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Le Cytise


Étymologie :


  • CYTISE, subst. masc.

Étymol. et Hist. [1516 cythison d'apr. Bl.-W.1-5] ; 1557 cytison (Le Blanc ds Delb. Rec. ds DG) ; 1563 citise (J. Massé, Art vétérin., fet 9 vods Roll. Flore t. 4, p. 108) ; 1611 cytise (Cotgr.). Empr. au lat. class. cytisus (< gr. κ υ ́ τ ι σ ο ς) désignant plusieurs plantes dont le cytisus Laburnum (André Bot., p. 113).


Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Cytisus Laburnum - Abor -

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Botanique :


Comme Pierre Leutaghi le rappelle dans une note de son article intitulé « Aux frontières (culturelles) du comestible » (Ethnologie française, vol. vol. 34, n°3, 2004, pp. 485-494) :


Il n’y a aucune « morphologie d’aliment » en ce qui concerne les fleurs et toute partie adulte des plantes. Les grappes jaunes, pendantes, des cytises arborescents, ont beau évoquer celles de l’acacia, elles sont très toxiques et envoient chaque année à l’hôpital des naïfs qui se contentent de juger la flore sur la mine. [...] Ce genre de méprise est impossible dans les contingences d’attention au monde des sociétés de tradition orale.




Usages traditionnels :


Dans Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) le médecin-botaniste Alfred Chabert nous apprend que :


Parmi les moyens employés par les mauvais fermiers pour se venger de leur renvoi quand ils sont mis à la porte, il en est un qui jouit d'une certaine vogue. Il consiste à faire crever les arbres en trouant avec une percerette le tronc jusqu'à la moelle et en y enfonçant une cheville de bois d'abor, Cytisus laburnum.

 

Selon Claire Delfosse, Christine de Sainte-Marie et Cyndie Pérenzin, auteures de "La multifonctionnalité des exploitations caprines aux prises avec les usages alternatifs du territoire. L’exemple du massif des Bauges." (Ethnologie française, 2004, n°1, pp. 13-22) :


[...] Ces consommateurs reconnaissent par ailleurs que le fromage d’été n’a pas le même goût que celui d’hiver. « Les gens sentent que le fromage est moins typé en hiver qu’en été, on fait pas le même fromage, c’est certain ». Eux aussi, à leur manière, perçoivent l’influence de l’alimentation sur le fromage : « Si les chèvres mangent du cytise, le lait jaunit, mais je ne sens pas une différence au niveau du fromage, car je ne suis pas objectif. Mais, quand j’ai repris l’alpage en 2002, on a décidé de ne pas le dire aux clients du marché, qui ont vu que les fromages étaient plus goûtus et crémeux d’eux-mêmes ».

L'auteur précise par la suite que « le cytise, [est] une légumineuse riche en protéines, considérée comme toxique, qui colore le lait d’estive ».


Note personnelle : il est intéressant de noter que Blanquette, l'héroïne de Daudet, se délecte de cytises avant de mourir comme si la plante toxique faisait partie du rituel de préparation à son grand passage initiatique.

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Jean-Yves Durand s'interroge dans "La baguette du sourcier, du coudrier aux matériaux composites, et retour." (Actes du séminaire d'ethnobotanique de Salagon, vol. 2, 2002 : L'arbre. « Les cahiers de Salagon » 10 ; Musée-conservatoire de Salagon et Les Alpes de lumière, Mane, 2004, pp. 81- 90.) sur la matière la plus adéquate à la fabrication d'une baguette de sourcier :


Pour Jacques Le Royer (1677 : 317) aussi, la nature du végétal, « coudre ou autre bois », est indifférente. Cet avocat de Rouen est cité dans les histoires de la sourcellerie surtout pour son opinion que le « bâton universel » peut être fait d'os, de métal, d'ivoire ou de corne de bœuf et qu'un tronc de choux fera l'affaire (Le Royer 1674). On voit par la suite des auteurs se lancer en de patientes déterminations de l'adéquation des bois les plus variés. Au début du XIXe siècle, le comte Jules de Tristan (1826 : 24-28), qui comme son neveu le baron de Morogues (1854) préférait une baguette en fanon de baleine peut-être plus douce à des mains aristocratiques, indique « avoir essayé la plupart des arbres de nos climats ». Il juge que seuls sont inutilisables le tilleul et le genêt d'Espagne, dont les rameaux se révèlent peu actifs entre ses mains de même que, dans une moindre mesure, ceux du marronnier d'Inde. Les plus efficaces sont le troène, le coudrier, le charme, le frêne, l'érable, le cornouiller sanguin, l'épine blanche, le cytise, [...]

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Symbolisme :


Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Cytise (faux ébénier) - Noirceur.

Le cytise a l’extérieur le plus agréable, le plus séduisant par ses grappes de fleurs jaunes et par la beauté de son feuillage ; mais le cœur de son bois est d’un noir d’ébène.

 

D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


CYTISE. — C’est auprès d’un buisson de cytise que se mariaient autrefois les jeunes fiancés russes. De cette coutume païenne, contre laquelle les prêtres russes ont réagi depuis longtemps, on trouve encore quelques réminiscences dans les bylines ou légendes héroïques russes.

 

D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée, Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"L'élégante floraison ambrée de l'arbuste inspire joie, beauté, grâce. Elle s'associe dans les pays slaves, aux rites du mariage."

 

Selon Antoinette Glauser-Matecki, auteure de Le premier mai ou le Cycle du printemps. (Éditions Imago, 2002) :


[...], le cytise marque le dépit ("orsie, j'te veux mau"), c'est-à-dire je te veux du mal.

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Littérature :

Dans Sans dommage apparent (Édition originale 1999 ; traduction française éditions Denoël, 2001) Ruth Rendell évoque rapidement cet arbre :


La propriété avait été nommée, et s'appelait toujours, la Maison du cytise. Les fleurs des arbres qui lui avaient donné leur nom étaient encore en boutons, leurs grappes jaunes allaient s'épanouir dans quelques jours. Il détestait les cytises depuis que Sylvia, à l'âge de trois ans, avait été emmenée d'urgence à l'hôpital pour en avoir mangé une gousse dans le jardin de sa grand-mère.

Il eut alors l'idée curieuse que, dans un cas pareil, les parents savaient presque aussitôt quel allait être le sort de leur enfant. En quelques minutes, Dora et lui avaient appris que Sylvia avait eu un lavage d'estomac, qu'elle allait bien et qu'elle était tirée d'affaire. Les Devenish, eux, ne savaient rien de l'endroit où se trouvait leur fille, de son bien-être, de son état d'esprit, ni même si elle était encore en vie.

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