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Le Laiteron

Dernière mise à jour : 22 juin




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1550 laicteron (G. Guéroult, Hist. des plantes, p. 459). Dér. du lat. lactarius « qui a rapport au lait » ; suff. -(er)on*. On trouve à côté les formes lasseron (dep. 1393), encore vivantes essentiellement en Flandre, Normandie et Centre. Cf. FEW t. 5, p. 123b et lasson (dep. la fin du xive s., E. Deschamps), encore vivantes essentiellement en Lorraine, cf. FEW, loc. cit.), elles-mêmes dér. du lat. lacteus « laiteux, gonflé de lait ». V. aussi Bl.-W.5.


Lire également la définition du nom laiteron afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Sonchus Arvensis - Arrêta-bou (Savoie) - Crève z'yeux - Florent - Laceron - Laiteron vivace - Laitron des champs - Roi des champs -

Sonchus oleraceus - Laiteron maraîcher -

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Botanique :


D'après Van Tieghem auteur d'un Traité de Botanique : « aucune espèce végétale ne s'étend sur toute la surface du globe. Une seule espèce de phanérogame semble être constituée de manière à se trouver, pour ainsi dire, sous tous les climats : c'est le Laiteron (Sonchus oleraceus) . »

 

Anne-Marie Alliot, dans Dialogue avec les végétaux : 74 méthodes d'harmonisation et de guérison par les plantes (Éditions Essénia, 2014) propose une courte présentation du Laiteron :


Présentation : Le Laiteron des champs est une vivace de la famille des Composées ou Astéracées. Elle est considérée comme une mauvaise herbe, originaire d'Eurasie, qui s'est répandue sur toute la terre. Elle peut atteindre 1,50 m de haut, possède une tige dressée et peu ramifiée, couverte de poils espacés dans sa partie supérieure. La cassure de cette tige creuse provoque un abondant écoulement de suc blanchâtre dont l'aspect laiteux justifie le nom du Laiteron.

Les feuilles glabres, plutôt grandes, vert brillant sur le dessus, lancéolées, embrassent la tige par deux lobes. On peut voir les capitules jaune doré de cette fleur de l'été à l'hiver si le temps est clément. Les fruits sont des akènes elliptiques striés, de couleur brune, prolongés d'une aigrette comme ceux du pissenlit. Grâce à sa partie souterraine qui forme des rhizomes horizontaux, la plante émet de nouvelles pousses qui forment rapidement des colonies pour se multiplier.


Usages :Le laiteron des champs, le Laiteron maraîcher et le Laiteron rude sont comestibles. Les petites racines des jeunes plantes et feuilles ainsi que les jeunes pousses se consomment crues, en salades ou cuites. Ainsi préparé le Laiteron rentre dans la confection de salades, d'omelettes, de soupes, potées, pâtés végétaux ou sert de légume d'accompagnement. Les feuilles peuvent e conserver par lacto-fermentation pour la choucroute. Les inflorescences crues servent à égayer un dessert ou une salade. La racine torréfiée rappelle le goût du café.

Comme pour l'espèce humaine, les laiterons constituent de bons fourrages pour les animaux. Les lapins en raffolent et on dit des vaches qui en consomment qu'elles produisent un bon lait.

On reconnaît au Laiteron quelques propriétés médicinales peu usitées. Il est adoucissant, laxatif, émollient, cholagogue, diurétique, stomachique, dépuratif. Il peut rendre service en cas de maladie hépatiques et d'obstructions intestinales.

 

Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) consacre une courte section à la description du Laiteron maraîcher :


Nom scientifique : Ce binôme scientifique présente quelques difficultés d’interprétation en ce qui concerne le lat. SONCHUS < gr. sÒgkoj « laiteron » et en effet l’étymologie reste inconnue (André, 2010 : 243 ; DELG : 1029) ; en revanche, son spécificateur est formé par l’adjectif lat. OLERĀCEUS « végétal » < lat. HOLUS, -ERIS « légume (vert) » (DELL : 297).


