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VI. L'Amoureux / Clutonda




Étymologie :


  • AMOUREUX, EUSE, adj. et subst.

Étymol. ET HIST. I.− Adj. 1. Ca 1150 amoros sens passif « digne d'être aimé, aimable (en parlant de qqc. ou de qqn) » (Roman de Thèbes, éd. L. Constans, I 8433 : Ueuz vairs rianz et amoros). − xves., La Repeue de Villon ... ds Gdf. : vin... blanc et amoureux; 2. a) fin xiie s. amorous « qui aime (qqn) d'amour » (Guy Chatelain de Couci, VII ds Gdf. Compl. : Que pour autre ne puis estre amorous) ; p. ext. b) xiiie s. amerous « (d'une pers., d'un animal domestique) enclin, porté à l'amour » (Recueil gén. des Ysopets éd. J. Bastin, t. 2, Ysopet de Lyon XVII 1 p. 112 : Li Chiens qu'est amerouse beste, A son seignour façoit grand feste), d'où, Ac. 1694 s.v. : On dit prov. d'Un homme qui prend de l'amour indifferemment pour toutes les femmes qu'Il est amoureux des onze mille Vierges; c) mil. xiiie s. « (d'un inanimé abstr.) qui marque de l'amour ou tend à en inspirer » (Raoul de Soissons ds Gdf. Compl. : N'est mervoille se fins amans oblie Aucune fois son amerous desir) ; spéc. 1771 peint. (Trév. : En termes de peinture, pinceau amoureux, dont la touche est moelleuse, douce, légère et délicate) ; 3. 1569 amoureux de « qui est passionné (pour qqc.) » (Martin Du Bellay, Mém. ds Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884 p. 572a : Homme ne peult estre amoureux de vertu, qui n'est songneux et curieux de sa renommée). II.− Subst. 1. xiiie s. sens mystique « dévot, fidèle » (Mir. de N. D., II, 346 ds Gdf. Compl. : Puissanment fut getté quant par ce cop furent desprisonné li amoureux et osté de grevance); 2. 1636 « celui qui aime (sans être aimé dans la tragédie classique) » (Corneille, Cid, Liste des personnages ds Cayrou 1948 : Don Rodrigue, amant de Chimène − Don Sanche, amoureux de Chimène), noté comme pop. par Mllede Gournay (Brunot t. 4, p. 602) et empl. notamment ; 1681 dans le syntagme amoureux transi (Poisson, Fou divert., I, 4, ibid. : Et que sont devenus ces Amoureux transis?); 1771 en style de théâtre (Trév. : On dit, en termes de comédie, Faire les rôles d'amoureux, c'est-à-dire, faire les rôles d'amans). Étant donné l'unanimité des corresp. rom. (prov., ital., esp., cat. xiiie s., d'apr. Batt. t. 1 1961, Rayn., Al. 1958 et Alc.-Moll), du lat. vulg. amorosus (cf. lat. médiév. au sens 1, xiiie s. ds Vita Mariae rhythm., 3606 ds Mittellat. W. s.v., 582, 34 : te mater amorosa), avec influence de amour.


Lire également la définition du nom et adjectif amoureux afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Identification :


L. Renier, auteur de "Inscription récemment découverte à Mesve (Nièvre) (In : Revue Archéologique, 1865, pp. 386-388) associe Clutonda à une nymphe :


Augusto sacrum, deae Clutondae et vicanis Masavensibus Médius Sacer, Medii Anni filias, murum inter duos arcus, cum suis ornamentisi de suo dono dědit.


On voit que la localité antique dont le village de Mesve occupe l'emplacement s'appelait bien Masava, et non pas Massava par deux s, comme ce nom est écrit sur la carte de Peutinger, puisque ses habitants sont nommés Masavenses ; on voit en outre que cette localité n'était pas une simple station, mais un vicus, dépendant sans doute du municipe ď Autessiodurum ; car c'est elle évidemment qu'il faut reconnaître dans le Masva vicus in pago Autisiodorensi du continuateur de Frédegaire cité par D'Anville.

La déesse Clutonda était probablement quelqu'une de ces divinités topiques comme on en trouve un si grand nombre dans la Gaule. C'est la première fois que son nom se rencontre.

Quant aux deux arcs et au mur donné à cette déesse et aux habitants de Masava par Médius Sacer, il est assez difficile de dire ce qu'ils étaient, à moins cependant qu'ils ne fissent partie de la décoration d'une fontaine, d'une source, dont Clutonda aurait été la nymphe, comme Divona à Cahors, Adonna à Orléans, Eura à la prise d'eau de l'aqueduc du Pont du Gard, etc. Mais existe-t-il une source semblable à Mesve ? J'avoue que je n'en sais rien. Ce n'est pas en cela, du reste, que consiste l'importance de cette inscription.

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Auguste Allmer, dans "Les dieux de la Gaule. I. - Dieux de la Gaule celtique" (suite : Inscriptions 1187 à 1190). (In : Revue épigraphique du Midi de la France, tome 3, N°84, 1897. pp. 450-451) fait une proposition inédite :


Dea Clutonda

- Province lyonnaise (Civitas des Senons ; Agedincum, Sens)

Meaves, canton de Pouilly-sur-Loire, département de la Nièvre. Trouvée dans les substructions de l'église.

Aug(usto) sacr(um), deae Clut[o]ndae et vicanis Masavensibu[s], Medius Acer, Medii Anni [f.], murum inter duos arcus c[um] suis ornamentis d(e) suo d(ono) d(at).


Renier, Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions, 1865, p. 70 - Dujardins, Table de Peutinger p. 32, col. 3 - Arnauldet, Antiquités de France, 1893, p. 61 : CLUTOIDA fautivement.


« A Auguste, à la déesse Clutonda et au habitants du vicus de Masava, Medius Acer, fils de Medius Annus (?), donne de ses deniers le mur entre ces deux arcs avec leurs ornements ».


Il faut entendre par ce texte que le personnage dont il s'agit a consacré à Auguste et à la déesse Clutonda les constructions qui font l'objet de sa libéralité : un mur reliant deux arcs, et qu'il en a fait don aux habitants du vicus de Masava.

