La Lavande papillon
- Anne

- 9 oct.
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Autres noms : Lavandula stoechas - Lavande à toupet - Lavande des îles d'Hyères - Lavande espagnole - Lavande maritime - Lavande stœchade - Stœchade - Stœchas arabique -
Vertus médicinales :
L'Encyclopédie de Denis Diderot et Jean d'Alembert propose une notice dédiée aux propriétés thérapeutiques de cette lavande particulière :
STOECHAS ou STOECHAS ARABIQUE, (Matière médicale) cette plante croit abondamment en Provence et en Languedoc ; c'est des îles d'Hières et des environs de Montpellier qu'on la tire, principalement pour l'usage de la Médecine.
C'est la plante entière fleurie et séchée, ou ses épis fleuris et séchés qu'on emploie ; elle est de la classe des labiées de Tournefort. Elle est très aromatique ; on en retire par conséquent par la distillation, une eau distillée bien parfumée et très analogue en vertus à celles que fournissent la plupart des autres plantes usuelles de la même classe ; telles que la lavande, la sauge, le thym, etc. On en retire aussi par la distillation une bonne quantité d'huile essentielle qui est peu d'usage en Médecine, et qui a les mêmes vertus que l'huile essentielle de lavande, etc.
Le stœchas est mis au rang des remèdes céphaliques et antispasmodiques ; on l'emploie quelquefois en infusion dans la paralysie, les tremblements des membres, le vertige et toutes les maladies appelées nerveuses et spasmodiques ; mais le stœchas est beaucoup moins usité et moins efficace dans tous ces cas, que beaucoup d'autres plantes de sa classe, et notamment que la sauge qui parait lui devoir être toujours préférée. Voyez SAUGE.
Les autres vertus attribuées à cette plante, comme d'exciter les règles et les urines, et même de purger doucement la pituite et la bile noire, ne sont pas assez réelles, ou ne lui appartiennent point à un degré assez considérable pour l'avoir rendue usuelle à ces titres. Ainsi, quoique cette plante ne soit pas sans vertus, mais seulement parce que l'on ne manque point de remèdes absolument analogues et plus efficaces, on n'en fait que rarement usage dans les prescriptions magistrales : elle entre cependant dans plusieurs compositions officinales, parce que dans ces compositions on entasse tout. On trouve dans les pharmacopées un syrop simple, et un syrop composé de stœchas. Le premier n'est point usité, et n'est presque bon à rien, si on le prépare selon la méthode commune, en faisant longtemps bouillir avec le sucre une infusion ou une décoction de cette plante.
Le syrop composé auquel le stoechas donne son nom contient toutes les particules de plusieurs substances végétales très-aromatiques, et doit être regardé comme une préparation bien entendue, et comme un bon remède très propre à être mêlé dans les juleps, les décoctions, les infusions, les potions fortifiantes, cordiales, stomachiques, céphaliques, diaphorétiques, hystériques et emménagogues. Ce syrop est absolument analogue à un autre syrop composé, très-connu dans les boutiques sous le nom de syrop d'armoise, si même le syrop de stœchas ne vaut mieux que ce dernier. En voici la description d'après la pharmacopée de Paris.
Syrop de stoechas composé. Prenez épis secs de stoechas trois onces ; sommités fleuries et séchées de thym, de calament, d'origan, de chacun une once et demie ; de sauge, de bétoine, de romarin, de chacun demi-once ; semences de rue, de pivoine mâle, de fenouil, de chacun trois gros ; cannelle, gingembre, roseau aromatique, de chacun deux gros : que toutes ces drogues hachées et pilées macèrent pendant deux jours dans un alembic d'étain ou de verre, avec huit livres d'eau tiède ; alors retirez par la distillation au bain-marie huit onces de liqueur aromatique, dont vous ferez un syrop en y faisant fondre au bain - marie le double de son poids, c'est-à-dire une livre de beau sucre. D'autre part ; prenez le marc de la distillation avec la liqueur résidue ; passez et exprimez fortement ; ajoutez quatre livres de sucre à la colature ; clarifiez et cuisez en consistance de syrop, auquel, lorsqu'il sera à demi refroidi, vous mêlerez le précédent.
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A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :
Stœchas Purpurea. Stœchas arabique : Fleur monopétale labiée dont la lèvre supérieure est relevée, fendue on deux, l'inférieure divisée en trois semences oblongues au nombre de 4, fleurs en épi, ou tête écailleuse surmontée d'un bouquet de feuilles en aigrettes, feuilles comme celles de la lavande.
VERTUS : La fleur est un très bon cordial, céphalique, antispasmodique emménagogue, alexitère, on en fait un sirop simple ou composé, une conserve, une eau distillée très convenable dans les affections froides spasmodiques des femmes, de la tête, de l'estomac, catarrheuses de la poitrine, elle entre dans le sirop d'erezymum, l'eau impériale générale, épileptique, le thériaque, le mitridat, etc.
Mickaël Welfringer, auteur d'une thèse intitulée La Thériaque : analyse d'un contrepoison de l'Antiquité et héritage dans la pharmacie d'officine d'aujourd'hui (Université de Lorraine, 2017) mentionne l'usage de la lavande stœchas dans la Thériaque :
Le stœchas arabique, de son nom latin Lavandula stœchas L., est voisin de la lavande officinale, aussi appelée lavande stœchade. Ce nom vient des îles Stœchades voisines de la ville de Marseille. Il s’agit d’une Lamiacée très odorante décrite comme proche du romarin et de l’aspic. La partie utilisée est l’épi que l’on fait préalablement sécher. Pour pallier aux problèmes d’approvisionnement étant donné son origine, il était préférable d’utiliser de la stœchade venant des régions sud de la France de bonne qualité plutôt qu'une arabique livrée en mauvaise état.
Le stœchade était utilisé comme fortifiant, cholérétique et anti inflammatoire. (Charas, 1685) (Rigaud, Barthe, & Bouttes, 1689)
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