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Le Pétunia




Étymologie :

  • PÉTUNIA, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1816 (Encyclop. méthod. Bot., Suppl., p. 375 ; aussi pétune, p. 374). Lat. sc. mod. (1789, Jussieu, v. NED et Baillon 1891), dér. de pétun*.

  • PÉTUN, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1572 (J. Peletier du Mans, Savoye, III, p.74 ds Gdf. Compl.). Mot de la lang. des indigènes du Brésil, cf. p.ex. la lettre du 23 juillet 1556 (ds Gaffarel, Hist. du Brésil fr., Paris, 1878, p.379: J'ay veu une herbe qu'ils [les sauvages] appellent petun), ainsi que les nombreuses attest. fournies par les textes fr., all., angl. et port. de la seconde moitié du xvies. où le mot est cité comme mot indigène (v. Fried., König et Arv.). Empr. directement au tupi petyma, petyn, guarani pety et non pas, comme le suggèrent DG, EWFS2et Bl.-W.1-5(s.v. tabac), empr. par l'intermédiaire du port. petum. Pétun a été évincé dès le déb. du xviies. par tabac* et ne survit plus que dans certains dial. de l'Ouest (norm., h. bret., manceau et ang.). V. FEW t. 20, pp. 75a-76a.


Lire également la définition du nom pétunia afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Botanique :






Symbolisme :


Martine Bergues, auteure de « Fleurs jardinières et fleurs fleuristes », (Ethnologie française, vol. 40, n°4, 2010, pp. 649-656) nous propose une ethnologie des jardins français :


[...] À partir de 1937, le terme de « village coquet » disparaît de l’intitulé des concours au profit de mentions liées à la décoration florale : « Façades fleuries », « Balcons fleuris », « Routes fleuries ». Peu à peu, la volonté d’esthétisme se substitue au devoir de propreté. Ainsi, les fleurs se parent des vertus d’accueil et de gaieté – d’urbanité devrait-on dire – promises à un large succès dans les décennies suivantes. À la fin des années 1950, les concours de fleurissement se trouvent institutionnalisés. Ils relèvent du ministère du Tourisme sous l’égide de ce qui deviendra en 1972 le Comité national pour le fleurissement de la France (CNFF). Les bases du fleurissement dit traditionnel sont données progressivement depuis le « Village coquet », mais, avec le fleurissement officiel, elles vont se trouver encouragées, modélisées, cristallisées même, et ce jusqu’à la fin des années 1980. Des règles de situation, de densité, d’architecture, de composition, de choix des végétaux permettent aux fleurs d’organiser l’espace. Les fleurs, qui sont les « plantes de fond » de l’horticulture, sont un « élément essentiel de la décoration » et soulignent en nombre, dans la cité ou le jardin, le centre, les circulations principales, les abords. Toute une palette de plantes estivales aux couleurs vives (agératum, bégonia, cyclamen, impatiens, muflier, œillet d’Inde, pélargonium zonale, pétunia, primevère des jardins, rose d’Inde, sauge pour les principales) doit afficher une certaine idée de la nation et du territoire, un vœu de progrès et de bonheur, tandis que les valeurs de propreté et d’ordre sont largement acquises.

[...]

Les couleurs rouges surtout, mais aussi les oranges, les roses, les violets, les jaunes éclatent dans les massifs, sur fond de pelouse toujours verte. La fleur de jardin est désormais une fleur voyante, épanouie, colorée, et le « roi des balcons » (Pelargonium peltatum) occupe une place de choix. Géraniums, pétunias et autres verveines sont chargés de célébrer les seuils principaux (l’entrée dans la cour ou le jardin puis l’entrée dans la maison), comme pour marquer la rupture entre dedans et dehors, entre privé et public. Parfois une seule potée bien située suffit à porter les insignes du progrès, de la propreté, de l’accueil. L’achat des végétaux, la lecture de la presse spécialisée, la fréquentation plus ou moins massive des jardineries et pépinières généralistes, l’attention portée au fleurissement communal définissent une identité jardinière. Cela n’empêche pas la relation sensible, parfois fusionnelle, qui se noue à la plante. Dans le jardin fleuri, les plantes à fleurs ont pris le pas sur les autres éléments de l’espace, au gré, souvent, de la « réalisation personnelle » [Bromberger, 1998 : 30] des jardinières prises de passion. Mais les fleurs agrègent à un univers plus vaste, celui de la société dans son ensemble, avec ses critères de mise en ordre et de confort, et son marché, y compris horticole. Les concours de maisons, villes et villages fleuris illustrent cette volonté de fabrique territoriale. Qu’il s’agisse de l’échelle de la commune, du département, de la région, de la nation, les fleurs sont requises pour fabriquer du lien et de l’espace à la fois. Elles médiatisent les relations entre ces différentes échelles, sans doute parce que leur est attaché un caractère ingénu, à la fois important et dérisoire, précieux et superflu. Par elles, s’exprime le vœu d’appartenir à un territoire maîtrisé, uni, où il fait bon vivre et que les concours rendent lisible.

