Étymologie :
COBRA, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. [1587 cobra capel d'apr. FEW t. 2, p. 927] ; 1670 cobra capel [mot port. cité] (Dellon, Relation d'un voyage, I, p. 191 ds Dalg.) ; 1701 cobra de capello (Abbé J. Le Grand, Hist. de l'isle de Ceylan [trad. du port.], p. 154 ds Arv., p. 357), encore en 1947 (Giono, Noé, p. 344 : cobra di capello) ; d'où p. ell. 2. 1866 cobra (Lar. 19e). Empr. au port. cobra de capel(l)o, attesté dep. 1516 (Duarte Barbosa ds Dalg.) proprement « couleuvre » (cobra « couleuvre » attesté dep. xive s. ds Mach. et issu du lat. vulg. *cŏlŏbra pour cŏlŭubra « id. ») « à capuchon » (capello) parce que la peau du cobra forme sur sa tête une sorte de capuchon (v. FEW t. 2 p. 927).
NAJA, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1525 nagha (Fabre, Le Voyage, trad. de Pigafetta, fo73 rods Arv., p. 356). II. 1734 Naja (Seba, Locupletissimi, I, p.71, no4-5, ibid., p. 358). I forme éphémère de naja, transmise par les trad. d'ouvrages de voyages et empr. à l'hindi nāg « serpent ». II empr. au lat. des zool. : Naia (1693 Ray, Synopsis methodica Animalium quadrupedum et serpentini generis, p. 330), naja (1712 Kaempfer, Amoenitatum, p.565), le mot ayant été empr. par des sav. holl. du xviie s. à un parler de Ceylan : Noya, 1693 trad. de R. Knox, La Relation ou Voyage de l'isle de Ceylan, I, p.127 (v. Arv., pp. 356-358).
URAEUS, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1529 ureus (G. Tory, Champfleury, f° LXXIII vo [citant Horapollon] : celluy Serpent est dict et apelle des dicts Egyptiens Vreus. C'est a dire, Basilisc), attest. isolée ; 1822 uréus (J.-F. Champollion, Lettre à Dacier ds Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, Paris, 1828, p. 69 : [cartouche] soutenu par deux uréus ou aspics royaux) ; 1858 uraeus (Gautier, Rom. momie, p. 282). Forme latinisée du gr. ο υ ̓ ρ α ι ̃ ο ς, donné par Horapollon comme le nom égyptien du cobra (Horapollon, Hieroglyphica, éd. C. Leemans, Amsterdam, 1835, I, 1, p. 2: ο ́ φ ι ν [...] ο ́ ν κ α λ ο υ ̃ σ ι ν Α ι ̓ γ υ ́ π τ ι ο ι Ο υ ̓ ρ α ι ̃ ο ν, ο ́ ε ̓ σ τ ι ν Ε λ λ η ν ι σ τ ι ̀ β α σ ι λ ι ́ σ κ ο ν ; v. aussi Liddell-Scott et NED). Deux hyp. ont été proposées, concernant l'orig. égyptienne du gr. ο υ ̓ ρ α ι ̃ ο ς, la deuxième ayant la préférence des spécialistes (renseignements communiqués par P. Swiggers) : − soit jr. t, part. actif fém. signifiant propr. « celle qui se dresse, qui s'érige » (Erman ds Z. für ägyptische Sprache 46, 1909, 99-103) ; − soit wrrj.t propr. « celle qui devient grande, qui croît », part. actif fém. de wrr « devenir grand » (le part. s'appliquant au serpent), d'apr. J. Osing, Die Nominalbildung des Ägyptischen, Mainz, 1976, p. 196, qui propose la reconstruction suiv. : wrér - j/wt.
Lire aussi la définition des noms cobra, naja et uraeus pour amorcer une première réflexion sur l'interprétation symbolique de ce serpent.
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Zoologie :
Claudine Accary, autrice d'une thèse intitulée Contribution à l’étude de venin animal; analyse protéomique et exploration des propriétés biologiques du venin de Montivipera bornmuelleri à la recherche de biomolécules d’intérêts (Ecole doctorale Biologie Santé Nantes Angers - Ecole doctorale des Sciences et Technologie Beyrouth Liban, 2014) évoque notamment le venin de cobra :
La Hannalgesine, une neurotoxine présente dans le venin du cobra royal, possède des propriétés analogues à la morphine, mais les études pré-cliniques ont montré que l’effet analgésique de cette toxine est bien plus fort que la morphine et qu’elle peut être prise par voie orale. "Nous laissons tomber quelques gouttes d’une solution de ce peptide sous la langue de l'animal et en quelques minutes vous pouvons le trouver dans le sang", a déclaré Manjunatha Kini un professeur de l'Université nationale de Singapour, qui a développé la base de la hannalgesine (Cossins, 2013).
Ainsi, Dr Stephen Mackessy, un professeur de biologie à l'Université de Northern Colorado et un expert de serpents, l’avait déjà dit à sa manière et que je trouve raisonnable : le serpent utilise des composés régulateurs trouvés dans d'autres systèmes corporels - y compris celui de l'homme où ils sont présents à des doses plus faibles et difficiles pour être activées - pour former son venin. Quand ce serpent injecte le venin en grandes quantités, il est mortel, mais à petites doses, les différents constituants de son venin pourraient être une mine d'or scientifique.
