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L'Ambre



Étymologie :

  • AMBRE, subst. masc.

Étymol. ET HIST. − Fin xiie-déb. xiiie s. « substance céracée rejetée par la mer, qui exhale une odeur de musc » (Li Romans d'Alixandre p. Lambert li tors et Alexandre de Bernay, éd. H. Michelant, 525, 18 ds T.-L. : Lin, alöès et ambre ... Ardoient en la sale). Empr. à l'ar. anbar « id. », prob. par l'intermédiaire du lat. médiév. ambar, aussi ambra (ixe s., Rhithmi aevi Merovingici et Karolini, 136, 3 ds Mittellat. W., 540, 66 : nardei qui sedulo et ambaris odorem ore spirabas ; 1076-87, Constantinus Africanus, De gradibus quos vocant simplicium liber, p. 357, 27 ibid., 549, 9-10 : ambra de ventre cuiusdam marinae bestiae egreditur, ... calida et sicca in secundo gradu). Voir aussi R. Arveiller, Z. rom. Philol. t. 85, pp. 120-122. − Ambréade [suff. élargi] 1730 (Savary des Bruslons, Dict. Univ. de comm. t. 3) ; ambréité [suff. élargi] 1821, supra ; ambroïde, 1906, supra ; ambroïne [suff. -ine, élargi en -oïne sous l'influence de ambroïde], 1916, supra.

  • SUCCIN, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1663 (Chr. Glaser, Traité de chim., p. 267, etc.). Empr. au lat. succinum, var. de sucinum « ambre », appelé aussi electrum (Pline, Tacite,...).


Lire aussi la définition de l'ambre et celle du succin pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Succin.

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Botanique / Zoologie :


Selon Josette Rivallain, Didier Normand, Jean, Sansoulet et al. , auteurs d'un article intitulé "En ambre, avez-vous dit ?." ( in Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1995, vol. 37, no 1, pp. 59-73) :


Depuis un millénaire, les écrits à propos de l'Afrique traitent de l'ambre en distinguant deux variétés : l'ambre gris et l'ambre jaune. L'ambre gris, concrétion stomacale du cachalot, fut recueilli régulièrement du XIe au XVIIe siècles sur la côte mauritanienne, particulièrement près d'Aulil, puis exportée vers le nord de l'Afrique (AL BAKRI, 1965 : 323 ; CUOQ, 1975 : 84). Au XVIIe siècle, les auteurs mentionnaient son exportation vers l'Europe à partir du Cap-Vert où on l'utilisait dans la cuisine et la parfumerie. Nul ne la cite dans la fabrication de bijoux (SAVARY DES BRUSLONS, 1726).

L'ambre jaune, résine fossile très ancienne, parfois dénommée succin, est peu mentionnée dans les récits anciens traitant de l'Afrique. Il faut toutefois rappeler que, pendant de nombreux siècles, les écrivains ont décrit l'Afrique sans y voyager, utilisant des informations transmises par des voyageurs et compilant des ouvrages plus anciens.

Pline l'Ancien, dans son Histoire Naturelle, a noté sept espèces d'ambre jaune. Le premier, il a indiqué qu'un pin pouvait être la source du succin (PLINE L'ANCIEN, 1950 : livre XXXVII, chap. XI-XII). L'ambre de la Baltique date de l'Eocène, il y a environ 50 millions d'années. Pendant l'ère tertiaire, des résines de pins se sont accumulées durant plusieurs millions d'années, jusqu'à l'Eocène supérieur, sur des fonds marins aujourd'hui émergés. La production de succin nécessitait la réunion des deux conditions suivantes : des arbres susceptibles de sécréter de la résine en abondance et la présence d'eau ou de sédiments capables de protéger la résine contre l'oxydation de l'air pendant la fossilisation. Il y a cinquante millions d'années, les côtes de l'Europe septentrionale n'étaient pas à l'emplacement que nous leur connaissons ; des forêts subtropicales occupaient la Scandinavie. Les terres recouvraient la mer Baltique et les golfes alentour. Le nord de la Pologne n'était pas sous la mer (HAENNI & C. DUFOUR, 1992 : 11). L'ambre végétal fut connu dès le Néolithique en Europe et largement commercialisé à l'Age du Fer.

