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La Gelinotte

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • il y a 6 jours
  • 23 min de lecture


Étymologie :


Étymol. et Hist. Ca 1140 « poule » (G. Gaimar, Est. des Engleis, éd. A. Bell, 129), employé aussi dep. le xiiies. comme terme de redevance féodale, v. DEAF col. 442, et Gdf. Du lat. vulg. galina (cf. viiies., Gl. de Cassel, éd. F. Diez, Anc. gloss. rom., trad. A. Bauer, p. 95, 88 : galina : hanin), class. gallina, dér. de gallus « coq ». Galina serait du point de vue phonét. la forme régulière (A. Thomas ds Romania t. 32, pp. 447-450 ; v. aussi Vään. § 111) ; v. au contraire l'essai de Meyer-Lübke ds Z. rom. Philol. t. 28, pp. 114-116, pour expliquer le passage de gallina à geline. Pour l'aire du mot dans les dial. où il n'a pas été évincé par poule*, v. FEW t. 4, p. 38b.


Étymol. et Hist. 1. 1531 « petite poule » (Marot, Epigrammes, éd. P. Jannet, XXXVI) ; 1534 gualinotte prob. « poule d'eau » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M.A. Screech, xxxv, 60 : six cens gualinottes... troys cens et troys hostardes et mille sept cens hutaudeaux) ; 2. 1552 gelinote de boys (Id., Quart Livre, éd. R. Marichal, LIX, 83). Dér. de geline* ; suff. -otte* ; la forme gualinotte est prob. empr. au prov. galinoto « poulette, gélinotte » (Mistral) ; cf. gelinete « petite poule » ca 1200 (Renart, éd. M. Roques, 10371) et av. 1514 « gélinotte (?) » (Lemaire de Belges, 2eEpitre de l'Amant verd [III, 31] ds Hug.)


Lire également la définition du nom gélinotte afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Bonasa umbellus - Gélinotte huppée -

Tetrastes bonasia - Gélinotte des bois -

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Proverbes :


Frédéric Delacourt, auteur de Proverbes, dictons et citations pour toutes les occasions de la vie. (Éditions De Vecchi S. A., 1996) relate le suivant :


A goupil n'advient pas tous les jours geline blanche.

Extrait d'un manuscrit du XIVe siècle, dans lequel le goupil est le renard et la geline (gelinotte), une poule des bois. Cette sentence signifie que la vie est faite d'impondérables.



Usages traditionnels :


Édouard Piette, dans un article intitulé "Sur la grotte de Gourdan, sur la lacune que plusieurs auteurs placent entre l'âge du renne et celui de la pierre polie, et sur l'art paléolithique dans ses rapports avec l'art gaulois." (In : Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 1873, vol. 8, no 1, pp. 384-425) note l'ancienneté de la consommation de la gélinotte :


L'alimentation des hommes de l'âge du renne était donc très substantielle. Le renne, le cerf, le cheval, le bœuf en étaient la base. Nous n'avons pas à leur envier la chair du loup, du renard, du blaireau, ni du lynx, dont nos soldats, grands mangeurs de chats, auraient peine eux-mêmes à supporter le goût ; mais le brochet, le saumon, le coq de bruyère la perdrix, la gelinotte sont encore aujourd'hui des mets recherchés.

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Symbolisme :


Selon Emmanuel Désveaux, auteur de « Quelques attributs symboliques ». (In : Sous le signe de l’ours, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1988)


GÉLINOTTES : Discutant du rôle des gélinottes dans la mythologie des Salish, populations de la côte nord-ouest, Lévi-Strauss écrit :


« Travaillant sur des mythes sud-américains, nous avions inféré (car eux-mêmes ne disent rien de tel) que, pour comprendre la fonction sémantique du zoême “gallinacé”, il fallait admettre que celui-ci connotait l’intersection de la vie et de la mort et le passage de l’une à l’autre. Or, voici maintenant des mythes de l’Amérique du Nord qui énoncent de manière explicite [...] une proposition dont la nécessité nous était apparue sous le seul angle de la logique. » (1971 : 485.)


