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L'Impératoire




Étymologie :

  • IMPÉRATOIRE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. Av. 1453 adj. « relatif à l'empereur » (J. Vauquelin, Trad. de la Chron. d'E. de Dynter, II, 12, Xav. de Ram. ds Gdf.) − 1755, Argenson, Journ., VIII, p. 481 ds Brunot t. 6, p. 444, note 2 ; 2. xvie s. [éd. 1627] subst. bot. (A. du Pinet, trad. de Matthiolus, Commentaires sur Dioscoride, 1 α). Empr. au lat. imperatorius « relatif au général, au chef, à l'empereur » dér. de imperator, v. imperator ; le sens 2 attesté en lat. sc. imperatoria (1623 ds Tournefort Bot. t. 1, p. 266) s'expliquerait par l'efficacité des propriétés médicinales qu'on attribuait à cette plante.


Lire également la définition du nom Impératoire afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Peucedanum ostruthium - Agrua - Autruche - Benjoin français - Benjoin otruche - Impératrice - Eau fraîche - Maître des maléfices - Ostruche - Otours - Otruche - Peucédan - Peucédan impératoire -

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Botanique :


André Dolivo, nous invite à éviter les "Confusions lors de cueillettes de plantes médicinales." (in : Bulletin du Cercle vaudois de botanique, 2003, vol. 32, pp. 17-22) :

[...]

Des biotopes identiques réunissent en montagne deux renonculacées : l’aconit de Napel ou Casque de Jupiter (Aconitum neomontanum), qui n’est plus utilisé aujourd'hui qu'en homéopathie, et la dauphinelle élevée (Delphinium elatum), toutes deux très toxiques. L'aconit de Napel est la plante la plus toxique d'Europe et HOSTETTMANN (2001 p. 15) précise qu'il est même dangereux d'en tenir un bouquet à la main. En 1894, Wilczek, consulté comme expert, indiqua au juge informateur que des racines d’aconit mélangées à celles, inoffensives, d'impératoire (Peucedanum ostruthium, apiacées), avaient été la cause d'un décès. Il laissa le soin à la justice de déterminer s’il y avait eu accident ou crime.

 

Kenza Ormani et Assia Fetayah autrices de Screening phytochimique et biologique des plantes à coumarine. (2020. Thèse de doctorat. UNIVERSITE MOHAMED BOUDIAF-M’SILA.) précise :

[...]

La distribution des coumarines dans la plante :

  • Des coumarines simples : auraptène, ombelliférone et scopolétine (dans les fruits) ; ostruthine et 6-(3-carboxy-2-butényl)-7-hydroxycoumarine (dans les rhizomes) ; osthol et scopoline (dans les fruits et rhizomes).

  • Des furanocoumarines linéaires : anhydrobyakangélicine, byakangélicine, néobyakangelicol, pabulénol, hydrate d’oxypeucédanine tert-O-méthylé, hydrate d'oxypeucédanine 3'-acétate, hydrate d'oxypeucédanine glucosylé, impératorine, isoimpératorine, oxypeucédanine, ostruthol, pabulénone (dans les fruits) ; isooxypeucédanine et hydrate d'oxypeucédanine (dans les fruits et rhizomes).

  • Des dihydrofurano-coumarines : marmésine (dans fruit) et marmésinine (dans fruit et rhizome). (Urbain, 2007).

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


On combat les ventosités par la poudre de racine d'otruche, mélangée d'un peu de poivre. La migraine, la céphalalgie disparaissent toujours quand on mâche le rhizôme de l'otruche ou agrua, Imperatoria ostruthium ; mais il ne faut pas se lasser d'en mâcher tant que la douleur persiste, et souvent c'est bien long, la patience fait défaut. Un remède plus rapide est l'application sur le front de lentilles d'eau, Lemna : s'il agit rarement, du moins il n'est pas monotone.

Benjoin otruche : la plante s'utilise dans les accouchements. [...] Pour faciliter les accouchements, on administre des lavements faits avec la décoction de racine de l'otruche ou agrua, Imperatoria ostruthium.

[...]

Le tympanisme (du bétail est traité] par la racine d'agrua ou otruche, Imperatoria ostruthium, coupée par tranches et mélangées à l'avoine ;

 

A. Meilleur Brien, auteur de "Gens de montagne plantes & saisons. Savoirs écologiques de tradition à Termignon (Savoie)." (In : Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, n°1/1985. pp. 6-79) note :


alagrô (f. ) Peucedamun obstruthium (L.) Koch. Impératoire.

Une infusion de la racine de cette ombellifère était administrée contre les vers, aussi bien chez l'homme (surtout les enfants) que chez les animaux domestiques.

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Selon Françoise Hoffer-Massard, autrice d'un article intitulé "Le Simplon et ses environs : du 1er au 3 juillet 2011." (Bulletin du Cercle vaudois de botanique, 2012, vol. 41, pp. 43-50) :


L’impératoire est une plante médicinale majeure de nos Alpes. On utilise ses racines, ses feuilles et ses fleurs. C’est l’espèce de loin la plus citée par Brüschweiler (1999) dans son étude menée dans le Val d’Anniviers : « Plantes et savoirs des Alpes ». Cette Apiacée a des applications ménagères (les racines pour leur parfum et les feuilles comme chasse-souris) et en médecine humaine et vétérinaire. Armand (1997), dans son ouvrage « Vivre et guérir en montagne » consacré à l’utilisation des plantes à Saint-Nicolas (vallée d’Aoste), mentionne que « les contusions se soignent de préférence avec un pansement ou un cataplasme de racine d’impératoire. On prépare le cataplasme en cuisant de la racine hachée dans du lait et on l’applique encore tiède. (…) A ma connaissance, c’est le meilleur traitement pour des yeux « au beurre noir » (…). Quelques feuilles fraîches, dûment écrasées et appliquées sur un abcès, en calment rapidement la douleur ». Cet auteur ajoute une longue liste de témoignages à la gloire de cette Apiacée.

