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L'Avoine


Étymologie :

  • AVOINE, subst. fém.

ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xiie s. aveine « plante céréale de la famille des graminées ; la graine de cette plante, destinée à la nourriture des chevaux » (Eneas, éd. Salverda de Grave, 355 : Et requeron altre contree O vitaille seit mielz trovee, Eve dolce, feins et aveine As chevals ki vivent a peine), forme la plus en usage jusqu'à la fin du xviie s. (Rich. 1680), ne se maintenant plus par la suite que dans le nord-ouest de la France (Moisy, Verr.-On.) ; ca 1200 avoine (Chans. d'Antioche, VII, 414 ds Gdf. Compl.) seule forme retenue ds les dict. dep. Fur. ; xve s. avene (Grant Herbier, n°57 ds Gdf. Compl. : Avena, c'est une herbe dont le grain est ainsi appellé avene), graphie usitée seulement jusqu'à la fin du xvie s. (Baïf, Eglogue, 19 ds Hug.) ; 1690 fig. loc. proverbiale et fam. gagner son avoine (Fur.) ; 2. ca 1165 p. synecdoque avainne « champ semé d'avoine, quand celle-ci est encore sur pied » (Chr. de Troyes (?), G. d'Angleterre ,éd. W. Fioerster, 1771 : Qui pasturoit an une avainne), forme qui, ainsi que la forme aveine (fin xiie s.), ne se trouve que jusqu'à la fin du xvie s. (Gauchet, Plaisir des Champs ds Hug.) ; ca 1178 gén. au plur. avoines (Renart, Br, IV, 63 ds Gdf. Compl.) ; 3. mil. xvie s. aveine « flûte rustique faite au moyen d'une tige d'avoine » (Ronsard, Amours de Marie, Le Voyage de Tours, I, 169 ds Hug. : Voila comme il te prend pour mespriser ma peine Et le rustique son de mon tuyau d'aveine), se rencontre aussi sous les formes avaine, avéne, attesté princ. au xvie s. (Hug.). Empr. au lat. avena, 1 (considérée comme mauvaise herbe) dep. Ennius (Protrept. frg. ds Priscien, Gramm II, 532, 18 ds TLL s.v., 1308, 45), attesté notamment au plur. steriles avenae « folle avoine » (Virgile, Ecl., 5, 3, ibid., 82) ; 3 (Id., op. cit., 1, 2, ibid., 1309, 33). La forme anc. aveine (xiie-xvie s.) régulière a été cependant supplantée dep. le xviie s. par la forme avoine qui est peut-être un vocalisme dial. de l'Est (Lorraine, Bourgogne) où la nasalisation n'a eu lieu qu'après le passage de eià oi (G. Straka, Rem. sur les voyelles nasales ds R. Ling. rom., t. I9, 1955, p. 261 ; Fouché t. 2, 1969, p. 376, rem I) ; cependant, si on peut admettre une prépondérance de la forme dial. pour avoine (comme pour foin), ces formes ayant pu être apportées de l'Est avec le fourrage ou la céréale, on ne saurait la reconnaître pour moins (a. fr. meins) et moindre (a. fr. meindre). Aussi semble-t-il préférable de voir dans ê > wê le résultat d'une infl. de la consonne labiale précédente, sensible un peu partout au Moyen-Âge − en dehors de la région de l'Est − [il] abaie > aboie ; armaire > armoire ; mains > moins etc. Fouché, ibid., p. 377, rem II) ; v. aussi G. Straka, loc. cit., 261, note 3. La prononciation avoine qui l'a emporté, fut celle de la Cour : 1647, Vaugelas cité par Fouché, ibid. : Il faut dire avoine avec toute la cour, et non pas aveine avec tout Paris ; v. aussi Meyer-Lübke ds Literaturblatt für germanische und romanische Philologie, 40, col. 378.


Lire également la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Avena sativa ; Bambiche ; Follette ; Herbe à la barbe ; Herbe aux pommes de terre.

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Botanique :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes et s'interroge plus particulièrement sur l'influence de la musique sur les plantes :

Nous avons reproduit plusieurs fois la même expérience à l'identique, toutes conditions étant égales par ailleurs, en variant les émissions musicales ; les résultats montrèrent que ces expériences ne sont qu'imparfaitement reproductibles ; rompus à une longue pratique de la biologie, nous n'en avons pas été autrement étonnés : le nombre de paramètres mis en œuvre dans de telles expériences étant fort élevé, l'isolement d'une variable unique, la musique choisie - et encore celle-ci se décompose-t-elle en de multiples sous-paramètres -, n'est pas aisé. Sans doute faut-il y voir l'explication pour laquelle les scientifiques n'ont pratiquement jamais publié sur le sujet. Car une parfaite reproductibilité, du moins en biologie, reste le critère de base d'une expérimentation recevable.

Toutefois, sur les neuf échantillons de végétaux mis en expérience, sept ont vu leur croissance accélérée par la musique, et ce, dans des proportions statistiquement significatives ; ce qui permet d'affirmer sans aucune hésitation que les plantes sont effectivement sensibles à la musique.


