Étymologie :
Étymol. et Hist. A. 1. Fin xe s. « organe de la vue », plur. olz (Passion, éd. D' Arco Silvio Avalle, 52 : sos olz torned) ; ca 1050 id. oil (Alexis, éd. Chr. Storey, 222) ; 1170 uel (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4418) ; plur. ialz (Id., ibid., 436) ; 1342 oeil (J. Bruyant, Le Chemin de povreté et de richesse ds Ménagier, éd. Sté Bibliophiles, t.II, p. 15) ; plur. yeulx (Id., ibid., p. 14) ; a) ca 1265 oil pour oil (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, XVIII, p. 31) ; b) xve s. avoir bon pié et bon oeil (J. de Bueil, Jouvencel, éd. L. Lecestre, I, 198) ; c) 1580 avoir les yeux plus grands que le ventre (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, XXXI, p 203) ; d) 1666 s'en battre l'œil ([Brécourt], La Nopce de village, 15 [Ribou] ds Quem. DDL t. 19) ; e) 1690 entre quatre yeux (Fur., s.v. entre) ; 1740 entre quatre-z-yeux (Piron, Œuvres posthumes, 77 [Dentu] ds Quem. DDL t. 19) ; f) 1690 œil de verre (Fur.) ; g) 1793 ne laisser que les yeux pour pleurer ([Lemaire], La Trompette du père Duchêne, no 142, 326 ds Quem. DDL t. 19) ; 2. ca 1100 « œil comme partie du visage, et élément de physionomie » (Roland, éd. J. Bédier, 283 : Vairs out les oilz) ; a) 1640 pour les beaux yeulx de qqn « par amour pour quelqu'un » d'où « gratuitement » (Oudin Curiositez) ; b) 1640 bel œil « jolie femme » (Corneille, Polyeucte, I, 1) ; 3. ca 1100 « l'œil dans sa fonction de vision » (Roland, 316 : ja nel verrai des oilz) ; a) fin xiie s. en croire ses yeux (Chrétien de Troyes, Chansons, éd. W. Foerster, II, 34 : fors de tant que mes iauz an crui) b) 1203 (voir, regarder) de ses ieuz (Chastelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, V, 17) ; c) ca 1208 veoir a oil « voir à l'œil nu » (Villehardouin, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 120) ; 1690 regarder à l'œil nu (Fur., s.v. nud) d) 1450-65 un trait d'ueil « regard prompt et de courte durée » (Ch. d'Orléans, Rondeaux, XXII, 4 ds Poésies, éd. P. Champion, II, 303) ; 1668 coup d'œil (Molière, Amphitryon, I, 1) ; 1699 jeter un coup d'œil sur qqc. (Mass[illon], Avent, Épiphan. ds Littré) ; [4e quart xive s. jetter ses ieux et voir (Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, XI, 28)] ; e) 1640 du coin de l'œil (Oudin Curiositez, s.v. coin) ; f) 1562 a veuë d'œil (Paré, Anat., II, 9, éd. J.-Fr. Malgaigne, I, 185) ; 4. ca 1100 « l'œil dans les mouvements qui lui sont propres » (Roland, 2285 : uvrit les oilz) ; a) 1550 fermer les yeus à qqn (Ronsard, Boccage, VIII, 48 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, II, 183) ; 1721 fermer les yeus « mourir » (Montesquieu, Lettres persanes, éd. A. Adam, CXLII, p. 367) ; b) 1686 ne pas fermer l'oeil (Dancourt, Les Fonds perdus, I, 4 ds Littré); 5. ca 1100 «la vue, le regard» (Roland, 1131: a vos oilz veez les Sarrazins) ; 1538 devant les yeux (Est.) ; ca 1470 avoir la preuve aux yeux (G. Chastellain, Chron. Ducs de Bourgogne, éd. Kervin de Lettenhove, III, 331) ; 1671 sous les yeux de qqn « en sa présence directe » (Pomey) ; 1701 mettre qqc. sous les yeux de qqn (Mass[illon], Carême, Parole ds Littré) ; 1649 couver des yeux (Descartes, v. couver). B. Œil en tant qu'il manifeste les traits permanents du caractère, les émotions, les sentiments 1. a) 1155 de bon œil veeir « d'un œil bienveillant » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1923) ; ca 1200 ex vairs et rians (Aucassin et Nicolette, éd. Mario Roques, II, 13) ; b) 1558 regarder ... de fort mauvais œuil (Des Périers, Nouv. récréat. et joyeux devis, éd. K.Kasprzyk, 78, p. 277) ; c) 1611 servi au doigt, & à l'œil « ponctuellement, au premier signe » (Cotgr.) ; 1812 obéir au doigt et à l'œil « id. » (Boiste) ; d) 1611 faire les doux yeux à [qqn] (Cotgr.) ; e) 1665 faire de l'œil « avec un air d'intelligence » (La Fontaine, Cas de conscience, 137 ds Œuvres, éd. H. Régnier, V, 352) ; f) 1667 se parler des yeux (Molière, Le Sicilien, II) ; g) 1698 ouvrir de fort grands yeux (Racine, Corresp., à Jean-Baptiste Racine, 24 juill. ds Œuvres compl., éd. R. Picard, t. 2, p. 624) ; 2. ca 1203 « œil, symbole de la faculté d'observation, de la perspicacité, de l'attention » (Chastelain de Couci, op. cit., II, 18) ; a) 1505 bender les yeulx à (Gringore, Les Folles entreprises ds Œuvres compl., éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, I, 41) ; 1690 avoir un bandeau sur l'œil (Fur.) ; b) fin xvie s. fermer les yeulx à qqn « faire comme si on ne voyait pas ses agissements » (D'Aubigné, Lettres diverses ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, I, 480) ; 1644 fermer les yeux sur qqc. (Corneille, Rodogune, III, 3) ; c) 1631 n'avoir d'yeux que pour qqn (Id., Don Sanche, I, 3) ; d) 1640 crever les yeux « être évident » (Oudin Curiositez) ; 3. a) ca 1188 « œil, symbole de méfiance ou de vigilance » avoir les iex ... a (Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 3448) ; ca 1470 avoir l'œil à tout (G. Chastel., Chr. des d. de Bourg., II, 1 ds Littré) ; b) fin xive s. avoir bonne oreille ... bon oeul (E. Deschamps, Ballades de moralitez, XCII, 4 ds Œuvres, éd. G. Raynaud, I, 198) ; c) fin xvie s. l'œil du maître (Pasq[uier], Rech., VI, p. 453 ds La Curne) ; d) 1669 dormir de plus que de deux yeux (La Fontaine, La Coupe enchantée, 463 ds Œuvres, éd. citée, V, 143) ; 1704 ne dormir que d'un œil (Regnard, Fol. amour., I, 1 ds Littré) ; e) 1798 tenir qqn à l'œil (Ac.) ; 4. fin xive s. « personne qui observe, surveille » (E. Deschamps, Le Miroir de mariage, 1631 ds Œuvres, éd. citée, IX, 56). C. P. anal. 1. P. réf. à l'éclat a) 1remoitié xiiie s. [ms.] « ce qui éclaire, permet de voir » ici poét. al oel del jor « à l'aube » (Partonopeus de Blois, éd. citée, 1955) ; 1550 le clair œil de la nuit « la lune » (Ronsard, Odes, A Joachim du Bellay, ode XXIV, 51 ds Œuvres, éd. citée, II, 70) ; b) 1572 « ce qui éclaire, sert de guide » (R.Belleau, Bergeries, t. I, p. 2 ds Littré) ; 2. p. réf. à la forme a) ca 1393 bot. « sans doute nœud qui est à l'extrémité du fruit, opposé à la queue » (Ménagier, éd. citée, II, p. 247) ; 1653 œil dormant (Le Gendre, Arbres fruitiers, p. 57) ; œil poussant (Id., op. cit., éd. 1676, p. 60) ; b) 1547 archit. oeuil de la Volute « milieu de la voûte du chapiteau ionique » (J.Martin, Architecture, troysieme livre, p. 38) ; 1694 id. « ouverture en haut d'une coupole » (Corneille); 1694 id. oeuil de pont (ibid.) ; c) 1660 « trou dans le pain et dans le fromage » (Oudin Fr.-Esp.) ; d) 1676 « ouverture pratiquée dans certains outils, p. ex. pour le manche » (Félibien) ; 1721 œil d'une roue (Trév.) ; 1751 œil d'une aiguille (Encyclop. t. 1, s.v. aiguille) ; e) 1690 mar. « trou par où les câbles entrent et sortent » (Fur.) ; f) 1690 impr. « grosseur des caractères d'imprimerie » (ibid.) ; 3. p. réf. à l'aspect a) 1611 « aspect d'une chose, du lustre d'une étoffe, de l'éclat d'une pierrerie » (Cotgr.) ; 1779 « nuance, teinte légère » (Buffon, Oiseaux, t. 6, p. 52) ; b) 1798 œil de poudre (Ac.). Du lat. class. oculus « œil », en partic. terme de bot., également terme d'archit. oculus volutae « œil de la volute » chez Vitruve. Le plur. yeux représente régulièrement l'acc. plur. oculos.
