable dans le livre de Thoth, c’est aussi le neuvième signe Nôah/Capricorne dans le Zodiaque sacré. Ce troisième Nombre de notre cinquième ternaire (13-14-15) correspond de par sa position à l’influence du Destin, ce qui est confirmé par sa réduction théosophique (1+5 = 6), qui lui-même est en troisième position dans le ternaire (4-5-6). Pour comprendre toutes les arborescences de ce Nombre Quinze, il convient de le rattacher au présent chapitre 6 qui est spécifiquement dédié au rôle de Nôah/Capricorne dans les Tables de la Loi. Notre Initié, le Nombre Neuf, (la neuvième manifestation de Seth/Vierge, son fils), celui qui est pourvu des Puissances de l’Ennéade originelle, son archétype inconscient, doit accéder à sa souveraine divinité en éprouvant en Conscience, les pouvoirs de sa volonté par la maîtrise des Puissances de ces Nombres. Soit il subira sa descente aux enfers de l’incarnation, sans parvenir à vaincre les tentations du Destin, auxquelles il sera soumis pour démontrer la Force de son libre arbitre ; et dans ce cas il utilisera ses pouvoirs en tant que sorcier. Soit il sera capable de vaincre les pièges du Destin que sont les désirs, les passions, les émotions, les tentations (dont la sexualité corporelle n’est pas une des moindre), ainsi que la voracité de son ego, alors il sera le Mage, le Messie des écritures qui deviendra l’expression incarnée de la Providence dans la sphère organique, pendant que par nécessité structurelle, cette dernière doit laisser sa nature au repos au sein de cette sphère maudite. Le Nombre Quinze est par excellence celui du libre arbitre, faculté qui ne peut s’exercer sans cette autre faculté qu’est le discernement, dont celui du Bien et du Mal que constitue le fruit de l’arbre de la Connaissance, qui fait de celui qui en consomme, ce qu’il devient.
Tel-que-Lui-les-Dieux.
Celui qui accède à la Connaissance, accède obligatoirement à un certain degré de pouvoirs Magiques. Il convient d’entendre par magique, non pas ce qui violerait les Lois de la Création, mais des pouvoirs subtils qu’acquiert la Conscience de celui qui se hisse au niveau des Connaissances de Lois supérieures. Savoir l’endroit où se trouve un coffre est une chose ; être capable de s’y rendre en est une autre, et connaître la combinaison de ce coffre, qui permettra de l’ouvrir, est analogiquement la magie dont il est ici question. Ainsi celui qui accède à la Connaissance d’une partie du contenu de ce coffre, succombera-t-il à la tentation de la convoitise, pour s’approprier ces richesses en valorisant son ego, ou sera-t-il maître de ses instincts, de ses vices, et de ses petits démons intérieurs pour utiliser ces richesses dévoilées au service de l’œuvre providentielle ?...
Nous avons vu, dans ce chapitre dédié à Nôah, que pour se consacrer à l’oeuvre providentielle, il devra en accepter volontairement le principe, et l’ouvrage à réaliser n’est rien de moins que le Grand Œuvre alchimique, celui qui permettra de pérenniser la transmission de la Connaissance par notamment la construction d’une Thebah capable de surnager aux déluges. Il est donc nécessaire pour pouvoir servir l’œuvre providentielle, d’avoir acquit les compétences nécessaires et d’en manifester la volonté par une mise en application. S’il est normal de juger l’arbre à ses fruits, il l’est tout autant de juger l’âme-de-vie à son parcours et à ses réalisations, à la condition qu’il y ait parcours et réalisations au sens concevable par la Providence ; c’est-à-dire par la volonté de participer à cette Œuvre collective (impliquant des forces multiples et harmonieusement équilibrées) qu’est la Divine Création.
Nous retrouvons dans la Bhagavad Gîta, cette autre Thebah, ces quelques versets qui viendront illustrer ce Nombre Quinze, confirmant s’il en était besoin, que la Connaissance a bien une source commune universelle :
Verset : 3.16 O Arjuna, celui qui n’accomplit pas de sacrifice comme le prescrivent les Védas vit certes dans le péché ; il existe en vain, celui qui se complaît dans les plaisirs des sens.
Verset : 3.17 Cependant, il n’est point de devoir pour l’être éclairé sur le moi véritable, qui parfaitement comblé, ne se réjouit et n’est satisfait qu’en lui.
Verset : 3.18 Celui qui a réalisé son identité spirituelle ne poursuit aucun intérêt personnel en s’acquittant de ses devoirs, pas plus qu’il ne cherche à fuir ses obligations; nul besoin, pour lui, de dépendre d’autrui.
Verset : 3.19 Ainsi, l’homme doit agir par sens du devoir, détaché du fruit de ses actes, car par l’acte libre d’attachement, on atteint l’Absolu.
Verset : 3.20 Même des rois comme Janaka, et d’autres, atteignirent la perfection par l’accomplissement du devoir. Assume donc ta tâche, ne serait-ce que pour l’édification du peuple.
Verset : 3.21 Quoi que fasse un grand homme, la masse des gens marche toujours sur ses traces ; le monde entier suit la norme qu’il établit par son exemple.
Verset : 3.22 i besoin de rien, je ne désire rien non plus. Et pourtant, Je Me prête à l’action.
Verset : 3.23 Car, si Je n’agissais pas, ô Pârtha, tous les hommes suivraient certes la voie qu’ainsi J’aurais tracée.
Verset : 3.24 Si Je m’abstenais d’agir, tous les univers sombreraient dans la désolation ; à cause de Moi, l’homme engendrerait une progéniture indésirable. Ainsi, Je troublerais la paix de tous les êtres.
Verset : 3.25 En accomplissant son devoir, ô descendant de Bhârata, l’ignorant s’attache aux fruits de son labeur ; l’homme éclairé agit, lui aussi, mais sans attachement, dans le seul but de guider le peuple sur la voie juste.
