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La Bergeronnette




Étymologie :


  • BERGERONNETTE, subst. fém.

ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1240-1270 « petite bergère » (Robin et Marion, 108 dans T.-L. : Bergeronnete, Douche baisselete, Donnés le moi, vostre chapelet), réputé ,,vieux`` dep. Ac. 1740 ; 2. 1530 ornith. bergieronnet (Du Guez, Gramm. dans Palsgr., p. 912) ; 1549 bergeronnette (Est.). Dimin. de bergère, fém. de berger* ; au sens 2 parce que ces oiseaux fréquentent les bergeries à cause des moucherons qu'ils peuvent y happer (Roll. Faune t. 2, p. 226) ; suff. -on* et -ette* ; v. aussi berger* étymol. 2 et bergerette*.



Autres noms : Motacilla alba - Hochequeue - Guigne-queue - Lavandière.




Croyances populaires :

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


On jette parfois des pierres aux Bergeronnettes qui voltigent autour des troupeaux, parce qu'on prétend qu'elle font tourner le lait ou le font devenir rouge. (Isérables).




Symbolisme :


Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; Nouvelle édition revue et corrigée, Robert Laffont : 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant :


"La bergeronnette - la lavandière ou le hoche-queue de nos pays - joue, dans les mythes primordiaux du Japon, un rôle de nature démiurgique. C'est d'elle en effet que le couple primordial Izanagi-Izanami apprit la copulation. Il serait sans doute puéril d'interpréter ce fait de manière uniquement réaliste. Le rôle de l'oiseau paraît n'être sans rapport ici avec celui du serpent dans la Genèse, il est à la fois le révélateur de l'intelligence créatrice et l'instrument de la transposition, au plan grossier, de la manifestation subtile : il révèle l'homme à lui-même.

Chez les Grecs aussi, la bergeronnette, présent d'Aphrodite, est liée à l'amour et à ses philtres magiques, en particulier quand elle est fixée sur une roue tournant avec rapidité : La maîtresse des flèches les plus rapides, la déesse née à Chypre, du haut de l'Olympe, attacha solidement sur une roue une bergeronnette au plumage varié, liée aux quatre membres. Elle apporta pour la première fois aux hommes l'oiseau du délire, et enseigna à l'habile fils d'Aison des charmes et des formules, pour qu'il pût faire oublier à Médée le respect de ses parents (4e Pythique, v. 380-386).

La bergeronnette symboliserait les enchantements de l'amour."

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Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :


Bergeronnette (Hochequeue) : Considérée par les Grecs comme un présent d'Aphrodite, la bergeronnette était associée à l'amour et aux philtres amoureux : "La maîtresse des flèches les plus rapides, la déesse née à Chypre, du haut de l'Olympe, attacha solidement sue une roue une bergeronnette au plumage varié, liée aux quatre membres. Elle apporta pour la première fois aux hommes l'oiseau du délire, et enseigna à l'habile fils d'Aison des charmes et des formules, pour qu'il pût faire oublier à Médée le respect de ses parents" (4e Pythique).

Au Japon, cet oiseau apprit la copulation au couple primordial Izanagi-Izanami, créateur des îles japonaises : ce qui signifie qu'il "révèle l'homme à lui-même".

Notre folklore recommande de ne jamais faire de mal à la bergeronnette, car "c'est une bête du bon dieu". Dans le sud de la France, qui en tue une entraîne la mort du plus beau mouton de son troupeau (la bergeronnette vit près des troupeaux) ; on la trouve aussi au bord de l'eau). Selon une croyance de la Sarthe, si cet oiseau vient sautiller devant une maison, il annonce un décès prochain dans la famille.

