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La Porcelle

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • 15 juil.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 juil.



Étymologie :


Son nom savant Hypochaeris provient du grec ὑπό (sous, en dessous) et χοῖρος (petit cochon).


Autres noms : Hypochaeris glabra - Porcelle étoilée - Porcelle lisse - Porcelle luisante -

Hypochaeris maculata - Porcelle maculée - Porcelle tachetée -

Hypochaeris radicata - Crepis - Grogniot - Herbe à l'épervier - Herbe au faucon - Peau de crapaud - Porcelle à forte racine - Porcelle à tige nue - Porcelle enracinée - Porcelle radiqueuse - Salade de porc - Salade des porcs -




Botanique :


Carole Brousse, autrice de Ethnobotanique et herboristerie paysanne en France. Anthropologie de la relation des hommes au végétal médicinal (deuxième moitié du XXe siècle-première moitié du XXIe siècle). (Thèse de doctorat. Ecole Doctorale Espaces Cultures Sociétés, Université d'Aix-Marseille, 2017) propose une méthode d'identification de la porcelle :


Ces notes ont été prises à l’occasion d’une sortie botanique animée par Thierry et Dominique, en Corrèze, en avril 2015. Ce jour-là, j’assiste à la sortie avec d’autres participants.. Je découvre la porcelle, une plante que les producteurs conseillent d’utiliser comme une « salade sauvage ». J’apprends à la reconnaître grâce à la technique infaillible que nous livre Thierry : « c’est comme une feuille de pissenlit qui aurait la chair de poule ! ».

Patrick Matagne et al., auteurs de La nature en ville., Sociétés savantes et pratiques naturalistes (XIX-XXI siècles) (LISAA éditeur, 2022) mentionnent la prospérité de la Porcelle dans les rues des villes modernes :


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De même, la préférence en termes de richesse du sol s’est modifiée en cent quarante ans. Les plantes actuelles, tout en étant connues pour aimer des sols riches en nitrate, se contentent, en moyenne, de sols plus pauvres que par le passé. Parmi les plantes nitrophiles qui ont disparu, nous pouvons citer la persicaire douce, Persicaria mitis (Schrank) Assenov. Parmi les plus nitrofuges, la porcelle enracinée, Hypochaeris radicata L., adepte des sols pauvres, est une plante qui, de nos jours, prospère dans les rues de la capitale. Ces différences entre les flores des deux époques sont certainement induites par les changements d’activités des citadins. Parmi les plus remarquables, on peut penser au passage des véhicules tractés par les chevaux à ceux, automobiles, fonctionnant pour la plupart par combustion de dérivés du pétrole.

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Vertus médicinales :


M. Willemet, auteur d'une Phytographie encyclopédique, Ou Flore de l'ancienne Lorraine et des départements circonvoisins (Chez Guivard Imprimeur, 1805) énumère les qualités thérapeutiques de la porcelle :


On prétend qu'elle est salutaire dans les maladies de poitrine. Les Smolandais la mangent comme les choux.

Selon Lynda Ould Challal et Saida Taïeb, autrices de Ethnobotanique et phytothérapie : enquête au niveau du village d’Ait Frah commune de Larbaa Nath Irathen, wilaya de Tizi-Ouzou. (Thèse de doctorat. Université Mouloud Mammeri, 2024) :

Nom savant

Nom français

Nom kabyle

Pathologies

Parties utilisées

Mode de préparation

Mode d'administration

hypochaeris glabra

porcelle glabre

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- Troubles digestifs - anti-inflammatoire - affections cutanées

- Feuilles - Racines - Fleurs

- Infusion - Décoction -Cataplasmes

- Orale - Application locale

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Usages traditionnels :


Juliette Brabant-Hamonic, autrice de Tisanes et vieux remèdes (Éditions Ouest-France, 2020) explique les avantages culinaires de la porcelle enracinée :


La salade de porcelle enracinée : Ramasser au printemps les feuilles de lichanson (Hypochoeris radicata) avant les fleurs dans les champs, sur les talus ; les éplucher, les laver, les mettre en salade. C’est très amer. (Morvan, Vercors)

« La porcelle enracinée, crepis, grogniot, herbe à l’épervier, hypocrepis est commune. Ses fleurs et ses feuilles étaient jadis préconisées contre les maladies de poitrine et comme dépuratives. On consomme en salade les jeunes feuilles au printemps. » (P. Fournier)

« Si tu veux te porter bien, dans ton estomac mets un jardin. » (Gascogne)


Dépurative au printemps. Pour se rafraîchir.