Le hiéroglyphe de la lame du livre de Thoth symbolisant ce Nombre Quinze, représente un diable à tête de bouc (se rapprochant de notre signe du Capricorne) avec sur ses bras d’homme, écrit la formule des alchimistes solve et coagula, la descente aux enfers de la cristallisation matérielle et sa remontée. Le sceptre du pouvoir qu’il tient dans sa main nous indique qu’il est parvenu à ouvrir le coffre des secrets de la Nature et qu’il en possède une libre disposition, redoutable responsabilité qui est en même temps l’expression de sa divinité ou de sa possible diabolisation, selon qu’il activera librement en bien ou en mal les intentions qui seront à l’origine de l’exercice de ses pouvoirs. Nous retrouvons dans ce Nombre Quinze, la dualité inhérente au libre arbitre et qui s’était manifestée dans le Nombre Six, la lame de l’Amoureux dans le livre de Thoth, cet Amoureux qui était déjà confronté entre ses désirs et sa volonté, entre le vice et la vertu. N’oublions pas que le Nombre Quinze est une déclinaison du Nombre Six (1+5 = 6) et du Nombre Neuf de par sa position de neuvième signe du Zodiaque sacré.
La synthèse de ce Nombre Quinze dans le Tao-Tô-King me semble correspondre à cette sentence :
Celui qui sait marcher ne laisse pas de traces. Celui qui sait parler garde ses paroles. Celui qui sait compter n’a pas de boulier. Celui qui sait garder n’a que faire de verrous et de clefs. Celui qui sait lier n’a pas besoin de liens et nul ne peut défaire les nœuds qu’il a serrés. Ainsi le Sage se dédie au secours des hommes. Il n’en rejette aucun. Il veille à préserver les êtres, sans en excepter aucun. Il est dans la lumière. Tout plein de soleil. Le Sage est le maître de celui qui ne l’est pas et ce dernier est la matière sur laquelle il agit. Ainsi, ils ont besoin l’un de l’autre. Voilà une vérité. Une vérité subtile. Car tout ce qui est essentiel pour l’homme, tout ce qui lui est indispensable, reste une énigme. C’est l’inconnu pour lequel on lutte et on travaille. C’est l’inconnu qui nous donne la force de vivre, la force d’espérer, la force de croire. Car ce que l’homme veut savoir lui reste inconnu. À jamais.
Le Nombre Quinze a pour lettre hébraïque Samech, nom divin Sameck (celui qui soutient, fortifie).
Vocabulaire radical de La langue hébraïque restituée :
Ce caractère appartient, en qualité de consonne, à la touche sifflante, et s’applique comme moyen onomatopée à peindre tous les bruits sifflants : quelques écrivains observateurs, du nombre desquels est je crois Bacon, ont conçu cette lettre S comme le symbole du principe consonnant, de la même manière qu’ils concevaient la lettre Hé, ou l’aspiration H, comme celui du principe vocal. Ce caractère est, en hébreu, l’image de l’arc dont la corde siffle entre les mains de l’homme. Comme signe grammatical, il est celui du mouvement circulaire, en ce qui a rapport à la limite circonférentielle de toute sphère. Son nombre arithmétique est 60.
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Marie-Claire a la gentillesse de partager avec nous son travail de condensation par extraits choisis des Méditations sur les 22 Arcanes Majeures du Tarot d'un auteur qui a préféré garder l'anonymat (Éditions Aubier, 1980, 1984) :
Arcane XV : Le Diable
L’Arcane représente trois personnages. Celui du milieu est le plus grand et il se tient debout sur un piédestal autour duquel sont attachés les deux autres. C’est une entité androgyne munie d’ailes de chauve-souris dressées vers le haut. Sa main droite est levée ; la main gauche, dirigée vers le bas, tient le flambeau allumé. Ses ailes et ses jambes sont bleues. Sa tête, coiffée d’une calotte jaune, a deux cornes jaunes en forme de rameau. Il est nu à part une calotte et une ceinture rouges. Les deux autres personnages représentent un homme et une femme nus eux-aussi. Ils ont des queues et des oreilles de bêtes. Leurs têtes, coiffées de calottes rouges, portent des cornes en forme de rameau. Ils ont les bras liés derrière le dos, et une corde passée autour du cou les rattache à un anneau fixé à la partie inférieure du piédestal, de couleur rouge, sur lequel est campé le personnage central aux pieds griffus. Il louche...
Le Diable évoque l’idée de l’esclavage dans lequel sont pris les deux personnages attachés au piédestal d’un démon monstrueux. Ce quinzième Arcane est celui de la création des êtres artificiels et de l’esclavage dans lequel peut tomber le créateur vis à vis de sa propre créature. Pour saisir cet Arcane, il faut se rendre compte que le monde du mal est constitué non seulement des entités des hiérarchies célestes déchues (à l’exception des Séraphins) mais aussi des entités non-hiérarchiques c'est-à-dire des entités qui ne doivent leur origine, ni à la Cause primaire, ni aux causes secondaires, mais bien aux causes tertiaires, celle de l’arbitraire abusif des créatures autonomes.
Il y a donc des hiérarchies qui sont et agissent dans le cadre de la Loi en exécutant des fonctions de stricte justice en qualité d’accusateurs ou qui sont chargés de mettre le juste à l’épreuve mais, il y a, d’autre part, des « microbes du mal » ou des entités créés artificiellement par l’humanité incarnée. Ces derniers sont des démons dont l’âme est une passion spéciale et dont le corps est l’ensemble des vibrations « électro-magnétiques » produites par cette passion. Le Moloch cananéen qui exigeait le sacrifice sanglant des premiers-nés, mentionné tant de fois dans la bible, n’est point une entité hiérarchique du Bien ou du Mal mais un égrégore mauvais c'est-à-dire un démon artificiellement créé collectivement par des communautés humaines éprises du frisson de la frayeur.
Au Tibet, on pratique l’Arcane du Diable comme l’une des méthodes de l’entraînement occulte de la volonté et de l’imagination. Cet entraînement comporte trois étapes : la création des tulpas (créatures magiques) par l’imagination concentrée et dirigée, leur évocation et, enfin, la libération de leur emprise par l’acte de connaissance qui les détruit en faisant prendre conscience qu’elles ne sont que la création de l’imagination ; une illusion. Le but est d’aboutir à l’incrédulité envers des démons après les avoir créés par la force de l’imagination et s’être confronté à leurs apparitions effrayantes. Le disciple doit comprendre que dieux et démons existent réellement pour ceux qui croient à leur existence et qu’ils possèdent le pouvoir de faire du bien ou du mal à ceux qui leur rendent un culte ou qui les redoutent.
