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Le Myrte



Étymologie :


  • MYRTE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1256 (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 49, 4) ; 2. 1552 fig. « symbole de l'amour » (Ronsard, Amours, éd. P. Laumonier, t. 4, 68). Empr. au lat. myrtus « même sens ».


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Myrtus communis ; Arbre juif ; Bois-sent-bon ; Herbe du lagui ; Marola ; Mirtre ; Mistré ; Multré ; Myrte juif ; Nerta ; Nertou ;

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Botanique :


Robert Castellana et Sophie Jama, auteurs de "Floriculture et parfumerie : les origines de l’acclimatation végétale sur la cote d’azur." (Issued by The Phoenix Project, 2012) nous apprennent les vertus du myrte en lien avec la parfumerie :


Le myrte est une plante connue depuis l'Antiquité pour ses propriétés aromatiques. Il possédait alors une dimension fortement ritualisée. Le monde grec l'avait ainsi consacrée à Vénus et les Juifs en usaient pour les Offices de la fête des Cabanes. Ses rameaux et ses fruits servaient à aromatiser les vins, ses feuilles à parfumer l'eau des bains. Au moyen-âge, ses baies entraient dans de nombreuses compositions médicinales, et notamment dans le "sirop myrtin de Mesué". On retirait aussi de ses feuilles et de ses fleurs une eau aromatique, dite "Eau d'ange", aux vertus cosmétiques. En herboristerie, les feuilles de myrte sont considérées comme astringentes, toniques et antiseptiques. Elles servent en usage externe, pour les blessures et ulcères ou, en usage interne, pour les troubles digestifs et urinaires. Plante spontanée des maquis et garrigues, elle fut très tôt utilisée dans l'industrie grassoise des cuirs parfumés, et abandonnée par la suite. L'huile essentielle qui en est extraite contient de l'alphapinène, du cinéol et du myrténol. Antiseptique et expectorante, elle est utilisée pour traiter les affections respiratoires.

 


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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette essence :


Printemps - Avril

MYRTE - AMOUR. Le chêne, de tout temps, fut consacré à Jupiter, le laurier à Apollon, l'olivier à Minerve, et le myrte à Vénus. Une verdure perpétuelle, des branches souples, parfumées, chargées de fleurs, et qui semblent destinées à parer le front de l'Amour, ont valu au myrte l'honneur d'être l'arbre de Vénus. A Rome, le premier temple de cette déesse fut environné d'un bosquet de myrtes ; en Grèce, elle était adorée sous le nom de Myrtie. Quand Vénus parut au sein des ondes, les Heures allèrent au-devant d'elle, et lui présentèrent une écharpe de mille couleurs et une guirlande de myrte. Après sa victoire sur Pallas et Junon, elle fut couronnée de myrte par les Amours. Surprise un jour, en sortant du bain, par une troupe de satyres, elle se réfugia derrière un buisson de myrte : ce fut aussi avec des branches de cet arbre qu'elle se vengea de l'audacieuse Psyché, qui avait osé comparer sa beauté passagère à une beauté immortelle : depuis lors la guirlande des Amours a quelquefois orné le front du guerrier. Après l'enlèvement des Sabines, les Romains se couronnèrent de myrte en l'honneur de Vénus guerrière, de Vénus victorieuse : cette couronne partagea ensuite les privilèges du laurier, et brilla sur le front des triomphateurs. L'aïeul du second Africain vainquit les Corses, et ne parut plus aux jeux publics sans une couronne de myrte. Aujourd'hui qu'on ne triomphe plus au Capitole, les dames romaines ont conservé un goût très vif pour ce joli arbuste ; elles préfèrent son odeur à celle des plus précieuses essences, et elles versent dans leurs bains une eau distillée de ses feuilles, persuadées que l'arbre de Vénus est favorable à la beauté. Si les anciens ont eu cette idée, si l'arbre de Vénus était encore pour eux l'arbre des amours, c'est qu'ils avaient observé que le myrte, en s'emparant d'un terrain, en écarte toutes les autres plantes. Ainsi l'amour, maitre d'un cœur, n'y laisse de place pour aucun autre sentiment.