Pour l'Afrique, l'ambre jaune n'apparaît réellement que dans les descriptions des cargaisons des navires. A destination du Sénégal, on plaçait "de l'ambre jaune moyen, couleur de paille" (SAVARY DES BRUSLONS, 1726 : 1036). La description de bijoux n'apparaît qu'au XIXe siècle. C'est principalement à cette époque que les étrangers commencèrent à s'intéresser aux divers aspects de la vie des gens qu'ils rencontraient. Au début du XIXe siècle, René Caillé, parti réaliser le vieux rêve européen de rejoindre Tombouctou, nota que sur le marché de cette ville arrivaient d'Europe verroterie, ambre, corail. Sur celui de la ville de Jenné "on vend aussi des verroteries, du faux ambre et du faux corail" (CAILLÉ R., 1982 : 214-231).

En 1818, Théodore Mollien, voyageant à travers le Fouta-Toro, constata que les femmes de la région portaient des bijoux en ambre, plus particulièrement dans les cheveux. La sœur de ralmany de Timbo ornait les siens de filières1 d'ambre (MOLLIEN Th., 1967 : 134-170-205). Peu d'années plus tard, Gustav Nachtigal circula de la Lybie en direction du Tchad et vit des colliers en ambre sur le marché de Murzuq, capitale du Fezzan (NACHTIGAL G., 1974 : 88). A la fin du XIXe siècle, P. Soleillet, chargé d'une exploration commerciale en Ethiopie, plaça de l'ambre en filières dans ses bagages en vue de les offrir à ses hôtes éthiopiens (SOLEILLET P., 1883).

Toutes ces mentions sont fort rares, localisées à la fois dans le temps et dans l'espace, n'apportant pas d'explication sur l'origine de la matière première, ni sur les lieux et les techniques de transformation. Toutefois, beaucoup furent importées. L'imitation de l'ambre véritable est ancienne, de même que l'on imita très tôt les pierres semi-précieuses et le corail, également très prisés en Afrique. Parmi les mentions les plus anciennes, nous trouvons celle du dictionnaire universel de commerce de J. Savary des Bruslons, publié au début du XVIIIe siècle :


"ambre jaune ou karabe, que l'on nomme en latin Succinium. C'est une espèce de gomme ou de résine d'arbre qui se trouve ordinairement dans la mer Baltique, sur les côtes de la Prusse, ... Quelques auteurs prétendent qu'il y a de l'ambre jaune fossile. Bien des gens ayant l'art de le contrefaire avec de la térébenthine ou du coton, ou avec du jaune d'oeuf, et de la gomme arabique. Et d'autres vendant à sa place de la gomme-résine de copal. On tire de l'ambre jaune une teinture, un esprit, un sel volatile et une huile ; cette huile sert à faire du vernis d'esprit de vin" (SAVARY DES BRUSLONS, 1726).


Ces maigres informations nous laissent sur notre faim. Ces écrits ne nous permettent pas de savoir depuis quand les bijoux en ambre sont appréciés en Afrique, par qui et sous quelle forme. L'Afrique n'apparaît pas productrice de ce matériau mais plutôt consommatrice d'un produit importé dans les régions subsahariennes atteintes depuis longtemps par les caravanes, tant à l'ouest qu'à l'est du continent.

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Selon Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012),


L'ambre jaune est une "substance résineuse fossile, d'origine végétale, de couleur jaune mordoré. Présente en Eurasie (Pologne, Sibérie, Lituanie et Liban entre autres, les gisements les plus importants sont situés sur le pourtour de la Mer Baltique), Amérique (République dominicaine, Mexique, Canada...), Afrique (Éthiopie). L'ambre européen est issu de diverses espèces de conifères (réunies sous le nom générique de Pinus succinifera) qui couvraient l'Europe septentrionale voilà 40 millions d'années. Certains chercheurs considèrent que d'autres variétés arboricoles ont également participé à cette importante production. [...]


