Étymologie :
GUEULE-DE-LOUP, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1809 bot. (Bastien, La flore jardinière ds Roll. Flore t. 8, p. 130) ; 2. sens techn. a) 2e moitié xviiie s. « tuyau qui surmonte une cheminée » (Buffon, Hist. nat., éd. Lanessan, t. 5, p. 11, note) ; b) 1832 « ouverture du milieu d'une croisée » (Raymond) ; c) 1837 « bec de lièvre » (C.M. Billard, Traité des maladies des enfants ds Quem. DDL t. 8). Composé de gueule*, de la prép. de* et de loup* en raison d'une certaine analogie de forme.
MUFLIER, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1778 (Lamarck, Flore française, III, registre d'apr. FEW t. 16, p. 574a). Dér., p. anal. de forme, de mufle* ; suff. -ier*. Cf. plus anciennement mufle de lion « muflier » (Rich. 1680) et, au xixe s., gueule-de-loup*.
Lire aussi la définition des noms gueule-de-loup et muflier pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Antirrhinum majus - Bouche de dragon - Grand muflier - Gueue di lion (Wallonie) - Gueule-de-loup - Gueule-de-lion - Gueule-de-veau - Mufle de lion - Muflier à grandes fleurs - Muflier des jardins - Tête-de-veau -
Antirrhinum majus et Antirrhinum orontium : Coupe-faucille - Gueule de loup - Gueule de lion - Mufle de veau - Muflier des jardins - Oronce - Tête de mouton - Tête de mort - Tête de singe -
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Botanique :
Simon Klein, auteur de La Vie sexuelle des fleurs (Éditions E/P/A, 2022) explique les spécificités de la reproduction florale :
Le Muflier : Prisonnier d'un baiser.
Il est des fleurs qui ne font pas les choses à moitié et qui cherchent à la fois à bien protéger leurs parties reproductrices et à optimiser la pollinisation. Les mufliers, ou gueules-de-loup, ont tendance à, comme leur nom l'indique, avaler,, comme un loup, tout pollinisateur qui souhaiterait venir chercher du pollen ou du nectar. Et ils sont nombreux, ces insectes gourmands ! En effet, le muflier est une fleur convoitée. Cette fleur de fin de printemps, que l'on trouve dans les rocailles, le long des murets ou dans les jardins émet des odeurs attractives.
Une fois arrivé devant l'inflorescence, l'insecte peut être décontenancé : où se trouve l'entrée ? Le pollen ? Le nectar ? Il va falloir suivre le signal, les pétales soudés entre eux forment une grosse lèvre surmontée de deux points jaunes sur une face rosée. Une fois arrivé jusque-là, attiré tout d'abord par les odeurs, puis par la couleur, il semblerait que l'insecte soit sur la bonne voie : ce doit être ici que se cache le nectar tant convoité. Les choses sérieuses commencent ! Il semblerait qu'il faille entrer dans la fleur, complètement ! Et pour cela, il faut être plutôt costaud ; ce n'est pas donné à tout le monde ! L'abeille à miel, l'osmie, les papillons ou les mouches s'arrêtent sur le seuil du muflier, ils sont trop légers pour pouvoir ouvrir la gueule-de-loup. Cependant, le bourdon, lui, est tout à fait adapté. Et l'entrée du muflier semble, elle aussi, faite pour le bourdon : le pétale inférieur, servant de piste d'atterrissage, où le bourdon doit se maintenir à la verticale pour entrer dans la fleur, est particulièrement adapté à la grimpette : des cellules coniques recouvrent le pétale à cet endroit, empêchant le bourdon de glisser. Celui-ci peut alors descendre dans le toboggan créé par la corole jusqu'à trouver du nectar produit, à la base de la fleur.