L’auteur des Mythologiques voit dans la nature de la chair des gallinacés, très pauvre en graisse, l’un des fondements empiriques de la morbidité à laquelle ces oiseaux sont associés (Ibid : 484). Les travaux les plus récents des nutritionnistes viennent confirmer pleinement l’hypothèse. On s’aperçoit aujourd’hui que si une alimentation exclusivement carnée est possible, il faut néanmoins que la teneur en graisse des viandes consommées ne soit pas inférieure à un certain seuil. Lorsque le déficit en lipides est important, la viande devient carrément toxique (Perth 1987). Les Indiens de Big Trout Lake apparaissent pleinement conscients du phénomène qui fait une telle place à la graisse, ainsi que nous l’avons vu à de multiples reprises déjà. En ce qui concerne plus spécialement les gélinottes, la recette qu’ils prescrivent pour leur préparation traduit elle aussi un tel souci : l’idéal est d’ajouter une queue de castor, composée presque exclusivement de graisse, dans le bouillon où sont mises à cuire les gélinottes. Notons qu’ils ont recours à la même recette, dans la mesure du possible bien entendu, pour cuire la viande du lièvre, autre chair maigre, comme le soulignent d’ailleurs les mythes (XXXIi 60-66). Mais les gélinottes, les pinewuk, catégorie générique qui comprend les trois espèces de gélinottes qui fréquentent leur territoire ainsi que les lagopèdes, sont parfois les seuls gibiers que parviennent à se procurer les Indiens de Big Trout Lake. Mais à la différence de la chouette épervière qu’on ne trouvera jamais en abondance, les lagopèdes ou les gélinottes huppées peuvent localement se rencontrer en nombre ; on pourrait être tenté de s’en contenter comme nourriture, à l’instar de l’Homme-aux-lagopèdes. On voit bien en quoi, pour les Indiens de Big Trout Lake, les pinewuk sont conformes à la leçon panaméricaine que Lévi-Strauss a dégagée : intersection entre la vie et la mort ; simultanéité ou transition instantanée de l’une à l’autre. En cas de famine, recourir à la chasse aux gélinottes, chasse qui n’exige jamais un très grand effort, chasse qui reste donc à la portée de n’importe qui, homme, femme, enfant, épuisés par le jeûne forcé, peut signifier échapper temporairement à la mort. En revanche, on l’a vu, abuser de ce gibier, une fois sauvé grâce à lui, ne pas s’en détourner pour tenter de se procurer autre chose, revient à s’en intoxiquer, ce qui entraîne un nouvel affaiblissement général et, à terme, la mort.

Les mythes à leur façon confirment une telle interprétation de la gélinotte. On se souvient de son rôle dans le préambule du mythe d’Ayash, séquence qu’il nous faut maintenant comparer au mythe de la femme aux dix fils (XXXIId), une des variantes locales du mythe des dix frères. Les dix frères comprennent que leur mère les trompe grâce à une gélinotte rapportée au campement familial. A l’insu de ses fils, elle s’est en effet promise en mariage au chef des Wiitiko, les monstres anthropophages de sinistre réputation. Une telle alliance est contre nature ; elle va au-delà de l’exogamie ; elle relève d’un comportement méta-gamique, si l’on peut se permettre l’expression. L’épisode inverse point par point celui du mythe d’Ayash : d’un côté, une femme, coupable envers ses fils de vouloir se marier trop loin, est trahie par l’intermédiaire d’une gélinotte morte qui porte une blessure ouverte à la tête alors qu’elle aurait due être prise au collet ; d’un autre côté une femme laisse le fils de son mari être accusé d’inceste sous prétexte d’une blessure à la cuisse qui lui a été infligée par une gélinotte prise au collet, mais qui, contre toute attente, n’était pas encore morte. Le parallèle entre les deux récits fait parfaitement ressortir la fonction de la gélinotte, l’ambiguïté relative à la vie et la mort qui l’entoure.

Une telle fonction donne une place privilégiée aux gélinottes dans l’arsenal symbolico-concret des chamanes, à côté, par exemple, de petits cailloux polis aux formes parfaites, évocation de la puissance de l’ours, de dépouilles de grèbe, de vison ou de loutre transformées en sac, ou encore de peaux de brochet utilisées dans la fabrication de petits hochets, shinaonikan, aplatis dont, à proprement parler, la forme est intermédiaire entre celle d’un hochet et celle d’un tambour1. Les chamanes se confectionnent ainsi des emblèmes de leurs attributs avec les queues de gelinottes qu’ils déploient en éventail et font sécher ainsi. Des gésiers, ils font des hochets. Les gélinottes se nourrissant essentiellement d’aiguilles de pin, on n’évide pas les gésiers de leurs fragments qui vont servir de résonateurs ; il suffit de les gonfler tels des ballons, puis de les mettre à sécher. Ces gésiers-hochets vont toujours par deux. Outre leur usage strictement rituel, on en fait des jouets pour les enfants. On les accroche, en particulier, à l’arceau du porte-bébé, tikinakan, arceau lui-même disposé au niveau du visage et des mains de l’enfant. Ce dernier peut alors manipuler ces objets générateurs de bruit à sa guise. Cet usage apparemment profane des gésiers de gélinottes ne contredit pas les autres, au contraire, car s’il est des êtres considérés comme des vivants en sursis, comme toujours entre la vie et la mort, ce sont bien les bébés.