AIMÉ MARTIN.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Myrte - Amour.

Le myrte a de tout temps été le symbole de l’amour, peut-être parce que cet arbre détruit toute espèce de végétation dans les lieux où il se plaît, comme l’amour exclut du cœur qu’il possède tout autre sentiment.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


MYRTE - AMOUR.

Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l'amour vient de Dieu, et tout homme qui aime est né de Dieu et il connait Dieu. Celui qui n'aime point ne connait pas Dieu, car Dieu est amour.

- I Jean, IV, 7, 8.

Le myrte est un arbrisseau peu élevé, à rameaux nombreux et flexibles et chargés de feuilles dures, permanentes et d'un vert luisant. Ses jeunes feuilles ainsi que les sommités des rameaux ont une teinte rouge. On en possède plusieurs variétés qui se multiplient de graines, boutures et rejetons. Elles aiment le soleil et l'eau dont il faut même leur donner un peu l'hiver, autrement elles perdraient leurs feuilles et peut-être périraient. Ces arbrisseaux prennent aisément toutes les formes que on veut leur donner en les tondant au ciseau. Tout le monde sait que cet arbrisseau était consacré à Vénus. Mais les auteurs, dit M. James de Saint-Hilaire, ne sont pas d'accord sur la raison qui fit consacrer le myrte à cette déesse ; quelques-uns ont crû qu'au moment de sa naissance et lorsqu'elle séchait ses beaux cheveux au bord de la mer, ayant été aperçue par des satyres, elle se déroba à leurs regards en se cachant sous des myrtes (Ovide., Fastes, livre, IV) ; d'autres ont pensé que c'était parce qu'elle se couronna de feuilles de myrte après sa victoire sur Junon et Pailas.


DU MYRTE.

Le myrte est un des plus charmants arbrisseaux que la nature ait produits. Son doux parfum, ses fleurs d'un blanc d'ivoire, son feuillage brillant qui forme comme des guirlandes, l'avaient fait consacrer, comme nous l'avons dit plus haut, à Vénus. Qui pourrait s'endormir dans un bosquet de myrtes, sans avoir à son réveil la tête, le cœur et tous les sens émus de leur senteur mystérieuse et suave ! Mentor se hâta d'arracher Télémaque de cette ile fameuse où croissait le myrte, emblème de l'amour.

Il en est qui prétendent que la jeune Myrsine, qui joignait à la beauté une force extraordinaire, avait vaincu plusieurs fois à la course des jeunes Athéniens. Ceux-ci, jaloux d'une telle rivale, lui donnèrent la mort. Minerve qui l'aimait, la métamorphosa en un arbrisseau que les Grecs nommèrent Myrsine et Myrtos, par allusion au nom de la jeune Athénienne.

Dans la fête des tabernacles, les Hébreux mêlaient les rameaux du myrte avec des branches de dattier et d'olivier qu'ils portaient à la main. En Grèce, on adorait Vénus sous le nom de Myrtie ; à Rome, son temple était environné d'un bouquet de myrte. Quand elle sortit du sein des eaux, les Heures lui présentèrent une guirlande de fleurs et une couronne de myrte : elle prit celle-ci et dédaigna les autres. Chez les Romains, le myrte était consacré au petit triomphe de l'ovation, et alors il était dédié à Vénus guerrière et victorieuse, parce qu'on croyait que c'était elle qui avait inspiré les Sabines, lorsqu'après leur enlèvement, elles furent se jeter entre les bataillons de leurs époux et de leurs pères, pour empêcher une sanglante bataille. On accordait cette plante aux généraux qui, par le pouvoir de la persuasion, par le charme de l'éloquence et sans presque employer la force, avaient heureusement terminé leurs entreprises. Le triomphateur marchait à pied, en pantoufles, accompagné de joueurs de flûte et couronné de myrte. La flûte était regardée comme l'instrument de la paix et le myrte comme l'arbrisseau de Vénus qui, plus qu'aucune autre divinité, avait en horreur la violence et la guerre. Lorsque Scipion eut vaincu les Corses, il rentra dans Rome en triomphateur, avec une couronne de myrte sur la tête, et depuis cette époque il ne parut plus dans les jeux publics sans cet ornement. Enfin, ajoutons pour terminer, que l'éloge du myrte est répété par les poètes de tous les siècles ; aujourd'hui même cet arbrisseau, quoique dépouillé de ses brillantes chimères, n'en est pas moins recherché, les qualités qui l'ont mis en réputation chez les anciens étant toujours les mêmes. Heureusement les charmes de cet arbrisseau ont fait disparaitre ces recettes médicamenteuses qui en flétrissaient l'éclat.