Couleurs : Ambre de feu, de miel, de laine, de lait, ambre nuageux ou royal, ambre mosaïque ou marbré... Plus de cent dénominations témoignent de la diversité des couleurs de l'ambre et de la fascination humaine à son égard. L'ambre jaune est très souvent composé de plusieurs nuances, plus ou moins transparentes. Exposé à la lumière, il s'oxyde. Sa surface s'assombrit alors vers le rouge et le brun tandis que son cœur garde sa couleur miel d'origine. La couleur de l'ambre varie donc en fonction de sa durée d'exposition à l'air libre mais également du type de résine, du temps de fossilisation et de ses contenants. Des touches de vert résultent ainsi de l'inclusion de résidus végétaux, tout comme les particules noires qui peuvent tout autant témoigner de la présence de résidus de pyrite. La palette irisée de "l'ambre dominicain" qui varie du jaune, au vert, au rouge est étonnante par ses touches de bleu fluorescent.


A ne pas confondre ! L'ambre gris est une substance organique molle, de couleur généralement cendrée, au parfum musqué, provenant des excrétions du cachalot et que l'on rencontre flottant sur les mers ou rejetée sur les côtes de certaines régions tropicales. On ne lui connaît pas de vertus porte-bonheur, mais celui qui le trouvait s'assurait d'un beau petit revenu."

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Lithothérapie :


Dans sa revue du 13/11/21, Cristal Forest fait le point sur différentes vertus de l'ambre :


Aide dans un régime alimentaire amaigrissant – Renforce flux électriques du système nerveux – Grippes, rhumes, maux de gorge et protège les voies respiratoires – Apaise les crises d’asthme (associée avec la pyrite de fer) et les douleurs dentaires, dont celles des bébés. Calme rougeurs et irritations de la peau chez les enfants (chakra cœur) – Apporte énergie, gaieté, combat la fatigue et les angoisses, calme les tendances dépressives et suicidaires, soulage les maux d’estomac (chakra plexus solaire) - Stimulant sexuel (chakra sacré) – Fièvres et migraines (3e œil). A placer sur entre le pubis et le nombril du bébé pour supprimer les érythèmes fessiers dus à la pousse dentaire.




Symbolisme :


Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant qui ont dirigé la publication du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée : Robert Laffont, 1982),


"C'est Thalès qui découvrit, vers 600 avant J. C., les propriétés magnétiques de l'ambre. L'ambre "jaune" se dit en grec électron, d'où le nom d'électricité. Les chapelets, les amulettes d'ambre, sont comme des condensateurs de courant. En se chargeant eux-mêmes, ils déchargent de leurs propres excès ceux qui les portent ou les égrènent.

L'ambre représente le fil psychique reliant l'énergie individuelle à l'énergie cosmique, l'âme individuelle à l'âme universelle. Il symbolise l'attraction solaire, spirituelle et divine.


Ogmios, chez les Celtes, se présente dans la légende sous la forme d'un vieillard. Il attire une multitude d'hommes et les tient attachés par les oreilles à l'aide d'une chaîne d'ambre. Les captifs pourraient fuir en raison de la fragilité de leur chaîne. Ils préfèrent suivre leur guide. Le lien par l'ambre est d'ordre spirituel.

Un visage d'ambre est volontiers attribué aux héros et aux saints. Il signifie un reflet du ciel en leur personne et leur force d'attraction.

Apollon versait des larmes d'ambre quand, banni de l'Olympe, il se rendait chez les Hyperboréens. Elles exprimaient sa nostalgie du Paradis et le lien subtil qui l'unissait encore à l'Élysée.

Le Pseudo-Denys l'Aréopagite explique que l'ambre est attribué aux essences célestes parce que, réunissant en lui les formes de l'or et de l'argent, il symbolise à la fois la pureté incorruptible, inépuisable, indéfectible et intangible qui appartient à l'or et l'éclat lumineux, brillant et céleste qi appartient à l'argent.

Selon une croyance populaire, l'homme qui conserve sur lui, en toute circonstance, un objet d'ambre ne peut être trahi par sa virilité."