Comme dans le cas des chouettes associées au chiffre quatre, la symbolique des gélinottes comporte un aspect numérique. Ainsi l’Homme-aux-lagopèdes est-il tenu à dix oiseaux par jour. La transformation entre la séquence initiale du mythe d’Ayash et l’histoire des dix frères s’accompagne justement d’une démultiplication par dix du protagoniste de l’affaire. A dire vrai le paradigme commutatif entre la vie et la mort d’une part, le nombre dix d’autre part ne se limite pas à la mythologie des Indiens de Big Trout Lake. On le retrouve exprimé dans des récits provenant de groupes ojibwa plus méridionaux, récits qui associent formellement la gélinotte avec la durée d’un jeûne rituel durant tantôt neuf jours, tantôt onze, autant de marge de la décade (Laidlaw 1921-1922 : 85 ; Jones 1916 : 369-371). Un jeûne rituel est une mort suivie d’une résurrection. Les informateurs de Laidlaw apportent une précision d’ordre étiologique qui rétrospectivement éclaire la prédilection que les chamanes de Big Trout Lake montrent envers la queue de la gélinotte. Le jeune homme endure neuf jours sans manger, lesquels s’inscrivent en neuf raies régulières sur la queue des gélinottes tandis que le dixième jour, il se métamorphose en cet oiseau, jour marqué par une dernière rayure, plus accentuée que les précédentes.

Cela étant, n’existerait-il pas d’autres données de l’observation empirique que le simple agencement des tonalités qu’arborent les plumes de la queue des gélinottes pour fonder le paradigme ? Les gallinacés pondent en nombre ; en moyenne une dizaine d’œufs par couvée parviennent jusqu’à éclosion. En ce sens, ces oiseaux font déjà figure d’exception parmi les espèces vivantes du milieu naturel subarctique. De plus les mœurs de l’accouplement peuvent à juste titre retenir l’attention. La fécondation des gélinottes est réputée se faire sans contact direct ; elle est précédée d’une parade nuptiale — les Indiens parlent de « danse » — au cours de laquelle un grand nombre de mâles (en moyenne dix ?) se tiennent en cercle autour de la femelle. Ainsi la reproduction des gélinottes serait perçue comme le passage de dix à un, au stade de la fécondation, et de un à dix, aux stades de la gestation et de la mise au monde. Le modèle qu’inspire cette reproduction relève bien d’une singulière arithmétique qui transforme la dizaine en unité et vice versa, commutation entre la vie et la mort puisque normalement l’unicité absolue est synonyme de stérilité, donc de mort, et la démultiplication des individus par dix équivaut à une extraordinaire fertilité, signe de vitalité par excellence. La logique sous-jacente à cette « fonction gelinotte » se répercute jusque dans le système numérique (Désveaux 1984).

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Mythologie :


Émile Petitot, dans Accord des mythologies dans la cosmogonie des Danites arctiques. (Émile Bouillon, 1899) s'essaie à la mythologie comparée :


J'aurai peu de chose à dire de la mère divine des Danites arctiques, È- tpinta Yènnènė ou la Femme invisible.

On retrouve cette seconde personne féminine de la divine triade dans plusieurs légendes peaux-de-lièvre, loucheuses et esquimaudes. C'est une femme parfaitement belle, blanche, vêtue magnifiquement, mais invisible à des yeux mortels, excepté au petit nombre des élus qu'elle aime. Encore ne se montre-t-elle à eux que furtivement et par derrière.

[...]

Cette femme céleste, qui produit le jour et la lumière quand elle sort, habite au loin, sur une île de la mer occidentale que peu de mortels ont pu trouver. Elle prend volontiers la forme d'oiseaux, comme l'Esprit Saint des Hébreux et des chrétiens, se métamorphose en cygne ou en gelinotte des neiges, symboles de son extrême pureté, comme l'est la colombe.

[...]

Les Chaldéens et les Perses reconnaissaient un feu primordial dont étaient issues deux générations de triades de feux supplémentaires ou subalternes, qui, des étoiles, descendaient jusqu'aux animaux. Sans énoncer leur croyance d'une manière aussi catégorique, ni distinguer le feu des astres d'avec celui des métaux ou des bêtes, les Dènè de l'extrême-nord n'admettent pas moins que chaque espèce d'êtres possède un feu spécial, invisible à des yeux mortels, mais feu vivant, animé et intelligent. Ils reconnaissent donc le feu des martres, le feu des renards, celui des gelinottes, le feu des rennes, celui des morts et même le feu du diable ! A ce dernier ils condamnent tous les rongeurs muriens, tels que rats, taupes, souris , gerboises , musaraignes, ainsi que les reptiles et les vers.

[...]

 D'après Denys l'Aréopagite, les Grecs de son temps appelaient le soleil le bon, comme mes Dènè. Toutefois, la seule légende ou conte ayant trait au soleil, que j'aie pu trouver chez les Danites hyperboréens, est celle-ci :


« Un frère et sa sœur vivaient seuls, il y a bien longtemps, et pourvoyaient à leur subsistance par le moyen de la chasse et de la pêche, ainsi que nous le faisons aujourd'hui. La sœur tendait des lacets sur les sapins de la forêt pour y prendre les faisans danseurs, les gélinottes blanches comme la neige, les lièvres blancs et même les lynx.

Mais tant elle que son frère s'apercevaient avec terreur que les jours et les nuits se succédaient à des intervalles de plus en plus rapprochés ; que les jours diminuaient sensiblement, le soleil se montrant à peine pour se dérober sous terre dans le Sud-Ouest, où se trouve la bouche terrestre.