La bergeronnette est appelée également hochequeue car elle remue sa longue queue en sautillant ; cette particularité a reçu diverses explications légendaires : "Un jour, j'ignore il y a combien de temps, les oiseaux avaient déclaré la guerre aux quadrupèdes. Quand on était prêt à livrer bataille, la bergeronnette se trouva au premier rang. Avant que l'action s'engageât, l'oiseau se retourna encore une fois, pour connaître la force de leur armée, et la vue de ses compagnons de combat, pour la plupart si petits en comparaison avec l'ennemi, le frappa tellement au cœur, que sa queue se mit à trembler et à hocher de haut en bas. Quoique les oiseaux fussent vainqueurs, la bergeronnette pense encore toujours à ce jour d'angoisse surtout quand elle se laisse tomber à terre. Alors la peur reprend chaque fois le petit oiseau, et on voit sa queue se mouvoir de haut en bas. Aussi l'oiseau est-il appelé depuis lors hochequeue".

Suivant un récit roumain, le hoche-queue, à sa création, n'avait pas de queue. Ayant été convié aux noces de l'alouette, il obtint du roitelet qu'il lui prêtât la sienne : "Mais le hoche-queue faisait la sourde oreille toutes les fois que le roitelet lui demandait la queue. Depuis les noces de l'alouette, le roitelet n'a plus de queue, et le hoche-queue remue toujours la sienne pour s'assurer qu'il ne l'a pas perdue".

Une légende roumaine raconte encore que, lorsque Dieu eut créé le monde, il assigna leur nourriture à chacune des ses créatures ; tous les hommes et tous les oiseaux étaient satisfaits, sauf les Tziganes et les hoche-queues qui sont insatiables. Dieu dit alors à la bergeronnette : "Quand les Tziganes seront rassasiés et ne diront plus qu'ils ont faim, alors tu approcheras des villages" et, aux Tziganes : "Quand les hochequeues approcheront des villages, alors vous serez rassasiés." Mais, "comme les Tziganes ont toujours faim, c'est pour cela que les hochequeues s'approchent jamais des villages.

Selon un dicton :

Si les bergeronnettes

Trottent sur les ruisseaux,

Ferme ta maisonnette, Il va pleuvoir à seaux.

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D'après Didier Colin, auteur du Dictionnaire: des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000) :

Son nom, dérivé du terme "berger" - du latin birbiricus : "pâtre, pasteur" -, est en fait un diminutif de "bergère" et signifie donc "petite bergère". Ce sont sans doute les bergers qui les premiers ont nommé ainsi ce petit passereau aux belles et vives couleurs, pourvu d'une longue queue dont le mouvement continu, révélant qu'il est en quête de nourriture, lui a valu aussi le surnom de hochequeue. Cet oiseau apprécie tout particulièrement la compagnie des troupeaux, mais il fréquente également les rives et les cours d'eau.

Il en existe trois espèces : la bergeronnette flavéole ou printanière, la bergeronnette grise ou lavandière et la bergeronnette cendrée. Elle est sédentaire et, vers le mois de mai, elle dépose 5 à 7 œufs dans son nid, aménagé le plus souvent contre un mur ou sous les ponts.

Attribut d'Aphrodite dans la mythologie grecque, la bergeronnette était une représentation des enchantements, envoûtements et philtres d'amour. mais, comme on s'en doute et comme son nom l'indique, elle était surtout l'amie et la compagne des bergers, qui voyaient en elle un esprit protecteur de leurs troupeaux. C'est ainsi qu'ils s'interdisaient de la tuer, pour ne pas risquer de voir en retour une malédiction jetée à leurs moutons. Par ailleurs, de nombreuses légendes et superstitions se rattachent au fait qu'elle hoche la queue lorsqu'elle recherche de la nourriture. L'une d'entre elles prétend que celle ou celui qui voit une bergeronnette hocher la queue près de sa maison au mois de mai sera amoureux avant la fin de l'année....

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Patrick Kaplanian dans un article intitulé "La faune dans les croyances et les mythes ladakhi" paru dans Biocénoses d'altitude 2 : Montagnes d'Europe et d'Himalaya occidental (en Mars 1984, Pau, France. p.p. 583-589) rapporte que chez les Ladakhs :

La bergeronnette est capable d'aller chercher au loin des plantes qui rendent invisible.