[...]
Depuis 1930, le venin de cobra a été employé dans le traitement des maladies aussi diverses comme l'asthme, la polio, la sclérose en plaques, les rhumatismes, les douleurs et les névralgies du trijumeau (Reid et al, 2007).
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Symbolisme :
Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :
"le serpent à sept têtes dont les représentations les plus belles et et les plus nombreuses se voient au temple d'Angkor Thom (Cambodge). Pour les Khmers, le nâga était le symbole de l'arc-en-ciel considéré comme un pont magique ouvrant l'accès au séjour des dieux. Dans ce temple, le plus célèbre de l'Asie du Sud-Est, les dieux de la porte sud tiennent une extrémité du nâga qui s'enroule symboliquement autour du Méru (mont sacré de l'Inde que le temple est censé représenter) ; puis il se trouve empoigné de l'autre côté à son autre extrémité par les démons de la porte nord. Tirant alternativement, ils peuvent faire pivoter le mont central et fouetter la mer pour obtenir l'ambroisie. De tous temps les rois Khmers ont été comparés à Vishnu barattant la mer de lait pour en faire naître l'amrita, en d'autres termes l'abondance. Les mouvements de friction du serpent ceinturant le mont sacré provoquaient par leur frottement les sécrétions de la prospérité. Les croyances khmères avaient hautement symbolisé le barattage de la mer de lait, d'où venaient sortir les Apsaras et le monde des apparences.
De plus, le Nâga, comme le python, est un symbole de gueule avalant et recrachant l'astre solaire ou l'homme aux deux extrémités d'un horizon, et donc un symbole initiatique de mort et renaissance. Dans les traditions ci-dessus évoquées, on retiendra l'axe nord-sud et le fait que le nâga a souvent sept têtes, ce qui est un symbole de totalité, et surtout de totalité humaine. Il est souvent figuré en Inde au pied des majestueux escaliers des stupas, ce qui le rapproche de la gueule de caïman figurée au pied des escaliers des pyramides maya de Mezo-Amérique.
Dans le même Dictionnaire, à l'entrée Uraeus, on peut lire :
"Cobra femelle en colère, à la gorge gonflée, qui personnifie l’œil brûlant de Rê et symbolise la nature ignée des couronnes. On en voit au front des Pharaons, ils forment des frises sur les temples, ou coiffent les dieux solaires ; ils s'identifient également à la femme-serpent. Selon A. Champdor, il symboliserait le fluide vital, le souffle de la vie., la chaleur d'Isis. Ce serpent de feu, couronnant le sommet des temples ou la tête des pharaons, concentre en lui les propriétés du soleil, vivifiantes et fécondantes, mais capables aussi de tuer en séchant et brûlant : double aspect de la souveraineté."
Selon Monique De Beaucorps, autrice de Les symboles vivants. (Éditions Nathan, 1989) :
Le cobra égyptien : Le terrible cobra, dont le cou se dilate pour cracher son venin à vingt mètres, joue un rôle protecteur dans l'ancienne Égypte : il couronne le sommet des temples, coiffe les dieux solaires, orne la tête des pharaons et concentre en lui la vertu solaire de vivifier, de féconder ou de tuer en desséchant et en brûlant.
L'uraeus, cobra femelle, s'enroule autour du casque de guerre, le khepresh royal : situé à la place du troisième œil, son avant-corps dressé, furieux, son cou gonflé démesurément de colère, l'uraeus forme une sorte de capuchon, de large collerette, de coiffe largement étalée ; il projette son venin à la tête de l'adversaire et consume l'ennemi avec ses flammes. Emblème guerrier, il incarne le courage invincible, le pouvoir foudroyant et la toute-puissance du souverain. A partir de la XXVe dynastie, les pharaons portent deux cobras dressés, au lieu d'un seul : des textes précisent que les deux serpents contribuent au réveil du pharaon mort.
Les ténèbres et la clairvoyance : Dans de nombreuses civilisations, en effet, et en Égypte en plus particulièrement, le serpent est l'animal funéraire par excellence. Passant une partie de sa vie enterré, il est le gardien des défunts : il communique avec les secrets des morts et incarne leurs âmes.
Il est également vénéré comme protecteur des portes de l'éternité : c'est pourquoi les momies égyptiennes étaient souvent ornées de têtes de serpents, et des génies-serpents ailés, munis de pattes, protégeaient les défunts, comme on peut le remarquer sur les peintures de certaines tombes thébaines de la vallée des Rois.
Dormant les yeux grand ouverts, le serpent est symbole de vigilance : dépourvu de paupière mobile, l'écaille transparente, sorte de « hublot » incolore, qui en tient lieu, lui donne ce regard immobile, fixe et attentif : il paraît toujours en état d'alerte.
Son corps cylindrique, sans pattes ni poils, adhérant à toute la terre, il en ressent les vibrations ; il est censé communiquer avec les dieux chtoniens dont il pressent les volontés et est respecté comme détenteur des secrets du mystère souterrain.
