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Le Cachalot




Étymologie :

  • CACHALOT, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1628 cachalut (lettre de P. Mousseau, maître apothicaire de La Rochelle, citée par J. et P. Contant, Commentaires sur Dioscoride, p. 63 d'apr. R. Arveiller dans R. Ling. rom., t. 28, pp. 313-314 : le masle de la Baleine, que l'on appelle [...] à S. Jean de Luz [...] Cachalut) ; 1694 cachalot (P. Pomet, Hist. générale des Drogues, II, p. 74, ibid., p. 314 : espece de Baleine, que [...] ceux de S. Jean de Luz [appellent] Cachalot [en it. dans le texte]). Prob. empr., en raison de la localisation géogr. des 1res attest. fr., à l'esp. cachalote « id. », attesté seulement au xviiie s. (1795 d'apr. Cor., s.v. cacha), cette date tardive étant prob. due à l'insuffisance des dépouillements de textes esp. (v. R. Arveiller, loc. cit., pp. 313-315). Cachalote est, selon Cor., empr. au port. cachalote, aussi cacholote, dér. de cachola « grosse tête ».


Lire également la définition du nom cachalot afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Zoologie :


Selon Annick Le Guérer et Chercheuse associée à LIMSIC, auteure de l'article intitulé "Le parfum, des temples égyptiens aux temples de la consommation." (in Mode de Recherche, 2009, vol. 11, pp. 9-15) :


L’ambre, provient du cachalot qui mange des calamars géants. Le bec corné de ces proies cause des blessures internes et le cachalot secrète alors une substance cicatrisante qui, expulsée par la suite , finit dans l’océan et est portée par les vagues jusque sur des plages. Il faut que cet « ambre gris » soit balloté par les flots pendant des années pour posséder toutes ses vertus.


La pomme d’ambre :

L’ambre a donné son nom à une pomme de senteur, également nommée pomander, pomandre ou pommandre. C’est un bijou en métal précieux ciselé contenant des parfums comme l'ambre gris, la civette ou le musc.

La première mention de pomme d'ambre, désigne une pépite d'ambre gris enchâssée dans une boule de senteurs. On lui prêtait des vertus curatives mais aussi aphrodisiaques. Le premier pomander est cité en 1174 dans un texte décrivant le présent offert à l'Empereur Frédéric Barberousse par le roi Baudouin de Jérusalem. Il le remerciait ainsi de son aide dans la lutte contre les infidèles.

À partir du XIVe siècle, le terme de « pomander » désigne l'objet où prend place la boule odorante. Il est constitué d'une petite cage sphérique s'ouvrant à l'équateur par une charnière et un ressort. Au temps de la Renaissance, les pomanders deviennent pièces d'orfèvrerie, ciselées en or, argent ou vermeil. Au tournant du XVIème siècle, ils s'ornent d'incrustations de perles, émaux ou pierres précieuses, grenat, rubis, topaze, émeraude ou diamant. Munis d'un pied, ils s'ouvrent en quartiers sur de petits réceptacles pouvant réunir plusieurs parfums sous forme de pâte ou de poudre.

s’en servait aussi pour se protéger de la peste. Les princes et les nobles en faisaient grand usage, comme les prêtres et les médecins qui comptaient sur leur présence pour se préserver de la contagion.

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Symbolisme :


Dans de nombreuses cultures le symbolisme du cachalot n'est pas différencié de celui de la Baleine. Nous vous invitons donc à lire l'article correspondant.




Littérature :


Le plus connu des cachalots imaginaires est sans conteste celui du célèbre roman d'Herman Melville, intitulé Moby Dick (1851) :


Toutes les baleinières, hormis celle de Starbuck, furent bientôt à la mer, les voiles établies, toutes les pagaies maniées vigoureusement, soulevant des ondulations rapides, elles se ruaient sous le vent, celle d’Achab en tête. Dans les yeux caves de Fedallah s’alluma une pâle lueur de mort, un rictus hideux tordit sa bouche.