Chaque plante a réagi à sa manière. Certaines ont poussé plus vite que d'autres : c'est notamment le cas de l'avoine, des lentilles et du chlorophytum, fort sensibles à la musique de Vivaldi et de Mozart.

 

Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions supplémentaires sur l'Avoine :


L'Avoine, l'engrais vert pour rester vert : On ne rappelle jamais assez l'importance de couvrir les sols en hiver. Loin de la polémique bêcher / ne pas bêcher, à laquelle chacun répondra en fonction de ce qu'il ressent et de son expérience même si, pour ma part, j'évite tout retournement du sol, il est un point qui ne prête pas à discussion : il est impératif de couvrir sa terre le plus possible, particulièrement en hiver. Rappelons-nous qu'il n'existe que trois types de sols laissés nus : les déserts de sable, les déserts de glace et... les terres cultivées. Cherchons l'intrus...

Pour couvrir, protéger et apporter de l'azote au sol pendant la morte-saison, ma préférence va à un mélange moitié féveroles moitié avoine. Les premières fixent l'azote atmosphérique, tandis que la seconde a un effet couvrant et décompactant, tout en agissant comme un véritable repoussoir à adventices. Sans oublier que les deux, d'un beau vert tendre, sont un vrai régal à voir en hiver se moquer des gelées régulières ! Contempler son jardin comme illuminé de ce vert bien particulier après un petite épisode neigeux, par exemple, quand cette dernière a doucement fondu, est un spectacle toujours renouvelé dont je ne me lasse pas.

C'est donc à l'origine pour des raisons purement agronomique que j'ai choisi d'employer l'avoine parmi toutes les céréales que l'on peut encore semer fin octobre, quand l'essentiel des cultures du potager est récolté. J'aurais pu me douter que, si tout travail mérite salaire, tout travail supplémentaire comme de semer des engrais verts, mérite salaire supplémentaire. C'est en tout cas ce que j'ai découvert il y a peu : il suffit de patienter quelques mois pour que l'avoine fleurisse et d'employer la plante entière en décoction pour profiter de ses nombreux acides aminés, excellents reconstituants et stimulants, entre autres sexuels. De plus, l'avoine contient de l'avénine, une protéine qui aurait aussi pour vertu - deux précautions valent mieux qu'une - d'augmenter la production de testostérone. Bref, un engrais vert polyvalent. Très polyvalent.

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Bienfaits :


Selon Hildegarde de Bingen, auteure de Physica, Le livre des subtilités des créatures divines, les plantes, les éléments, les pierres, les métaux, les arbres, les poissons, les animaux et les oiseaux (édition originale 1151-1158 ; Édition Jérôme Millon, Grenoble, 2011),


"L'avoine est chaude, elle a un goût piquant et une odeur forte ; elle constitue une nourriture généreuse et saine pour les gens en bonne santé : elle leur donne une âme joyeuse, une intelligence nette et claire, un beau teint et une chair pleine de santé. Pour ceux qui sont un peu affaiblis, mais pas trop, elle est bonne à manger, tant en pain qu'en farine, et elle ne leur fait pas de mal. Mais, pour ceux qui sont bien malades et de nature froide, elle n'est pas bonne à manger, car elle recherche toujours la chaleur. Et si l'un de ceux-là mange du pain ou de la farine d'avoine, les aliments se coagulent immédiatement dans son ventre et pourraient provoquer en lui des écoulements d'humeurs, sans lui donner de forces, parce qu'il s'agit d'aliments froids. Si quelqu'un est paralysé, et a, pour cette raison, l'esprit brisé et de vaines sonneries, si bien qu'il en perd un peu la tête, il faut jeter des pierres brûlantes dans un bain chaud contenant de l'avoine et de l'eau qui a servi à la faire cuire ; répéter plusieurs fois, il reviendra à lui et retrouvera la santé.

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Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Un remède qui, dans les hautes montagnes, passe pour être le meilleur fortifiant, est la Rutza, rôtie de pain d'avoine bien pure trempée chaude dans du vin chaud sucré. Plusieurs fois arrivant dans les chalets, couvert de sueur ou trempé par la pluie, il m'en a été offert, et il m'en est resté un souvenir agréable.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Travaux de propreté - La propreté des chalets n'est pas toujours méticuleuse ; les ustensiles de ménage, ceux employés pour la fabrication du beurre et des fromages ne brillent qu'autant que les chalaisans peuvent récolter dans le voisinage le paturin du Mont-Cenis, l'avoine des éboulis, l'encliosen ou chiendent, dont les rhizomes servent à frotter ces ustensiles.




Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


D'après un récit des environs de Dinan, c'est une sorcière qui a produit le havron ou avoine sauvage. Sous la figure d'une mendiante, elle supplia une jeune femme qui allaitait son nourrisson sur le pas de sa porte, de lui donner une tasse de son lait pour sauver un enfant malade. La nourrice rentra à la maison, et dit à sa grand'mère la demande qui venait de lui être faite, mais celle-ci l'avertit que la pauvresse voulait sans doute lui jeter un sort, et elle composa avec de la farine de blé et de la farine d'avoine une boisson qui ressemblait à du lait ! La sorcière fit sur ce breuvage une conjuration pour empoisonner tous les enfants élevés au sein mais grâce à la précaution de la vieille le blé et l'avoine en souffrirent seuls, et de plus, pour leur nuire, la sorcière produisit le havron qui les étoufferait si on n'avait grand soin de l'arracher. [...]