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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :


Cet élixir amplifie la force vitale, donne confiance en soi, active les forces d'auto-guérison, illumine la conscience et aide l'individu à progresser vers son but, même s'il rencontre des obstacles.

Sa couleur est jaune doré. Selon Callistrate, elle est utile dans les affections de la lymphe, et contre les terreurs nocturnes ou frayeurs soudaines. Ce dernier l'appelait d'ailleurs chryselectrum (l'électron d'or en tenant compte que krusos signifie or en grec). Maintenant on sait que sa haute fréquence vibratoire purifie tout l'organisme. Son rayonnement magnétique régule les systèmes endocrinien et digestif, régularisant du même coup la rate et le rythme cardiaque. Selon Pline, il éclaircit la vue, dissipe les maux d'oreilles et les douleurs d'estomac. Selon Berquen, il combat la rétention d'urine, les attaques d'apoplexie et d'épilepsie, les catarrhes de la poitrine, les inflammations de la gorge, les fièvres pernicieuses. Les tons or, régissant l'activité mentale, l'ambre renforce le plexus solaire, carrefour énergétique en relation directe avec la santé physique et la santé mentale.

Ici, on se rend compte que ce rayon jaune doré projette sur chaque cellule un rayon purifiant, effaçant la plus infime scorie qui se dépose et qui fait obstacle au passage de l'énergie permanente, céleste et tellurique. L'ambre s'appelait « gless » chez les habitants de la Baltique. Mot comparable à « gliz », la rosée des Druides, devenue plus tard un symbole alchimique. L'ambre est le symbole qui se rattache le plus au dieu Ogmos, ce dieu vénéré par la civilisation Hyperboréenne. La Borée est la partie ouest de l'horizon, cette partie mystérieuse où se cache le soleil et où se cache Ogmos. Pour approcher ce dernier, les Druides prétendaient qu'il n'existait que l'ambre.

Cet élixir illumine le cœur et l'esprit. Il symbolise la pureté incorruptible et inépuisable. Il maintient la virilité chez l'homme. Son faible indice de dureté (2) permet d'affiner tout comportement rigide. D'autant plus que la présence de carbone (le génie du malléable) associé à l'hydrogène et à l'oxygène (deux éléments aériens) font de cette pierre un des meilleurs véhicules pour s'harmoniser avec les courants cosmiques. On peut donc avancer que cet élixir relie l'âme individuelle à l'âme universelle.


Mots-clés : prenons son nom en grec « électron » et adoptons à domicile un électronicien, c'est-à-dire un simple morceau d'ambre qui reconstruit les circuits électriques défectueux et particulièrement là où les cellules ne reçoivent plus les messages codés par les ondes qui les traversent. Les Grecs connaissaient les tendances à la spasmophilie et y arrivaient à bout facilement avec l'ambre, alors que cette maladie est assez mal soignée actuellement car l'ambre a été oublié dans le temps.

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :


"L'ambre tient son nom de l'arabe ambar, qui désignait l'ambre blanc ou ambre gris - substance précieuse produite à partir des concrétions intestinales du cachalot -, avec lequel on préparait un parfum très prisé, que les marchands arabes vendaient dans toute l'Europe médiévale. Tandis que l'ambre jaune - résine fossile de pins vieille de 40 à 60 millions d'années -, récolté encore de nos jours, le plus souvent sur les rivages de la Baltique, était nommé par les Grecs êlektron, qui signifie brillant ou alliage d'or avec de l'argent. Et c'est de ce nom originel de l'ambre que nous sommes partis pour désigner l'électricité.

C'est l'astronome, philosophe et mathématicien grec Thalès qui, au VIe siècle avant Jésus-Christ, découvrit les propriétés magnétiques de l'ambre jaune : "Les chapelets, les amulettes d'ambre sont comme des condensateurs de courant. En se chargeant eux-mêmes, ils déchargent de leurs propres excès ceux qui les portent ou les égrènent." On comprend donc pourquoi l'on utilisait couramment l'ambre dans l'Antiquité, comme une pierre bénéfique et protectrice ayant le pouvoir d'absorber les ondes négatives. L'ambre jaune fut aussi nommé "pierre de lynx", car on croyait que sa résine résultait de la concrétion de l'urine de cet animal et qu'elle conférait à celui qui la portait un don de double vue, le lynx étant réputé pour avoir une vue perçante.