Ils résolurent tous les deux d'y mettre bon ordre. Un jour donc que la sœur avait tendu ses collets å lynx comme d'ordinaire, elle aperçut dans l'un d'eux la face violette et congestionnée de Sa, qui s'y était pris et s'y étranglait.

Joyeuse, elle accourut avec son frère pour saisir et étrangler tout de bon le soleil captif. Mais lui, les implorant pour sa vie, ils lui firent promettre qu'il allongerait sa course et ferait grandir les jours. »

[...]

Cette comparaison soutenue des deux fractions de la nation hébraïque à deux sœurs-épouses également infidèles, n'est point une parabole, mais une simple métaphore ; car elle ne laisse aucune place à l'équivoque ni à l'objection . De plus, elle s'adapte parfaitement à la légende de Bâton-opérant que voici :


Kotsi-da-tpèh étant parti à la recherche de ses deux sœurs, il arriva dans un pays dont les habitants se nourrissaient d'ortolans des neiges, - ou de grives, selon d'autres. - Puis il passa dans une autre contrée où l'on ne mangeait que des gelinottes blanches.


Or, Moïse, pendant tout un mois, nourrit son peuple dans le désert de la Lune (Sinah) de cailles, que les Septante appellent ortygométra, des ortolans. L'hébreu ne parle que d'oiseaux de passage très gras, sans les spécifier ; ce qui permet d'opter entre des cailles, des ortolans, des grives et des perdrix. Probablement qu'il y avait, dans le désert, des oiseaux de toutes ces espèces, ainsi qu'on le voit dans les vastes déserts de l'Amérique.

D'ailleurs, Moïse nourrit par deux fois les Hébreux avec des oiseaux gras, de même que Jésus- Christ nourrit les Juifs par deux fois en multipliant les pains et les poissons . Une première fois, avant que les Hébreux eussent reçu la manne, que symbolise, dans le texte danite, la blancheur des oiseaux dont se nourrissait le peuple visité par le Bâton-opérant. La seconde fois , deux ans plus tard, lorsque le peuple, tannéde nemangerque de la manne, demanda à Moïse de la viande à grands cris .

La première fois, les Hébreux reçurent l'invasion des cailles, au désert de la Lune (Sin), après leur passage de la mer Rouge. La seconde fois, dans le désert de Pharan, avant d'arriver à Haseroth, aux sépulcres de concupiscence.

Mais la version tchippewayane du même héros fait arriver tout d'abord les deux frères dans un pays dont les habitants se nourrissaient exclusivement de gomme blanche, contrée dans laquelle ils ne purent séjourner longtemps, parce que ce mets les écœurait.

Qui ne reconnaîtrait ici la manne et le dégoût qu'elle inspira aux Hébreux ? « Notre vie est languissante, disaient-ils à Moïse, nous ne voyons que manne sous nos yeux. »

[...]

Rares sont les fables danites des femmes-oiseaux. Ce peuple aux mœurs sévères n'a pas la tendresse de cœur des Esquimaux. Cependant les Tchippewayans font paraître l'homme seul sur la terre, à l'entrée de l'hiver, et lui font fabriquer des raquettes (hay, suspension) pour se faciliter la marche sur les grandes neiges, qui commencent alors à tomber. Cet objet, suspendu aux pieds et que l'on traîne en marchant, est en même temps un emblème parlant de la femme (éhay), qui manquait encore à l'homme, et de la spéculation dans laquelle flottait son esprit, dépourvu d'une aide (éhay) semblable à lui.

Aussi, après avoir fabriqué le cadre de ses raquettes ou plutôt de ses suspensions, puisque tel est le nom de ce plancher factice, en langue dènè, l'homme s'arrête en suspens. Il ne sait plus ce qu'il doit en faire, de quoi il doit remplir cette monture en bois. Il n'a pas l'idée du treillis en menues lanières qui doit le garnir, parce que le nattage de ce treillis est un ouvrage de femme, et que la femme lui manque encore. Étre incomplet et inachevé, il laisse à ses côtés son œuvre inachevée et incomplète, et s'endort dans sa tente, découragé : les idées féminines lui font défaut.

Pendant son sommeil, une perdrix des neiges, une gelinotte, blanche comme elles, s'introduit dans la loge de Dènè (l'homme) ; elle se métamorphose en femme, et sans bruit, diligemment, se met à natter l'intérieur des raquettes. Le jour venu, elle reprend sa forme d'oiseau blanc et s'envole à tire d'ailes, avant que l'homme l'eût aperçue.

Celui-ci est étonné, abasourdi du bonheur qui le visite. Il remercie le Bon-Esprit d'avoir eu pitié de sa détresse, et reprend confiance et courage.