Description botanique : Le laiteron a des tiges rameuses et lisses qui peuvent atteindre 80 cm ; les feuilles basales sont glabres à lobes dentés, tandis que celles caulinaires sont embrassantes, acuminées et étalées. Les involucres se présentent glabres mais avec des flocons de poils à la base ; les akènes sont brunâtres, oblongs et rugueux. Les fleurs sont jaunes et la période de la floraison va de juin à octobre (Pignatti, 1982, III : 263).

 

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


La racine blanche du laitron des champs, Sonchus arvensis, nommé aussi dans nos pays arrêta-bou, qui pousse dans le sol de si nombreuses et si profondes ramifications, a été fort recherchée en 1816-17 et probablement aussi durant les disettes antérieures. Malheureusement, on recueillait parfois avec elle les racines du petit liseron, Convolvulus arvensis, qui lui ressemblent un peu, et il en résultait des effets purgatifs bien mal venus chez des gens affamés.

[...]

Villars rapporte qu'en Dauphiné la racine du laitron [...] était desséchée et moulue pour être mélangée à la farine d'orge et servir à faire le pain. En Savoie, cette tradition s'est perdue. J'ai lu dans un vieux livre, dont j'ai oublié le titre et l'auteur, que des montagnards pressés par la famine s'étaient nourris des racines des laitrons à fleurs bleues, Mulgedium alpinum et Plumieri, et qu'il en était résulté des cas d'empoisonnement !

 

Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes du Laiteron maraîcher :


Propriétés et utilisation : Dans toutes les communautés enquêtées, cette plante est utilisée pour l’alimentation humaine et animale à cause de son goût agréable qui, dans le cas des êtres humains, se marie bien avec les autres légumes sauvages et cultivés utilisés pour cuisiner. L’emploi alimentaire que l’on fait de cette espèce est connu aussi dans les communautés albanophones du Vulture (Quave & Pieroni, 2007 : 218 ; Pieroni & Quave, 2005 : 265 ; Pieroni et al., 2002a : 172), chez les Slaves du Molise (Di Tizio et al., 2012 : 5) et dans les communautés grécophones de Calabre (Nebel et al., 2006 : 338). En médecine populaire, le laiteron est utilisé surtout pour le traitement de troubles gastro-intestinaux, hépatiques et cutanés grâce à ses propriétés rafraîchissantes, cholagogues, laxatives, diurétiques et sédatives (Guarrera, 2006 : 198). En médecine vétérinaire, le laiteron est utilisé surtout pour le traitement des mastites et des troubles liées à l’allaitement chez les bovins, en raison de ses propriétés galactagogues (Viegi et al., 2003 : 231 ; Guarrera, 2006 : 198). En Sardaigne, l’emplâtre réalisé avec les feuilles ou avec toutes les parties aériennes est le protagoniste d’un rituel magique pour le traitement des morsures des scorpions, des insectes ou d’autres animaux vénéneux : on applique l’emplâtre sur la peau et, on récite en même temps les brèbus « mots magiques » (Atzei, 2003 : 94).


Analyse lexico-sémantique des désignations :

1. [...] Afin de retracer la motivation à la base de ce groupe de phytonymes arbëreshë, il est nécessaire de partir du mot primaire duquel dérivent les désignations arbëreshe du laiteron : gr. ∙ous…a « garance ». Selon les informations que Pline nous transmet dans son ouvrage, cette plante était connue partout comme une plante tinctoriale qui était utilisée pour colorer de rouge les laines et les cuirs et les femmes l’utilisaient aussi pour se teindre les cheveux (HN, 19, 47). Ce qui a motivé cette dénomination est sans aucun doute la couleur rouge de la racine de la garance et l’utilisation qu’elle a trouvé dans la vie quotidienne en raison de ses propriétés tinctoriales. La dénomination albanaise et arbëreshe du laiteron en tant que dérivé de celle de la garance résulte être motivée, tout comme le gr. ∙ous…a, par la couleur rouge sombre des tiges du Sonchus oleraceus L.


2- [jˈunʧ] est un emprunt au cal. juncu « chicorée sauvage, laiteron » (NDDC : 343), qui sont des plantes caractérisées par le trait morphologique « tiges dressées ».