Qu'était la déesse Clutonda ? Si la signification de son nom, qui n'a nullement l'apparence d'un nom celtique, est à chercher dans le latin ; on pourrait penser à une divinité protectrice des clôtures.

 

Selon Christophe Archan et Olivier Viron, auteurs de "Insularité–altérité. La place de l’étranger dans l’Irlande du haut Moyen Âge." (In : Droit et cultures. Revue internationale interdisciplinaire, 2018, no 76, pp. 183-228) :


Par ailleurs, on peut penser que la mer a constitué la frontière externe de l’Irlande, même si elle reste un excellent moyen de communication. De ce fait, il est possible de considérer que la ligne qui se situe à une distance de neuf vagues à partir du rivage – qui est évoquée à plusieurs reprises dans les sources médiévales – constitue une sorte de frontière maritime, aussi bien qu’une limite entre le monde des hommes et l’Au-delà. (1)


Note : 1) Une glose indique que la distance correspond à 300 pieds (CIH 315-32-33). Voir Whitley Stokes, « Mythological notes », Revue Celtique ii, p. 201 ; Joseph Loth, « L’année celtique », Revue Celtique xxv, pp. 152-153 ; Fergus Kelly, GEIL, p. 108 ; Early Irish Farming, Dublin, 1997, p. 569-570 ; Gaël Hily, « A l’assaut de la neuvième vague », A travers les îles celtiques, éd. Gildas Buron, Hervé Bihan et Bernard Merdrignac, Britannia Monastica 12, Rennes, 2008, pp. 39-42.

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J. O'Beirne Crowe, auteur d'un article intitulé « Religious Beliefs of the Pagan Irish » (In : Journal of the Royal Society of Antiquaries of Ireland,‎ janvier 1869, p. 319) établit une correspondance encre Clutonda, déesse de l'Amour et Cliodhna :


On the same principle comp. our famous " Clidna" with the Gaulish "Clutondae :" "Augusto sacrum, Deae Clutondae" ("Rev. Arch. " 1865, p. 387).


Note personnelle : Différentes graphies sont possibles pour la Déesse de l'Amour irlandaise : Clíodhna - Clídna - Clionadh - Clíodna - Cliodnu - Clíona - Cleena.

 

Henri Gaidoz, dans son Esquisse de la religion des Gaulois: avec un appendice sur le dieu Encina. (Sandoz et Fischbacher Éditeurs, 1879) établit un lien entre Clutonda et les eaux sacrées :


Le culte des fontaines, qui était bien puissant puisqu'il s'est conservé jusqu'à nos jours, a laissé peu d'inscriptions parce qu'il était plus humble ; il semble pourtant que des divinités comme la DEA CLUTONDA et la DEA ACIONNA étaient des sources sacrées.

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Nous suivons donc J. O'Beirne Crowe et faisons l'hypothèse que les mythes relatifs à Cliodna sont les mêmes que ceux, perdus, qui concernent Clutonda. D'ailleurs, comme nous le montrons dans la section finale de cet article, de nombreuses bribes de la légende irlandaise perdurent dans le folklore français.

 

Néanmoins, les remarques de Jean-Jacques Hatt, auteur d'un ouvrage intitulé Mythes et dieux de la Gaule, tome II (inachevé et non daté) apportente d'autres éléments :


Les capacités auditives de la terre mère : Clutoida/Rocloisiabo Nous avons vu plus haut qu'en Narbonnaise une capacité d'écoute bienveillante était attribuée aux déesses multiples (Rocloisiabo). Une pareille aptitude était attribuée par les Héduens à la déesse-mère : en effet, prés de Mesves, à l'Etang sur Arroux, a été trouvé un crotale, sorte de petite cymbale dont la coquille supérieure était percée d'un trou en son milieu, et sur laquelle était gravée l'inscription CIL XIII 2802 : Deae Clutoidae Elatussio. Le nom même de Clutoida se retrouve à Mesves sur l'inscription CIL XIII 2805 : August. Sacr. deae Clutoidae e vicanis Masavensibus Medius Acer Medianni f. murum inter arcus duos cusuis ornamentis de suo dedit. Consacré à Auguste, à la déesse Clutoida, et en faveur des habitants du vicus de Masava, Medius Acer, fils de Mediannus a fait faire à ses frais une enceinte comprenant deux arcs avec leurs ornements.

Le nom même de Clutoida présente un élément de composition commun avec Rocloisiabo, Clois et Clut dérivant tous deux de la même racine que le grec Kluo, qui signifie écouter, exaucer. Ro est un intensif qui s'ajoute au nom des déesses de Narbonnaise : ainsi Rosmerta, la grande distributrice. L'instrument sur lequel a été gravée la dédicace à Clutoida est un crotale. Il était utilisé par percussion pour éveiller l'attention de la déesse, être écouté d'elle, puis exaucé par elle.

Il existe un certain nombre de représentations de cet instrument élémentaire de musique qu'est le crotale, tenu par des déesses ou leur fidèle, ou isolé, par suite de la disparition de la statue. La déesse associée à Sucellus, de Dijon, (S. Deyts, Inv. Dijon, n°118) tient de la main droite non pas une patère, mais un crotale. L'instrument est composé de deux coquilles métalliques, dont l'une est pourvue d'un trou central, dans lequel vient se loger son pouce. Un crotale, provenant d'une statue détruite, existe également au Musée de Dijon (S. Deyts, Inv. Dijon, n°43). Il est pourvu d'un manche, que tient une main. Un instrument du même genre pareillement emmanché est tenu de la main droite par un jeune garçon, sur une stèle funéraire d'Autun, Esp. III 1959. La statue de déesse de Cosne, Esp. II 1547, pose la main sur un crotale sans manche.

Nous ne savons pas comment les Gaulois de Saint-Rémy faisaient pour se faire entendre de leurs déesses bien écoutantes, Rocloisiabo, mais nous connaissons désormais le procédé employé par les Héduens pour attirer l'attention de leur Mère écoutante, Clutoida. Il s'agissait du choc des deux parties d'un crotale.