Pendant six nuits, le travail du laçage des raquettes avance de la sorte peu à peu, sans que l'homme vît la main mystérieuse et compatissante qui venait à son secours. A la fin il aperçut la geline qui s'envolait par le trou du vent de sa tente. Aussitôt il fabriqua une valve pour en obturer l'entrée ; puis, son appareil disposé, et le soir venu, il se recoucha et fit semblant de dormir, tout en guettant l'oiseau bienveillant. Il ne tarda pas d'arriver et de se métamorphoser en femme. Elle était nue et adorablement belle. Sa chevelure noire, qui descendait jusqu'à ses pieds, lui formait un vêtement. Elle se mit aussitôt à l'œuvre et acheva les raquettes de Dènè. Mais, comme elle s'apprêtait à repartir, celui-ci fit jouer le mécanisme du trou du vent, ferma la tente et saisit la femme dans ses bras.

Cette délicieuse parabole de la création de la femme, le plus beau don que l'Esprit de toute sainteté ait fait à l'homme, est pleine de mots à double sens et d'équivoques qui, pour l'initié, renferment toute une révélation.

La gelinotte s'appelle ti en danite ; ce qui est aussi le nom de la terre, dans le dialecte des Peaux-de-Lièvre ; et la femme mariée prend le nom de ati, dans ce même dialecte ; c'est-à-dire aide, secours, amie.

La gelinotte, ti, sort de la tente, ni-balé, de l'homme, adènè, pendant son sommeil, bé tchanpè ; de même que la première femme, aide et secours, ati, du premier homme, Adam, sort du flanc de celui-ci, b'intchanpė, pendant son sommeil, bé bélè.

La création d'Eve a nécessité l'ouverture, tisè, du corps d'Adam ; le nom de la femme, en danite, est ttsè, ouverture, auquel on joint un suffixe propre aux noms de parenté, ttsè-kwi, ttèsè- kpé, ttsė-yon, ttsè-linhé.

Les légendes dindjié nous présentent le même apologue sous une forme un peu différente, mais également parabolique. La femme n'est pas une perdrix, une gelinotte des neiges, tant qu'elle demeure avec l'homme. Elle est femme. Mais aussitôt qu'elle a mis le pied hors de la demeure de l'homme, elle devient oiseau, et les enfants qu'elle apporte à son mari sont des gelinottes des neiges, qui se métamorphosent ensuite en hommes.

[...]

J'ai déjà fait la remarque que, dans les légendes de l'extrême nord de l'Amérique, le personnage qui remplace les esprits angéliques est toujours le loup blanc (pèlè) ou bien un oiseau blanc, grue, cygne, colombe ou gelinotte.

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Emmanuel Desveaux, auteur de "La fonction gelinotte." (In : Algonquian Papers-Archive, 1984, vol. 15) rapporte un mythe nord-américain :


[...] II existe dans la mythologie de Big Trout Lake, un mythe, par ailleurs très différent, dans lequel interviennent, pourtant, aussi bien le nombre dix que une gallinacé. Ce récit constitue une résurgence évidente, bien que marginale, du mythème des dix frères tel qu'il se rencontre dans les Plaines. Dix frères comprennent qu'ils ont été trompés par leur mère et ce, grâce à une gelinotte (pine) que cette dernière ramène au campement dans des conditions sur lesquelles nous aliens revenir tout de suite. A l'insu de ses fils, la mère s'est promise en mariage au chef des Wiitiko. Trahison donc, mais trahison particulièrement grave car prétendre s'allier avec les monstres anthropophages équivaut à avoir un comportement hyper-exogamique, si nous pouvons nous exprimer ainsi. En effet, une telle alliance relève, par essence, de l'impossible. Les Wiitiko n'appartiennent pas (ou plus) à l'espèce humaine ni même d'ailleurs à l'ordre de la normalité.

