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Le Lycope

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • il y a 1 jour
  • 6 min de lecture



Étymologie :


Selon l'encyclopédie en ligne Wikipedia :


Lycopus, du grec lykos (loup) et pous (pied), soit « pied de loup », fait référence à la forme des feuilles.


Autres noms : Lycopus Europaeus, L. - Chanvre d'eau - Crumène - Crumièvre - Herbe des Égyptiens - Lance du Christ - Lycope d'Europe -  Lycope des marais - Lycope pied-de-loup - Mains de Sainte-Marie - Marrube aquatique - Marrube d'eau - Ortie d'eau - Patte-de-loup - Pied de loup -




Botanique :


Pascal Marnotte et Alain Carrara, auteurs de Plantes des rizières de Camargue (Éditions proposent la description suivante :


Lycope d'Europe :

  • Lycopus europaeus est une labiée vivace du bord des eaux, avec une discrète floraison de petites fleurs blanches. Il est inodore contrairement à la plupart des plantes de cette famille.

  • Il peut mesurer entre 30 cm et 1 m de haut. Sa tige, carrée et sillonnée, a une pilosité variable. Les feuilles, opposées, sont grandes et lancéolées, dentées et parfois pennatifides à la base. A pétiole court, elles possèdent des nervures très marquées. Les fleurs de Lycopus europaeus sont blanches ponctuées de rouge, petites (3 mm) et sessiles. Elles sont disposées en verticille dense à l'aisselle des feuilles. Le calice est en cloche à 5 dents, la corolle en entonnoir à 4 lobes. La floraison s'étale de juillet à septembre.

  • On trouve typiquement Lycopus europaeus en bordure des rizières et des canaux, mais rarement dans les parcelles. C'est une espèce caractéristique des scirpaies, où elle supporte une certaine salinité.

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Lycope :


Usages médicaux. Cette plante qui paraît contenir du tannin jouit d'une certaine réputation en Italie comme fébrifuge ; les cultivateurs piémontais s'en servent depuis un temps immémorial contre les fièvres intermittentes. On l'emploie aussi comme astringente dans les divers flux. Il est à désirer que le lycope soit de nouveau essayé dans le traitement des fièvres intermittentes (Cazin).

Bayali Niema, autrice d'une thèse intitulée Phytothérapie clinique dans les affections neurologiques (Université Mohammed V de Rabat, 2019) ajoute les informations suivantes :


Drogue : La drogue est constituée des parties aériennes récoltées de Juillet à Septembre.


Composition chimique : La drogue est constituée principalement de :

  • Fluor : libre et lié sous forme de fluoro-aminoacides.

  • Acides-phénols : acide lithospermique (trimère de l’acide caféique) et autres dérivés cinnamiques.

  • Tanins.

  • HE.

  • Substance amère : la lycopine.


Propriétés et indication neurologiques en phytothérapie clinique : La dogue est traditionnellement utilisée par voie orale pour ses propriétés astringente, fébrifuge, antithyroïdienne, sédative nerveux (médecine populaire).

Son activité antithyroïdienne est liée à un antagonisme direct à l’égard de la thyroxine et à un antagonisme de l’activité thyréotrope hypophysaire, revient à la présence d’acide lithospermique et de fluor.

Ainsi, son activité anti-gonadotrope induit le blocage des hormones gonadotrope.


Propriétés cliniques sous l’angle endobiogénique :

  • Au niveau symptomatique : la plante est fébrifuge, astringente, Elle diminue les effets des hormones thyroïdiennes.

  • Au niveau du drainage : Pas de propriétés de drainage connue.

  • Au niveau neurovégétatif et endocrinien : elle possède une action sympatholytique, antigonadotrope indirect, et freinateur hypophyso-thyroïdien (TSH) joue ainsi sur l’équilibre TSH-TRH donc sur la transformation de T4 en T3.

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Selon Paul Goetz, auteur de « Phytothérapie de l'hypothyroïdie ». (In : Phytothérapie, 2021/5-6 Volume 19, 2021. pp. 416-421) :


Sélection de plantes et formules stimulant la thyroïde : Le nombre de plantes ayant un effet stimulant de la glande thyroïdienne est très restreint quant aux plantes européennes. On citera avec des réserves : la Fucus vesiculosus (varech), l’avoine, le lycope (Lycopus europaeus), l’aunée.

[...]

Lycopus europaeus : Lycopus europaeus a un effet antigonadotrope et antithyroïdien très complexe. Chez l’homme, Lycopus europaeus inhibe la sécrétion thyroïdienne plus fortement et plus rapidement que les produits iodés.

Il inhibe complètement les immunoglobines agissant sur les récepteurs à TSH de la thyroïde et est ainsi capable d’inhiber l’activation de la glande thyroïdienne par la TSH. Il provoque aussi une chute de la T3 par une inhibition de la désiodisation enzymatique de T4 (Auf Mkolk M. et al.).

Administré à l’animal Lycopus europaeus fait baisser la prolactinémie et le taux de TSH, alors qu’administré à des animaux prétraités par les estrogènes ou par la sérotonine, il n’est plus capable d’influencer la prolactine ou la TSH. En présence de TSH sérique élevée, Lycopus europaeus reste actif sur la thyroïde.

L’expérience montre que Lycopus europaeus est un freinateur de la thyroïde, indépendant du taux de TSH, plus puissant que l’iode. Il freine l’hypophyse, réduit la sécrétion thyroïdienne et fait baisser l’AMPc des cellules thyroïdiennes.

