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L'Ombrelle des lutins

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • 22 avr.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 5 jours




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1. 1267-75 fém. unbrele « petit parasol » ici, porté au-dessus de la tête du doge de Venise (Martin da Canal, Les Estoires de Venise, éd. A. Limentani, p. 6) ; id. onbrele (Id., ibid., p.40), attest. isolées ; 1588 genre indéterminé ombrelle (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 2, p. 974) ; 1611 fém. (Cotgr.) ; 1836 p. compar. (Gozlan, Notaire, p. 220 : ces fleurs nacrées, et voûtées en ombrelles pour repousser les ardeurs du soleil dont leurs corolles sont l'image) ; 2. 1840 zool. « genre de coquilles univalves » (Ac. Compl. 1842) ; 3. 1866 id. désigne le corps des méduses (Littré). Empr. à l'ital. ombrello, -a (xve s. au sens 1 d'apr. DEI), du lat. médiév. umbrella « ombrelle, parasol » (1177, domaine ital. ds Du Cange), issu de umbella (ombelle*) avec contamination de umbra (ombre*).


Lire également la définition du nom ombrelle afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Mycena interrupta - Carpophore de Mycène bleu - Parasol des lutins - Tabouret de crapaud bleu -

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Mycologie :


"Un nouveau chapitre de la saga du Mycena bleu" (in : THE QUEENSLAND MYCOLOGIST, 2013, p. 8.) par Patrick Leonard :


À l'automne 2015, nous avons trouvé un minuscule Mycena bleu poussant sur un tronc dans une plantation d'Araucaria sur les sur les rives du barrage de Tinaroo dans le Queensland. Il n'y avait qu'un très petit spécimen, il n'a donc n'a pas pu être examiné au microscope. Mais il y a très peu d'espèces de Mycena bleues dans la littérature et Cheryl Grgurinovic a synonymisé les trois principales espèces de Mycena bleues dans sa monographie sur les Mycena du sud-est de l'Australie.

Nous avons donc décidé qu'il s'agissait très probablement de Mycena interrupta, le seul petit Mycena bleu à disque basal présent dans la région. En 2016, Tom May a écrit un article intéressant pour le Queensland Mycologist intitulé : "What does the Atlas of Living Australia tell us about the distribution de Mycena interrupta dans le Queensland et en Australie méridionale ?" Il a démontré la puissance de la base de données de l'ALA pour nous permettre de prévoir où l'on peut s'attendre à en trouver un grâce aux informations disponibles sur les conditions climatiques et autres. Cela a montré que les Atherton Tablelands étaient peu susceptibles d'être un endroit approprié pour M. interrupta.

J'ai rencontré Mycena interrupta pour la première fois dans le sud de l'Argentine et du Chili, où on le trouve sur des troncs d'arbres, dans des forêts dominées par Nothofagus et Araucaria.

Si l'on compare la distribution mondiale de ce champignon avec la répartition naturelle de ces deux genres d'arbres, alors il y a une bonne correspondance. Il faut ignorer les données relatives aux plantations de ces deux arbres dans l'hémisphère nord. La principale exception est l'absence de signalement de M. interrupta en Nouvelle-Calédonie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Dennis Desjardin et Egon Horak ont tous deux collecté et/ou écrit sur Mycena spp. en Nouvelle-Calédonie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, bien que il est peu probable que leurs collections aient été exhaustive. Il semble cependant peu probable que le petit champignon bleu que nous avions trouvé s'explique par la présence d'un hôte gondwanais, l'Araucaria cunninghamii.

En 2018, David Noble a publié une photo du Mycena lazulina nouvellement décrite dans la Fungal Studies Group's Newsletter. Ce champignon est décrit au Japon et n'a été signalé jusqu'à présent qu'en Nouvelle-Galles du Sud et dans l'État de Victoria en Australie. Il s'agit d'un champignon bleu de très petite taille qui correspondrait à M. interrupta dans la clé de Grgurinovic (2003), mais le séquençage a démontré qu'il s'agit d'une espèce distincte. Sa répartition est très différente. Ce n'est pas la petite Mycena bleue du nord du Queensland.

De nombreuses espèces de Mycena de l'hémisphère nord ont une gamme d'hôtes restreinte. Elles ont tendance à se développer uniquement sur un substrat particulier tel que des feuilles ou de gros troncs et avec un seul genre d'arbres ou parfois avec une seule espèce. On peut donc raisonnablement se demander si M. interrupta est uniquement associé à Nothofagus et/ou Araucaria. Il semblerait que non, puisqu'il existe des signalements de sa présence avec Eucalyptus et Pinus.


Conclusions : Comme l'a démontré Tom May, de bons enregistrements nous renseignent sur le substrat, l'hôte, l'habitat et les associations climatiques pour mieux comprendre la répartition des champignons. Il a également démontré comment les grandes bases de données telles que l'ALA peuvent être utiles pour nous aider à évaluer la probabilité qu'une détermination fongique soit correcte. Les clés fongiques sont essentielles pour de bonnes déterminations, mais elles ne sont jamais parfaites car, par définition, elles ne peuvent pas traiter des champignons qui ne sont pas encore décrits. Pour être un mycologue de terrain sérieux, il faut parfois déployer une panoplie de méthodes et compétences - comparer des images sur internet conduit rarement à des déterminations valables. Ainsi, nous nous retrouvons avec un petit Mycena bleu poussant sur un Araucaria, en attendant qu'un mycologue la découvre par hasard et lui donne un nom, afin que nous puissions commencer le long processus de construction d'une image de ce qu'il est et de ce ce qu'il fait. Ne retenez pas votre souffle.


