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L'Orchis mâle




Étymologie :


  • ORCHIS, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1546 bot. orchis le petit (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXXI, p.218). Mot lat. empr. au gr. ο ρ χ ι ς « testicule » d'où, d'après la forme de sa racine, une sorte d'orchidée.


Lire également la définition du nom orchis afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Orchis mascula ; Herbe à la couleuvre ; Satyrion ; Satyrion mâle ;




Botanique :





Propriétés médicinales :


D'après Gilles de Corbeil (1140-1224), auteur de De Laudibus et vertibulus compositorum medicaminum (Sur les vertus des médicaments composés) (Magdebourg, 1721) :


Lorsque la vertu génitale dépérit, lorsque l’âge refroidit les sens et amène l’impuissance, lorsque la plante ne donne plus de fruit et qu’à défaut d’héritier naturel un étranger guette la succession ; lorsque l’épouse va s’adresser à un autre cultivateur qui laboure avec plus d’ardeur son champ stérile, c’est alors que le diasatyrion est utile. Il rend aux organes leur chaleur naturelle, remplit les testicules, ces frères jumeaux, d’une semence féconde, caresse de ses lascives vapeurs les organes génitaux et, comme sous l’action d’un vent impétueux, force à se redresser ce qui était avant languissant et déprimé ; il favorise la fécondation, donne de la stabilité à l’amour.

Le diasatyrion doit se prendre mélangé à du Falerne généreux. Si tu crains que cela te fasse transpirer outre mesure, tempère la force du vin avec une quantité d’eau convenable et tu sentiras qu’une douce chaleur pénètre tes membres. Quelques-uns, au contraire, pour exciter Vénus, boivent avec la satyrion de la décoction de stinque. Leur fureur amoureuse prendra lors de telles proportions que la chaleur s’exhale de toute part et que la sueur filtre de tous les pores. L’humeur nourricière du coït se consume ; le membre viril est condamné au repos ; l’arc de Vénus se détend. La femme voit d’un mauvais œil son attente trompée et différée pour longtemps les plaisirs qu’elle se promettait. Elle accuse le satyrion, s’en prend à la médecine et aux médecins qui l’emploient, alors que ce n’est pas le médicament qui est coupable, mais la manière de l’administrer qui est défectueuse.

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Selon Nicolas Venette (1633-1698), auteur de Tableau de l’amour conjugal, ou l’Histoire complète de la génération de l’homme :


Le satyrion est une plante dont on fait plusieurs espèces, dont on peut user indifféremment pour les effets que nous en espérons ; la racine représente ordinairement deux testicules de chien : le bulbe bas est succulent et dur, et le haut tout flétri et mou, comme étant le plus vieux. C’est cette première racine que l’on doit toujours prendre quand on en a besoin. Cependant le satyrion qui n’a qu’une seule racine bulbeuse, doit être préféré aux autres, selon le sentiment de plusieurs médecins. Mais, quoi qu’il en soit, les bulbes de toutes ces plantes font beaucoup de semence, et engendrent beaucoup de vents, si on les fait cuire sous la cendre comme des truffes, et si on les mêle ensuite avec du beurre frais, du lait et du girofle en poudre, ou qu’on les fasse confire en sucre, comme l’on en vend aujourd’hui chez les droguistes de Paris. Ces racines, par leur humidité superflue, enflant nos parties naturelles, nous rendent semblables à des satyres, d’où cette plante a pris son nom. On lui attribue tant de vertu, qu’il y en a qui pensent que pour s’exciter puissamment à l’amour, il ne faut qu’en tenir dans les deux mains pendant l’action même.

C’est cette racine qui a donné le nom à ce fameux mélange que les médecins ont nommé diasatyrion. Si l’on en prend le matin et le soir la pesanteur d’un demi-écu d’or avec du vin doux, ou du lait de vache pendant sept ou huit jours, ils assurent que les vieillards reprendront la vigueur de leurs jeunes ans pour satisfaire leurs femmes et pour se faire des successeurs.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Parmi les autres [plantes à tubercules], il en est qui ont joui autrefois d'une grande vogue et qui sont complètement délaissées aujourd'hui. Ce sont les orchis ou pentecôtes dont les espèces à tubercules entiers sont connus dans nos montagnes sous le nom d'erba a dou coyons : Orchis mascula, morio, coriophora, globosa, simia, galeata, fusca, ustulata, pyramidalis, etc. Platanthera bifolia, etc. Au siècle dernier, on extrayait le Salep de plusieurs d'entre elles ; Villars et Allioni en indiquent avec détail le mode de préparation. Il me souvient d'en avoir ouï parler dans ma jeunesse, et d'avoir entendu de vieilles gens déplorer de ne pouvoir s'en procurer pour des convalescents, les produits nouveaux et similaires débités par les marchands de denrées coloniales étant d'après elles très inférieurs au salep dont bien peu de personnes aujourd'hui ont conservé la mémoire. Dans les campagnes, aux époques de disette, les tubercules d'orchis et ceux d'ophrys étaient mangés cuits à l'eau et avaient laissé dans l'esprit des vieux paysans un excellent souvenir bien différent de celui des ails bâtards, des tulipes, etc.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