Suivant une croyance très répandue, les esprits qui ont étourdiment renversé un vase contenant un grand nombre de grains d'une nature quelconque, mais petits, sont obligés, avant de pouvoir recommencer leurs espiègleries, de les ramasser et de les compter ; d'ordinaire ils y renoncent et l'on est débarrassé d'eux pour toujours. On emploie pour arriver à ce but les graines de plusieurs plantes. En Corse, la besogne imposée au follet est accompagnée d'une sorte de conjuration : on mélange par terre un sac de blé et un sac d'avoine, d'orge ou de riz et l'on dit à l'esprit : « Tu vas me pans trier cela et mettre le blé dans le sac. » [...]

Les préservatifs végétaux destinés aux bêtes sont d'ordinaire l'objet d'observances chrétiennes préalables : à Broye-les-Fresnes (Franche-Comté), on fait bénir à la messe, le jour de saint Antoine, un chaudron d'avoine avec un morceau de pain salé, et on distribue ces grains, après l'office, au bétail, aux porcs, aux poules pour les empêcher d'être malades. [...]

En dehors des verrues on a relevé peu d'exemples de la guérison à distance obtenue au moyen de plantes. Dans la Brie champenoise, on mettait dans un baquet d'eau un certain nombre de grains d'avoine rôtie et les points de côté s'y précipitaient à l'instant ; dans la Meuse, on place sur un verre d'eau autant de grains que l'on ressent de douleurs, et l'on fait le signe de la croix chaque fois qu'il en descendra un au fond du verre : autant de grains immergés autant de points disparus.

La ressemblance assez lointaine du grain d'avoine avec la verrue avait peut-être suggéré la pratique lorraine de les piquer avec un de ses grains. [...]

Dans le Mentonnais, pour savoir s'il est midi, il faut tenir entre le pouce et l'index un épi d'avoine et cracher dessus : les pailles se mettront à tourner jusqu'à ce qu'elles soient en ligne avec midi. Dans le Doubs pour voir s'ils iront en Paradis, en Enfer ou en Purgatoire les enfants font passer une tige de graminée encore verte le plus délicatement possible entre le pouce et l'index, tout en la serrant de façon à en faire sortir une goutte de sève par le bout coupé. Si la gouttelette se présente bien formée sans pencher ni à droite ni à gauche, c'est le paradis pour celui qui fait l'expérience, le purgatoire si elle penche, et l'enfer si la sève n'est pas assez abondante pour former une goutte. [...]

Dans le Mentonnais on fait un paquet de deux longues feuilles de blé ou d'avoine placées à angle droit et pliées l'une sur l'autre, puis on le déplie : on a deviné juste si, à la fin, une feuille se trouve en dehors du dernier pli. [...]

Les petits garçons d'Ille-et-Vilaine et ceux de Picardie fabriquent une petite sarbacane avec un chaume de blé ou d'avoine percé aux deux bouts, et dont une partie est rabattue, de façon qu'un pois ou une petite pierre y reste jusqu'au moment où on le chasse en soufflant avec force.

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Symbolisme :


Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Avoine (Avena sativa) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Vénus

Élément : Terre

Pouvoirs : Argent ; Divination


Utilisation magique : Dans l'Antiquité, cette céréale servait aux vœux et aux charmes de prospérité matérielle. On faisait aussi germer les grains à des fins de divination.

Cette tradition a été perpétuée par les sorciers des campagnes. Dans la région de Remoulins (Gard), on appelait crevelet ou crevèu un tamis en parchemin servant à nettoyer les grains, les pois, les petits légumes, etc. Était-on l'objet d'un vol, d'une malveillance, on allait aussitôt consulter la femme D... pour connaître l'auteur du méfait. Celle-ci mettait son crevelet à l'extrémité de ciseaux tenus à bout de bras. Le demandeur y jetait alors une poignée d'Avoine et racontait l'incident ou l'accident, en nommant les personnes soupçonnées. Quand le nom du ou de la coupable était prononcé, les grains sautaient, dansaient avec un bruit d'enfer à l'intérieur du crevelet qui bientôt se mettait à tourner à toute vitesse sur les ciseaux faisant pivot.

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Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :


Les Romains ne l'estimaient pas et la considéraient comme le démon des blés tandis qu'une légende des environs de Dinan attribue à une sorcière la création de l'avoine sauvage. A l'inverse, une autre croyance bretonne en fait une création divine. Quant aux fées, elles affectionnent, paraît-il, le gruau d'avoine.

Quoi qu'il en soit, cette céréale porte chance au jeu, à condition d'en avoir sept grains dans sa poche, et est dotée de nombreux pouvoirs bénéfiques : en mettre dans le lit des petites filles malades suffit à les guérir (Bretagne) et faire manger au bétail, aux porcs et aux poules, des grains bénis à la messe le jour de la Saint-Antoine les protègent de tous les maux.

