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La Jonquille



Étymologie :

  • JONQUILLE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1596 bot. iouquille [on a proposé de voir dans cette forme une coquille; notons cependant qu'elle est correctement placée entre jouir et jour] sans indic. de genre (Hulsius) − 1628, Stoer d'apr. FEW t. 5, p. 67a, note 9 ; 1660 ionquille (Oudin Fr.-Esp.) ; 2. 1715 couleur de jonquille (doc. ds J.-J. Guiffrey, Inventaire général du mobilier de la Couronne sous Louis XIV, t. 1, p. 325) ; 1748 adj. de couleur (Livre-journal de Lazare Duvaux, éd. L. Courajod, II, 2 ds IGLF : moulures en vernis jonquille). Empr. à l'esp. junquillo (dep. 1192, Junquello, n. propre d'apr. Cor., s.v. junco; terme de bot. 1599, Percivale d'apr. Al.), dér. dimin. de junco (jonc*). Le genre fém. du mot fr. a été prob. déterminé par la finale.


Lire également la définition du nom "jonquille" pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Narcissus odoratus ; Campernelle.

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Botanique :


Robert Castellana et Sophie Jama, auteurs de "Floriculture et parfumerie : les origines de l’acclimatation végétale sur la cote d’azur." (Issued by The Phoenix Project, 2012) nous apprennent les vertus de la Jonquille (Narcissus jonquilla) en lien avec la parfumerie :

La jonquille est une plante à la fleur de couleur jaune d'or, similaire à celle du narcisse, dont elle se différencie par ses feuilles étroites en forme de joncs.

La dénomination désigne aussi, à tort, le narcissus pseudonarcissus, dit narcisse jaune. Naturalisée dans toute la région méditerranéenne, la jonquille est aussi très souvent subspontanée en Provence, en Espagne et au Portugal.

La jonquille fut cultivée sur de grandes surfaces dans l'Estérel et le Tanneron jusqu'au début du XX° siècle, où elle fut définitivement abandonnée, en ce qui concerne ses usages pour la parfumerie.

La jonquille se reproduit par bulbes. Il faut quelques 800 000 bulbes pour un hectare de terrain, et la durée de vie d'une plantation n'est que de 3 ans.

Pour la récolte, qui se tient en février, on attend que les feuilles soient complètement desséchées et l'on opère par beau temps. La cueillette d'un kilo de fleurs nécessite au moins une heure. L'extraction se fait par enfleurage.

 





















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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la jonquille :


JONQUILLE - DÉSIR.

La Jonquille, qui nous est venue de Constantinople, est chez les Turcs l'emblème du Désir.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Jonquille - Désir.

Cette fleur est aimée généralement ; elle orne la fenêtre du pauvre et la cheminée du riche : elle plaît à tous par la douceur de ses parfums.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


JONQUILLE — DÉSIR.

N'allez pas à la suite de vos désirs et détournez-vous de votre volonté. Si vous satisfaites votre âme dans ses convoitises elle vous rendra la joie de vos ennemis.

Ecclésiaste : XVIII , 30, 31.

Si dans vos promenades vous rencontrez un être délicat et charmant, à la talle mince et élégante, à parure d'un vert espérance, à tête penchée paraissant s'échapper avec timidité d'un voile blanc, mais à teint jaune et pourtant animé, vous reconnaîtrez l'usage du désir et vous direz : c'est une jonquille ..... La jonquille est une fleur très recherchée à cause de l'odeur exquise et de la beauté de ses fleurs. La belle couleur jaune de la corolle est si douce, si agréable à la vue, qu'on s'est efforcé de l'imiter sur nos meubles, nos vêtements, nos tentures. Ses feuilles sont étroites, en alène, semblables à celles de quelques joncs, d'où vraisemblablement lui en est venu son nom de jonquille. Cette plante se place beaucoup dans les terres légères et un peu fraiches, où on la plante au mois de septembre, à trois pouces de profondeur. Pour empêcher l'ognon de s'enfoncer davantage, on met dessous une petite pierre plate ou une écaille d'huitre. On croyait la jonquille originaire de l'Orient, mais elle a été aussi découverte dans les prairies et sur les collines en Provence, aux environs d'Aix, etc.


MAXIMES.

Avant que de désirer fortement une chose il faut examiner quel est le bonheur de celui qui la possède.

(Mme DE LA SABLIÈRE.)

Nous ne désirerions guère de choses avec ardeur si nous connaissions parfaitement tout ce que nous désirons.

(LA ROCHEFOUCAULT.)

L'opulent a le superflu, le riche l'abondance, le pauvre le nécessaire ; l'indigent manque de tout, pas un ne dit : c'est assez.

(OXENSTIERN.)

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


JONQUILLE - JE LANGUIS D'AMOUR.

Plante du genre des narcisses. Il y en a de diverses sortes qui sont originaires de Perse, de Provence, d'Espagne, de la Guadeloupe : La jonquille à grandes fleurs ;

La jonquille à petites fleurs ;

La jonquille à fleurs doubles.