Prêtres et devins interprètent les présages du serpent sui délivre des oracles ; ils pratiquent l'ophiomancie, méthode de divination d'après les mouvements exécutés par le corps du reptile, qu'on laisse évoluer devant le public réuni. D'autres prennent les augures en analysant ses viscères.
[...]
Toutes les grandes déesses-mères, liées à la vie et au renouveau de la nature, portent l'animal tellurique comme attribut caractéristique : elles le tiennent dans leurs mains ou sont représentées, comme la Gorgone, avec une chevelure formée de serpents.
Dans l'Égypte ancienne, le front d'Isis est orné de l'uraeus d'or, le cobra royal, symbole de souveraineté divine ; Renmout, déesse des moissons, est adorée sous la forme d'un cobra.
[...]
Le Groupe COBRA : A la suite des Surréalistes, les artistes Cobra remettent en question le rôle de l'art et de l'artiste. Ce mouvement s'épanouit à Paris de novembre 1948 à novembre 1951, alors qu'il s'élabora dans trois capitales nordiques, COpenhague, BRuxelles, Amsterdam, dont les lettres initiales constituent le sigle poétique inventé par le « scribe » belge Dotremont ; comme le redoutable reptile, l'irruption de Cobra provoque saisissement, troubles et bouleversements.
« L'art n'a rien à voir avec la beauté », proclament les peintres Cobra qui lancent un défi à « une peinture cérébrale, élaborée, savante. Nous vivions nous-mêmes ce phénomène extraordinaire de floraison, de fécondité ludique à partir d'un infini aride », déclare le peintre Corneille, un de ses principaux fondateurs, dans Titres de Françoise Armengaud.
La densité de la proposition de ces artistes résonne toujours assidûment : l'intensité expressive du bestiaire Cobra exerce encore de nos jours son impact.
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Pour Nicki Scully, auteure de Méditations de l'animal pouvoir, Voyages chamaniques avec les alliés esprits (1991 et 2001 pour l'édition originale ; Guy Trédaniel Éditeur, 2002),
"Le Cobra est la personnification d'une force, d'une intelligence. En Égypte, il était appelé Buto ou Uatchet (aussi Udjat). Uatchet signifie "l'éveilleur". Le Cobra représente la plus haute forme d'énergie et de sagesse ophidienne en Égypte. On voit le Cobra sur la couronne du Pharaon, représentant la Basse-Égypte, et le Soi Bas, ou Caché, qui est le subconscient, ou l'inconscient.
L'uraeus, une couronne d'or avec un Cobra au troisième œil, est un symbole mystique indiquant que celui qui le porte a passé par l'initiation du serpent, et est un être éveillé. Certaines couronnes comportent deux serpents. Cela signifie une autre initiation équilibrant les deux moitiés polarisées de l'énergie du serpent. Quand il était sur la tête du Pharaon, l'uraeus était censé cracher du feu sur les yeux des ennemis du souverain.
En Égypte, Uatchet, en tant que serpent de l'uraeus, était un hiéroglyphe signifiant "déesse", et "Uraeus" devint par la suite l'un des noms secrets du dieu les plus souvent mentionnés sur les anciens papyrus et dans les textes médiévaux. La déesse de la naissance et la déesse de la mort, Isis et Nephtys, avaient pour signe le double serpent, mère de la vie et de l'après-vie. Elles pouvaient aider l'âme seulement dans les parties de l'infra-monde habitées par les déités ophidiennes.
En tant qu'allié guérisseur, le Cobra est puissant et indispensable. Il a la capacité de dévorer les maladies en mangeant les tumeurs et autres virulents agents pathogènes parce que les serpents ne sont pas vulnérables aux mêmes maladies que nous. A mesure que vous développez votre relation avec ce nouvel allié, demandez-lui quand il est approprié d'utiliser son pouvoir de cette façon. Il convient aussi de noter que le venin du Cobra est utilisé pour la confection de nombreux remèdes.
Quand le moment est venu d'offrir un présent au Cobra, vous avez l'occasion de lui donner quelque chose qui ne vous est plus d'utilité, quelque chose dont vous ne voulez pas, comme une maladie, ou une habitude négative. Veillez à choisir quelque chose que le Cobra est désireux de dévorer immédiatement.
La première fois que vous entreprenez ce voyage, la kundalini, représentée par un serpent lové à la base de la colonne vertébrale, est éveillée et se dresse. En conséquence, le robinet du courant d'énergie spinale est ouvert, vous permettant d'accéder à l'énergie de la force vitale universelle, pour la guérison. Votre cœur est connecté à votre Soi Supérieur, tandis que le Cobra creuse un canal direct entre votre cœur et la conscience cosmique.
Il y a souvent une atmosphère de peur qui entoure l'éveil de l'énergie de shrî kundakinî. Certains craignent de perdre le contrôle, quand cette grande énergie s'éveille et s'élève, s'il n'y a pas une préparation suffisante du mental et/ou du corps. Le Cobra catalyse l'accroissement d'ouverture et d'expansion qui dépend de la préparation de chaque personne passant par cette initiation.
Il faut avoir à l'esprit que certaines initiations ne conviennent pas à tout le monde, à tout moment ; aussi, si une intuition vous dit d'attendre, écoutez-la. Vous saurez quand c'est le bon moment - quand vous serez prêt, psychologiquement et physiquement.