Pour se guérir de la fièvre, il faut se rouler le matin de la Saint-Jean dans la rosée d'un champ d'avoine. Dans les campagnes béarnaises, ceux qui souffraient de la gale devaient, ce même jour de préférence et avant le lever du soleil, y déambuler complètement nus en répétant sans cesse les paroles suivantes :


Nettoie-moi bien, fraîche rosée,

Sens comme je suis galeux ;

Vois combien se trouve entaché

Tout mon corps des pieds à la tête.

Des pustules, des démangeaisons,

Si tourmentante misère,

Veuille bien me débarrasser

Dans cette avoine :

Car si tu fais que bientôt je guérisse

Nuit et jour je veux te bénir.


Le galeux ne devait pas passer là où avait marché un autre malade, au risque de conserver sa maladie pendant neuf ans.

Des grains d'avoine grillés, jetés dans un baquet d'eau ou une source, attirent à eux les points de côtés et, par conséquent, soulagent celui qui en est affligé. Mettre dans un verre d'eau autant de grains que l'on a de points de côté a le même effet : ils disparaissent au fur et à mesure que les grains tombent au fond du verre, à condition de faire, à chaque fois, le signe de croix (Meuse). On pique également les verrues avec des grains d'avoine pour les faire disparaître (Lorraine) à moins que l'on préfère cette recette du Languedoc : "Faire griller de l'avoine dans une bassinoire. Lorsqu'elle l'est suffisamment, on verse un verre de vinaigre et on remue toujours au-dessus du feu. Quand la vapeur s'élève, on verse l'avoine dans un sac, préparé d'avance, et on applique sur la partie atteinte".

En Provence, jusqu'à la fin du XIXe siècle, une jeune fille introduisait quelques grains d'avoine dans la poche de celui qu'elle voulait éconduire. "Avoir reçu l'avoine" signifiait non seulement qu'on avait été débouté mais aussi que, grâce à ce remède efficace, on ne pouvait plus éprouver de sentiments amoureux.

Comme le riz et le blé, mais dans une moindre mesure, cette céréale peut jouer un rôle dans les rites de mariage où elle semble liée à des vœux de prospérité : dans le Jura, la mère du marié jetait des grains d'avoine aux époux par la fenêtre de l'étage supérieur. Une coutume similaire existait en Irlande où on présentait au nouveau couple une assiette de farine d'avoine. Dans la tradition russe, on lançait les grains sur les mariés et leurs invités au retour de l'église ; ceux qui parvenaient à en attraper le plus dans leur chapeau devaient devenir les plus riches de l'assemblée. Les Polonais accordent la même signification à l'avoine jetée le jour de Noël à la sortie de l'église : "Personne, au fond, ne peut expliquer cet usage ni l'époque dont il date. Un évêque russe à qui nous avons demandé conseil croit qu'il faut le rapporter au souvenir de la crèche dans laquelle le Christ fut couché ; il pense que l'on jette cette avoine à l'âne et au bœuf qui l'ont si bien accueilli".

On dit que les barbes d'un épi d'avoine, lorsqu'on crache dessus, montrent la position du soleil à midi ; c'est un moyen employé par les paysans de la région de Menton.

Semé en vieille lune, l'avoine ne donnera que de la paille. En Beauce, il faut manger des crêpes le jour de la Saint-Antoine pour obtenir une bonne récolte d'avoine.

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), décrit ainsi l'avoine :


"Il s'agit d'une herbe annuelle qui produit un grain comestible connu partout dans le monde. Ses tiges peuvent atteindre une hauteur de un mètre et les fleurs sont petites et verdâtres.


Propriétés médicinales : C'est un antispasmodique très puissant ; sa valeur nutritive et sa digestibilité en font un atout majeur dans la diète des patients en convalescence, particulièrement ceux souffrant de gastro-entérite ou de dyspepsie. L'extrait d'avoine est un tonique prodigieux pour calmer les nerfs et les spasmes utérins. On peut aussi s'en servir dans le bain pour soulager les douleurs arthritiques et rhumatismales.


Genre : Féminin.


Déités : Déméter ; Vénus.


Propriétés magiques : Prospérité et argent.


Applications :

POUR ATTIRER LA CHANCE ET LA PROSPÉRITÉ

Ce dont vous avez besoin :

  • un petit pot de verre vert

  • trois pièces de dix centimes

  • une chandelle verte

  • de l'encens de vétiver ou de cannelle

Rituel : Allumez une chandelle verte et de l'encens de vétiver (ou de cannelle).

En remplissant tranquillement votre petit pot d'avoine, concentrez-vous sur la prospérité et l'argent que vous voulez dans votre vie. Ajoutez ensuite les trois pièces de monnaie (ou toute autre pièce en argent). Une fois que c'est fait, récitez sept fois l'invocation suivante :


J'en appelle aux dieux et déesses de la prospérité

Ouvrez-moi les portes de la bonne fortune

Afin que je connaisse les plaisirs de celle-ci

Et que ma prospérité profite à tous ceux qui m'entourent. Qu'il en soit ainsi !