RÉFLEXIONS.

Ce n'est que dans les romans que l'amour donne à l'âme des sentiments généreux et la porte à de grandes actions ; l'histoire et l'expérience nous apprennent également les fautes et les bassesses impardonnables qu'il a fait faire aux plus grands hommes.

(OXENSTIERN.)

L'amour flatte pour perdre, et, une apparence de douceur, cache les plus affreuses amertumes.

(FÉNELON.)

Il est difficile de définir l'amour. Ce qu'on peut en dire, c'est que dans l'âme c'est une passion de régner ; dans les esprits c'est une sympathie, et dans les corps c'est une envie cachée de posséder ce que l'on aime après beaucoup de mystères.

(LA ROCHEFOUCAULT.)

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


MYRTE - AMOUR.

Arbrisseau dont les fleurs sont menues, et qui porte de petites fleurs blanches, d'une odeur agréable. - Chez les anciens, le myrte était consacré à Vénus. - A Athènes, les suppliants et les magistrats portaient des couronnes de myrte. On portait également une couronne de myrte, quand on récitait des vers d'Eschyle et de Simonide. - Dans les festins joyeux, une branche de cet arbre passait de main en main, avec la lyre, et c'était pour chaque convive l'invitation de chanter à son tour des vers érotiques.


Sous le simple lambris

Des myrtes verts et des rosiers fleuris,

Entrelacés par la main du mystère,

L'amour conduit les enfants de Cypris. MALFILATRE

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Myrte - Amour.

De tout temps le myrte est entré dans la catégorie des arbres poétiques. En effet, sa verdure perpétuelle et les parfums qui en émanent le rendent digne de cette préférence. Chez les Grecs, cette plante fut consacrée à la déesse de l'amour et de la beauté ; Minerve, toute sage qu'elle était, ne la dédaigna pas ; une des Grâces en portait un bouquet. Aux funérailles des grands hommes, on ornait leur statue de branches de myrte. Mais on employait surtout le myrte pour orner la lyre du troubadour qui chantait l'amour.


Son immortelle verdure,

Embellit tout l'univers

Et lui prête une parure

Que respectent les hivers.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Myrte commun (Myrtus communis) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Vénus

Élément : Eau

Divinités : Aphrodite-Vénus ; Artémis-Diane ; et leur grande ancêtre à toutes deux, la déesse lunaire Astarté, adorée par tous les peuples sémitiques de la haute Antiquité. Elle s'appelait Istar chez les Phéniciens, Athtar chez les Arabes ; Astoret chez les Hébreux. On pense généralement que le nom d'Aphrodite (« Astoret »... « Aphtoret »... « Aphrodet ») et celui d'Amphitrite (Amphtoret) ne sont que des altérations successives du nom d'Astarté.


Il existe plus de soixante espèces de Myrtes. Nous nous occupons ici du plus connu en Europe comme aux États-Unis. C'est un grand arbrisseau, très répandu dans tout le bassin de la Méditerranée. C'est le Myrtos des Anciens, le bois aux mille et une traditions.

Nous faisons une fiche à part pour le Myrte-piment, pourtant cousin, mais qui ne subit pas la même influence planétaire et qui est une plante « Feu » alors que celle-ci est « Eau ». Même en botanique la différence est marquée, puisque la variété de Myrte qui va être examinée juste après celle-ci n est plus un Myrtus mais appartient au genre Pimenta.

La nymphe Myrsiné ayant dépassé en courant son amie Pallas (autre nom d'Athéna), la déesse irritée la fit mourir ; sur son corps poussa le Myrte, plante que Pallas se mit à aimer par la suite, soit en souvenir de son triomphe sur sa rivale imprudente, soit par remords.

