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L'Ophioglosse

Dernière mise à jour : il y a 7 jours




Étymologie :


  • OPHIOGLOSSE, , subst. masc.

* Dans l'article "OPHI(O)-,(OPHI-, OPHIO-), élém. formant" Élém. tiré du gr. ο φ ι ς « serpent », entrant dans la constr. de termes sav. ou techn.

  • -GLOSSE, élément formant

Élém. formant issu du gr. γ λ ω ̃ σ σ α (att. γ λ ω ̃ τ τ α) « langue », servant à construire, avec un 1erterme directement ou indirectement issu du gr., des termes sav. du vocab. de l'anat. (indiquant une relation entre la langue et une autre partie du corps) et de la ling.


Autres noms : Ophioglossum vulgatum - Anelette - Herbe à daucune - Herbe à d'aucune - Herbe-aux-cent-miracles - Herbe sans côte - Herbe sans couture - Lance de Christ - Langue-de-Chien - Langue de serpent - Langue de vipère - Langue-du-Christ - Luciole - Ophioglosse commun - Ophioglosse des Alpes - Ophioglosse Langue-de-serpent - Ophioglosse vulgaire - Serpentaire - Serpentine -

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Botanique :


Pierre Mingard, dans un article intitulé "La langue de serpent Ophioglossum vulgatum L. dans le canton de Vaud. (Bulletin du Cercle vaudois de botanique., 1993, vol. 22, pp. 53-76) nous propose une description précise de l'Ophioglosse :


Description :

Ophioglossum : vient des mots grecs οϕις (ophis), serpent et γλϖσσα (glôssa), langue. Les langages populaires lui attribuent toute une liste de noms: Herbe-sans-couture, Herbe-aux-cent-miracles, Langue-de-Chien, Langue-du-Christ (BONNIER 1990).

Apparenté aux fougères et dont la famille (Ophioglossaceae) comprend entre autres les Botrychium, l’Ophioglosse se présente avec une fronde stérile ovale ou en losange, dépourvue de nervures, s’atténuant brusquement en pétiole qui s’enroule autour de la fronde fertile spiciforme: «l’épi de sporanges est allongé et étroit comme une langue de serpent» (BONNIER). Les plantes, généralement de 10 à 30 cm de haut, affectionnent les prairies et les clairières riches en humus et en sables calcaires (très rarement sur sol tourbeux). L’espèce est le plus souvent liée au Molinion, fréquemment parmi les Colchiques; j’ai été frappé par la richesse floristique des stations où elle est encore présente (Bex, Palueyres, Côte de Pin, Bremblens, vallon de l’Aubonne). La littérature ne fournit que très peu de renseignements sur l’écologie de l’espèce. Il semble toutefois qu’elle affectionne avant tout les sols bénéficiant d’une grande humidité, voire d’inondations en hiver et au printemps: «Le sol, longuement recouvert par les eaux au cours de l’hiver et du printemps passés, y est sablonneux» (BOULLARD 1954). Le même phénomène peut s’observer à Bex et dans le vallon de l’Aubonne. Une grande partie des stations vaudoises actuellement détruites étaient liées aux prés humides ou aux marais. Il semble également que cette espèce ait besoin de beaucoup de luminosité au sol pour se développer.

Ophioglossum vulgatum est une espèce collinéenne à montagnarde, rarement subalpine. Sa distribution générale comprend l’extrême nord de l’Afrique, l’Amérique du Nord, presque toute l’Europe, l’Himalaya, le Japon et le Kamchatka (MEUSEL 1978). La plupart des auteurs l’indiquent jusqu’à 1000-1100 m en Europe, bien qu’elle ait été observée à 1600 m au San Bernardino dans les Grisons (BRUNNER 1954). Elle est considérée comme peu fréquente. Très rare dans les vallées internes des Alpes, elle semble manquer totalement en Unterwald, Uri et Zoug

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de l'Ophioglosse :


Usages médicaux. Tous les auteurs, dit Tournefort, conviennent que cette plante est vulnéraire, soit qu'on s'en serve intérieurement ou extérieurement. Baptista Sardus, au rapport de Dodonée, prétendait guérir les hernies par l'usage de la poudre de cette herbe et toutes sortes de plaies par son huile faite par infusion. L'ophioglosse a été longtemps estimée tonique, vulnéraire, astringente et résolutive ; elle était usitée dans la leucorrhée, l'hémoptysie, les hémorrhagies, les contusions et les plaies. Nous ne sachons pas qu'on l'emploie encore aujourd'hui.