Selon les Chinois, l'ambre contenait l'âme des tigres. Quant aux Grecs, ils attribuaient la naissance de l'ambre jaune aux larmes des Héliades, les filles d'Hélios, le dieu du Soleil, pleurant la mort de leur frère, Phaéton, qui avait eu la présomption de conduire le char solaire et d'usurper le pouvoir de son père. Une légende chrétienne s'inspirant de ce mythe grec fit naître l'ambre des larmes versées par les oiseaux, le jour de la crucifixion de Jésus.

L'ambre fut aussi associé à l'ambroisie, le nectar des dieux, la boisson de l'immortalité qui leur fut offerte par Héra, la sœur de Zeus, la plus grande de toutes les déesses olympiennes, gardienne du jardin des Hespérides et des pommes sacrées de l'Arbre de Vie.

Selon Pline l'Ancien, "l'ambre guérit les fièvres, la cécité, la surdité et autres infirmités". Au XVIe siècle, il était d'usage d'employer l'ambre pour guérir les maux de gorge et de ventre. Au début de notre siècle, on faisait encore porter des colliers d'ambre pour combattre les irritations de la gorge ou les inflammations des ganglions du cou. Ce sont aussi ses propriétés curatives qui incitèrent les pipiers à fabriquer des pipes d'ambre, dont on pensait qu'elles prévenaient les infections de bouche.

Dans le zodiaque, l'ambre est apparenté au signe du Capricorne. Symbole de longévité, de magnétisme et de lumière, il ne pouvait être que bénéfique."

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Selon Valérie Gontero, autrice de « Un syncrétisme pagano-chrétien : la glose du Pectoral d’Aaron dans le Lapidaire chrétien », (in : Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2006) :


Le lapidaire mixte est consacré aux douze gemmes les plus célèbres de La Bible : celles du Pectoral d’Aaron, reprises en partie par la Jérusalem Céleste. L’Exode décrit deux fois le gigantesque pendentif qui orne la poitrine du Grand Prêtre, élaboré selon les directives divines : « Ils le garnirent de quatre rangs de pierres précieuses : première rangée : une sardoine, une topaze, une émeraude ; deuxième rangée : un rubis, un saphir, un jaspe ; troisième rangée : une pierre d’ambre, une agate et une améthyste ; quatrième rangée : une chrysolite, un onyx et un béryl ; elles étaient serties d'or dans leurs montures (1). »

À la fin de la Bible, L’Apocalypse de saint Jean dépeint la Jérusalem céleste, dont les piliers sont taillés dans les mêmes gemmes, à quelques exceptions près : « Les soubassements du mur de la ville sont ornés de toutes sortes de pierres précieuses ; le premier est de jaspe ; le deuxième de saphir ; le troisième de calcédoine ; le quatrième d'émeraude ; le cinquième de sardonyx ; le sixième de sardoine ; le septième de chrysolithe ; le huitième de béryl, le neuvième de topaze ; le dixième de chrysoprase ; le onzième d’hyacinthe ; le douzième d'améthyste (XXI, 19-20). »

[...] Dans le lapidaire, l’exégèse s’effectue à plusieurs niveaux, de la partie au tout, du microcosme au macrocosme. Ainsi une senefiance est dévolue à chaque gemme, à chaque rangée (parfois même au rang de la gemme sur la rangée) et enfin à l’ensemble des douze pierres du Pectoral. Le texte considère les qualités physiques et la disposition des gemmes pour établir des correspondances avec les qualités morales et les expériences spirituelles des chrétiens, comme l’illustre le tableau suivant, récapitulant les données de la seconde partie du lapidaire.