Or l'épisode en question inverse point par point celui sur lequel s'ouvre le mythe Ayash, mythe qui relate le long retour d'un fils après l'exil impose par son père : d'un côté, une femme coupable à l'égard de ses fils de 1'intention de se marier trop loin est trahie par l'intermédiaire d'une gelinotte morte qui porte une blessure ouverte à la tête alors alors que cette gelinotte aurait due être prise au collet. D'un autre côté, une femme laisse le fils de son mari être accuse d'inceste sous prétexte d'une blessure à la cuisse que lui a infligée une gelinotte prise au collet mais qui n'était, contre toute attente, qu'a demi-morte. Signalons que le mythe d'Ayash est certainement le mythe le plus important de la mythologie de Big Trout Lake. Récit place sous l'égide de l'expression globale de ce que doit être l'accomplissement initiatique des hommes, il établit aussi 1'alternance des saisons. Enfin ce mythe et, plus précisément encore, la séquence en question transforme une des nombreuses versions du mythe des Dix Frères, celle racontée par les Cris des Plaines. La transformation consiste à contracter une série de dix frères en un seul personnage, le fils d'Ayash. Au cadet et à l'aîné de cette série de dix frères reviennent respectivement la paternité des deux actions fondamentales à la structure du mythe, actions imputées (à tort) au fils d'Ayash selon les narrateurs de Big Trout Lake : s'allier à une femme et la blesser de telle façon qu'elle devienne boiteuse. II apparait déjà clairement que la gelinotte, absente du mythe que racontent les Cris des Plaines, sert d'operateur logique à la réduction de la dizaine en unicité. Il convient peut-être d'aller plus loin car la configuration que composent ces trois mythes, deux provenant de Big Trout Lake (le fils d'Ayash et la femme aux dix fils), et un des Cris des Plaines (les dix frères), s'organisent en un système au sein duquel se dégage dans toute son ampleur la fonction de la gelinotte au titre d'operateur logique. Cette "fonction gelinotte" (ou "fonction gallinacé"), se définît par rapport à trois modalités : l'absence de l'oiseau en question (0), et la valeur soit positive (+1), soit négative (-1) de sa présence. Il est entendu que la valeur est comprise ici uniquement dans un sens mathématique. Par ailleurs, précisons que le thème de la claudication, résultat d'une blessure à la jambe, renvoie à une variante de 1'organe féminin destiné à la génération, à savoir un déplacement asymétrique d'une béance sanglante qui instaure les menstruations. Cette curieuse représentation du sexe féminin connote, bien évidemment, l'état de celui-ci lors de ses épanchements périodiques. Nous avons deux variantes de ce thème de la claudication. La variante forte est illustrée par le récit appartenant aux Cris des Plaines. II s'agit alors d'une véritable blessure. La variante faible, ou atténuée, caractérise la version des Indiens de Big Trout Lake où il n'est plus question que d'une simple égratignure. Cette différence est due au fait que si pour les Cris des Plaines, le thème de la claudication assortie de sang exprime sans ambiguïté les menstruations, à Big Trout Lake, l'égratignure à la cuisse possède une fonction sémantique plus complexe. Elle rend effectivement compte du phénomène physiologique que sont les régies mais dans la mesure où l'expression de ce phénomène se situe à l'aube de la belle saison, il semblerait que la logique des mythes cherche à dénier l'aspect mensuel du phénomène en le réduisant à une périodicité annuelle (Desveaux 1984 1 : 215-225). Enfin, notons que le sexe féminin en tant que blessure, non plus asymétrique, mais symétrique conformément à la réalité existe bel et bien dans la mythologie de Big Trout Lake. En effet, la mère de la dizaine de frères meurt, pénétrée à l'endroit du sexe d'un bout de bois noirci au feu, c'est-à-dire d'un tisonnier. La blessure ne saigne pas parce que la femme a été empalée après avoir été suspendue la tête en bas, position qui, évidemment, prévient tout épanchement.

Discutant du rôle des gelinottes d'après les mythes de la côte nord-ouest, C. Levi-Strauss écrit dans L'homme nu :


Travaillant sur des mythes sud-américains, nous avions inféré (car eux-mêmes ne disent rien de tel) que, pour comprendre la fonction sémantique du soème "gallinacé", Or voici maintenant des mythes de l'Amérique du Nord qui énoncent de manière explicite (...) une proposition dont la nécessité nous était apparue sous le seul angle de la logique (1971 : 485).


La perception symbolique qu'ont les Indiens de Big Trout Lake des gallinacés confirme pleinement les résultats auxquels avait abouti l'auteur des Mythologiques à l'échelle du continent américain entier. En effet la gelinotte opère un passage de la mort aux règles, puis à la périodicité annuelle, laquelle malgré les dangers qu'elle présente, est pourtant absolument nécessaire à la reproduction réelle et symbolique des individus et de la société dans son ensemble. C. Levi-Strauss voit dans la nature de la chair des gallinacés, très pauvre en graisse, l'un des fondements empiriques de la morbidité à laquelle ces oiseaux sont associés (p. 484). La encore les Indiens de Big Trout Lake ne le dénieraient pas puisque, s'ils mangent effectivement cette chair, ils ne l'apprécient vraiment que préparée d'une certaine façon. Dans la casserole où est mis à cuire ce gibier on ajoute une queue de castor qui, particulièrement riche en graisse, supplée ainsi à la déficience en cet élément qui caractérise la viande de gallinacé. Il est remarquable, à ce propos, qu'on ait recours à la même recette, dans la mesure du possible, bien sûr, pour faire cuire du lièvre, autre animal à la chair maigre.