Lire également la définition du nom œil afin d'amorcer la réflexion symbolique.
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Anatomie :
Alain Froment, dans un ouvrage intitulé Anatomie impertinente, Le corps humain et l'évolution (© Éditions Odile Jacob, 2013) nous permet d'en apprendre davantage sur les yeux et la vision :
Ivresse intérieure : Dans l'apesanteur des vaisseaux spatiaux, en bateau ou en voiture, il peut y avoir déconnexion entre ce que dit la vision et ce que dit l'équilibre, d'où les nausées du mal des transports. De même, si nous buvons trop d'alcool, celui-ci diffuse du sang vers le liquide de l'oreille interne et, étant plus léger, induit des sensations, comme des troubles de l'équilibre, connues sous le nom d'ivresse. Le couplage entre la position de la tête et celle des yeux est remarquable: vous pouvez bouger la tête dans tous les sens sans quitter des yeux la page de ce livre, à cause du câblage entre les huit muscles oculaires, quatre pour chaque œil, et l'oreille interne. Le nystagmus, mouvement réflexe des globes oculaires qui cherchent à suivre un point mobile (comme les poteaux télégraphiques que l'on regarde depuis un train), est aussi un signe d'ivresse répertorié par la police de la route: le cerveau, sous l'influence de l'alcool, interprète la légèreté du liquide de l'oreille interne comme un déplacement. Le dispositif de l'équilibre a sa version antérieure dans les « neuromastes » des poissons, ligne de petits sacs situés le long du flanc de l'animal et contenant des cellules ciliées dans un canal rempli de liquide. Les compressions latérales induites par les courants sur les flancs du poisson renseignent son cerveau sur sa position. Le système cilié, décliné ici sous diverses formes, est très ancien et pourrait même remonter aux bactéries.
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YEUX : La vision apparaît si sophistiquée qu'elle est souvent mise en avant pour montrer qu'une évolution spontanée, sans dessein intelligent, est impossible. Or Dan Nilsson et Susanne Pelger ont développé en 1994 un modèle informatique d'évolution de l'œil qui ne nécessite que 1 800 générations pour aboutir, à partir d'une simple macule sensitive. Il est donc parfaitement possible que l'œil ait évolué indépendamment par convergence dans plusieurs lignées phylétiques, mais il y a un fond commun car il existe un gène (Pax) que nous partageons avec les mouches et les pieuvres.
Mauvais œil : Les yeux sont probablement l'endroit le plus magique de tout le corps. Si magique et si maléfique - souvenons-nous du mauvais œil ou du regard de Méduse -, que le mot ocs était trop dangereux à prononcer et que le latin l'a adouci avec le diminutif oculus. Descartes l'avait remarqué: la vision est probablement ce qu'il y a de plus sophistiqué et de plus précieux en nous, et il consacra un important traité, La Dioptrique, publié en 1637 à Leyde. Il n'est qu'à considérer l'industrie visuelle des loisirs et le rôle de la télévision à laquelle nous consacrons une part considérable de notre vie, 3 heures 16 minutes par jour en 20Il. Les primates sont en effet des animaux qui ont développé une très bonne vision stéréoscopique, avec des yeux regardant vers l'avant et non sur les côtés de la tête comme les bovins. Cette vision binoculaire est indispensable pour repérer les prédateurs et apprécier le relief. À l'inverse, les proies ont en général le regard latéral, afin d'élargir le champ visuel vers l'arrière. Il suffit de comparer un chat et une souris, un renard et un lapin, ou un lion et une gazelle pour le constater. La perte en ampleur de champ visuel a été compensée par le raffinement dans l'appréciation des distances, propriété capitale pour calculer les sauts dans les branches. L'homme aurait une meilleure vision centrale et la femme une meilleure vision latérale. La vue est aussi un sens fragile, et le nombre de porteurs de lunettes dans nos sociétés est considérable. On dit que Sénèque, le grand intellectuel du Ier siècle à Rome et malheureux précepteur de Néron, devenu âgé, parvenait à lire en s'aidant d'un globe de verre rempli d'eau ; mais c'est avec Ibn al Haytham au XIè siècle et Roger Bacon au XIIIè que l'optique est théorisée. Marco Polo signale l'usage de lunettes en Chine, et, au XVè siècle, leur usage se généralise en Occident. Benjamin Franklin les perfectionne en inventant les doubles focales, et la première lentille de contact est fabriquée en Suisse en 1887. Les lunettes sont comme un masque appliqué sur la figure, leur forme change nos expressions, des verres ronds font de grands yeux tandis que les verres rectangulaires à monture supérieure épaisse imposent la dominance.
Vision.
Strabisme : « Loucher » vient de luscus, « borgne », mais « bigleux » vient de « bicler » ou « bigler », voir en double. Chez les acteurs de cinéma, le strabisme, qu'il soit convergent, comme chez une vedette qui a réjoui les premiers spectateurs du cinéma muet, Ben Turpin (1869-1940), ou divergent comme chez Marty Feldman (1934-1982), l'acteur fétiche de Mel Brooks, fait la vertu comique du personnage. Pour autant, une petite « coquetterie dans l'œil» confère le charme qu'apporte un écart de symétrie dans le regard. L'écartement entre les yeux est variable selon les populations. Les lunetiers savent bien qu'il est fonction de la largeur de la racine du nez; un nez épaté entraîne donc des yeux plus écartés, mais l'hypertélorie, qui maximise cet écart, ne s'observe que dans certaines dysmorphies génétiques. Un défaut de l'axe des yeux entraîne une mauvaise perception du relief, que l'on peut détecter par un test de vision analogue aux planches colorées qui servent au dépistage du daltonisme. Rembrandt souffrait d'un strabisme divergent qui entravait sa vision stéréoscopique, ce qui l'aurait aidé à mieux traduire sur les deux dimensions de la toile la perception aplatie que ses yeux lui donnaient. Une étude menée sur les photos de cinquante-trois peintres célèbres suggère que 28 % montrent un strabisme, lequel n'affecte que 5% de la population.
En couleur : Chez beaucoup de mammifères, la sensibilité visuelle ne porte que sur deux couleurs, mais chez les primates, par duplication de gènes, la perception s'est améliorée, il y a environ 55 millions d'années, à mesure que la flore terrestre se diversifiait. La vision des couleurs représente une contrainte sélective très forte, en raison de son utilité pour distinguer les produits comestibles - un fruit mûr et riche en sucre par rapport à un fruit vert, par exemple -, mais elle aurait aussi été accentuée pour mieux détecter les serpents ? Quoi qu'il en soit, le daltonisme, anomalie de vision des couleurs, est rare chez les Pygmées, mais peut atteindre 8% de la population dans les sociétés où les qualités des chasseurs-cueilleurs sont moins sollicitées. Darwin avait noté dans son journal, à bord du Beagle, la remarquable acuité visuelle des habitants de la Terre de Feu. Les aborigènes australiens ont aussi des performances visuelles remarquables puisqu'ils peuvent voir à 50 kilomètres. Notre vue s'est détériorée, car nous pratiquons l'élevage et l'agriculture depuis 8000 ans, et nos disponibilités alimentaires sont littéralement sous nos yeux.
Le mécanisme de la vision résulte de la réaction à la lumière d'un photopigment composé d'une protéine appelée opsine, et d'un lipide, le chromophore, dérivé de la vitamine A (rétinol ou carotène : c'est pour cela que manger des carottes est bénéfique pour la vision). L'énergie des photons change la conformation de l'opsine, ce qui envoie un signal au neurone, variable selon la longueur d'onde reçue. L'œil est sensible à des radiations comprises entre les ultraviolets (390 nanomètres) et les infrarouges (800 nanomètres) ; en dehors de cet intervalle, on ne voit rien sans instruments. Grâce à trois types de cônes, les cellules sensibles aux trois couleurs fondamentales, le rouge, le jaune et le bleu, nous sommes capables de percevoir 15000 nuances. Le déficit, le plus souvent génétique, sur un type de cône entraîne un trouble de vision des couleurs, une dyschromatopsie, dont le daltonisme est l'exemple le plus connu. Il a été décrit par le chimiste anglais John Dalton (1766-1844) à partir de sa propre expérience. Il découvrit à l'âge de 28 ans, à la suite d'une difficulté à choisir une toge universitaire, qu'il ne pouvait distinguer le rouge du vert. À sa mort, il demanda que ses yeux soient prélevés. L'analyse ADN de l'un d'eux a confirmé en 1995 le type de mutation qui l'affectait.