Le serpent est le centre de votre force vitale, comme le Nil est le courant spinal de l’Égypte (et symboliquement, de la planète, comme tous les grands fleuves sacrés). Cet éveil n'est pas quelque chose de nouveau que l'on puisse obtenir, mais une partie intrinsèque dont vous commencez à prendre conscience, et que vous pouvez commencer à utiliser. Le canal qui est ouvert dans votre colonne vertébrale s'élargit avec l'usage. Il cause le renforcement et l'agrandissement de tous les chakras et du système aurique. Tous deviennent plus hauts et plus larges. Par votre intention, vous pouvez faire venir l'énergie éveillée dans vos mains, pour guérir. Plus vous la dirigez de cette façon, plus elle devient forte.
Il est bon de jeûner vingt-quatre heures avant de faire l'expérience du Cobra pour la première fois. Si vous n'avez pas d'occasion de jeûner, buvez beaucoup d'eau au cours des vingt-quatre heures qui précèdent, et évitez de voyager juste après le repas.
Cette initiation du Cobra demande de la force et de l'endurance. Une fois que vous avez fait ce voyage, vous pouvez le pratiquer comme méditation chaque fois que cela vous semble approprié.
Le Cobra sera toujours avec vous !
Le Voyage du Cobra fait partie des "Voyages d'éveil. Ces voyages éveillent votre potentiel pour une conscience étendue, ouvrent les portes pour laisser entrer une nouvelle compréhension dans votre conscience. Savourez ces moments, et continuez à pratiquer ces voyages comme des méditations, pour catalyser encore de l'action et de la croissance dans votre vie.
Voyage du Cobra
[Asseyez-vous jambes croisées, croisant vos bras contre votre poitrine aux poignets, votre main droite sur le chakra du cœur. Gardez votre colonne vertébrale aussi droite que possible. Je parlerai du serpent au féminin, parce que dans ce travail, il s'agit d'un être féminin.
Utilisez l'alchimie pour aller à Thoth....
Thoth vous aidera à rentrer dans votre corps, encore dans un état altéré, léger, pour que vous puissiez expérimenter l'initiation de l'intérieur de votre forme physique et avec toutes vos sensibilités corporelles... ]
Le Cobra vient par derrière. On entend d'abord son sifflement. Votre corps fourmille tandis qu'il prend conscience de la présence de ce serpent...
Saluez la Cobra... Vous pouvez sentir la résonance dans votre colonne vertébrale tandis qu'elle se glisse sur le sol. Cette Cobra est très grande, peut-être 10 cm de diamètre et 6 m de long. Elle tourne au côté droit de votre corps, grimpe le long de votre jambe droite, et passe, par votre bas-ventre, à la jambe gauche. Regardez-la dans les yeux quand elle passe devant vous. Soyez attentif à la sensation quand la Cobra rampe sur votre peau - elle est extrêmement sensuelle. Notez la marque sur sa tête quand le capuchon est déployé - il le sera tout au long du voyage.
En serpentant, la Cobra redescend sur le sol, derrière vous. Quand vous la sentez s'approcher de votre premier chakra à la base de votre colonne vertébrale, resserrez vos sphincters une seconde. Quand vous relâchez, la Cobra mord votre premier chakra, ses dents traversant votre "racine", jusqu'en terre. Vous avez la sensation que le fond de votre être s'ouvre et se désintègre presque dans la terre, vous connectant à tout son pouvoir. La Terre vous accueille. Vous lui êtes ouvert, et vous vous sentez uni(e) avec elle. Tandis que que vous vous désintégrez, la connaissance profonde de l'élément terre est absorbée en vous au moyen de ce processus de fusion...
[Longue pause...]
Cette connexion semble infinie, et le serpent se met à grimper sinueusement sur le côté droit de votre corps, se lovant...
Quand elle atteint encore votre colonne vertébrale, elle est derrière vous dans la région du deuxième chakra, le chakra "génital". Ici, la Cobra semble se diviser en deux corps, avec deux têtes. Vous avez la soudaine sensation d'être sous l'eau quand la Cobra entre dans votre deuxième chakra et traverse tout droit votre corps, sa tête s'arrêtant à votre bas-ventre. Pendant votre immersion, vous êtes dissous, et vous pouvez faire l'expérience de la connaissance et de l'intelligence la plus profonde, de l'eau qui coule, infusée dans chaque aspect de votre être... Il y a une profonde compréhension de la fluidité, des émotions, de la compassion et de la sensibilité psychique...
[Longue pause...]
La Cobra continue à serpenter autour de votre corps. Quand elle s'approche encore et traverse votre dos, elle passe par votre chakra du cœur et continue à faire ses plis. Comme elle approche de la partie antérieure de votre corps, elle ouvre sa bouche et avale vos mains, vos poignets, et votre cœur. Et elle continue de passer autour de votre corps, montant en spirale. Vous pouvez pendant ce temps avoir un sentiment de solitude, un sentiment d'envie et de recherche. Reconnaissez juste vos sentiments tandis que la Cobra continue.
