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Tom Pouce





Symbolisme :


Loys Brueyre, a recensé des Contes populaires de la Grande-Bretagne. (Librairie Hachette, 1875) parmi lesquels Tom Pouce figurent en bonne place :


Tom Pouce (Tom Thumb) aussi appartient à la race des Elfes et comme eux vient du Danemark ; il en a la taille et figure à leurs côtés dans maints récits. Scott (Discoverie of Witchcraft) le range parmi les lutins ; son nom se rencontre chez presque tous les écrivains de féerie du XVIIe siècle, et Drayton, dans ses Nymphidia, en fait un page chargé de porter un message d'amour et un bracelet fait d'yeux de fourmis à la reine Mab, de la part de son maître, le chevalier Pigwiggen ; d'autres le font figurer à la cour du roi Arthur. Nous le verrons ailleurs sous son caractère populaire , et quittant la mythologie féerique pour entrer dans la légende sous la forme, non d'un esprit mais d'un être tout à fait humain, sauf sa taille , haute d'un pouce, qui rappelle son origine d'Elfe. Tom Pouce, ne rappelle que par son nom notre Petit Poucet. Le vrai Poucet de nos voisins est Jack le Tueur de géants. Depuis des siècles, les jeunes enfants anglais frémissent à l'exclamation terrible, à ce qu'il paraît, que poussent les géants quand ils aperçoivent Jack : Fi, fi, fo, fum ! (Je sens le sang d'un Anglais, je vais écraser les os pour en faire du pain !)

Tom Pouce
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 Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882) associe le conte à différents végétaux :


Dans une variété bretonne du conte anglais de Tom Pouce, le petit héros Thomas se sauve d’un orage sous une feuille de bardane. Un taureau arrive et, en mangeant la feuille, engloutit le héros. Le nain breton est de la même famille que ces valakhilyâs, de la légende épique indienne3 , suspendus à la branche de l’arbre sacré, que l’oiseau Garuda emportait avec la branche ; et la feuille de bardane rappelle cette feuille sur laquelle, dans la même légende, les fourmis se sauvent du naufrage, ainsi que la feuille de lotus qui porte sur les eaux le dieu suprême de l’Inde. Le nain qui se sauve par la feuille, qui s’identifie avec la feuille, personnifie au ciel tout aussi bien l’astre lunaire que l’astre solaire.

[...]

Dans un conte populaire anglais, le duvet du chardon sert à tisser les bas du petit héros Tom Pouce. La mère de Tom Pouce le lie avec un fil à un chardon ; une vache approche et mange le chardon, et Tom Pouce avec.

[...]

Maintenant, si le chardon représente le soleil, et si le chêne est le symbole du nuage, on comprend comment la fille du chardon a pu épouser le chêne ; on comprend aussi comment le petit Tom Pouce, le nain solaire, peut se confondre avec le chardon et être avalé par la vache nocturne ou par le nuage ;

[...]

le chapeau qui rend le héros invisible, se retrouvent dans le conte populaire anglais de Tom Pouce sous la forme d’une simple feuille de chêne.

[...]

Dans un conte populaire anglais, la mère de Tom Pouce place le jeune héros dans une coquille de noix, et le régale, pendant trois jours, auprès du feu, avec une noisette.

[...]

Dans le conte populaire anglais de Tom Pouce, le jeune héros pousse les bœufs attachés à la charrue avec un simple brin de paille d’orge.

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Laurent Femenias, dans son mémoire professionnel intitulé Intérêts et enjeux des réseaux dans l’enseignement de la lecture littéraire à l’école primaire (Université de Bourgogne, 2006) rappelle les liens entre le Petit Poucet et Tom Pouce :


Autour du personnage-type : le petit abandonné surmontant les épreuves


Le Petit Poucet est une histoire complexe ne serait-ce que parce qu’elle reprend non pas un mais deux grands motifs que l’on trouve régulièrement dans les contes populaires à travers le monde44. Aussi, d’après la classification internationale de Aarne-Thompson, le conte est référencé AT 327, ce qui correspond au thème des enfants abandonnés dans le forêt. Ce thème permet de rapprocher Le Petit Poucet de contes tels Hänsel et Gretel des frères Grimm. Néanmoins, Le Petit Poucet reprend également le thème du « pouçot », petit héros pas plus grand qu’un grain de mil ou de blé que l’on retrouve dans les contes de type Tom Pouce (AT 700). Aussi, il faut tenir compte dans la construction du réseau de cette dualité que l’on retrouve dans l’histoire du Petit Poucet. Néanmoins, si Paul Delarue et Marc Soriano notent les oppositions existant entre ces deux thèmes, Bernadette Bricout pour sa part en souligne les similitudes. En effet, il est possible de rapprocher symboliquement l’abandon des enfants dans la forêt (traditionnellement lieu de mystères et de dangers) et le passage pour le moins périlleux dans le ventre d’un animal.