Dans la majorité des cas, la gueule se referme sur l'abdomen et les pattes arrière de l'insecte, et les étamines étant placées sus les pétales supérieurs saupoudrent le dos du bourdon. Celui-ci repart, et en visitant d'autres fleurs de muflier dépose son pollen sur les pistils, favorisant ainsi la fécondation. Chez le muflier, au contraire d'autres espèces, aucun mécanisme ne permet d'éviter que le pollen d'une même fleur ou d'une même plante ne tombe sur le post de cette plante, le pistil et les étamines étant placés au même endroit, et de plus ils sont matures en même temps. Cependant, il s'avère que l'autofécondation ne se fait pas ! Le muflier a depuis longtemps été un modèle pour l'étude de la génétique des plantes, et c'est grâce à cette espèce notamment que des chercheurs ont découvert le phénomène d'auto- incompatibilité gamétophytique. Ce gros mot signifie simplement que la fleur a le pouvoir, avec la reconnaissance de certains gne qui expriment des protéines à la surface du pollen, de die oui ou non. Oui tu es bien un pollen provenant d'une fleur extérieure, tu peux donc pousser dans le style, arriver l'ovaire et féconder l'ovule. Ou bien non - le stigmate reconnaît à partir d'un gène qu'il possède aussi : ce grain de pollen provint de la même plante, ou pire, de la même fleur ! Le stigmate se bloque, le style ne se transforme pas pour accueillir le tube pollinique, fin de l'histoire. Le pollen ne fécondera pas cette fleur !
Le contrôle à l'échelle génétique est tellement fin qu'il peut garantir à ces fleurs de ne pas faire d'autofécondation, et donc de garder une certaine variabilité génétique. Et cela se voit dans la variété de couleurs qu'arborent les pétales des mufliers sauvages.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Muflier :
Usages médicaux. ― Cette plante est inodore, amère dans toutes ses parties ; elle paraît être stimulante, quoiqu'on l'ait indiquée comme émolliente et usitée comme telle à l'extérieur sur les tumeurs (Mérat). Les graines fournissent de l'huile.
Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du mufle de veau :
MUFLE DE VEAU - PRÉSOMPTION.
Les fleurs du Mufle de veau sont quelquefois d'un rouge si vif qu'on ne saurait les regarder fixement ; on a avec raison transporté cette belle plante dans nos jardins. Mais quelquefois, semblable aux présomptueux, elle se rend si importune en se répandant d'elle-même qu'on est obligé de l'en bannir.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Muffle de veau - Amour de la science.
Sa fleur ressemble à la bouche de l’animal dont elle porte le nom, et son fruit à une tête humaine disséquée.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
MUFLIER - PRÉSOMPTION.
Ce n'est pas quand on prend les armes qu'on doit se glorifier, mais bien quand on les pose.
– III Rois XX, 11.
Ne vous appliquez point à sonder une multitude de choses inutiles et ne soyez pas scrutateurs de la plupart des ouvrages de Dieu, car un grand nombre de merveilles qui surpassent l'esprit de l'homme sont devant vos yeux.
Ecclésiastes : II, 24-26.
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Muflier - Je me moque, Je m'en ris.
Ces belles fleurs, cultivées dans tous les jardins, portent le nom vulgaire de gueules de loup, mufles de veau, etc. Leurs graines sont renfermées dans des capsules qui, au moment de la maturité, se percent de trous qui figurent deux yeux et une bouche, et leur donnent l'apparence d'un museau de singe ou d'un masque grimaçant et moqueur.
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Muflier (Antirrhinum majus et Antirrhinum orontium) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Pouvoirs : Protection.
Utilisation magique : Le Muflier protège contre les mauvaises influences, d'où qu'elles proviennent, mais la tradition populaire anglaise en a surtout fait la plante qui protège contre les blessures affectives : quelque partie des « gueules de loup » que vous portiez sur votre personne vous mettent à l'abri des éventuelles déceptions que votre entourage pourrait vous causer. Cette croyance s'est aussi implantée aux Etats-Unis.
Pour combattre un ensorcellement, il faut avaler sans les mâcher neuf semences de Muflier. Ces semences doivent être volées dans neuf jardins différents, appartenant à des personnes n'ayant aucun lien de famille avec l'individu ensorcelé. A minuit précise on prend une purge. Dès qu'elle produit son effet, on cherche, à la lumière d'une bougie verte, les graines parmi les matières expulsées. Si l'on retrouve intactes ses neuf semences initiales, il n'y a pas le moindre souci à se faire : le sorcier adverse est battu à plates coutures, il n'y a même pas à lui faire l'honneur de s'occuper de lui. Si l'on retrouve la plupart des graines, mais pas toutes, l'affaire se présente assez bien quand même; il faut s'empresser de mettre au point une stratégie de combat et vite bombarder l'ennemi d'une série de contre-sorts. Si l'on ne retrouve que peu de graines - deux ou trois sur les neuf - c'est mauvais signe ; sans baisser pavillon pour autant, le rituel indique que l'ennemi est fort et possède de sérieux atouts pour gagner. Si l'on ne parvient à récupérer aucune des neuf semences, alors il n'y a rien à tenter : on a envoyé pour vous nuire un sorcier extrêmement puissant contre lequel toute riposte est vaine.