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Symbolisme :


Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte les équivalences de l'Horloge de Flore :


Il est des fleurs qui s'ouvrent invariablement à la même heure ; les horticulteurs profitent de cette horloge naturelle pour régler leur temps, et les amoureux emploient ce moyen pour indiquer le moment où ils passeront sous les fenêtres de celle à qui ils offrent leurs vœux.


Une heure du matin = Le laiteron de Laponie.


L'autrice s'intéresse également aux caractéristiques des plantes qui permettent de définit un baromètre botanique :


Laiteron de Sibérie . — Lorsque, la nuit, on voit cette fleur ouvrir sa corolle, on peut être sûr qu'il tombera de l'eau vers le matin.

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Selon Marcel Coquillat, auteur d'un article intitulé "Les Herbes de la Saint Jean (suite)." et paru dans les Publications de la Société Linnéenne de Lyon, 1946, vol. 15, n°8, pp. 54-56, le laiteron fait partie des herbes de la Saint-Jean :


Cinquième groupe. — Vous me permettrez de grouper rapidement ci-après, les Herbes de la Saint-Jean qui se recommandent du saint pour des raisons hétéroclites :

24. Laiteron commun (Sonchus oleraceus L.). — » Le Mémorial du Naturaliste nous fait connaître que cette plante a été dédiée à la Saint-Jean d'été, et Mme Marie Gevers de s'écrier : « Ah ! Je me souviens, c'est une plante jaune d'œuf et la tige en est gonflée de lait, comme un sein. »

[…]

On emploie l'expression « Toutes les Herbes de la Saint-Jean » comme une image signifiant « tous les moyens possibles ». Ceci nous indique bien que la liste est imprécise et élastique et en tous cas, en voie d'oubli. M. Demont signale qu'en Artois, il ne reste plus de toutes les coutumes qui existaient jadis, le jour de la Saint-Jean, que la suivante : les vaches reviennent, le soir, des pâturages la tête ornée de fleurs des champs.

Quoi qu'il en soit, il faut retenir qu'on pensait autrefois, que les herbes cueillies la veille ou le jour de la Saint-Jean possédaient des vertus merveilleuses. En fait, l'efficacité des simples est accrue par le ramassage par temps sec et beau. En outre, c'est vers le solstice d'été qu'il existe le plus grand nombre de plantes médicinales à cueillir.

Les propriétés de ces herbes ont tenu du merveilleux au temps de ce que le Dr Bouquet appelle le stade magique. Mais l'homme ne tarde pas à atteindre le stade religieux, qui convient davantage à son intelligence, et qu'il s'efforce tout de même de circonscrire en élargissant sans cesse ses connaissances scientifiques.

Cependant, malgré la science, ou peut-être à cause d'elle, il restera toujours une place pour la poésie des mythes et des légendes qui bercent nos esprits ignorants et inquiets, mais optimistes et enthousiastes.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Cette plante, à latex blanc et à fleurs jaunes, servant de nourriture aux porcs et aux lapins, protège de la sorcellerie. Outre ses propriétés pour la vue, on dit qu'elle permet à celui qui la porte à la boutonnière de courir sans se fatiguer, "cependant, gardez-vous de courir en compagnie d'une telle personne car la plante puisera vos forces à son profit".

 

Anne-Marie Alliot, dans Dialogue avec les végétaux : 74 méthodes d'harmonisation et de guérison par les plantes (Éditions Essénia, 2014) propose l'article suivant sur le symbolisme du laiteron :


Astre : Soleil.

Eléments : Terre, Air.

Genre : Masculin.

Archange : Ouriel


Message de l'âme :

« Je suis une fleur du Soleil d'Ouriel.

Profusion et joie, j'enchante les prairies de mon nectar sucré.

Je bénis la terre de mes graines légères.

Je suis abondance pour les êtres du ciel

Comme pour ceux de la terre qui se régalent de moi.

Sur l'autel de mon ami l'homme, j'offre des concentrés de vigueurs

que mes racines transforment au contact des gnomes.

Je suis celui qui donne sans retour comme le Soleil.

Je suis le prolongement de ses rayons sur la Terre.