« L’homme est lui-même le créateur de son ciel et de son enfer, et il n’y a pas d’autres démons que nos folies. Les esprits que la vérité châtie sont corrigés par le châtiment, et ne songent plus à troubler le monde.» (Eliphas Lévy - Dogme, chap XXII). Ce maître magiste ne voyait dans les démons que des créations de l’imagination et de la volonté humaine qui projettent, individuellement ou collectivement, leur contenu dans la substance plastique de la lumière astrale. Ainsi les démons d’Europe sont engendrés exactement de la même manière que les tulpas tibétains.
Eliphas Lévy et les maîtres tibétains sont d’accord non seulement en ce qui concerne l’origine subjective et psychologique des démons mais encore quant à leur existence objective. Engendrés subjectivement, ils deviennent des forces indépendantes de la subjectivité qui les a engendrés. Ils sont, en d’autres termes, des créations magiques car la magie est l’objectivation de ce qui prend son origine dans la subjectivité. Les démons qui ne sont pas arrivés au stade de l’objectivation c'est-à-dire à celui de l’existence séparée de la vie psychique de leur géniteur, ont une existence semi-autonome que la psychologie moderne appelle « complexes » psychologiques et que C.G. Jung regarde comme des entités parasites.
Le complexe psychopathologique est donc un démon en état de gestation : «... C’est comme si le complexe était un être autonome capable d’intervenir dans les intentions de l’égo. En effet, les complexes se comportent comme des personnalités secondaires ou partielles qui possèdent une vie mentale propre ». (CG Jung - Psychology and religion). Or, un être autonome capable d’intervenir dans les intentions de l’égo et qui possède une vie mentale propre n’est pas autre chose que ce que nous entendons par « démon ». Le « démon complexe » n’agit pas encore au dehors de la vie psychique de l’individu, il n’a pas droit de cité dans la communauté fantastique des tulpas ou démons objectifs qui peuvent meurtrir de coups réels les victimes de leur assaut comme dans le cas de Saint Antoine et du Saint Curé d’Ars.
Comme toute génération, celle des démons est le résultat du concours du principe mâle et du principe femelle, càd, dans le cas de la génération par la vie psychique d’un individu, de la volonté et de l’imagination. Les deux personnages, l’un mâle, l’autre féminin, attachés au piédestal du personnage central ne sont point des enfants ou des créatures du personnage central. Au contraire, ils sont les parents du démon devenus esclaves de leur propre créature. Ils représentent la volonté perverse et l’imagination contraire à la nature qui ont donné naissance au démon androgyne càd à un être doué du désir et de l’imagination qui domine les forces qui l’ont engendré. Dans le cas d’une génération effectuée collectivement, le démon - qui se nomme alors égrégor - est le produit de la volonté et de l’imagination collectives.
Or, il y a le Verbe et des égrégores devant lesquels s’incline l’humanité : la révélation de la vérité divine et la manifestation de la volonté humaine, le culte de Dieu et celui des idoles faites par l’homme. N’est-ce pas une diagnose et une prognose de l’histoire du genre humain qu’en même temps que Moïse recevait au sommet de la montagne la révélation du Verbe, le peuple au pied de la montagne adorait le veau d’or ? La quinzième Lame du Tarot enseigne l’Arcane magique de la génération des démons et du pouvoir que ces derniers exercent sur ceux qui les ont engendrés. « Celui qui sème le vent, récoltera la tempête ! »
Sachant cela, n’est-il pas temps que nous nous disions à nous-mêmes : Taisons-nous ! Se taire, c’est plus que garder des choses en secret, c’est même plus que se garder de profaner les choses saintes auxquelles est dû un silence respectueux, se taire, c’est surtout le commandement magique de ne pas engendrer des démons par notre volonté et notre imagination arbitraires. Résignons-nous donc au Travail et aux contributions constructives à la tradition spirituelle, hermétique, scientifique. Approfondissons-la, étudions-la, pratiquons la, cultivons-la, c'est-à-dire travaillons non pour renverser mais pour édifier ! Se taire, c’est l’inspiration de l’Ange de la Tempérance opposée à l’ivresse de la génération du démon dont la quinzième Lame dévoile l’essence et les dangers.
C’est le rapport entre ces deux Lames qui explique comment la religion de l’amour a pu donner lieu aux bûchers de l’inquisition, comment l’idée de la collaboration hiérarchique dans l’humanité est devenue la lutte des classes, comment la méthode scientifique peut se transformer en dogme matérialiste, comment les faits de l’évolution biologique ont pu servir de base pour établir l’inégalité des races et la suprématie des nations... On avait pris l’habitude, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, de désigner cette contre-inspiration comme « voix de la chair ». « Je pense que le corps a un mouvement naturel adapté mais qui ne se produit pas si l’âme ne le veut pas... Il y a aussi un autre mouvement qui vient de ce qu’on nourrit et flatte le corps par des aliments et des breuvages ; la chaleur du sang qu’ils provoquent excite le corps à l’acte... Et il y a un troisième mouvement, en ceux qui luttent, qui vient des embûches et des envies des démons ».( Saint Antoine - Apophtegmes, 22). L’échelle de la tentation correspond à celle de l’avancement spirituel : la tentation se spiritualise au fur et à mesure que l’homme devient plus spirituel.
Les tentations des vices et des fragilités des chairs sont suivies des assauts des démons artificiels ; ceux-ci font ensuite place aux tentations plus subtiles dont les auteurs sont des entités déchues. Enfin, au seuil de Dieu lui-même, il y a la dernière tentation : la nuit obscure spirituelle qui signifie à la fois l’union avec Dieu ou bien le désespoir du Rien, le nihilisme complet et suprême... « Personne, s’il n’est tenté, ne pourra entrer dans le royaume des cieux car, dit-il, ôte les tentations et personne n’est sauvé ». (St Antoine - Apophtegmes). Cette loi est tellement universelle que Jésus-Christ a du faire face aux trois tentations dans le désert. Pour engendrer une entité psychique ou astrale, il faut que l’énergie psychique et mentale se coagule, s’enroule. Or le bien rayonne toujours, il ne s’enroule point.