Quand elle arrive derrière vous une fois encore, elle est à votre chakra du cou. A nouveau, la Cobra mord. Là, vous sentez les vapeurs, le feu et l'eau combinés pour créer de la vapeur et de la brume. L'air tourbillonne autour de vous, et vous avez peut-être le vertige, un étourdissement, une impression de vacuité dans votre crâne. Votre mental s'élargit tandis que les vents soufflent librement dans tout votre être, vous réduisant en morceaux, qu'ils éparpillent aux lieux les plus éloignés des quatre directions cardinales. Chaque particule est maintenant combinée avec un sentiment d'unité et de communion, et vous apprenez la signification la plus profonde de l'élément air...
[Longue pause]
La Cobra entre par votre nuque, où elle vous mord, et monte dans votre tête. Quand elle atteint la région centrale de votre cerveau, elle crache un cristal qui a la forme de la marque qui est sur son front. Elle la plante là, la surimposant à la glande pinéale.
La Cobra est dans sa position finale, elle siffle. Vous pouvez entendre le sifflement, le sentant comme une vibration d'un son profond derrière vos oreilles, comme si vous entendiez des cymbales ou un son aigu à l'intérieur de vos oreilles. Tandis que le son continue, le sommet de votre crâne a une sensation mouvante, chatouillante, vibrante, dans laquelle vous sentez s'ouvrir votre chakra du sommet du crâne...
Le cristal que la Cobra a planté commence à briller et à étinceler à l'intérieur de votre tête, créant une abondance de lumière. Tournez vos yeux vers le haut et vers l'intérieur, vous centrant sur le sommet de l'arrière de votre tête. Il y a là neuf cobras, épanouis, et créant l'image d'un éventail derrière vous et au-dessus de vous.
Votre chakra du cœur est grand ouvert. Un fort lien est apparent entre votre chakra du cœur et celui du crâne, générant des sentiments d'amour intense et une connexion avec toute la vie et le cosmos. Là se trouve la compréhension entre le cœur et le Soi supérieur. La Cobra continue de siffler pendant tout cet état bienheureux. La sensation qui prévaut dans votre corps, est un grand amour, une grande chaleur, et l'unification avec l'univers entier. Vous êtes empli d'un sentiment de plénitude, tandis que le serpent continue à siffler. Tenez-vous à vos idées les plus élevées de sagesse et d'amour durant cet état élargi. Prenez note de toutes les visions, formes et couleurs qui apparaissent...
[Longue pause]
Quand cette harmonisation est achevée, la Cobra arrête de siffler. Elle commence à se dérouler et elle se glisse dans votre tête et sort par votre nuque, se dépliant en quittant votre corps, glissant le long de votre peau. Remarquez la sensualité de la sensation.
Quand elle s'est complètement dépliée, elle vient devant vous et vous fait face, les yeux dans les yeux. Vous pouvez faire une offrande, choisir quelque chose que vous ne voulez plus, comme une habitude que vous avez voulu abandonner, une attitude qui ne vous sert plus, ou quelque chose de négatif qu'elle est prête à dévorer. Demandez-lui d'abord si votre choix est approprié...
La Cobra a un autre message pour vous, et il se peut que vous ayez des questions à lui poser. Prenez le temps dont vous avez besoin pour les poser à ce puisant allié.
Discutez de votre expérience avec Thoth...
[Thoth vous tapotera le crâne pour vous ramener dans votre conscience ordinaire. Veillez à bien vous enraciner et vous centrer... Vous pouvez réorienter tout énergie en excès, en la faisant sortir par les paumes de votre main. ]
Mot-clef : Éveil de l'énergie."
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Jean Winand, auteur d'un article intitulé "Le Nom de Dieu" (Université de Liège, 2016) relie le nom du cobra en égyptien au nom de la déesse :
L’égyptien possède un mot qui correspond assez bien au concept de dieu dans nos cultures. [...] Les égyptologues le transcrivent conventionnellement ntr (prononcer /nétjer/). [...]
Enfin, le signe du cobra dressé, autre symbole royal – il suffit de penser à l’uréus qui se dressait sur le front du roi –, est plus spécifiquement lié à la féminité. On le trouve donc pour écrire le mot ntr.t « déesse », la forme féminine de ntr.
Maria Noussis, dans un article intitulé "Une exceptionnelle tête en marbre représentant un tibicen (collection Lucien de Hirsch, Cabinet des Médailles de la Bibliothèque royale de Belgique)". (In Monte Artium, 2016, vol. 9, pp. 59-71) explore également le symbolisme du cobra mais dans la sphère romaine :
Le personnage porte un casque élaboré, muni d’une visière formée d’une double bande qui se termine en une volute et d’une paragnathide ornée d’une boucle et de six rivets qui recouvre une partie de la joue et l’oreille et descend jusqu’au menton. Au-dessus prend son origine une aile formée de quatre rangées de petites plumes et de lignes parallèles évoquant les rémiges. Elle devait se développer verticalement vers le sommet du casque mais est interrompue par une cassure horizontale. La partie supérieure du casque est de forme légèrement conique, similaire au type du bonnet phrygien. Sur le sommet est représenté un cobra dressé, épousant la courbe de la partie supérieure du casque. Le corps du reptile est large et strié de lignes parallèles à partir de la tête, qui est fortement érodée. La queue de l’animal forme deux boucles et se termine en une ondulation sur la partie droite, au-dessus de la visière.