De nombreux groupes reconnaissaient des vertus thérapeutiques à la chair pauvre en graisse des gelinottes. A Big Trout Lake, les chamanes usaient de certaines parties des gelinottes. De la queue, déployée en éventail, ils se confectionnaient des emblèmes de leurs attributs. Les gésiers, non évidées des fragments d'aiguilles de pin (nourriture des gallinacés), étaient gonflés tels des ballons, puis hermétiquement clos et enfin séchés. Toujours par deux, ces gésiers ainsi transformés devenaient des hochets (shinaonikan). Outre l'usage strictement rituel de ces instruments il en était fait un usage plus séculier, comme jouets pour les enfants. On accrochait ces hochets à l'arceau du porte-bébé (tikinakan). L'enfant pouvait alors manipuler ces objets à sa guise. Cependant il ne faut pas perdre de vue que, dans ces sociétés, les très jeunes enfants étaient compris comme des individus perpétuellement en sursis de mort, dont la place dans le monde des vivants était loin d'être assurée. Aussi se justifie pleinement la présence, à proximité des bébés, d'objets dont on perçoit désormais la signification en fonction du travail chamanique. Dans le même ordre d'idée, il est remarquable qu'à Big Trout Lake, les scapulamanciens exercent leur art à 1'aide d'os de gelinotte, à l'exclusion de tout autre. Nous observons à travers ces exemples une liaison très forte entre travail du chamane et l'élément sémantique "gallinace" puisque c'est à partir de différentes parties réelles de ces oiseaux, plumes, gésiers, os, que sont confectionnés divers accessoires destinés à aider le chamane dans sa mission. Or une telle mission consiste bien à œuvrer, afin d'essayer de le déplacer, sur ce qui, selon l'ordre naturel, sépare la vie de la mort.

Toutefob, selon C. Levi-Strauss qui tire argument à ce propos de l'exemple des populations indiennes de l'ouest du continent nord-américain, la raison première pour laquelle la gelinotte représente un médiateur symbolique entre la vie et la mort réside dans la croyance que ces oiseaux, ayant simultanément un œil ouvert et un œil fermé, sont à la fois vivants et morts. Aussi classe-t-il la gelinotte parmi une catégorie d'opérateurs binaires particulièrement puissants du point de vue symbolique, à côté de la raie ou du papillon (p. 500). Cette dernière leçon n'est pas applicable à la pensée des Indiens de Big Trout Lake car, au contraire, ils associent les gallinacés avec le nombre dix et, ainsi que nous 1'avons montré, ils y voient même des operateurs logiques permettant de passer de la dizaine à 1'unicité et réciproquement. Pourtant, il semble bien que dans ce cas aussi, l'observation empirique fournit quelques éléments qui — soigneusement sélectionnés par une fonction symbolique qui, en exercice, procède toujours ainsi — viennent à l'appui d'une pareille compréhension de 1'image des gelinottes.

Deux récits provenant de la région située entre le Lac Supérieur et le territoire des Indiens de Big Trout Lake expliquent de façon très proche l'origine du nombre de rayures perpendiculaires à l'axe des plumes qui composent la queue des gelinottes. Le premier raconte comment on imposa, pour avoir refusé en mariage une jeune fille, à Gelinotte huppée un jeûne qui dura onze jours (Jones 1916 : 369-371). Le deuxième relate comment un jeune homme, parti jeuner durant neufs jours, se métamorphosa, le dixième jour, en "perdrix", c'est-à-dire en gelinotte. Le texte précise que les neuf jours du jeûne se sont inscrits en neuf raies régulières sur la queue de la gelinotte tandis que le dixième, jour de la métamorphose, apparait sous la forme de la première rayure, un peu plus accentuée que les précédentes (Laidlaw 1921-2:85). Malgré de légères variations, de la limite inférieure à la limite supérieure (9 ou 11), autour du nombre dix, ces récits s'accordent pour voir transcrite sur la queue de la gelinotte la durée d'un jeune rituel, durée mesurée en jours. L'initiation de l'adolescent consistait en une épreuve ou celui-ci devait jeûner en solitaire afin d'obtenir un premier contact avec ses "aides" surnaturels, contact qui, s'il était poursuivi ou renoue au moyen de nouvelles périodes d'abstinence et de réclusion permettait de devenir progressivement un puissant chamane. Ainsi s'explique le fait qu'a Big Trout Lake la queue de gelinotte serve d'emblème de pouvoir chamanique. Envisagé sous un angle plus général, le jeûne se comprend comme une mort volontaire et passagère, durant ici dix jours, dont on renait enrichi. Le paradigme sémantique que forme le trinôme gelinotte/nombre dix/passage entre la vie et la mort se confirme donc dans ces récits et se concrétise dans l'apparence naturelle des queues de gelinotte, elles-mêmes employées comme le symbole de ce paradigme étendu à la fonction chamanique en général.

Cependant on peut se demander s'il n'y a pas d'autres données de l'observation empirique dans le fondement du paradigme et dont le ressort serait plus puissant que le simple agencement des tonalités qu'arborent les gelinottes sur le plumage de leur queue ? Les gallinacés pondent de nombreux œufs à chaque couvée. En moyenne une dizaine d'entre eux parviennent jusqu'à l'éclosion. En ce sens, ces oiseaux font déjà figure d'exception parmi les espèces vivantes du milieu naturel subarctique. De plus les mœurs de l'accouplement peuvent à juste titre retenir l'attention. En effet, on dit que la fécondation des gelinottes s'opère sans contact direct, et est précédée d'une parade nuptiale — les informateurs parlent de 'danse' — au cours de laquelle un grand nombre de mâles (en moyenne dix ?) se tiennent en cercle autour de la femelle. Ainsi la reproduction des gelinottes seraient perdue comme le passage de dix à un, au stade de la fécondation, et de un à dix, aux stades de la gestation et de la mise au monde. Le modèle qu'inspire cette reproduction relève bien d'une singulière arithmétique qui, d'une part, transforme la dizaine en l'unicité et vice-versa et qui, d'autre part, draine dans son sillage immédiat un potentiel commutatif entre la vie et la mort. En effet l'unicité absolue est à proprement parler invivable et une démultiplication des individus par dix, signe d'une vitalité extrême, représente un taux de fertilité extraordinaire, en particulier aux yeux d'une population tenue à l'écart de l'agriculture ou même d'une proto-agriculture, telle la collecte du riz sauvage.