Telles de silencieuses coquilles de nautiles, leurs proues légères fendaient la mer, mais elles ne purent approcher leur ennemi que lentement, car à mesure qu’elles avançaient, l’Océan se fit plus calme encore, il paraissait étaler un tapis sur les vagues et sa sérénité en faisait une prairie matinale. Enfin le chasseur haletant fut si près de sa proie, apparemment sans méfiance, que sa bosse éblouissante fut tout entière visible, glissant comme une île solitaire sans cesse sertie de l’anneau mouvant d’une écume verdâtre, légère et floconneuse. Il vit les grandes rides indiquées qui barraient son front soulevé hors de l’eau à l’avant et, projetée loin en avant sur le moelleux tapis d’Orient des eaux, la chatoyante ombre blanche de ce large front laiteux qu’accompagnait, joueuse, la musique des vaguelettes, cependant que, derrière lui, la mer bleue roulait dans la vallée mouvante de son sillage, et que de part et d’autre de ses flancs des bulles brillantes jaillissaient en dansant. Les pattes légères de centaines d’oiseaux joyeux les faisaient aussitôt éclater, dont les plumes posaient leur douceur sur la mer au gré de leur vol capricieux. Pareil au mât de pavillon d’une caraque dressé sur sa coque peinte, la haute hampe brisée d’une lance, récemment reçue, se dressait sur le dos blanc de la baleine. Par moments, s’isolant du dais léger tendu par le nuage des oiseaux qui planaient au-dessus du poisson, l’un d’eux se perchait et se balançait sur la hampe, les longues plumes de sa queue flottant comme des banderoles.

Une joie paisible, une souveraine sérénité dans l’élan même enveloppaient le glissement de la baleine. Jupiter, taureau blanc emportant à la nage Europe accrochée à ses cornes gracieuses, coulant ses beaux yeux malicieux vers la jeune fille, filant, avec une vitesse ensorcelante, vers la demeure nuptiale de Crète, Jupiter ne surpassait pas, en sa majesté suprême, la glorieuse Baleine blanche en sa nage divine. De chaque côté de son flanc éclatant, le flot partagé s’évasait largement, et la baleine soulevait une vague de séduction. Il n’est pas étonnant, dès lors, que certains chasseurs, indiciblement transportés et attirés par tant de sérénité se soient aventurés à l’attaquer, découvrant pour leur malheur que cette quiétude n’était qu’apparence et cachait des ouragans. Ainsi tu voguais, ô baleine, calme si calme aux yeux de ceux qui te voyaient pour la première fois, sans souci de tous ceux que tu avais déjà pris à ce piège pour les tromper et les détruire.

Ainsi à travers la tranquillité de la mer tropicale dont les vagues, au comble de l’extase, taisaient leurs applaudissements, Moby Dick avançait, cachant encore l’épouvante détenue par son corps, et dissimulant la hideur de sa mâchoire torve. Mais bientôt il se leva sur l’eau, et pendant un instant le marbre de son corps s’arqua, pareil au pont naturel de Virginie, il agita, en signe d’avertissement, l’étendard de sa queue, et le dieu révéla en entier sa grandeur, sonda et disparut. Les oiseaux blancs planèrent et plongèrent, puis s’attardèrent longuement sur le lac agité qu’il avait laissé.

Les avirons matés, les pagaies baissées, leurs écoutes choquées, les trois baleinières flottaient en silence, attendant que réapparût Moby Dick.

– Une heure, dit Achab, planté debout à l’arrière de sa pirogue, et il regarda loin au-delà de l’endroit où la baleine avait sondé vers les vastes et pâles espaces bleus qui laissaient sous le vent des vides caressants. Mais cela ne dura qu’un instant, ses yeux parurent se révulser tandis qu’ils embrassaient la mer du regard. La brise fraîchissait et la mer commençait à enfler.

– Les oiseaux !… les oiseaux ! cria Tashtego.

En longue file indienne, tels des hérons prenant leur vol, les oiseaux blancs se dirigeaient tous vers la pirogue d’Achab, et lorsqu’ils s’en furent approchés ils commencèrent à battre des ailes au-dessus de l’eau en tournoyant, avec des cris joyeux d’attente. Leur œil était plus aigu que celui de l’homme, Achab ne voyait rien sur la mer. Mais soudain, tandis qu’il scrutait encore et encore les profondeurs, il y discerna un point blanc pas plus gros qu’une hermine et qui montait et augmentait de volume à une vitesse surprenante, jusqu’à ce que, se retournant, il montrât brusquement les deux longues rangées crochues de ses dents éblouissantes remontant des abîmes indiscernables. C’était la gueule ouverte de Moby Dick et sa mâchoire tordue. Sa masse énorme, ombrée, était encore à demi dissimulée dans l’azur marin. Cette bouche éclatante bâillait juste sous la baleinière telle la porte ouverte d’une tombe de marbre. D’un long coup de son aviron de queue, Achab écarta l’embarcation de cette effrayante apparition. Puis, ordonnant à Fedallah de changer de place avec lui, il passa à l’avant, et, saisissant le harpon de Perth, il dit à ses hommes d’empoigner leurs avirons et d’être prêts à culer.

Grâce à cet opportun mouvement de rotation sur son axe, la proue est amenée à l’avance face à la tête de la baleine alors que celle-ci est encore sous l’eau. Mais comme s’il avait compris ce stratagème, avec l’intelligence maligne qu’on lui attribuait, Moby Dick se rejeta aussitôt sur le côté et plaça sa tête ridée par le travers sous la baleinière.

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