Étymologie :
PAPYRUS, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1562 bot. (Du Pinet, Pline, Hist. du monde, t. 1, p. 511) ; 2. 1800 (Boiste : papyrus, papier du Nil) ; 1819 « feuille pour écrire préparée à partir de cette plante » (ibid.) ; 1805 « manuscrit écrit sur une de ces feuilles » (Courier, Lettres Fr. et Ital., p. 681). Empr. au lat. papyrus terme de bot. « feuille ; écrit », lui-même empr. au gr. π α ́ π υ ρ ο ς terme de bot. L'angl. papyrus est att. aux sens 1 dep. 1388 ds NED, 2 dep. 1727-41, ibid.
Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Cyperus alternifolius -Faux-papyrus - Papyrus rustique - Souchet à feuilles alternes -
Cyperus glaber - Souchet glabre -
Cyperus longus - Souchet allongé - Souchet bai - Souchet long - Souchet odorant -
Cyperus papyrus- Papyrus - Papyrus des Égyptiens- Souchet à papier - Souchet du Nil - Souchet papyrus -
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Botanique :
Lire le dossier très bien organisé et présenté de l'université Pierre et Marie Curie de Jussieu.
Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :
Papyrus : cheveux au vent
Associé fortement à l'Égypte ancienne, le papyrus a réussi à faire sa place dans les sociétés humaines en servant de support aux premiers écrits. Mais savons-nous seulement quelle est sa stratégie de pollinisation ?
Le papyrus a les pieds dans l'eau et la tête dans les airs et, sur les bords de fleuve, où il vit naturellement, comme sur le Nil, les vents peuvent être assez forts et réguliers. En effet, l'écosystème alluvial des bords de rivière est un milieu généralement ouvert où le vent peut circuler facilement. Il suit le courant du fleuve de la source à la mer (ou inversement). Pourquoi, alors, ne pas profiter de ce moyen de transport fréquent et sûr pour disséminer son pollen jusqu'à d'autres plantes et éviter l'autopollinisation ? C'est ce que font de nombreuses herbacées du bord de rivière, comme les roseaux, ou, ici, le papyrus. Ces espèces sont dites anémogames.

Dans son milieu naturel le papyrus du Nil (Cyperus papyrus ou papyrus des Égyptiens) peut pousser en touffes assez denses jusqu'à cinq mètres de hauteur. Effectivement, si d'aventure vous passez par le Nil, en admirant les fabuleux hippopotames, vous pouvez apercevoir alentour, des bosquets aux volumineuses inflorescences vertes comme de gros pompons au sommet de longues tiges qui plient sous le vent. Ces touffes arrondies sont formées de bractées, sortes de feuilles fines comme des aiguilles qui portent de petites fleurs lors de la période de floraison..
Les fleurs, maintenant : il faut le savoir pour le voir, mais effectivement les petits grelots verdâtres, marronnasses, sont des fleurs très délicates du papyrus. Elles sont bien protégées au centre de l'inflorescence hérissée de ses longues bractées, mais restent tout de même exposées aux quatre vents, car c'est de cela dont elles ont besoin.
Le stratagème : Ces fleurs sont certes insignifiantes et ne sentent rien, mais elles sont très abondantes. C'est l'intérêt de ne pas user trop d'énergie dans ces atours si artificiels que sont les couleurs chatoyantes ou les parfums délicats : in peut produire beaucoup de fleurs à moindre coût.
Les fleurs de papyrus se composent d'épillets situés au bout d'un petit pédoncule et sortant de deux petites cosses vertes et rigides appelées les glumes. Les fleurs sont hermaphrodites, elles possèdent le pistil et les étamines porteuses de pollen. Par ailleurs, ils ne sont pas mûrs au même moment, limitant en cela l'autopollinisation. Les étamines sont pendantes, se balancent dans le vent et évacuent des quantités extraordinaires de grains de pollen (participant au printemps, avec les conifères et autres arbres anémogames libérant des quantités astronomiques de pollen aux allergies et rhumes des foins). Ces grains de pollen, très légers, sont soulevés par le vent et peuvent parcourir des kilomètres avant d'atterrir sur les pistils sortant des fleurs au stade mature femelle dans une autre touffe de papyrus. Ainsi la fécondation se fait. Se développent alors des petits fruits secs qui tombent dans l'eau, flottent un peu avant de se déposer sur une berge propice où germer.