Dans l'île de Cythère, Vénus, ayant honte de sa nudité, se cacha derrière Myrte et, par reconnaissance, l'adopta comme sa plante bien-aimée.


Utilisation rituelle : Aux temps bibliques, les jeunes femmes juives portaient des guirlandes de Myrte le jour de leurs noces.

Lorsque les Romains combattirent pour garder les Sabines enlevées, ils portaient sur leurs têtes des couronnes de Myrte.

Romulus planta à Rome deux de ces arbrisseaux, l'un pour les patriciens, l'autre pour le peuple. Lorsque les nobles triomphaient au sénat, le Myrte plébéien se fanait; lorsque le peuple marquait des points en politique, c'était le Myrte des patriciens qui avait mauvaise mine et commençait à se dessécher.


Utilisation magique : Symbole de l'amour conjugal sans nuages, cette plante est l'un des composants de base des sachets d'affection, depuis toujours, serait-on tenté de dire... depuis plusieurs millénaires, en tout cas, et partout où pousse le Myrte. Comme les druides celtes avaient leurs cérémonies du gui, les magiciens de Mésopotamie avaient leurs rites du Myrte.

Chez les Hébreux, l'arbre était fécondant. Et cependant, dans ce même peuple, une tradition en faisait porter aux jeunes mariées pour qu'elles n'aient pas leur premier enfant trop tôt.

Bues selon un programme précis, qu'il faut respecter minutieusement, des infusions de feuilles de Myrte conservent très longtemps la jeunesse et la beauté...

Pour qu'un Myrte planté dans le jardin soit protecteur, il faut qu'il y ait été mis par une femme.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Cet arbrisseau bénéfique, surtout s'il pousse de part et d'autre de la porte principale d'une maison, apporte bonheur, paix et joie à ses habitants, à condition qu'ils en prennent soin et ne le laissent pas dépérir : les conséquences pourraient en être redoutables. On soutient également que le myrte n'est protecteur que s'il a té planté par une femme.

En Angleterre, le myrte qui pousse dans un jardin annonce le mariage prochain d'un des membres de la famille. toutefois, en Allemagne, une jeune fiancée qui en plante un de son propre chef prend le risque de ne jamais passer devant l'autel avec son élu L'association du myrte et du mariage remonte à fort loin : croyant qu'il rendait amoureux et protégeait la vie sentimentale, les Romains l'avaient consacré naturellement à Vénus, déesse de l'Amour et les nouveaux époux portaient des couronnes de myrte le jour de leurs noces, usage qu'on retrouve dans l'Allemagne du siècle dernier, notamment près de Brême. Dans le Languedoc, c'est en guirlande qu'il prenait place sur les portes des maisons des mariés.

Les guerriers latins portaient également des couronnes de cet arbrisseau lorsqu'ils avaient remporté une victoire mais seulement s'ils « n'avaient pas répandu de sang dans la bataille ». L'anneau de myrte était par ailleurs considéré comme une amulette précieuse pour tous ceux qui voyageaient à pied ; il les protégeait également des abcès. En tenir un rameau à la main permet de faire de longs trajets à pied sans se fatiguer.

Selon Pline, à propos des deux myrtes plantés par Romulus, l'un vénéré par les praticiens, l'autre par le peuple, « lorsqu'à Rome, les nobles triomphaient, le myrte plébéien se fanait ; lorsque le peuple triomphait, le myrte des patriciens se desséchait ».

La mythologie grecque nous dit que Phèdre, désespérée de la mort d'Hippolyte, son beau-fils qu'elle aimait, avant de se pendre à cet arbrisseau, en piqua les feuilles avec une épingle. « Aujourd'hui même si on place une feuille de myrte entre la lumière et l'œil, on peut y remarquer, en grand nombre, les piqûres d'épingle de l'infortunée Phèdre ». En Grèce, cueillir du myrte procure la puissance mais passer à ses côtés dans l'indifférence et sans en ramasser « est un signe d'impuissance et de mort ». En vertu de la persistance de son feuillage, le myrte est en effet associé à l'immortalité ; boire des infusions de ses feuilles conserve la beauté et la jeunesse.