 

Dans Médecins, médecine et superstitions dans la Franche-Comté d'autrefois (Éditions Cabédita, 1995, 2003) de Jean-Louis Cladé, on apprend que :


Les feuilles d'ophioglosse ou langue de serpent (plante archaïque, voisine des prêles et des fougères) permettaient la confection d'une liqueur ou baume que les gens de la campagne appliquaient efficacement sur les plaies. Les Bisontins négligeaient ce médicament, dit l'auteur, alors que cette plante abondait du côté de Palente (lieu dit Bisontin)

 

Charly et Sabine Rey, dans un article intitulé "la Cueillette et la culture des plantes sauvages" (in Valesiana, 2012) précise que :


Pour cicatriser les plaies, on utilise les feuilles d’impératoire en Valais central (terme agrou dans le patois du val d’Anniviers et agrô dans celui d’Ayent (Desfayes, 2002)), les feuilles du saxifrage à feuilles rondes à Saxon et le rhizome de l’ail victorial (herbe à 9 chemises) à Troistorrents. Dans le canton de Vaud, on utilise aussi l’ophioglosse commun pour les mêmes vertus.

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Dans le pays de Tréguier on met des matelas de flèche dans le lit des petits garçons malades, et des ballières d'avoine dans celui des filles. On retrouve en Poitou un parallèle de cette croyance : l'herbe de la Saint-Jean (Ophioglossum vulgare) sert à guérir les plaies ; celle qui est munie d'un épi est pour les hommes, celle qui n'en a pas est pour les femmes.

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Symbolisme :


Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Ophioglosse (Ophioglossum vulgatum) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Lune

Élément : Eau

Pouvoir : Guérison.


Cette curieuse petite plante (de 15 à 20 cm) de tourbières et de marécages se présente sous la forme d'une souche courte d'où part une feuille unique, ovale. Un épi de sporanges, pointu et allongé comme un dard, s'élance hors de cette feuille, d'où la ressemblance frappante avec une langue de vipère. Le nom botanique, Ophioglossum, veut d'ailleurs dire « Langue de serpent ».


Utilisation magique : Depuis très longtemps, l'Ophioglosse sert traditionnellement à cicatriser les plaies infectées. Quand la feuille est munie de son épi, on l'emploie pour les hommes ; sans épi, elle sert pour les femmes.

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Richard Montvoisin dans un article intitulé "La Tour-sans-Venin Une histoire qui ne manque pas de piquant", publié dans Les Enquêtes de l'Observatoire Zététique de Grenoble rappelle cette superstition :


On faisait également de l’ophioglosse, qui ressemble à une queue de serpent, un onguent d’un beau vert employé contre la morsure des reptiles.

 


Symbolisme alchimique :


Félix Vicq-d'Azyr, auteur d'une Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières : médecine, Volume 11 (Éditions Panckoucke, 1824) mentionne l'utilisation alchimique de l'Ophioglosse :


L'Ophioglosse commune ou indigène se trouve dans les terrains humides : ses feuilles ont une saveur assez douce. Certaines traditions populaires attribuaient à l'huile dans laquelle on avait fait macérer des feuilles d'Ophioglosse, des propriétés vulnéraires, que l'expérience n'a pas plus confirmées que les propriétés anti-leucorrhéiques, antihémorragiques, etc. attribuées à la même plante. Nous ne devons pas terminer cet article, d'ailleurs assez peu important, sans rappeler à ceux de nos lecteurs, qui attachent quelque prix à l'histoire des folies humaines, que l'Ophioglosse a joué autrefois un très grand rôle parmi les alchimistes, qui ne l'estimaient guère moins que la Lunaire et Nosloch, dans leurs mystérieuses opérations. Ils la désignaient alors sous le nom luciola, en supposant qu'elle brille d'un éclat phosphorique pendant la nuit, ce qui mériterait d'autant plus d'être constaté par les naturalistes, que plusieurs savants recommandables, tels que Simon Pauli & Jean Bobin, ont admis cette phosphorescence.

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