En noir et blanc : Dans les cellules en bâtonnet, beaucoup plus nombreuses que les cônes et responsables de la perception de la luminosité, ce sont des opsines différentes qui réagissent au noir et blanc. Elles sont présentes dans tout le règne animal et leur origine se trouverait dans certaines bactéries, ce qui en fait des protéines extrêmement anciennes puisqu'elles remontent au précambrien, c'est-à-dire aux premières formes vivantes. Au cambrien, l'apparition de nouveaux organismes s'accompagne de diverses innovations, qui aboutissent à des formules de photoréception très variées, une quarantaine, développées indépendamment. Chez les vertébrés, qui possèdent cinq classes d'opsines, on passe de la simple macule sensible à la lumière chez les patelles, à un œil de plus en plus fermé chez les pétoncles, le nautile et l'homme. Les invertébrés ont trouvé d'autres solutions, comme l'œil de la mouche, mais la base moléculaire est la même. Une équipe de chercheurs s'est livrée à une véritable physio-paléontologie en reconstruisant, à partir des opsines actuelles, les formes correspondant à chaque nœud généalogique, et en les testant du point de vue de leur spectre d'absorption, La plupart d'entre elles ont un maximum d'absorption dans le bleu, aux alentours de 500 nanomètres, ce qui constitue un bon argument en faveur d'une évolution initiale en milieu aquatique, où le filtrage de la lumière par l'eau ne conserve qu'une teinte bleutée autour de 480 nanomètres.
La nyctalopie est le fait d'avoir une bonne vision nocturne. Pour améliorer vos performances de noctambule, éteignez la lumière, laissez vos yeux s'habituer à l'obscurité puis fermez un œil et rallumez; quand vous éteindrez de nouveau, l'œil qui était resté fermé vous permettra de voir dans le noir. On raconte que dans l'ancienne colonie de Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso), un administrateur porteur d'un œil de verre à la suite d'une blessure de la Grande Guerre, retirait cet œil le soir au coucher et le posait sur la table pour, disait-il, continuer à surveiller pendant son sommeil une population que l'on devine abasourdie par ce prodige.
Paupières.
Clignements : Les paupières (de palpere = palpiter) possèdent, comme le prépuce, la peau la plus fine de l'organisme : seulement 1 millimètre. Leurs battements durent 116 de seconde et surviennent 12 fois par minute, et les femmes clignent des yeux deux fois plus que les hommes. Les paupières entretiennent l'humidité permanente de l'œil, rappel de nos origines aquatiques. Comme il n'y a pas de vaisseaux sanguins dans la cornée, qui doit être parfaitement transparente, c'est cette humectation qui vient directement oxygéner les rares cellules qui la composent. Sous les yeux, entre paupière inférieure et saillie de l'os maxillaire, il existe une région où la peau est quatre fois plus fine que sur le reste du visage ; les abus en tout genre y restent marqués sous forme de cernes foncés ou de gonflement, les « valises ».
Double paupière : Il existe à l'angle interne de l'œil un pli vertical appelé épicanthus (plica palpebronasalis). On le voit chez les fœtus de toutes les populations, mais il disparaît à mesure que la racine du nez s'élève, ce pourquoi certains bébés européens peuvent le garder quelque temps. Les trisomiques, qui ont un pont nasal aplati, en sont porteurs et sont pour cela abusivement qualifiés de « mongoliens ». Ce pli est à distinguer de la bride mongolique, caractéristique des populations asiatiques et chez les Amérindiens qui en descendent, mais aussi en Afrique, en particulier chez les Khoisans (Bushmen). L'idée que ce puisse être une adaptation au froid (en Asie, elle se prolonge par un bourrelet graisseux et protecteur en avant de la paupière) n'a pas d'assise réelle puisque les peuples d'Asie tropicale l'ont aussi. Quand la bride descend bas, au ras des cils, elle efface le sillon orbito-palpébral et donne une impression de « simple paupière ». Les Orientales désireuses de se conformer au modèle occidental se font débrider l'œil par blépharoplastie, afin d'obtenir une « double paupière » comme les Européens. Les moins fortunées obtiennent le même résultat avec une bande adhésive spéciale, en vente sur Internet, astucieusement maquillée. Cette bride s'atténue avec l'âge et se voit, par exemple au Cambodge, chez 90 % des enfants, 65 % des femmes et 50 % des hommes.
Troisième paupière : Un œil dont l'axe n'est pas horizontal, mais relevé vers l'extérieur, appelé œil de jaguar, est apprécié : dans une expérience d'examen de visages, ceux dont l'angle externe de l'œil avait été remonté de 5 degrés ont été jugés plus attractifs par les sujets jeunes qui sont aussi les plus actifs sexuellement. La persistance de l'œil bridé, qui accentue cette impression d'obliquité, pourrait alors être un exemple de sélection sexuelle dans l'espèce humaine. L'œil oblique est représenté sur toutes les figurations du Bouddha mais aussi sur la plupart des vierges chrétiennes au point qu'il tend à faire partie du canon artistique féminin, l'œil de biche, facile à accentuer d'un trait de crayon. On observe en outre au coin interne de l'œil un petit pli tégumentaire de la conjonctive, le plica semilunaris. Ce pli est le vestige de la membrane nictitante de certains vertébrés, qu'on appelle « troisième paupière » chez les reptiles. Les canards plongeurs ont conservé cette troisième membrane qui est chez eux transparente ; chez les piverts, elle se contracte avant que le bec ne frappe les troncs, pour éviter des dommages à l'œil. Chez les mammifères aquatiques comme le castor ou le lamantin, elle se ferme sous l'eau ; on peut la voir chez les chiens et les chats, mais seulement quand ils dorment. La seule espèce de primate qui possède une membrane nictitante fonctionnelle est un charmant lorisiforme qui ressemble à une peluche, le potto ou arctocèbe qui vit en Afrique centrale. Le pli semi-lunaire est situé autour de la caroncule lacrymale ou canthus, cette petite éminence charnue qui contient des glandes sébacées produisant la chassie, ce dépôt jaunâtre qui encrasse les yeux mal lavés ou infectés. « Chassie » vient en effet de cacare, déjà rencontré, mot que la médecine, qui aime sonder nos viscères, emploie volontiers.
Cristallin : À cause de la sélection vers une transparence totale, la lentille de l'œil, ou cristallin, a des propriétés très remarquables. Il a été développé indépendamment chez les poissons et les céphalopodes. La cornée, membrane de collagène placée devant le cristallin, est responsable des deux tiers du pouvoir de réfraction de l'œil. Elle existe chez les mammifères, mais aussi chez les araignées. Le cristallin est déformable et sert surtout à l'accommodation. Il est fait de 1 000 couches de cellules empilées sur 5 millimètres, et qui sont vides, sans noyau ni organelles cytoplasmiques, mais remplies de protéines appelées cristallines, qui n'ont pas de possibilité de renouvellement là où elles se trouvent; aussi doivent-elles avoir une durée de vie exceptionnellement longue. Lorsqu'elles finissent par se dégrader avec l'âge, le cristallin s'opacifie et devient blanc: c'est la cataracte. L'ablation du cristallin permet de restaurer une assez bonne acuité visuelle, les chirurgiens romains l'avaient compris et pratiquaient l'intervention en routine. Les cellules du cristallin sont donc les plus vieilles de notre corps, et celles qui sont au centre datent de notre stade embryonnaire. Elles sont aussi mille fois plus longues qu'une cellule moyenne puisqu'elles s'étendent d'un pôle de la lentille à l'autre, sur plus d'un centimètre. Enfin, elles vivotent dans une ambiance proche de l'apoptose, mais de façon contrôlée, ce qui leur donne leur caractère unique car, en général, l'apoptose d'une cellule la conduit rapidement à la mort. Du même coup, elles sont incapables de se réparer, mais leurs protéines cristallines ont des propriétés « chaperonnes », c'est-à-dire qu'elles ont la faculté de redonner leur structure tridimensionnelle initiale à des protéines déstructurées, ce qui retarde leur précipitation et l'opacification du cristallin.