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Symbolisme :


Antoine Court de Gébelin, auteur Du Jeu des Tarots (Extrait du Monde Primitif, Tome I, Huitième édition, 1787) nous donne sa vision de la carte :


N° VI - LE MARIAGE


Un jeune homme et une jeune femme se donnent leur foi mutuelle : un Prêtre les bénit, l’Amour les perce de les traits. Les Cartiers appellent ce Tableau, l’AMOUREUX. Ils ont bien l’air d’avoir ajouté eux-mêmes cet Amour avec son arc et ses flèches, pour rendre ce Tableau plus parlant à leurs yeux.

On voit dans les Antiquités de BOISSARD, un Monument de la même nature, pour peindre l’union conjugale ; mais il est composé que de trois figures.


L’Amant et l’Amante qui se donnent leur foi : l’Amour entre deux sert de Témoin et de Prêtre.

Ce Tableau est intitulé FIDEI SIMULACRUM, Tableau de la Foi conjugale : les personnages en sont délignés par ces beaux noms, VÉRITÉ, HONNEUR et AMOUR. Il est inutile de dire que la vérité désigne ici la femme plutôt que l’homme, non seulement parce que ce mot est du genre féminin, mais parce que la Fidélité confiante est plus essentielle dans la femme. Ce Monument précieux fut élevé par un nommé T. FUNDANIUS EROMENUS ou l’aimable, à sa très chère Épouse Poppée Démétrie, et à leur fille chérie Manilia Eromenis.

 

Voici la présentation du Tarot du Sepher de Moïse qui met en avant les lames du Livre de Thot :


Lame du nombre 6 - lettre Vau - l'Amoureux


Le Nombre Six, l’Amoureux dans le livre de Thoth, l’Adam du 6ème jour. Dans l’Ennéade Héliopolitaine c’est Osiris. C’est le deuxième signe de notre Zodiaque sacré AEnosh/Lion, le premier des signes de feu. Ce Nombre Six est le troisième du deuxième ternaire (4-5-6), il est donc Conscience par élévation cubique du Nombre Deux, qui grâce à l’exercice de son libre arbitre sera confronté à sa destinée de par sa position troisième, celle des choix qu’il fera selon ses désirs ou selon sa volonté. En tant que déclinaison du Nombre Trois, il pourra choisir de donner corps à ses désirs et passions dans la sphère de causalité du Destin ; ou à l’expression de sa souveraine volonté en se libérant des jougs de la soumission de ce Destin. Sur le plan astral, le Nombre Six dans notre Thebah est sous le signe d’AEnosh/Lion celui du feu dévorant, des passions d’une animalité féroce s’il est vécu en involution, ou celui de la force et de la puissance de caractère, de la noblesse et de la générosité d’âme dans le cas de l’évolution, se rapporter au signe chapitre V. Le Nombre Six concentre les pouvoirs des cinq premiers Nombres et les dualise en deux ternaires l’un sous forme du triangle pointe en haut, l’autre d’une triangle pointe en bas, figure de l’Hexagramme, le Sceau de Salomon. Le six sera aussi la tentation d’Aîshah la faculté volitive d’Adam. Dans l’ancienne Égypte la sixième Puissance était Tekh le cœur-conscience d’un individu qui était en rapport avec la plus haute partie de l’être spirituel son Ka supérieur. C’était aussi le nom donné au fil à plomb qui était suspendu au fléau de la balance chargée de peser le cœur du défunt dans la scène de la psychostasie. Mais sur un plan plus subtil et plus ésotérique, Tekh était le principe de saturation, capable de neutraliser la soif que génère le feu intérieur des passions et des tentations.


Tekh se trouve donc, dans toute génération comme dans la balance, le témoin intermédiaire qui assure le libre jeu des forces adverses par la mesure des possibilités”.

(Isha Schwaller de Lubicz Her-Bak Disciple)


Le Nombre Six, l’Amoureux est l’expression même du discernement et du libre arbitre, étant le deuxième signe de notre Zodiaque sacré, il est une manifestation de la Conscience dans la sphère du Destin. Celui qui fait des choix doit accepter leurs conséquences, au nom de la Juste application des Lois sans lesquelles la liberté ne pourrait exister. Eliphas Levi nous dit parlant de ce Nombre Six :

L’intelligence suprême est nécessairement raisonnable. Dieu, en philosophie, peut n’être qu’une hypothèse, mais c’est une hypothèse imposée par le bon sens à la raison humaine. Personnifier la raison absolue, c’est déterminer l’idéal divin.

Nécessité, liberté et raison, voilà le grand et suprême triangle des cabalistes, qui nomment la raison Keter, la nécessité Chocmah et la liberté Binah, dans leur premier ternaire divin.

Fatalité, volonté et puissance, tel est le ternaire magique qui, dans les choses humaines, correspond au triangle divin.

La fatalité, c’est l’enchaînement inévitable des effets et des causes dans un ordre donné.

La volonté, c’est la faculté directrice des forces intelligentes pour concilier la liberté des personnes avec la nécessité des choses.

Le pouvoir, c’est le sage emploi de la volonté, qui fait servir la fatalité même à l’accomplissement des désirs du sage.

Lorsque Moïse frappe le rocher, il ne crée pas la source d’eau, il la révèle au peuple, parce qu’une science occulte la lui a révélée à lui-même au moyen de la baguette divinatoire. Il en est ainsi de tous les miracles de la magie : une loi existe, le vulgaire l’ignore, l’initié s’en sert.

Les lois occultes sont souvent diamétralement opposées aux idées communes. Ainsi, par exemple, le vulgaire croit à la sympathie des semblables et à la guerre des contraires ; c’est la loi opposée qui est vraie.

On disait autrefois : que la nature a horreur du vide ; il fallait dire : la nature est amoureuse du vide, si le vide n’était, en physique, la plus absurde des fictions.

Le vulgaire prend habituellement en toutes choses l’ombre pour la réalité. Il tourne le dos à la lumière et se mire dans l’obscurité qu’il projette lui-même.

Les forces de la nature sont à la disposition de celui qui sait leur résister. Êtes-vous assez maître de vous-même pour n’être jamais ivre, vous disposez de la terrible et fatale puissance de l’ivresse. Si vous voulez enivrer les autres, donnez-leur envie de boire, mais ne buvez pas.

Celui-ci dispose de l’amour des autres qui est maître du sien. Voulez-vous posséder, ne vous donnez pas.