Les Hébreux, pour qui « l'arbre était fécondant », en faisaient toutefois « porter aux jeunes mariées pour qu'elles n'aient pas leur premier enfant trop tôt ».

Le myrte, qui doit sa réputation aux Anciens, se trouve associé également à certaines fêtes chrétiennes : en Provence, il prend place sur la table de Noël « en signe d'espérance et de renouveau » tandis qu'« il était autrefois d'usage en Saintonge de mettre dans le cercueil le dernier rameau de myrte (bénit le jour des Rameaux) qui avait appartenu au mort, afin qu'il pût s'en servir à l'autel du bon Dieu ». Selon une croyance angevine, seul le myrte semé le vendredi saint prendra racine.

Enfin, vu en songe, l'arbrisseau, qui correspond aux signes astrologiques du Taureau et de la Balance, n'est pas de bon augure.

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Jean Paquereau, dans son ouvrage intitulé Au jardin des plantes de la Bible : botanique, symboles et usages. (Forêt privée française, 2016) explicite le symbolisme biblique du Myrte :


Son nom hébreu est « hadas ».

Référence biblique : « Je planterai au désert, cèdres et acacias, myrtes et oliviers. Dans les régions sans eau, je mettrai des cyprès, des pins et des buis. »

Ésaïe 41, 19 BFC.

Histoire dans la Bible :

L'Éternel promet de mettre cette plante dans le désert avec l'acacia, le cèdre et l'olivier dans le texte en référence. On en apportait avec d'autres plantes pour la fête des Tabernacles (fête de Souccot ou fête des cabanes).

On utilisait cette plante dans les constructions dans l'Ancien Testament.

« ... Sortez dans la montagne et rapportez du feuillage d'olivier, du feuillage de myrte, du feuillage de palmiers et du feuillage d'arbres touffus, pour faire des huttes, comme il est écrit. »

Néhémie 8, 15 TOB.

Le mot myrte en hébreu est « hadas ». Par ailleurs le terme hadassa traduit aussi le nom d'Esther.

« Or, il était tuteur de Myrte - c'est Esther - sa cousine, car elle n'avait ni père, ni mère. La jeune fille avait un corps splendide et elle était belle à regarder. A la mort de son père et de sa mère, Mardochée l'avait adoptée pour fille ».

Esther 2, 7 TOB.

« Or, il était le tuteur de Hadassa - c'est-à-dire Esther - fille de son oncle. Elle n'avait plus, en effet, ni père, ni mère et cette jeune fille était d'une très grande beauté. A la mort de son père et de sa mère, Mardochée l'avait adoptée. »

Esther 2, 7 SER.

Dans la communauté juive, la fête de Pûrim qui est racontée dans le Livre d'Esther, est célébrée dans la joie. Cette fête était déjà célébrée en Perse. Esther est un mot persan (stara) qui veut dire étoile (« aster » en grec).

D'autres textes font référence au myrte :

« J'ai eu cette nuit une vision : c'était un homme monté sur un cheval roux ; il se tenait parmi les myrtes, dans la profondeur, et derrière lui il y avait des chevaux roux, alezans et blancs. »

Zacharie 1, 8 TOB.

« Au lieu de l'épine s'élèvera le cyprès, Au lieu de la ronce croîtra le myrte ; Et ce sera pour l'Éternel une gloire, Un monument perpétuel, impérissable. »

Ésaïe 55, 13 TOB.

Le myrte est un symbole de paix chez les Hébreux.

Le parfum dégagé par cette plante représente la connaissance de la Torah, les fruits des bonnes actions.


Légende et traditions : Les Anciens se servaient de cette plante (décorative et parfumée) pour décorer leurs maisons lors des fêtes. Le bois de ces tiges servaient d'encens. Les Anciens utilisaient beaucoup le myrte en particulier pour faire « cracher le sang » et aussi pour les soins des os.