 

Xavier-Laurent Salvador, dans un article intitulé « Poucet / Mercure et le char de la Grande Ourse », (in : La chaîne d'union, vol. 74, no. 4, 2015, pp. 76-86) propose une interprétation en lien avec les constellations :


Le Petit Poucet et la Grande Ourse : Je souhaiterais donc revenir sur une remarquable analyse produite au début du siècle dernier par Gaston Paris1 dans un petit ouvrage qu’il consacre au conte du Petit Poucet. Attention toutefois, au moment de commencer ce récit, je m’empresse de dire que le conte aujourd’hui connu en France sous ce nom n’a rien à voir avec l’histoire du Poucet de Perrault (la forêt et les petits cailloux). Aujourd’hui en France, lorsque l’on parle du Poucet, on parle d’un récit de type AT327A2 proche du conte d’Hansel et Gretel. Quand je parlerai dorénavant de Poucet, je ferai allusion pour ma part à un récit, moins répandu en France, mais très présent en Europe, dont le prototype pourrait être celui de Tom-Thumb, le petit bonhomme (AT700). Les éléments qui composent ce récit sont clairement rappelés par Gaston Paris : un enfant, de taille minuscule, dès sa naissance prend l’initiative d’aider son père aux champs. Il se lève, et jugé trop petit pour y parvenir, s’entête. Pour prouver sa valeur, il pénètre dans l’oreille du bœuf attelé à la charrue par le timon et le guide de l’intérieur de la tête. S’ensuivent de nombreuses aventures qui l’amènent à être avalé par de nombreux animaux jusqu’à ce qu’il s’en retourne dans son berceau comme si de rien n’était.

Poucet et l’étoile g : La « petitesse » est généralement perçue comme une qualité négative. Pourtant, il n’en est pas ainsi dans les contes de Poucet : il est d’une petitesse non pas ridicule, mais « merveilleuse ». Ce qui fait l’intérêt du conte, ce sont les choses extraordinaires qu’il accomplit grâce à sa petitesse ; dans toutes les versions d’ailleurs, il est plein d’esprit et de malice, et se tire toujours d’une manière triomphante des mauvais pas où il lui est arrivé d’être engagé.

Cette faiblesse apparente du personnage, à la fois enfant et rusé, n’est pas sans nous évoquer un autre personnage de la littérature homérique : le petit Mercure. Voilà le récit qui lui est associé et que reprend Gaston Paris en évoquant la figure du dieu malin :

Le Conte de Poucet (t. VIII, 1863, Romania, p. 384) est apparenté à la légende d’Hermès telle que l’a conservée l’hymne homérique. À peine né, le fils, encore tout petit, de Zeus, ne veut pas rester dans son berceau ; il montre immédiatement son art et son adresse et joue aux dieux toute sorte de mauvais tours […] Or, le trait essentiel et fondamental de la fable d’Hermès, racontée dans l’hymne homérique, c’est le vol des bœufs d’Apollon. Comme détails caractéristiques, je remarquerai

1/ qu’Hermès commet ce vol le jour même de sa naissance, ayant grandi avec une rapidité merveilleuse, mais restant encore tout petit ;

2/ qu’Hermès en emmenant les bœufs les fait marcher à reculons pour cacher leurs traces.

3/ qu’il rentre chez lui, après avoir caché son butin, par le trou de la serrure.

Si la parenté entre les deux personnages semble étroite, il convient de poursuivre le parallèle et tenter d’esquisser la relation symbolique qui unit très étroitement la figure de l’enfant rusé, celle du char et l’étoile de la Grande Ourse. Notre auteur poursuit son analyse en insistant sur le fait que le point essentiel des histoires du Poucet est attaché à la conduction du char paternel en se plaçant dans la tête - au sens littéral de la chose - de l’attelage :

Or, le trait capital des contes qui nous occupent, c’est celui-ci : Poucet conduit un attelage (soit un char, soit une charrue) en se plaçant dans l’oreille d’une des bêtes qui le composent (bœuf ou cheval). C’est là à mon avis le fond primitif de l’histoire, c’est là le trait qui se retrouve chez tous les peuples, tandis que les autres histoires qui lui sont attribuées […] diffèrent d’ordinaire.