Le monde est aimanté de la lumière du soleil, et nous sommes aimantés de la lumière astrale du monde. Ce qui s’opère dans le corps de la planète se répète en nous. Il y a en nous trois mondes analogues et hiérarchiques, comme dans la nature entière.

Le Nombre Six est donc l’exercice ou non de la volonté différenciée de l’Universel par la pratique du libre arbitre ; libre arbitre qui impose la responsabilité concernant les conséquences positives ou négatives des choix qui en découlent de cette pratique.

La lame de l’Amoureux dans le livre de Thoth représente hiéroglyphiquement un personnage central mâle, entouré par deux femmes (facultés volitives) dont chacune encourage notre héros à suivre un chemin particulier, dont la direction diffère de celle de l’autre chemin ; il est ici facile de comprendre l’analogie des voies de l’évolution et de l’involution que devra choisir celui qui est sous la menace de la flèche des désirs passionnels d’un Cupidon céleste.

Les conséquences de ces choix se trouvent subtilement traduits dans cette sentence du Tao-Tô-King :


Si ciel et terre ne produisent rien d’éternel, comment l’homme le pourrait-il ? Celui qui suit la loi s’accorde au Tao. Sa volonté et ses principes sont ceux du Tao. Avec lui il agit et avec lui il s’abstient. Le Sage épris d’absolu y trouve la plénitude. En suivant la voie on trouve la voie. En se conformant à la vertu on devient la vertu. Mais si on pense au crime on recueille la honte du crime. C’est pourquoi l’action comme l’inaction traduisent l’invisible harmonie Ou la foi est totale, ou elle n’est pas.


Le Nombre Six a pour lettre hébraïque Vav ou Vau, nom divin Vezio (avec éclat).


Vocabulaire radical de La langue hébraïque restituée :


Ce caractère a deux acceptions vocales très distinctes, et une troisième en qualité de consonne. Suivant la première de ces acceptions vocales, il représente l’œil de l’homme et devient le symbole de la lumière suivant la seconde, il représente l’oreille, et devient le symbole du soi de l’air, du vent : en sa qualité de consonne il est l’emblème de l’eau et représente le goût et le désir appétant. Si l’on considère ce caractère comme signe grammatical, on découvre en lui, ainsi que je l’ai déjà dit, l’image du mystère le plus profond et le plus inconcevable, l’image du noeud qui réunit ou du point qui sépare, le néant et l’être. C’est, dans son acception vocale lumineuse, le signe du sens intellectuel, le signe verbal par excellence, ainsi que je l’ai exposé assez au long dans ma Grammaire : c’est, dans son acception verbale aérienne, : le signe convertible universel, celui qui fait passer d’une nature à l’autre ; communiquant d’un côté avec le signe du sens intellectuel, qui n’est que lui-même plus élevé, et de l’autre, avec celui du sens matériel Haïn, qui n’est encore que lui-même plus abaissé : c’est enfin, dans son acception consonante aqueuse, le lien de toutes choses, le signe conjonctif. C’est en cette dernière acception qu’il est plus particulièrement employé comme article. Le caractère Vav est réellement le signe convertible universel, et l’article conjonctif, il ne doit jamais se trouver en tête d’une racine pour la constituer; or, c’est ce qui arrive. Il ne doit paraître, et il ne paraît en effet jamais qu’au sein des noms pour les modifier, ou qu’entre eux pour les joindre, ou qu’au devant des temps verbaux, pour les changer. Le nombre arithmétique de ce caractère est 6.

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Marie-Claire a la gentillesse de partager avec nous son travail de condensation par extraits choisis des Méditations sur les 22 Arcanes Majeures du Tarot d'un auteur qui a préféré garder l'anonymat (Éditions Aubier, 1980, 1984) :


Arcane VI : L'Amoureux


Le thème central du sixième Arcane est celui de la pratique du vœu de Chasteté, fruit de l’Obéissance et de la Pauvreté. Il résume les trois "vœux" ou méthodes de discipline spirituelle en les confrontant aux trois épreuves ou "tentations" opposées à ces vœux. Il s’agit du choix entre la voie de l’Obéissance, de la Pauvreté et de la Chasteté d’une part et de la voie du pouvoir, de la richesse et de la luxure d’autre part. Les trois vœux sont, en leur essence, les souvenirs du Paradis où l’homme était uni à Dieu (Obéissance), où il possédait tout à la fois (Pauvreté) et où sa compagne était sa femme, son amie, sa sœur et sa mère (Chasteté).

La source du vœu d’Obéissance se trouve dans la présence réelle de Dieu qui entraîne nécessairement l’action de se prosterner en face de Celui qui est plus moi que moi-même ; la source du vœu de Pauvreté se trouve dans la possession de Tout sans que l’on choisisse, saisisse et s’approprie une chose particulière isolée du Tout ; la source du vœu de Chasteté se trouve là où il y a communion totale entre le seul et la seule qui comprend tous les rapports possibles d’esprit, d’âme et de corps entre deux êtres et l’intégralité absolue dans l’amour de l’être spirituel, animique et corporel.

On n’est chaste que lorsqu’on aime de la totalité de son être et la chasteté est bien l’intégrité de l’être dans l’amour qui est "fort comme la mort" càd que la mort ne le détruit pas. Elle ne peut ni faire oublier, ni faire cesser d’espérer la flamme du souvenir édénique que nous portons en nous. Et si certaines âmes viennent au monde avec l’empreinte de ce souvenir et l’empreinte du savoir que la rencontre avec l’Autre n’aura pas lieu pour elles dans cette vie ici-bas, elles vivront dans cette vie comme veuves en tant qu’elles se souviennent et comme fiancées en tant qu’elles espèrent. Le vrai célibat porte témoignage de l’éternité de l’amour tout comme le miracle du vrai mariage porte témoignage de sa réalité. Ainsi c’est "la flèche de feu de la flamme de l’éternel" qui est aussi bien la cause du vrai mariage que du vrai célibat.