 


Littérature :


Farid Al-Din Attar, poète persan auteur de La Conférence des oiseaux (1177 ; Diane de Selliers, 2012, remaniée par Jacques Prévost) évoque la Bergeronnette :


O bergeronnette (mûcîcha), qui ressembles à Moïse (Mûça), lève-toi et fais résonner ton chalumeau (mûcichar) pour célébrer la vraie connaissance de Dieu. Le musicien sait tirer lui-même des sons harmonieux de son gosier les louanges de Dieu. Comme Moïse, tu as vu le feu de loin ; tu es réellement Un petit Moïse sur le mont Sinaï. Eloigne-toi du brutal Pharaon ; arrive au temps propice et sois bien l'oiseau du mont Sinaï. Mon discours est sans parole, sans langue et sans bruit ; comprends-le sans esprit et entends-le sans oreille.

[...]

CHAPITRE 12. LA BERGERONNETTE. Vint ensuite la bergeronnette, le corps faible et le cœur tendre, agitée comme la flamme de la tête aux pieds. « Je suis, dit-elle, stupéfaite, abattue, sans vigueur, sans force, sans moyens d'existence. Je suis frêle comme un cheveu, je n'ai personne pour me secourir, et, dans ma faiblesse, je n'ai pas la force d'une fourmi. Je n'ai ni duvet, ni plumes, rien enfin. Comment parvenir auprès du noble Simorg ? Comment un faible oiseau comme moi pourrait-il arriver auprès de lui ? La bergeronnette le pourrait-elle jamais ? Il ne manque pas de gens dans le monde qui recherchent cette union ; mais convient-elle à un être tel que moi ? Je sens que je ne puis parvenir à cette union, et ainsi je ne veux pas pour une chose impossible faire un pénible voyage. Si je me dirigeais vers la cour du Simorg, je mourrais ou je serais brûlée en route. Puisque je ne me sens pas propre à l'entreprise que tu proposes, je me contenterai de chercher ici mon Joseph dans le puits. J'ai perdu un Joseph, mais je pourrai le trouver encore dans le monde. Si je viens à bout de retirer mon Joseph du puits, je m'envolerai avec lui du poisson à la lune. »

La huppe lui répondit : « O toi qui, dans ton abattement, tantôt triste, tantôt gaie, résistes à mon invitation ! je fais peu d'attention à tes adroits prétextes et à ton hypocrisie, bien loin d'agréer tes raisons. Mets le pied en avant, ne souffle mot, couds-toi les lèvres. Si tous se brûlent, tu brûleras comme les autres ; mais, puisque tu te compares métaphoriquement à Jacob, sache qu'on ne te donnera pas Joseph : ainsi cesse d'employer la ruse. Le feu de la jalousie brûlera toujours, et le monde ne peut s'élever à l'amour de Joseph. »

 

Dans ses Histoires naturelles (1874), Jules Renard brosse des portraits étonnants des animaux que nous connaissons bien. Voici celui de la bergeronnette :


La bergeronnette

Elle court autant qu’elle vole, et toujours dans nos jambes, familière, imprenable, elle nous défie, avec ses petits cris, de marcher sur sa queue.

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Jean Giono, dans le troisième volet de sa Trilogie de Pan, intitulé Regain (Éditions Bernard Grasset, 1930) explique le surnom d'un de ses personnages :


Gaubert, c'est un petit homme tout en moustache. Du temps où il y avait ici de la vie, je veux dire quand le village était habité à plein, du temps des forets, du temps des olivaies, du temps de la terre, il était charron. Il faisait des charrettes, il cerclait les roues, il ferrait les mulets. Il avait alors de la belle moustache en poils noirs ; il avait aussi des muscles précis et durs comme du bambou et trop forts pour son petit corps, et qui le lançaient à travers la forge, de-ci, de-là, toujours en mouvement, à sauts de rat. C'est pour cela qu'on lui a mis le nom de « guigne-queue » : ce petit oiseau que les buissons se jettent comme une balle sans arrêt pendant trois saisons de l'an.

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