​Gemme

​Rang sur le Pectoral d'Aaron et dans la Jérusalem céleste

Symbolique des nombres

Couleur

Symbolique religieuse et mystique

2e rangée

La force

Ambre

7e/absent

1er de la troisième rangée

Le troisième temps, celui de l'Évangile (1)

Couleur d'hyacinthe

Les reins du lynx symbolisent la luxure ; le lynx représente les prêcheurs Le ligure signifie la chasteté

[...] Le raisonnement analogique, qui sous-tend l’ensemble du texte, s’appuie systématiquement sur le nombre et sur la couleur, mais reprend aussi des propriétés décrites dans la partie païenne du lapidaire. L’analogie principale, aux ramifications variées, s’enrichit parfois d’analogies secondaires, qui étoffent et complexifient la glose.

L’analogie par le nombre, véritable mode de pensée au Moyen Âge, est la plus marquante dans le lapidaire. Les clercs accréditent l’exégèse biblique des nombres en se fondant notamment sur le verset suivant : « Mais vous réglez toutes choses avec mesure, avec nombre et avec poids » (Sagesse, XI, 21).

Dans son versant numérique, la glose s’attache au rang de la gemme, sur le pectoral d’Aaron (rang parmi les douze gemmes, rangée, place sur la rangée) et dans la Jérusalem céleste (rang parmi les piliers de gemmes). Pourquoi douze gemmes ? Le douze représente le syncrétisme du nombre matériel 4 et du nombre spirituel 3, et fait écho au 7, qui incarne la perfection. Les gemmes matérialisent les douze tribus d’Israël – comme il est dit dans L’Exode et rappelé dans le lapidaire (v. 601-608) – mais aussi les douze apôtres (v. 662-667).

Rang

Pectoral d'Aaron

​Apôtre

Tribu d'Israël

7

Ambre

Matthias

Nephtali

[...] Pour les autres pierres absentes de la Jérusalem céleste (l’ambre, l’agate, l’améthyste et l’onyx), le clerc n’apporte aucune justification.


Note : 1) Le premier temps est celui qui précède la naissance du Christ ; le deuxième temps se déroule avec la vie de Jésus ; le troisième temps est celui des Communautés et de la rédaction des Evangiles.

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Pour Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012),


L'ambre jaune a une "origine incontrôlée ! Cire de fourmi, larmes de volatiles marins, vapeurs condensées de la Terre, miel pétrifié par l'océan, rayons consolidés du soleil dans les abysses, urine solidifiée de lynx... L'étrangeté de l'ambre lui a valu d'être inclassable durant plusieurs ères. La question de son origine (minérale, végétale ou animale) donna lieu à de nombreuses suppositions fantaisistes et les légendes qui l'entourent n'ont pas aidé à la tâche, vous vous en doutez. La mythologie grecque évoque les Héliades, déesses inconsolables pleurant la mort de leur frère et qui furent métamorphosées en peupliers. De leurs troncs coulèrent des larmes de résine qui devinrent, au fil des siècles, l'ambre que l'on connaît. En Lituanie, la colère du dieu de la mer face à l'infidélité de sa femme serait à l'origine des morceaux d'ambre s'échouant sur les plages après chaque tempête. Les larmes de l'épouse assistant avec impuissance à la tuerie de son amant et à la destruction de son palais d'ambre se mêlent encore aujourd'hui aux débris architecturaux avant de se déposer sur le sable.


Vertus : Rejetés par la mer ou niché dans les profondeurs de la terre en fonction des sites, l'ambre aux allures de pierre précieuse et aux propriétés électrostatiques très tôt détectées, fut, depuis les temps préhistoriques, considéré comme un cadeau divin investi de vertus bénéfiques. Les capacités magnétiques de l'ambre - il suffit de frotter un morceau pour attirer les corps légers - absorberaient les mauvaises énergies de ceux qui le portent tout en leur procurant sérénité, protection et chance. Talisman et amulette à la fois, l'ambre fut universellement apprécié.

Réputé pour éloigner les serpents et protéger les marins de naufrages, l'ambre brut ou travaillé mettrait également à l'abri de tous maux. Les Lituaniens plaçaient un sac de lin renfermant des morceaux de la substance résineuse sous leur lit. Les Chinois sculptaient un animal, une fleur ou un fruit dans un morceau d'ambre et portaient le pendentif en gage de prospérité et de fertilité. Au Maroc, l'on façonnait avec ce matériau une main de Fatima pour écarter le mauvais œil.