Pupille et iris : En avant du cristallin s'ouvre la pupille, dont l'étymologie est « poupée », peut-être à cause du tout petit reflet que forme le reflet d'une personne à sa surface, mais qu'on appelait autrefois prunelle. En anatomie artistique, ce centre de l'œil se place à mi-distance entre le sommet du crâne (vertex) et le menton. Les yeux sont plus grands, et donnent donc un aspect plus infantile au sexe féminin, sensation encore accentuée par le maquillage. Chez la plupart des mammifères, les yeux sont «en bouton»: on ne voit pas la sclérotique, c'est-à-dire le blanc de l'œil. Ainsi, chez le chimpanzé, il n'y a pas de blanc, mais du marron, ce qui rend les mouvements des yeux plus difficiles à détecter ; or c'est une information sociale que nous analysons en permanence ; c'est pourquoi le port de lunettes noires, qui empêche cette lecture, provoque le mystère. Le blanc de l'œil est plus visible chez la femme que chez l'homme. En cas d'exophtalmie, protrusion du globe oculaire comme dans l'hyperthyroïdie, ce blanc apparaît au-dessus et au-dessous de l'iris, ce qui donne à ces malades un regard fixe et un peu inquiétant.
Dilatation : La pupille est une fenêtre sur notre intérieur car en regardant au travers, on a une vision directe à la fois des capillaires et des neurones de la rétine. La taille des pupilles varie avec la lumière mais aussi avec les émotions: elles se dilatent en cas d'intérêt. Ainsi, la façon dont une femme sincèrement amoureuse regarde son partenaire envoie un message qui échappe au contrôle de la volonté et donc à la simulation. Les femmes fatales le savent depuis des siècles, qui agrandissent leurs pupilles au moyen d'une molécule d'origine végétale, la belladone (de bella donna, « belle femme »). L'inconvénient est que cette mydriase brouille l'acuité visuelle, comme lorsqu'on sort de chez l'ophtalmologiste après un examen de fond d'œil. À l'inverse, la pupille rétrécit en cas de danger afin d'améliorer la définition de l'image sur la rétine, ce qui donne un regard dur. L'abolition du réflexe pupillaire est un critère de mort largement utilisé en pratique médicale, comme on peut le voir dans les séries policières, où l'enquêteur sort une lampe de poche pour le vérifier.
Irisations : La couleur de l'iris (« arc-en-ciel ») n'est pas du tout issue de pigments spécifiques mais d'un jeu de diffraction lumineuse lié à la quantité de mélanine, phénomène appelé effet Tyndall. Chez beaucoup de nouveau-nés européens, les yeux sont d'abord bleus et foncent par la suite quand la synthèse de pigment augmente. La teinte peut évoluer avec divers événements de la vie, notamment la grossesse, et une démélanisation s'observe avec l'âge. La couleur des yeux est génétique et corrélée aux gènes de pigmentation de la peau. Chez les Blancs, la diversité des couleurs est plus grande en raison des phénomènes de dépigmentation adaptatifs au climat peu ensoleillé de l'Europe ; les yeux les plus clairs se voient dans une zone qui va de la Hollande à la Scandinavie. Les femmes ont dans chaque population l'iris un peu plus foncé que les hommes. La répartition des couleurs présente un motif propre à chaque individu, ce qui en fait un outil de reconnaissance biométrique. Parmi les nombreuses charlataneries basées sur la physiognomonie, l'iridologie prétend interpréter des signes de maladies par la présence de taches sur l'iris. Malgré l'engouement d'un certain public, aucune validation objective n'a pu donner de crédit à cet irido-diagnostic, en dehors du dépôt lipidique blanchâtre qui s'observe chez les sujets ayant trop de graisses dans le sang. La discordance entre la couleur des cheveux et celle des yeux, l'hétérochromie, a fait l'objet de travaux anciens, à reconfirmer. Les sujets hétérochromes seraient plus petits que les homochromes, et un peu plus sujets au cancer.
Yeux pers : L'héritabilité de cette couleur peut faire des détours surprenants. Ainsi, les sociobiologistes estiment qu'un homme aux yeux bleus peut choisir une compagne aux yeux bleus, non parce qu'il trouve cela joli mais parce que cela lui garantit que les enfants qui auront les yeux bleus seront de lui, le caractère bleu étant récessif par rapport à tout autre, c'est-à-dire qu'il ne s'exprime que si on le reçoit des deux parents. Il y a en la matière un effet lié au sexe, car si le père a les yeux bruns et la mère les yeux bleus, 50 % des fils et plus de 50 % des filles auront les yeux bruns ; si c'est le père qui a les yeux bleus et la mère les yeux bruns, plus de 50 % des garçons et des filles auront les yeux bruns. Les aèdes ont chanté les yeux pers ou vairons d'Athéna, qui possédait des yeux de couleurs différentes, variété rare mais appréciée. Le regard fascinant de David Bowie produit cet effet un peu surnaturel, bien qu'il s'agisse là non d'yeux pers mais d'une paralysie de la pupille gauche, séquelle d'un coup reçu quand il avait 15 ans et qui a finalement contribué à sa légende. Chez l'albinos, la couleur de l'iris est rouge du sang vu en transparence, en raison de l'absence de pigment.
Larmes : L'espèce humaine produit davantage de larmes que les autres espèces, et elles se voient mieux quand elles coulent sur une peau nue que sur une face velue, de sorte que c'est aussi un signal social. Mais on peut aussi penser que la vie en savane poussiéreuse, plutôt que dans la forêt où l'humidité est proche de 100 %, a sélectionné cette propension à humecter l'œil abondamment. La glande lacrymale est située dans l'angle supéro-exteme de l'orbite et produit un liquide très aqueux, proche du liquide céphalo-rachidien, qui se charge en lipides avec l'appoint de glandes sébacées, les glandes de Meibomius situées dans les paupières, afin de former un film protecteur. Les clignements le répartissent un peu comme des essuie-glaces sur la cornée afin qu'elle présente une surface réfringente lisse. Un quart de la sécrétion s'évapore, le reste étant évacué par le canal lacrymal vers le nez avec un débit de 1,5 microlitre par minute, l'équivalent d'une demi-douzaine de grosses larmes à l'heure. Il y a trois catégories de larmes, les basiques qui humectent l'œil, les larmes réflexes dues à un corps étranger (toutes deux riches en sel, en anticorps et en protéines antibactériennes, le lysozyme, présent aussi dans la salive et le lait), et les larmes émotionnelles, qui n'ont pas la même composition et dépendent de l'imprégnation hormonale en prolactine et lactotransferrine, ce qui explique pourquoi les femmes pleurent beaucoup plus que les hommes. De plus, l'odeur de leurs larmes provoque une baisse du désir sexuel chez les hommes. Quoi qu'il en soit, pleurer est déstressant, et c'est un comportement presque spécifiquement humain.
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Symbolisme :
Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
L'Œil organe de la perception visuelle, est naturellement et presque universellement le symbole de la perception intellectuelle. Il faut considérer successivement l'œil physique dans sa fonction de réception de la lumière ; l'œil frontal - le troisième œil de Shiva - ; enfin l'œil du cœur, qui reçoivent l'un et l'autre la lumière spirituelle.
Celui qui a des yeux désigne expressément, chez les [Inuit], le chaman, le clairvoyant. Tant dans la Bhagavad Gitâ que dans les Upanishads, les deux yeux sont identifiés aux deux luminaires : le soleil et la lune ; ce sont les deux yeux de Vaishvanara. De même, soleil et lune sont, dans le Taoïsme, les deux yeux de P'ankou ou de Lao-kiun, dans le Shintô ceux d'Izanagi. Traditionnellement, l'œil droit (soleil) correspond à l'activité et au futur, l'œil gauche (lune) à la passivité et au passé. La réoslution de cette dualité fait passer de la perception distinctive à la perception unitive, à la vision synthétique. Le caractère chinois ming (lumière) est la synthèse des caractères qui désignent le soleil et la lune : Mes yeux figurent le caractère ming, lit-on dans un rituel de société secrète.
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Dans Le Temple de l'âme : La Parole divine du corps humain (Éditions Dangles, 1998) Roland Arnold décrypte la symbolique de l'œil :
Une vérification clinique confirme cette interprétation : quand il y a un problème de foie, un des premiers signes cliniques est l’ictère des yeux, les conjonctives se colorent en jaune, couleur de l’or, puis il y a coloration de la peau. Soulignons le paradoxe de l’ictère (ou jaunisse) qui donne la couleur dorée à l’œil et à la peau, et le signe marquant l’absence du travail psychologique qui devrait transformer le plomb, symbole des mauvaises pensées, en or, symbole des pensées évoluées. On fait à l’extérieur ce qu’on ne peut pas faire à l’intérieur !
Quand la manière de voir n’est pas juste, l’œil est malade.
L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres.
Matthieu 6, 22-23.