Il faut cependant garder à l’esprit deux faits importants : son effet chez l’Homme est influencé par la présence d’estrogènes et de certains neurotransmetteurs ; mais son activité antihormonale trop intense est susceptible d’annuler son propre effet !

L’activité sur la thyroïde semble liée aux molécules issues et dérivées de l’acide caféique et de l’acide lithospermique.

Lycopus europaeus aurait une action sur les gonades masculines et féminines.

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Usages traditionnels :


Alfred Chabert, médecin et auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) recense les usages de nombreuses plantes :


Les teintures végétales ne pouvant supporter la concurrence des teintures chimiques dont e prix est bien moindre, les plantes tinctoriales ont cessé d'être cultivées, et on en récolte plus guère celles qui croissent dans nos vallées et sur nos montagnes. Je me souviens d'avoir vu dans mon enfance arracher, pour la teinture, l'épine-vinette et l'Asperula cynanchica ; aujourd'hui personne n'y songe. L'énumération que je fais des plantes tinctoriales spontanées en Savoie n'a donc qu'un intérêt historique.

[...]

Teinture noire : [...] suc du Lycopus europaeus.

Jamal Bellakhdar, "Contribution à l’étude de la ˁUmdat aṭ-ṭabīb d’Abulḫayr Al-Išbīlī : Commentaires à propos de quelques items et propositions d’élucidation." (AAM, n° 17, 2010, pp. 9-38) :


Quant à la variété de l’espèce sylvestre que la ˁUmdat aṭ-ṭabīb dénomme ḥinnā majnūnah, ḥinnā al-murūj et ḥinnā al-ruˁā, il s’agit de Lycopus europaeus L. (Lamiacées) qui correspond tout à fait à l’habitat et aux caractères botaniques rapportés. Des feuilles de ce lycope, on tirait autrefois un suc qui servait à teindre en noir (BONNIER, 1934) et les Gitans européens s’en servaient encore au milieu du siècle dernier pour se teindre la peau et les cheveux, d’où son nom anglais de “gypsywort”. Cette propriété tinctoriale de la plante est à rapprocher de l’usage rapporté par Abulḫayr Al-Išbīlī pour Al-Andalus : mélangées au henné, les feuilles servaient à teindre, rougir et fortifier les cheveux.

[...] Abulḫayr Al-Išbīlī a visiblement accolé dans cette rubrique des renseignements de source orale à d’autres renseignements provenant des écrits de ses prédécesseurs sans voir qu’il avait déjà traité ailleurs des deux peristereon de Dioscoride sous leurs noms traduits en arabe : rijl al-ḥamām, bād diqulumbuh, šajar al-ḥamām (n° 1598, 1626, 3654). Cet enchevêtrement brouillon d’informations vérifiées avec d’autres qui ne le sont pas est typique des travaux de compilation de cette époque qui mélangeaient très souvent des renseignements recueillies effectivement sur le terrain à d’autres provenant simplement de sources écrites. Des corruptions de sens peuvent ainsi s’établir, se transmettre de livre en livre et finir par être consacrées comme des vérités.

Le vernaculaire ḥinnā majnūnah, employé par ˁUmdat aṭ-ṭabīb pour le lycope (étymologie : lucos podos = patte de loup), semble n’être lui même que le résultat de ce type d’erreur. Il doit vraisemblablement s’agir d’une mauvaise interprétation du mot grec chamaelycon (Dioscoride IV, 60), “loup nain”, dont la deuxième partie “lycon” (= loup) a été rendue en romance par “loca” (= fou) puis traduite en arabe par majnūnah. Dans leur note 2 au n°1598, BUSTAMANTE & al. (2007) ont bien expliqué, à propos d’une autre espèce, le mécanisme de création de ce type d’erreur par glissement de sens. Nous retrouverons la construction phytonymique ḥinnā majnūnah au n° 5024 (sous wasmah) pour une Astéracée tinctoriale qui est vraisemblablement une serratule.

[...]

5024 - ḥinnā majnūnah, majnūn, ḥinnā jabaliyyah, barbāllah, yarbah dilūnah : Cette plante, décrite par la ˁUmdat aṭ-ṭabīb comme une espèce tinctoriale d’Al-Andalus – et rangée pour cela avec les pastels et les indigotiers–, correspond à la bettonike de Dioscoride (IV, 2), à la vettonica de Pline (Histoire Naturelle, XXV, 84). La description qu’en donne Abulḫayr Al-Išbīlī a été empruntée à ces auteurs de l’Antiquité. Mais notre botaniste sévillan a amalgamé ici les caractères morphologiques de la bettonike de Dioscoride et les propriétés du lycope (Lycopus europeus L., Lamiacées) (voir nos commentaires plus haut) en décrivant notamment son usage dans le traitement de la loucherie et des fluxions oculaires (le “mal de lune”), une indication que Pline réservait au peristereon. Cette interversion, qui vient certainement d’un même usage tinctorial des deux plantes, explique peut-être pourquoi celles-ci partagent le même nom : ḥinnā majnūnah. Pour Pline, cette plante fut découverte par les Vettons, un peuple d’Espagne. Elle fut ensuite connue des Gaulois qui lui donnèrent le nom de leurs inventeurs : vettonica. Selon Pline, cette plante est appelée serratula en Italie, kestron ou psuchrotrophon en Grèce (le nom de psuchrotrophon vient de ce qu’elle croît dans les lieux humides ; car en grec ancien psukhros = froid et tropho = nourriture, développement).

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