SATYRION. Cette plante bulbeuse était en grande faveur auprès des sorciers du moyen âge, et parmi les vertus merveilleuses qu'ils lui attribuaient, figurait celle de faire faire à un cheval plus de chemin en une heure, qu'un autre n'aurait pu en achever en huit, ce qu'on obtenait en mêlant dans son avoine une poignée de satyrion. Il fallait toutefois, outre cet ingrédient, frotter le haut des quatre jambes du cheval, avec de la graisse de bœuf ; et après qu'on était monté dessus et prêt à partir, lui tourner la tête du côté du soleil levant, pour lui dire à l'oreille gauche : Gaspar, melchior, merchisard.

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


SATYRION. — « On lui attribue (écrit le docteur Vernette, Génération de l’homme, Londres, 1779, 1, 239) tant de vertu qu’il y en a qui pensent que pour s’exciter puissamment à l’amour il ne faut qu’en tenir dans les deux mains, pendant l’action même. »

 

Pour Jean-Baptiste Saint-Lager, auteur de Recherches historiques sur les mots plantes males et plantes femelles. (J.-B. Baillière, 1884) :


Parmi les espèces rapportées arbitrairement au groupe du Satyrion par Fuchs, Dodoens, Gesner, Gasp. Bauhin, et qui comprennent les Orchis à tubercules multilobés, les vigoureux Orchis latifolius et incarnatus sont mâles, tandis que les 0. maculatus, conopeus, odoratissimus, sambucinus, niger et viridis, moins robustes en apparence, sont femelles.

Tragus et Brunfels ont cru que ces Satyria à lobes palmés devaient être à bon droit considérés comme femelles. Ils supposent que les anciens naturalistes grecs, au lieu de comparer les tubercules de ces Orchidées à une main terminée par des doigts rudimentaires, comme nous le faisons actuellement, les assimilaient à plusieurs corps de femmes juxtaposés et terminés chacun à la partie inférieure par deux cuisses plus ou moins écartées, dans une attitude lascive. C'est là, suivant nous, une supposition tout à fait dépourvue de fondement, d'abord parce qu'il n'existe dans les écrits des auteurs grecs aucun texte où il soit question des tubercules d'Orchis fendus en plusieurs lobes, ni encore moins, par conséquent, de la prétendue ressemblance de ces tubercules avec un corps de femme ; ensuite parce que si les anciens avaient eu une telle pensée, ils n'auraient pas imposé à ces sortes d'Orchis le nom de Satyrion. On sait que dans l'antique mythologie le nom de Satyros n'a jamais été donné à des femmes, mais bien à des personnages obscènes, moitié hommes, moitié boucs. Il nous paraît extrêmement probable que l'appellation de Satyrion est tirée de l'aspect impudique des Orchidées à racine testiculée en général, et plus particulièrement de celles qui, comme l'Orchis simius, l'0 . militaris ou galeatus, l’Aceras anthropophorum, ont quelque ressemblance avec un singe, un soldat coiffé d'un casque, un homme pendu. Nous sommes porté à croire aussi que dans la suite des temps ce mot Satyrion est devenu un terme vague employé pour désigner, non seulement les Orchidées, mais encore toutes les plantes réputées aphrodisiaques. A l'appui de cette interprétation, nous pourrions alléguer que Apuleius Platonicus n'établit aucune distinction entre les Orchis et les Satyrion, et, en outre, un passage de Pline (XXVI , 63) dans lequel il est dit que « les Grecs donnent le nom de Satyrion à toute substance aphrodisiaque, par exemple au Crataegonon, au Thelygonon, à l'Arrhegonon, plantes dont le fruit ressemble aux testicules ».

Quant au Satyrion de Dioscoride, ce n'est point une Orchidée, comme l'ont supposé la plupart des commentateurs.

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Voir aussi Orchidée

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