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La main visionnaire et parlante : La main est parfois comparée à l’œil : elle est douée de vision. C’est une interprétation que la psychanalyse a confirmée en démontrant que la main qui apparaît dans les rêves est l’équivalent de l’œil. D’ailleurs, il est paru un livre dont le titre tout à fait remarquable : L’Aveugle aux doigts de lumière, illustre parfaitement ce concept. [voir l'article main]
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Les yeux : L’œil, en hébreu ayin, veut également dire « source ». En grec, il se dit ophtalmos et en latin oculus. Organe de la vision, l’œil transmet la lumière au cerveau.
a) La lumière est source de vie : Le soleil s’est enfin levé car la lumière resplendit.
Près de 90 % des informations (formation en dedans) qui parviennent à notre cerveau sont captées par nos yeux.
Cet organe de la perception visuelle est par extension le symbole de la perception intellectuelle. Et la lumière est très vite devenue la représentation de la compréhension.
La lumière originelle est née trois cent mille ans après le big-bang qui a créé notre univers (unis vers qui ?) il y a environ quinze milliards d’années, nous disent les scientifiques. Par la suite, le monde vivant s’est édifié sous l’influence du Soleil, dont il dépend très intimement. Puis, il y a quelques centaines de milliers d’années, l’homme a réussi à maîtriser la lumière, avec timidité, en jouant avec le feu. Ainsi, s’est-il rendu maître de l’obscurité, symbole de la mort et source de terreur.
Aujourd’hui, grâce à l’électricité, la maîtrise de la lumière est devenue le symbole le plus puissant de la civilisation moderne.
Le soleil produit de la lumière, par fusion d’hydrogène, qui voyage à environ 300 000 kilomètres/seconde, et qui parvient sur terre en huit minutes. Comme le son, la lumière est une onde. Mais à la différence du son qui a besoin d’un support (air, eau...) pour se déplacer, les particules de lumière se déplacent sans support concret, donc même dans le vide absolu.
La lumière est aussi matière. Elle est constituée de photons, véritables « grains » de lumière invisibles et sans masse. Ces photons portent l’énergie lumineuse. La lumière signifie l’« illumination », l’irruption illuminante d’une idée dans la psyché.
A l’inverse, la lumière est en relation avec l’obscurité, pour indiquer les valeurs d’une non-évolution.
Sans lumière, personne ne peut voir ni savoir. Cela est vrai à l’extérieur de l’homme, dans le monde physique, et cela reste vrai à l’intérieur, dans le monde psychologique puis spirituel, où toutes les manières de voir naissent au niveau des yeux.
Des expressions telles que « Lumière divine ou spirituelle » font apparaître une connaissance au-delà du connu.
D’après la kabbale, l’Aor, rayonnement de la lumière à partir d’un centre primordial, engendre l’étendue. Dans la Genèse, la Fiat lux est aussi illumination, séparation entre lumière et ténèbres.
La théorie du big-bang est aussi, malgré elle, le symbole de l’illumination.
Et selon l’ordre des choses, tant dans la conception moderne de la physique nucléaire que dans celle de l’illumination intérieure, la lumière succède toujours à l’obscurité.
Dans la Table d’émeraude d’Hermès Trismégiste, le « trois fois grand », la création du monde est évoquée en ces termes : « La première chose qui parut fut la lumière de la Parole de Dieu. Elle donna naissance à l’action, l’action au mouvement et celui-ci à la chaleur. » Cela rejoint la définition de Deus, Dieu, qui est le jour lumineux, l’illumination.
Dans l’Ancien Testament, la lumière symbolise constamment la vie, le bonheur, le salut, dons de Dieu.
b) Voir et la manière de voir : En fait, à quoi servent nos yeux ? Que font-ils réellement ? Ils transmettent au cerveau la perception des effets produits par les ondes électromagnétiques sur notre environnement. Le cerveau les traduit en signes colorés.
Le monde est-il réellement multicolore comme nous le percevons, ou est-ce simplement notre cerveau qui crée cette symphonie de couleurs pour nous permettre de différencier les divers effets des ondes électromagnétiques ? Autrement dit, les couleurs existent-elles dans la nature ou sont-elles une pure création de notre cerveau ?
Cela suscite beaucoup d’interrogations, d’autant plus qu’il y a de nombreuses manières de voir.
Nous ne voyons pas toujours les choses comme elles sont, mais comme nous nous attendons à les voir, en fonction de notre expérience. L’interprétation logique modifie les données sensorielles et l’image perçue par notre cerveau est souvent fort différente de l’objet réel. Les illusions d’optique en apportent la preuve :
c) Voir toujours : Dans l’organisation du corps humain, il semble que toute la statique contribue au port élevé de la tête, dans le but de maintenir les yeux à l’horizontale.
A l’époque des grandes invalidités (scolioses des bossus, estropiés, etc., comme on en voyait avant l’essor de la chirurgie), le corps humain s’arrangeait toujours pour maintenir les yeux à l’horizontale. La tête, quelle que soit la position du support, est toujours droite pour que les yeux soient équilibrés.
Les yeux organisent le schéma corporel et le corps peut être considéré comme étant suspendu aux yeux !
La tête doit être droite pour permettre la vision binoculaire et pour assurer l’équilibre par l’appareil d’équilibration, l’oreille interne.
Ainsi l’homme ne vit-il qu’en fonction de sa vision du monde, c’est-à-dire par rapport à sa manière de voir. Il ne fait pas plus qu’il ne voit, donc qu’il ne connaît.
Ne dit-on pas « voir la vie en noir » ou « voir la vie en rose » ?
d) La lumière est Dieu lui-même
L’Eternel est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je crainte ? (Psaume XXVII, 1.)
Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour,
Ni la lune qui t’éclairera de sa lueur,
Mais l’Eternel sera ta lumière à toujours.
Ton Dieu sera ta gloire,
Ton soleil ne se couchera plus,
Et ta lune ne s’obscurcira plus ;
Car l’Eternel sera ta lumière à toujours. (Esaïe 60, 19-20.)
Et la symbolique chrétienne prolongera ces écrits : Jésus-Christ est la Lumière du monde pour ceux qui sont aveugles spirituellement.
Pendant que je suis dans le monde,
Je suis la lumière du monde. (Jean 9, 5.)
Et Il dira de lui-même, l’homme de la Lumière incarnée :
Je suis la lumière du monde,
celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres,
mais il aura la lumière de la vie. (Jean 8, 12)
En psychologie, l’ascension est liée à des images lumineuses avec une impression d’euphorie, de bonheur, alors qu’à la descente sont associées des images sombres, avec des impressions de peur, de culpabilité ou des idées dépressives. Ainsi, la lumière est-elle le symbole de l’épanouissement d’un être par son élévation, alors que les ténèbres symbolisent un état insensé et de non-évolution.
Selon d’anciennes traditions, l’œil serait un représentant de la Providence divine. En Inde, cet œil frontal, ou troisième œil, est l’attribut de Shiva, symbole de la sagesse et de la perception intuitive.
Pour les adeptes de bouddhisme, il est l’organe de la vision intérieure, de la clairvoyance, qui permet de voir la réalité derrière l’illusion.
Notre tradition judéo-chrétienne le montre inscrit dans un triangle, comme le symbole de YHWH, qui est le Tétragramme divin. A l’échelle de l’homme, c’est l’image de la conscience spirituelle.
Les Egyptiens célébraient le Soleil, donc la lumière, comme une divinité absolue. Et il n’est pas étonnant de retrouver dans le Livre des morts la phrase suivante : « Je regarde, donc j’existe. »
e) L’œil est la lampe du corps : A l’origine de notre monde chrétien, les Hébreux ont défini les yeux selon la vraie fonction visuelle : la Vision divine. A tel point que l’œil, ayin, signifie également la source, ce qui fait naturellement penser à l’origine ou au fondement : les yeux sont source de vie.
L’iris en latin signifie arc-en-ciel, et nous savons que ce dernier est le symbole de l’alliance entre Dieu et celui qui regarde. C’est aussi un effet de lumière.
L’organe de la vue contient en son centre le cristallin, qui évoque la transparence, la pureté et la brillance de la pierre précieuse. La vision doit être pure comme le cristal. La vision purifiée conduit à l’observation du divin.
Si l’on étudie les voies optiques, c’est-à-dire les liaisons nerveuses entre l’œil et le cerveau, on note un croisement des fibres internes de la rétine au niveau du chiasma optique. A ce niveau, il y a retournement, renversement des voies de la vision interne, et on peut l’entendre comme un programme d’évolution, un retournement, un renversement de la voie (du chemin de la vie) de la vision des valeurs. Voir autrement, opérer le passage du psychologique au spirituel, est peut-être ce que semble nous indiquer cette anatomie nerveuse, du moins peut-on l’imaginer !