On ne peut donc pas engendrer un démon de l’amour pur ou un égrégore de l’amour universel. L’énergie psychique et mentale de l’amour ne donnerait jamais lieu à la formation d’une entité individualisée psychique ou astrale ; elle se mettrait aussitôt entièrement à la disposition des hiérarchies célestes. On peut bien engendrer des démons mais pas des anges artificiels. S’il y a des égrégores des communautés initiatiques, religieuses et autres, ils sont toujours négatifs. L’égrégore du Catholicisme, par exemple, est son double parasite qui se manifeste comme fanatisme, cruauté, prétentions excessives... Les esprits des communautés positifs ne sont jamais des égrégores mais des entités des dix hiérarchies. C’est donc une âme humaine, un ange ou un archange qui remplit la charge de la direction positive d’une communauté. Ainsi ce n’est pas un égrégore mais bien Saint François lui-même qui est le directeur spirituel de l’ordre franciscain.
Les lieux saints, les reliques, statues et icônes miraculeuses ne sont pas des dépôts de l’énergie psychique et mentale des pèlerins mais bien des lieux et des objets où « le ciel est ouvert et où les anges peuvent monter ou descendre ». Ils sont des points de départ du rayonnement spirituel qui présupposent, pour être efficaces, la foi de la part des croyants mais qui ne puisent pas dans cette foi l’énergie qu’ils rayonnent. La foi est ce qui rend les croyants aptes à recevoir la force guérissante et l’illumination, elle n’en est pas la source. On peut dire que les reliques ont été aimantées, jadis par quelqu’un, en ce sens qu’elles sont devenues des portes, des fenêtres ouvertes sur le ciel mais elles ne sont pas aimantées par les croyants.
Le Saint ne guérit pas en donnant son fluide vital au malade, il le guérit en prenant sur soi sa maladie et en l’élevant en soi comme une hostie vers le ciel. Ainsi les talismans s’opposent-ils aux reliques puisqu’ils sont des dépôts de l’énergie magique et soumis à la loi de la quantité. Les reliques sont soumises à la loi de la qualité ; plus on les invoque, plus elles rayonnent de force. Elles sont inépuisables comme générateurs ou forces d’énergie. L’eau bénite ne renferme pas la bénédiction mais la bénédiction plane au-dessus d’elle en rétablissant - par la magie sacrée de l’analogie pratique - le rapport primordial qui existait entre l’eau et l’esprit de Dieu au premier jour de la création quand « l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus de l’eau ». Quelques gouttes suffisent pour chasser les démons !
La psychologie des profondeurs a découvert et mis en pratique le principe thérapeutique de la montée des complexes de l’inconscient à la lumière de la conscience car celle-ci rend le complexe non seulement visible mais impuissant. «La Lumière chasse les ténèbres». Cette vérité simple est la clef pratique du problème du combat contre les démons. C’est pourquoi les Pères du Désert et autres saints avaient tant d’expérience des démons. Ils jetaient sur eux leur lumière et le faisaient en représentants de la conscience humaine car, quiconque se retire, devient « fils de l’homme ». Et c’est en fils de l’homme que les saints solitaires attiraient les démons qui hantaient l’inconscient de l’humanité, les faisant apparaître au niveau de leur conscience, et les rendaient impuissants.
Les fameuses tentations de Saint Antoine étaient, en premier lieu, des actes de guérison de l’humanité de son temps de l’obsession démoniaque. Saint Antoine tirait les démons hors des ténèbres jusqu’à la lumière de la conscience du « fils de l’homme », il les rendait visibles donc impuissants. Il en va autrement des démons naturels càd des entités de la hiérarchie de gauche. Il n’est donc plus question de l’anéantissement du démon mais du changement de son champ d’activité et du lieu de son existence. Le démon vaincu de l’histoire de Tobie fut forcé par l’Archange Raphaël de quitter le pays de sa victime, de se rendre en exil en Egypte et de s’y fixer. C’est la présence de l’Archange Raphaël qui le força à se retirer et à se rendre en Egypte.
Les dieux païens furent-ils des démons, des égrégores collectifs ? Le paganisme n’est-il que le culte des démons ? Il faut faire une distinction entre le paganisme des initiés et des philosophes, le paganisme symbolique et mythologique, le paganisme naturaliste et le paganisme démoniaque engendré par l’imagination et la volonté collectives perverses. Ce serait une erreur et une grave injustice de voir en Platon et en un prêtre de Moloch des représentants d’une même cause ; de voir dans les bûchers de l’inquisition et dans les lampes allumées à la fête de la résurrection, la manifestation de la même lumière ou encore de voir en Mahâtma Gandhi et en un dévot étrangleur à la gloire de la déesse Kali des représentants du paganisme hindou. Il va sans dire que le paganisme des initiés et des sages, en tant que non dégénéré, n’avait rien à voir avec le culte des démons.
Le paganisme symbolique et mythologique était un humanisme universel. Ses dieux étaient des personnages humains, des héros divinisés ou poétisés, des prototypes du développement de la personnalité humaine qui correspondaient aux principes cosmiques planétaires et zodiacaux. Le paganisme naturaliste était neutre car en s’inclinant devant la nature, il n’engendrait pas de démons parce que cela était contraire à la nature qui n’est pas perverse. Le paganisme où les démons engendrés étaient adorés et obéis a valu à l’ensemble du paganisme la renommée injuste et calomnieuse de « religion démoniaque ». Certains des Pères de l’Eglise qui avaient connaissance du paganisme des initiés et des philosophes, qui est l’essence pure du paganisme, reconnaissaient à l’instar d’Origène : « il n’y a rien d’étonnant à ce que le même Dieu a gravé dans les âmes des hommes ce qu’il a enseigné par les prophètes et par le Seigneur ». (Contra Celsum I, 4). Le logos incarné était attendu partout où on souffrait, mourait, croyait, espérait, aimait...Les juifs en préparaient l’incarnation, les païens se préparaient à en reconnaître le Logos.