 

Selon Michel Chauvet, auteur de Encyclopédie des plantes alimentaires, (Belin, 2018), cité par Wikipedia :


Dans l'antiquité, ses fleurs blanches symbolisaient la grâce virginale et à Rome des couronnes ornaient les jeunes filles où les mariés. Il était apprécié dans les temps bibliques pour son parfum.

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


MYRTE. — Dans les Allégories d’Azz Eddin, traduites par Garcin de Tassy, la rose dit que le myrte est « le prince des végétaux odorants ». M. Rousselet décrit ainsi la main d’un pénitent mendiant de Sunaghur : « fermée, entourée de courroies, elle avait été traversée par les ongles, qui, continuant leur croissance, se courbaient en griffe de l’autre côté de la paume ; enfin le creux formé par cette main, rempli de terre, servait de vase à un petit myrte sacré. » Mme Schwarz (Elpis Melaina) a trouvé en Grèce une superstition à laquelle nous avons déjà fait allusion au sujet de la menthe : c’est-à-dire qu’on ne doit point passer près du myrte odorant, sans en cueillir une touffe parfumée. Voici quelques vers d’un chant populaire de l’île de Crète (Kreta-Bienen, München, 1874), traduit par Elpis Melaina :

Wer da wandelt vorüber am Myrtenbaum

Und pflückt sich kein duftiges Reis,

Und wär er ein Mann und wär ein Held

Er ist nur ein trutziger Greis.


Peut-être on cueille du myrte pour la même raison que l’on cueille la menthe ; tant qu’on pense à en cueillir, on est puissant ; l’indifférence pour la menthe et pour le myrte est un signe d’impuissance et de mort. La menthe ayant été identifiée avec la mentula, le myrte est symbolique de l’amour érotique. Dans les fêtes de Myrrha, cette mère incestueuse d’Adonis, les femmes mariées se couronnaient de myrte. C’est avec le myrte, et à défaut de myrte avec le buis, que les amoureux, en Toscane, font, pendant le carême, le jeu dit del verde, symbole de la saison verdoyante, pour se rappeler mutuellement leur amour. Dans l’Enfer de Virgile, les victimes de l’amour se cachent en des bouquets de myrtes :


Nec procul hinc partem fusi monstrantur in omnem

Lugentes campi, sic illos nomine dicunt.

Hic, quos durus amor crudeli tabe peredit,

Secreti celant calles et myrtea circum

Sylva tegit.


A Rome, il était défendu de placer le myrte sur l’autel de la Bona Dea, parce qu’il invitait aux jouissances matérielles. Dans les fêtes d’Eleusis, au contraire, tout le monde s’en couronnait. Cher à Hyménée, aux Grâces, à la muse Érato, le myrte était spécialement consacré à Vénus, la déesse de l’amour, parce que, dit-on, il était censé posséder la vertu, non pas seulement de faire naître l’amour, mais de l’entretenir. D’après le mythe hellénique, la nymphe Myrsiné ayant dépassé, en courant, son amie la déesse Pallas ou Athéné, la déesse irritée la fit mourir ; sur son corps poussa le myrte, plante qu’ensuite aima Pallas elle-même, soit par souvenir de son triomphe sur sa rivale imprudente, soit par remords. Dans l’île de Cythère, dit-on, Vénus ayant honte un jour de sa nudité, se cacha derrière un myrte, et par reconnaissance, l’adopta ensuite comme sa plante bien-aimée. Dans ses fêtes, au commencement d’avril, on s’en paraît ; et les époux, ses protégés, en portaient des couronnes. Le même usage s’est répandu en Allemagne, où, près de Brême, l’épouse est, encore de nos jours, couronnée de myrte. Le myrte des couronnes nuptiales était la myrtus latifolia de Pline, que Caton appelait même myrtus conjugula. Lorsque les Romains combattirent pour garder les Sabines enlevées, ils portaient sur la tête des couronnes de myrte : « Ideo tunc lecta, dit Pline (XV, 29) en parlant du myrte, quoniam conjunctioni et huic arbori praeest Venus. » Pline ajoute que Romulus planta à Rome deux myrtes, l’un desquels devint bientôt cher aux patriciens, l’autre au peuple. Lorsqu’à Rome, les nobles triomphaient, le myrte plébéien se fanait ; lorsque le peuple triomphait, c’était le myrte des patriciens qui se desséchait à son tour. Les piétons romains en voyage se procuraient un anneau de myrte comme un viatique heureux. Albert le Grand, De Mirabilibus Mundi, nous fait connaître une autre superstition de son temps : l’anneau de myrte devait servir contre les apostèmes : « Et dicitur quod si feceris annulum ex virga myrti recentis, et intromittas in ipsum annularem digitum, sedat apostem sub ascellis. » Après la victoire, les anciens Romains se couronnaient seulement de myrte lorsqu’ils n’avaient pas répandu de sang dans la bataille ; Pline nous renseigne encore à ce sujet : « Bellicis quoque se rebus inseruit ; triumphansque de Sabinis Posthumius Tubertus in consulatu (qui primus omnium ovans ingressus urbem est, quoniam rem leviter sine cruore gesserat), myrto Veneris victricis coronatus incessit, optabilemque arborem etiam hostibus fecit. Haec postea ovantium fuit corona, excepto M. Crasso, qui de fugitivis et Spartaco laurea coronatus cessit. Massurius autor est, curru quoque triomphantes myrtea corona usos. L. Piso tradit Papirium Nasonem, qui primus in monte albano triumphavit de Corsicis, myrto coronatum ludos Circenses spectare solitum. Marcus Valerius duabus coronis utebatur, laurea et myrtea. » J’ignore quelle signification pouvait avoir le myrte dont Harmodius et Aristogiton entourèrent leur épée, d’après deux vers de Callistrate en leur honneur :