Références : GBIF (2018) https://www.gbif.org Grgurinovic, C.H. (2003) The Genus Mycena in South-Eastern Australia. Fungal Diversity Press. May, T.W. (2016) What does the Atlas of Living Australia tell us about the distribution of Mycena interrupta in Queensland and South Australia. Queensland Mycologist 11 (3) : 5-9. Tonkin, J.E. & May, T.W. (1999). A preliminary bioclimatic analysis of the distribution of Mycena interrupta, Fungimap Newsletter 11 : 3-4. Webster, S. & Leonard, P. (2015) Cairns Foray, Queensland Mycologist 10(4) : 10-13.

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Sur le site keys.lucidcentral.org on peut lire les précisions suivantes :

Remarques : Les spectaculaires chapeaux bleus et visqueux de cette minuscule espèce lignivore la rendent très facile à reconnaître. C'est l'un des plus beaux champignons australiens. Décrit pour la première fois en Tasmanie par le mycologue anglais M. J. Berkeley, il aurait des lamelles interrompues, mais ce caractère n'a jamais été défini de manière satisfaisante. Tous les spécimens observés ont des lamelles presque libres ou atteignant à peine la tige. Deux autres espèces, Mycena cyanocephala Singer, décrite au Chili en Amérique du Sud, et Mycena veneta G.Stev. de Nouvelle-Zélande, se sont depuis révélées identiques à Mycena interrupta. Cette répartition suggère que cette espèce est originaire de la flore du Gondwana.




Symbolisme :


Le schtroumpf farceur m'a raconté cette anecdote dont nul ne peut dire quand elle s'est réellement passée et qui met en lumière le rôle de ce petit champignon bleu dans l'écologie de la forêt issue des temps anciens du supercontinent du Gondwana :


Bien avant que les terres émergées se disloquent sous l'effet des démangeaisons douloureuses dues à la formation continue de la croûte océanique au niveau des dorsales de notre Mère la Terre, un petit lutin - bleu comme il se doit - se perdit dans le grand désert de l'actuel Sahara, qui était déjà une grande étendue de sable, en voulant aller se baigner dans l'océan Thétys.

Tandis qu'il marchait courageusement en suivant les lignes invisibles laissées par les effluves du sel marin pour retrouver son chemin, il commença à souffrir de la lumière vive qui ne découpait même plus d'ombre tellement les rayons de vie étaient intenses.

Sa jolie peau bleue commençait à devenir verte, ce qui n'était pas du tout acceptable ! Son sang commençait à se figer dans ses veines et sa langue collait à son palais au point de former un bloc aussi dense qu'une rose des sables...

Il s'allongea alors pour se mettre à rêver plus à son aise. Il se vit dans sa chère forêt qu'il n'aurait jamais dû quitter, allongé sur les mousses dodues et humides, dans l'ombre bienfaisante des grands champignons, telle une caresse fraîche sur son corps... Il se souvint en particulier d'un petit champignon bleu avec lequel il s'était identifié en raison de leur couleur commune.

Alors le petit champignon bleu entendit le rêve de son ami et guidé par la matière évanescente des images qui parcouraient le ciel jusqu'à lui, accepta de se détacher de la grande toile tissée par sa mère et s'envola tout entier tel une spore géante jusqu'au petit lutin qui, sans s'en rendre compte, l'appelait de tout son cœur.


Il trouva rapidement son ami et le recouvrit à distance telle une aile protectrice dispensant une ombre nécessaire. Puis il découpa un petit morceau de son chapeau bleu et le glissa entre les lèvres du petit lutin afin que celui-ci puisse le suivre dans les airs jusqu'à leur forêt-refuge.


Le schtroumpf m'expliqua ainsi que le Mycène bleu - l'ombre-aile des lutins - nous rappelle la nécessité de l'ombre dans notre parcours et notre constitution et nous alerte sur le danger de rechercher la lumière sans précaution ni retenue.

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Arts visuels :


Yuliia Khovbosha, artiste ukrainienne qui vit actuellement au Canada, propose sur son site professionnel une sculpture qui met à l'honneur le petit champignon bleu :


Mycena Interrupta


Pâte polymère, résine, peinture à l'huile, bois naturel, mousse stabilisée

14 x 5,5 x 6 cm , 2019


Cette sculpture est une représentation botanique scientifique du Mycena Interrupta, réalisée avec une précision hyperréaliste en techniques mixtes. Utilisant de la pâte polymère pour les délicates structures fongiques, posée sur du bois naturel et sublimée par de la mousse stabilisée, cette œuvre capture la beauté et la complexité uniques de cette espèce de champignon. Cette œuvre d'art allie savoir-faire artistique et précision scientifique, offrant une étude détaillée de son sujet botanique.


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