Il n’y a rien qui soit abandonné au hasard dans le corps humain, ni dans le reste d’ailleurs.
En tout cas, le retournement, le croisement, est inscrit dans la profondeur de la chair. Nous avons déjà vu cette même idée dans le croisement des fibres nerveuses au niveau de la pyramide bulbaire, où la droite du cortex correspond à la gauche corporelle.
Le croisement, le retournement de la manière de voir, de vivre, est l’étape de la vie nommée « à la croisée des chemins ».
De plus, ce « chiasma optique » est immédiatement situé en avant de l’hypophyse qui subit forcément son influence. En sachant que l’hypophyse est le chef d’orchestre du concert hormonal, nous pouvons aisément comprendre les effets de la vision sur les cibles hormonales (croissance, métabolisme, lactation, etc.).
La manière de voir influence la vie du corps dans son ensemble.
Les yeux sont le miroir de l’âme : ils permettent d’exprimer toute la gamme des sentiments et font sentir les états d’âme et les processus intellectuels. Ils envoient des « messages » de refus ou d’invitation, des signaux montrant la colère, la joie, l’indifférence ou l’intérêt.
Dans les rêves, les yeux jouent la fonction d’organe de connaissance. Voir nettement et clairement les choses signifierait connaître, admettre, comprendre, alors qu’être aveugle symbolise l’aveuglement psychique et la cécité spirituelle.
Selon Jean dans le quatrième Evangile, le thème de la lumière est particulièrement édifiant.
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Entre les deux ailes, la fente sphénoïdale est le passage de toute l’innervation et de toute la vascularisation de l’œil. Autour de cette zone émergent les nerfs oculaires qui commandent les muscles de l’œil. La partie postérieure des grandes ailes est en rapport avec le rocher temporal, donc en rapport avec l’audition et l’équilibration. L’orbite est formée en partie par les ailes du sphénoïde.
La vision a-t-elle une influence sur les ailes du sphénoïde ? Ou inversement ? Rien n’a été démontré sur le plan physiologique, mais il n’y a aucun doute en ce qui concerne le symbolisme.
[...]
L’épiphyse, glande pinéale (en forme de pin), est d’un fonctionnement quasi inconnu. Phylogénétiquement, elle est le vestige d’un « œil » pinéal des reptiles, organes photosensibles.
Ainsi la physiologie exprime-t-elle le fonctionnement physique du corps humain, et elle est la représentation symbolique du fonctionnement spirituel.
[...]
L’équilibre du corps humain est réglé par le cerveau et le cervelet, mais il est assuré par la vue. Encore une fois, la vision prédomine, l’œil est la lampe du corps ; la vision juste éclaire le corps humain. La vue, la manière de voir, est capitale pour une vie équilibrée.
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Michel Odoul, auteur de Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi (Nouvelle Édition revue et corrigée Albin Michel, 2002) nous donne sa vision de l'œil, empreinte de la philosophie chinoise :
Les yeux et leurs maux : Les yeux sont les organes de la vision. Grâce à eux, nous pouvons voir le monde extérieur, en couleur (qui est la représentation du sentiment) et en relief (qui est la représentation de la structure) du fait de la présence de deux yeux. L'œil droit, qui représente la structure de l'individu (Yin), donne la vision « horizontale » et l'œil gauche, qui représente la personnalité de l'individu, donne la vision « verticale ». ils sont associés à l'énergie du Principe du Bois et représentent de ce fait le niveau de perception le plus en relation avec les sentiments et « l'être ». Cela nous permet de comprendre plus aisément pourquoi de nombreuses myopies apparaissent à l'adolescence qui, rappelons-nous (voir aussi la scoliose) est la période de la vie où l'enfant étalonne ses repères affectifs face au monde extérieur, en dehors de la structure familiale.
Les maux des yeux signifient donc que nous avons de la difficulté à voir quelque chose dans notre vie et en particulier quelque chose qui nous touche au niveau affectif. Qu'est-ce que je ne veux pas voir ? Qu'est-ce qui remet mon être en cause ou l'idée de la place que je lui fais ? Il est fréquent que ce questionnement soit associé à un ressenti d'injustice. S'il s'agit de l'œil droit, la tension est en relation avec la symbolique Yin (la mère) et s'il s'agit de l'œil gauche, ce que l'on refuse de voir est en relation avec la symbolique Yang (le père).
[...]
Chaque type de manifestation oculaire va apporter une précision particulière.
La myopie, qui est une difficulté à voir loin, représente la peur inconsciente de l'avenir qui nous semble trouble, c'est-à-dire mal défini ; ce qui est flou.
La cataracte, qui se caractérise par un assombrissement, voire une disparition totale de la vue, exprime notre peur du présent ou de l'avenir qui nous paraissent sombres.
La presbytie, qui se manifeste par une difficulté à voir les objets proches, représente notre crainte de voir ce qui est présent ou dans un très proche avenir. Cette « maladie., qui touche principalement les personnes âgées, est étonnamment similaire à la mémoire qui suit le même processus chez elles, puisqu'elles se souviennent de moins en moins des choses récentes et, au contraire, de plus en plus clairement des choses lointaines. Elle est à associer notamment à l'approche de la mort qui représente une échéance que l'on peut ne pas avoir « envie de voir ».
L'astigmatisme se caractérise par le fait de ne pas voir les objets exactement comme ils sont mais « déformés ». Cela symbolise notre difficulté à voir les choses (ou nous-mêmes) telles qu'elles sont dans notre vie.
Le site La Vague de Vie propose un fascicule intitulé "Le symbolisme des organes du corps humain" (malheureusement non sourcé) dans lequel on peut lire les notices suivantes :
CILS : Ces rayons solaires ou lunaires, selon l’œil concerné, constituent les armes de l’amour instillé dans les yeux.
LARMES : La pluie ou les eaux de la vie qui nettoient et purifient l’âme et clarifient la vision. Les larmes coulent à la suite d’une grande prise de conscience qui s’est faite dans la joie ou la douleur. Dans un cas comme dans l’autre, elles expriment un épanouissement intérieur. Elles constituent le sang de l’œil, le sang découlant de la source, lieu de la Connaissance. Elles expriment tantôt la douleur de l’âme tantôt la joie spirituelle de la vision retrouvée. Les larmes traduisent diversement la douleur, le deuil, le chagrin intérieur, la désolation du cœur, le sentiment d’humiliation ou d’échec, la nécessité d’un détachement difficile à faire. Parfois, elles servent de moyen d’intercession. Il est rarement honteux de pleurer, car ce n’est généralement pas un signe de faiblesse, mais un indice de vulnérabilité naturelle dans un monde contenant tant d’éléments inconnus et inattendus. Il faut un réel courage pour révéler en public ses émotions spontanées. Celui qui ne pleure jamais accumule des énergies négatives, pouvant devenir violent ou insensible aux autres. En revanche, les larmes d’apitoiement sur soi-même de l’éternelle victime finissent par l’entraîner dans le dégoût d’elle-même et de la vie. Les larmes peuvent surgir de la peine, de la frustration ou de la contradiction, mais elles peuvent également exprimer à quel point on déplore les ignominies apparentes du monde. les erreurs de ses frères et sœurs d’évolution, à quel point on souffre spirituellement de voir des êtres se comporter en lâches et en traîtres. Ces larmes de commisération, suscitées par l’émotion en présence des misères du monde, aidant à se motiver à mieux aimer et à rayonner plus de Lumière.
ŒIL : Cet organe physique de la vision symbolise la perception spirituelle émanant du rayonnement de l’Intelligence divine, dite la vision juste ou intérieure ou la clairvoyance, mais il peut inclure aussi la perception purement intellectuelle. On l’associe aux notions de lumière, de connaissance, de fécondité, de conscience de l’âme, d’essence universelle des choses. On l’identifie diversement à la Conscience suprême, notamment dans son aspect d’omniscience, au Verbe ou Logos, au Principe créateur, le Grand Architecte de l’Univers. Par sa forme générale de forme ovale, image de l’Univers, portant en son centre la pupille, image du Point suprême ou central, il illustre le rayonnement animateur de la vie activé par le Soleil. En relation avec le centre frontal, il désigne l’imagination et la nourriture spirituelle. Il parle de beauté, de monde structuré, d’univers complet, de vie polyforme.
Dans les illustrations mystiques, l’Œil unique exprime le Pouvoir spirituel de Celui qui voit tout, de la Conscience divine omniprésente. L’être humain qui veut suivre la bonne direction dans sa vie, doit permettre à la Lumière de cet Œil divin de l’entourer et de luire autour de lui, pour illuminer sa route. Car celui qui préside devant son Autel devient semblable à lui par Assomption. Autrement dit, celui qui suit le rituel sacré et se laisse guider par sa Conscience spirituelle finit par fusionner avec Dieu. Au sens culturel, l’œil désigne un chef. Il figure souvent l’étoile Aldébaran.
