Étymologie :
Étymol. et Hist. xve s. bot. (Grant herbier, n°277, J. Camus ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. des botanistes linaria, v. aussi linière.
Lire également la définition du nom linaire afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Linaria vulgaris - Bec d'oiseau - Chituss - Dent de chat - Gueule de loup sauvage - Gueule de lion jaune - Herbe de Saint-Romain - Lanière - Lin sauvage - Linaire commune - Muflier bâtard - Muflier linaire - Petite Gueule de lion - Petite Gueule de loup - Pissat d'âne - Romarin sauvage - Tipuss - Urinale -
Linaria cymbalaria, Mill. - Linaire cymbalaire -
Linaria spuria, Mill. - Eironbladig - Linaire - Linaire bâtarde - Linaire des moissons - Muflier auriculé - Velvote - Véronique femelle -
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Botanique :
Joseph-Victor Viviand-Morel présente dans un article intitulé "Pélorie de la Linaria triornithopoda " et paru In : Bulletin mensuel - Société botanique de Lyon, (tome 2, bulletin 2, 1884, pp. 21-23) un cas de pélorie de la linaire :
L'histoire des pélories a été écrite par Moquin-Tandon dans ses Eléments de tératologie végétale , ouvrage devenu rare, auquel j'ai emprunté la plupart des renseignements contenus dans cette note.
Cette question des pélories, qui avait d'abord intrigué vive¬ ment Linné, Adanson, Jussieu et tous les botanistes qui, les premiers, observèrent cet état singulier des Linaires, a depuis été étudiée d'une manière plus rationnelle par ceux qui eurent l'occasion de l'observer. Au début, on ne sait trop pourquoi, les botanistes sus-nommés « considérèrent les pélories comme un signe manifeste d'hybridité (proies hybrida) et regardèrent la plante qui le présentait comme une plante distincte, offrant le passage intermédiaire ou la transformation d'une espèce dans une autre. Quelques physiologistes émirent même l'idée que l'exemple dont il s'agit devait son existence à une Linaire commune fécondée par un tabac ou une jusquiame ».
On pourrait bien se demander sur quels caractères « intermédiaires » reposait une pareille assertion que rien ne justifie. Hybride de quoi ? Hybride de jusquiame et de linaire; de linaire et de tabac, ou de deux linaires ? On ne peut que sourire en présence d'une pareille théorie qui annonce chez ces auteurs un singulier fonds de naïveté. Ou nos auteurs n'avaient jamais vu d'hybrides, et ils n'étaient pas bien sérieux en parlant de faits qu'ils ne connaissaient pas, ou ils en avaient vus et étaient impardonnables d'assimiler un cas tératologique à un prétendu cas d'hybridité plus ou moins fantastique.
D'autres naturalistes cherchèrent à expliquer ce phénomène d'une autre manière et prétendirent qu'il était le résultat de la soudure de cinq fleurs dont toutes les parties non éperonnées auraient avorté, ainsi que la plupart des étamines et des pistils . Cette opinion peu soutenable, avancée par Poiret et Jaeger, n'eut pas grand crédit. Aujourd'hui les botanistes sont d'accord pour soutenir que les pélories sont des monstruosités qui marquent accidentellement un retour au type régulier, dont la fleur asymétrique serait une déviation habituelle.
Au lieu d'un seul pétale éperonné ou bossué, les pélories complètes offrent autant d'éperons qu'il y a de pétales ou de lobes à la corolle. L'étamine habituellement stérile dans les Linaria devient fertile dans les Linaria péloriés.
Les fleurs à corolles éperonnées ou bossuées peuvent présenter des cas de pélorie ; […] La plupart des espèces de Linaires ont été observées dans cet état. Les Linaria vulgaris, spuria, Elatine , triphylla, œruginea, pilosa, cymbalaria , Pelisseriana , origani folia, etc. […]
« Linné pensait que les fleurs péloriées se trouvaient toujours infécondes ; suivant lui, on ne pouvait les propager que par boutures; c'était aussi l'opinion de Jussieu et de plusieurs autres célèbres botanistes. Cependant Willdenow affirma qu'il fut assez heureux pour obtenir des graines ; il les sema dans un sol convenable et eut la satisfaction de les voir germer ; ces graines donnèrent naissance à des individus affectés de la même anomalie.