Seul l’Amour nous éveille à la réalité de nous-même, à la réalité d’autrui, à la réalité du monde et à la réalité de Dieu. Nous nous aimons nous-mêmes car nous nous sentons plus réels que les autres et nous ne les aimons pas ou pas autant que nous-mêmes car ils nous semblent moins réels mais deux voies bien différentes peuvent nous libérer de l’illusion du "moi-vivant/toi-ombre". L’une est d’éteindre l’amour de soi-même et de devenir soi-même une ombre parmi les ombres à l’image de la libération de Maya, la grande illusion du moi dans l’Hindouisme ; l’autre voie, la voie chrétienne, consiste à étendre l’amour que l’on porte à soi-même aux autres êtres afin de les rendre aussi réels que soi-même càd de les aimer comme soi-même. Pour atteindre ce but, il faut d’abord que l’amour jaillisse comme tel à l’égard d’un être individuel afin qu’il puisse commencer à rayonner en toutes directions. Etre, c’est aimer ; être seul, c’est s’aimer soi-même. Or Dieu a dit qu’il n’est pas bon que l’homme n’aime que soi-même. Comme Eve fut une partie de lui-même, Adam l’aima comme soi-même. Eve fut donc "le prochain" l’être le plus proche d’Adam "os de ses os, chair de sa chair".

Toutes les formes d’amour dérivent de la même racine unique primordiale du couple Adam et Eve car c’est alors que l’amour -la réalité de l’autre- jaillit et put se ramifier et se diversifier. C’est la chaleur et la qualité du premier jaillissement de l’amour du premier couple qui se reflète dans l’amour des parents pour leurs enfants, reflété dans l’amour des enfants pour leurs parents, reflété dans l’amour des enfants entre eux… reflété enfin dans l’amour pour toute la parenté des êtres humains et au-delà, par analogie, pour tout ce qui vit et respire. C’est pourquoi, lorsqu’il y a de l’amour véritable entre les parents, les enfants aiment, par analogie, tous ceux qui sont en lien avec eux. « Pour faire de l’or, il faut de l’or» proclament les alchimistes.

Le Tout est le principe de la Chasteté et la séparation du désir sexuel du Tout "la libido chez Freud" est exactement l’inverse de la Chasteté, c’est le principe de l’impudicité qui n’est rien d’autre que l’autonomie du désir charnel de sorte que l’intégrité de l’être humain spirituel, animique et corporel y est délabrée. Jung a établi le principe de la Chasteté dans le domaine de la psychologie des profondeurs en découvrant le souffle divin au fond de l’être humain. On ne peut plus nier le fait que, dans le domaine psychique, rien ne meurt et que le passé entier vit au présent dans les couches diverses de la conscience profonde de l’âme. De ce fait, c’est en nous-mêmes que se trouve la clé de l’histoire essentielle de l’humanité ainsi que la couche édénique (ou l’histoire du Paradis et de la chute) dont le récit se trouve dans la Genèse.

"Descendez dans les profondeurs de votre âme, descendez jusqu’aux racines, jusqu’aux sources du sentiment, de la volonté et de l’intelligence et vous saurez !" càd que vous aurez la certitude que le récit biblique est vrai dans le sens le plus profond et le plus authentique du mot. Or la connaissance du commencement est l’essence de l’initiation qui est l’expérience consciente de l’état initial microcosmique ou enstase et macrocosmique ou extase. L’enstase s’effectue en descendant au plus profond à l’intérieur de soi-même jusqu’au moment où on éveille en soi la couche primordiale ou l’image et la ressemblance de Dieu. Cette descente dans les profondeurs s’accomplit au moyen du sens du toucher spirituel. L’extase est le ravissement, la sortie hors de soi-même jusqu’au moment où les couches macrocosmiques (les sphères, les cieux…) se révèlent à la conscience par le sens de l’audition, l’ouïe spirituelle (la musique des sphères de Pythagore…).


Avant la chute, l’intelligence et la conscience d’Adam et Eve étaient verticales (cf la table d’Emeraude "ce qui est en haut est comme ce qui est en bas..."), leurs yeux n’avaient pas encore été ouverts, ils étaient nus et ils n’en avaient point honte càd qu’ils étaient conscients en Dieu, par Dieu et pour Dieu. Ils voyaient l’idéalité divine s’exprimant par la réalité phénoménale. Lorsque le serpent dit à Adam et Eve qu’en mangeant les fruits de l’Arbre, ils seront les Dieux, qu’ils connaîtront le Bien et le Mal, la source de la lumière fut transférée de Dieu à l’homme. La conscience horizontale du serpent fit voir à l’homme les choses non en Dieu mais séparées de Lui ou "nues" en soi-même, par soi-même et pour soi-même. Le moi y remplaça Dieu !!!

Le doute, c’est l’inspiration double ; la foi, c’est l’inspiration unique ; la certitude, c’est le doute vaincu, la foi regagnée. L’Obéissance est le dévouement sans réserve à la seule voix d’en haut. L’origine et le principe du doute apparaissent dès qu’Eve entendit deux voix provenant de sources contraires. Ce fait même est un acte de désobéissance spirituelle et fut à la racine du commencement de la chute "… elle regardait l’arbre d’un nouveau regard, demandant, comparant, doutant càd prête à faire l’expérience…" Or le doute pousse vers l’expérience qui permet d’en sortir à moins qu’on le surmonte en s’élevant à un plan supérieur. Etre poussé vers des expériences, c’est le commencement et le principe de la cupidité, le principe opposé à la Pauvreté. "… Eve prit un fruit et en mangea… " C’est sortir du doute en se plongeant dans l’expérience et en la faisant partager par l’autre. C’est le commencement et le principe de l’impudicité contraire au principe de la Chasteté. Le monde spirituel ne souffre point d’expériences car il est contraire au vœu de Chasteté de tendre la main et de prendre de l’arbre de la connaissance.