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle du Pétunia :


Nom botanique : Petunia spp.

Propriétés énergétiques : Contribue à l'amusement, à la joie et au rire ; vous met en contact avec les fées ; résout les conflits et facilite la communication.

Archanges correspondants : Ariel, Gabriel et Raguel.


Chakras correspondants : chakra racine ; chakra du cœur.


Propriétés curatives : Les pétunias sont source de joie et de rires. Plantez-les autour de votre maison pour vous assurez de toujours en profiter. Ils aident à atténuer la tension ambiante et encouragent une meilleure communication. Toutes les fleurs sont reliées aux fées, mais ce sont les pétunias qui entretiennent les liens les plus profonds avec elles. Ils sont également étroitement liés à l'archange Gabriel, et leurs inflorescences ressemblent à de petites trompettes, ce qui rappelle l'instrument symbolisant cet archange.


Message du Pétunia : « Le moment est venu de s'amuser et de rire ! Permettez-moi de supprimer l'énergie négative des disputes et des conflits qui vous empêche de trouver la joie. J'aime apporter le bonheur à tous ceux qui sont prêts à le recevoir. Imaginez toute l'énergie que vous gagneriez si vous preniez plu de plaisir à vivre. Je suis ici pour cette raison : pour ouvrir la porte à une énergie légère qui vous permettra de profiter de chaque instant de votre existence. Je facilite également la communication et je vous aide à vous exprimer de façon positive. »

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Littérature :


Octave Mirbeau, dans un conte évoquant les glaïeuls et intitulé "Mon Jardinier" fait un détour par les pétunias...


Mais j'interromps son histoire qui, si je la laisse aller librement, va s'augmenter de mille autres histoires et ne finira jamais. - Tout cela, mon bon Clément, ne me dit pas quel est ce fameux contact. - C'est vrai ! s'excuse Clément... Quand je pense à monsieur Quesnay et à mademoiselle Germaine, ça me rappelle tant de choses !... tant de bonnes choses !... Ah ! le bon monde, Dieu de Dieu ! Et pour prouver, d'une façon irrécusable, l'excellence de ce bon monde des Quesnay, il lance, d'un mouvement enthousiaste, sa casquette dans l'allée, et s'arrache les cheveux. - Parlez-moi du contact, mon brave Clément. Clément ramasse sa casquette et, d'une voix plus calme, il raconte : - Eh bien, voici... En 1854, monsieur Quesnay fit venir de Belgique des boutures de pétunias... A cette époque, c'était une fleur très rare... Ah ! la belle fleur ! - Heu !... Heu ! fais-je, en manière de protestation. - Je sais que Monsieur n'aime pas les pétunias... Mais Monsieur peut me croire... En 1854, les pétunias étaient une très belle fleur. - Soit ! Clément, continuez. - Je plante les boutures - avec quel soin - en corbeille, devant la maison... Elles poussent, elles poussent !... Ah ! la belle corbeille ! Tout le monde était bien content... Du pays, on venait voir les pétunias pousser. Tout à coup, ils ne poussent plus... et non seulement ils ne poussent plus, mais ils jaunissent, mais ils pourrissent et, à la fin des fins, ils crèvent, excepté un, un seul !... Ah ! dame ! monsieur Quesnay n'était plus content, ni moi, fichtre !... Qu'est-ce qui pouvait être la cause de ça ? Je me creuse la tête !... Pas de vermine, une bonne exposition, de la terre parfait-bonne !... C'était à devenir fou, ma foi !... Et je n'étais pas loin de penser qu'il y eût, là-dessous, quelques diableries !... Quand, un soir, tard, qu'est-ce que je vois sur la corbeille des pétunias ? La cuisinière, Monsieur, la cuisinière accroupie et qui pissait, et qui pissait, et qui disait : «Tiens, en voilà du madère, pour tes fleurs !... Tiens, en voilà du chablis !...» Et cela faisait un petit bruit, semblable à celui que fait la pluie qui sort d'une gouttière... Le lendemain, le pied de pétunia était tout jaune ; le surlendemain, il crevait de la même manière que les autres !... Voilà, Monsieur, ce que nous autres, jardiniers, nous appelons un contact, en terme de métier... Eh bien, les glaïeuls de Monsieur ont eu aussi un contact... un fort contact même !... Ça, c'est sûr ! Quelques secondes d'un silence tragique se passent, les guêpes bourdonnent autour de nous ; les feuilles des espaliers craquent, sous l'ardent soleil. Avec une dignité superbe, Clément s'est remis à enfoncer les tuteurs dans la terre, un brin de raphia entre les dents.

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