[...]
L’indice le plus énigmatique mais aussi le plus riche en symbolisme est le cobra qui orne le sommet du casque.
Symbole pharaonique par excellence, l’uraeus est utilisé sans interruption depuis la période prédynastique jusqu’à l’époque ptolémaïque et symbolise la royauté légitime et l’unité du pays. L’uraeus qui orne le casque du tibicen du Cabinet des Médailles a un corps dont les côtes sont représentées par des stries horizontales fortement accentuées, ce qui renvoie à la sphère hellénistique ou romaine puisque ce détail anatomique est absent des représentations égyptiennes. D’autre part, la queue en 8 caractérise une série de divinités serpentiformes qui, elles aussi, apparaissent à l’époque hellénistique et seront vénérées dans tout le monde romain : Agathodaimon, Isis-Thermoutis et parfois Sarapis adoptent la forme de serpents qui possèdent généralement une tête humaine, mais dont la queue se termine en deux boucles parfaitement identiques à celles de l’uraeus du casque du tibicen.
Outre la dimension apotropaïque que l’on retrouve dans le cobra dressé, le serpent en général est étroitement associé au monde de la guerre. La capacité du reptile à immobiliser et tuer sa proie est comparable à celle d’un guerrier, alors que les textes associent la peau du reptile et l’armure du guerrier qui est pour lui une seconde peau.21 De plus, le serpent est associé à la guerre également par son cri, comme le souligne un chant sybillin qui établit un parallèle précisément avec le son de la salpinx : « οὐ σκολιοῦ σύριγμα φέρον μίμημα δράκοντος, οὐ σάλπιγξ πολέμων ἀγγέλτρια βαρβαρόφωνος ». (1) Au-delà de la similitude vocale, le rapprochement symbolique est parfaitement logique. Le sifflement du serpent annonce son attaque imminente qui entraînera la mort de sa proie, alors que la salpinx, comme le tuba à l’époque romaine, marque le début de l’offensive mortelle. Serpent et tibicen émettent donc tous deux un son à augure funeste, l’ouverture du capuchon du cobra ayant d’ailleurs la même fonction. Néanmoins, le sculpteur a décidé de représenter non un quelconque serpent, mais précisément un cobra dressé dont l’iconographie est bien attestée, ce qui oriente l’interprétation vers la volonté de faire une référence explicite au monde égyptien.
Note : 1) Oracles Sibyllins, VIII, 116.
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Selon les enseignements de Bhola Nath Banstola (Jhankri népalais héritier de la tradition chamanique de l'ouest du Népal), dispensé du 15 au 18 juin 2017 à Champex (Suisse), sur le manche du tambour biface du chaman népalais sont figurés deux serpents (naga en népalais) qui sortent de la terre car le serpent porte la médecine de l'immortalité. Ils sont enlacés mais regardent dans les directions opposées (ils se tournent le dos), ce qui signifie qu'il y a une possibilité de voir de l'autre côté. Notre travail est de les amener à se regarder en face, c'est-à-dire parvenir à faire travailler ensemble l'âme mentale qui regarde vers l'extérieur et l'autre côté de l'âme qui reste calme et regarde à l'intérieur.
Dans le travail spirituel, il s'agit de calmer l'extraverti et de réveiller l'intraverti. Ainsi, les serpents peuvent se reconnaître et se découvrir. C'est quand les deux serpents peuvent se voir l'un l'autre que l'on parvient à l'éveil.
Le naga a quelquefois sept têtes, quelquefois neuf. La médecine du serpent est une des plus grandes de la tradition népalaise car il mue continuellement. Il nous dit de laisser partir le passé, de changer. Il avance en serpentant. La sagesse de cet enseignement c'est de nous montrer que les choses peuvent aller à droite, à gauche, et particulièrement dans l'apprentissage.
Le serpent nous apprend à nous ancrer car sinon le travail spirituel est inutile.
Il a beaucoup d'intuition et une grande sensibilité car il ne voit pas mais sait où aller grâce aux vibrations qu'il ressent dans son corps. Notre santé mentale, nos émotions et l'énergie sexuelle qui nous définit sont sous le contrôle du serpent. De même, le système de reproduction, les affections internes et le système nerveux sont guidés par l'énergie du serpent. C'est une composante importante de la pratique de guérison.
Le 27 juillet est le jour du Serpent cette année. On le remercie pour la pluie, la fertilité et la protection car tous les animaux à venin (au propre comme au figuré) sont éloignés par cette protection.
Voyage au Pays des Naga :
Invocation au tambour pour appeler les Naga
Les nagas sont partout : les dragons sont des nagas qui volent, les éclairs sont des nagas. Ils mettent en connexion car ils sont partout. C'est pourquoi on les invoque dans toutes les cérémonies de guérison.