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Sur le site de Philippe Camoin, on peut trouver un petit fascicule intitulé Le Tarot de Marseille restauré ou "L'Art du Tarot" par Alexandro Jodorowsky qui propose une liste de mots clefs impressionnante, glanés selon les œuvres de différents auteurs :
XV. LE DIABLE
Nature animale - Forces sexuelles - Esprit Saint agissant dans l'homme par inspiration et illumination - Esprit de la terre soumis au courant de la volonté humaine - Être humain dominant la passion - Inconscient - Couple n'existant que grâce au sexe - Imagination artistique - Sabbat - Messe noire - Préparation du ferment - Conjonction sur le plan des réalisations - Magnétisme - Se renouveler dans la douleur - Grande Mère phallique - Magie noire - Force de l'attraction universelle - Prédestination - Fatalité - Mystère - Guide s'emparant de la volonté de ses disciples - Paranoïaque - Domination égocentrique - Envie - Retour à l'énergie sexuelle pour l'enrichir avec son opposé en créant l'androgyne intérieur - Un homme qui réveille sa féminité - Une femme qui réveille sa masculinité - Personne qui s'attache à la vie matérielle et détruit ses illusions spirituelles - Principe d'activité spirituelle qui cherche à pénétrer la matière et à s'en vêtir pour se matérialiser - Affaires risquées - Libération de l'unicité sexuelle - Tentation malsaine - Haine - Rébellion - Stérilité dans l'effort - Luxure - Argent - Limitation - Cercle fermé - Vice - Emploi de la force astrale mise à notre disposition dans un but intéressé et à des fins d'ordre matériel - Lumière projetée sur la bestialité - Orgueil - Âme du monde - Réservoir de la vitalité de tous les êtres. -Envoûtement - Fascination - Démagogie - Rut - Hystérie. -Emploi de moyens illicites - Abus du plaisir - Drogues dont on ne peut se défaire - Chaos - Orgie. -Sadomasochisme - Grande activité égoïste sans souci de justice - Pluralité -Grande puissance d'emprise sur les autres - Triomphe obtenu par des moyens illégaux - Vols impunis - Fortune mal acquise - Conquête affective d'un être par des procédés condamnables -Adultère -Santé déficiente - Critique - Moquerie - Cancer - Intelligence naturelle - Élans aveugles - Résistance - Conscience corporelle - Folie - Police secrète - Piège - Libido - Danger personnel - Amoralité - Fellation - Sodomie - Pédérastie - Orgasme devenu Dieu - Nymphomanie - Passions incestueuses - Zoophilie - Manque de volonté - Notre côté obscur - Cauchemars - Bisexualité - Mal délibéré. -Libération des plaisirs - Magicien - Argent emmagasiné - Difficulté pour évacuer - Onanisme - Prisonnier d'un mariage qu'on a envie de rompre - Problèmes avec la belle-mère - Travail sur soi-même pour se libérer du plan matériel et arriver au centre divin - Grand agent magique employé pour le mal par une volonté perverse - Mal que l'on se fait à soi-même en le faisant aux autres - Trop dépendant des autres - Enfant voulant séparer le père de la mère pour rester avec l'un d'eux d'une manière possessive - Autopunition - Vaincre la peur de soi-même - Le commencement de la connaissance spirituelle - Immense champs d'expérience ouvert à l'homme - Pouvoir moral - Vitalité - Sexualité saine - Homosexualité - Psychiatrie - Monde des truands - Caractère narcissique facile à influencer - Chemin vers la facilité au travers du sacrifice - Dangereuse répression des instincts par l'intellect -
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Symbolisme celte :
Laura Tuan, autrice d'un livret d'accompagnement intitulé Les Tarots celtiques (Éditions De Vecchi S.A., 1998) propose un article sur Cerumno, alias Cernunnos :
Cerumno est une divinité animale, une sorte de seigneur des fauves, à la posture insolite et au visage énigmatique. Pour commencer, il est assis les jambes croisées, dans la position typique du yoga, connue sous le nom de « position du Bouddha ». Par ailleurs, au-dessus de ses oreilles humaines, il possède deux autres petites oreilles de cerf, et porte sur sa tête les bois ramifiés propres à ce dernier.
Il tient parfois dans sa main un bol vers lequel s'étirent deux serpents, ou bien un sac rempli de pièces de monnaie ou de pierres pour le jeu. Sur le célèbre chaudron de Gundestrup, il s'entoure également de quatre animaux, vraisemblablement ses sujets.
Dérivé de carno (cerf) ou de cerno (pointe), son nom fait clairement allusion à la fertilité virile et aux impétueuses énergies des animaux à la saison des amours.
C'est pourquoi il est considéré comme le dieu des influences fécondatrices, celui qui, en mourant et en renaissant, met en marche le cycle de mort et de renaissance dans la nature. Sans parler des forces plus subtiles et mystérieuses, liées aux trésors souterrains d'outre-tombe, du serpent qui l'accompagne souvent, avec sa tête surmontée de deux cornes de bélier qui renforcent son symbole de pouvoir et de richesse.
Ce n'est pas un hasard si, dans le symbolisme antique, le cerf revêt toujours un caractère ambivalent, au point de figurer au Moyen Âge parmi les montures des sorcières et d'être même assimilé au diable. Il guide vers l'au-delà ou bien le long des sentiers conduisant aux collines vides où vivent les fées, et apparaît quelquefois sous la forme d'une belle et séduisante jeune fille.
La carte : On voit ici Cerumno assis dans une position hiératique, comme plongé dans la méditation, devant le chaudron magique de l'abondance et de la résurrection. Il porte autour du cou l'ornement distinctif des Celtes : un collier d'or torsadé, ouvert aux extrémités, ayant probablement pour fonction d'accumuler et d'assurer l'échange énergétique réciproque entre le corps et le milieu ambiant.
Des bois de cerf se dressent sur sa tête, et celle du serpent qui l'accompagne est surmontée d'une paire de cornes de bélier.
Sa main gauche tient une massue de fer, symbole du pouvoir intérieur, très fort en dépit de l'immobilité de la figure, absolument pas belliqueuse.
Signification ésotérique : L'énergie a toujours deux faces, masculine et féminine, sombre et lumineuse. Par la force secrète du cœur, puissante au point de déplacer les montagnes, l'animal peut accéder à la dimension humaine, et l'homme peut découvrir son archaïque et débordante animalité. Homme et animal, homme et plante, homme et pierre, homme et eau ne font qu'un, car la force de la nature les rapproche et les investit d'un lien indissoluble.
Mots-clés : Fertilité ; Puissance ; Nature ; Mystère ; Régénération.