On cherche, on prie, on frappe à la porte mais on ne l’ouvre pas de force, on attend qu’elle soit ouverte. Tout ésotérisme chrétien est fondé sur l’expérience et la doctrine de la Grâce dont un de ses effets est l’initiation. De même que la lumière du soleil nous rend voyants à l’égard des choses du monde physique, de même la lumière du monde spirituel -la Grâce- nous rend voyants à l’égard des choses du monde spirituel. Il faut de la lumière pour voir aussi bien dans le monde physique que dans le monde spirituel. Aussi le principe de la Grâce est sous-jacent à la vie terrestre aussi bien que spirituelle. Le processus même de la respiration enseigne les lois de l’Obéissance, de la Pauvreté et de la Chasteté càd la leçon de l’analogie de la Grâce. La respiration consciente de la Grâce est la respiration verticale de la Prière et de la Bénédiction (Cf l’Arcane du Pape). Autrement dit, on s’ouvre à la Grâce et on la reçoit comme les poumons reçoivent l’air qu’ils inspirent. Dieu est la source de la Grâce illuminatrice et révélatrice, il ne peut être connu mais il peut bien se révéler à celui qui est prêt à le recevoir.

L’hexagramme ou sceau de Salomon est la mémoire du Paradis (les 3 tentations) et de la chute (les 3 vœux) càd la Loi ou Torah qui est l’enfant de la tentation et du Paradis. Puisque la nouvelle Alliance est l’accomplissement de l’ancienne, l’œuvre de rédemption commença par la répétition des trois tentations primordiales du Jardin d’Eden. Cette fois, c’est le Fils de l’Homme qui fut tenté dans le désert terrestre par l’autre fils de l’homme, l’Antéchrist qui est l’égrégore engendré par l’évolution biologique et historique telle que la science l’étudie et l’enseigne. L’Antéchrist est le produit ultime de cette évolution sans grâce et non pas une entité créée par Dieu, l’acte de création divine étant toujours et sans exception un acte de Grâce. Il est donc un égrégore ou être artificiel qui doit son existence à l’engendrement collectif d’ici bas. C’est le "Sur-homme" qui hante la conscience de tous ceux qui cherchent à s’élever par l’effort seul sans la Grâce. Les tentations du Fils de l’Homme dans le désert étaient son expérience des impulsions directrices de l’évolution à savoir de la volonté du pouvoir, de l’essai tâtonnant et de la transformation du grossier en subtil… elles signifient la mise à l’épreuve des trois vœux d’Obéissance, de Chasteté et de Pauvreté.


Or la faim de l’esprit, de l’âme et du corps est l’expérience du vide ou de la Pauvreté "… l’homme ne vivra pas seulement du pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu…" Le vœu de Pauvreté consiste à vivre autant de la parole qui sort de la bouche de Dieu que du pain qui entre dans la bouche de l’homme. Cette parole ajoute à la loi de l’alimentation biologique la loi nouvelle de la Grâce où c’est le règne supérieur, le règne des Cieux, qui nourrit l’homme. Non seulement, l’esprit et l’âme de l’Homme peuvent vivre càd recevoir d’en haut des forces, des substances, des impulsions mais aussi son corps même. C’est donc le vœu de Sainte Pauvreté qui abolira graduellement la lutte pour l’existence.

"… si tu es le Fils de Dieu, jette toi en bas…" C’est la tentation de l’essai tâtonnant auquel l’évolution dite naturelle doit tant qui parle, c’est la méthode de l’évolution dite naturelle qui remplaça le Paradis créé par Dieu car l’évolution procède à tâtons essayant et répétant sans fin. Ce qui se révèle dans l’évolution dite naturelle est plutôt un grand intellect scientifique et une volonté d’expérimentation que la sagesse et la bonté divines. L’essai contraire au vœu de la Sainte Chasteté est l’essence même de ce que la Bible désigne comme "fornication". Le principe de la fornication spirituelle est donc la préférence du subconscient au conscient, de l’instinct à la loi, du monde du Serpent au monde du Verbe.

La dernière tentation concerne le vœu d’Obéissance. C’est la volonté de pouvoir "… je te donnerai toutes ces choses si tombant à mes pieds, tu m’adores…" Il s’agit de l’acceptation de l’idéal de Sur-homme qui est le sommet de l’évolution et qui, ayant passé par les règnes minéral, végétal, animal et humain en les soumettant à son pouvoir, en est le Seigneur càd leur but, leur idéal et leur maître. Le choix se situe entre l’idéal de Sur-homme qui est "comme Dieu" et Dieu lui-même. La Sainte Obéissance est donc la fidélité au Dieu vivant lui-même, la révolte ou la désobéissance est le parti pris pour l’idéal de la volonté de pouvoir du Sur-homme.

Le sixième Arcane "l’Amoureux" bien qu’il ne mette en relief que la Tentation de la Chasteté évoque tout l’ordre d’idées des trois tentations et des trois vœux inséparables car on ne peut pas être "chaste" sans être "pauvre" et "obéissant" de même que l’on ne peut pas renoncer à l’idéal divin en faveur de l’idéal de Sur-homme sans tomber en même temps dans l’essai où il n’y a pas de certitude immédiate et dans la loi du Serpent où il n’y a pas de Grâce.

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Symbolisme celte :


Laura Tuan, autrice d'un livret d'accompagnement intitulé Les Tarots celtiques (Éditions De Vecchi S.A., 1998) propose une analogie entre l'Arcane VI et la déesse Nemetona :


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Dans le livret accompagnant le jeu de cartes du Tarot des Druides de Philip et Stephanie Carr-Gomm (Édition originale 2004 ; traduction française : Éditions Véga, 2014), on trouve le petit texte explicatif suivant :


Les Amoureux


Le Message : A tout moment, vous avez un choix. L'amour est au cœur de la vie. Toute la Création est née de l'Amour.

Mots-clefs : Amour - Plénitude - Union - Choix - Abandon -

Signification : L'amour requiert l'abandon et l'abandon requiert le choix.

- Dans la position du Passé, cette lame peut indiquer une préoccupation excessive avec un amour passé ;

- Dans la position de l'Avenir, signale que vous trouverez un amoureux ;

- Le processus d'union, de libération et d'extase ;

- A chaque moment de votre état de veille vous avez des choix : certains simples, d'autres profonds.

- En vous attaquant à ces dilemmes, vous acquérez maturité et profondeur d'âme.


***


Mots-clefs : Jalousie - Indécision - Amour destructeur - Problèmes sentimentaux - Séparation -


Sens inversé : - Une relation perturbée, un amour destructeur ou un mariage difficile ;

- Problèmes sentimentaux ou sexuels ;

- Immaturité sentimentale d'une personne aimée ou un amour non partagé ;

- Une union des âmes qui ne peut exister que dans le monde intérieur ;

- L'incapacité de choisir entre amants ;

- Indécision générale ou le risque de faire de mauvais choix.