L'endroit où il y a le plus de nagas est le monde d'en-bas, l'océan primordial. Là, il y a une maison circulaire en lapis-lazuli ou en turquoise. Le roi des Nagas, Naja Rajah y vit avec la reine des Nagas. Dans la bouche du roi, il y a un joyau qui distille une lumière très forte. Cette lumière arc-en-ciel monte dans les trois mondes. Dans le voyage, on descend dans le monde d'en-bas, jusqu'au royaume des Nagas et on demande l'aide du Roi et de la Reine.
Les nagas représentant notre pouvoir psychique, notre intuition. Ils augmentent l'énergie de notre corps.
Les traumas et les peurs liées au sexe sont traités par le naga. Si on a une question particulière liée à notre chemin ou à un trauma, à des peurs stockées en bas du corps, il faut demander l'aide des nagas.
Il y a deux types de naga :
celui qui symbolise l'abondance, la prospérité et la guérison (Danapuli)
celui qui représente l'opposé : il enlève la richesse, la santé et augmente la disharmonie (Asapuli)
il existe également un naga vierge, moitié femme et moitié serpent. Si elle devient notre amie, elle nous donnera tout car elle détient le pouvoir
On ne donne jamais d'alcool ou de viande en offrandes aux nagas.
Les nagas sont moins souvent dans le monde d'en-haut car ils sont chassés par l'aigle.
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Symbolisme astrologique :
Gabriel, le créateur du Site Zooastro.com propose de trouver son animal astral en fonction de la position du Soleil et de la Lune dans notre thème :
Les Reptiles correspondent au signe du Lion. Le Lion est un signe de Feu. Un signe de Lumière, Fixe. Le natif du Lion est classiquement de nature démonstrative, tourné vers le regard des autres. Il a un grand souci de dignité et de reconnaissance. Il n’hésite pas à se mettre en scène pour obtenir le respect de son entourage, et oscille entre un comportement d’enfant admirable et de roi généreux.
Après les quatre premiers signes, très personnels, le Lion cherche désormais l’autre, pour former avec lui un duo. Il se met dans la lumière pour séduire, attirer à lui le regard de l’être aimé, ou le respect de l’adversaire.
Dans le monde animal, les Reptiles sont les meilleurs candidats pour transcrire fidèlement le symbolisme du signe du Lion :
Les Reptiles, des êtres solaires : Durant l’Évolution, les Reptiles se sont détachés des Amphibiens en coupant le cordon avec l’Eau, et en conquérant leur place au soleil. C’est l’invention de l’œuf qui leur a permis de passer tout leur temps à l’air libre. Leur organisme ne produisant que peu de chaleur, ils ont besoin de se placer en pleine lumière pour se réchauffer. Les Reptiles ont donc inventé l’art de lézarder et de se montrer.
On retrouve les caractéristiques classiques du signe du Lion: la fierté d’être soi-même, le courage de se montrer tel que l’on est, la recherche de la lumière…
Les Reptiles sont des animaux majeurs, qui ont régné sur la Terre durant l’Ère des Dinosaures. Symboles de magie et de puissance, ils ont donné naissance à des légendes fascinantes.
Le Cobra ou montrer la direction : Le Cobra est un Animal Astral Reptile. Il cherche avant tout à briller, à dégager de la gloire et de la puissance. Son action démonstrative tournée vers le regard des autres a un grand souci de dignité et de reconnaissance. Il n’hésite pas à se mettre en scène pour obtenir le respect de son entourage, et oscille entre un comportement d’enfant admirable et de roi généreux. Ce talent très personnel pousse parfois le Cobra vers des postes de commandement ou des situations prestigieuses, mais il se peut qu’il se repose aussi sur ses lauriers… Certainement un peu égocentrique et théâtral, il devrait néanmoins rester lucide, et calibrer ses ambitions.
Mais le Cobra aime tout ce qui peut l’aider à se sentir responsable et connecté à un groupe. Il a une âme de leader énergique tournée vers les autres, parfois un peu carnassière, mais à travers ses coups de griffes, il a toujours à l’esprit un idéal supérieur, une recherche de record, un goût pour relever les défis collectifs. Il aime mettre son auditoire dans le droit chemin et disqualifier des adversaires, comme le ferait un champion. Ce besoin de se nourrir de ce qu’il y a de plus lointain et de plus haut est certainement son point sensible.
Les particularités du Cobra : Le Cobra met sa sensibilité exigeante au service d’une volonté de s’imposer et d’être pleinement soi. Ce qui pour tout autre serait une folie des grandeurs est une réalité tangible pour le Cobra. Car il y a en lui les ingrédients nécessaires aux plus hautes réalisations : L’énergie, l’audace, le sens de l’honneur et un idéal de perfection dont on se nourrit pour se construire. Le Cobra ne comprend pas que l’on puisse limiter son action, et il est lui-même en expansion constante, évoluant jusqu’à sa mort. Il cherche sans cesse la position dominante et refuse d’occuper la seconde place partout où il se trouve. Cette grandeur se nourrit des plus hautes exigences et a comme consécration de se voir reconnue comme la plus haute autorité morale parmi les siens.
Le Cobra a une relation à l’autre très particulière, et n’est pas de tout repos. Taillé pour l’exploit, c’est un adversaire redoutable et retors dans les conflits. Dans les relations amicales, on pourra louer sa capacité d’entraînement, sa force de persuasion, sa puissance protectrice. Mais même avec ses proches, le Cobra n’est pas toujours tendre. Il peut se révéler toxique en étant trop dirigiste, ou en lançant des remarques cinglantes. Le Cobra doit donc choisir des relations qui tiendront le choc de son tempérament de feu et de ses exigences de champion !