Agitez le pot plusieurs fois pour faire tinter les pièces de monnaie et gardez-le sous votre lit.

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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de l'Avoine (Avena sativa) :


Mot-clef : Simplement être


« Chut, chut, chut », murmure l'avoine lorsque vous faites courir vos doigts sur ses épis. « Chut, chut », dit-elle lorsque le vent se lève et tente de troubler son calme imperturbable. Si la brise continue, elle va grommeler à voix basse, mais d'un ton bon enfant, et ce sera la seule réaction que vous obtiendrez d'elle. Elle va vite se frotter contre ses sœurs en riant discrètement et en murmurant que tout est vraiment bien en dépit de ce que le vent, les ondes radio ou Internet ont à dire. Quand vous commencez à stresser, l'avoine vous sourit doucement et passe ses doigts dans vos cheveux : « Arrêtez de vous débattre sans fin avec vos pensées, chuchote-t-elle. Apaisez-vous au vent, ouvrez-vous au ciel et ancrez-vous dans la terre pour saisir la vérité de cet instant précieux. »


Rituel : Bain d'avoine

Apprenez à connaître l'avoine plus intimement avec un gommage ou un bain à l'avoine ! L'avoine adoucit votre peau et apaise vos nerfs.

GOMMAGE : Prenez une poignée de flocons d'avoine (ceux que vous utilisez pour cuisiner) et déposez-la au centre d'un carré de tissu. Repliez les côtés du tissu sur les flocons d'avoine pour former un petit paquet et fermez-le avec un élastique. Utilisez ce gommage la prochaine fois que vous prendrez une douche.

BAIN : A l'aide d'un blender ou d'un moulin à café, réduisez en poudre une tasse de flocons d'avoine. Si vous avez des roses, de la lavande ou des fleurs de camomille séchées, réduisez-les en poudre, elles aussi, et ajoutez-les à la poudre d'avoine. Si vous avez envie d'huiles essentielles, mélangez 3 à 5 gouttes de l'huile essentielle de votre choix dans 1/4 de tasse de sel marin ou de sels de bain, puis ajoutez ce mélange au précédent. Une fois que votre mélange final forme une poudre fine, versez-le dans l'eau chaude de votre bain. Si la poudre n'est pas suffisamment fine, mettez-la dans une mousseline ou un carré de tissu (comme indiqué ci-dessus) avant de la plonger dans l'eau du bain, pour éviter de boucher vos canalisations. Vous n'avez plus qu'à vous glisser dans votre baignoire et à vous détendre.


Réflexion : Faire silence en soi

Pouvez-vous simplement être ?

Pouvez-vous vous débarrasser de vos attentes et de votre besoin de savoir ?

Pouvez-vous lâcher votre quête de réponses à vos questions ou de conclusions à vos histoires ?

L'avoine vous le demande. Dans un sens, c'est un peu comme la méditation - vous flottez dans un espace doux et laissez vos nerfs se détendre. Et cela réclame de la pratique. Pouvez-vous vous offrir une minute de cette douceur ? Deux ? Vingt-cinq ?

Observez si votre mental se rebelle à la pensée de rester dans son silence intérieur.


« Pratiquer la méditation, ce n'est pas vouloir jeter tout de soi pour devenir meilleur, c'est entrer en amitié avec soi-même. »

(Perma Shödrön, The Wisdom of No Escape)

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


L'Avoine représente le partage homogène de forces qui se répandent. On peut comparer cela au chameau dans le désert, qui sait partager, répartir sa réserve d'eau sur toute une période, de façon à pouvoir vivre sans eau pendant plusieurs jours. La sphère de l'Avoine nourrit et pourvoit au nécessaire de façon honnête et équitable, de telle sorte qu'aucun élément (en l'homme) ne soit en manque... L'Avoine a l'intelligence du partage : pas tout en une fois ! Elle a de l'endurance, elle consomme progressivement, elle ne force pas les choses, mais elle dispose néanmoins d'une alimentation permanente en énergie. Au lieu qu'il y ait des excès soudains et qu'ensuite il n'y ait plus rien, elle préfère tenir compte (inconsciemment) de périodes d'insuffisance, de périodes de pénurie. Il y a un partage uniforme entre tous les éléments du corps ainsi que du contenu psychique.

La sphère de l'Avoine qui est en l'être humain entretient le feu et veille à ce qu'il ne manque pas brusquement de combustible (d'énergie vitale) ; qu'il dispose toujours d'une réserve parce qu'il manie et assimile tout de façon économe et correcte, parce qu'il n'agit pas de façon prodigue ou qu'il ne se lance pas dans une situation dans laquelle il se viderait entièrement. Il se protège toujours lui-même ; il a toujours une dose d'énergie en réserve. Il ne se perd jamais dans une activité, dans quelque chose ou dans quelqu'un. Lorsque les autres n'ont plus rien, lui par contre a toujours une petite réserve. Il n'est jamais fauché comme les blés mais prend bien soin de lui-même et pourvoit à l'approvisionnement de son être. Il entretient la vie en lui ; personne ne peut lui enlever cela. Il est capable de préserver l'énergie vitale qui est en lui, de la doser, de la "diviser", de la "fissionner" (ce qui permet la libération d'un maximum d'énergie) lorsque c'est nécessaire.