Or, un point crucial est à prendre en compte : dans le domaine wallon, le nom utilisé pour désigner la Grande Ourse est le mot composé « Chaür Poce » soit littéralement « le Char de Poucet ». On ne peut pas imaginer que la dénomination du chariot en ces termes ne soit pas liée à une connaissance des aventures de Poucet. Ce qu’explique encore notre auteur lorsqu’il dit :

(p. 39) Il est clair que la dénomination Chaür Poce appliquée à la Grande Ourse (Wallonie) suppose la connaissance d’un conte de Poucet où il remplit l’office du conducteur de bœuf du milieu.

Et la conclusion de l’article révèle la relation entre le timon et le petit personnage rusé, héritier de Mercure dans le folklore européen :

(p. 45) La plus ancienne manière d’envisager la Grande Ourse a été chez les peuples indo-européens celle qui considère les sept étoiles comme sept bœufs et qui interprète leur déplacement dans le ciel comme une marche à reculons. On n’a pas la preuve que le meneur est l’étoile g (mais l’idée s’est imposée comme une évidence par les nations germaniques et slaves, comme placé dans l’oreille du bœuf du milieu). Rattachés au nom d’Hermès par la littérature théologique des hymnes, ces traits ont fixé ceux du dieu Hermès : berger, bouvier, voleur.


De là découle que Poucet/Mercure est bien une projection, un catastérisme, de l’étoile g guidant la Grande Ourse sous la voûte étoilée. Et qu’il sera difficile désormais de traiter du symbole sans avoir une pensée pour la tradition mythique qui a construit la figure du petit Poucet, n’en déplaise à Perrault.


Interprétation : Si jusque là, nous avons choisi scrupuleusement la voie tracée par Gaston Paris, il faudrait ajouter quelques éléments pour donner une profondeur au récit du petit bouvier afin de faire naître l’idée chez nos lecteurs que la dimension symbolique du Poucet tire son sens profond d’un squelette mythologique, qui associe définitivement la figure du feu, incarnée par les bœufs, à celle du guide de la charrue qui en est pour ainsi dire « l’âme l’habitant ». Poucet habite par ruse l’attelage de la Grande Ourse pour le guider dans le long labour de la voûte céleste ; il mène l’attelage symbolique dans sa course nocturne. Cela lui confère deux traits que ne révèlent pas à première vue les récits folkloriques des aventures de Poucet : il connaît les limites du champ céleste - il est en quelque sorte initié aux mystères de la navigation ; il rythme le calendrier nocturne, ce qui lui confère la maîtrise du temps. Il y a donc dans le récit de Poucet/Mercure des ferments d’une littérature qui résonnent avec d’autres récits, d’autres textes, d’autres traditions que je souhaiterais exposer ici pour enrichir le répertoire des images associé à la question de l’étoile.


Les chariots de feu dans la littérature mythique indo-européenne : Le feu est un élément ambigu. D’un côté, il brûle celui qui le craint ; de l’autre, il rassure celui qui le maîtrise. Nous sommes habitués à cette typologie des feux lorsque l’on songe aux différentes images de la culture chrétienne qui ont construit l’image du halo apaisant. C’est le feu de l’auréole ; le feu de la Pentecôte ; le feu rassurant de l’ordalie dont le saint sort victorieux.

Maintenant, pour comprendre la portée un peu particulière du récit de Poucet et sa relation avec le feu, il faut accepter de remonter un moment dans les débats historiques qui ont animé l’Université à la fin du XIXe siècle et dont il semble que nous ne soyons pas encore sortis.

De quoi s’agit-il ?

La question qui se pose à l’Université au moment où l’on découvre les premiers récits mythologiques les plus anciens comme le Rig Veda, est de savoir quelles relations unissent les folklores européens et les récits liturgiques de l’Antiquité.