« Les jonquilles, en général, se perpétuent de semences, mais plus promptement par les oignons ou caïeux qu'on couvre d'une terre légère à la hauteur d'un pied ; on les arrose modérément. On les lève au mois de septembre, et on en coupe les filets et le chevelu. » - Dioscoride prétend que la racine des jonquilles est vomitive.


Et la jonquille encor

Offre à mon œil ravi, la pâleur de son or. (ROUCHER)

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Jonquille - Désir.

Cette plante, qui croît dans les prés humides du midi de la France, doit son nom, qui signifie petit jonc, à la ténuité de ses feuilles. Ses fleurs jaunes exhalent un parfum suave qui porte à la rêverie. C'est une espèce du genre narcisse.

Me serai-je trompé ?

Non ; la jonquille encor

Offre à mon œil ravi la pâleur de son or.

Je te salue, ô fleur si chère à ma maitresse !

Toi qui remplis ses sens d'une amoureuse ivresse ;

Ah ! ne t'afllige pas de tes faibles couleurs :

Le choix de ma Myrthé te fait reine des fleurs. (ROUCHER.)

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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi la Jonquille :


Mot clef : Affection partagée

Riant fort comme font les filles

Lèvres trop rouges, cils trop noirs,

Elle avait en main ces jonquilles

Qu'on vend en mars, près des trottoirs.


François Coppée (1842-1908), "Fleurs impures".


La Jonquille fleurit au printemps, au tout début de la saison ; tandis qu'il fait encore froid mais que l'air se charge des premiers parfums floraux, elle arbore le jaune éclatant de sa corolle, premier présent du soleil de la saison nouvelle. Cette petite plante aime les endroits humides ; on la découvre, formant de vastes tapis lumineux, près des ruisseaux et des rivières, dans les prairies et dans les bois. Cette prédilection la rattache à la symbolique des eux et des rythmes saisonniers, et signale ainsi son ambivalence : mort, puis renaissance. C'est aussi cette attirance pour l'eau ainsi que ses feuilles longues et étroites comme des rubans qui lui ont valu son nom ; en effet,

« jonquille » vient de « jonc », les deux plantes poussant dans les mêmes lieux et se ressemblant un peu.

La vraie Jonquille est odorante, comme l'indique son nom scientifique Narcissus odoratus (on l'appelle aussi Campernelle) ; lorsqu'elle s'épanouit en grand nombre, elle embaume la campagne d'un parfum suave et pénétrant.

Il existe une autre espèce, moins grande, que l'on appelle Petite Jonquille (Narcissus jonquilla). Elle ressemble beaucoup à la précédente, mais ses feuilles sont plus fines et son parfum, très entêtant, est proche de celui de la fleur d'oranger.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Comme pour la primevère et la violette, il ne faut jamais avoir une seule jonquille chez soi mais une botte, sous peine d'attirer l'infortune.

Au pays de Galles, celui qui trouve sa première jonquille du printemps aura "plus d'or que d'argent" dans l'année. en tout cas, la première jonquille de la saison porte chance.

 

D'après Nicole Parrot, auteure de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :


"La jonquille offre son respect tout comme elle apprécie que l'on respecte la personne aimée. Ce qui ne l'empêche pas de s'écrier sans retenue : "je me languis de désir". C'est net et honnête. Cependant, que l'on se rassure, elle ajoute : "je me languis d'amour". Elle peut aussi faire cette intéressante déclaration : "je donne l'amour des belles lettres", et parfois, confie à l'attention de rares privilégié(e)s : "pour vous, j'ai écrit ce sonnet".

Exactement ce que fit Charles de Saint Maur de Montausier qui, en 1641, offrit à sa fiancée, Julie de Rambouillet, La Guirlande de Julie, recueil de poésies dédiées à chaque bouquet envoyé quotidiennement durant leurs fiançailles. Il s'emballe ainsi sans la nommer pur la modeste jonquille :


"Dans la Fable, ni dans l'Histoire

Il ne se parle point de moy ;

Mais la passion véritable

Que vous témoigne ma couleur

Plus qu'une illustre fleur

Me doit rendre recommandable".


Avant d'en parsemer le sol, sous les pieds de l'Enfant Jésus et de la Vierge aux rochers, Léonard de Vinci, comme le montrent ses croquis préparatoires, l'étudie longuement, pétale après pétale. Au début du XIXe siècle, les premiers touristes globe-trotters à la découverte de la Chine s'émerveillent de voir les barques croulant sous les jonquilles apporter de la campagne de quoi fleurir Canton et u fêter le nouvel an chinois.

Et Hugues Auffray les chante dans nos mémoires : "Des jonquilles aux derniers lilas".

Pas de doute, la jonquille ne manque pas d'admirateurs.


Mot-clef : "Aveu sans retenue"

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle de la Jonquille :

Nom botanique : Narcissus jonquilla.