A l'endroit : instinct ; magnétisme ; force mystérieuse ; énergie psychique ; pouvoirs occultes ; attraction ; éloquence ; charisme ; expériences surnaturelles ; événements inattendus ; prédestination ; occasion à saisir au vol ; risque ; hasard ; brillant succès remporté grâce à de sombres méthodes ; soulagement ; libération ; obstacles surmontés ; désirs réalisés ; volonté intense ; force physique ; passion ; attirance ; audace ; besoin d'accepter le destin ; relations profondes ; nouvelles rencontres ; libération de liens indésirables ; capacité de faire carrière ; réussite dans le domaine médico-chirurgical ; luxe ; richesse ; protection vis-à-vis de la maladie ; accouchement ou opération à l'issue positive.
A l'envers : Bouleversement ; Excès ; Déséquilibre ; Méchanceté ; Luxure ;Abus de pouvoir ; Fraude ; Mensonge ; Arrogance ; Avidité ; Querelles ; Vengeance ; Violence ; Sadisme ; Destruction ; Vice ; Jeu de hasard ; Tentations ; Dangers ; Obstacles ; Complications en tout genre ; Période particulièrement difficile ; Révolte ; Fanatisme ; Conflits ; Exploitation ; Tyrannie ; Magie noire ; Paresse ; Superficialité ; Dépendance ; Erreurs ; Amour vénal ; Trahison ;Jalousie effrénée ; Grossesse non désirée ; Critiques ; Echecs ; Escroqueries ; Prêts risqués ; Usure ; Recrudescence d'une maladie ; Accident ; Virus ; Drogue ; Impuissance ; Avortement ; Fièvre ; Blessures ; Affections des organes génitaux ; Folie ; L'ennemi ; Un séducteur ; Un tyran.
Le temps : Mardi ; Automne.
Signes du zodiaque : Scorpion ; Capricorne.
Le conseil : la magie habite dans votre cœur : faites appel à vos énergies secrètes, et vous réaliserez même l'impossible.
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Dans le livret accompagnant le jeu de cartes du Tarot des Druides de Philip et Stephanie Carr-Gomm (Édition originale 2004 ; traduction française : Édition Véga, 2014), on trouve le petit texte explicatif suivant :
Le Message : Le dragon de Nwyfre s'éveille puissamment en vous. Un grand progrès est possible, mais veillez à intégrer et à canaliser cette force.
Mots-clefs : Potentiel pour l'abondance et la libération ; Maîtrise de la force de vie ; Obsession ; Matérialisme.
Signification : - Appel à d'éveiller à la responsabilité. en apprenant à réussir et à être créatif, explorez votre sexualité et libérez-vous des inhibitions et des refoulements, sans vous laisser consumer par ces activités.
- Ne refusez pas le monde, avec sa cupidité, son matérialisme et son consumérisme rampant, qui menace de détruire la planète.
- C'est le moment d'accepter la responsabilité de votre propre vie et de la manière dont vous la vivez.
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Mots-clefs : Abus de pouvoir - Succombe à la tentation - Cécité spirituelle - Se libérer.
Sens inversé : Sentiment d'être piégé dans une situation difficile ou limitative, sans être « pleinement éveillé » à son sujet.
- Une période de malheur intense conduira finalement à changer de vie ou à se libérer de la situation
- Un abus de pouvoir
- Se libérer d'une vision matérialiste du monde.
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Selon John Matthews, auteur de L'Oracle celtique, exploration des mondes intérieurs (Ixos Press, 2005 ; Guy Trédaniel Éditeur, 2006), Cernunnos peut-être assimilé à la carte du Garde-Forestier qui appartient à la série des Énergétiseurs :
Chacun des Énergétiseurs, d'une façon particulière, sert de guide et de conseiller pour les voies entre les mondes. Ainsi., [...] le Garde Forestier qui est aussi appelé le Seigneur des Animaux, garde la voie qui aboutit au cœur de la forêt de l'Autre-Monde. Dans la forêt dense, c'est très souvent parmi les arbres que l'on recherche les alliés et les guides.
Description : Une tête rayonnante venue des profondeurs du lac apparaît, entourée de feuilles de chêne et de dragons. Dans chaque main, il tient un cerf par les pattes de derrière.
Clé : Créatures.
Le Seigneur des Animaux commande le totem et le pouvoir des animaux. Quand il frappe de son bâton le tronc du Grand Arbre, au pied duquel on le trouve souvent, les êtres magiques sous une forme animale magique forment un cercle autour de lui. En tant que Garde Forestier, il est aussi le Gardien de la vieille forêt du monde médian. Cette carte est ainsi pour tous ceux qui cherchent à entrer dans le monde entre les mondes, pour trouver leur pouvoir personnel.
Arrière-plan : L'image la plus fameuse (et la plus connue) di Seigneur des Animaux, est l'homme cornu entouré d'animaux représenté sur le Chaudron de Gundestrup, découvert dans une tourbière danoise, vers 1860. On a découvert de nombreuses représentations de ce genre en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne, mais on les a toutes appelées Cernunnos - malgré le fait que ce nom n'apparaît que dans une inscription sur une tombe près de Paris.
Il est possible que le Seigneur des Animaux soit la plus ancienne de toutes les déités celtiques, étant donné qu'on en a trouvé des sculptures datant des temps pré-romains, alors que les représentations d'autres déités qui nous sont restées, montrent une influence classique très évidente.
L'image qui apparaît sur cette carte est tirée d'un autre panneau du Chaudron de Gundestrup, mais la description la plus célèbre et la plus frappante du Seigneur des Animaux se trouve dans "La Dame de la Fontaine" du Mabinogion, où il revêt une apparence très différente :
Il n'est pas de taille plus petite que deux hommes de ce monde. Il n'a qu'un pied, et un seul œil au milieu de son front. Et il a un bâton de fer, et il est certain qu'il n'est pas deux hommes dans ce monde qui ne trouveraient que ce bâton est d'un poids écrasant [...] et il est le gardien de cette forêt. Et tu verras mille animaux sauvages paître autour de lui...
Outre cela, il y a de nombreuses références, dans al tradition celtique, à des êtres métamorphiques dont la relation avec le monde des animaux était telle qu'ils pouvaient réellement devenir la créature qu'ils souhaitaient.