Je réchauffe celui qui se rapproche de moi pour distribuer la vie.

Bénédiction à l'escargot et à notre union bienheureuse.

Je me réjouis de participer à l'œuvre de sa maison de pierre. »


Interprétation du message de l'âme : Le Laiteron des champs porte une énergie équivalente à celles de ses proches cousins le Laiteron maraîcher et le Laiteron rude. Il est d'une grande simplicité. Sa mission est de donner son corps pour qu'il soit digéré, assimilé et transformé en pierre, c'est-à-dire en œuvre de vie, en harmonie avec l'univers et au service d'une intelligence supérieure solaire. Sa vibration est beaucoup moins intense que celle du Pissenlit auquel il ressemble, mais il a une mission analogue de mère nourricière.

Il participe à perpétuer les cycles de la vie en constituant un nutriment dans la chaîne du grand Tout, à l'image de l'être sage de l'escargot et sa spirale de pierre sur le dos.

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


CICERBITA (Sonchus oleraceus L.), le laceron. — D’après Callimaque, Thésée reçut en cadeau des mains d’Hécate le laceron avec le fenouil maritime (christhmum maritimum L.). Le laceron, de même que le sésame, cache parfois des merveilles. Dans un conte populaire du Casentino, par exemple, on dit : « Ouvre-toi, laceron » (cicerbita, apriti), comme dans d’autres contes on prie le sésame de dévoiler ses trésors cachés : « Apriti, sesamo. » J’ignore quelle herbe se cache sous le nom de cercimita, mentionné par Du Cange (Vita S. Francisci de Paula) : « Accipiatis parum illius herbae quae est ante monasterium quod aedificabat, quae vocatur cercimita, et imponatis capiti succum et postea frondes coctas et Dominus Deus concedet si gratiam pristinae sanitatis. »

[...]

LACERON (en italien cicerbita). — Porta (Phytognonomica) nous offre cette description du laceron : « Hyosirim, vulgus suillum cardum appellat ex Plinio ; genus est sonchi spinosi, quod Itali cicerbitam vocant ; referunt florum calyces, antequam aperiantur, quamdam rostri porcini figuram : ob id œïò »ßò, hoc est suis nasus ; Ruellius rostrum porcinum eamdem herbam ab aliquibus nominari ait, et ab aliis leonis dentem. Plinius, in tubo similis, sed minor et tactu asperior ; vulneribus contusa præclare medetur, lac elicit ex Dioscoride, quæ omnia sus præstat. Aquilinam herbam vocant recentiores, cujus flores in caulium cacuminibus quatuor fundum inferiori parte cornicula sursum reflexa ut aquilæ rostrum videantur æmulari et inde aquilæ nomen inditum ; semen dragmæ pondere potum in vino cretico, addito croci momento icteritiam sanare dicunt, dummodo ægri in lecto sudent ; cerebrum aquilæ in cyatilis vini tribus regio morbo resistit ex Plinio. » Dans Du Cange nous lisons encore que l’aquilœ herba est recommandable pour les yeux « valens ad oculos ». Toutes ces instructions, au point de vue pratique, sont absolument inutiles et superflues ; mais elles ont cependant quelque valeur historique : elles nous montrent le rôle que la nomenclature des plantes a joué dans la médecine populaire ; et qui sait même combien de remèdes accueillis encore par la prétendue médecine scientifique n’ont d’autre fondement que ces synonymies populaires dues à des apparences grossières et purement accidentelles !

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi le Laiteron :

4 novembre

(La Bastide)


J'ai fait deux pas dans le jardin, sous La Bastide, près de la pergola qui s'écroule. J'ai failli briser le chandelier multibranche du laiteron potager.

J'en ai demandé pardon à ses feuilles en triangle ; à ses boutons barbouillés de suie ; à ses capitules jaune vif aux cœurs doux comme des gâteaux du dimanche ; à ses fruits coiffés d'une aigrette couleur de zinc.

Puis j'ai songé à Van Gogh, peut-être à cause du lait blanc comme la folie qui dégoutte des oreilles de la plante quand on les coupe.

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