Le papyrus des Égyptiens était une plante sacrée en Basse-Égypte et accompagnait la société dans nombre de ses activités : support pour l'écriture, paniers, radeaux, nourriture, bois de chauffage. Les inflorescences étaient utilisées lors de cérémonies pour honorer les dieux. Bien que pratiquement disparu de son habitat originel sur le Nil, le papyrus reste très important pour les Égyptiens. De nombreuses populations africaines l'utilisent aujourd'hui, par exemple pour confectionner des bateaux dans le delta du Niger.
Par ailleurs, le papyrus communément trouvé dans les bassins d'ornement des squares et jardins, ou en pots sur les balcons d'appartement est d'une autre espèce, le papyrus à feuilles alternes (cyperus alternifolius), à la culture très facile, et surtout qui possède un moyen de dissémination non sexué très pratique : les têtes des tiges qui n'ont pas de fleur, une fois trempées dans l'eau, donneront de nouvelles racines et ce nouvelles tiges, ce qui favorise leur dissémination dans le milieu naturel.
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Vertus médicinales :
A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :
Souchet long, odorant. Syperus odorata officinarum radice longùa,
Souchet rond, vulgaire. Syperus panicula, crassiore minus. ...
VERTUS : Le premier est préférable, il est moins âcre et plus astringent que la galenga, c'est un fort bon stomachique, emménagogue, diurétique, alexitèro, et la décoction fortifie les gencives.
Usages traditionnels :
Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes du Souchet bai :
Propriétés et utilisation : Pline décrit dans son œuvre, le cypéros en le définissant un jonc anguleux aux nombreuses vertus médicinales : il s’applique en liniment sur les ulcères ou sur les endroits humides du corps; la racine soigne les morsures de serpents, tandis qu’en boisson elle fait évacuer l’urine et expulse les calculs (HN, XXI, 117). Dans les communautés arbëreshe où nous l’avons collecté, les feuilles du souchet étaient utilisées pour lier les gerbes pendant la moisson, tandis que les tiges creuses étaient utilisées pour construire des sifflets pour les enfants. En Sardaigne dans le village de Mamoiada, avec cette plante appelée giùnku fèmmina « jonc femme », on réalise le lacet utilisé par l’issokkadòre, un type de masque utilisé pendant le Carnaval des mamouthònes (Atzei, 2003 : 123).
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Symbolisme :
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles, (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),
Le mot provient "du mot grec papyrus, qui a donné papier et qui dériverait d'un mot égyptien signifiant le royal. Le papyrus est un équivalent du livre. Au temps où il couvrait, en touffes serrées, les étendues marécageuses du delta du Nil, il était l'image vigoureuse du monde en gestation : transformé en colonne galbée; il supporte le temple, cadre des renaissances quotidiennes de l'univers. Verdoyant et vivace, singe de joie et de jeunesse (= vert, en hiéroglyphes), il est le sceptre magique des déesses ; il sert à former de splendides bouquets, emblèmes de triomphe et d'allégresse, qu'on offre aux dieux et aux morts.
Le papyrus roulé, dans les hiéroglyphes, signifiait la connaissance. Le fait de le rouler et de le dérouler correspond aux deux mouvements d'involution et d'évolution, aux deux aspectes ésotériques et exotériques de la connaissance, à l'alternance du secret et de la révélation, du non-manifesté et du manifesté. Au point de vue psychique, il exprime les deux phases d'élan et de repos, d'exaltation et de dépression."
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Papyrus (Cyperus papyrus) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mercure
Élément : Air
Pouvoir : Protection.
Utilisation magique : Les anciens Égyptiens tapissaient le fond des barques du Nil (felouques) d'une litière de Papyrus pour se protéger des crocodiles.
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Mythes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
PAPYRUS (Papyrus antiquorum, Cyperus Papyrus, L.). — On prétend que le navire sur lequel Isis s’embarqua pour aller à la recherche des membres d’Osiris était construit avec des roseaux de papyrus, et que les crocodiles, par respect pour la déesse, n’osaient s’en approcher.
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