La sphère de l'Avoine partage tout jusque dans les plus petits points du corps, de la psyché, du cerveau, des nerfs, des vaisseaux sanguins, etc. ... : l'Avoine symbolise ce sens de l'équité qui est inhérent à la Nature même qui nourrit solidement chacun de ses éléments et qui les pourvoit du nécessaire, sans défavoriser aucune partie. L'être humain qui est relié à ce JE authentique et naturel sentira qu'aucune partie de son âme-et-corps n'est négligée. Il est en parfaite santé : tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

L'Avoine a une vue à long terme : il est prévoyant et il sait économiser certaines forces pour qu'il puisse les utiliser lorsque c'est vraiment nécessaire ; et même alors il garde toujours en lui une certaine réserve, au cas où il en serait dépourvu.

Celui qui aime l'Avoine (et les flocons d'Avoine) attache souvent trop d'importance à des futilités, peut-être à son apparence, à son aspect extérieur. "Quelle est l'impression que je fais ?"; s'interroge-t-il. Il veut présenter bien face au monde extérieur ; il veut être apprécié. "M'as-tu vu ? Vois-tu ma nuque fière et ma crinière splendide ?" Il est trop axé sur les dehors sous sa "forme physique". Il se préoccupe trop de ses muscles en tant que tels, de la tension de ses muscles... mais il se rend insuffisamment compte de la valeur, de la force intérieure, de sa source originelle qui sont à l'origine de ce corps. Il se focalise sur son côté extérieur et il se branche trop peu sur la vraie source vivifiante qui est en lui.

Celui qui raffole d'Avoine aime paresser au soleil, bien que son corps lui demande de manier ses énergies de façon bénéfique ! Il vit en fait d'une façon un peu émoussée, en étant coupé de son vrai Contenu profond, qui est passionnant. C'est comme la fleur qui ne s'identifie qu'à l'éclat de ses pétales jaunes et qui oublie son noyau plein de richesse. La matière, séparée de la Source, s'épuise et dépérit. La véritable Source immortelle, la Jeunesse et la Force de la Joie commencent par l'union entre l'âme et le corps, entre le contenu (le fond) et la forme. Celui qui s'identifie uniquement à la couche extérieure de lui-même, à son corps, à une apparence fière... est comme "sans âme". Il ne peut pas vraiment "vivre" ; il laisse sa "matière" retourner à la "poussière". Il ne se nourrit pas à la Source intérieure, mais il se laisse tout simplement consumer. L'Avoine incite l'être humain à se mettre en quête de la Source Vivifiante, qui est en lui et qui le pourvoira à tout jamais d’Énergie, à condition qu'il se relie à elle ; il "Soutiendra" toujours son élan vital, sa flamme ne s'éteindra jamais, tant qu'il ne s'identifiera pas purement à un je extérieur et superficiel, détaché de la Source intérieure.

Cet être humain devra se mettre à la recherche de son Je profond, de sa Base réelle, de son Fond véritable, de son Noyau intime. Il entrera en contact avec son véritable Moi : ici commence le vrai curant vital. Il renonce à tout "sentiment de façade", à toute fierté superficielle. Il sait qu'il est condamné à mourir s'il prend le Masque pour le Contenu.

L'Avoine indique à l'homme le chemin vers une répartition homogène dans le corps entier d'énergies vitales internes : le corps ne peut se passer de sa source de vie ; l'existence de l'un dépend toujours de l'autre. L'être humain doit se rendre compte de la valeur de cette énergie de base et il s'ouvrira à elle. Il devra rompre avec le principe du vase "vide" et creux, qui est fier de son apparence... mais il n'y a rien dedans.

Cet Être humain devra prendre conscience de sa valeur profonde. Et de ce fait il n'aura plus le désir d'attirer, d'aspirer vers lui ni des choses ni des gens. Il ne demandera alors non plus pas qu'on prête attention à sa forme - purement - extérieure, à son égo superficiel,... comme le vase vide... Il prend à présent conscience de sa Plénitude : ce n'est qu'à partir d'ici que sa vraie vie commence, que le bonheur peut naître. Plus de convoitises, fini le désir de vouloir qu'un autre le trouve bien ou "attirant" à l'extérieur. Il EST tout simplement lui-même ! La sphère de l'Avoine veille maintenant - à condition qu'il soit relié à sa source d'énergie interne - à ce que l'énergie vitale se répande et se répartisse uniformément sur tous les éléments : tant psychiques que physiques.

Cette sphère vivante en l'être humain le nourrit et fait qu'il ne manque jamais de rien, afin qu'il puisse se sentir parfaitement bien, fort, plein de joie, vivant et bien nourri.