Saviez-vous d'ailleurs que les colliers encore aujourd'hui destinés à soulager les douleurs dentaires de vos chérubins avaient jadis également fonction de garantir des sortilèges, des convulsions et des problèmes oculaires ? Si l'on en croit la superstition, c'est un véritable tout en un ! Les paysannes italiennes des régions alpestres se paraient par ailleurs du même bijou pour se préserver des maux liés à la gorge tels les goitres ou le gonflement Si l'ambre est réputé pour préserver de nombreuses maladies, son efficacité supposée contre les ravages de l'âge l'est en revanche bien moins. La marche à suivre est pourtant très simple et -chanceux que vous êtes ! - nous vous la divulguons ici. Plongez cinquante grammes de fragments d'ambre dans de la vodka durant dix jours puis buvez l'élixir filtré à raison d'un demi-verre chaque matin. Si la recette fonctionne comme on le prétend, vous serez toujours jeune, toujours beau mais peut-être un peu alcoolique sur les bords..."


Disparition de la "huitième merveille du monde" : En 1716, Frédéric Guillaume Ier, roi de Prusse, offrit une splendide chambre aux murs recouverts d'ambre au tsar Pierre le Grand. La fille de ce dernier transféra et enrichit la collection dans son palais d'été à Tsarkoïe Selo, près de Saint-Pétersbourg. Mais durant la Seconde guerre mondiale, les nazis s'emparèrent du fabuleux trésor dont la trace fut perdue dès 1945. Aucune enquête menée depuis la Libération n'est parvenue à trouver les caisses d'ambre. depuis 2003, grâce à une photo et à plusieurs témoignages,, la chambre est à nouveau reconstituée dans son palais d'été. Six tonnes d'ambre, financées en grande partie par l'Allemagne, furent nécessaires à cette gigantesque restauration.

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Véronique Dasen, dans un article intitulé "Sexe et sexualité des pierres dans l'Antiquité gréco-romaine." (In : Les savoirs magiques et leur transmission de l'Antiquité à la Renaissance. 2014. pp. 195-220) s'intéresse aux croyances des Anciens relatives à la porosité entre les règnes :


Le discours mythique atteste lui aussi de passages d’un règne à l’autre. Les récits abondent sur les humains et les animaux qui sont pétrifiés, généralement comme punition divine ou victimes du pouvoir de Méduse. Les cailloux de l’île de Sériphos sont les habitants empierrés lors du passage de Persée avec la tête de Méduse, mais à l’inverse, la race humaine naît de pierres semées dans le sol dans le mythe de Deucalion et Pyrrha. Le vocabulaire évoque la nature organique du minéral en le comparant ou en l’associant à la croissance du végétal ; Niobé sent « le roc monter et l’asservir », « aussi tenace que le lierre », tandis qu’Arsinoé se transforme en pierre tout en s’enracinant dans le sol. Ces pierres marquent le paysage, tel Atlas devenu montagne, et restent animées d’une vie cachée. Sur le Mont Sipyle, le rocher de Niobé pleure, démonstration minéralisée de l’éternité de sa douleur. Les métamorphoses sont-elles réversibles ? Si des mortels peuvent se transformer en statues, des statues s’animent et se transforment en êtres vivants, comme dans la célèbre histoire de Pygmalion et Galatée.

[...]

L’ambre, electrum, entre dans cette catégorie de l’entre-deux, à la croisée de l’humain, de l’animal et du végétal. Selon Pline, il serait le produit des larmes versées par les sœurs de Phaéton, transformées en peupliers, aux bords du fleuve Eridan. D’autres versions l’animalisent et font du lyncurium de l’urine de lynx solidifiée dans la terre.

