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Les Biznagas


Homalocephala texensis



Symbolisme :


Selon Léon Diguet, dans Les cactacées utiles du Mexique (Paris, 1928), les biznagas concernent un ensemble de cactées :

"Classification indigène. — Dans leur nomenclature populaire, les Mexicains répartissent actuellement les Echinocactées en cinq catégories :

1° Biznagas de Agua, c’est-à-dire les espèces bien gorgées d’eau et capables, lorsqu’elles ont acquis un certain développement, de fournir en tous temps et sur un seul individu, une copieuse provision d’eau potable (Ferocactus Wislezinii Britt. et Rose) ;

2° Biznagas de Dulce, dont la masse charnue, plus consistante que celle des précédentes, se prête plus avantageusement aux préparations de la confiserie (Ferocactus melocactiformis Britt. et Rose, F. macrodiscus Britt. et Rose). C’est à ce groupe et au précédent qu’appartiennent exclusivement ces spécimens géants auxquels les Nahuatls donnaient le nom de Huegcomitl et que les indigènes actuels nomment Biznagas grandes ;

3° Biznagas de Cuernos, groupe nettement caractérisé par l’ampleur exagérée d’une armature épineuse peu en rapport avec le volume de la plante, et par de vigoureux aiguillons affectant l’apparence de cornes, ce qui du reste a motivé sa dénomination. Cette subdivision vernaculaire, qu’il ne faut pas confondre avec l’ensemble des Ancistrocactées, quoique plusieurs de ses représentants appartiennent à cette série, ne comprend qu’un nombre assez restreint d’espèces de très moyennes dimensions, confinées comme habitat à ces mêmes régions arides et désolées où vivent les Cactacées globuleuses inermes et avec lesquelles elles viennent former un contraste curieux dans les moyens dont la nature les a dotés pour la résistance aux excessives rigueurs de sol et de climat. Les spécimens les plus remarquables et les plus typiques que comporte ce groupe sont les Ferocactus latispinus Britt. et Rose et Homalocephala texensis Britt. et Rose. Le premier, à cause de l’enchevêtrement de ses aiguillons recourbés et acérés, est désigné dans l’État de San Luis Potosi sous le nom de Corona del Senor ; le second possède une défense épineuse tellement puissante et tellement vulnérante, que les indigènes l’ont surnommé Manca caballo (Estropie cheval) à cause des blessures assez graves qu’il peut occasionner aux pieds du bétail lorsque celui-ci le heurte par mégarde. A côté de ces deux espèces qui sont des Ancistrocactées de petite dimension, il y a encore plusieurs formes qui peuvent s’y rattacher, tel est par exemple l’Echinofossulocactus crispatus Lawrence (Sténocactées) et plusieurs de ses variétés, espèce curieuse par la nature de ses aiguillons, et qui, selon Hernandez, était le type d’ungroupe que les Nahuatls désignaient sous le nom de Tepenexcomitl, terme qui selon l’auteur avait trait à sa couleur et signifiait Biznaga cendrée des montagnes (tepetl, nextli, comitl) ;


4° Biznaguitas, ce groupe comprend non seulement toutes les espèces naines d’Echinocactées, mais aussi la plupart des Mamillariées, avec lesquelles du reste les indigènes ne paraissent pas établir de distinction.

[...} Les Biznagas ou Huiznahuac, comme les appelaient les Nahuatls, jouissaient d’une grande vénération chez les anciennes populations du plateau de l’Anahuac ; c’est probablement à cette cause qu’il faut attribuer la raison pour laquelle ces plantes ne semblent pas, dans l’ancienne nomenclature indigène, avoir été comprises au nombre des Nochtli ou Cactacées ordinaires. En outre du terme Huiznahuac, les Nahuatls donnaient encore aux Echinocactées le nom de Teocomitl, que l’on a traduit par Cantaro divin 1 , parce que, soi-disant, ces Cactacées étaient considérées par les Indiens comme une source naturelle placée providentiellement à la portée du voyageur torturé par la soif, dans les endroits arides, où l’eau de surface faisait complètement défaut. Cette interprétation, quoique répondant bien aux faits apparents, ne doit cependant pas être la véritable signification de Teocomitl ; ce dernier terme doit plus vraisemblablement se traduire par Cantaro Dieu, car d’après ce que nous apprennent les écrivains de l’époque de la conquête, les Biznagas étaient, aux temps précolombiens, l’objet d’un certain culte chez les populations de l’Anahuac. Tout paraît donc indiquer que cette forme de Cactacée était considérée par les Indiens d’origine nahuatle comme une incarnation de Tlaloc (dieu des eaux), sur les régions dépourvues de l’élément indispensable à l’existence. Ce qui semblerait bien confirmer cette manière de voir, c’est que cette Cactacée avait été déifiée sous le nom de Teohuiznahuac ou simplement Huiznahuac ; on lui avait même élevé un temple particulier à Mexico, auquel on donnait le nom de Huiznahuac teopan. Le culte de cette divinité n’était pas spécial à la capitale des Aztecs, car à Tlaxcala, les conquistadors espagnols, à leur arrivée, virent un autel consistant en un monolithe de pierre en forme de Biznaga qui était consacré à ce dieu et sur lequel, au moment des fêtes du dieu Mixcoatl, on immolait des victimes humaines.


Note 1 : Le terme Comitl était employé surtout pour désigner le récipient ménager destiné à la provision d’eau potable dans les habitations et que l’on nomme maintenant au Mexique Cantaro ou Olla. Ce terme avait un sens plus étendu dans la composition des mots nahuatls ; il impliquait, lorsqu’il s’agissait de végétaux, l’idée d’une chose gorgée d’eau tel un tubercule ou un bulbe, etc. ; c’est ainsi par exemple qu’il figure dans l’expression Cacomitl ou Cacomite, que l’on donne au bulbe comestible d’une Iridacée du genre Tigridia ; quant à Teo, abréviation de Teotl (Dieu), mot qui, par une fortuite et curieuse coïncidence homophonique, rappelle l’expression grecque, il servait, suivant les cas, à exprimer un attribut divin, une chose d’excellence, de supériorité ou bien encore primitive et sauvage.

De plus, on voit dans le Codex de la pérégrination des Aztecs, que la Biznaga qui, sur les terres arides, se dresse isolément comme un menhir, fut parfois utilisée comme Tenchatl ou pierre de sacrifice, par les Nahuatls lors de leur pénible vie errante à travers l’immense contrée désertique que l’on nommait alors la Chichimecatlali. Les aiguillons des Biznagas servaient au même titre que celui que l’on recueillait à la partie terminale des feuilles d’Agave ; on les employait comme lancettes, aiguilles ou poinçons, dans l’exercice des rites sanguinaires auxquels se livraient les anciens Mexicains pendant leurs cérémonies religieuses. Ces aiguillons faisaient même l’objet d’un approvisionnement dans une des dépendances du grand temple de la Placa mayor de Mexico ; là, d’après les historiens de la conquête, les prêtres aztecs les conservaient dans un édifice que l’on nommait Huitzacualco."

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Voir aussi : Cactus ; Saguaro ;

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