La description des métamorphoses du chaman-poète Taliesin en divers animaux - ainsi que des références, dans tout le corpus poétique, à sa relation symbolique avec tous les êtres vivants - mène à la croyance que ce personnage représente le dernier souvenir d'une tradition chamanique qui prévalut chez les Celtes.
Voyage : Voyagez au pied du Grand Arbre au cœur de la forêt entre les mondes. Là, vous trouverez le Seigneur des Animaux, qui est assis jambes croisées avec un chaudron devant lui, et un bâton à son côté.
Demandez au Seigneur des Animaux orientation ou aide pour découvrir votre animal totem ou votre animal pouvoir.
Quand il frappe l'arbre, voyez quel animal approche. Il sera votre animal totem ou votre animal pouvoir, qui vous aidera dans votre voyage.
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Gérard Poitrenaud propose un article tiré de sa thèse et intitulé "Cernunnos, entre Orphée et Actéon" (In : Le Cycle et Métamorphoses du dieu cerf, Toulouse : Lucterios, 2014) =>
Kristoffer Hugues, dans Les secrets du tarot celtique (Llewellyn Publications, 2017 ; Éditions De Vinci, 2021) présente ainsi le Diable, qu'il nomme l'Ombre :
XV. L'Ombre
Détournez les yeux ; ignore-moi à vos risques et périls.
Je suis l'Ombre, que certains appellent aussi le Diable.
Affirmation : Les lumières vives projettent d'obscures ombres.
Mots-clés : Matérialisme ; Ombre ; Ignorance.
Me percevez-vous parmi les ombres ? Entendez-vous ma voix vous appeler des tréfonds de votre être ? Non ? Alors ignorez-moi à vos risques et périls, car je suis l'Ombre (le Diable), et je porte plusieurs noms ; mon pouvoir est bien trop grand pour que vous puissiez me supprimer. Je saurai trouver les fêlures sous votre vernis de
« bonté ». Prêtez-moi votre oreille, donnez-moi votre voix, et découvrez mon véritable pouvoir, car je ne désire qu'être entendu. Voyez ces pièces à côté de vous, extraordinaire illusion que seuls l'argent et le gain vous rendront heureux... Voyez ces chaînes que vous portez : elles représentent la servitude de vos désirs et de vos besoins. Ressentez-les ; voyez-les pour ce qu'elles sont : votre propre fait ! Remarquez avec quelle facilité vous pourriez vous en défaire et marcher au-delà de mon château. Pourquoi n'en faites-vous rien ? De quoi avez-vous peur ? De perdre ce que vous avez ?
Je ne suis pas le mal, car le mal rôde uniquement dans le cœur de l'homme, mais je peux détruire. Vous avez le choix : vous servir de mon pouvoir pour créer ou inspirer, ou bien provoquer la destruction, la vôtre incluse. Le sexe, l'argent, le pouvoir, le gain, l'avidité - je suis l'Ombre, je peux vous procurer toutes ces choses, mais donneront-elles un sens, une véritable valeur à votre existence ?
Interprétation : Cette lame peut être difficile à accepter, et sa position si tardive dans les arcanes majeurs peut se révéler surprenante, mais le piège du matérialisme et l'appât du gain peuvent corrompre même les plus fervents quêteurs spirituels. Cette lame suggère que la question posée est chargée d'illusion et que les choses sont gouvernées par les besoins basiques dont brûlent tant d'êtres humains : l'argent, le sexe, le pouvoir, le gain.
Mais sachez également que l'énergie sexuelle et l'énergie spirituelle ne peuvent pas être séparées. A vrai dire, il n'y a aucune séparation entre la physiologie et la spiritualité. Le consultant peut se sentir piégé, mais il y a toutes les chances pour que ce piège soit de son propre fait ou bien gouverné par l'illusion de la servitude, du gain matériel et de l'ignorance, choses pouvant toutes mener à la frustration et à l'impuissance. Peut-être le consultant a-t-il passé trop d'années à dire oui, plutôt que d'apprendre le pouvoir du non ?
Inversée, cette lame apporte l'espoir et le sentiment que les personnes impliquées sont conscientes de ce qu'il se passe. elles ont décelé l'illusion et voient ce qui est déséquilibré. L'acceptation est un pas vers la guérison ou la réconciliation. les choses s'amélioreront, mais il va vous falloir du courage pour vous en sortir, car les émotions sont en nombre et potentiellement dangereuses.
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Dans L'Oracle de la sagesse gauloise (Éditions Le Courrier du Livre, 2021) Caroline Duban et Lawrence Rasson propose une carte dédiée à Cernunnos, "Le Cornu" :
Son nom est issu d'une racine proto-indo-européenne *kerh- qui désigne à la fois la tête et la corne. On le retrouve dans la langue gauloise sous la forme carnon, « corne », « trompe », notamment pour nommer le carnyx, et dans le latin avec cervus, « le cerf »;
Connu en Gaule à travers de nombreuses figurations, Cernunnos est mis en évidence - son nom inscrit au-dessus de sa représentation - sur le pilier des nautes de Lutèce. Cette colonne fut érigée au 1er siècle de notre ère par cette confrérie en l'honneur de Jupiter. En effet, les Nautes étaient une corporation d'armateurs et de commerçants de la tribu des Parisii, naviguant sur la Seine et les cours d'eau de la Gaule. Le document archéologique a été retrouvé au XVIIIe siècle dans le sous-sol de la cathédrale Notre-Dame de Paris, pour les besoins de la construction de la crypte. A cette époque, l'inscription comportait encore le C initial qui, aujourd'hui, a disparu. Sur cette gravure, Cernunnos arbore ses oreilles de cerf et est coiffé de ses bois, desquels pend une paire de torques. La plus ancienne représentation du dieu-cerf parmi les peuples de l'Âge du Fer est attestés au Valcamonica, en Lombardie, autrefois situé en Gaule cisalpine. La silhouette d'un personnage cornu brandit un torque d'une main et un serpent cornu de l'autre, esquisse à peine distincte de nos jours. La divinité se dresse devant un second personnage, nu et les bras levés, peut-être dans une posture de vénération ou de prière. Sur cette image, le dieu cornu fait trois fois la taille de l'adorateur. On a estimé cette œuvre aux alentours du IVe siècle av. J.-C.