En psychologie, l’œil sous-entend un acte de compréhension existentielle. S’il rend mal à l’aise, il peut traduire un complexe de castration ou de culpabilité. Il réfère la plupart du temps à un besoin de vérifier une réalité par soi-même. L’œil droit, d’énergie solaire, exprime l’énergie vitale de l’Esprit; l’œil gauche, d’énergie lunaire, exprime l’énergie magnétique de l’intelligence.
PAUPIÈRES : Les voiles qui, en se rapprochant, couvrent et protègent l’œil, servent de rideaux que l’on tire pour réduire l’intensité lumineuse, lubrifier les yeux, se reposer ou s’intérioriser. C’est un moyen de couper le contact avec l’extérieur pour le rétablir à volonté. On les associe aux notions de protection, repos, quiétude, détachement et ressourcement énergétique.
Les affections aux paupières sont symptomatiques d’un problème de perception de la réalité. Les paupières gonflées révèlent des larmes contenues. La chute des paupières trahit une tristesse qu’on porte au plus profond de soi (départ, séparation, mort, maladie d’un être cher).
SOURCILS : Les arcs du Temple de la Vision, éléments protecteurs de ce qui est perçu. En rêve, ils peuvent évoquer l’approbation ou la désapprobation, car ils soulignent généralement les états d’être et les émotions qui les accompagnent. On peut les relier aux épaules.
VISION : Les affections de la vision insistent sur un obscurcissement du psychisme ou de la conscience. Manque de vigilance. On est pris aux mirages de la vie, concentré sur les apparences. Voir à Yeux.
YEUX : L’organe pair de la vision physique. Les yeux symbolisent la réalité qu’il faut clairement percevoir en soi par rapport aux questions qu’on se pose, car les réponses sont déjà comprises dans ses questions ou son contexte de vie. Ils appellent à approfondir l’amour pour réaliser ses désirs les plus profonds et son idéal le plus authentique. Ils inspirent la force, le soutien, la compréhension, la compassion qu’il faut intégrer en soi pour mieux percevoir les réponses que la vie offre. Les yeux portent le regard, instrument des ordres intérieurs, chargé de toutes les ardeurs de l’âme, ce qui lui confère une prodigieuse efficacité. Ils sont l’instrument d’une révélation, car ils servent à déchiffrer et à dévoiler le monde des apparences pour y découvrir la vision du Créateur. La vision du Créateur appelle celle de l’homme et inversement, puisque la vision du Créateur et celle de la créature constituent l’enjeu même de la création : une vision de contemplation. On comprend alors que le Monde se comprend comme le propre jeu de la vision de Dieu qui se contemple et se démontre ses attributs.
Les yeux expriment la capacité de poser son regard sur tout pour y découvrir Dieu, l’autre soi-même. Avec le troisième œil, les deux yeux physiques forment un triangle prismatique grâce auquel les courants qui traversent l’être, avec les pensées et les sentiments, renforcent son champ magnétique et le rendent sensible au Monde divin, le Lieu des Origines. L’Œil gauche est la Montagne de la Lune; l’Œil droit, la Montagne du Soleil. Ils symbolisent la connaissance, la compréhension, la conscience et l’illumination. Ils captent ce qui apparaît à la surface du monde et ils donnent la vision de la vie. Ils appellent à regarder la vérité en face.
En songe, l’apparition d’un œil établit un lien avec l’autorité qui juge et sanctionne, ce qui indique qu’on n’assume pas entièrement son autonomie de décision et sa faculté de choix. Apercevoir plusieurs yeux, traduit une conscience étriquée et timorée, une âme craintive, porteuse de culpabilités éthiques ou morales, menacée de régression ou de dissolution. Un échange de regard éclaire une communication sympathique ou amoureuse, une action menée dans l’unité d’intention, la confiance mutuelle, l’aptitude à regarder droit devant soi, parfois la réception entre un homme et une femme, il évoque l’équilibre intérieur, le sentiment d’unité, l’amour universel, une perception juste de son orientation, la promesse d’occasions merveilleuses de succès, l’assurance que le chemin est ouvert et bien tracé pour soi, car la Providence y veille.
Les affections à l’œil ou aux yeux réclament une rectification au niveau de la perception de la réalité. Incapacité de voir la vie comme elle est ; Dégoût de sa propre vie, peur de l’avenir, ennui existentiel, stagnation prolongée. Vision déformante de l’ego. On se cache la réalité. On ne regarde pas bien les faits. On a longtemps entretenu un chagrin qu’on ne peut plus contenir. On s’apitoie sur son sort. On porte des œillères. On fait preuve d’étroitesse de vue. On a la vue courte. La vérité ne suscite plus sa confiance. On éprouve de l’angoisse dès qu’on cherche à se percer dans sa réalité ou sa vérité. Relation affective insécurisante qu’on entretient faute de pouvoir y mettre fin. On ferme les yeux sur les faits. On refuse de reconnaître un sentiment d’impuissance.
L’œil droit, associé au soleil, exprime la virilité, la créativité, l’activité, l’émissivité de la force électrique; l’œil gauche, relié à la lune, exprime la passivité, l’accueil, la réceptivité, la féminité de la force magnétique. La vision brouillée dénote la peur de se retrouver dans une situation difficile. On s’enfonce dans sa confusion. Un tic à l’œil droit décrit l’ennui profond envers le quotidien ; la crainte de ne jamais parvenir au bout du chemin; le désir d’arriver rapidement à son but pour passer à autre chose.
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Le site La Vague de Vie propose un fascicule intitulé "Le symbolisme des organes du corps humain" (malheureusement non sourcé) dans lequel on peut lire les notices suivantes :
CILS : Ces rayons solaires ou lunaires, selon l’œil concerné, constituent les armes de l’amour instillé dans les yeux.
LARMES : La pluie ou les eaux de la vie qui nettoient et purifient l’âme et clarifient la vision. Les larmes coulent à la suite d’une grande prise de conscience qui s’est faite dans la joie ou la douleur. Dans un cas comme dans l’autre, elles expriment un épanouissement intérieur. Elles constituent le sang de l’œil, le sang découlant de la source, lieu de la Connaissance. Elles expriment tantôt la douleur de l’âme tantôt la joie spirituelle de la vision retrouvée. Les larmes traduisent diversement la douleur, le deuil, le chagrin intérieur, la désolation du cœur, le sentiment d’humiliation ou d’échec, la nécessité d’un détachement difficile à faire. Parfois, elles servent de moyen d’intercession. Il est rarement honteux de pleurer, car ce n’est généralement pas un signe de faiblesse, mais un indice de vulnérabilité naturelle dans un monde contenant tant d’éléments inconnus et inattendus. Il faut un réel courage pour révéler en public ses émotions spontanées. Celui qui ne pleure jamais accumule des énergies négatives, pouvant devenir violent ou insensible aux autres. En revanche, les larmes d’apitoiement sur soi-même de l’éternelle victime finissent par l’entraîner dans le dégoût d’elle-même et de la vie. Les larmes peuvent surgir de la peine, de la frustration ou de la contradiction, mais elles peuvent également exprimer à quel point on déplore les ignominies apparentes du monde. les erreurs de ses frères et sœurs d’évolution, à quel point on souffre spirituellement de voir des êtres se comporter en lâches et en traîtres. Ces larmes de commisération, suscitées par l’émotion en présence des misères du monde, aidant à se motiver à mieux aimer et à rayonner plus de Lumière.
ŒIL : Cet organe physique de la vision symbolise la perception spirituelle émanant du rayonnement de l’Intelligence divine, dite la vision juste ou intérieure ou la clairvoyance, mais il peut inclure aussi la perception purement intellectuelle. On l’associe aux notions de lumière, de connaissance, de fécondité, de conscience de l’âme, d’essence universelle des choses. On l’identifie diversement à la Conscience suprême, notamment dans son aspect d’omniscience, au Verbe ou Logos, au Principe créateur, le Grand Architecte de l’Univers. Par sa forme générale de forme ovale, image de l’Univers, portant en son centre la pupille, image du Point suprême ou central, il illustre le rayonnement animateur de la vie activé par le Soleil. En relation avec le centre frontal, il désigne l’imagination et la nourriture spirituelle. Il parle de beauté, de monde structuré, d’univers complet, de vie polyforme.
