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Le Boa




Étymologie :


  • BOA, subst. masc.

Étymol. ET HIST. − 1372 (Corbichon, Propr. des choses, XVIII, 7, éd. 1522 dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 295) ; p. anal. 1827 « tour de cou en fourrure ou en plume » (J.D.M., p. 10 dans Fr. mod., t. 17, p. 283). Empr. au lat. boa (Pline dans TLL s.v., 2055, 62, forme bova).


Lire également la définition du nom boa afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Symbolisme :


Marie-Claude Mattei-Muller, auteure d'un article intitulé "Fragments de mythes Wanai." (in Amerindia, Revue d’ethnolinguistique amérindienne, 1985, vol. 10, pp. 127-136) nous apprend que :


En yаnоmami, hetu signifie "arc-en-ciel" et "boa constrictor".

 

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Mythologie :


Le Marquis de Wavrin, auteur de "Folk-lore du Haut-Amazone. (In : Journal de la Société des Américanistes. Tome 24 n°1, 1932. pp. 121- 146) rapporte différents récits des peuples de l'Amazonie :


Légendes des Ahuarunos (Awahun)

[...] Déluge. — Interrogés, tous les Indiens me répondirent qu'ils n'avaient pas connaissance d'un déluge; que leurs ancêtres n'avaient jamais parlé d'une grande inondation. Par contre, tous savaient seulement que certains hommes disent que les anciens, les vieux, parlaient d'une terrible sécheresse. Toutes les rivières étaient à sec. Il ne restait qu'une seule mare d'eau dans laquelle habitait un « panghi » (boa) qui dévorait ceux qui s'y risquaient.


Croyances des Witotos (de la région du Putumayo) :

[...] De tous temps, il y a eu des sorciers, envoyés par le dieu. Il leur avait appris à guérir les gens... Jadis on ne mourait pas; on devenait très vieux, si vieux que l'on ne voyait plus et que l'on n'avait plus de dents. On mourait de vieillesse. On enterrait les morts qui vont demeurer avec le dieu au ciel, parce que ce sont ses enfants. Nous enseignons cela à nos enfants, pour que plus tard ils nous succèdent.

Un homme s'était abîmé en voulant se peindre de noir ainsi qu'il se doit pour devenir sorcier, mais il ne prit pas garde de jeûner et mangea un petit poisson. Il devint fou, se métamorphosa en boa et se jeta à l'eau. Petit au début, il grandit. Il amena avec lui sa femme et ses deux filles et multiplia. Il était méchant, c'est pourquoi les boas tuent et mangent les gens.

[...] Hameo, la foudre, est un génie destructeur envoyé par les sorciers, de même que le tigre et le boa qui sont des sorciers métamorphosés. Sachant qu'ils ne peuvent le tuer, les Indiens se laissent tuer par lui sans se défendre ; certains implorent le jaguar qu'ils considèrent comme invulnérable, puisqu'il est sorcier.


Croyances des Boros :

[...] Quand on tue un boa (l'indien emploie ce mot), il converse avec ceux qui l'ont tué ; mais il parle tant bien que mal, pour appeler ses compagnons, pour qu'ils le vengent.

Tout était eau ; il y avait peu de terre. Le boa naquit (il avait la forme d'un homme). Il tira de l'eau une femme, blanche, Navenebanegua. D'eux naquit d'abord le tabac, puis une femme, Matchoutahemegua, puis l'étoile du matin, qui eut comme femme Navene. L'étoile du matin, Mekheretchicieko, naquit sous l'eau. Le boa avait sa demeure sur un petit morceau de terre peu étendu parce qu'il était à proximité de l'eau. Il vit toujours et voyage sous l'eau.

Il sema, et, en absorbant du tabac, il inventa comment on fait des enfants avec sa femme. Il fit d'abord le soleil pour obtenir la chaleur et pour faire pousser ses cultures. Le soleil vécut d'abord ici en bas, sur la terre ; il s'en fut en haut pour produire l'été (saison sèche), car auparavant il pleuvait sans cesse et tout était couvert d'eau. Après avoir eu à manger, il eut une femme, fille de l'aigrette, qui était également un humain. Les mauvaises plantes de tabac étaient des orphelins dont le soleil était cause. Il eut plusieurs enfants : l'ananas, le pifayo, etc.. Un de ses enfants vécut avec la lune. La lune est l'astre des blancs ; nous, Indiens, n'avons que le soleil. La lune naquit également d'un boa.