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Symbolisme :


Jean-Louis Moret, auteur d'un article intitulé « Curiosité botanique : l'horloge de Flore ou la tentative d'une mesure du temps d'après la nature » (In : Bulletin du Cercle vaudois de botanique., vol. 25, 1996, pp. 103-108) explique le fonctionnement de cette horloge :


L’horloge de Linné : Charles LINNÉ (1751, 1783, repris en français en 1788) définit ce qu’il appelle les Veilles des plantes. Ce sont les mouvements que les fleurs font chaque jour : elles « s’ouvrent, s’épanouissent & se referment ». Il donne ensuite une liste de « Fleurs solaires (Solares), celles qui observent un temps déterminé pour s’ouvrir & se clore […] ». Il distingue trois types de fleurs solaires :


  • Les espèces météoriques (Meteorici) dont le mouvement dépend de la luminosité, de l’humidité de l’air ou de la pression atmosphérique. Ce sont les espèces « qui apportent [le] moins d’exactitude dans l’heure de l’épanouissement […] ».

  • Les espèces tropiques (Tropici) dont l’heure d’épanouissement est plus ou moins précoce et dépend de la longueur du jour. Linné remarque qu’« elles observent par conséquent les heures Turques ou inégales ».

  • Les espèces équinoxiales (Æquinoctiales). Elles « s’ouvrent à une heure fixe & positive, & même la plupart se ferment tous les jours à une heure déterminée. Celles-ci observent les heures Européennes ou égales ».


Ce sont ces dernières fleurs qui lui servirent à établir une « horloge de flore ». Elle fut copiée et imitée de multiples fois.

[...]

Interprétation du tableau-horloge de Linné : Il est difficile d’interpréter avec exactitude le tableau proposé par Linné. Certaines heures sont précédées ou suivies d’un point, d’autres pas. Ce signe apporte vraisemblablement une précision. Il peut indiquer soit une petite portion de temps précédent ou suivant l’heure, soit que cette heure est le début ou le terme du mouvement. Par exemple, 7. signifierait peu après 7h00 ou dès 7h00, .8 peu avant 8h00 ou dès avant 8h00. Ce laps de temps n’est pas égal au quart d’heure, car Linné aurait utilisé la forme 6. et non 6.1/2. Cette dernière notation indiquerait donc un épanouissement du capitule de l’Epervière pulmonaire peu avant 6h30 ou entre 6h00 et 6h30. La forme 4.5 et 8.9 indiquerait alors le laps de temps s’écoulant entre les deux heures; aujourd’hui nous écririons 4–5 et 8–9.


 Horloge de flore de Linné (1751 en latin et 1788 en français). La nomenclature a été respectée dans les deux langues. Le premier quartier de lune indique l’ouverture de la fleur, le dernier quartier, sa fermeture.


P D P D

6. — Hypochoeris pratensis 4. (Porcelle des prés) — .5 Hypochoeris pratensis 4. (Porcelle des prés)


8 — Hypochoeris hispida 5. (Porcelle hérissée)


9 — Hypochoeris Chondrilloid. 6. (Porcelle de Condrille) — 1. Hypochaeris Chondrill. 6. (Porcelle de Condrille)


Fiabilité d’une telle horloge : L’ouverture et la fermeture des corolles ou des capitules dépendent surtout des variations de l’intensité lumineuse, donc du cycle jour-nuit. Aussi appelle-t-on ces mouvements photonasties. Mais ils sont aussi influencés par une quantité d’autres facteurs indépendants ou liés à la lumière (exposition, température, qualité du sol, approvisionnement en eau, etc.). La généralisation de l’emploi d’une telle horloge devient donc aléatoire en-dehors du lieu où elle a été décrite. MILNEEDWARDS et al. (1865) précisent cette réserve: « On pourrait aisément multiplier les exemples; mais outre qu’un tel travail n’a guère qu’un intérêt de curiosité, on comprend qu’une foule de circonstances peuvent faire avancer ou reculer l’époque de l’année ou le moment du jour où la floraison et l’épanouissement ont lieu, puisque c’est sous l’influence des phénomènes atmosphériques qui coïncident ordinairement avec tel mois ou telle heure du jour, et non pas mathématiquement avec un mois et une heure déterminés, que s’accomplissent les phénomènes de la floraison ». Malgré cela, la mode de l’horloge naturelle eut une assez grande vogue au XIXe siècle.

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