Sur la stèle de l'autel de Reims, Cernunnos a regroupé ses sabots en tailleur, installé sur une assise à dossier, un torque autour de son cou. Il est flanqué d'Apollon et de Mercure, divinités romaines bienveillantes, tandis qu'au bas du trône de Cernunnos se tiennent un taureau et un cerf, proportionnellement minuscules par rapport à la taille des dieux, qui se partagent la manne bienfaisante que Cernunnos laisse couler entre ses mains, depuis un sac qu'il retient contre lui. Il semble verser des gains à ces créatures. Dans cette posture et avec ces attributs, Cernunnos apparaît comme une divinité dispensatrice de bienfaits, liée à la corne d'abondance. Celle-ci ferait-elle écho à la ramure du dieu ? Le cerf a cette capacité naturelle de régénérer ses bois chaque année, et son culte est remarqué dans une tombe cultuelle du Ve sicèle av. J.-C., dans la nécropole de Villeneuve-Renneville (dans la Marne). L'animal avait été sacrifié et enterré rituellement. Le cerf, force régénératrice, et son compagnon le taureau, force brute, sont tous deux symboles de fertilité.
Sur cette même stèle a été ajouté un rat dans le linteau, le regard plongeant vers Cernunnos et sa bourse de grains. Le rongeur pourrait incarner les forces malveillantes rôdant et prêtes à profiter d'un moment d'inattention, contre lesquelles des dieux doivent être vigilants pour la protection des hommes.
A Savigny, c'est une statuette en bronze haute de 10 cm qui montre un Cernunnos tenant un panier rempli par devant lui. deux serpents à tête de bélier se glissent sous ses bras pour se nourrir dans ce panier, leur queue de poisson respective s'enroulant jusqu'au bas du dos du dieu-cerf. Le serpent à tête de bélier (ici à queue de poisson) est une créature qu'on retrouve aux côtés d'autres divinités ou dans l'ornementation gauloise. Cet hybride à sang froid et rampant semble rattaché aux forces souterraines. Cernunos serait-il un des noms ou une des formes de Dis Pater, dieu infernal et père de tous les Gaulois ?
Bien d'autres statuettes, gravures et sculptures mettent en scène Cernunnos, mais quelques rares modèles lui donnent deux et parfois trois visages, notamment chez les Remi (Reims), les Lingones (Langres) et les Haedui (Autun). Cernunnos aux multiples pouvoirs aurait-il eu un don d'ubiquité ? Ou serait-ce pour signifier qu'il avait la capacité de veiller à tout moment sur le monde, peut-être pour permettre aux hommes de choisir le bon chemin ?
Interprétation : Cerunnos, puissance fertile et bienveillante, ici végétalisée, apparaît dans votre tirage car vous avez besoin d'$etre rassuré sur votre position actuelle ou à venir. Il se peut que vous incarniez les qualités de la divinité pour quelqu'un en particulier ou pour un groupe de personnes (la famille plus spécialement, dont les membres peuvent dépasser les liens du sang). De hautes responsabilités vous échoient, parfois lourdes et qui, bien souvent, sont perpétuelles. Elles peuvent changer de formes, évoluer en fonction des situations, du temps qui passe et des gens concernés, mais sur vos épaules repose une certaine sécurité dont dépendent ces derniers. Loin de vous déplaire, ce rôle vous va à ravir, même si par moments vous ressentez lassitude ou agacement,. Protéger cette tribu nécessite de temps de temps de secouer un peu les consciences, car si vous en êtes le bienfaiteur, il n'en reste pas moins qu'il est impératif qu'on ne se repose pas seulement sur vous. Pour que chaque enfant grandisse, pour que chaque adulte évolue, il faut aussi expérimenter ses propres enseignements, malgré les moments où l'on trébuche. Cependant, vous serez là pour relever cette personne. Votre mission n'est pas de passer votre temps et de dépenser votre énergie à toujours anticiper ce qui pourrait arriver, mais plutôt de seconder et d'accompagner ces êtres pour qu'ils trouvent leur liberté, leur indépendance et découvrent leurs forces.
Si votre consultation porte sur une décision d'orientation, les métiers come thérapeute, avocat ou conseiller vous conviendraient bien. Cernunnos, avec ses attributs de fécondité, confirme que vous seriez à l'aise dans ces domaines où les talents et les règlements de conflits débouchent sur une amélioration de la santé mentale et physique pour vos protégés, patients, clients. L'association du serpent chtonien renvoie aux puissances cachées en chacun de nous, dont il semble que vous ayez un don pour les révéler. Vous savez pointer du doigt les éléments qui redonnent confiance, les capacités ignorées, les souvenirs oubliés, les qualités ensommeillées et les directions à suivre. Tout en conseillant, vous n'oubliez pas de surveiller de temps en temps les dangers potentiels qui pourraient se glisser au milieu de cette quiétude. Vous veillez au grain et n'êtes pas du genre à laisser de mauvaises influences, les pensées négatives ou les paroles détestables pourrir durablement votre cœur, votre esprit et votre demeure. Vous savez les écarter et consolider vos limites par une aura charismatique. On a foi en vous et vous servez d'exemple à ceux et celles qui vous côtoient. On vous admire parfois en secret, mais vous ne tombez pas dans le piège de la vanité. Vous êtes solidement ancré, en parfaite connexion avec vos idéaux, vos forces, votre corps et vos pensées. Bien alignées, ces caractéristiques vous portent et vous motivent. C'est pourquoi il peut arriver que vous portiez le masque de Cernunos malgré vous, ou sans vous en rendre compte. Peu importe. restez qui vous êtes et ne vous troublez pas. Sachez doser les paroles et les gestes avec vos interlocuteurs pour leur insuffler la force nécessaire de (re)devenir indépendant, suffisamment solide pour n'être plus jamais l'esclave d'une situation, d'une personne, d'un schéma de pensée. Ainsi, vous ne retirez aucun pouvoir à ce dernier, mais débloquez un rouage figé par la peur, le doute, la honte, la souffrance, etc.
Votre mission ici est importante, mais l'humilité avec lquelle vous devrz l'accomplir fait partie de celle-ci ; car vous aussi êtes en train d'apprendre et de régler des blocages dans votre incarnation. C'est un échange de bons procédés.
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