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Kristoffer Hugues, dans Les secrets du tarot celtique (Llewellyn Publications, 2017 ; Éditions De Vinci, 2021) présente ainsi l'Arcane VI :


VI. Les Amants


Laissez le chêne, la cendre et l'épine puissante

user votre cœur sur votre manche.


Affirmation : Le contraire de l'amour n'est pas la haine : c'est l'indifférence.

Mots-clés : Amour - Relations - Attirance -


A travers les montagnes arides et les profondes vallées, coupé de l'amour de la Mère et du Père, vous partez à la recherche de vous-même - même si vous n'avez jamais été perdu, au final. Mais quelque part, il y a peut-être une personne (ou plusieurs) qui détient dans son cœur une clé capable de déverrouiller le potentiel du vôtre. Ayez toutefois conscience que cela ne se fera pas à sens unique ; le cœur de cette personne aura lui aussi besoin d'être déverrouillé.

De mon point de vue d'arbre, je n'appréhende pas votre besoin de vous sentir complété par un autre. Regardez-moi : je suis entièrement moi-même et chante formidablement mon propre chant, mais je ne partage pas vos besoins. Le contact d'un amant, le sens de deux êtres entrelacés, tout cela doit être exquis. Être capable de vous donner entièrement à quelqu'un d'autre relève de la magie. Mais le chemin de l'amour est semé d'embûches et est peut-être l'ultime tâche, la tâche à laquelle toutes les autres vous ont ptéparé. Sachez également que les fruits d'autres amours vous appâteront ; les pétales de l'attraction sont puissants - plus puissants que la capacité de votre cœur à être fidèle et preste ?

L'idée de l'amour est quelquefois plus attirante que sa propre réalité, mais n'oubliez pas que l'amour est également une épée qui peut aussi bien maintenir la paix que tout détruire.


Interprétation : La signification de cette lame semble de prime abord évidente, quelle que soit la question posée. Tomber sur les Amants est révélateur d'un problème dans une relation, un amour, une connexion et la myriade d'autres moyens dont tout cela peut s'exprimer dans une vie humaine - même si nos croyances et nos valeurs s'expriment d'elles-mêmes dans nos relations. Le problème vient alors peut-être de l'amour que vous vous portez. Vous aimer est primordial si vous voulez être aimée par quelqu'un d'autre. La sexualité n'est pas étrangère à la question non plus. Regardez les lames disposées de chaque côté des Amants ; elles vous guideront dans l'évaluation de cette lame et sa place dans le tirage.

Inversés, les Amants signalent que la manifestation de l'amour peut-être en vérité un amour non partagé déformé, et il est fort probable que cette relation ne mène nulle part. Cette lame peut également signaler une recherche de promiscuité ou d'amour là où il ne le faut pas. peut-être avez-vous besoin de réévaluer la manière dont vous exprimez votre amour ?

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A propos de Cliodhna et de la neuvième vague :


Jean-Paul Persigout, auteur d'un Dictionnaire de mythologie celte - Dieu et Héros (collection Brocéliande, Editions du Rocher, 1985, 1990, 1996) relie Cliodnhna à des oiseaux-totems :


CLIODNU. Irlande. Déesse de l'Au-Delà, aux trois Oiseaux (Corneilles ou Grues) éternels qui se nourrissent des Pommes Merveilleuses et qui procurent, par leur chant, le sommeil éternel.

 

Le site Mythologica propose une synthèse des récits relatifs à Cliodhna :


Cliodhna était la fille de Manannan mac Lir, le dieu de la mer. Elle est considérée comme une Banshee, comme Túatha Dé Danann et comme une figure de l'Autre Monde celtique. Elle avait trois oiseaux magiques, qui se nourrissaient de pommes de l'Autre monde et qui pouvaient guérir ou endormir d'un profond sommeil. Certains mythes la qualifient de déesse de l'amour et de la beauté.

Cliodhna était tombée amoureuse d'un mortel nommé Ciabhan de Curling Lock. Elle s'enfuit de l'Autre monde, le Pays de la Promesse, (Tír na Tairngire), au grand dam de son père pour venir le rejoindre.

Un jour sur le rivage de Glandore, dans le comté de Cork, alors que Ciabhan chassait, le dieu de la mer Manannan mac Lir endormit Cliodhna dans un sommeil enchanté, puis il envoya une vague pour la ramener vers l'Autre monde.

La vague énorme de Glandore est appelée encore aujourd'hui Tonn Clíodhna (« vague de Cliodhna »).

Selon une autre légende, Cormac Laidir MacCarthy, le constructeur du château de Blarney, était impliqué dans un procès, il fit appel à Cliodhna pour l'aider. Elle lui dit d'embrasser la première pierre qu'il trouverait sur son chemin en se rendant au tribunal. Ainsi fut fait. Il a plaidé sa cause avec tant d'éloquence qu'il a gagné le procès. Par la suite il a incorporé la pierre dans le parapet du château.

Ainsi, on dit que la pierre de Blarney donne "la capacité de convaincre sans offenser".

En tant que protectrice du sud de Munster, Cliodhna est associée aux familles qui ont gouverné cette région à travers l'histoire, comme les MacCarthy ou les FitzGerald, avec qui elle aurait eu une histoire d'amour.

Cliodhna est aussi décrite comme une rivale de la banshee Aibell, reine du sidh du nord de Munster et protectrice du clan Dál gCais. Une légende raconte que Clíodhna lui aurait jeté un sort pour la transformer en chat blanc.