La pluie vient des étoiles. Le soleil envoie sa femme préparer le casabe ; quand elle passe la pâte, il tombe de la pluie. Les étoiles sont des gens, comme nous Indiens. Seule, la lune est anthropophage.

[...] Quand les sorciers meurent, ils vont en haut. Leur âme se métamorphose en jaguars, boas, tapirs, chevreuils.

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Littérature :


Le boa


Vous ai-je dit que grand papa

Avait acheté un boa ?


Non pour le cou de grand-maman,

Avec des plumes, des rubans,


Mais un authentique boa

Venu droit du Nicaragua.


Il aimait manger dans la main

Un coq entier ou un lapin,


Puis s’endormait comme un enfant

N’importe où dans l’appartement.


Pourquoi, me direz-vous, pourquoi

Me parlez-vous de ce boa ?


C’est que ce matin, grand-papa

Fut étranglé dans son sofa.


Maurice CAREME, "Le Boa" in

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Boa


Coiffé d’un panama Et aux lèvres un dahlia , Messire le boa Se pointe à l’opéra


Là, des souris-bêta Faisant " hourrah !hourrah !" Invitent ce boa Rejoindre leur polka .


ABRA ET CADABRA !


Soudain, à l’opéra Il n’y a plus qu’un BOA Couché sur un sofa Qui digère sur un fa :


Souris en falbalas Sans oublier ma foi, Daliha, la diva !


Andrée Chédid, "Boa" in

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LE MENU DU BOA


— Monsieur le Boa, que mangerez-vous aujourd ‘hui ? des petits pois ?

— Pouah

— des Noa ?

— Pouah Pouah

— Alors sous voulez quoa ?

— Un turbot – ah ! – un jambonneau – ah

— un rabot et un robot – ah — un lavabo, un escabeau, un koala – ah ! ah !

et encore quoa ?

— Troa foa gras d ‘oa premier choa.

— Je voa. Et vous boarez ?

— Un cocoa avec doa de vodka bien froa. Voa la !

— Au revoar


Jacques ROUBAUD, "Le Menu du boa " in Menu, menu, Gallimard jeunesse, 2000.

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Selon Odile PERRISSIN-FABERT, auteure de "La passion dévoratrice chez Marguerite Duras." (In : Marguerite Duras : l'existence passionnée : Actes du Colloque de Potsdam, 18-24 avril 2005. Universitätsverlag Potsdam, 2005. pp. 82-89) :


Dans Le Boa, la mise en scène rapprochée et conjointe de ces deux rituels, celui du repas du boa, décrit en termes quasi religieux (« dans un calme sacré ») et celui de Mademoiselle Barbet, vieille fille insatisfaite et perverse qui oblige la jeune pensionnaire à son spectacle érotique, crée un lien inévitable de l’un par rapport à l’autre puisque l’un n’avait pas lieu sans l’autre et ancre une forme particulière de passion perverse, érotique et étranglée reliée à la dévoration obligée. Il faut que le boa gobe son poulet comme il faut que la jeune pensionnaire assiste au spectacle érotique de la Barbet « étranglée en son milieu par le corset » (p105). Par les deux rituels conjoints et répétés, ce texte dessine de façon précise les contours d’une passion dévoratrice. La passion perverse et érotique devient donc aussi passion dévoratrice.

D’ailleurs, dès le début, la dévoration est présente avec cette histoire de caïman qui avait « sectionné à la hauteur de l’aine » la jambe « d’un soldat de la coloniale. ». Avant même d’assister à la dévoration du poulet par le boa, cette petite anecdote plante le décor.

La conclusion du texte est donc inévitable : « ma vie serait prise et reprise, et menée à son terme, dans des transports de terreur, de ravissement, sans repos, sans fatigue. », p. 115.

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