Commençons donc par prendre connaissance des éléments notables à travers le Rig Veda dans la lecture qu’en propose Paul Regnaud3 . Dans un premier temps, il évoque les prières du sacrifiant et les premières flammes qui suivent l’embrasement des étincelles. Les deux acteurs, rohita et rohini, semblent associés aux premières flammes (rouges et blanches) qui vont extraire le feu de l’obscurité menaçante :

(p. 336) Chevaux de feux - Aux vers I, 14, 12 et VII, 42,2 (I39-6…) le sacrifiant prie Agni d’atteler ses chevaux rouges, dans le premier à son char, dans le second au soma. Même prière est adressée V56-6 aux Maruts, dont les chevaux rouges sont les flammes du sacrifice. Le féminin rohini s’emploie, d’après l’analogie des masculins rohïta et rohïni à la désignation des flammes du sacrifice. C’est ainsi qu’au vers I62-9, le poète s’adressant à Indra lui dit qu’il a placé le pakva, ou le « lait cuit », dans les mamelles crues et le lait brillant dans les noires (devenues) rouges ; ce qui signifie « qu’il a enflammé les liqueurs du sacrifice ».

Le rouge et le blanc renvoient aux flammes nées, le feu noir au feu « à venir » et qui rougira bientôt :

Les mamelles crues sont les réceptacles de la libation avant qu’ils n’aient reçu le pakva (ghrta) de même que les noires sont les flammes encore absentes qui doivent s’en élever et qui apparaîtront ou deviendront rouges par la combustion du pakva.

Le cheval est assimilé dans un premier temps à la flamme naissante. Mais progressivement, à l’image fougueuse des attelages de chevaux se substituent les images solides du timon qui font de rohita non plus un cheval, mais un bœuf (rouge ou blanc), susceptible d’entraîner dans son sillage la flamme désirée :

(p. 314) C’est dans un sens identique que nous retrouvons les mots rohita et rohini employés dans l’Atharva. (I, 22) Au vers 1, l’éclat (harima) du cœur d’Agni est invité à s’élever vers le soleil ; quant à lui, il doit se souffler (c’est-à-dire faire en sorte de s’allumer) avec l’éclat du bœuf rouge (rohita). L’éclat du bœuf rouge (ou de la libation enflammée) l’allumera comme s’il se soufflait avec lui… Au vers 3, Agni s’allume (et par là, revêt leur éclat et leur force) avec les divinités rouges, les vaches rouges (rohini) — c’est-à-dire les libations enflammées.

Ainsi, Poucet conserverait les traces d’une littérature antique. Cette littérature, nous en avons trouvé les traces dans la littérature homérique : c’est le récit de Mercure trompant Apollon en lui dérobant ses bœufs. Le folklore aurait par ailleurs conservé la relation de parenté étroite qui unit le char de Poucet/Mercure avec une interprétation sacerdotale (c’est-à-dire « mythique ») du char de bœufs dans la constellation de la Grande Ourse. Nous proposons d’ajouter désormais un cran de lecture à ces différents plans enchâssés : celui d’une littérature liturgique, comparable à ce que nous trouvons dans le Rig Veda, qui fait du char de bœufs blanc, noir ou rouge, le traitement cérémonial des rituels d’allumage des feux. Autrement dit, il y aurait dans un premier temps la liturgie ; par image, le char des bœufs qui extrait la lumière des ténèbres s’apparente au char céleste qui laboure le champ des étoiles pour éveiller la lumière du soleil ; puis un ensemble de récits littéraires se seraient emparés du thème pour créer une série de types (Mercure, Hercule puis Poucet) qui tous auraient en commun de mettre en scène un bœuf à mi-chemin entre l’obscurité et la lumière, entre la lune et le soleil.


Quelle place pour l’étoile g, l’étoile Poucet ? Symbolique.

Lorsque l’on évoque l’image d’un bœuf habité par une étincelle d’ intelligence d’où émane la connaissance des mondes, il est difficile de ne pas penser, par association d’idées, au bœuf Apis, lieu de résidence de la divinité chtonienne de Memphis assimilé à Osiris-Défunt : le dieu Ptah. Il peut venir à l’esprit qu’à la contemplation d’un ciel étoilé parcouru par un attelage de bœufs sacrés, l’œil avide des anciens ait pu chercher à deviner où se trouvait l’âme divine de la bête sacrée et trouver, dans g, la représentation lumineuse de Ptah. Mais, objectera-t-on, nous avons changé de monde et de civilisation et passer du Rig Veda à l’Égypte antique est un peu osé. N’y a-t-il pas quelques passerelles toutefois que l’on pourrait être tenté de reconstruire à la lecture des liturgies de part et d’autre ?