Il y a chez le Cobra une recherche continue de perfectionnement, de sublimation, pour devenir plus grand et meilleur. Cette remise en question constante se manifeste par des mues. Il sait se renouveler, et montrer à son entourage de manière tangible qu’il est sorti grandi d’une situation difficile, sans pour autant renier sa personnalité.
Les pouvoirs du Cobra : Rien de mesquin ni d’étriqué chez le Cobra, dont la puissance de feu insuffle l’énergie et l’audace à son caractère. Le Cobra est une personne fougueuse, démonstrative, ardente et communicative. Avec le temps, il apprendra à révéler sa puissance seulement dans les moments nécessaires, afin de ne pas heurter son entourage.
Le Cobra aura tout intérêt à choisir une activité qui exalte son identité, tout en assouvissant sa soif de records. Capable d’incarner une haute exigence, il sera un révélateur de la distance que l’homme est capable de parcourir pour atteindre son but ultime, et saura se faire valoir pour ce qu’il est.
Il pourra ainsi occuper des postes de commandement, où il s’agira de valoriser l’image d’un idéal ou d’une foi. Il aura le talent qui fait le guide remarquable. Quel que soit son choix, cette personnalité pourra marquer les esprits en incarnant le modèle du champion.
Ex : Neil Armstrong, Jonathan Rhys Meyer, Mika, Marcus Schenkenberg; [Soleil Lion / Lune Sagittaire]
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Mythologie :
Igor de Garine, auteur de "Les relations symboliques entre les animaux et les hommes chez les Masa et les Musey (nord du Cameroun et sud-ouest du Tchad) (© IRD, 2007, pp. 607-628) nous rapporte le mythe suivant :
Les filles difficiles, le lion et le naja : Deux hommes avaient mis au monde deux filles très belles mais difficiles à marier. Elles ne voulaient accepter que des prétendants ayant le corps indemne de cicatrices. Les postulants se succédaient lorsque le “lion” – (Panthera leo L., Felidae) hlona – Mersia et le “naja cracheur” – (Naja nigricollis Reinhardt, Elapidae) hernekna – Guyu décidèrent de tenter leur chance. Ils capturèrent des mouches en quantité et les collèrent en guise de cheveux bien alignés sur leur tête. Cela chatoie quand on bouge. Guyu avait son corps exempt de cicatrices et donna cinq peaux de serpent à son ami pour qu’il s’en revête. Indemnes de cicatrices, ils suscitèrent l’enthousiasme des deux jeunes filles :
— « Papa, j’ai trouvé un époux ! »
Le lion et le serpent les emmenèrent en brousse.
— « Mesdemoiselles, reconnaissez-vous ces lieux ? »
— « Oui, c’est là que je gardais les moutons. »
— « C’est là que je ramassais du bois. »
Finalement ils parvinrent à un lieu inconnu, une épaisse forêt. Les mouches se détachèrent de leur tête, les peaux de serpent revêtues par le lion tombèrent à terre. Les jeunes filles se mirent à pleurer :
— « Nous sommes perdues. »
Le lion et le serpent couchèrent avec leur femme et les rendirent enceintes. Elles accouchèrent plus tard chacune d’un garçon et d’une fille. Les filles étaient humaines comme leur mère, les garçons animaux comme leur père. Les deux belles-mères vinrent rendre visite à leurs gendres, comme c’est la coutume. Arrivée chez le lion, son épouse recommanda à sa mère de ne vanter que celui des deux enfants qui ressemblait à son père. Le gendre voulut saluer la belle-mère – il lui arracha un bras. Son gendre la raccompagna avec un grenier plein de viande hachée humaine.
— « Surtout ne ris pas si tu trouves que c’est lourd » dit la fille.
La belle-mère se tint coite. La seconde belle-mère, envieuse, se rendit chez son gendre, le serpent. Elle vanta la petite fille qui ressemblait à sa mère et non pas le garçon qui ressemblait à un serpent. Son gendre la mordit et elle mourut. L’épouse du lion, dont la mère avait survécu, amena au village l’enfant lion. Celui-ci tua alors le frère de sa mère. Elle retourna en brousse où elle chassa avec son époux. Les épouses doivent rester avec leur mari.
Vol des vaches du naja : Deux amis dont les sobriquets familiers sont “Corne-de-taureau” moyok putu et “Poumon” baga fi, volent les vaches de Hernege, le naja cracheur. Ils investissent son enclos, y tuant femmes et enfants. Corne-de-taureau épargne une fille qu’il épouse. Elle lui donne plusieurs descendants, dont un enfant serpent, comme son grand-père, Hernege. Elle le cache dans un trou. À l’occasion d’une chasse, Corne-de-taureau met la main dans le trou pour attraper des souris, son fils le mord, il tombe mort. Ses autres enfants partagent l’héritage qu’il a laissé.
Ce texte souligne l’hostilité des mondes domestique et sauvage l’un à l’égard de l’autre.
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