La gelinotte ainsi comprise offre un modèle supplémentaire à toutes les opérations ou manipulations effectuées par les divers groupes nord-américains autour de la notion de dizaine ou de décade (Levi-Strauss 1968 : 270-283). C'est à la fois le modèle le plus simple mais aussi celui qui, d'emblée, apparait comme le plus radical. Notons enfin que ce modèle détermine le fonctionnement du système numérique.

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Dominique Samson Normand de Chambourg, dans “Quand la Foi déplaçait des montagnes. L’épopée des missions orthodoxes chez les Khantys, les Mansis et les Nénètses d’Eurasie septentrionale”. (In : Convertir/Se convertir. Regards croisés sur l’histoire des missions chrétiennes, 2004) rapporte la trame d'un mythe étiologique :


En fait, si les missions orthodoxes ne s’intéresseront plus aux autochtones du gouvernement d’Arhangelsk d’ici la fin du XIXe siècle lorsqu’un état des lieux fera apparaître « l’existence forte de représentations chamaniques traditionnelles », les descendants orthodoxes des colons russes pourraient tout aussi bien tirer profit de l’enseignement des missionnaires. Car loin de l’orthodoxie officielle, un culte populaire orthodoxe s’est développé, qui, à la lumière du Nord, reflète une Foi peu académique.


De la « vraie Foi » et des « hommes véritables » (1828-1919). Les habitants de Surgut par exemple, à la frontière des gouvernements de Tobolsk et de Tomsk, dont l’orthodoxie semble elle-même souvent aussi libre que celle qu’ils reprochent aux autochtones, racontent que


lorsque la Mère de Dieu vivait encore sur la terre, la gelinotte était un oiseau aussi grand que le coq de bruyère, mais avec la même viande, tendre et blanche, qu’elle a aujourd’hui. Alors qu’elle allait de par la forêt, la Mère de Dieu était plongée dans ses réflexions. Tout à trac, une gelinotte s’envola, qui se jeta comme une folle dans un fourré, épouvantant de son vol la Souveraine. Alors celle-ci lui dit : ‘Que tu sois à présent un oiseau de petite taille, mais au battement d’ailes bruyant afin que chaque chasseur puisse te trouver aussitôt’. Et elle partagea sa viande blanche entre tous les oiseaux et les animaux, n’en laissant à la gelinotte elle-même qu’une partie infime. Voilà pourquoi chaque oiseau de la forêt, chaque animal, même les poissons ont un de chair blanche. C’est un ‘héritage de la gelinotte’ partagé entre tous par la Mère de Dieu ».


Ce récit est rapporté dans un article publié en 1901 dans Sibirskij Listok par un exilé s’intéressant à la culture populaire russe de Sibérie du nord-ouest.

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Contes et légendes :


Selon Auguste Gittée, auteur de Les études folkloristes en France. (Merzbach et Falk Éditeurs, 1886) :


Dans une autre légende [des Indiens du Canada], un homme s'aperçoit qu'un bon esprit vient natter ses raquettes pendant son sommeil. Il découvre que c'est une gélinotte blanche, qui s'envole chaque fois par une ouverture dans le toit. Il ferme l'ouverture de la tente et aussitôt la gélinotte devient une belle et grande femme » (p. 349). Les traditions européennes ont conservé des traces indéniables de ces croyances. L'obstacle a pris ici un autre caractère. La métamorphose en animaux se retrouve partout : les fées se transforment souvent en oiseaux ; quand elles ôtent leur habit de plume, elles reprennent leur forme humaine. De même, on les empêche de redevenir oiseaux si on parvient à leur dérober leur habit.



Littérature :


Malick Faye, dans un article intitulé "Giono et les ressources d'une nouvelle matière romanesque. L'exemple du Chant du monde " (In : RA2LC n°08, Décembre 2023, pp. 199-212) évoque brièvement la gélinotte :


Le nord est donc le territoire, difficile, corrompu, qui proscrit tout retour en arrière et s'interdit tout atavisme et s'oppose à toute conduite détonnante. Le Rebeillard c'est également le domaine de Thanatos où la mort est donnée et reçue. En illustre la mort de Matelot. On y voit aussi la prépondérance d' images qui charrient l'ombre de la mort: pèlerins malades, les corbeaux, disputant les airs aux gélinottes,- symbolique de la vie. C'est à travers le personnage de Toussaint qu'on parvient à voir apparaitre en filigrane les images macabres qui parsèment le nord.

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