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Pour en savoir davantage sur la neuvième vague : Paul Sébillot, Le Folklore de France, tome deuxième La mer et els eaux douces (E. Guilmoto Éditeur, 1905)


Dans beaucoup de pays, les marins attribuent à certaines successions de vagues, trois, neuf, dix, des qualités ou des forces particulières, parfois même une puissance surnaturelle. Cette croyance qui est fondée, soit sur une idée de régularité dans les mouvements de la mer, soit sur l'antique donnée des nombres fatidiques ou sacrés, est, en France, moins bien conservée qu'en plusieurs contrées étrangères. Cependant on dit en Haute-Bretagne que de trois en trois vagues, il y en a une plus forte que les autres; quand la mer monte, c'est la troisième qui recouvre enfin le sable, mouillé seulement par les deux premières, et c'est aussi elle qui faille plus de bruit sur la grève. On croit généralement sur le littoral du Finistère que la troisième vague est la plus forte; il est certain que c'est la plus redoutée: on doit toujours l'attendre pour essayer de franchir une barre, et des proverbes bretons disent : « Avec la troisième lame on sort de peine ou l'on marche à sa perte », ou : « quand la vague fait son troisième saut, elle jette son morceau sur la grève ». Sur les côtes de la Charente quelques marins croient encore que la dixième lame est celle qui monte le plus.

[...]

Les marins de la Saintonge assurent que toute tempête dure trois, six ou neuf jours. Croyance qui se rattache à la superstition des nombres que l'on a pu voir p. 13 appliquée aux vagues.

[...]

Les pêcheurs de la Manche assurent qu'ils ont vu se promener sur les vagues des êtres à apparence humaine, revêtus d'herbes marines, dont La résidence est au-dessous des flots, el qui semblent apparentés à l'homme de mer des grottes, et aux Tud-gornmon, nains habillés de goëmon. dont on parle aux environs de Tréguier.

[...]

Suivant une tradition évidemment poétisée, mais dont on peut retenir quelques trails, on voyait autrefois dans la Rance maritime, des créatures gracieuses, vêtues des couleurs de l'arc-en-ciel, qui formaient des rondes sur les vagues. Le courant les portait vers les criques, d'où bientôt elles sortaient plus nombreuses en marchant à la suite d'une femme plus belle encore. Celle-ci, montée sur une barque faite de la coque d'un nautile des mers du sud, traînée par deux écrevisses, était leur reine, et ses compagnes les fées qui ont l'empire de la mer : elle commandait aux vents de souffler moins fort, et à la Rance de rejeter sur le rivage les corps des hommes que la tourmente avait engloutis dans la mer.

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Tatiana Arcand, autrice de "Sous le souffle des esprits : inspiration des légendes des Prairies canadiennes" (In : Cahiers franco-canadiens de l'Ouest, vol. 5, n° 1, printemps 1993, pp. 19-31) montre l'adaptation du motif de la neuvième vague à un environnement américain :


Les allusions au souffle puissant des Prairies abondent aussi dans les légendes des Métis. Le récit des « Trois sœurs » est particulièrement riche à cet égard. Il a comme cadre géographique un coin du Manitoba où le vent souffle avec beaucoup de force, gonfle les eaux du lac Winnipeg et les transforme en vagues majestueuses. Les habitants du lieu ont recours à un jeu de personnification, fondé sur une légende irlandaise, pour « expliquer » la puissance du vent et le déferlement effréné des vagues qu’il crée sur le lac à certains moments de l’année. Regardez le lac de plus près, disent-ils, et vous verrez que chaque neuvième vague s’élève à une hauteur surprenante. Cette vague majestueuse est composée de trois vagues qui « sont en réalité les nymphes des eaux de Gimli. La vague qui porte le nom d’Agnès ouvre le chemin à ses sœurs aînées, Mabel et Becki » (Picoux et Grolet, 1992, p. 91). Ainsi les trois vagues sont-elles personnifiées au point d’avoir des noms propres et de posséder les gestes et les passions des êtres charnels. Ces nymphes-sœurs seraient tombées amoureuses toutes les trois d’un prince qui naviguait sur le lac. C’est Agnès, la plus jeune, que le prince choisit comme compagne pour la vie. Et les deux sœurs rivales, jalouses du bonheur d’Agnès, la poursuivent continuellement en s’élevant aussi haut que possible pour l’atteindre et la blesser. Encore de nos jours, disent les habitants, nous voyons, en regardant attentivement le lac Winnipeg, cette grande vague composée de deux petites à la poursuite d’une troisième qui leur échappe en riant. C’est une lutte continuelle qui décrit bien la danse frémissante des eaux du grand lac.

En plus d’être l’instrument de création des courants aquatiques, le vent se présente dans ce récit en diverses phases qui ont chacune leur aspect psychologique. Les formes que prend le vent font bien ressortir sa nature ambivalente, de sorte que l’on peut voir ces phases comme les manifestations d’un être divin qui veut communiquer ses émotions, de la douceur la plus calme jusqu’au courroux le plus tempétueux. Ainsi, en tant que force élémentaire reliée aux passions humaines, telles l’envie et la jalousie ressenties par les sœurs aînées, le vent est l’expression évidente d’une volonté furieuse et vaine. À un autre moment, il devient « comme une brise printanière, douce et caressante » (Picoux et Grolet, 1992, p. 92), pour refléter les sentiments amoureux d’Agnès qui souhaite ardemment posséder un corps de femme afin de pouvoir épouser le prince.

L’image la plus forte, cependant, est celle de la violente tempête qui redonne la vie. C’est l’image du souffle cosmique qui pénètre, brise et purifie. Le prince Morann, remarquable par sa laideur et par la difformité de son corps, fut surpris un jour par une tempête et projeté dans le lac par le vent. C’est Agnès qui saisit le jeune homme au moment où il allait se noyer. L’amour les enflamma tous les deux. Aussitôt,


comme par enchantement, Morann sentit son corps difforme se redresser dans les eaux tumultueuses. Il était métamorphosé en un prince très séduisant, le plus beau que la terre ait jamais porté (Picoux et Grolet, 1992, p. 92).


La vague devient ici source de vie et de purification. L’immersion étant régénératrice, comme à l’occasion du baptême, la vague efface l’histoire et rétablit l’être dans un état nouveau, grâce à l’action créatrice déployée par la force du vent.

 

Gaël Hilly, "A l'assaut de la neuvième vague" pp. 39-42 :

A_l_assaut_de_la_neuvieme_vague
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(In : Gildas Buron, Herve Bihan et Bernard Merdrignac (dir.), À travers les îles celtiques. A dreuz an inizi keltiek. per insulas scotticas. Mélanges en mémoire de Gwénaël Le Duc, Britannia Monastica no 12, Landévennec-Brest, PUR, 2008)

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