Il paraît que Pallas et Mars avaient adopté à leur tour le myrte. Dans un dessin de Pompéi, on voit un prêtre de Mars avec une couronne de myrte. On raconte qu’une jeune fille nommée Myrène, prêtresse de Vénus, pour avoir voulu épouser un garçon qu’elle aimait, fut changée en myrte, Nous avons dit cependant que les jeunes mariés et Vénus elle-même se couronnaient de myrte. A Temnos, dans l’Asie Mineure, on montrait une statue en bois de myrte, vouée par Pélops, pour remercier la déesse de son mariage avec Hippodamie. Après la mort d’Hippolyte, Phèdre piqua les feuilles d’un myrte qui poussait (d’après Pausanias, III) près de Trézène, et, ensuite, elle s’y pendit. On dit qu’aujourd’hui même, si on place une feuille de myrte entre la lumière et l’œil, on peut y remarquer, en grand nombre, les piqûres d’épingle de l’infortunée Phèdre. Pausanias parle d’un myrte qui aurait servi d’asile à un lièvre par lequel la déesse Artemis, aurait indiqué l’endroit où on devait bâtir une nouvelle ville. D’après les Apotelesmata d’Apomasaris (Francfort, 1577), le myrte vu en songe est rarement de bon augure : « Si quis domum suam praeter morem myrti foliis et thuris arboris et lauri conspersisse visus sibi fuerit, si pauper est, a sanctis hominibus opes adsequetur ; si vir amplissimus hujusmodi somnium habuerit, quasi de re solita, statuat aliquam sibi calamitatem portendi. Si quis ramum habere myrti visus sibi fuerit, si rex est, cum indigna muliere rem habebit ; sin autem, liberos nullos procreabit. Sin plebeius est, consimilem res eventum in ipsius uxore ac liberis habebit. »

 

Dans Arbres filles et garçons fleurs, Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs (Éditions du Seuil, février 2017) de Françoise Frontisi-Ducroux, raconte que :


Un "autre prodige d'arbre et saignant et parlant [autre que l'histoire du micocoulier], est raconté par Virgile, Énéide, III, 30 s. : Énée essaie d'arracher des cornouillers et des myrtes. Ils proviennent des javelots qui avaient transpercé Polydore, le plus jeune fils de Priam, trahi par son hôte ; cf l'Hécube d'Euripide. Ces javelots redevenus les arbustes dont ils étaient faits versent un sang noir et donnent la parole au mort enterré par-dessous."

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