Propriétés énergétiques : Protège votre énergie, soigne votre entourage, attire la lumière dans votre foyer et dans votre lieu de travail, vous aide à surmonter les difficultés et favorise les environnements paisibles.

Archanges correspondants : Jophiel, Métatron et Michael.


Chakras correspondants : chakra du troisième œil ; chakra coronal.


Propriétés curatives : Les fleurs de jonquille ressemblent à des narcisses miniatures et possèdent une énergie similaire. Ceci étant dit, cette fleur se concentre sur les personnes qui vous entourent et sur votre environnement. Elle purifie et équilibre l'énergie ambiante. En travaillant avec les jonquilles, vous êtes en mesure de procéder à une transition douce vers une plus grande sérénité. Cela peut nécessiter de prendre un peu de distance avec certaines personnes de votre entourage.


Message de la Jonquille : « Vous êtes entouré de personnes trop dures pour votre énergie sensible. Invoquez-moi et je vous guérirai, vous et votre entourage. Certaines personnes autour de vous laissent l'énergie négative de leur ego dicter leur comportement. Par le passé, vous les considériez comme des amis, mais il est peut-être temps de réfléchir à la question. Voulez-vous véritablement continuer sans cesse à vous exposer à cette négativité ?

Même si cette question vous inquiète, je vous garantis que les anges sont tout près de vous et vous guident avec douceur vers un mieux-être. Je m'assurerai de guérir la voix de ceux qui vous entourent pour qu'ils puissent eux aussi s'exprimer avec plus de bienveillance et répandre plus de lumière dans le monde grâce à leurs actions. Je protégerai votre nature sensible en maintenant autour de vous une belle énergie pure. Vous êtes suffisamment for pour maintenir le cap sur votre objectif de vie. »

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Littérature :


Les Jonquilles


J'allais solitaire ainsi qu'un nuage

Qui plane au dessus des vaux et des monts, Quand soudain, je vis en foule - ô mirage ! - Des jonquilles d'or, une légion. A côté du lac, sous les branches grises, Flottant et dansant gaiement à la brise.


Serrées comme sont au ciel les étoiles Que l'on voit scintiller sur la Voie Lactée, Elles s'étendaient sans un intervalle Le long du rivage, au creux d'une baie. J'en vis d'un coup d’œil des milliers, je pense, Agitant leurs têtes en une folle danse.


Les vagues dansaient, pleines d'étincelles, Mais se balançaient encor plus allègrement, Pouvais-je rester, poète, auprès d'elles Sans être gagné par leur engouement ? L’œil fixe, ébloui, je ne songeais guère Au riche présent qui m'était offert :


Car si je repose, absent ou songeur, Souvent leur vision, - ô béatitude ! - Vient illuminer l’œil intérieur Qui fait le bonheur de la solitude, Et mon cœur alors débordant, pétille De plaisir et danse avec les jonquilles !


William Worsworth, "Les Jonquilles" in Poèmes, 1807 ; traduction F. R. Daillie, Gallimard, 2001.

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Le Narcisse et la Jonquille


Es-tu narcisse ou jonquille ?

Es-tu garçon, es-tu fille ?

Je suis lui et je suis elle,

Je suis narcisse et jonquille,

Je suis fleur et je suis belle

Fille.

Robert Desnos, "Le Narcisse et la Jonquille" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.

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Régine Detambel consacre un ouvrage à Colette. Comme une flore, comme un zoo (Éditions Stock, 1997) dans lequel elle s'intéresse aux métaphores botaniques et zoologiques :


Rue des Jonquilles

« Tu fleuris, Midi trompeur, Midi empressé, et ta jonquille, ta violette, ton amandier rosé n'attendent pas le vrai printemps - mais qu'ai-je à faire de fleurs sans feuilles, sans leurs feuilles tendres, enroulées en cornet et pointues comme de petites oreilles de faune ? » Les Vrilles de la Vigne


Elles reviendront souvent, les « petites oreilles de faune » comme la célébration amicale de celui qui joua avec elle, pendant des années, pour les besoins de la pantomime, le rôle du faune en costume effrayant et qui la rudoyait, la jetait par terre, lui écorchait les genoux sous son collant. Elle avait les seins nus. Plus tard, elle préféra chèvre-pied, sans doute parce que ce mot a la force capricieuse et constrictrice du chèvrefeuille.

J'ai vécu rue des Jonquilles et, un peu plus tôt, rue des Violettes. Aujourd'hui, les voies, comme les collections de timbres, sont thématiquement distribuées : les oiseaux, les aviatrices, les fleurs... Sido, adolescente, vécut à Bruxelles. Elle y habita la rue Botanique. J'ai mis longtemps à le croire. Le 4 avril 1936, dans son discours de réception à l'Académie Royale de Belgique, où elle succédait à Anna de Noailles, Colette prononça : « Au numéro 25 de la rue Botanique s'ouvrirent pour moi une maison et des cœurs que Sido m'avait fidèlement dépeints. »

25, rue Botanique... Colette avait donc déjà une place foliotée dans l'herbier.

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