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Selon Anne Dumas, auteure de Les plantes et leurs symboles, (Éditions du Chêne, collection « Les carnets du jardin », 2000) :
Dans le langage des fleurs, le muflier symbolise les désirs.
Pour Nicole Parrot auteure du livre Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :
"Les gueules-de-loup poussent groupées, accrochées aux longues tiges du muflier. Pourquoi "gueule-de-loup" ? Appuyez de chaque côté de leur jolie "gueule" et vous comprendrez. Maître mot de ses petites conques de toutes les couleurs : la "présomption". Parce que la gueule-de-loup a tendance, dit-on, à s'auto-congratuler. Pourtant, elle avoue son désir avec sincérité. Elle a même ce cri désarmant : "venez au plus tôt !". Et, confiante, nous prend à témoin : "comment faire comprendre la puissance de mon désir ?". Blanche, elle n'est pas amoureuse mais se montre honnête : "je ne désire que votre amitié". On n'a pas tout perdu.
Elle a beaucoup de qualités, décidément, cette gueule-de-loup (au fait, c'est peut-être plutôt une gueule-de-lion, elle est souvent présentée sous ces deux noms). De loup ou de lion, un peu artiste, elle fait des "figurations intelligentes" dans des chefs-d'œuvre immortels de la comédie musicale américaine.
Dans Le Magicien d'Oz de Victor Fleming, en 1939, géante, elle abrite Judy Garland, petite fille qui chante à son ombre.
Dix ans plus tard, sur l'étal du marché aux fleurs de Un américain à Paris de Vincente Minelli, elle s'épanouit dans le décor du mythique ballet de Gene Kelly, et de Leslie Caron, moment de bonheur pour les cinéphiles.
Mot-clef : "Désir brûlant"
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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle de la Gueule de loup :
Nom botanique : Antirrhinum spp.
Propriétés énergétiques : Facilite la communication, soulage de la colère, de la haine et du ressentiment, guérit la voix et vous aide à vous exprimer avec plus d'amour.
Archanges correspondants :
Chakras correspondants : chakra du cœur - chakra de la gorge.
Propriétés curatives : La gueule de loup vous aide à vous libérer de la négativité et à rétablir l'équilibre et l'amour en votre centre. Vous ne sentirez plus d'énergies négatives lorsque vous communiquerez.
Si vous avez cette fleur à portée de main, utilisez-la pour vous débarrasser des mauvaises énergies : notez ce qui vous préoccupe sur un petit morceau de papier. Quelques phrases courtes ou même un mot seront suffisants. Pliez le papier autant de fois que vous le pouvez. Pincez délicatement les côtés de la fleur pour qu'elle s'ouvre (vous remarquerez qu'elle ressemble à la gueule d'un dragon, comme on l'appelle en anglais !), et déposez votre papier à l'intérieur de celle-ci. Vous ressentirez un soulagement immédiat. Portez ensuite la gueule du loup dans un lieu calme tel qu'un parc ou un jardin, et lancez-la cérémonieusement sur le sol. Laissez votre tension partir avec elle !
Message de la Gueule de loup : « Ma mission est de guérir votre voix. Je vous rappelle qu'il faut vous exprimer avec amour. Je sais que vous avez eu des pensées sévères, mais je peux dissoudre ces énergies lourdes. Permettez-moi de ramener votre attention vers un lieu d'amour et d'équilibre. Il est préférable de ne pas s'exprimer de façon négative ou blessante avec les autres. Parce que vous êtes humain, il vous arrivera parfois d'avoir de mauvaises pensées. Or, il est important de ne pas donner de pouvoir au négatif en les exprimant. Laissez-moi vous débarrasser de cette énergie et vous aider à rester sur le chemin de la paix. »
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Selon le site Tout pour le jardin :
La gueule de loup est une fleur au langage diversifié. Suivant sa couleur cette fleur est le symbole du désir ou celui de la séduction.
La gueule de loup blanche exprime un désir d’amour impatient à la personne aimé. Le nombre de fleurs est à la mesure de vos désirs et de votre impatience.
La gueule de loup rose exprime votre désir de séduire la personne aimé. Le nombre de fleurs est à la mesure de votre désir de séduire.
Gueule de loup violette exprime le désir de votre amour à la personne aimé. Le nombre de fleurs est à la mesure de votre amour.
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