Il est fort psychiquement, il est fort physiquement : parce qu'il se branche sur son Noyau intime, parce qu'il ne prête plus aucune attention à l'apparence-séparée-du-contenu, parce qu'il n'existe (1) plus d'importance à son aspect extérieur en le séparant du contenu, car il n'existe plus pour être "vu" et approuvé par les autres, pour tâter et juger ses muscles et pour les rendre "parfaits"... Il VIT à présent en tant qu'être humain DE PLEINE VALEUR et il ne considérera jamais le corps détaché de son contenu puissant. A présent, il ne s'efforce plus de satisfaire les autres, par exemple dans le domaine du sport, de plaire dans le domaine des apparences, etc... Il ne vit plus à ce niveau superficiel : il s'oriente vers ce qu'il y a de plus beau et e plus élevé en lui. La Source de Vie intérieure répartit ses énergies de façon équilibrée sur le corps entier, sur la totalité de l'être "homme". [ou femme bien sûr]

Les sentiments de vide, de faiblesse de désarroi et de dépression ne peuvent faire leur apparition que si l'homme n'est pas branché sur son JE véritable, s'il reste accroché uniquement à un niveau de son être qui est superficiel et dénué de sens. Il ne pourra sortir de son impasse qu'en se tournant vers ses profondeurs intimes, en allant à la recherche des forces en lui qui sont vraiment vivifiantes. Il devra rompre, parfois de façon radicale, avec le chemin qu'il a suivi auparavant. Il n'est plus axé sur des valeurs extérieures, mais il se met en quête de la véritable beauté qui rayonne de l'intérieur dans son corps. Il sentira comment la vie peut couler en lui... à l'infini... à condition qu'il se branche sur cette vraie vie.

Il n'est plus confronté à la moindre incapacité : il se sent devenir vigoureux. Il éprouve comment ses muscles et son corps sont nourris par une force intérieure ! Il croit davantage en lui-même ; le cercle commence à tourner. L'être humain qui croit en ses belles forces intérieures, en sera nourri ; l'expérience qui consiste à sentir comment ses énergies vitales et leur rayonnement pénètrent et nourrissent solidement sa tête, son cerveau, son esprit entier, son corps..., cette expérience est miraculeuse et stimule l'être humain, parce qu'elle a pour résultat qu'il croit encore davantage en les valeurs profondes de la source de vie.

L'Homme-Avoine fait bien de croire en la force de cette source de vie qui est en lui et il en sera agréablement surpris ; néanmoins elle refusera de le "nourrir" (e le privant des minéraux, des vitamines nécessaires, etc...) s'il se détourne d'elle pour s'accrocher à un monde factice, au côté extérieur et superficiel de lui-même. Autrement dit : on n'a pas besoin de manger de l'Avoine pour se sentir fort, tranquille et bien dans sa peau (quoiqu'on ne doive pas s'en empêcher, bien sûr), mais le désir d'Avoine dit clairement ceci : "Si tu te branches sur la sphère de l'Avoine en toi-même - cela veut dire le partage Sage, équilibré et homogène de l'énergie vitale dans la totalité de ton Être, en te reliant à ta force motrice intérieure -, la vie peut durer éternellement en toi et tu peux garder la jeunesse éternelle..., ta Source vivante te nourrira, de telle sorte que tu pourras vivre dans une condition parfaite, tant physique que psychique, et cela à tout jamais."

Grâce à ce partage nourrissant et équilibré, la sensation en l'homme d'être vraiment Vivant et Fort en sera toute confortée. Les sentiments de fatigue, de faiblesse, d'indolence et de dépression disparaissent chez l'être qui est branché sur la Foi en cette Source intérieure.

La sphère de l'Avoine représente l'inépuisable source nourricière de la MANNE : la nourriture sera toujours disponible, tant que l'homme croira en la capacité inépuisable de sa Source intérieure et divine. Il ne devra pas chercher HORS de lui-même : il devra se relier à ces richesses que son être renferme, à ce qu'il y a de plus beau et de plus vigoureux en lui. Il se fortifie en se branchant sur la lampe éternelle qui brûle dans ses profondeurs. Il ne galvaude pas sa belle énergie en remplissant sa vie de jouissances superficielles qui n'assouvissent que passagèrement ses convoitises : l'Avoine regarde beaucoup plus loin, plus en profondeur, plus en largeur... elle considère tout à long terme et n'aime que les belles choses qui sont faites pour durer : parce qu'elles sont en harmonie avec l'Énergie Vitale. L'Avoine n'aime pas "la beauté éphémère", car son nom est Mensonge et elle ne peut être la véritable beauté, puisqu'elle comporte la mort et la décomposition...