 

Charly et Sabine Rey, dans un article intitulé "la Cueillette et la culture des plantes sauvages" (in Valesiana, 2012) précise que :


Pour cicatriser les plaies, on utilise les feuilles d’impératoire en Valais central (terme agrou dans le patois du val d’Anniviers et agrô dans celui d’Ayent (Desfayes, 2002)), les feuilles du saxifrage à feuilles rondes à Saxon et le rhizome de l’ail victoriale (herbe à 9 chemises) à Troistorrents. Dans le canton de Vaud, on utilise aussi l’ophioglosse commun pour les mêmes vertus. L’impératoire est la plante médicinale par excellence des Valdôtains (Italie), davantage connue sous le vocable patois agrou (Armand, 1997).

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Symbolisme :


Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Impératoire (Peucedanum ostruthium) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mars

Élément : Feu

Pouvoirs : Protection ; Force ; Courage.


Utilisation magique : Les larges et belles feuilles d'Impératoire dégagent une forte odeur de céleri ; mais lorsqu'on broie les tiges, le suc laiteux, poisseux, qui s'en écoule sent tout à coup l'angélique ! Les petites fleurs (juin-août) blanchâtres ou rose pâle, groupées en grandes ombelles plates, ne sentent pas grand-chose et ne servent à rien. On dit que les feuilles, portées à même la peau, accroissent dans des proportions notables la résistance physique. En Europe centrale et dans les Balkans, les hommes qui avaient un gros effort musculaire à fournir (athlètes, travailleurs de force) se massaient le corps avec un onguent à base de jus d'Impératoire, feuilles, tiges et racines mélangées.

Cette plante entrait autrefois dans la composition du célèbre orviétan, électuaire dont la formule primitive serait, dit-on, due à Mithridate, mais a subi de nombreuses modifications au cours des âges. L'orviétan français, légèrement différent de l'orviétan italien, contenait à l'origine une soixantaine de produits végétaux, animaux et minéraux, dont certains du plus haut pittoresque, broyés et mis en pâte avec du miel, de l'opium, du vin de grenache et plusieurs huiles essentielles. Puis, de simplification en simplification, il ne contint plus guère que vingt substances, lesquelles tombèrent à quinze, et l'orviétan qui avait fait rêver tant de monde tomba dans l'oubli. A tel point qu'au XIX e siècle, à Paris, marchand d'orviétan était synonyme de charlatan.

Dans toute l'Italie du Nord, l'Impératoire a la réputation de stimuler la volonté ; c'est essentiellement une plante d'homme. Les qualités qu'elle développe sont le flegme, la maîtrise de soi, le sang-froid, le contrôle des émotions.

Les Tziganes hongrois en portaient en amulettes pour se protéger du mauvais œil.

Selon une ancienne tradition d'origine slave, de la poudre d'Impératoire, répandue en cercle autour de soi pendant qu'un pope fouette le sol avec une branche de bouleau, fait apparaître les esprits.

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Symbolisme celte :


Dans La Magie des Plantes, Douze mois avec la Sagesse des Plantes (Édition originale, 2017 ; Éditions Danaé, 2017), Sarah Kynes nous propose la notice suivante :


Le nom de l'impératoire vient du latin et signifie « dirigeant » ou « maître » ; la plante a été ainsi nommée en raison de ses propriétés médicinales. Le mot maître était autrefois un titre donné aux médecins. Au Moyen Âge, l'impératoire était cultivée en Europe, et sa racine servait communément come plante médicinale. De nos jours, elle sert surtout pour parfumer certaines boissons et comme plante d'ornement. Elle est associée à la force, au courage, et à la protection, et on avait coutume dans le Tyrol autrichien de purifier rituellement la maison ce jour-là en faisant brûler des racines d'impératoire.

Parce qu'il est difficile de trouver de l'impératoire, et qu'elle peut être dangereuse à manier, on la remplace souvent par de l'angélique. C'est en effet un bon substitut, parce qu'elle fait partie de la même famille botanique, les Apiaceae, et qu'elle ressemble même à l'impératoire. Les deux plantes ont de fortes qualités protectrices, et sont excellentes pour purifier et nettoyer les énergies négatives. [...]

Pour purifier votre maison, il vous faudra quelques morceaux de racine séchée. Mettez-les dans un encensoir ou un autre récipient résistant à la chaleur. Pendant que la racine brûle, faites le tour de votre maison et diffusez la fumée partout. Ceci va rafraîchir les pièces.

Si vous avez fait un vœu à Yule, notez-le et brûlez-le avec un peu de racine d'angélique pour sceller votre désir. Aussi, puisque c'est le jour de l'Épiphanie, faites brûler un peu d'angélique pour rendre hommage à une divinité de votre choix. [...]

L'Impératoire est associée au Feu, et sa correspondance astrologique est Mars.

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