Dans les illustrations mystiques, l’Œil unique exprime le Pouvoir spirituel de Celui qui voit tout, de la Conscience divine omniprésente. L’être humain qui veut suivre la bonne direction dans sa vie, doit permettre à la Lumière de cet Œil divin de l’entourer et de luire autour de lui, pour illuminer sa route. Car celui qui préside devant son Autel devient semblable à lui par Assomption. Autrement dit, celui qui suit le rituel sacré et se laisse guider par sa Conscience spirituelle finit par fusionner avec Dieu. Au sens culturel, l’œil désigne un chef. Il figure souvent l’étoile Aldébaran.
En psychologie, l’œil sous-entend un acte de compréhension existentielle. S’il rend mal à l’aise, il peut traduire un complexe de castration ou de culpabilité. Il réfère la plupart du temps à un besoin de vérifier une réalité par soi-même. L’œil droit, d’énergie solaire, exprime l’énergie vitale de l’Esprit ; l’œil gauche, d’énergie lunaire, exprime l’énergie magnétique de l’intelligence.
PAUPIÈRES : Les voiles qui, en se rapprochant, couvrent et protègent l’œil, servent de rideaux que l’on tire pour réduire l’intensité lumineuse, lubrifier les yeux, se reposer ou s’intérioriser. C’est un moyen de couper le contact avec l’extérieur pour le rétablir à volonté. On les associe aux notions de protection, repos, quiétude, détachement et ressourcement énergétique.
Les affections aux paupières sont symptomatiques d’un problème de perception de la réalité. Les paupières gonflées révèlent des larmes contenues. La chute des paupières trahit une tristesse qu’on porte au plus profond de soi (départ, séparation, mort, maladie d’un être cher).
YEUX : L’organe pair de la vision physique. Les yeux symbolisent la réalité qu’il faut clairement percevoir en soi par rapport aux questions qu’on se pose, car les réponses sont déjà comprises dans ses questions ou son contexte de vie. Ils appellent à approfondir l’amour pour réaliser ses désirs les plus profonds et son idéal le plus authentique. Ils inspirent la force, le soutien, la compréhension, la compassion qu’il faut intégrer en soi pour mieux percevoir les réponses que la vie offre. Les yeux portent le regard, instrument des ordres intérieurs, chargé de toutes les ardeurs de l’âme, ce qui lui confère une prodigieuse efficacité. Ils sont l’instrument d’une révélation, car ils servent à déchiffrer et à dévoiler le monde des apparences pour y découvrir la vision du Créateur. La vision du Créateur appelle celle de l’homme et inversement, puisque la vision du Créateur et celle de la créature constituent l’enjeu même de la création : une vision de contemplation. On comprend alors que le Monde se comprend comme le propre jeu de la vision de Dieu qui se contemple et se démontre ses attributs.
Les yeux expriment la capacité de poser son regard sur tout pour y découvrir Dieu, l’autre soi-même. Avec le troisième œil, les deux yeux physiques forment un triangle prismatique grâce auquel les courants qui traversent l’être, avec les pensées et les sentiments, renforcent son champ magnétique et le rendent sensible au Monde divin, le Lieu des Origines. L’Œil gauche est la Montagne de la Lune; l’Œil droit, la Montagne du Soleil. Ils symbolisent la connaissance, la compréhension, la conscience et l’illumination. Ils captent ce qui apparaît à la surface du monde et ils donnent la vision de la vie. Ils appellent à regarder la vérité en face.
En songe, l’apparition d’un œil établit un lien avec l’autorité qui juge et sanctionne, ce qui indique qu’on n’assume pas entièrement son autonomie de décision et sa faculté de choix. Apercevoir plusieurs yeux, traduit une conscience étriquée et timorée, une âme craintive, porteuse de culpabilités éthiques ou morales, menacée de régression ou de dissolution. Un échange de regard éclaire une communication sympathique ou amoureuse, une action menée dans l’unité d’intention, la confiance mutuelle, l’aptitude à regarder droit devant soi, parfois la réception entre un homme et une femme, il évoque l’équilibre intérieur, le sentiment d’unité, l’amour universel, une perception juste de son orientation, la promesse d’occasions merveilleuses de succès, l’assurance que le chemin est ouvert et bien tracé pour soi, car la Providence y veille.
Les affections à l’œil ou aux yeux réclament une rectification au niveau de la perception de la réalité. Incapacité de voir la vie comme elle est ; Dégoût de sa propre vie, peur de l’avenir, ennui existentiel, stagnation prolongée. Vision déformante de l’ego. On se cache la réalité. On ne regarde pas bien les faits. On a longtemps entretenu un chagrin qu’on ne peut plus contenir. On s’apitoie sur son sort. On porte des œillères. On fait preuve d’étroitesse de vue. On a la vue courte. La vérité ne suscite plus sa confiance. On éprouve de l’angoisse dès qu’on cherche à se percer dans sa réalité ou sa vérité. Relation affective insécurisante qu’on entretient faute de pouvoir y mettre fin. On ferme les yeux sur les faits. On refuse de reconnaître un sentiment d’impuissance.
L’œil droit, associé au soleil, exprime la virilité, la créativité, l’activité, l’émissivité de la force électrique; l’œil gauche, relié à la lune, exprime la passivité, l’accueil, la réceptivité, la féminité de la force magnétique. La vision brouillée dénote la peur de se retrouver dans une situation difficile. On s’enfonce dans sa confusion. Un tic à l’œil droit décrit l’ennui profond envers le quotidien ; la crainte de ne jamais parvenir au bout du chemin ; le désir d’arriver rapidement à son but pour passer à autre chose.
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Mythologie :
Annick de Souzenelle, dans Le Symbolisme du corps humain (Éditions Albin Michel, 1991) évoque plus spécifiquement le troisième œil :
Les Cyclopes sont ces personnages à l’œil frontal, porteurs du « Troisième œil » de la tradition hindoue, que la tradition judéo-chrétienne n’ignore pas lorsqu'elle parle de « celui qui a l’œil ouvert » (Nombres, XXIV, 3) et dont je reparlerai plus tard.
Les Cyclopes sont les forces de la Connaissance. Ils font penser à Shiva, dieu de la Trimurti hindoue dont le troisième œil, l’œil frontal, détruit toute manifestation. Cette destruction est le passage du temps à l’éternité, de la succession à la permanence qui contient temps et non-temps.
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Le verbe hébreu Yada yn, « connaître », est construit sur la racine Yad — la main — à laquelle s'ajoute la lettre Ayin y qui veut dire l’« œil ». Nous pourrions dire que la main est douée de vision, et l'œil d'une certaine qualité de toucher.
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L’ « œil » — Ayin y en hébreu — est l’idéogramme même de la lettre Ayin y dont la valeur numérique 70 implique la mort nécessaire à la résurrection. Ce 70 est lié à l'Œuvre au Noir dont nous avons vu qu’il est le mariage avec la mère, l’un des deux pôles des épousailles divines, ce que tout mariage symbolise. A l’issue de cette épreuve, les yeux de ceux qui étaient « dans les ténèbres et l’ombre de | la mort » sont ouverts à la Vision divine.
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Le mythe, dont nous n’avons pas encore parlé mais qui va jeter une lueur plus saisissante sur l’étroite relation œil-plexus solaire et plus particulièrement œil-cœur, est le récit biblique de Tobie.
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La vision divine qu’il acquiert est symbolisée dans de nombreuses Traditions par l’œil frontal appelé couramment « troisième œil ». Qu'est-ce donc que ce troisième œil ?
L'ouverture de cet œil mystique était liée à la déification de l'Homme, il est symbole du Tétragramme. Nous le voyons souvent dans les synagogues, comme dans quelques églises chrétiennes, au | centre d’un triangle équilatéral, remplaçant le Nom divin. Quelque| fois, il est entouré de trois épées.
Au registre psychologique, l’œil est lié à la culpabilité. Celui qui se sent coupable se sent aussi regardé par cet « œil divin » qui n’est autre que son propre jugement sous le symbole du troisième œil.
Mais c’est en Inde que nous trouvons la littérature la plus riche autour du troisième œil. Et tout d’abord, au sein même de la Trimurti, n’est-il pas le principal attribut de Shiva, dieu qui détruit la succession des phénomènes, le temps (Chronos), pour construire l’harmonie dans la permanence, le Transcendant (Ouranos) ?
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« Son troisième œil, Trilochama est une flamme puissante qui brûle le dieu Kâma (dieu de l'amour charnel) et le dieu de la mort. En tant que destructeur de Kâma, son troisième œil est symbole de la conversion de l’amour physique en connaissance spirituelle. En tant que destructeur de la mort, il est le symbole de son aspect vainqueur de la mort. Mrityunjava… Le troisième œil de Shiva est symbole de la connaissance et de l’illumination. »
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