L'Avoine exhorte donc l'être humain à rompre avec la poursuite des convoitises et avec les jeux du plaisir et de la volupté : rompre avec les complices de la mort et de la destruction. L'Avoine peut conserver la vie en permanence et indique à l'homme le chemin vers la Joie éternelle. Pour cet effet, il est nécessaire que l'être humain remette d'abord la pièce d'or au nocher de Pluton, s'il désire entrer au paradis en tant qu'homme transformé et nouveau-né. L'Avoine dit : "Homme, prends soin de toi, fais en sorte que tu ne te tues pas, que tu ne t'épuises pas, que tu ne te vides pas... dans des jeux destructifs ou superficiels, dans une recherche maladive des plaisirs. Relie-toi à la véritable Source profonde et pleine de Joie qui est en toi, et laisse la vraie vie durer en toi pour l'éternité... Passe du temporel à l'éternel SUR TERRE ! Remplace l'Image superficielle par le Contenu profond. Tourne-toi vers l'intérieur au lieu de t'engluer dans l'apparence ; sens tes forces intérieures au lieu de t'identifier uniquement à ta forme extérieure ; écoute la Voix qui est en toi au lieu de suivre des voix extérieures à toi... Sois profondément à l'écoute de toi-même..."

La sphère de l'Avoine nettoie les oreilles. Celui qui se branche sur cette vérité dans son âme, ne sera pas incommodé par des bourdonnements d'oreilles, ni par la surdité, parce qu'il se nourrit uniquement à la Source vivante en lui-même. Il considère la vie comme étant pleine de sens ; il déborde d'énergie et il a les nerfs solides... parce qu'ils sont nourris directement de la réserve saine, parce qu'il ne se "perd" pas dans des occupations inutiles qui absorbent toute son énergie et qui ne se situent qu'à la "surface" de son existence.


Note personnelle : 1) n'attache ? traduction inadéquate à mon sens...

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


AVOINE. — L'avoine ne jouissait point d'une bonne réputation chez les anciens Romains. Pline disait déjà, en suivant les traces de Caton, Virgile, Ovide et Cicéron : « Primum omnium frumenti vitium avena est. » Le professeur Mannhardt a épuisé le sujet pour tout ce qui concerne les croyances populaires germaniques relatives aux démons des blés ; parmi ces démons, je remarque surtout le Loki's Hafer, comme qui dirait l'avoine du diable, nom donné en général à toutes les herbes nuisibles au bétail. « Le démon Loki, dit Mannhardt, originairement endommageait les vaches-nuages. » Dans un conte anglais, qui modifie légèrement la légende du Moyen Âge de Reinhart et Ysengrin, on voit le renard et le loup qui vont ensemencer un champ d'avoine. Lorsque le temps de la récolte arrive, le renard demande au loup : Que veux-tu, ce qui est sous la terre, ou ce qui est sur la terre ? Le loup demande la racine et se trouve trompé. L'année suivante, on va derechef ensemble semer des pommes de terre ; le loup se croit bien avisé en demandant cette fois les feuilles au lieu de la racine, et encore une fois il se trompe. Les lecteurs de Rabelais (IV, 45, 46) se rappellent un conte semblable ; seulement, au lieu du renard et du loup, on y voit paraître le paysan et le diable ; au lieu de l'avoine, du froment ; au lieu de pommes de terre, qui n'étaient point connues en France du temps de Rabelais, des raves. Voilà comment les mythes se déplacent et se multiplient à l'infini, ayant souvent le même point de départ.

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Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


On a recueilli en France plusieurs versions d'une légende dans laquelle des céréales croissent et mûrissent en peu d'instants pour dérober des fugitifs à leurs persécuteurs. En Poitou, sainte Macrine fuyant, sur une mule ferrée à rebours, Gargantua qui courait après elle, s'arrêta, sa bête n'en pouvant plus, près d'un champ où des paysans semaient de l'avoine, et elle les pria de dire à tout venant qu'elle a passé là le jour qu'ils mettaient leur grain en terre ; le lendemain les laboureurs trouvèrent leur récolte mûre, et reconnaissant à ses œuvres l'envoyée du Seigneur, ils dirent à Gargantua, quand il survint, que l'avoine n'était pas née lors du passage de la sainte. Suivant une autre version, sainte Radegonde fuyant Clotaire rencontra un paysan qui semait de l'avoine, et le pria de répondre à ceux qui demanderaient s'ils avaient vu la reine, que personne n'avait passé depuis que le champ avait été semé. Quand il eut promis d'obéir, l'avoine s'éleva à la hauteur qu'elle a au moment de la récolte, et la sainte put facilement s'y cacher. A Lussac-les-Chàteaux (Vienne) c'est le diable qui poursuit deux petits enfants ; ceux-ci disent à un laboureur qui semait de venir le lendemain la couper ; le lendemain l'avoine était mûre, et quand le diable lui demanda s'il n'avait pas vu deux enfants, il répondit qu'ils étaient passés le jour où il semait son avoine.

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque la destruction de la flore dans un champ d'avoine :

10 juin

(Fontaine-la-Verte)


Mes pas me conduisent à un champ d'avoine vert tendre que les coquelicots envahissent. Un Monet échappé de sa toile... Je m'attends à voir arriver la femme à l'ombrelle.

Illusion : la belle est morte empoisonnée par les herbicides. 2, 4-D ou 2, 4, 5-T, comme au Viêt-Nam. Les pavots rouges, rusés, têtus, prolifiques, se maintiennent difficilement ; mais ni les bleuets, ni les adonis gouttes-de-sang, ni les dauphinelles bleues, ni les nielles des blés roses... Lorsque ces espèces refleuriront, la dame ressuscitera de la glèbe.

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