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Dans Pierres de Protection (Éditions Ambre, 2017), Reynald Georges Boschiero précise les vertus protectrices de l'Ambre, qu'il classe dans les "Pierres de protection douce" :


Couleurs : Les couleurs de l'ambre gemme vont généralement du jaune pâle au jaune orangé en passant par le jaune d'or.


Généralités :


Domaines de protection :


Autres applications :


Purification :


Rechargement :


Signes astrologiques favoris : Lion ; Vierge ; Gémeaux.

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Maïa Toll, auteure de Les Cristaux du chaman, 36 cartes divinatoires, A la découverte du pouvoir des pierres et des cristaux (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de l'Ambre :


Mot-clef : Que devenez-vous ?


Échelle de Mohs : 2 - 2.5


« Peu importe ce que vous étiez avant », assure l'Ambre. « Ce qui compte, c'est ce que vous devenez. » L'ambre en est sûr, lui qui fut épaisse et collante résine de pin au parfum de forêt. La résine de conifère est antiseptique, et l'ambre conserve ces vertus protectrices. Il vous préserve sur le plan spirituel quand vous évoluez vers une nouvelle phase de votre vie. L'Ambre, qui renferme parfois une feuille ou un insecte, demande : « Qu'emporterez-vous en vous transformant ? Qu'allez-vous inclure dans votre essence ? » C'est le lieu où tout converge. Quand l'Ambre entre dans votre vie, faites une pause. Écoutez à la fois votre cœur et votre tête pour imaginer votre devenir.


Rituel : Mettez tout à plat

Quand vous arrivez à un carrefour et devez décider quelle orientation donner à votre vie, faire une pause pour visualiser votre évolution peut aider. Comme le changement, cela peut se révéler parfois inconfortable ! essayez l'un de ces moyens pour trouver votre voie en évacuant le passé.

  • Faites l'inventaire de ce que vous êtes et de tout ce que vous possédez. En écrivant cette liste, tâchez de vous libérer mentalement de chaque chose à faire au fur et à mesure.

  • Dans votre chambre, ôtez tous vos vêtements juste avec vous.

  • Enumérez à voix haute des aspects de vous-même, tout en brûlant un morceau de papier ou un brin de laine symbolisant ce dont vous voulez vous débarrasser.

Après cette mise à plat, décidez de ce que vous souhaitez emporter dans la nouvelle phase de votre vie.

Quels sont les aspects de vous-même que vous désirez conserver précieusement ?


Réflexion : Polissez le passé

L'Ambre n'oublie jamais qu'il provient d'un arbre. Il se souvient de l'immensité du ciel et du goût de la pluie, du soleil sur ses épines et du pépiement des oiseaux à l'aube. Tout cela est inscrit dans sa riche couleur de miel.

Si l'ambre vous parle, c'est l'occasion de vous souvenir de vos moi et de ce que la personne que vous êtes et que vous deviendrez leur doit.

Comment étiez-vous enfant ? Aimiez-vous chanter ou rire ?

Ramassiez-vous des cailloux, des coquillages ou des glands ?

Interrogez-vous sur votre moi enfant et sur la personne que vous étiez au début de l'âge adulte.


En Chine, on croyait qu'à la mort d'un tigre, son esprit s'enfonçait sous la terre pour devenir de l'ombre. « Âme du tigre » est d'ailleurs le nom chinois de l'ambre.

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Joëlle Ricordel, dans un article intitulé "Des vertus et couleurs de quelques minéraux dans les écrits des médecins de langue arabe (IXe-XIIIe siècle). (In :Pallas. Revue d'études antiques, 2021, no 117, pp. 219-233) explique la place de l'ambre dans la pharmacologie arabe :


L’ambre jaune (كرهبا). En suivant les schémas antérieurs, on peut penser que l’ambre jaune, kahrubā, aura pour destination le traitement des maladies induites par la bile jaune et concernant le foie. C’est ainsi que le décrit Ibn al-Bayṭār qui se réfère à Théophraste et à Isḫāq ibn `Imrān. L’ambre jaune serait efficace contre les maladies du foie mais aussi de l’estomac et plus généralement, de la poitrine. Il est utile « porté par un ictérique » et « contre les palpitations causées par la bile ».

 

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