Un autre ouvrage de Paul Régnaud apporte quelques éléments de réponses. Paru peu de temps après la thèse qu’il avait consacrée au Rig Veda, il aborde un fait de liturgie comparée et s’interroge notamment sur les liturgies de feu. Il explique ainsi que « Les formules sacrées récitées au sacrifice égyptien correspondent aux hymnes védiques en ce qu’elles sont faites de part et d’autre pour l’acte sacré ; qu’elles en contiennent la description et l’apologie ; qu’elles sont essentiellement liturgiques ; qu’enfin la mythologie n’y apparaît que sous une forme rudimentaire. »

Cette similarité de construction et de buts pour les liturgies des uns et des autres est renforcée par un trait commun, à savoir que l’une et l’autre sont consacrées à la cérémonie quotidienne d’allumage d’un feu.

La cérémonie, écrit-il, du sacrifice divin journalier consiste d’abord à allumer un feu ; il en est de même du sacrifice védique continué dans la période brahmanique.

Dans le domaine égyptien, la cérémonie met en scène l’affrontement entre les ténèbres et l’obscurité :

Le mauvais esprit que le feu écarte ou repousse est le meurtrier d’Osiris : Sit. Ce dernier personnifie l’obscurité-obstacle qui est censée empêcher le feu Osiris de briller […] C’est le parallèle exact et évident des mythes d’Abattis et des Rasas des hymnes védiques qu’Agni chasse ou anéantit en s’allumant.

Les deux enfin accordent un rôle au taureau :

(p. 65) Paroles à dire : « ta bouche est la bouche d’un veau de lait au jour où sa mère l’enfante ». Le veau de lait n’est autre ici que le soleil levant, né de la vache Hathor, auquel le dieu, le mort ou le roi sont identifiés. Voir en particulier le veau Agni et la vache libation dans plusieurs passages védiques.


Apis : Une fois mort, l’animal Apis6 se voit conférer le nom d’Osiris-Apis. Momifié, l’animal devient un Osiris ce qui le conduira à assumer pleinement les fonctions du dieu des morts. Il est représenté comme un taureau dont les cornes le plus souvent encadrent un disque solaire. Il peut aussi prendre la forme d’une figure anthropomorphique à tête de taureau coiffée du disque solaire ou lunisolaire (réunissant la lune et le soleil dans un même disque). Son corps est le lieu de résidence de Ptah, ses cornes portent la lune et le soleil et sa force est celle de la lumière dont il est né le jour où la foudre a frappé le sol. Au ciel, sa vigueur est par métaphore celle qui pousse la lumière du jour à vaincre les forces des ténèbres comme les flammes noires tirent leur existence de la préséance du chariot de feu. L’âme qui l’habite, Ptah, est cette petite lumière qui guide le bœuf dans les ténèbres et lui permet de retrouver son chemin ; le même « rusé » Mercure qui trompe Apollon, le Cacus de Tite Live qui tenta de berner Hercule. Puis, de loin en loin, le Petit Poucet : ce petit être malin resté dans la mémoire collective.

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Fleur Hopkins-Loféron, autrice de "Dans le ventre de la baleine : voyages intérieurs et métaphore parasitaire dans la culture populaire". (in : Épistémocritique. Revue de littérature et savoirs, 2018, Nouveaux paradigmes du virus et du parasites, 17) étudie le renouvellement des contes de fée :


Le renouvellement du conte de fées, né de la rencontre entre la matière scientifique et le réemploi de motifs merveilleux, passe aussi par le thème récurrent de la petitesse et de la miniaturisation (Poucet de Perrault combattant l’ogre qui souhaite le dévorer, Tom Pouce des Frères Grimm s’introduisant dans l’oreille d’un cheval pour lui donner des ordres). Les personnages du récit merveilleux-scientifique deviennent alors microscopiques et voyagent dans des environnements inattendus, comme un corps humain (Galopin) ou le monde des insectes (Bleunard) et d’êtres atomiques (Renard), souvent dans un but didactique (Clute). L’un des univers étonnants dans lequel se promènent ces héros, n’est autre qu’une baleine, choisie sans doute pour son gigantisme qui transforme l’homme en microbe, et même en parasite. Le merveilleux-scientifique et une autre forme plus tardive de roman scientifique, la science-fiction, en effet, conjuguent le motif ancien du personnage piégé dans le corps d’un monstre, au thème de la miniaturisation tiré des contes de fées. Comment passe-t-on de Tom Pouce, murmurant à l’oreille du cheval quoi faire pour prendre contrôle de son corps (p. 144), aux explorateurs de la science-fiction, exploitant le cétacé dans lequel ils ont trouvé refuge ?

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