« Si l'on met les boutures des pélories ou les pieds venus de graines dans un terrain maigre ou peu fertile, les fleurs, au bout d'un certain temps, reprennent leur forme ordinaire : d'où l'on a pu conclure que la principale source des pélories était l'excès de l'alimentation. »
D'autres auteurs pensent au contraire que les mutilations ne sont pas sans influence sur la production des pélories, de même que la position des fleurs sur l'axe ne leur est pas étrangère. En examinant ces différentes opinions on s'aperçoit aisément qu'elles sont basées sur de pures hypothèses que rien, jusqu'à présent, n'est venu justifier. Willdenow contredit Linné et Jussieu, Guillemin réfute l'opinion de Willdenow ; chacun voit à sa manière et s'emparant de quelques faits isolés veut conclure du particulier au général et se trompe la plupart du temps.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Linaire :
Propriétés Physiques. ― Cette plante fraîche a une odeur particulière, presque désagréable, un peu vireuse et qui se perd par la dessication. Elle possède une saveur herbacée, faiblement saline, amère et un peu âcre, nauséabonde.
Usages médicaux. — Les anciens faisaient beaucoup de cas de cette plante ; un onguent préparé en faisant bouillir les feuilles dans de l'huile ou du saindoux et ajoutant de la cire et un jaune d'œuf, était célèbre pour apaiser les douleurs des hémorroïdes ; la linaire passait aussi pour dépurative. Césalpin et Tragus l'ont vantée dans le traitement du cancer, de l'érysipèle, des fistules ; ce dernier la considérait comme diurétique ; on l'administrait aussi comme cathartique, dans l'hydropisie, la jaunisse et les éruptions cutanées.
Linaria cymbalaria : Usages médicaux. — Cette espèce est inodore, d'une saveur aigrelette, poivrée ; on lui attribuait des propriétés antiscorbutiques ; on l'a donnée dans les Indes contre le diabète ; elle mérite d'être expérimentée.
Linaria spuria : Usages médicaux. — Cette plante inodore et d'une saveur très amère a été vantée autrefois comme vulnéraire et détersive. Son suc et son eau distillée ont été appliqués sur les ulcères de mauvaise nature, sur les dartres et autres affections cutanées chroniques. C'est aussi une plante à étudier de nouveau.
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
En fait de vomitifs, les paysans n'ont plus guère recours qu'à ceux tirés des pharmacies. Anciennement, ils employaient comme tels le suc de la Linaire (Linaria vulgaris), [...].
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Symbolisme :
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Linaire (Linaria vulgaris) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Pouvoirs : Protection ; Désensorcellement.
Utilisation magique : Les sommités fleuries jaune soufre de la Linaire commune entrent dans des amulettes qui tiennent les mauvaises influences à distance.
Pour rompre les ensorcellements, il faut arracher quatre pieds complets le matin de la Saint-Gualbert (12 juillet) ; on érige ces Linaires comme des chandeliers aux quatre angles du lit recouvert d'un couvre-lit que l'on a exposé pendant trois nuits consécutives aux rayons de la lune. On s'allonge alors sur ce lit, vêtu de ses habits du dimanche, et l'on récite son chapelet en fixant un dessin au plafond (Warloy-Baillon, Somme).
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Les fleurs de cette plante herbacée écartent les mauvaises influences (sans doute à cause du long éperon qu'elles portent) : "Pour rompre les ensorcellements, il faut arracher quatre pieds complets le matin de la Saint-Galbert (12 juillet) ; on érige ces linaires comme des chandeliers aux quatre angles du lit recouvert d'un couvre-lit que l'on a exposé pendant trois nuits consécutives aux rayons de la lune. On s'allonge alors sur ce lit, vêtu de ses habits du dimanche, et l'on récite son chapelet en fixant une dessin au plafond (Warloy-Baillon, Somme)."
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Mythes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
OSIRITES OU OSIRIS. — Appelée aussi cynocephalya, parce que le dieu Osiris est représenté avec une tête de chien ; on attribue à cette jolie plante plusieurs propriétés divines. On a cru reconnaître dans l’Osirites la Linaria pyrenaica de Candolle.
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Littérature :
Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque à sa manière la grande linaire :
15 août
(Fonrtaine-la-Verte)
La grande linaire, prêtresse végétale en robe jaune, porte avec solennité ses vases sacrificiels. Chaque récipient, dont le long éperon montre la terre mère, finit du côté des nuages par une bouche à deux lèvres sensuelles. Au centre de la corolle, deux bosses velues comme des couilles, mais mouchetées de l'orange le plus sucré, obturent quasiment le puits aux mystères.
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